אלי פילו


Nessim Sibony Extrait de journal de famille-Brit no 35

Nessim Sibony

Extrait de journal de famille

Cette présentation au public n 'est qu 'un extrait de notre journal de famille, une aide pour cette famille qui peut y retrouver ses parents, voire ses aïeux.

A la mémoire de Reine Sibony Zaoui, 1900-1983

Cet arbre généalogique n'aurait jamais vu le jour, sans la contribution majeure de ma tante, Reine Zaoui qui avait connu mon ancêtre le plus éloigné mentionné dans l'arbre généalogique : David Sibony, père de Moshé Sibony qui fut veuf en première noce et épousa ensuite une femme dont il eut 3 enfants. On découvre ainsi que les mariages entre cousines et cousins ou petits cousins étaient une tradition qui se perpétuait de génération en génération. Ma famille n'y a pas échappé. Les Sibony de Safi tenaient jalousement à conserver leur rang et avaient même leur carré réservé au cimetière juif de cette ville et il en est de même pour le reste de la famille, installée entre Marrakech et Casablanca. Il faudra attendre les grands mouvements migratoires de la fin du XXe siècle pour voir les Sibony se mêler aux ressortissants des communautés juives du Maroc et d'ailleurs.

Mon père avait attendu ma Bar-Mitzva pour me raconter succinctement l'origine de notre famille. «Notre nom, à l'origine était "Les Sibעony" et nous ajoutons "Hanisrafïm", les martyres, brûlés vifs, en souvenir de nos ancêtres qui avaient préféré le bûcher à la conversion. » Il poursuivit : « Quand nos ancêtres vinrent au Maroc, ils vécurent près d'une tribu musulmane qui exigea que toute la communauté juive se convertisse à l'Islam. Les notables de cette communauté avaient réclamé du temps pour préparer leurs enfants à une telle conversion et ils avaient profité de la période de "préparation" pour faire évacuer très discrètement de nuit vers le Nord tous les jeunes et toutes les femmes. Quand le chef de la tribu et ses soldats s'en revinrent visiter les tentes juives, ils n'y trouvèrent que des vieux qui s'étaient préparés à leur supplice. Ils préférèrent être brûlés vifs plutôt que de se convertir ». J'étais jeune et ce récit resta lettre morte, au point que je n'ai jamais posé de question concernant la date ou le lieu exact de cet événement.

C'est bien plus tard, quand mon intérêt pour l'histoire de notre famille s'éveilla, que j'ai voulu en savoir davantage, notamment à la suite de la lecture de l'ouvrage de Pierre Flamand sur les communautés juives du Sud du Maroc. Pour ce chercheur qui s'était inspiré des récits du Colonel Justinard parus en 1930, cet événement se serait déroulé à Eufrane, palmeraie autrefois célèbre sur l'une des routes qui menaient de l'Afrique du Nord vers le Soudan. C'est un chef de tribu parti à la conquête du Sud marocain qui aurait réalisé ce massacre vers 1765. (Aucune preuve historique n'existe sur l'événement.) Le même événement est relaté dans "Ner Maarav" (La lumière de l'Occident), rédigé par Moshé Tolédano de Tibéria et publié à Jérusalem en 1910. C'est en guise d'introduction à l'histoire des Juifs du Maroc que l'auteur a essayé de rapprocher l'histoire des Juifs de "Borion" ( ?) décrite par l'historien Procop dans De Adificius VI, 2 de l'histoire des Juifs d'Eufrane. Il situe l'événement de ces martyres et la fuite du reste de la communauté juive, non plus à "Borion" investie par Justinien, mais à Eufrane au Maroc en 535. Une synagogue devenue église ? Cela reste difficile à concevoir pour qui connaît ce village de pisé.

Dans son introduction, l'auteur cite le cimetière d'Eufrane (même un cimetière à ciel ouvert est appelé caverne par les Juifs du Maroc) et mentionne les martyres d'Eufrane en se référant à un document rédigé selon la tradition locale : il rapporte la liste des stèles du cimetière d'Eufrane avec dates et noms présumés.

Cette liste, antérieure à 1910 mentionne les tombes de quatre Sibony dans le cimetière d'Eufrane : Shoshan Ben Amghar Sibony, avec ses deux enfants et Waich Ben Ihya Sibony, appelé aussi Rabbi Waich Ben Abbou. Le nom Sibony reporté sur ce livre s'écrit avec samekh
ainע et ס
סיבעוני -oniעSib

Joseph Toledano-Epreuves et liberation-Les juifs du maroc pendant la seconde guerre mondiale

Les incidents de Meknès

Des centaines de Musulmans envahirent le mellah, se livrant à des violences contre les femmes et les enfants. L'émeute se prolongea plus de quatre heures avant que la police n'intervienne, ne rétablisse l'ordre et ne positionne des gardiens à la porte du mellah.

Pour le Président du Comité de la Communauté de Meknès qui exprimait la position de tous ses collègues notables, la leçon à tirer de ces incidents restait toujours le repli sur soi. Il s'agissait d'éviter comme le feu toute activité et même pensée politique. Il en faisait ainsi la recommandation dans un tract diffusé au mellah et lu dans les synagogues : Celui qui garde sa bouche et sa langue, garde son âme de la détresse. (Les Proverbes) "

« Or ce n'est pas sans une légitime émotion que nous apprenons par la voie des autorités que certains de nos coreligionnaires commentent des sujets d'ordre politique. Nous n'avons guère besoin de faire ressortir le préjudice considérable qui pourrait résulter pour les auteurs des cas en question, attendu que pour nous, Israélites marocains, le devoir et l'obligation les plus stricts commandent d'observer un respect absolu des autorités de la nation protectrice, et nous devons nous écarter nettement de tout ce qui a trait, soit à la politique, soit aux affaires publiques. Chacun sait malheureusement la situation de nos coreligionnaires d'Europe et, par contre, combien nous-mêmes sommes heureux de proclamer hautement que les Israélites placés sous la protection de la France sont des êtres heureux, libres et indépendants. C'est imprégnés de ces idées que nous nous adressons à vous, en vous conjurant d'éloigner de votre esprit, de votre milieu, de votre foyer, tout rapport, toute idée, toute conversation, tout sujet d'ordre politique, de n'entretenir aucune relation équivoque, et de demeurer toujours dans la voie de la droiture qui est celle d'observer rigoureusement les prescriptions de nos protecteurs. Notre population rendra avec nous un respectueux hommage aux autorités qui, par marque de bienveillance, ont bien voulu attirer notre attention sur ces faits, prévenant ainsi toute sanction. »

Ainsi, l'incident de Meknès demeura heureusement local et sans suites dans le reste du pays. A peine la communauté juive allait-elle commencer à goûter à cette tranquillité générale dont parle André Julien, en cette seconde moitié de 1939, que les rumeurs venues d'Europe sur l'approche d'un nouveau conflit alourdissaient à nouveau l'atmosphère. Les Juifs du Maroc ne craignaient pas tant que les hostilités ne les atteignent directement. A vrai dire, ils se sentaient totalement en sécurité, à l'abri, protégés par la puissance réputée invincible de la France émancipatrice mais ils s'inquiétaient davantage pour leurs frères d'Europe. Pourtant, restés encore largement isolés du reste du monde juif, repliés sur eux- mêmes, les Juifs du Maroc pouvaient difficilement saisir la portée de la montée des périls.

