Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano-Danan-troisieme-partie

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DANAN

Nom patronymique dont il est difficile de cerner le sens et de préciser l'origine linguistique. A première vue l'origine semble araméenne, "denan" signifiant dans le Talmud le "çis-nommé" ou encore dérivé de l'hébreu-araméen Dan, le juge. C'est aussi la thèse d'Abraham Larédo qui fait remonter le berceau de la famille à une une fraction de la tribu de Milan au nord de la Mésopotamie, mais sans donner de précision sur le sens même du nom. Cette explication est peu convaincante, la mémoire des noms ne remontant pas généralement à une époque aussi lointaine. Il est plus probable que comme l'affirme l’auteur du dictionnaire biographique des de rabbins du Maroc, "Malké Rabanan", rabbi Yossef Benaïm, que l’origine de ce patronyme soit espagnole

  1. ITSHAK (1836-1900): Füs de rabbi Shémouel. Il hérita de son père la piété et l'humilité. Il a vécu une époque troublée et dangereuse, celle de l'agonie du vieux Maroc. Grand rabbin de Fès, il chercha à mettre sa communauté à l'abri des boulver- sements et des perversions de la modernisation et du laïcisme. Intransigeant dans l’application des commandemnts divins, il estimait que "si l'on cherche à accomoder la Loi, on aura tôt fait de l'oublier. Chacun pourrait alors interpréter les commandemnts à sa convenance alors que nous vivons à une époque de baisse du niveau moral et spirituel". Dans ses sermons hebdomadaires, il mettait en garde les fidèles contre l’abandon de la tradition: "Dans quelques années notre peuple perdra de plus en plus sa foi simple, il se détournera des voies de la Torah et se rapprochera de la conduite de Sodom et Ghomore, rejetant le joug qui le relie au passé". En 1876, il se rendit en Terre Sainte avec son neveu orphelin dont il avait pris en mains l'éducation, rabbi Shélomo, pour s’y installer. Mais il ne put surmonter les difficultés et décida de revenir au Maroc. Il s'attarda quelque temps à Alexandrie pour rencontrer le grand rabbin Moché Pardo. A son retour, il fut contraint d'accepter pour la première fois une fonction officielle rémunérée, celle de juge au tribunal présidé par rabbi Yéhouda Binyamin Monsonégo. Excellent orateur, il faisait un sermon tous les samedi après-midi dans la synagogue familiale. Ses écrits ont été publiés après sa mort par son fils sous le titre " Lé Itshak réah" (Livourne, 1901). Le livre a été réédité par la Fondation Danan aux Editions de l'Institut Bné Issachar, (Jérusalem, 1985). Il laissa trois fils qui furent des rabbins et érudits connus: Mimoun, Shémouel et Yaacob.
  2. SHEMOUEL: fils cadet de rabbi Itshak. Auteur de "Dichanta Bachemen", recueil de sermons et oraisons funèbres. Il édita le livre de son père "Leitshak Reyah" et édita et et préfaça le livre de rabbi Yéchoua Monsonégo, "Débar Emet". Mort en 1962
  3. MOCHE: Fils de rabbi Shémouel, un des grands rabbins de Fès au siècle dernier, mort encore très jeune en 1857, à l'âge de 30 ans laissant un fils de 8 ans, Shélomo. On raconte qu'un jour sa mère l'ayant battu avec un bâton, le jeune garçon alla s'en plaindre à son père dans sa tombe, emportant avec lui la pièce à conviction: le bâton qu'il laissa sur la tombe. La nuit, le défunt apparut en rêve à sa veuve et lui commanda de ne plus jamais battre son fils avec le bâton qu'il avait laissé sur sa tombe. Le lendemain elle se rendit au cimetière et trouva effectivement le bâton à la place indiquée..

R SAADIA: Fils de rabbi Hayim. Un 42 victimes de l'attaque du Mellah de Fes en Avril 1912, au cours des trois journees sanglantes du "tritel" de tragique memoire ׳ Assassiné par la populace alors qu’il était a la synagogue revêtu de son châle de priere Il était connu pour sa grande piété.

