Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano-Danan-deuxieme-partie

Nom patronymique dont il est difficile de cerner le sens et de préciser l'origine linguistique. A première vue l'origine semble araméenne, "denan" signifiant dans le Talmud le "çis-nommé" ou encore dérivé de l'hébreu-araméen Dan, le juge. C'est aussi la thèse d'Abraham Larédo qui fait remonter le berceau de la famille à une une fraction de la tribu de Milan au nord de la Mésopotamie, mais sans donner deprécision sur le sens même du nom.
- SHEMOUEL (1532-1622): Le second. Fils de rabbi Saadia. Il présida le tribunal rabbinique de Fès de 1604 à sa mort en 1622. Disciple de rabbi Shémouel Haguiz et de rabbi Moché Sidicaro. Il était considéré comme le meilleur connaisseur de sa génération des coutumes des Mégourachim et des règles de l'abattage rituel. Quand en 1578 le roi du Portugal don Sebastien débarqua avec ses troupes dans le nord du Maroc, dans le projet de christianiser le pays, il ordonna à sa communauté de faire pénitence et de multiplier les prières pour déjouer l'édit.
Aussi la déroute des troupes chrétiennes à la célèbre Bataille des Trois Rois – ainsi nommée parce que le roi du Portugal et les deux prétendants au trône marocains y furent tués – fut-elle accueillie comme un miracle exauçant les prières, et pour en perpétuer le souvenir, il institua avec les autres rabbins la comémoration annuelle à cette date d'un petit Pourim, appelé "Pourim de los Christianos״, le Pourim des Chrétiens. Ce petit Pourim était célébré jusqu'à nos jours dans les communautés de Tétouan et Tanger. Son prestige auprès de ses contemporains était tel qu'il signa plusieurs fois seul sur les arrêts du tribunal et des Takanot alors que la tradition exige la signature de trois rabbins au moins.
- SHEMOUEL (1666-1730): Le troisième. Fils de rabbi Shaul. Il fut le rédacteur définitif du rituel de la synagogue familiale, la synagogue des tochabim ( Slat Elfassyin ), ״Ahabat hakadmonim״, imprimé pour la première fois à Alexandrie en 1889. Il fut également le premier rabbin de la famille à tenir par écrit les annales de la communauté de Fès, une tradition qui devait être transmise de génération en génération dans la famille. Il recueillit les témoignages écrits de ses ancêtres jusqu'à sa période et ses successeurs ont poursuivi cette tâche jusqu'à la fin du XVIIlème siècle. Ce document unique appelé ״Dibré hayamim״ (Chroniques) qui n'avait jamais été imprimé et n'était accessible qu'à un petit nombre de lettrés, a été révélé au public des chercheurs en 1949, dans sa traduction française par le grand orientaliste juif français, Georges Vajda sous le titre: ״Un recueil de textes historiques judéo- marocains״. L'ancien grand rabbin de Sefrou, rabbi David Ovadia lui a donné une plus grande diffusion en le publiant dans son livre en deux volumes consacré à la communauté de Fès en y adjoignant d'autres sources historiques plus tardives.
- MENACHE: Fils d'Abraham, rabbin et grand mystique mort en 1767 dont la tombe étaiet devenue un lieu de pèlerinage. On raconte qu'un jour de shabbat le shamash de sa synagogue vint le chercher pour l'office de Minha et le trouva en prière sur l'escalier. Le bedeau s’immobilisa et à un certain moment et répéta après lui kadoch, kadoch, kadoch. Quand rabbi Ménaché lui en demanda, après la prière, la raison, il avoua qu’il avait lui aussi entendu comme lui les voix des anges, venus étudier avec lui, récitant le Kadich. Rabbi Ménaché le félicita d'avoir eu ce privilège et le mit en garde de ne rien révéler de cet événement exceptionnel. Mais trop désireux de se faire valoir aux yeux des siens, le shamash ne put garder le secret et leur révéla le prodige dont il avait été témoin. Sa punition ne tarda point et il mourut subitement au bout de quelques jours. Depuis lors, la marche de l'escalier sur laquelle se tenait le rabbin au moment où il entendit les voix des anges, devint un lieu sacré, en portant la marque indélibile.
- MENACHE: Fils de rabbi Shémouel. Petit-fils par sa mère de rabbi Eliahou Sarfaty qui l'intronisa comme rabbin-juge au tribunal des Cinq. Grand rabbin de Fès, il accueillit chez lui l'émissaire de Hébron rabbi Amaram Ben Diwan lors de son passage dans la ville en 1780, alors qu'il venait de quitter Meknès pour retourner en Terre Sainte (il devait mourir en route près de Ouezane et son tombeau est devenu on le sait le pèlerinage le plus populaire du Maroc – voir Ben Diwan). Il lui demanda sa bénédiction n'ayant donné le jour jusque là qu'à des filles. Le saint homme le bénit et lui prédit la naissance l'an prochain d'un enfant – cette fois encore une fille à qui il devra donner le prénom peu commun de "Fdina" – qui signifie "nous en avons terminé" – car elle sera effectivement la dernière et après il n'aura plus que des garçons. Et c'est naturellement ce qui arriva.
- SAADIA: Fils de rabbi Yaacob, rabbin à Fès. Auteur d'un poème entré dans la liturgie de la synagogue des Fassis, "Bakacha abo bétékha". Il mourut de chagrin en 1819 après l'assasinat de son fils au village berbère d'Aït Atab.
- SHEMOUEL (1800-1872): Fils de rabbi Ménaché. Rabbin sohet d’une extrême piété. Excellent orateur, il faisait des sermons toutes les jours de shabbat dans la synagogue familiale. On raconte qu'au cours de l'un de ses sermons, il voulut sauter un passsage parce qu'il ne voulait pas se répéter, l'ayant déjà cité dans une de ses précédentes prêches, mais il se ravisa au dernier moment, en se souvenant du commandement des rabbins: "Que les paroles de la Torah soient toujours pour toi une nouveauté". Au moment de sa mort, il prophétisa que la même année disparaîtraient dix grands rabbins de la ville – et c'est ce qui devait arriver.
Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano-Danan-deuxieme-partie
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