C'est ainsi que passa totalement inaperçue, en dehors des cercles évolués de Mogador, la publication en septembre 1939, par un intellectuel de la ville, d'un petit opuscule prémonitoire, oeuvre d'un poète-pamphlétaire. Isaac David Knafo, descendant d'une des illustres familles des martyrs d'Oufrane, avait lors de son séjour en Europe, pris la mesure de toute l'horreur du nazisme et du terrible danger qu'il représentait pour l'ensemble du peuple juif. Dans son pamphlet publié à compte d'auteur, à 2500 exemplaires : Les Hitlériques, il dénonçait l'indifférence de ses compatriotes et pour les sensibiliser, il criait son indignation et son angoisse :

Au lecteur

J'ai vu fleurir la haine au pays des nazis

Et toute une nation subir la virulence

 De l'acide rongeur qu'en ses discours lui lance

 Un bouffon démentiel en guise de lazzi

Ce pitre malfaisant, par la fureur saisi,

Prêchant la délation, le meurtre et la violence

 J'ai senti que mon front, malgré sa nonchalance

 De honte et de dégoût, devenait cramoisi

Le fouet satirique, entre mes mains débiles

 A fustiger Hitler se montre malhabile,

Du moins exprime-t-il mon aversion.

Et c'est pourquoi lecteur, dussé-je te déplaire

Et pour exhaler ma peine et ma colère

 Je t'offre cet écrit rempli d'indignation…

Tout là-bas, dans la triste Allemagne,

L'Enfer est dénommé Camp de Concentration.

 Pour les seuls innocents, ce lieu de détention

Est, ainsi qu'il se doit, plus cruel que le bagne…

N'étant jamais repus de suprêmes délices

Que procure à leurs sens la souffrance d'autrui

Ils savent rappeler au moderne Aujourd'hui

Ce que l'Age barbare inventa de supplices.

Un jour leur cruauté deviendra sans objet.

Travaillant pour la mort au visage livide,

Chaque jour, un peu plus, le vaste camp se vide  

Perdant par extinction ses malheureux sujets.

Contre toute attente, les Juifs du Maroc n'allaient pas tarder à être rattrapés par les événements tragiques de l'Europe auxquels ils n'étaient nullement préparés par leur histoire.

Fin du chapitre 1- la montee des perils

זוהאר תא טאח מן פמהא-פיה מפיק מרגליות-יעל לזמי

  1. "אבּי'אצ' די חצ'אר – ונדאם

או אבּיאצ די מא חצ'ר

תרגום – אשרי [האדם] שנוכח [השתתף] – ושרד ואשרי מי שלא שרד.

הסבר – בביאת המשיח האדם שנשאר חי וראה את הקורה בעולם ושרד לביאת המשיח, ומאידך, אשרי מי שלא שרד לראות. האמונה אומרת כי בימי ביאת המשיח העולם יתהפך וההפכים יהפכו לנורמה. הדעת לא תבין את העולם ההפוך שנוצר. כמו ריבוי גניבת הדעת, רצח ללא סיבה. האדם יראה ולא יאמין למראה עיניו.

מי שנוכח וראה כל זה שרד, יש לו מזל. מי שלא נוכח לראות נחסך ממנו סבל.

הפועל حاضر חאצ'ר, משמעותו גם מוכן…כאשר רוצים לרצות דובר שפה ערבית,מחזירים לו ב"חאצ'ר יא סידי" מוכן אני אדוני….

  1. ״אבי׳אצ' לי ענדו בוהּ –יתקקי"

תרגום – אשרי [האיש] שיש לו אב להישען [היכול להישען על אביו].      

יתקקי נאמר גם באדם שהלך קצת לנמנם…                                 

כאליה יתקקי סווייס—הנח לו לנום קמעא

Langue et folklore des Juifs marocains – Pinhas Cohen

 Expressions idiomatiques

Entendues dans la bouche des Marocains, Juifs et Musulmans confondus, certaines expressions propres au parler des juifs marocains et à l'arabe dialectal en général, traduites littéralement dans une autre langue et en l'occurrence en français, aboutissent à des formulations pour le moins cocasses et beaucoup s'en amusent. Il faut les intérpréter pour en dégager le sens. Nous en avons relevé un certain nombre à titre d'exemples.

Cet exercice qui présente un aspect essentiellement linguistique n'en a pas pour autant un caractère ludique. C'était aussi notre intention.

לפנינו אמרות שאנו משתמשים בהן ביום-יום מבלי אולי לשים לב לדו המשמעות שלהן..לדוגמא מכּתובי, יכול להתפרש כמו –כיסי—וגם גורלי…כפי שהמחבר מציין, אלה אמרות ייחודיות, ניביות בעלות סגנון אופייניות לשפה היהודית מוגרבית(א.פ)

tleq rasek

Lâche ta tête=dépêche-toi

 

nemsi ' lik ana

Je partirai sur toi=puissé-je mourir pour toi

 

b-tay-tay o-z-zit-l-khdar

Avec tay-tay ( ?) et l'huile verte !=au vu et au su de tous

 

ma ka-nqolha-s hna

Je ne le dis pas ici=qu'à Dieu ne plaise !

ka nqolha l-khla

Je le dis au désert= (précaution de langage, pour éloigner le mauvais œil)

hna ndeqq el -kemmon

Ici, je pilerai le cumin !=je ne bougerai pas d'ici !

t-t-beb 'tani zoz d-el qresat

le médecin m'a donné deux petits aplatis=il m'a donné deux

comprimés

 

l-qre' ai -s- sghar b-el-lhem d-elghelmi

Des petites bouteilles avec de la viande de mouton (=petites courgettes( cuisinées )avec de la viande de mouton)

bezzaf- d- shab f-es-sma

Beaucoup de camarades dans le ciel=beaucoup de nuages dans le ciel

 

zozfrank u s-sqaf 'la berra

Deux francs en dehors du plafond=deux francs sans la consigne

(des bouteilles)

l'instituteur demande à un élève : que fait ton père ? Réponse :

kayekhdem f-el-fras=il travaille dans le lit ( Il fabrique des lits )

khanfosa b-es- saya

Un cafard avec une jupe=allusion à une femme disgracieuse et mal

fagotée

 

skon 'bbaha feh ?

Qui l'a prise dans lui?=qui lui a prêté attention ?

dkhel f-soq rasek

Entre dans le marché de ta tête=mêle-toi de tes affaires

הרמב״ם מבחין בין שתן המלך לשתן פרה-בעברית, ערבית-יהודית מצרית והערות על הסיפור

  1. 8. הרמב״ם מבחין בין שתן המלך לשתן פרה

נתפרסם הדבר בקרב הרופאים, וקינאו ברב משה יותר ויותר. התאספו הרופאים, יצאו אל המלך והודיעו לו, שיהודי אחד שאינו מבין דבר ברפואה פתח מרפאה במצרים. רצה המלך לראות בעצמו מיהו הרופא הפיקח הזה. המלך הודיע בעצמו שהוא חולה ואסף את כל הרופאים, וביניהם הרב משה. הביא להם המלך צנצנת מלאה שתן של פרה והורה לרופאים שכל אחד יסתכל על השתן, ירשום את מחלת המלך וירשום את התרופה שתועיל לו. ראו את השתן, וכל אחד רשם את מחלת המלך ורשם את התרופה שתועיל לו. ביניהם רשם הרב משה בר מימון: לבעל השתן הזה נחוץ לאכול… פולים, ואחרי זה אבקש מן המלך שלא ימנע ממני מלאכול את בשר בעל השתן הזה. מיד ירד המלך ואמר להם: איש מכם לא ידע שזהו שתן של פרה ! נתן את הפרה לרב משה, ומינהו להיות רופא המלך. והיה הרב משה רופא המלך.

