Prese. juive Tafilalet- Brit 31


Presence juive au Tafilalet-Revue Brit 31

 

Brit – Revue des Juifs du Maroc

Redacreur – Asher Knafo

Aharon Abehssera

Preface

En 1856, un bateau a jete l'ancre dans le port de Jaffa. II avait a son bord 50 Juifs du Maroc. A leur tete se trouvait Rabbi Moche Elkaiam de Marrakech. Plus tard, Rabbi David Ben Chimon de Rabat, s'est joint a eux. Lui aussi etait arrive a la tete de ses eleves au port de Jaffa. Rabbi Moche Elkaiam et Rabbi Ben Chimon s'etaient rencontres auparavant, a la Yechiva du Rabbi Massoud Abehssera au Tafilalet. lis avaient ete recus a la Yechiva en 5600 (1840), apres avoir passe brillamment les examens d'entree

La Yeshiva du Tafilalet existait deja depuis des generations et seuls y etaient recus des etudiants exceptionnels, et les deux etudiants ont affirme n'avoir ete acceptes qu'apres avoir passe avec succes les examens. Ils ont etudie avec le Rav Yaacov Ab Abehssera, fils de Rabbi Massoud, chef de la Yechiva au Tafilalet.

En 1844 est arrive a la Yechiva Rabbi Yeouda Bibas. II a rencontre Rabbi Massoud et ensemble, ils ont preche l'Alya en Eretz-Israel, en affirmant que, plutot les juifs s'etabliront en Eretz, plus vite ils rapprocheront la Gueoula. L'Alya, l'objectif de Rabbi Moche, Rabbi David et Rabbi Yaacov, est a l'origine de leur arrivee a  Yaffo (Jaffa) en 1856.

J'ai raconte cet evenement afin de mettre en valeur le lien entre le Tafilalet, au Sud du Maroc et le monde juif marocain avec Eretz Israel. Les liens entre les trois amis ne se sont pas defaits. Et lorsque Rabbi Yaacov est decede a Damenhour, alors qu'il etait en chemin pour Eretz Israel, Rabbi Moche Elkaiam a voyage immediatement a Damenhour avec ses eleves Itshak Elbaz et Rabbi Elazar Ben Toubo, pour s'occuper de la sepulture de Rabbi Yaacov Abehssera.

La contribution des juifs du Maroc a l'etablissement d'Eretz-Israel, s'est traduite par une Alya continue, surtout, dans les quatre villes saintes. Rabbi David Ben Chimon (denomme Tsouf-Devach) a fonde a Jerusalem, le premier quartier en dehors des remparts, et s'est tenu a la tete de la communaute maghrebine a Jerusalem.

L'aspiration a la Gueoula et a l'etablissement en Eretz-Israel accompagne toute l'ceuvre religieuse des Rabbins du Maroc et cela est mis en valeur dans les livres de la famille Abehssera de la region du Tafilalet.

Le Tafilalet, au Sud du Maroc, est a une distance prodigieuse du centre pres d'un desert immense, le Sahara, a reussi a y proteger ses juifs et a garder, quand meme, des liens continus avec les autres communautes. Ce numero de Brit, la revue bilingue du Maroc, veut mettre en valeur le Judaisme du Tafilalet, en partie il est vrai. Car ce n'est que l'ouverture pour des debats et des recherches qui seront organises par la suite. La recherche sur le Tafilalet en particulier, son histoire, ses rabbins, sa culture est encore incomplete. II en est de meme pour tout le Judaisme marocain en general avec son histoire complexe et sa culture extremement riche et variee.

Lors des debuts de l'installation des Juifs du Maroc en Israel, la recherche sur les richesses de cette culture a ete completement negligee. La jeunesse marocaine a cru comprendre qu'elle etait inexistante. Meme les rabbins bien connus au Maroc ont ete consideres insignifiants. Cependant, le besoin de retour aux sources s'est manifeste et avec lui l'interet pour l'histoire et la culture juive du Maroc. Les universites ont cree des chaires d'etudes marocaines, des doctorats ont ete ecrits et la recherche sur les ouvrages de rabbins marocains a demontre que la communaute juive marocaine a de tout temps ete dirigee par d’eminents rabbins qui ont leur place parmi les plus grands Maitres du Judaisme. Mais tout cela est insuffisant et le chemin pour decouvrir tous les tresors de notre culture est encore long. Et, c'est a nous qu'il incombe, je parle des generations qui sont nees au Maroc, de tout mettre en oeuvre pour laisser a nos enfants et aux generations a venir, l'entite du patrimoine judeo-marocain.

Merci a mon ami Asher Knafo qui a pris la responsabilite de ce beau travail d'edition avec toutes les preparations necessaires. Merci a tous les auteurs honorables qui ont offert leur contribution. Merci a tous ceux qui ont aide a la parution de ce numero.

Aharon Abehsseia, fik de Rabbi Ytshak Abehssera (Baba Haki) ex-maire de Ramle, ancien membre de la Knesset. ancien ministre.

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Brit

Revuedes Juifs du Maroc

Presence juive au Tafilalet 

Jacob Oliel Orleans

Les Juifs du Tafilalet 

Si l'on ne trouve plus de Juifs aujourd'hui, au Tafilalet, le souvenir de leur presence ancienne est encore vivace et il n'est pas rare, a Bou- Dnib, Errachidia (ex-Ksar es Souk), Rissani ou Bou-'Nan, d'entendre un Marocain declarer fierement: « vous etes en ce moment dans le quartier juif», «ici c'etait autrefois, la synagogue» ou «la maison d'un Juif»…

N'est-il pas logique que cette region du sud-est du Maroc ait conserve la memoire d'une population qui y a si longtemps vecu et marque de son empreinte ־ et pas seulement au plan economique et social -, l'histoire du Tafilalet, bien avant la conquete arabe et qui a joue un role, deja au temps de Sijilmassa.

Fondee en 757140de l'Hegire) par des Berberes du Djebel Nefousa (Libye), Sijilmassa a ete la deuxieme fondation faite par les Musulmans

 la premiere apres Qairouan». C'est sous linfluence de ce petit sultanat independant que vivront desormais les Juifs du Sahara marocain.

Sijilmassa devait rapidement devenir un important marche, d'ou partaient les caravanes vers le Soudan, l'Egypte et meme l'Inde. La prosperite exceptionnelle de Sijilmassa, capitale ouverte sur le desert et l'Afrique noire, allait developper le commerce transsaharien dans cette partie occidentale et faire la fortune d' autres marches sahariens devenus des etapes importantes

 Tamentit et Awdaghost. Dans son Livre des Routes et des Royaumes 1070 le grand geographe El Bekri decrit vers la ville d'Awdaghost: « Elle possedait plusieurs marches, une grande mosquee, des palmeraies, […] I'or d'Awdaghost est le meilleur du monde et aussi le plus pur. »

Aoudaghost, également connue sous les noms de AwdaghastTegdaoustTaghaostTaghaoust, était une ville importante d'Afrique de l'Ouest qui se trouve aujourd'hui au sud-est de la Mauritanie, dans la région (wilaya) de Hodh El Gharbi. Elle aurait été fondée vers le ve siècle, sur l'oued de Tijigja, et fut au Moyen Âge un centre commercial important pour les Berbères aux abords de l'empire du Ghana et devint une étape marchande importante sur la route transsaharienne.

