Mariage juif a Mogador en francais et anglais
Aux environs de midi,
Arrivent les invités
Débordants de gaîté
À la maison du marié.
Les fiancés sur leurs épaules,
Ils les portent
dans un grand brouhaha
Jusqu'à la maison de la Rah'a.
Les Msem'in sont déjà là
Qui jouent de la musique Ala.
Les garçons chantent et dansent
Jusqu'à rentrer en transes,
Les filles hululent leurs Zgharit –
Leur musique favorite.
Et au milieu de la salle
Il y a un dais
Tout de velours brodé
C'est le Talamon
Souvenir du trône de Salomon.
On y mène les mariés à petits pas
Pour y célébrer leur Houpa.
Le Rabbin, d'une voix grave,
Les bénit pour une vie sans entraves.
Les paroles Haré At à peine dites,
Que de nouveau éclatent les Zgharit
Qui montent directement
Jusqu'à Son Trône,
Y déposent une supplique
Pour ce couple magnifique :
Élohim, Voyez
Comme ils sont beaux,
Bénissez
Ce nouveau foyer !
Mais, que tient le Hatan dans sa main ?
C'est un verre finement ciselé
Qu'il fracasse à l'aide d'une grande clé.
Si nous cassons le verre de cette façon,
Croyez-moi, ce n'est pas sans raison ־
Le verre cassé :
Souvenir de la maison détruite
Temple des temps passés.
La clé :
Symbole de la nouvelle maison
Que ce couple crée.
Après avoir mangé et bu,
Après les discours entendus,
Après les gâteaux et le thé
Servis dans la joie et la gaieté,
Tous saluent le couple sur le seuil
Et s'en vont, les laissant seuls.
Seuls ?
Pas toujours
Car des fois,
Ma foi,
Ils sont si jeunes
Timides et sans expérience
Fébriles et sans patience…
Alors une brave femme
Reste encore un moment,
Elle leur explique avec flamme
Quoi, quand et comment.
Gentiment
Elle leur dit
Ce qui est permis
Et ce qui est interdit.
Cette femme est un puits de science,
Quant à moi… je suis réduit au silence.
Le lendemain c'est le Sbah.
Les fiancés encore langoureux
Rayonnants, heureux,
Reçoivent les deux familles
Et avec elles des amis
Bienveillants et gentils.
Ils sont tous là pour s entendre dire :
Tout va bien, L'a rossa a'la khir
Alors on reprend la Ketonha
Et dans l'espace, en bas
Le Hatan augmente de sa main
La valeur de la dot sur le parchemin.
On entend de nouveau les ZgJurit de la joie
Et les boissons coulent,
Comme il se doit.
Ce jour même, l'après-midi,
Cela, je ne vous l'ai pas encore dit,
Arrivent chez le jeune couple
D'un pas léger et souple
Les femmes de la famille.
Assises sur le canapé,
Mangeant du Palébé,
Elles parlent et babillent,
Louent ou critiquent :
" Ceci est vilain,
Cela est chic ! "
Elles montrent du doigt
Et plaisantent.
Mais croyez-moi
Jamais jusqu'à être méchantes.
Et vers le soir,
À l'heure du thé,
On dit aux hommes :
" Montez !
Les mariés sont là,
Venez les féliciter ! "
Alors les hommes
Le Sbah en mains
Et aussi, un bouquet de jasmin,
Souriants, tout feu tout flamme,
Se joignent à leurs femmes.
Ensemble, on fête jusqu'au soir,
Avec musique, manger et boire.
Le Hatan ne peut sortir de sa maison
Et cela, mes amis,
N'est pas sans raison :
Avec la Cala, il doit rester
L'aimer sans compter.
Alors il reçoit des visites :
Ses sœurs, ses frères, ses amis,
Qui viennent le voir
Dans son nouveau site.
Voici arrivé
le Shabbat Hatan
C'est le " samedi du marié ".
Paré d'une Zoukha et d'un Caftane,
Ses frères l'accompagnent
A la synagogue où les attendent
Ses amis, toute une bande,
La famille, le Rabbin et le Hazan
Et bien plus d'un Païtan.
La mariée, royale, en Kssona Kbira
Prend place dans la Azara
, Quant au marié, on le mène par le bras
Et on l'asseoit près deL'Aron Hathora.
Les chantres élèvent leurs voix
Rivalisent comme dans un tournoi.
Voici le premier chanteur
Il chante une chanson de bonheur :
Bésiman tov véhatslaha
Tihié léadaténou
Vékol sasson vékol simha
Yshama béartsénou
Véazaï tyhié Harvaha
Béviat méchihénou
(Bonne augure et réussite
Pour notre communauté
Que les voix de joie et de bonheur
Retentissent dans notre pays
La félicité viendra alors
Et avec elle notre Messie.)