Juifs du Maroc a travers le monde

Juifs du Maroc a travers le monde – Robert Assaraf

Alors qu'elle comptait près de 300 000 membres au lendemain dela Seconde Guerremondiale, la communauté juive du Maroc est réduite aujourd'hui à 3 000 individus. Ce qui ne signifie pas pour autant la disparition du judaïsme marocain dont se réclament environ un million de personnes dans le monde, installées pour la plupart en Israël et qui continuent à maintenir intactes leurs traditions culturelles et cultuelles. C'est à la formidable saga de ces originaires du Maroc que ce livre est consacré. Il retrace les circonstances dans lesquelles se déroula le grand exode des Juifs du Maroc et les conditions de leur installation en Israël, où ils jouent désormais un rôle déterminant dans la vie politique du pays. L'ouvrage évoque également l'installation de plusieurs milliers de Juifs marocains en France, en Espagne, en Grande-Bretagne, au Canada, aux États-Unis et en Amérique latine, notamment au Venezuela et au Brésil, où ils ont recréé des institutions spécifiques tout en s'insérant avec succès dans la société environnante.

Préface

« Zakhor (Souviens-toi )  c'est, selon Haïm Yosef Yerushalmi, le conœpt clé de l'historiographie juive, l'ardente obligation de faire mémoire des jours passés dont une prière émouvante, psalmodiée par les fidèles, demande le retour : « Tehadesh yamenou kekedem ! » (« Renouvelle la splendeur des jours d'antan ! »).

C'est la mission que s'est assignée, au fil de ses différents ouvrages, Robert Assaraf. Ceux qui le connaissent savent qu'il est avant tout un « passeur de mémoire », soucieux de préserver le souvenir de sa communauté d'origine, le judaïsme marocain. Contre vents et marées, en allant parfois à l'encontre de modes passagères, il a inlassablement œuvré pour mieux faire connaître ce monde qui a failli être englouti par les tempêtes tumul- tueuses de l'histoire.

Une anecdote en dira plus long à ce sujet que bien des thèses. Très jeune adolescent, au début des années soixante, je me souviens m'être rendu à Marrakech, où je fis l'acquisition, auprès d'un artisan, d'un superbe plateau en cuivre. La destinataire de ce cadeau, Clara Malraux, en fut d'autant plus touchée qu'elle remarqua immédiatement ce qui m'avait échappé. Les motifs habilement martelés dessinaient une étoile de David.

C'était l'un de ces objets usuels produits par les nombreux artisans juifs locaux qui ne désertaient leurs boutiques que pour se rendre à la prière dans les humbles synagogues voisines. Ces « voix du mellah », évoquées par le Prix Nobel de littérature Elias Canetti dais un texte célèbre, on ne les entend plus dans le Marrakech d'aujourd'hui.

Loin d'être un attachement nostalgique au passé, ce phénomène atteste l'extraordinaire renouveau du judaïsme marocain et sa volonté de préserver, partout où vivent des originaires du Maroc, ses traditions religieuses, culturelles, musicales, culinaires ou sociofamiliales.

Cet ouvrage Juifs du Maroc à travers le monde. Émigration et Identité retrouvée constitue un outil utile pour comprendre l'ouverture d'une nouvelle et prestigieuse page de l'histoire multiséculaire du judaïsme marocain.

Né en 1936 à Rabat, Robert Assaraf a occupé d'importantes fonctions publiques et privées au Maroc. Auteur de plusieurs ouvrages, dont Mohammed V et les Juifs (1997) et Une certaine Histoire des Juifs du Maroc, (2005), il a fondé en 1996 le Centre international de recherche sur les Juifs du Maroc. Au nombre des fondateurs de l'Union mondiale du judaïsme marocain, il est aussi le président du Comité de coordination des associations d'originaires du Maroc. Très actif dans le monde des médias, il a été vice-président de Marianne et il est président de Radio Shalom

Mon modeste plateau a, bien involontairement, acquis le prestigieux statut de judaica. Je ne pourrais plus l'acquérir dans une échoppe, mais devrais désormais en négocier âprement l'achat auprès d'un antiquaire qui me vanterait la rareté de la pièce, témoin d'une civilisation évanescente.

Parce que nous avons été les témoins directs de cette histoire, nous n'avons peut-être : ^ pris le temps de réaliser l'ampleur des mutations survenues en quelques décennies, à avoir la disparition des communautés juives qui vivaient jadis en Afrique du Nord, plus particulièrement au Maroc.

Pourtant, en parcourant les ruelles des anciens mellahs marocains, l'on sent imperceptiblement la présence de silhouettes se dissimulant derrière celles des passants d'aujourd'hui. En contemplant telle ou telle maison, le nom de la famille qui l'habitait vous revient à l'esprit en un flash, fulgurant et bouleversant, tout comme le souvenir de ces voix enfantines qui s'élevaient des murs de cette bâtisse dont plus rien n'indique qu'elle  fut jadis une école israélite.

Que sont devenus ceux et celles qui peuplaient jadis ces lieux ?  C'est à cette immense question que Robert Assaraf s'efforce de répondre dans son nouveau livre : Juifs du MarocEmigration et identité retrouvée. Cette saga contée avec minutie se lit d'une traite et ­­permet de découvrir une extraordinaire aventure humaine qui a peu d'équivalent. 

Un journaliste avait jadis consacré un essai à la « mémoire brisée des Juifs du Maroc Les pages qui suivent, dues à Robert Assaraf, montrent éloquemment que les pièces de ce puzzle ont été reunies, et composent desormais un nouvel ensemble, porteur d'une memoire retrouvee et enrichie.

 Ces pages nous donnent à entendre que le passé, que ce passé a un présent et, surtout, un avenir. C'est là une leçon qu'il convient de méditer, car. loin de concerner le seul judaïsme marocain, elle a valeur universelle

Patrick Girard

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