Il était une fois Debdou

Il était une fois Debdou
Histoire de Debdou
Introduction
Il est difficile de retracer l’histoire de la localité de Debdou, par manque de sources historiques avant la seconde moitié du XIIIe siècle et l’occupation de la région par les Mérinides comme l’a indiqué Nahum Slouschz: «Somme toute, la Gaada, qui porte le nom de Debdou, ne figure dans aucun texte écrit antérieur à la domination Mérinide » (p. 17). Époque à laquelle Debdou commence à prendre une importance stratégique par sa situation géographique mais aussi en se référant à la description enthousiaste qu’en a faite Charles de Foucauld en 1885, soit bien après son âge d’or, par son abondance, dû à un micro climat favorisé par son enclavement. Il est évident qu’il faudrait relativiser tout cela par des reconstitutions paléoenvironnementales et des témoignages qui permettraient d’avoir une idée plus précise de ce qu’il en est réellement. Cependant le passage d’un affluent de la Moulouya au centre de la vallée, l’oued Debdou (Telagh, Bourwed), ainsi que la résurgence de nombreuses sources qui affleurent au pied de la vallée, sans parler des nombreuses grottes qui l’entourent pouvant constituer des abris potentiels, sont autant d’indices qui laissent à penser que cette dernière a dû être occupée très tôt. On a d’ailleurs retrouvé des traces datant de la préhistoire, notamment du paléolithique et du néolithique près de là: ainsi des tumulus ont été relevés à la station du Goutitir sur l’oued Al Abd, ainsi qu’à Aïn Fretessa, et à Ayoun Sidi Mellouk. De plus la tradition veut que Debdou ait été occupé par les Romains, comme semblent en témoigner certains vestiges comme le notent M. Voinot et N. Sloushz : notamment par l’existence près de la Kasba, «d’un fossé et d’une galerie souterraine taillés dans la roche, s’enfonçant jusqu’à environ 30 mètres de profondeur», même si aucun élément déterminant n’a permit de valider cette thèse depuis lors, celle-ci aurait aussi pu être l’œuvre des Mérinides. Ainsi selon un article de l’encyclopédie de l’Islam, «Debdou», en arabe دبدو est l’orthographe la plus courante désignant cette petite ville du Maroc oriental, cela peut aussi s’écrire Dabdū, de même l’on appelle un habitant de Debdou, un Debdoubi. En fait, il existe trois hypothèses à l’origine de cette appellation: la première est liée à la venue des juifs au XIVe siècle et notamment d’un s’appelant David Dou, il s’agit en fait de rabbi David haKohen, la seconde plus probable se rapporte aux premiers habitants probables de la région, les amazighs Debdou se rapprochant d’un terme amazigh signifiant entonnoir, la troisième se rapporte à l’occupation des Mérinides avec le même sens que précédemment.
Historiographie générale
Contexte historique générale des Idrissides aux Mérinides
Point de Debdou dans cette partie, car l’existence de cette ville n’est authentifiée qu’à partir du XIII ème-XIVe siècle. Ceci n’est qu’un petit rappel historique concernant la région pour comprendre la situation de Debdou au moment où nous nous y intéresseront.
De la Foutouh Ifriqiya aux idrissides.
Pour comprendre l’histoire du Maroc moderne il est nécessaire de remonter à la légendaire « Foutouh Ifriqiya » contant la conquête du Maghreb par les musulmans dans laquelle la région de l’oriental tient une place importante comme le précise Mamoun Naciri. Ainsi que par la suite la dynastie chorfas fondatrice du Maroc: celle des Idrissides (788-894). Ce dernier est un shiite rescapé du massacre du Fakhk descendant d’un parent du prophète, nommé Idris qui fonde en 788 un petit État qui s’émiette en une série de petites principautés qui s’illustre par la ville de Fès fondé en 788. Après l’avènement de cette dynastie, la région est tiraillée par des luttes intestines pour accéder au pouvoir, ainsi le Maroc oriental et le sud Oranais connaissent les guerres entre différentes tribus:
• Les Sanhadja, islamisés superficiellement nomadisant entre le Draa et le Niger.(cf. Almoravides).
• Les Maghraoua
• Les banu Ifrene
À cette époque une tribu Zénète, les Banu Ouacine, règne sur la Moulouya.
Les Omeyyades d’Espagne sont gouvernés par Abderrahmane III (912-961) et par la suite par son fils El Hakam (961-976). Ils mènent une politique contre les États chrétiens du nord et au Maghreb rivalisent avec les Fatimides pour le contrôle des routes sahariennes de l’or, et prend comme son rivale Fatimides un titre honorifique de Calife et de commandeur des croyants avec le surnom de «Nasir al Din Allah», c’est-à-dire défenseur de la religion d’Allah. Ce dernier profite de la révolte d’Abu Yasid pour établir son autorité dans le Nord du Maghreb. Son autorité s’établit ainsi de Tanger à Alger. Ces derniers interviennent pour établir leur suzeraineté en renversant les derniers Idrissides et établissent les Maghraoua à Fès en 970 qui deviennent maîtres de tout l’oriental, avec comme chef Ziri Ben Attia, fondateur de la ville d’Oujda en 994.
L’occupation de la région sous les Almoravides.
Genèse de la dynastie almoravide.
Aux XI et XIIe siècles, après le départ des Fatimides tandis que l’est du Maghreb subit les invasions hilaliennes dont les répercussions s’étendent sur plusieurs siècles et qui à long terme finissent par avoir des répercussions dans la région de l’oriental sous les Mérinides, (au XIVe siècle). Provoquant des bouleversements ethniques et économiques importantes, appauvrissant les villes et déstabilisant les axes commerciaux. L’Ouest va voir d’autres nomades réaliser pour la première fois leur unité. Ce sont les Almoravides issus de la tribu des Lemtouna appartenant à une confédération des tribus berbères des Sanhadja islamisés superficiellement. C’est après un pèlerinage à la Mecque que le chef de celle-ci, Yaha Ibn Ibrahim décide de ramener un savant malikite qui fonde un ribat (couvent fortifié) ces derniers abritent des communautés religieuses et guerrières menant le djihad contre les infidèles, d’où leur nom Almorabitun (les hommes du couvent).
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