סיפור מספר 8 בערבית

פי בלג׳ אלכבר לל חוכמה פי ג׳ארו מן אלרב משה זייאדה ואנגמ(ע)ו אלחוכמה וטלעו לילמלך אכברוה אן ואחד יאודי פתח דוכאן חכים פי מצר ולא יפהם שי פל חכמיה. פי אראד אלמלך ישוף מן הווא חכים שאטר. פי נפסו אלמלך אכד ביאן מתשוויש וגמע גמיע אלחוכמיה ומן גמלתהום אלרב משה. ונזל להום כופא מלייאנה שוכאך מן שוכאך אלבקרא וארסל אלמלך יקול לל חוכמה אן כל ואחד ישוף אלשוכאך ויכתב תשוויש אלמלך ויכתב איש ינפעו מן אלדווה. פי שאפו אלשוכאך וכל ואחד כתב תשוויש אלמלך וכתב אלדווה אלדי ינפעו. מן אלגומליה כתב אלרב משה בר מימון אן צאחב האדא אלשוכאך יריד להו יאכול … פול ומן בעדו נתמנא עלא אלמלך לם יחרמני מן אכל לחם צאחב האדא אלשוכאך. פי אלחין נזל אלמלך וקאל להום לם אחד מנכום חזר האדא שוכאך בקרא ואעטא אלבקרא ללרב משה ולבסו יכון טביב אלצולטאן וצאר אלרב משה חכים אלמלך.

הערות על הסיפור

  1. הרמב״ם מבחין בין שתן המלך לשתן פרה

לסיפור זה לא מצאתי מקבילות מדויקות. בסיפורים אחדים מסופר על המלך שביקש לבדוק את השתן שלו כדי שידעו מהי מחלתו, אך סיפור מקביל ממש לסיפורנו לא איתרתי. סיפור קרוב לסיפורנו הוא הסיפור במחזור הסיפורים מקרב יהודי עיראק (ראה להלן סיפור 22). המשותף לשני הסיפורים הוא, שהרמב״ם בודק את השתן של המלך כדי לאתר את מחלתו, והוא מגלה שהשתן הוא של בהמה (בסיפורנו השתן הוא של פרה ובסיפור היהודי־ העיראקי — של סוסה). אולם לפי סיפורנו התחכם המלך ורצה לבדוק את חכמת רופאיו, וביניהם הרמב״ם, ואילו לפי הסיפור היהודי־העיראקי הרופאים בחצר המלך, מתנגדי הרמב״ם ובנו, החליפו את שתן המלך החולה בשתן סוסה כדי להפיל בפח את ר׳ אברהם ואת אביו הרמב״ם. ועוד הבדל: הסיפור העיראקי הוא אפיזודה הקשורה בסיפור אחר, ואילו הסיפור המצרי הוא סיפור עצמאי.

סיפור אחר שיש בו ניסיון להכשיל את הרמב״ם בבדיקת שתן הוא הסיפור שמוצאו מתורכיה, ״בשתן חמור – חמור חמורתיים״. בסיפור זה מסופר על יהודי שפקפק ביכולתו של הרמב״ם לקבוע את המחלה על ידי השתן, ורצה להכשילו: התחפש לחולה והביא בקבוק של שתן חמור, ואמר שזה שלו. הרמב״ם זיהה את השתן, והורה לחולה לאכול שלוש פעמים ביום שעורה בלבד ([לוינסקי] 1954, עמי 202 ב). הסיפור תורגם לספרדית (ראה אלכסנדר-רומירו

Meknes – Joseph Toledano Portrait d'une communaute juive marocaine

ÉPANOUISSEMENT

La surprenante rapidité avec laquelle la communauté se remit de cette pro­fonde crise messianique sans laisser de séquelles visibles, tient autant à la qualité de sa direction spirituelle, qu'au changement fondamental du décor politique. En faisant de Meknès sa capitale, le plus illustre des souverains Alaouites, Moulay Ismaël, devait favoriser et accélérer l'épanouissement de sa communauté juive, en ajoutant à son titre de centre de Torah, la couronne de la prospérité matérielle, confirmant l'adage des Maximes des Pères pro­mettant à qui accomplit la Loi de Dieu dans l'indigence, de le faire un jour dans l'opulence.(4,11)

  1. UN EMPEREUR, UNE CAPITALE

Faute de règles de succession strictes incontournables – le trône revenant non au fils aîné comme dans les monarchies européennes, mais au plus "méritant" des membres de la famille royale – la passation de pouvoir obéissait le plus souvent à la loi du plus fort. Cette fois le plus "méritant" fut le plus rapide. Gouverneur de Meknès, Moulay Ismaël fut le premier des postulants poten­tiels à apprendre la mort près de Marrakech au cours d'une fantasia, de son demi -frère Moulay Rachid. Informé par les soins de son conseiller financier, le Naguid de la communauté juive Yossef Maimran, lui -même averti de l'ac­cident par son agent commercial et membre de la famille dans la capitale du sud. Il s'était aussitôt rendu vers minuit chez le gouverneur et lui avait avancé la somme nécessaire pour lever une troupe et devancer tous les autres prétendants potentiels. Le 16 avril 1672, Moulay Ismaël se fit proclamer sul­tan à Fès, à l'âge de 26 ans. Des délégations des oulémas et des notables de toutes les villes et contrées affluèrent les jours suivants dans la capitale pour reconnaître le jeune souverain et lui prêter serment d'allégeance. Ne devaient manquer à l'appel que les délégations du sud. Et pour cause, son neveu, le fils du sultan défunt, Ahmed Ben Mahrez, s'était fait parallèlement proclaimer sultan à Marrakech. Cette première révolte rapidement matée, Ben Mahrez s'enfuit au Sahara, mais il devait encore lui tenir tête pendant 14 ans – ce fut le tour des habitants de Fès d'entrer en rébellion comme le rapportent les Chroniques de Fès  :

"Cette expédition terminée, il revint en paix de Marrakech. Après cela, il voulut conduire sa mhallah en un autre endroit et demanda aux tireurs de Fès -la -Vieille de le suivre et envoya le caïd Zidan pour les enrôler. Mais ils tuèrent le caïd aussitôt qu'il arriva et lui coupèrent la tête qu'ils envoyèrent au sultan. Ils demeurèrent en état de rébellion un an et demi…Les gens de Fès couvrirent le sultan de malédictions, dont il leur tient toujours rigueur encore aujourd'hui, leur impose un lourd impôt et chaque année les punit de leur crime…"

Cette aversion pour les Fassis élitistes et frondeurs, la méfiance envers les dé­bordements de force des Marrakchis jamais réellement soumis, les tendances séparatistes de certaines tribus berbères du sud, devaient l'amener à décider de s'en éloigner et à transférer la capitale dans une ville toute à sa dévotion qu'il pourrait façonner à son image.

Par sa situation géographique stratégique, la richesse de sa région agricole, l'abondance et la qualité de ses sources d'eau réputées les plus pures du pays, une population fruste à fond berbère sans prétention élitiste, Meknès dont il avait été le gouverneur, se prêtait parfaitement à un tel dessein. Il commença par élargir le périmètre de la ville, renforça les remparts du côté ouest et à cet effet fit abattre des maisons pour dégager une grande esplanade qui porte jusqu'à ce jour le souvenir de cette destruction : Place El hdim (les ruines). Les gigantesques travaux de construction – palais, mosquées, écuries, jardins; plans d'eau, souks, logements; camps militaires, remparts – durèrent des an­nées sous la direction personnelle du souverain qui fut son propre architecte et s'y adonna avec passion, faisant la prospérité de ses habitants et enrichis­sant sa population juive.

יהודי האטלס-שורשים במרוקו-מנחם פורטוגלי

יהודי האטלס היו שונים במראם ובמנהגיהם לא רק מיהודי הערים במרכז המדינה או באזור החוף, אלא לעיתים גם משכניהם באזורים סמוכים. היו אזורים בהם היו דומים לשכניהם הבֶרְבֶרִים אך במקומות אחרים, כמו בטילין השוכנת על רכסי האידא אולתיתי – IDA OULTITI -חי שבט יהודי שאנשיו היו גבוהי קומה, בעלי אפים פחוסים ועיניים כחולות כהות, שלא היו דמוים להם בכל מרוקו.