  1. SHELOMO (18491929־): Fils de rabbi Moché. Nommé membre du tribunal rabbinique en 1879, il en resta membre puis président pendant quarante ans jusqu'à sa mort, avec une interruption d'un an quand il fut nommé membre du Haut Tribunal Rabbinique de Rabat en 1920, mais pris de nostalgie, il en avait rapidement démissionné pour revenir dans sa ville natale. Excellent orateur, il était le plus grand expert en matière de règles de "halitza" (déchaussement) dans tout le Maghreb. Il joua également un grand rôle dans la direction de la communauté. En 1912, il fut élu dans le comité des Quatre chargé de négocier à Rabat et Paris les indemnisations aux victimes du fameux Tritel (Sac du mellah de Fès). Ce comité constituait un désaveu de la politique menée par le directeur de l'école de l'Alliance, Amram Elmaleh, nommé par les autorités du Protectorat. Sous la pression des autorités, il fut contraint de se désolidariser du comité et reporta son soutien sur Elmaleh, entraînant de sérieux remous dans la communauté qui ne calmèrent qu'en 1915 quand une solution acceptable par tous fut obtenue à la suite de négociations à Rabat et à Paris. Il mena une action considérable en faveur de l’amélioration des conditions de vie de ses concitoyens, sollicitant au besoin l'aide des organisations juives européennes et des consuls étrangers. Auteur d'un ouvrage de Responsa, "Bakech Shélomo", publié à Casablanca après sa mort, en 1931 par ses deux fils Moché et Shaul et de "Acher Lishélomo" (Jérusalem 1901, réédité à Casablanca en 1962).
  2. ELIAHOU: Rabbin né à Fès qui monta à Jérusalem au début du siècle. Il fut envoyé comme émissaire de Hébron au Maroc et dans le reste du Maghreb en 1925 et au Portugal. Rabbi David Ovadia rapporte que lors de sa visite à Lisbonne, le chercheur Moché Amzallag lui remit la photocopie d’un manuscrit d'un rabbi Moché Ben Abendanan qui fut dayan au Portugal avant l'expulsion.
  3. YEHOUDA: Fils de rabbi Eliahou. Rabbin très érudit à Fès mais qui n'eut aucune fonction officielle. Parmi sss nombreux ouvrages, quatre ont été imprimés: "Minhat Yéhouda" (Fès, 1935); "Lehem Yéhouda", recueil de sermons (Fès, 1942); "Vezot léyéhouda" (Fès, 1942) et "Nod'a Léyéhouda" (Fès, 1947).

YVES MAXIME: Professeur et homme de lettre fiançais né à Alger. Fils de Colette Aboulker et neveu de José Aboulker. Auteur d'une étude approfondie sur l'Algérie pendant la guerre, le régime de Vichy, la révocation du décret Crémieux, la Résistance, le débarquement américain jusquà l'installation à Alger du gouvemment provisoire de la France Libre de De Gaulle: "La vie politique à Alger de 1940 à 1944" (Paris, 1963).

  1. MIMOUN (1860-1945): Rabbin et riche négociant à Fès. Membre du Tribunal rabbinique et président de la communauté pendant 40 ans, il consacra de grands efforts à l'éducation religieuse en particulier dans la création et le financement du Talmud Torah, Em Habanim. Fondateur au début du siècle de la synagogue qui portait son nom. ALBERT: Fils de rabbi Mimoun. Il fut un des premiers juifs marocains à faire des études secondaires en France. Diplômé d'agronomie, il se consacra à l’agriculture à son retour au Maroc introduisant des techniques modernes de culture. Il fit partie de la délégation marocaine à l'Exposition Universelle de Chicago en 1933. La petite histoire retiendra qu'il fut le premier Marocain à obtenir le permis de conduire, le permis no. 1.

SHEMOUEL (1875-1962) : Fils de Itshak, rabbin, talmudiste à Fès, auteur de l'ouvrage intitulé "Dishanta bashemen" – sermons et homélies.

YAACOB: Rabbin-notaire à Fès, première moitié du XXème siècle. Talmudiste et érudit, grand chercheur du passé. C'est lui qui vendit au professeur Georges Vajda les manuscrits des écrits historiques des rabbins de sa famille, tenant la chronique de Fès, "Dibré Hayamim". Ces chroniques qui n’avaient jamais été imprimées étaient connues uniquement des rabbins de la famille et avaient servi le rabbin Yaacob Tolédano pour son ouvrage sur l'histoire des Juifs au Maroc, "Ner Hammarab". Leur publication et leur traduction en fiançais en 1949 par le professeur Vajda, a apporté une nouvelle lumière nouvelle sur l'histoire des Juifs au Maroc. Le rabbin David Ovadia a réédité ce manuscrit avec sa traduction française en y ajoutant "Yahas Fass" de rabbi Vidal Sarfaty et "Les Annales de Fès", couvrant la période 1879-1925 de rabbi Shélomo Cohen.

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