Longtemps ville importante des Lemtuna, une tribu sanhadja, elle est conquise par l'empire du Ghana vers la fin du xe siècle. Elle est reprise vers 1045 par une armée lemtuna, qui devient le noyau des Almoravides.

Au xie siècle, les souverains ghanéens avaient étendu leur empire jusqu'à l'Atlantique et avaient pris la ville aux Berbères. En 1055, la conquête de Wad Draa habité par des Berbères non islamisés, vit l'invasion de Sijilmassa et la destruction d’Aoudaghost.

Une candidature du site archéologique de Tegdaoust à l'inscription sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco a été déposée en 2001.

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Revuedes Juifs du Maroc

Presence juive au Tafilalet

Jacob Oliel Orleans

Les Juifs du Tafilalet

Les routes commerciales transsahariennes

«La route directe du Ghana, c'est-a-dire du Soudan a lI'Egypte etait […a peu pres abandonnee a cause des tempetes de sable qui sevissaient sur cet itineraire et aussi des attaques de brigands. La plus grande partie du trafic saharien se fit alors par la «route de Sijilmassa », c'est-a-dire par les itineraires caravaniers du Sahara occidental. Sijilmassa devint rapidement une grande place de commerce, ou vinrent s 'etablir a cote des Berberes des negociants venus de Bassora, de Koufa et de Baghdad. Les marchandises recues a Sijilmassa gagnaient l'Orient par les ports du Maghreb ou par des convois terrestres qui atteignaient l'lfriqija. La metropole filalienne etait alors le siege d'un des commerces les plus prosperes de tout l'Islam. Sur I'autre rive du desert, aux portes du Soudan, la ville d'Awdaghost remplissait un role analogue et connut aussi une grande prosperite.

Or, des cette epoque, les Etats maghrebins ne sont pas seuls demandeurs de metal jaune. Si les dirhams d'argent ont ete frappes autour de790 au temps ou Haroun el Rachid etait khalife de Bagdad, ( 786 – 809 )la monnaie d'or se repand au Maghreb bien avant d' avoir

ete connue en Europe. Or, I'activite miniere et metallurgique ainsi que le commerce de I'or ont ete rapproches de la presence ancienne des Juifs au Maroc saharien». Des ateliers du Tafilalet sort de la monnaie d'or et d'argent depuis la fin du Xe siecle, le plus souvent avec la participation d'ouvriers monnayeurs juifs. Des la fin du XIe siecle   le morabti  frappe avec l'or du Ghana etait connu en Europe sous la denomination hispanisee maravedi.

Des correspondants juifs sont installes sur tous les points cles et l'existence de Juifs independants au Sahara est confirmee au Xe siecle par l'un des ouvrages les plus importants, celui d'Ibn Hawcal (les Routes et les Royaumes de I'Afrique), qui decrit vers 378 H (988), les routes de Sijilmassa a Kairouan, de Massa et du Sous a Awdaghost et au Ghana, d'Egypte a Ghana par le desert saharien.

Dans son livre Melitz Tov, le rabbin Shalom Abehssera relate l'aventure de deux׳. Juifs marchands et fabricants de soieries « Yaacov ben Jaw et son frere Yossef. Ils se confirmerent dans le travail de la soie et creerent des vetements de prix, des drapeaux ismaeliens [places] au- dessus de bannieres de grande valeur artistique et sans pareils en Sepharade.

Ils en offrirent au Roi et au sultan Al Mancour ben Abi Amur. Yaacov ben Jaw s'attira ainsi l'amitie du sultan Al Mancour, qui le placa a la tete de toutes les communautes Israelites etablies depuis Sijilmassa jusqu'au fleuve Dwirna [Douro] a I'extremite de son royaume. II I'institua juge supreme habilite a nommer aux postes de responsabilite les personnes de son choix et a fixer les tributs et taxes a payer par les communautes. Le Roi delegua aupres de lui dix-huit de ses officiers (en tenue d'apparat), le fit monter dans le char du second rang et tous les habitants […] jeunes et vieux se rassemblerent, pour exprimer leur approbation. Cet evenement eut lieu en 4750 et se prolongea ( ?) jusqu'en 4775 a 1095 1090) ».

Au debut du XIIe siecle, a l'entree du desert, Sijilmassa beneficie de sa position privilegiee entre le Maghreb et le Soudan elle relie les marches de Fes et de Tlemcen a ceux de I'Afrique( noire) par la piste de l'Ouest qui joint le Dra et le Sous a l'Adrar mauritanien, et au-dela, au pays de I'or, elle est en relation directe avec le Soudan par la piste du desert qui passe par Tabelbala et le Touat, avant de rejoindre Tombouctou.

Ainsi, «Sijilmassa a ete pendant plusieurs siecles la grande capitale du Maghreb occidental, sur la route du pelerinage, de I'or et du sel […], une metropole inegalee dans le commerce avec le Soudan, I'Egypte et la Mesopotamie, celebre foyer de civilisation pendant tout le Moyen Age.

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Brit – Revue des Juifs du Maroc

Redacreur – Asher Knafo

Jacob Oliel Orleans

Les Juifs du Tafilalet

La communaute juive etait nombreuse et devint rapidement un foyer religieux important et actif. Elle avait d'etroites relations avec les autres communautes du Maroc d'autant que Sijilmassa constituait un marche pour les produits du Touat et un relais vers Fes, Tlemcen et l'Europe. «Connue jusqu'a Bruges. Elle y exportait des dattes et I'alun ».