יהודי תאהאלא – TAHALA – ויהודי תאפראות – TAFRAOUT- שבמחוז אמלן -AMMELIN- בולטים בעורם הבהיר ובנשיהן היפהפיות. הגברים בשבטים אלה הם בעלי שיער ועיניים שחורות ובדרך כלל הם נמוכי קומה.

AZERAD-AZEROUAL-AZIZA

AZERAD-AZEROUAL-AZIZA

Nom patronymique d'origine arabe, indicatif d'un métier: le fabricant de cottes de maille. Le nom est attesté au Maroc dès le XVIème siècle, figurant sur la liste Tolédano des patronymes usuels dans le pays à l'époque. Au XXème siècle, nom peu répandu, porté au Maroc (Meknès, Fès, Taza, Rabat, Agadir) et en Algérie (Alger).

  1. YAHYA: Rabbin célèbre en son temps à Meknès, mort en 1598.
  2. SHELOMO: Rabbin à Alger, fin du siècle dernier et première moitié de notre siècle. Auteur d'un livre de commentaires: "Sefer Néoré Or", (Alger, 1893).

 ELIAHOU: Notable de la communauté de Meknès, il avait maintenu vivante, jusqu'au milieu des années cinquante,la tradition familiale de fournir gratuitement à la fête de Pessah, le "harosset", à une grande partie des membres de la communauté, harosset qu'il fabricait lui-même à ses frais, après s'être rituellement purifié.

YAACOB: Violoniste et fondateur d'un orchestre de musique andalouse à Meknès. Il a enregistré un grand nombre de disques et, après sa alya en Israël dans les années soixante, il a continué à se produire dans des concerts et mariages. Il accompagne la chorale "Tsfon Maarab" de l'Université de Haïfa, spécialisée dans le répertoire juif marocain, fondée par le professeur Yossef Chétrit. Mort en 1997.

AZEROUAL

Nom patronymique d'origine berbère, porté dans tout le Maghreb, aussi bien par les Juifs que par les Musulmans, textuellement multicolore, indicatif d'une particularité physique: celui qui a les deux yeux de couleurs différentes. Le nom était déjà porté en Espagne dès le XlVème siècle, sous la forme proche de Zareyal, mais il ne figure pas sur la liste Tolédano des noms usuels au Maroc au XVIème siècle, ce qui confirme que ce ne fut au départ qu'un surnom, un sobriquet. Dans ma ville natale, Meknès, il y avait une famille Bensimon qui n'était connue que sous ce sobriquet, mais qui tenait jalousement à conserver son véritable patronyme et voyait dans ce sobriquet une injure ! David Corcos rapporte qu'il y avait aux XVIIème-XVIÏÏème siècles, une riche famille de marchands de ce nom à Taza, dans l'Est du Maroc. Autre forme, précédé de l'indice de filiation: Ben Azeroual. Au XXème siècle, nom peu répandu, porté au Maroc et en Algérie.

  1. AYOUCH: Rabbin-juge à Fès au XVIIème siècle. Il fut un des signataires de la Takana de 1698 limitant le montant de la dot pour tenir compte de l'appauvrissement d'une grande partie de la commu nauté, suite au poids excessif des impôts levés par l’empereur Moulay Ismael, pour fmancer ses guerres et ses travaux gigantesques de construction. L'ordonnance limita le montant de la dot et interdit tout apport supplémentaire de la part de la mariée – les notaires reçurent l'ordre d'inscrire obligatoirement ces clauses dans tous les contrats de mariage, Ketoubot qu'ils auraient à rédiger.

 DANI AZRIELI: Juriste et administrateur israélien, né au Maroc. Militant du parti – sépharade Tami fondé par Aharon Abehséra, il fut nommé, au début des années quatre-vingts, directeur général du Bitouah Léumi, les Assurances Nationales. A la fin de son mandat, il reprit son cabinet d'avocat à Jérusalem.

YVES: Journaliste français, né à Paris en A la fin de son mandat, il reprit son cabinet 1964, dans une famille originaire d'Al- d'avocat à Jérusalem, gérie. Auteur (en collaboration) d'un livre qui fit grand bruit à sa sortie en 1994, "Mitterand et les Juifs", et en 1996, de  "Foi et République", entretiens sur les rapports entre la politique et la religion avec les représentants du judaïsme, rabbib de France joseph Sitruk; de l'Islam l'imam de la mosquée de Paris, D. Boubakeur, et de la chrétienté, Monseigneur Delporte et le pasteur Jacques Stewart.

AZIZA

Prénom féminin arabe qui a pour sens la chérie, la bien-aimée, porté encore de nos jours aussi bien chez les Juifs que chez les Musulmans au Maroc. Autre explication, partant de l'origine berbère du nom: l'homme aux yeux bleus. Le patronyme ne figure pas dans la liste des noms de famille usuels au Maroc au XVIème siècle, il a donc dû être introduit plus tardivement. Selon David Corcos, le berceau de cette famille du sud du Maroc, est au Sahara. Autre forme: Aziz. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté au sud du Maroc et à Casablanca, en Algérie (Oranais, Constantine) et en Tunisie.

GERMAINE: Femme de lettres française originaire d'Algérie, auteur du roman "Les  Chambres closes" (Paris, 1980).

CLAUDE: Historien français, né en Tunisie. Auteur d'une étude sur l’empereur romain Tertulien: "Tertulien et le Judaïsme" (Nice, 1977).

כבאראת עלא כואננא בארץ ובגולה

תרגום
קבוצת יהודים מאוזה –O.S.E …ארגון להצלת ילדים –  Oeuvre de secours aux enfants– שממונה-אחראי- על ריפוי ילדים ולעולים בכל העולם, התאספו הבכירים בימים האלה בפריז, והחליטו שהעזרה הראשונה שיגישו תהיה לישראל. השנייה היא לעולים והשלישית עבור מרוקו, אלג'יריה ותוניס. הנציגים ממרוקו שנכחו באסיפה הזו בפאריז הם דוקטור בן זן ואדון ש.ד.לוי, נשיא של החברה ונשיא קק"ל של מרוקו…..

ביאורים: אוזה הינו ארגון להצלת ילדים בכל רחבי העולם, בכל מקום הקים בית חולים קטן וכמו כן גם בקזבלנקה..מקום זה אינו מעורר בי רגשות טובים, כיוון שכאן במקום המקולל הזה עברתי אני ושני אחיי טיפול בגזזת עוד במרוקו….הייתי חייב לציין את זה…

אנו רואים כאן את הרב לשוניות השולטת בכתבה הזו ובשאר דפי העיתון. כותב הידיעה נזקק לשפה הצרפתית בעיקר, כמו כן המרכיב העברי בכתבה הזו שולט ביד רמה…ניכר על כותב הידיעה הזו ששלט בכל השפות, כולל בשפה הערבית הספרותית….
מדהים לראות כמה העיתונים במרוקו, לא היו מנותקים מהנעשה ברחבי העולם, וכפי שנראה להלן, לא רק בישראל וצרפת, אלא גם ברחבי אירופה…קיבלתי הסבר לדבר הזה, שהכותבים וגם אנשים משכילים אחרים, היו מנויים על עיתונים מחו"ל, שמהם כנראה הכותבים שאבו את ידיעותיהם….

הדוקטור המדובר כאן, הוא ליאון בן זקן היה רופא יהודי ושימש גם כרופאו האישי של מוחמד החמישי סבו של המלך הנוכחי…כיהן כשר היהודי הראשון בממשלה הראשונה שלאחר קבלת העצמאות במרוקו….

