Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano-Danino

DANINO
Nom patronymique au sens difficile à cerner. Au premier abord l'origine espagnole est évidente: en espagnol moderne il signifie "le nuisible” mais il est difficile de croire que si tel était le sens, les membres de la famille l'auraient conservé même après avoir quitté l'Espagne. L'orthographe hébraïque ancienne du nom, Daninos donne peut-être l’explication: ethnique de la ville de Daninos dans la province de Salamanque en Espagne. La difficulté est qu'au cours de la fameuse controverse sur la néfiha (voir Hayim Gaguine), entre les Mégourachim d'Espagne et les Tochabim (autochtones), les membres de cette famille figurent dans le camp de ces derniers. La contradiction n'est peut-être qu'apparente: il est possible que certains membres de la famille aient quitté le Maghreb pour l'Espagne où ils ont pris leur nom et sont ensuite revenus avec les Mégourachim comme ce fut le cas des Gaguin et des Aben Danan. On peut y trouver une confirmation dans le fait qu'effectivement la branche algérienne de cette famille écrit son nom Daninos, de même c'était dans les anciens documents la transcription du nom même au Maroc. Quoi qu'il en soit, le nom est attesté au Maghreb dès la fin du XVème siècle. Au XXème siècle, nom peu répandu, porté au Maroc (Meknès, Fès, Seffou, Casablanca, Ouarzazat, Tagla, Aï- Bouli, Demnate, Marrakech) et en Algérie sous l'orthographe Daninos
- SHELOMO: Un des rabbins des Tochabim de Fès signataires en 1526 de la Haskama des Tochabim (accord) interdisant aux vieux habitants habitants de la ville n'appartenant pas à la communauté des Expulsés d'Espagne, de consommer la viande abattue selon les règles de la "Néfiha" et d'acheter la viande chez les bouchers des Mégourachim.
SHAUL: Fils de rabbi Shélomo. Avec son fils, rabbi Shémouel, il édifia vers 1540 une synagogue à Meknès qui porta pendant des siècles le nom de leur famille. Elle fut rachetée à la fin du XIXème siècle par le grand richard Yahya Loubaton.
- SHEMOUEL: Rabbin-enseignant à Meknès sauvé de la mort par l'amour de ses disciples. Il fut en effet une des victimes de la haine que portait le sultan Moulay Elyazid aux Juifs (1790-92). Après avoir renoncé à son projet initial de massacrer tous les Juifs de son royaume, le sultan sanguinaire commença une tournée du Maroc qui de Tétouan le mena à Meknès. Là il fit pendre les cinq dirigeants de la communauté qui avaient été les conseillers de son père et parmi eux ce rabbin. Pour prolonger leur agonie, les suppliciés furent pendus par les pieds et leur supllice devait durer ainsi deux à trois semaines. Voyant leur maître vénéré ainsi torturé, cinq de ses anciens disciples se déguisèrent en soldats du sultan et vinrent demander au gardien de leur remettre le rabbin pour être traduit devant leur seigneur. Descendu du gibet, le rabbin fut habillé en Arabe et mené en lieu sûr, loin de Meknès à Ouezane, où les originaires de Meknes étaient nombreux. Il y resta caché jusqu'à la mort du tyran en 1792. Quand il revint dans sa ville natale pour reprendre son activité d'enseignant, il trouva que tous ses biens avaient été confisqués le peu qui était resté avait été .. dilapidé par sa femme. Un de ses disciples compatissants (voir Benzenou) lui assura alors une rente viagère. Bien qu'il ait formé des centaines de disciples, on disait à Meknès qu'il n'en avait eu en fait que cinq – ceux qui avaient risqué leur vie pour le sauver du supplice
- DAVID et R. YESHOUA: Saints dont on ignore la biographie et dont les tombeaux à Demnate, au sud-est de Marrakech, faisaient l’objet, jusqu'au grand exode des années soixante, d'un culte local.
- HAYIM et R, ISRAËL: Saints dont on ignore la biographie et dont les tombes dans le village du Haut Atlas Ait Bouli, à l'ouest de Marrakech, étaient devenus un lieu de pèlerinage pour les villages des alentours.
ABRAHAM: Interprète de l'armée française à Alger lors des premières années de la conquête.
- DAVID (1895-1959): Fils de rabbi Messod. Un des rabbins et érudits les plus originaux du judaïsme contemporain, bien que très peu connu. Il fut parmi les membres fondateurs de la société "Maghen David" à Casablanca, inspirée par les idées de la Haskala européenne et favorable à la renaissance de l'hébreu comme langue vivante. Très critique pour le niveau moral et la qualité de la direction de la communauté. Auteur de "Sod habria"(1951) où il cite Rudar Kippling. La traduction en hébreu du plus célèbre poème de l'écrivain anglais "Tu seras un homme mon fils", devait même être l'objet du concours annuel de l'association en 1952. Parmi ses autres oeuvres originales: "Sefer sharbit Hazahab (1938)", en judéo- arabe, critique acerbe du rabbinat marocain et en faveur de la régénération par le sionisme; "Ressissé Lai'la" (1947); "Or Hadach" (1947); et "Rodfé Tsedek" (Casablanca, 1951).
- MORALI: Un des chefs de groupe de la Résistance à Alger qui neutralisa les défenses de la ville à la veille du débarquement américain du 8 novembre 1942. Le groupe qu'il commandait avait eu pour mission l'arrestation du commandant de la Région Militaire d'Alger, mission accomplie avec succès grâce à l'effet de surprise et malgré les défections de dernière heure comme il le raconte dans ses mémoires "Le général donnait des signes de la plus vive colère et il regardait avec un étonnement méprisant notre malheureuse troupe si disparate, d'allure si peu militaire, et pour comble d'ironie, commandée par ur officier non-combattant, un médecin !״.
DAVID (1925-1990): Rabbin, éducateur et homme politique israélien né au Maroc Dirigeant sioniste, responsable du mouvement Bné Akiva et Bétar au Maroc, il s'installa après sa alya en Israël dans la petite ville de Shlomi en Galilée dont il fir chef du Conseil Local pendant douze ans Il passa ensuite à Gané Tikva près de Tel- Aviv. Elu à la Knesset sur la liste du Parti National Religieux en 1981.
ABRAHAM: Educateur israélien né au Maroc. Installé à Haïfa après sa alya avec sa famille après la proclamation de l'Etat. 11 fut au début des années soixante le fondateur du mouvement de défense des familles nombreuses, "Zahavi". Par son ardeur inlassable il réussit à faire prendre conscience à l'Establishment des problèmes spécifiques aux familles nombreuses qui se recrutent essentiellement parmi les originaires des pays orientaux et à imposer au début des années soixante-dix le système d’allocations familiales sur le modèle de la France. Mort à la fleur de l'âge à la fin des années 80.
SHALOM: Administrateur israélien né au Maroc. Directeur du district Sud au ministère de l׳Intérieur. Militant du parti sépharade "Shass", ancien maire de la petite ville de développement Nétivot dans le nord du Néguev, adoptée dans les années quatre-vingt par le judaïsme français dans le cadre du Projet Renouveau de réhabiliation des villes et des quartiers défavorisés.
ITSHAK ELDAN: Diplomate israélien né à Casablanca en 1943. Actuellement directeur de la formation au Ministère des Affaires Etrangères, après avoir rempli les fonctions de Consul général d'Israël à Montréal et Los Angeles, Ministre Plénipotentiaire à l'Ambassade d'Israël à Paris et ambassadeur auprès de l'UNESCO.
Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano-Danino
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