Au XIVe siecle, les Atlas realises dans les ateliers juifs majorquins mentionnent le trace de pistes transsahariennes a partir de Sijilmassa vers Oualata et le Soudan ; ou les temoignages ne manquent pas sur la presence de groupements juifs sur les points  Al Zuhri mentionne en 1133  des tribus de religion juive…

On importe chez eux a partir du Sahara et de I'Andalousie

Muhammad ibn Muslim ibn Ubaydullah ibn Shihab al-Zuhri (Arabic: ابن شهاب الزهري‎) (died AH 124/741-2), usually called simply Ibn Shihab or al-Zuhri. He was a central figure among the early collectors of sira

Apres avoir ete un foyer religieux important, une cite de Sages et de Gueonim » en relation avec les rabbins et les ecoles talmudiques de l'Espagne et de l'Orient, la communaute juive de Sijilmassa eut a patir gravement, a partir de 1054 de la domination des Almoravides et, apres de celle des Almohades. LEncyclopedic judaique fait une large place a cette periode de l'histoire

« Lorsque Sijilmassa passe sous le joug des Omeyades de Cordoue, sa communaute, a I'instar des Juifs dans le califat, fut placee sous I'autorite de Jacob ibn Jaw [Daoud].    En 1054 les Almoravides occuperent Sijilmassa et devasterent tous ses territoires. Les Juifs eurent a en souffrir, mais une fois que les Almoravides eurent bien etabli leur domination, ils ameliorerent la situation des Juifs.

 En 1145 Sijilmassa fit alliance avec les Almohades. Peu de temps apres, un nouveau gouverneur envoye par cette dynastie imposa aux Juifs de la ville I'alternative d'avoir a se convertir a l'Islam ou de perir. Quelque 150 Juifs prefererent la mort. Alors que d'autres sous la conduite du dayyan Joseph ben Amran qui plus tard revint au Judai'sme, se sont convertis…»

Pour les Juifs de Sijilmassa, menaces de mort s'ils n'apostasiaient, ce fut l'exil.

Abraham Ibn Ezra 1089 – 1124 a compose une elegie sur la ruine des communautes juives espagnoles par les Almohades. II y fait allusion aux persecutions des Juifs maghrebins et aux massacres subis par la communaute de Sijilmassa:

הוי אקרא כמצרה על קהלות סגלמאסה

 עיר גאונים ונבונים מאורם חשך כסה

 ושח עמוד התלמוד זה בניה נהרסה

והמשנה לשנינה שברגלים נרמסה

 ועל יקרים מדוקרים עין אויב לא חסה

 אהה אפם כל קהל פאס יום נתנו למשיסה

 אי חסן קהל תלמסן והדרה נמסה

Traduction

« Helas je crie avec la douleur d'une parturiente

 sur le sort des communautes de Sijilmassa,

cette cite de Gaonim [grands maitres] et de Sages.

Les tenebres ont couvert leur lumiere.

Le pilier du Talmud aflechi, I'edifice a ete detruit

 La Mishnaa a été foulee aux pieds de l'opprobre

et [je pleure] sur les homines precieux qui ont ete poignardes.

L'oeil de I'ennemi n'apas de pitie.

Ah ! Finie la ville de Fez car elle a ete pietinee

Ou est la puissance de Tlemcen qui a perdu sa splendeur

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Revuedes Juifs du Maroc

sijilmassaPresence juive au Tafilalet

Jacob Oliel Orleans

Les Juifs du Tafilalet

Un demi-siecle plus tard a Sijilmassa, l'attitude a l'egard des Juifs etait encore dictee par la loi almohade, ce qui apparait nettement dans un ouvrage anonyme redige en 588 H (1192) « Al Kitab al Istibgar » est tres severe a l'egard des Juifs de Sijilmassa, juges trop riches, meme s'il leur reconnait « une grande habilete dans les ouvrages de magonnerie ».

Fin XIVs, devastee par les Arabes nomades, Sijilmassa disparut de l'histoire marocaine : « Sijilmassa fut detruite apres 1393 ; toutes traces de la communaute disparurent. Dans le Tafilalet avoisinant de nombreux etablissements juifs se maintinrent, vivant generalement en paix en payant tribut soit aux dirigeants berberes soit aux nomades arabes. […] la capitale de la region fut a cette epoque Erfoud ».

Selon le Grand Rabbin Shalom Abehssera, le nom de Sijilmassa a alors disparu des actes religieux (mariages, divorces…) des communautes juives, pour etre remplace par celui de Tafilalet, le centre de la region tafilalienne se deplagant vers Rissani.

Sijilmassa ou Sidjilmassa était une ancienne ville importante du point vue commercial au Moyen Âge, la ville se trouvait à l’emplacement actuel de la ville de Rissani au sud d'Errachidia, à 40 km au nord des célèbres dunes de Merzouga, dans la région de Tafilalet au Maroc. Actuellement, des ruines attestent de son existence.

Histoire 

Sijilmassa était une cité marchande, située au Maroc, et où faisaient halte les grandes caravanes amenant du Bilad el Sudan (Afrique noire) de la poudre d'or, de l'ivoire, des plumes d'autruche, et des esclaves. Elle était un centre important des Berbères zénètes.

En 757758, les Miknassa étaient kharidjites sufrites, ils fondent Sijilmassa sous les ordres deSemgou Ibn Ouassoul[réf. nécessaire].

Elle fut la capitale d'un émirat kharijite, sous la férule des Midrarides avant d'être une pomme de discorde entre les Zirides vassaux des Fatimides d'Ifriqiya et les Maghraouides inféodés auxOmeyyades de Cordoue, du fait de sa situation au débouché des pistes caravanières. Elle fut finalement conquise par les Almoravides vers 1055. Sa situation commerciale continua d'être florissante jusqu'au xive siècle, et son ouverture sur l'ensemble du monde connu est attestée par le voyageur Ibn Battûta qui affirme avoir rencontré des Sijilmassiens au cours de son périple enChine.

Du temps de sa splendeur, Sijilmassa était composée d'environ 600 kasbahs qui formaient autant de quartiers. La kasbah principale abritait le palais de l'émir, la grande mosquée, un atelier de frappe monétaire ainsi qu'un immense marché de négociants, dont certains venaient d'aussi loin que l'Égypte ou même de Bagdad. Les Midrarides (appelés aussi Ouassoulites) adoptèrent longtemps le rite modéré du kharidjisme, le sofrisme. Ils menèrent une politique d'alliance avec l'autre puissance kharijite du Maghreb, l'émirat Rostémides de Tiaret en Algérie. Mais au début du xe siècle, on note un assouplissement dans la pratique du sofrisme et l'émir midraride al Chakir Billah va jusqu'à reconnaître l'autorité spirituelle du calife Abbassides. Cela vient aussi du fait que Sijilmassa était devenue une place de commerce de niveau international, et cultivait ainsi une certaine forme de cosmopolitisme, attirant même le fondateur de la dynastie fatimide, le chef chiite ‘Ubayd Allâh al-Mahdî qui fuyait les persécutions en Orient. Emprisonné sur décision de l'émir midraride, Ubayd Allah est libéré en 909 par ses partisans commandant une grande armée composée de Kutama du Maghreb central, avant qu'il ne proclame le califat fatimide à Kairouan.

La ville fut prise par les Zénètes faisant allégeance aux Omeyyades de Cordoue, pour lesquels ils établirent des ateliers monétaires.