רבי שלום בר חנין-סרטון בציון הקדוש בשדרות

Le Mossad – Michel knafo-Les institutions culturelles

Les institutions culturelles

l'Association des Anciens Elèves de l'Alliance était très active avant l'Indépendance dans l'organisation de rencontres, conférences, soirées dansantes et activités sportives. Elle est restée active même après l'Indépendance, lui valant es hommages des recteurs des universités et du ministre de l'Éducation. Elle a organisé des concerts et des conférences données par des conférenciers de renom mondial auxquels étaient également conviés des intellectuels musulmans et même français. Le club de basket-ball de Casablanca était d'un haut niveau reconnu. Avant l'Indépendance, le mouvement "Charles Netter" comptait des centaines de jeunes adhérents prenant part à ses activités culturelles, sociales et sportives. L'activité sociale a baissé après l'Indépendance, ne laissant place qu'aux activités sportives – en plus du bal annuel dont les recettes servaient à financer la branche sportive. Le Cercle de l'Union est un club plus fermé, réservé aux notables dont activité principale est le jeu de Bridge et de temps à autre des conférences. Il existait à Casablanca et avait des filiales à Rabat et Tétouan.

Autres institutions sociales

l'O.S.E. Oeuvre de Secours aux Enfants sous la direction de M. Marciano a organisé les soins médicaux pour l'ensemble de la population essentiellement pour les élèves des écoles de l'Alliance et d'autres enfants.

Au centre social de Casablanca se trouvaient à l'époque 200 enfants dont les parents ne pouvaient s'occuper pour une raison ou une autre. Il y avait dans les diverses communautés des asiles pour vieillards et de soupes populaires. "Em Habanim" à Casablanca était à la fois une école et un orphelinat avec quelques 400 pupilles. Il faut aussi ajouter l'orphelinat du "Home Bengio" avec 50 enfants. Les enfants pauvres des écoles étaient nourris par l'œuvre de "l'Aide Scolaire". Elle organisait aussi des colonies de vacances.

Quelques 23,000 enfants bénéficiaient chaque année de ses services. Il faut y ajouter l'œuvre "Malbich Aroumim" fournissant des vêtements aux démunis et l'œuvre d'aide aux petits artisans par l'octroi de prêts, la Caisse Israélite de Relèvement Economique.

Les rapports avec la communauté française du Maroc

Les relations avec la communauté française étaient en général amicales. Les familles juives de la classe bourgeoise entretenaient des liens d'amitié avec des familles françaises, le plus souvent par l'intermédiaire de familles juives françaises du même cercle social.

La majorité des juifs avaient surtout des liens économiques avec les français. Il convient de souligner le rapport favorable de la communauté française envers la communauté juive. Sans doute à cause du sentiment de communauté de destin. Cette communauté était inquiète des restrictions à la liberté de circulation imposées aux juifs et avait partagé leurs craintes lors de la visite de Nasser à Casablanca. Ils avaient apprécié la libéralisation dans l'attribution des passeports. Ils comprenaient les motifs de l'émigration juive, attribués à l'appauvrissement du pays dans lequel les juifs avaient jadis joué un grand rôle et de grandes responsabilités en particulier dans les entreprises françaises, ce qui leur donnait à réfléchir sur leur propre avenir au Maroc.

Manifestations d'antisémitisme

Sans aucun doute y avait-il des manifestations d'antisémitisme de la part d'individus isolés. La jalousie de la fortune réelle ou imaginaire des juifs faisait son effet. Dans les articles de la presse, plus particulièrement celle de l'Istiqlal. n'étaient pas rares les allusions à la domination économique des juifs. Le mépris traditionnel du Marocain des villes et des compagnes – pour le juif est resté vivace. mais il conduisait plus à l'isolement qu'à l'hostilité et au sentiment de la nécessite de protéger le juif inférieur, le dhimmi.

Tout cela est loin de constituer l'infrastructure à une propagande antisémite, ou à la formation de mouvements faisant de l'antisémitisme leur raison d'être, l'ancienneté de la présence juive au Maroc – ne pouvant ainsi être accusés d'avoir pris la place de quiconque contribuait également à cette absence d'antisémitisme à la mode européenne.

La propagande menée par les palestiniens et l'ambassade de la République Arabe Unie au Maroc, avec la distribution de tracts en 1959, ne devait pas avoir d'effet notable. Les tracts reproduisaient le Magen David comme symbole de la domination juive sur le monde. Des tracts de ce genre devaient de nouveau être diffusés au cours de l'été 1960, mais les autorités étaient déterminées à punir les responsables. Au moment de la flambée de l'antisémitisme en Europe en 1960, le Maroc est resté calme. Une croix gammée tracée sur le mur d'une synagogue devait être aussitôt effacée par la police qui a activement recherché les coupables. Les Marocains, et leur roi en tête, ont toujours été fiers d'avoir refusé l'application des lois raciales de Vichy au cours de la Seconde Guerre mondiale. Malgré cela, les germes de l'antisémitisme existent et la politique pro-arabe extrémiste des années 1959-60 qui avait entraîné la rupture des relations postales avec Israël, avait provoqué une psychose de peur au sein de la population juive. En 1960, les autorités ont conseillé aux juifs de ne pas porter de couleur bleu-blanc, et des policiers à Rabat devaient interdire aux bijoutiers juifs de vendre des bijoux en forme d'étoile de David. C'était une initiative privée locale d'excès de zèle. A la même époque, la presse s'était attaquée au Magen David, qualifié de symbole du sionisme. Au cours de l'été 1960, le pacha de Salé devait demander d'effacer les nombreuses étoiles de David sur les tombes du cimetière de la ville pour ne pas indisposer les musulmans – et les juifs durent s'y plier.

Il convient de ne pas oublier la facilité avec laquelle il est possible d'enflammer les foules par une bonne propagande et combien il fut facile aux musulmans d'Oujda et de Djérada de massacrer des juifs en 1948, suite à la proclamation de l'État d'Israël. Il convient de souligner que les autorités s'efforcent de prévenir la diffusion de termes et de thèmes antisémites, estimés contraires à l'esprit de la nation marocaine, mais cela ne devait pas prévenir les campagnes de presse incontrôlées présentant un grand risque de débordement. C'est ainsi que le journal Al Fajar devait aller jusqu'à remettre en cause le statut juridique des juifs au Maroc.

Palais et Jardins- David Ekmoznino-Amour interdit

C'est alors que mon père se pencha sur moi et me murmura des paroles affectueuses. Il voulait me réconforter. J'eus tout à coup mal pour lui et compris que je devais être courageuse. Je pris une profonde inspiration, me redressais et regardant droit devant moi, et me hissais sur la charrette. Nous prîmes le chemin qui devait nous mener à ma nouvelle destination. Je remarquais que mon père contrôlait l'allure du cheval et ralentissait le pas de l'attelage. Il voulait me laisser le temps de voir le paysage de mon enfance défiler doucement devant mes yeux. Mes yeux qui se remplissaient de larmes à la vue de ce spectacle familier qui s'éloignait de moi inexorablement.

Je me répétais maintes fois que j'étais déjà une grande personne, qu'il ne m'était plus permis de pleurer. Mon père, qui devinait ce qui se passait en moi, s'efforçait par tous les moyens d'étirer le voyage en longueur, de prolonger ces instants qui nous permettaient d'être encore ensemble. Nous fîmes une halte dans l'un de ces villages qui bordaient notre route. Le temps de nous dégourdir les jambes en faisant quelques pas, la main dans la main. Il me dit "Salma ma fille, n'oublies jamais que tu es une musulmane et qu'un jour tu reviendras au village pour te marier. Je te confie aux bons soins d'une famille juive, ce sont des gens bons et droits. Tu travailleras chez eux comme aide ménagère. Prends bien soin de toi, donne-toi du courage et ne sois pas triste".

