Brit 25-Redacteur-Asher Knafo- Dr Vidal Serfaty.Fez 1912, le "TRITL" – Le pillage.

Dr Vidal Serfaty.

Fez 1912, le "TRITL" – Le pillage

Les articles ou chapitres concernant l'épisode du Tritl publiés en français ne se réfèrent pas aux sources juives, mais plutôt aux sources françaises ou arabes Ce fut pourtant un événement essentiel pour la communauté juive de Fez, au point que pendant de longues années cette date servit de repère chronologique pour décrire des moments personnels ou communautaires. On disait par exemple "mon enfant est né deux ans et trois mois après le Tritl"……

je me suis marié quinze mois après le Tritl terme arabe utilisé par les juifs de Fez pour rappeler cette période d'avril 1912.

En 1906, a la suite de troubles, de querelles de succession, de révoltes sauvages, la conférence d'Algerisas qui réunit 12 pays européens et les USA décident de l'internationalisation économique du Maroc et confère à la France et à l'Espagne des droits spéciaux.

Les troubles se poursuivent. En mars 1907, des Français sont assassinés à Casablanca. En août, le général Drude débarque à Casablanca. Le jeudi 3 août, les soldats du Maghzen se ruent sur le Mellah de Casablanca et pendant 3 jours pillent, tuent, violent. Les synagogues sont saccagées. On compte 30 morts, une soixantaine de blessés, des viols innombrables. Des Juifs sont faits prisonniers et emmenés comme captifs. Certains réussissent à se réfugier à Settat ou on comptera le passage de 500 familles, 400 personnes y resteront en tant que réfugiés. Le 31 juillet 1907 le général Lyautey futur résident de la France au Maroc a occupé Oujda.

A Fès la capitale, cette même année, le Sultan Abd El Aziz abdique. Le Mellah est constamment en danger, et ses dirigeants prennent l'initiative de se protéger par eux mêmes, et ce malgré le statut de dhimmis. Des sentinelles font le gué. L'arrivée du nouveau Sultan Moulay Hafïd (juin 1908), et, peut être, la proximité des troupes françaises vont quelque peu calmer la situation. En mars 1911 des berbères se soulèvent à Fès contre le Sultan, qui demande l'aide de la France et du général Gouraud. Le Sultan accepte de signer l'accord de protectorat avec la France. Lorsque la délégation française, conduite par l'Ambassadeur Mr. Régnault arrive "la population juive nous fît un accueil enthousiaste et ses orchestres nous gratifièrent de l'air de la "Mère Michel" qui passait alors au Mellah pour notre hymne national" !!(5, p, 293). Le 30 mars 1912 le protectorat français est instauré.

L'autorité française exige la restitution des armes détenues au Mellah de Fès, sous prétexte que les Juifs se prêtent au trafic d'armes avec les rebelles. Le mercredi 17 avril, les soldats musulmans du Tabor, unité que l'armée française avait engagée, se soulèvent contre les officiers français qui les entraînent. Ceux-ci essaient en vain de désarmer les rebelles et plusieurs instructeurs sont assassinés. Dans leur fureur ils se dirigent vers Dar El Maghzen (Palais du Sultan), et demandent a être reçus par le Sultan. Ils lui déclarent leur refus de la domination française. Hésitant, Moulay Hafid leur répond que les Français ne les domineraient point et leur suggèrent d'aller prier sur la tombe de Moulay Idriss (fondateur de la ville). Les mutins se dirigent vers Fès-Djedid ( Fès la nouvelle) et tuent tout Français qu'ils rencontrent. Ils pénètrent dans leurs maisons assassinant hommes, femmes et enfants, pillant et saccageant tout sur leur passage. Ils atteignent la Banque du Crédit Foncier et y pénètrent de force, les employés parviennent à se sauver par les toits et à se réfugier au consulat de France.

Les juifs du Mellah déjà alertés, ferment les portes dans la mesure du possible. Ils montent sur les remparts et se défendent grâce aux quelques armes qu'ils avaient réussi à garder. Ils résistent jusque vers les trois heures de l'après midi.

Finalement, les soldats rebelles réussissent a forcer les portes, suivis par de nombreux marchands musulmans du Tafilalet venus pour le marché du jeudi, ainsi que les musulmans attachés à la garde du Mellah (et payés par la communauté!). Tout ce monde commence à détruire, à brûler les maisons et les boutiques. Cela dure toute la nuit. Du mercredi 17 avril jusqu'au vendredi 19 avril, le pillage se poursuit sans arrêt, la population musulmane des environs y prenant part également.

Les Juifs essaient de s'enfermer dans leurs maisons. Les portes sont rapidement enfoncées, et les pillards emportent tout: bijoux, meubles, aliments, vaisselle et vêtements en tous genres. Parfois les habitants menacés doivent même donner les habits qu'ils portent. Ceux qui s'y opposent sont assassins. Puis le feu est mis aux demeures.

Des femmes sont violées, d'autres enceintes accouchent prématurément ou perdent leurs bébés. Hommes, femmes, vieillards et enfants sont frappés, maltraités. Partout des cris, des lamentations, des pleurs, des regards hagards.

Les synagogues sont profanées, les rouleaux de la Torah sont brûles ou déchires en lambeaux et piétines. Les bancs sont saccagés, les lampes à huile brisées.

Les Juifs cherchent à fuir, mais comment' et ou

 

Brit 25-Redacteur-Asher Knafo- Dr Vidal Serfaty.Fez 1912, le "TRITL" – Le pillage.

 

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