Sijilmassa, qui perdit de son importance au cours de siècles et ne cessa de décliner, fut finalement rasée en 1818 par les tribus de la confédération Aït Atta.

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Revue des Juifs du Maroc

Presence juive au Tafilalet

Jacob Oliel Orleans

Les Juifs du Tafilalet

Si l'on ne trouve plus de Juifs aujourd'hui, au Tafilalet, le souvenir de leur presence ancienne est encore vivace et il n'est pas rare, a Bou- Dnib, Errachidia (ex-Ksar es Souk), Rissani ou Bou-'Nan, d'entendre un Marocain declarer fierement: « vous etes en ce moment dans le quartier juif», «ici c'etait autrefois, la synagogue» ou «la maison d'un Juif»…

Apres les invasions successives des Hilaliens, des Almoravides et des Almohades, la situation des Juifs tafilaliens a evolue de facon dramatique, puisqu'ils se sont vu appliquer le statut des dhimmis (ahl adhimma):

Les" dhimmis "  sont tous ceux (Chretiens, juifs…) qui, apres la conquete de leur pays par les Musulmans, conservent la vie sauve et la liberte, moyennant une taxe annuelle appelee « djiziya » (capitation). Cette taxe ne pese que sur les sujets males, puberes, libres, doues de raison et vivant en societe avec leurs coreligionnaires.

 En sont exclus les enfants, les femmes, les esclaves, les indigents, les infirmes, les vieillards, les moines et les ermites. Le tributaire est place sous la sauvegarde de la loi, mais sa liberte est soumise a certaines restrictions: il ne peut monter ni a cheval, ni a dos de mulet, mais seulement sur un ane et sans selle. II ne doit pas porter de costumes trop riches, ni sortir sans la ceinture de couleur " 'zzoumar " ' qui doit le distinguer du Musulman auquel il doit le respect. Comme l'a remarque G. S. Colin a propos du fabricant d'astrolabe qu'on appelle « le dhimmi Yacob », dans les provinces marocaines, le mot " dhimmi " avait fini par se confondre avec le mot « juif».

L'application du statut de dhimmis aux luifs du Tafilalet a marque, en meme temps que le debut du declin du Judai'sme au Maroc et dans le reste du Maghreb, une ere de soumission, d'effacement des Juifs, partout meprises, exploites, gratuitement et impunement agresses, molestes, persecutes…

C'est pour ces raisons que 1'installation de l'administration francaise, a proximite du Tafilalet, a pu attirer nombre de Juifs de cette region, a franchir la frontiere marocaine, dans l'espoir d'y trouver des garanties de justice et, pour leurs enfants, de meilleures conditions de sante et de scolarisation…

D'aucuns n'ont pas manque, evidemment, d'en donner une interpretation tendancieuse :

«L'attrait des perspectives commerciales qui s'offraient desormais a leur activite, dans une region pacifiee et accueillante, explique suffisamment ce deplacement massif d'une race que ses aptitudes proverbiales au negoce rendent essentiellement instable et migratrice»

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Ce schema d'idee, fausse autant que desobligeante, a la vie dure et on en retrouve la trace jusqu'en Afrique Noire :

«Au moment ou la France fit la conquete du Tafilalet, la population juive de Colomb-Bechar et des villages environna

nts a double et meme triple en quelque temps, ces commergants-nes se trouvant attires par le gain facile qu'offrent  le trafic d'armes et le ravitaillement des troupes ennemies.»

Qu'elle soit a mettre au compte de la malveillance, de l'ignorance ou de la maladresse, l'explication reste simpliste ; elle ignore les conditions de vie anterieures et ne rend pas compte des realites qui ont pu determiner ces Juifs tafilaliens a quitter leur village {Bou- 'Anane, Bou- Dnib, Rissani, Erfoud, Ksar-es-Souk, Azrou, Kerrando, Gourrama, Midelt, Talsint, A'in-Ch'ir…) pour s'installer a Colomb-Bechar …ce qui ne manqua pas d’emouvoir les autorites marocaines, inquietes du desequilibre economique entraine par cet exode :

«Cet acte etabli le 27  Qa'da 1298  soit le 12  aout 1920  n'est pas tres ancien ; il date de l'epoque ou le trafic economique etait detourne vers Colomb-Bechar, et [ou] de nombreux membres de la communaute juive du Tafilalet ont ete tentes d’emigrer vers Colomb-Bechar, ponant ainsi prejudice a I'economie du Tafilalet.»

Car, outre les TORDJMAN, qui jouerent le role de traducteurs- interpretes entre les populations indigenes et les Francais, les AMOUYAL, BENCHETRIT, BENITAH, BENSEMHOUN, DAHAN, ILLOUZ, MAMANE, NEZRI, TEBOUL…, venus du Tafilalet etaient surtout de petits commercants et des artisans bijoutiers, dinandiers, tailleurs, ferblantiers, savetiers…

Le cas des rabbins n'est guere particulier puisque, en ce temps-la, n'etant pas remuneres par leur communaute, ils doivent presque tous exercer un metier. 

Rabbi Ya'akov Abehssera fut l'ancetre de nombreux rabbins, qui ont anime la vie religieuse de la quasi-totalite des communautes du Tafilalet et dont quelques-uns ont marque leur epoque :

Rabbi Aaron Abehssera, lui-meme fils de Rabbi Ya 'akov Abehssera, eut cinq fils rabbins

 Rabbi Chalom Abehssera)

Rabbi Israel Abehssera (Baba Sale), puis son fils Baba Ha'im

Rabbi Shmouel Abehssera

Rabbi Youssef Abehssera ( Babassou Hazan)

Rabbi David Abehssera (Babadou), fut le heros malheureux, a Rissani, d'un episode tragique de l'histoire de la region

 les armees francaises venaient d'occuper le Tafilalet, d'ou la dissidence, menee par 'Ngadi, les harcelait. Moulay Bel Kacem tenta de soulever les habitants, sans succes. 

II se persuada que les Francais etaient renseignes par les Juifs et voulut s'en prendre a leurs biens pour les terroriser, avant de menacer de massacrer toute la communaute de Rissani. C'est alors que s'offrant en otage pour proteger ses ouailles, Babadou fut impitoyablement assassine le jour de Chabbat, 14  Kislev 5680   ( 6 decembre 1920

  Ce denouement tragique allait pousser les derniers membres de la famille Abehssera a quitter la region, donnant ainsi le signal du dernier exode massif de Juifs tafilaliens vers Colomb-Bechar.

Rabbi Chalom Abehssera est ne a Rissani (Maroc) en 1892  ce qui allait determiner la suite de l'existence de ce petit-fils du Tsadik Rabbi Ya'cov Abehssera : si comme descendants de son illustre aieul, il devait tres tot se consacrer a l'etude de la Torah, il fut aussi marque par l'histoire des Juifs sahariens, persecutes a Sijilmassaen en 1050 massacres au Touat en 1492  ou ne beneficiant guere d'un sort plus enviable, a son epoque, dans ce Tafilalet de la dissidence, ou il a vu le jour.