Il se dirigea vers notre carriole, je le suivis sans prononcer une seule parole. Nous repartîmes. Nous reprîmes notre allure modérée, mesurée. Le voyage se poursuivit au rythme que mon père lui imposait. Il se mit à pleuvoir. J'étais contente. Les bois et les arbres m'apparurent plus beaux, la pluie les irisait de mille reflets lumineux. Sous l'ondée, les chemins se transformaient et prenaient toutes les tonalités du gris. Je me sentis un peu moins triste. Il me présenta à Rina ta mère, la brunette, la maîtresse de maison. Elle devait avoir la trentaine, ses cheveux noirs étaient relevés et enserrés au- dessus de la tête. Puis elle me présenta à son mari, Raphaël, ton père. Ils avaient l'air gentil et pas du tout intimidant. Avant de me quitter et de me laisser à mon sort, mon père m'attira à l'écart et me chuchota avec tendresse :

"Je reviendrais te rendre visite."

Je vis alors mon père que j'aimais tant s'éloigner sur sa charrette. Je regardais dans sa direction jusqu'à ce qu'il ne fût plus qu'un tout petit point à l'horizon. Je retenais mes larmes de peur que les maîtres de maison ne me grondent. Je me sentais déjà devenir adulte, car dans ces moments parmi les plus durs de ma vie, à l'instant même où je me retrouvais brisée, perdue et seule au monde, je suis arrivée à me contenir et à ravaler mes larmes. Une nouvelle vie s'ouvrait devant moi. Rina devint très vite une mère pour moi et ce dès le premier soir. Je fus reçue avec beaucoup de chaleur, d'affection et de tendresse au sein de la famille juive, au même titre qu'une fille de la famille. Et les enfants m'aimèrent tout particulièrement, n'est-ce pas David ?"

Le matin tôt, Salma était la première levée pour allumer le feu de charbon de bois. Rina la rejoignait un peu plus tard et, ensemble, elles se mettaient en devoir de préparer le petit-déjeuner pour toute la famille. Pendant la journée, Salma s'occupait des travaux domestiques, nettoyait, récurait, apportait son aide à toutes et à tous. Elle était toujours prête à répondre aux besoins de la maisonnée, petits et grands.

Des jours et des jours passèrent après l'épisode mémorable où son père l'avait confiée à la famille juive. Un beau matin, le maître de maison, Raphaël, la pria de se joindre à lui et de l'accompagner à l'extérieur. Adossée à la maison de la ruelle, se dressait une synagogue, le lieu de prière, le temple du culte juif. Raphaël en était le Gabay. Devant l'entrée, il se tourna vers Salma et lui fournit quelques explications. Il lui demanda de veiller désormais à la propreté du bâtiment, de nettoyer le sol de la synagogue surtout à la veille d'événements liturgiques importants comme le Shabbat, les fêtes juives et autres activités religieuses festives. Tremblante de peur, Salma tendit la main vers la grosse clé pendue au mur de l'édifice, la décrocha lentement de son clou et se dirigea sur la pointe des pieds vers le lourd portail de la maison de prière, qu'elle déverrouilla avant d'en écarter les battants grinçants.

Devant elle se profila un couloir étroit qui s'enfonçait à l'intérieur du bâtiment. Cet endroit lui inspirait une grande crainte, toujours renouvelée en dépit de ses visites répétées. L'impression qui s'en dégageait lui paraissait tout aussi angoissante et l'état des lieux ne manquait pas de susciter quelques inquiétudes. Vraisemblablement, la maison juive de prière avait connu des jours meilleurs. La vue du mobilier défraîchi, des bancs et chaises de bois usés par les années, par l'usage des fidèles, était des plus désolante.

Au centre de la synagogue se dressaient quatre colonnes imposantes. De dimension honorable, elles soutenaient un haut plafond grisâtre et entouraient une Tebah bancale, abritant les sièges fatigués des chantres- poètes et des ministres officiants. Salma la caressait délicatement et l'effleurait de son chiffon humide, désempoussiérait coins et recoins, priant le ciel pour que rien ne lui tombe sur la tête avant la fin de sa tâche. Le Heikhal, le Aron Hakodesh où se trouvaient les rouleaux de la Torah rangés dans leurs longs cylindres, était d'un autre âge, antique et patiné.

La Parokhet qui le recouvrait était pâle, usée, les lettres d'or à peine lisibles qui l'ornaient, flottaient intemporelles dans l'espace. Salma, respectueuse, l'observait à distance, Raphaël l'avait prévenue : il ne lui était pas permis de s'approcher de l'armoire sacrée. Ses yeux fixaient les caractères hébraïques qu'elle avait découverts pour la première fois de sa vie, lors du premier passage à la synagogue en compagnie de Raphaël. Depuis, chaque fois qu'elle pénétrait dans ce lieu saint, un sentiment étrange s’emparait d'elle. Elle se sentait complètement transformée, métamorphosée. Elle se forçait à contrôler sa respiration et à se calmer, avant de commencer son travail. Elle entamait alors le nettoyage des fenêtres en forme d'arc de la maison de prière. Elle se souvenait d'avoir toujours ressentie une grande crainte envers le Dieu des Juifs, mais depuis son installation au sein de la famille juive, sa peur allait grandissant.

Du haut du deuxième étage de la maison de la ruelle, Salma la belle pris l'habitude, entre deux travaux, d'observer les faits et gestes des voisines qui s'activaient dans le patio. Elle les contemplait et sentait une vague de nostalgie la submerger. Le matin, après le départ des hommes vers leur travail, les femmes sortaient de leurs foyers pour se retrouver dans la cour, chacune avec ses propres ustensiles dans les mains. Elles éparpillaient les bébés autour d'elles afin qu'ils jouent ensemble alentour, les abandonnaient à leurs babillages et entamaient leur journée. Elles reprenaient leur place en se regroupant, oeuvraient en société dans une chaude convivialité.

Simy, assise par terre, déposait sur ses jambes repliées un grand plateau contenant une petite montagne de grains de riz. Avec un art consommé, des gestes rapides et expérimentés, elle le prenait à pleines mains, lui faisait subir un contrôle des plus sévères, le nettoyait, en retirait les graines étrangères et déchets divers.

Sarah, son amie, assise sur un court tabouret de bois, soumettait ses lentilles à un examen minutieux. Ses pieds semblaient être étroitement soudés à son siège, ses jambes serrées étaient entièrement recouvertes d'une longue robe aux couleurs neutres. A ses côtés se trouvait Esther, une grande femme approchant la quarantaine, vêtue d'une légère robe fleurie, dont la partie supérieure attirait les regards. A son corsage pendaient, de part et d'autre d'une poitrine généreusement découverte, deux cordons de fermeture qu'elle n'utilisait jamais, exposant à la ronde une gorge exubérante.

Tout près d'Esther, se trouvait Aliza, assise dans une posture typiquement orientale. Elle tenait un petit couteau dans la main droite et un concombre dans la main gauche. Elle pelait soigneusement son concombre et les épluchures tombaient lentement par terre. Elle le débitait en fines tranches directement dans une casserole posée sur son ventre. Le plaisir d'être ensemble et en bonne compagnie ; facilité, aisance et bien-être. Les travaux routiniers devenaient légers et supportables. D'autant que l'on ne tardait pas à se lancer dans un bavardage soutenu où l'on pouvait rapporter et colporter les derniers potins et ragots, glissant insensiblement sur les soucis et les tracas quotidiens.

Et Salma observait du haut du son perchoir, réservée et attentive.