Guide spirituel des Juifs de Colomb-Bechar, reconnu et venere de tous pour sa grande sagesse, sa competence, son immense erudition et sa simplicite, il fut, en tant que president du tribunal rabbinique et dayyan, l'arbitre inconteste des differents qui pouvaient surgirce que montre son ouvrage Melitz Tov.

Rabbi Chalom Abehssera mourut en 1974  a Marseille ou il est enterre ; depuis cette date, son mausolee est un lieu de pelerinage et, chaque annee la Hiloula de Rabbi Chalom Abehssera reunit des juifs venud de Lyon, Paris….pour se recueillir, prier et celebrer la mémoire du venere Grand Rabbin

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Amnon Elkabets

Tafilalet – Sijilmassa

Avant propos sur la region

D'apres sa definition administrative, le Tafilalet au Maroc est la 9eme province, parmi les 16  que compte le pays. Par sa grandeur, elle est la quatrieme province du Maroc. Sa superficie est de 80.000 Km2, (presque quatre fois plus grand qu'Israel) elle est divisee en departements. Le Tafilalet arrive en sixieme position avec une population de 2.2 millions d'habitants. Soit 27,5  habitants par kilometre carre. (Par exemple : la region de Casablanca avec sa superficie de 1615 km2 a 2786  d'habitants par km2). Ce n'est pas par hasard que la population du Tafilalet est fluide, c'est qu'une partie de son territoire est en lisiere du Sahara sur la frontiere algerienne. La region est couverte de grands plateaux pierreux, les grandes hamadas – Plateau pierreux des deserts sahariens – comme celles du Guir et de Dar'a, riches en gisements de fer, manganese, plomb et zinc. Dans la region, on peut remarquer les dunes de sable de Margosa, les gorges du Toudra et la plaine du Dades connue pour ses phenomenes geologiques. 

Cette region est parmi les trois plus importantes du pays au point de vue strategique. Les deux autres sont Fes et Marrahech. Ces regions ont toujours ete dirigees par les trois grands Califes ; les cadis qui faisaient fonction de vice-rois avaient une influence considerable a la cour du Sultan car ils etaient de la famille royale. C'est parmi eux qu'etaient elus les dirigeants et les rois qui ont gouverne le Maroc. Leur role principal etait d'etre "les yeux du Sultan" et de lever les impots du royaume. Le siege du califat du Tafilalet etait a Rissani et le calife administrait la region depuis la ville d'Erfoud. 

Dans le passe, c'est au Tafilalet que se cachaient les tribus insurgees qui fuyaient pendant les renversements du pouvoir et les epoques d'instabilite. Ces tribus des marges sahariennes etaient des instruments entre les mains des membres de l'aristocratie cherifienne pour reussir les renversements du pouvoir. La derniere prise de pouvoir est celle qui a mis a la tete du royaume la dynastie qui regne jusqu'a nos jours. C'est la dynastie Hassanite-Allaouite-Tafilalienne. Son nom lui vient d'Hassan, petit-fils de Mahomet, et de son pere Ali fils d'Abou Taleb. Le fondateur de cette dynastie etait le gouverneur du Tafilalet Moulay Ali a-Charif. C'est son fils Moulay a Rachid qui la ren forca et lui donna ses bases de dynastie royale. 

Dans le passe, la region etait un lieu de rencontre des caravanes de nomades qui fuyaient le desert en guerre. C'etaient les grandes caravanes qui transportaient de l'or et des marchandises du Soudan, destinees a Tombouctou et Goualata, ou en revenaient. Au fil des annees, l'endroit devint une oasis produisant des dattes, celebres dans le monde. Une grande partie des palmiers dattiers de cette oasis ont pousse grace aux noyaux de dattes jetes la par les nomades. Les habitants de la region l'ont surnommee "la plaine des dattes" et les Juifs : "Jericho (ville des dattes) du Maroc". 

Tombouctou Histoire

En 1977, la région de Gao est divisée en deux avec la création de la région de Tombouctou. En 2011, un redécoupage administrative est initié pat le présidentAmadou Toumani Touré. Le 14 décembre 2011, le gouvernement adopte un projet de loi portant création des circonscriptions, cercles et arrondissements des régions de Tombouctou, TaoudénitGao et Ménaka. La région de Taoudénit est créé avec des localités situé à l’extrême nord du Mali qui appartenait auparavant à la région de Tombouctou.

Géographie

La région de Tombouctou est limitée au sud par les régions de Ségou et Mopti, à l'est par les régions de Gao et Kidal, au nord et nord-est par l'Algérie et à l'ouest par la Mauritanie. C'est une région en grande partie désertique. Au sud cependant, la présence du Niger et de son delta intérieur, ainsi que de nombreux marigots, étangs et lacs, permettent d'importantes activités agricoles.

La région de Tombouctou compte 26 forêts classées couvrant une superficie de 57 416 ha.

Dans la région sont situés un site Ramsar, le Lac Horo dans le cercle de Niafunké, et une zone d’intérêt cynégétique, Azaouad Nord – Ouest dite Salam, dans le cercle de Tombouctou.

Presence juive au Tafilalet-Revue Brit 31

Jacob Oliel Orleans

Les Juifs du Tafilalet

Si l'on ne trouve plus de Juifs aujourd'hui, au Tafilalet, le souvenir de leur presence ancienne est encore vivace et il n'est pas rare, a Bou- Dnib, Errachidia (ex-Ksar es Souk), Rissani ou Bou-'Nan, d'entendre un Marocain declarer fierement: « vous etes en ce moment dans le quartier juif», «ici c'etait autrefois, la synagogue» ou «la maison d'un Juif»…

Le Maroc est caracterise par l'Atlas : trois chaines de montagnes qui traversent le pays en lui donnant de grands avantages economiques. Le Bas Atlas se situe sur le cote sud-ouest du pays, le Moyen Atlas au centre, et la chaine du Haut Atlas divise le pays du Nord au Sud. Le Haut Atlas debute a Agadir sur les cotes de l'Atlantique, et culmine au Mont Toubkal a 4167  metres. Des forets primaires, constitutes surtout des cedres, couvrent la montagne dont les cimes sont recouvertes de neige tout au long de l'annee. Cette chaine, nommee Adrar N'dewen (la montagne des montagnes) par les Berberes a ete declaree Parc national du Pays. Ces montagnes descendent vers le sud-est et les regions du Sous, la "Table", Ouad Noun et Ouad Ghris, toutes tournees vers l'Algerie. C'est la region du Tafilalet.