Au milieu de la matinée, arrivait le temps de la pause, le temps de prendre un repos bienvenu. Simy, la généreuse au grand coeur, se levait en secouant ses vêtements et se dirigeait vers la maison. Elle allait préparer le thé traditionnel. Un soupir d'aise général l'accueillait lorsqu'elle réapparaissait tenant la Séniya, un grand et beau plateau trépied en cuivre ciselé, portant le Berad, la théière au joli décor gravé au burin, entourée de délicieux gâteaux sucrés et de cinq verres fins transparents au bord doré. Bien-être et détente, la sacro-sainte récréation et le rituel du thé. Les femmes le boivent à petites gorgées, dégustent leurs pâtisseries, devisent, conversent et se confient mutuellement leurs petits secrets. Salma se tenait à l'écart et ne participait guère à ce genre de distractions. Elle passait une grande partie de la journée dans la solitude et allait parfois rendre visite à Tsipora.

Tsipora et son mari habitaient de l'autre côté de la maison. Salma les aimait beaucoup, plus particulièrement la belle Tsipora. Aux yeux de Salma, Tsipora la femme juive et son mari apparaissaient comme des géants véritables, tels ces personnages dans les récits des Mille et une Nuits. La femme juive était très belle, avait une peau claire au grain pur, de grands yeux verts. Son mari portait une barbe noire et avait belle allure dans ses tenues vestimentaires claires de coupe occidentale. Salma estimait que l'homme juif était plus âgé que sa femme, d'une bonne dizaine d'années, pour le moins. Le foyer de Tsipora était égayé par la présence de deux enfants en bas âge, un nourrisson et son aîné âgé de six ans. Tous les matins l'homme se rendait à son travail. Il était transporteur au Souk, le marché local de Marrakech. Tsipora la belle, elle, passait ses journées dans sa chambre s'occupant de ses enfants et de son intérieur.

Salma savait que le couple venait de Ouarzazate, une petite ville idyllique du sud, non loin de Marrakech- la-rouge où il avait emménagé. La majorité de ses habitants étaient des Berbères et les femmes juives de la petite bourgade se mariaient très jeunes, à l'instar des parents de Salma, l'ensemble des membres de sa famille et de toutes les personnes qu'elle connaissait. Les jeunes filles s'unissaient avec celui que leur père avait choisi et devaient l'accepter de gré ou de force. Salma supputait que Tsipora, la belle femme aux yeux verts, avait connu le même sort, subi le même destin. Destin qui sera aussi le sien, elle le savait. Les lignes en étaient déjà tracées. De la maison du père à la maison de la famille juive et, le moment venu, de la maison de la famille juive à celle de son époux. Celui que son père lui désignera.
A suivre……

אשרי האיש תולדות הרבנים ואישים לשושלת מויאל והעיר בזו

אשרי האישדדא משה

תולדות הרבנים ואישים לשושלת מויאל והעיר בזו

עורך ומחבר : יצחק מויאל

יוצא לאוא ע"י המכון להוצאת ספרים וכתבי יד

מלכי רבנן-אשדוד

בפתח דברי זמר אזמר את אשר שמעתי בילדותי מאבותי וזקני על ייחום משפחתנו, אבותינו ועירנו.

ראש ועטרה ראש משפחתנו הוא רבי משה מויאל המכונה ״דדא משה״ אשר היה מקובל וצדיק אזורי וכל יהודי האזור ואף מבני הילידים הנכרים היו באים אליו לשמוע עצה ותושיה. היה הוא כעין שופט ובורר בין יהודים ונכרים ואף בין נכרים לנכרים מרוב הערצתם את חכמתו ואישיותו המרתקת. בנוסף לחכמתו ויראתו היה גם איש עשיר וסוחר גדול בפרט בתחום הקטניות ודגנים יבשים, רצוי לרוב אחיו ונערץ על בני המקום, בהיותו איש חסד ובעל נתינה גדולה, צדקה וחסד היו מנת חלקו.

הסבא הגדול רבי משה מויאל הנקרא ״דדא משה״ הגיע מעמק הדרעא לעיר ״איית עתאב״. הוא היה אדם אמיד וסוחר מפורסם ב״איית עתאב״, ואך טבעי כי היה חברם ומבאי ביתם של גדולי הישמעאלים באזורו.

יום אחד המושל האזורי ״אלקאייד״ קרא לרבי משה לשיחה אישית פתח ואמר בעזות מצח נחושה : ״רבי משה אהובי. ראיתי את ביתך היפהפייה בת השש עשרה ונפשי חשקה בה מאוד לאישה ומאז ראיתי אותה איני מרגיש טוב ונטרפת עליי דעתי. תן לי אותה לאישה ואעשה אותך לעשיר גדול יותר ממה שהנך, וכל השערים בממלכה ייפתחו בפניך״.

הדברים הקשים הללו הם בעצם איום נורא שאם רבי משה לא יסכים אחת דינו והוא ובני ביתו להמית. רבי משה שמר על קור רוח ואמר למושל, תן לי יומיים או שלושה ואתן לך תשובה. אין בעיה אמר המושל. ביומיים הקריטיים הללו רבי משה הבריח את אשתו ובנו יצחק לעיר בזו הרחוקה. ביום השלישי, כשידע שהגיעו למקום מבטחים, בא אל המושל ואמר לו, הלילה בחצות אבוא אליך לביתך עם ביתי היפיפייה ומאחר והיא יהודיה ואיני רוצה שהיהודים יידעו על מעשיי ומאחר וגם אתה תהיה ללעג בפני ההמון הישמעאלי מדוע בחרת בילדה יהודיה, כשיש הרבה בנות ישמעאליות יפות. לכן רק אני ואתה וביתי נהיה ביחד ונעשה קידושין כדת משה וישראל ותחיה אתה כאשתך, ולכולם אתה יכול להגיד שהיא הסכימה להתאסלם.

המושל הסכים לתנאו של רבי משה, וציווה שאף אחד מבני ביתו ומהשומרים לא יהיה בבית בלילה ההוא. רבי משה הגיע כמובן לבדו וכשנכנס לבית המושל שהיה ריק מבני אדם ושומרים חיש מהרה הלך לחבק את המושל כשהוא נועץ בגופו סיכה מצופה בסמים מרדימים. המושל נפל שדוד על הקרקע ורבי משה נמלט כל הלילה ההוא על הפרדה עד שהגיע לעיר בזו. כך ניצלו רבי משה וביתו ובני ביתו מצרת המושל העריץ החמדן. כן יאבדו כל אויבך ה'.

וירא מנוחה כי טוב והארץ כי נעמה ויתאו עיר זו למושב לו, שם בילה את רוב שנות חייו ותהי מנוחתו כבוד בעיר איית עתאב. בעיר בזו נולד בנו הגדיל רבי יצחק מויאל בן רבי משה המכונה דדא משה, כך כינוהו, שמו כשם רבו. רבי יצחק המשיך את מסורת אביו, היה תלמיד חכם גדול ואיש צדקה וחסד, והיה גב ומשענת לאנשים רבים קשי יום.

בהיותי בביקור מולדת בעירנו עיר בזו, עשיתי עבודת בילוש ומחקר מקיף עז שהגעתי וגליתי את אחוזתו של הסבא רבא רבי יצחק בן דדא משה, גליתי אחוזה במרומי הגבעה משקיפה על כל העמק הירוק הפורה בעצי תמרים ועצי זיתים שנטע הוא במו ידיו, ונחל מים מתוקים (לוואד) עובר בעמק. המקום נקרא בשם תאגונית׳.

האחוזה בת שתי קומות וארבעה עשר חדרים, כיאות לאיש גביר ועשיר כמוהו. ביתו היה בית ועד לחכמים ולכל עני וקשה יום שם היתה הכתובת לעזור לאביונים. מול הבית נבנה בית כנסת שיכלו להתפלל בו לא יותר מעשרים וחמישה איש. הבית נבנה בשנת 1912.

נקראתי יצחק וזאת בעקבות סיפור מדהים העובר במשפחה מדור לדור, אותו סיפר לי סבא שמעון ואמי אישרה אותו.

אבי סבי, הסבא רבא רבי יצחק בן דדא משה, בערוב ימיו שאיפתו וחלומו היו שהנכד הראשון אשר יוולד לאחד מצאצאיו ייקרא על שמו. כלת בנו, אמי סוזן שתחיה, נכנסה להריון, ואז פנה אליה הצדיק יצחק וביקש מאמא לקרוא על שמו. אך אמא חלמה מספר פעמים שאביה מבקש ממנה שתקרא את שם בנה שיוולד לה על שמו, דהיינו שלום, סבי מצד אמי.

בצר לה פנתה לסבתא מסעודה ושטחה בפניה את צערה ודאגתה, הרי אביה בא בחלום שוב ושוב ומבקש שתקרא את שם בנה הנולד על שמו. כולם פחדו ממנו והיתה יראה גדולה ממנו. הסבתא עם האמא פנו לרבי יצחק ואמרו לו את כל הקורות איתם ואת דברי החלום. רבי יצחק אמר לסוזן, אני מבטיחך כי הוולד הראשון יהיה זכר, אך מבין אני ללבך ולמשאלת ליבו של אביך המנוח, לכן את בנך הראשון קראי בשם אביך שלום, אך אני מבטיחך שהוולד השני שלך יהיה גם כן בן זכר ותקראי לו כשמי יצחק, והיה אם תמלאי משאלתי זו כל בניך ויוצאי חלציך ילדו בנים בכורים.

וכך היה, נולד אחי הבכור ונקרא שמו בישראל(צ׳ארלי) שלום, ואחריו נולדתי אני וקראוני יצחק, וסבא יצחק היה הסנדק, ואני יודע ש״שמא גרים״, השם משפיע, ובזכות זה שנקראת׳ על שמו של אבי סבי, הזכות והאנרגיות שבשמו הם אלה שמנעורי הדריכוני וקדמוני לתפקידים הרבים אותם מלאתי עד היום, זכותו היא שעמדה לי.

גדלתי ונהייתי לאיש, נשאתי אשה, וכשהתעברה חשקה נפשי לקרוא לבני שיוולד על שם סבא רבי שמעון מויאל ע״ה, אך סבי הקפיד שלא יקראו שום נכד על שמו בחייו. על אף שיש לאבי אחים רבים ולכולם יש ילדים ב״ה, לאף אחד מהם אין בן על שם הסבא, וכל מי שפנה אליו נענה בשלילה מיד, והוא לא הסכים בשום פנים ואופן למרות כל התחנונים של כולם.

ביודעי את סיפור לידתי ובקשתו של אבי סבי שאקרא על שמו, הלכתי לבית סבי רבי שמעון שכבר היה זקן, נכנסתי אליו בשעה 23:00 בלילה ובשרתיו, נולד לי בן, אני רוצה לקרותו על שמו.

הייתי בלחץ ובפחד מתגובתו, אך פלא, הוא אמר לי, כן תקרא אותו על שמי, בשמחה, לך אני מסכים, הגיע הזמן. יצאתי מחדרו וספרתי לסבתא, והיא אמרה לי, לא יכול להיות שהוא הסכים, בטח לא הבנת היטב. הלכה היא, העירה אותו וצעקה באזניו, האם הסכמת ליצחק שיקרא שם בנו על שמך? ענה לה, כן, אני רוצה. ושוב קרא לי והוא ברך אותי. לא היה קץ לשמחתה של סבתא על הבשורה וההסכמה. וכן היה, נולד שמעון בני, שמו כשם סבו שמעון.

גדל ונהיה לאיש, נשא אשה והתעברה, אבי רבי עמרם הבטיחו שיהי לו בן זכר ראשון כי כך היא הברכה והמסורת מברכת רבי דדא משה, וביקש שאת הבן שיוולד יקרא על שמו. ואכן, כך היה, נולדו לשמעון תאומים אחרי הריון לא פשוט ועתיר חששות, והראשון נקרא עמרם עילאי על שם אבי ז"ל, והשני אלדר ינון. כך הברכה של רבי יצחק מתקיימת עד היום, ותמשיך בע״ה לדורי דורות.

גדלנו בעיירת פיתוח דרומית משפחה בפ״י מרובת ילדים עם הורים קשי יום ופרנסה, אך הערכים אותם שאבנו וחונכנו עליהם בבית הורינו היא שעמדה לנו להמשיך את מורשת המשפחה שהדבר העיקרי בצוואתה, ״עשות צדקה וחסד עם הזולת״, וסיוע לנזקקים, ״דע מאין באת ולאן אתה הולך״, וזה סוד ההצלחה שלנו. תובנות רבות ירשנו מהורינו ומזקנינו, בעיקר תכונת הכתיבה בשירה, בפיוט ורעיונות יצירתיים.

כצאתי את הקודש, אברך את אמי האשה הכבודה והחשובה מרת סוזן מויאל, אמא שעמדה וגדלה עשרה ילדים לתפארת משפחת מויאל הקדושה ועם ישראל. ה׳ יחייה ויזכה אותה לראות בשמחת בניה ובנותיה נכדיה וניניה וכל יוצאי חלציה, ויהי רצון שישלח לה הקב״ה רפואה שלמה והחלמה מהירה ושתאריך ימים ושנים בבריאות איתנה, אם הבנים שמחה.

אבא ז״ל עבד קשה כל חייו עד שיצא לפנסיה, חיים קלים לא היו לו. גידל משפחה לתפארת, לא יצא מגבולות ארץ ישראל מאז הגיע ממרוקו. חלה במחלה קשה ונפטר בייסורים רבים.

כמי שהמשיך דרכו של אבינו המנוח הקמנו עמותה על שמו־זוהי צוואתו. העמותה מתמקדת בסיוע לנזקקים בחגים, בחלוקת תפילין וציצית לחתני בר מצוה יתומים ומעוטי יכולת, ועוד. ספר תורה נתרם לבית כנסת לזכרו. ספר זה נכתב עבור המשפחה, לספר על שושלת מויאל. כאן מספר צ׳רלי את כל הביוגרפיה של אבא מיום לידתו עד יום פטירתו.

ופה המקום להזכיר לברכה את ידידי משכבר הימים, יפים רבים, הרב אליהו פרץ שליט״א יו״ר מכון מלכי רבנן, שעזר לנו בהפקת והדפסת הספר הזה, יזכר לטוב ויבורך משמים בזכות אבותינו הקדושים זיע״א.

רוב ברכות לאחי הבכור שלום (צ׳ארלי) מויאל על כתיבתו היפה על אבינו ועל משפחתנו, חן חן לאיש נבון וחכם, יבורך הוא וכל אחי ואחיותי וכל צאצאי שושלת בית משפחתנו.

דעו נא אחים ואחיות, נכדים ונכדות, נינים ונינות, דודים ומשפחת מויאל היקרה, כי באים אנו משורש משפחה רמה חשובה וקדושה, שושלת רבנים וצדיקים ואישים חשובים וידועים, יש לכם ממי ללמוד, הם לנו מורי דרך להמשיך במורשתם הקדושה.

החותם ברוב התרגשות ושמחה, יצחק ב״ר עמרם ב״ר שמעון בר רבי יצחק בן הרב משה מויאל, המכונה ״דדא משה״.

כסלו ה׳תשע״ו, אשדוד

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