Dans cette chaine, trois passages strategiques : le passage "Tiz-N’tiska" (passage des bergers) domine par la tribu Glawa, le passage Tiz-N'test (le haut passage) domine par les tribus Goundafas et enfin le passage Imi-N'Tanout (notre passage) sous la domination des tribus Moutgawa. Les tribus berberes qui commandent ces passages habitent dans des centaines de villages-casbahs dissemines entre les cours d'eau et les lacs ; c'est "la region des mille casbahs" comme la nomment ses habitants. La, pendant de nombreuses generations ont vecu des juifs parmi les berberes. 

L'axe principal va du Nord du Maroc a la region du Tafilalet; il descend de la ville de de la ville de Fes, remonte et traverse le Moyen Atlas en se faufilant entre les forets de cedres, passe des collines, descend des gorges et des oueds jusqu'a la petite ville de villegiature d'Ifrane. De la, il descend vers la ville de Midelt, remonte vers les montagnes du Haut Atlas, puis vers la petite ville de Rich a l'entree de la plaine fertile du Ziz.

 L'axe passe ensuite par les villages d'Ai't-Daoud ou Moussa, Ait- Messaoud et nombre d'autres villages tous juches a plus de 3000 metres comme le Djebel Timtrout qui lui s'eleve a 3447 metres 

Plus loin, l'axe passe par la ville A-Rachidia (Ksar-Souk) de la, vers la gauche, commence une route longue de 70kilometres vers le village Toulal, les villes Gourama, Boudnib. Elle revient vers le sud jusqu'a Erfoud. Elle continue ensuite jusqu'a la ville de Rissani, chef-lieu de la region, a l'extremite de l'axe. Une autre route se detache pour aller vers l'ouest vers la region de Ghris aux environs des villages Tiluin, Gulmima et la region d'Ouarzazat jusqu'a Agadir. En continuant vers le sud, la route nous mene vers les dunes de Marzoga, a la lisiere du Sahara. Dans toutes ces villes et ces villages ont vecu des communautes juives tres anciennes jusqu'a leur depart en Israel pendant les annees 1960

La plupart des noms de villes et de villages du Sud marocain sont des noms berberes au feminin caracterises par la lettre T au debut et a la fin du nom, comme : Tafilalet, Tafrouat, Taroudant, Tamghrot, Tarzoualt, Tamlilt, Taourirt… Les noms des monts et des collines commencent par le mot Tizi comme Tiz-N'Tamatert, Tiz-N'Tachidirt, Tiz-N'Test etc.

La principale langue des berberes de cette region est le Tachelhit ou Tamzight qui veut dire hommes libres. En effet, cette region du Sud marocain est surnommee Blad a Siba (la region desordonnee) a cause des difficultes qu'a le gouvernement, siegeant au nord du Maroc, a administrer cette region lointaine. Malgre les efforts deployes, il existe encore des villages que l'administration centrale du pays n'a pas encore atteints. Ces villages continuent a vivre selon les lois berberes de leurs ancetres. II existe au Maroc, la loi berbere. Elle leur permet d'etre juges selon le code berbere d'avant l'arrivee de l'lslam au Maroc. II existe encore des communautes entieres qui ne reconnaissent pas le gouvernement central. Dans chaque region, il y a deux ou trois families importantes qui ont autorite sur toute la tribu. La culture berbere se distingue de celle des musulmans, par ses fetes, ses chants, ses danses, ses villages, ses casbahs construites en briques d'argile, entourees de hauts remparts, vestiges des guerres qui eclataient couramment dans la region. Pendant les cinquante dernieres annees, grace aux nouvelles routes, des grandes transformations se produisent. L'electricite et les moyens de communication, la construction d'etablissements scolaires et le tourisme, tout cela apporte des changements dans la culture, la vie sociale et politique.

Si l'Egypte est un don du Nil" comme l'a ecrit Herodote l'historien grec 425-434 avant notre ere), le Maroc est le cadeau de l'Atlas. La region est riche en eau et en terres fertiles qui en font une oasis convoitee.

De plus, son importance strategique et economique a provoque des combats entre les tribus pour la mainmise sur ces territoires. Quand fondent les neiges du Haut Atlas, les fleuves deversent sur la region d'enormes quantites d'eau qui arrivent des parties sud-est de la montagne. Des fleuves tels que le Toud'a qui commence a Imilchil et passe par A-Rachidia, Erfoud et le Sud marocain ou comme le Dades qui vient de Msemrir font de cette region l'une des plus riches du Maroc sur le plan agricole. Le climat chaud pendant l'ete tres long et l'abondance d'eau permettent la production de fruits subtropicaux destines surtout a l'exportation

D'ailleurs, le Maroc est un des principaux exportateurs de produits agricoles vers l'Europe. La region est riche en puits, sources et cours d'eau qui se deversent dans les Oued Ziz, Oued Guir, Gaouz, Haroum et Zrigat et fournissent les besoins d'une industrie florissante au pied de la montagne. Les eaux abondantes irriguent sur leur chemin toutes les villes et casbahs, sur des centaines de kilometres. Grace a ses eaux, l'Atlas fait vivre la region du Tafilalet et d'autres grandes parties du Maroc. La planification nationale des surplus d'eau etant absente, de grandes quantites d'eau se deversent dans le desert, y sont absorbees et disparaissent a jamais.

Presence juive au Tafilalet-Revue Brit 31

Brit – Revue des Juifs du Maroc

Redacreur – Asher Knafo 

Aharon Abehssera

En 1856, un bateau a jete l'ancre dans le port de Jaffa. II avait a son bord 50 Juifs du Maroc. A leur tete se trouvait Rabbi Moche Elkaiam de Marrakech. Plus tard, Rabbi David Ben Chimon de Rabat, s'est joint a eux. Lui aussi etait arrive a la tete de ses eleves au port de Jaffa. Rabbi Moche Elkaiam et Rabbi Ben Chimon s'etaient rencontres auparavant, a la Yechiva du Rabbi Massoud Abehssera au Tafilalet. lis avaient ete recus a la Yechiva en 5600 (1840), apres avoir passe brillamment les examens d'entree

Les Juifs au Tafilalet, depuis quand ?

L'histoire de la communaute juive au Tafilalet est intimement liee a celle de la region. Des historiens comme Hirchberg estiment qu'il faut situer l'arrivee des Juifs dans cette region au regard du Talmud de Babylone au sujet de l'exil vers l'Afrique d'une partie des Juifs de la Judee par Sennacherib. (Sanhedrin 94/A)

Vers ou ont-ils ete exiles ?

 Mar Zoutra dit

 en Afriqui et rabbi Hanina dit

 vers les montagnes Sloug (Sloug – sheleg – neige) lorsqu'ils arriverent a Sous… "

La probabilite de l'exil des Juifs vers l'Afrique existe donc. Sous (comme la region du Sous ) et Sloug – cheleg seraient-ils l'Atlas ? le Sud Marocain " la region de Tafilalet ? Si cela est vrai, ce serait donc le plus ancien temoignage de la presence juive au Maroc en general et au Sud marocain en particulier.

 Ce qui est dit dans cet article ne pretend pas presenter les resultats d'une recherche sur l'anciennete des Juifs au Maroc, nous nous contenterons done de presenter quelques temoignages plus tardifs qui donneront de l'etoffe a la these qui pretend que cette presence est tres ancienne.

Dans la ville Sijilmassa, au Sud de la region vivait du temps des Gueonim (aux IXeme et Xeme siecles de l'ere vulgaire), une communaute juive importante qui maintenait des relations etroites avec le centre de la Thora en Babylone. Dans les autres villes et meme dans les villages eloignes, les rabbins locaux s'interessaient aux ecrits des Gueonim de Babel, et certains possedaient le Tafssir de Saadia Gaon et des ecrits de Eben Ezra. D'autres manuscrits sur les commentaires de la Thora et de la Kabala ont ete soigneusement conserves pendant des generations jusqu'a leur depart( des juifs). Jusque-la, on pouvait trouver chez eux des recueils poetiques, de Piyoutim sur les fetes, circoncisions, Pidion-haben, Bar-Mitsva, mariages et aussi des recueils de lamentations sur les malheurs de l'individu et ceux de la communaute

Une partie de ces ceuvres etait en Hebreu, une autre en arameen et une troisieme en judeo-arabe maghrebin. Malheureusement, une grande partie de ces manuscrits a disparu. D'aucuns disent qu'ils ont ete intentionnellement soutires a leurs proprietaries pendant leur preparation a la Alia en Israel ou meme apres elle. D'autres oeuvres se sont deteriorees ou ont ete endommagees par les mites. Par manque d'une imprimerie locale, elles n'ont pas pu etre reproduites et sauvegardees.

Le temoignage de David Reouveni parti de Jerusalem au Portugal en 1527  Au Portugal, il apprit l'existence d'un echange de lettres entre les autorites du Portugal et le Cherif Mohamed A-Cheikh, gouverneur du Tafilalet qui temoignait de l'existence de juifs sur ses terres. Entre autre, il parlait "de juifs qui habitent la grande montagne (l'Atlas) dans la region « Asous el Aktsa » (le Sous du bout du monde). "Ils sement et recoltent; presque tous sont pauvres ; mais ils sont tres vigoureux pour le travail de la terre".

Un autre temoignage est celui de Leon l'Africain qui raconte qu'au XVIs siecle, quand les tribus de A'kil ont vaincu les tribus berberes de Taza jusqu'au Tafilalet, des juifs habitaient deja dans un quartier nomme Taghawust, dans la region de l'Oued Noun.

L'ouvrage "Histoire de Fes" rapporte de nombreux cas ou est cite le Tafilalet; en 1623  un dissident du nom de Bouzkri s'est attaque aux juifs en decidant d'un siege economique sur le quartier des marchands juifs. Une partie des juifs s'enfuit vers le Nord ; beaucoup d'autres Juifs moururent de faim. Cette meme source raconte qu'en 1699 quand Moulay Zidane monta sur le trone, il commenga par devaster la communaute juive du Tafilalet. Puis il s'en prit a la communaute de Fes. Cette source nous rappelle encore qu'en 1728  des liens economiques existaient entre la cour royale a Fes et des marchands juifs du Tafilalet.

Nous connaissons aussi la communaute du Tafilalet a l'epoque coloniale francaise apres celle-ci, la communaute fut connue comme une societe vivante, active dans la vie quotidienne et pour sa piete. Les faits montrent un lien serre et continu pendant des siecles entre toutes les communautes du Sud marocain qui vivaient tout au long de la plaine de l'Oued Ziz et dans les regions de Der'a, Mellal, Taluit, Kouba, Sous et Sijilmassa.

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Amnon Elkabets

Tafilalet – Sijilmassa

Les Juifs du Maroc considerent le Tafilalet comme le lieu ou ont exerce les rabbins de la famille Abehssera. En effet, de nombreuses families de rabbins ont vecu au Tafilalet mais les chefs spirituels etaient de la famille Abehssera bien connue. Rissani, a la pointe extreme du fleuve Ziz, etait son fief. Nous n'avons pas beaucoup de sources sur les origines de cette famille. Son histoire est enveloppee d'un bon nombre de legendes qui fixeraient ses debuts vers la fin du XVIII siecle, quand Rabbi Chmouel Elbaz a quitte Fes pour s'installer a Damas. C'est la que naquit Rabbi Yaacov  (1807-1887) et c'est de la qu'il fit le chemin inverse vers le Maroc ou il se fixa a Rissani.

Des son arrivee, il se rendit compte de la decheance spirituelle de la communaute. II s'adonna a l'enseignement en renouvelant l'etude de la Thora comme au temps de Sijilmassa. II exigea des dirigeants des communautes d'envoyer des eleves a sa Yechiva. Lui-meme se dedia a l'etude de la Kabbale du Ha'ari Hakadoch. Deja a l'age de 27  ans, il ecrivit son fameux Pitouhe Hotam. Quand les dirigeants de la communaute voulurent imposer des taxes speciales sur les proprietaries des petites entreprises il s'y opposa farouchement et decida de diriger lui-meme la communaute. II ne se contenta pas de son action au Tafilalet. II se mit a visiter les autres communautes du Maroc, meme les plus eloignees. II crea en particulier des liens avec les expulses d'Espagne a Fez, Sefrou et Meknes.

Une fois, en parlant de la stabilite du royaume il declara

"Si le royaume cherifien est en plein epanouissement, c'est grace a l'aide apportee par les courtisans du Palais, les marchands juifs et leur fidelite au Sultan." Apres Rabbi Yaacov. la famille s'elargit et se dispersa dans toutes les villes de la region. Les rabbins Abehssera s’employerent surtout a corriger les irregularites internes des differentes communautes. ils fortifierent l'education et l'identite aussi bien des enfants que des adultes. C'est pourquoi ils fonderent des slaouates (petites classes) ou on enseignait la Thora. Ils fonderent aussi trois synagogues dont la plus importante etait celle de Baba Sale. Les synagogues etaient baties en briques d'argile mais leur interieur etait couvert de tapis et richement decore. II y avait la quelques livres de priere mais les livres saints les plus rares etaient chez la famille Abehssera. Celle-ci possedait une bibliotheque importante avec un grand nombre de manuscrits ecrits par les peres de la famille depuis ses debuts On peut constater que, mise a part la famille Abehssera, d'autres families de rabbins ont exerce au Tafilalet. Les Lassri par exemple, rabbins de pere en fils pendant vingt generations, et d'autres families celebres comme les Amsellem, Ben-Haroch, Elzra', Chetrit…

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Amnon Elkabets

Tafilalet – Sijilmassa

Avant propos sur la region

La famille Perets etait differente ; venue d'Espagne, c'etait une des rares families de cette origine au Tafilalet. Le chef de famille Yehouda ben Yossef, auteur de Perah Levanon, s'etait installe a Erfoud mais par la suite il vecut dans le Nord car le climat chaud ne lui convenait pas. Mais sa famille benie s'est dispersee dans toutes les villes et villages du Tafilalet ou elle est devenue l'une des families les plus repandues. Un des rabbins les moins celebres mais des plus actifs dans la chronique locale fut le rabbin Chlomo Malca (1878-1949 ) est ne au village d'Asseflou et a appris la Thora dans la Yechiva de la famille Abehssera.

A la fin de ses etudes, il est arrive en Erets Israel et a ete nomme rabbin de la communaute juive maghrebine de Jerusalem. Peu de temps apres, il a ete envoye comme rabbin a Oumdourman au Soudan. II a reussi a sauver de l'assimilation la communaute juive de la ville. II est surtout celebre pour avoir ramene au Judai'sme des femmes juives converties a l'Islam.

La langue d'enseignement etait l'Hebreu que les Juifs parlaient couramment. Souvent, ils jouaient avec la langue en formant des jeux de mots. Ils se servaient aussi de l'Arabe pour former des milliers de proverbes et dictons ayant trait a leur vie quotidienne. Les proverbes exprimaient leurs differents sentiments. C'etait parfois du chagrin, de la colere ou de la raillerie. Parfois les traits etaient destines a leurs voisins arabes, par exemple: Sellem a'la la'rbi, tkhsser khbza

 Salue l'Arabe tu perdras un pain. Ma touriss bab dar el arbi, lama ylssek fiha

 Ne montre pas ta porte a un Arabe il pourrait s'y coller. Selh ila itbelled, itzelled

 Le Berbere qui devient citadin s'endurcit comme du cuir. (Comme la peau du tambour qui s'endurcit a l'usage).

 Au debut du XXe siecle, l'A.I.U (l'Alliance Israelite Universelle) etait sur le point de s'installer a Rissani. La famille Abehssera s'y est opposee par crainte de la secularisation de la communaute. Sa condition etait que l'ecole soit construite en dehors du mellah et de la ville. II en fut ainsi. La crainte etait que le processus d'adaptation a la culture francaise ne devienne un mouvement d'assimilation. Mais la puissance du pouvoir de la religion dans la societe musulmane et la stabilite des elements conservateurs dans la famille continuaient a influencer la communaute juive. Par la suite, ces elements ont empeche une plus grande adaptation au processus de modernisation et ont ainsi eloigne le danger de l'assimilation.

Les resultats de l'education a l'A.I.U sont connus. Une nouvelle classe de dirigeants en est sortie ; c'etait le resultat de l'adaptation aux nouvelles manieres de vivre. Par consequent, l'interet des riches et des instruits pour les affaires de la communaute a diminue.

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RISSANI 

Brit – Revue des Juifs du Maroc

Redacreur – Asher Knafo

Amnon Elkabets

Tafilalet – Sijilmassa

Avant propos sur la region

Dans ces couches de la population, on a commence a voir des phenomenes sociaux inconnus jusque-la. Des femmes et des hommes habilles a l'europeenne allaient tete nue; des repas pris dans des cafes et des restaurants ; des danses mixtes pendant les mariages… Ils consideraient la societe traditionnelle comme inferieure et aspiraient a la reussite financiere sans tenir compte des moyens pour y parvenir. Certains pensaient qu'il fallait se rapprocher des non Juifs pour leurs qualites, tout en gardant le caractere traditionnel de la communaute. Le passage a la culture francaise etait donc le [anti-both]..lot des eleves de l'Alliance

. Au contraire, dans les couches modestes, les dirigeants traditionalistes ont continue a exercer leur influence. En effet, au Tafilalet, nous n'avons pas vu ce mouvement de secularisation se developper. La plus grande partie de la communaute est restee traditionaliste-orthodoxe. Ceux qui terminaient leurs etudes a « !Alliance » avaient le privilege d'obtenir des postes importants dans la finance et le commerce de meme que dans l'administration du royaume.

L'activite commerciale des Juifs a apporte au Tafilalet la prosperite. Dans des villes comme Tayout, la vie financiere se basait sur les juifs qui servaient d'agents pour le commerce international entre le Maroc et l'Angleterre. Toutes les marchandises importees d'Angleterre passaient entre les mains de commercants juifs avec la participation de commercants arabes.

Les commercants avaient une franchise selon laquelle ils fournissaient le sucre provenant des raffineries marocaines qui leur etaient louees par la maison royale. Leur presence et leurs activites etaient d'une telle importance qu'ils etaient dispenses du paiement de la Jisia (Taxe par tete imposee aux non musulmans).

Au lieu de cela, ils devaient faire des cadeaux aux notables du gouvernement. Ces commercants etaient connus pour leurs liens avec les Tojjar el Sultan les marchands du Roi. C'est d'eux qu'ils recevaient leurs marchandises a diffuser dans le Sud du Maroc. En dehors du sucre, ils vendaient du the, des bougies, de la soie et meme de la verveine. Dans la ville de Tabusamt, on a octroye aux juifs le droit exclusif de frapper de la monnaie d'or et d'argent pour les juifs et les musulmans de la region.

 De nombreuses families se sont enrichies a cette epoque ; les plus remarquables furent: les Azeroual, Chetrit, Illouz, Sebbag, et Elzra'. Mais le reste de la communaute a continue a vivre dans l'indigence, a habiter a l'etroit dans le mellah et a exercer des petits metiers comme celui de forgeron, menuisier, cordonnier, bijoutier, tailleur. D'autres travaillaient dans le commerce du betail et l'agriculture. Une grande partie de l'activite se passait au marche, haut en couleurs, de Rissani, chef-lieu de la region.

 Ce marche avait lieu les lundis et jeudis, ou affluaient une foule de gens de toute la region. Afin d'attirer la population a venir faire ses achats et pour distraire les acheteurs se produisaient des saltimbanques, des charmeurs de serpents, des guerisseurs, des cartomanciens…

L'activite financiere qui rapportait des gains appreciables ne passait pas inapergue des receveurs d'impots d'etat. Toutes les taxes imposees a la population n'epargnaient pas les juifs et ceux-ci payaient comme convenu aux representants du gouvernement ce qui leur revenait. Cependant, ils savaient aussi s'arranger avec les receveurs d'impots surtout quand il s'agissait de paiements eleves ou ils faisaient intervenir le gouverneur qui profitait toujours de cadeaux et de dons.

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