Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano-Danan-premiere-partie

DANAN
Nom patronymique dont il est difficile de cerner le sens et de préciser l'origine linguistique. A première vue l'origine semble araméenne, "denan" signifiant dans le Talmud le "çis-nommé" ou encore dérivé de l'hébreu-araméen Dan, le juge. C'est aussi la thèse d'Abraham Larédo qui fait remonter le berceau de la famille à une une fraction de la tribu de Milan au nord de la Mésopotamie, mais sans donner de précision sur le sens même du nom. Cette explication est peu convaincante, la mémoire des noms ne remontant pas généralement à une époque aussi lointaine. Il est plus probable que comme l'affirme l’auteur du dictionnaire biographique des de rabbins du Maroc, "Malké Rabanan", rabbi Yossef Benaïm, que l’origine de ce patronyme soit espagnole. Ce serait la déformation de Dondon – le dédoublement du titre de noblesse: Don. Bien que l'origine de la famille soit marocaine, et que dans la controverse entre les Mégourachim et les Tochabim, ils aient pris le parti des indigènes et que leurs rabbin étaient à la tête de la synagogue des anciens habitants qui s'appelait pour cela slat Elfassyin, la synagogue des Fassis, il est fort possible qu'elle ait adopté ce nom en Espagne où s'étaient installés au XlVème siècle plusieurs de ses membres. Ce nom s'est illustrée tout au long des générations à Fès, berceau de la famille marocaine. A Fès, le nom était le plus souvent précédé de l'indice de filiation en arabe classique, indiquant généralement une origine espagnole: Aben Danan, Abendanan. La tradition familiale fait en effet remonter la généalogie de la famille à Maimonide, sans en apporter une preuve irréefutable. Certains pensent qu'il s'agit là d'une erreur׳, la famille descendant bien d'un rabbi Moché Ben Mai mor, Haramab surnommé le Maimonide de Fès. On peut se poser la question si le patronyme Dana particulièrement répandu en Tunisie et aussi en Algérie et que nous avons déjà étudié, n'a pas la même origine, le n final étant tombé pour des raisons de phonétique. Autre forme, précédé de l'indice de filiation: Bendanan Au XXème siècle, nom moyennement répandu, porté principalement au Maroc (Fès, El-Jadida, Casablanca, Meknès, Taroudant, Erfoud, Ouezane, Mazagan, Ouarzazat), mais aussi en Algérie (Alger, Oran, Mascara, Constantine, Guelma, Bône) et très peu en Tunisie.
ASSAEL IBEN DANAN: Premier membre connu de la famille, il quitta Fès en 1249 pour s'installer en Espagne, dans la province d'Aragon.
- MIMOUN: Le premier des membres de la famille connu qui revint à Fès venant d'Espagne, descendant selon la tradition familiale de l'Aigle de la Synagogue, Maimonide, Rabénou Moché Ben Maïimon. Fuyant la terrible vague de persécutions et de massacres dont le coup d’envoi fut donné par les moines dominicains à Séville en 1391, il s’embarqua pour Alger en même temps que rabbi Itshak Bar Chechechet et rabbi Shimon Bar Se'mah Duran. Alors que ces célèbres rabbins restèrent à Alger, il préféra lui revenir au berceau de la famille à Fès. Mais il fut de nouveau contraint de fuir, en 1438, dans des conditions dramatiques avec son fils rabbi Moché qui avait été accusé de blasphème contre la religion islamique et était de ce fait passible de mort. Ce rabbi Moché Ben Mimoun était surnommé le Rambam de Fès et selon certains historiens c'est la source de l'erreur de la tradition familiale faisant remonter l'origine de la famille à Haramabam, Rabénou Moché Ben Mimoun, en français Maimonide.
R, SAADIA: Le premier. Fils de Moché, fils de Mimoun. Rabbin parfait dans le meilleur de la grande tradition du judaïsme espagnol: philisophe, médecin, taknudiste, poète. Né à Fes, il suivit son père dans son exil espagnol en 1438 et s'illustra à Grenade, le dernier bastion musulman de la péninsule ibérique où les Juifs continuaient à bénéficier d'une tolérance disparue dans l'Espagne chrétienne de la même époque. Il a laissé une oeuvre considérable comprenant un traité sur la langue hébraïque, "Sefer Hashorashim", terminé à Grenade en 1468; "Séder Hadorot", biographies de tous les rabbins jusqu'à Maimonide; "Mélekhet Hachir" (l'art poétique), traité de poésie et de grammaire écrit dans l'original en arabe et qui a été traduit et édité pour la première fois à Francfort en 1869. Son plus célèbre poème sur les mitsvot du Talmud a été publié par le grand rabbin d'Alger, Abraham Gabison, dans son livre "Orner hashikha". Dans sa préface, rabbi Abrahan ne tarit pas d'éloges pour ce grand génie qui écrit-il avait eu la chance de vivre sous l'islam à l'heure où ses compatriotes des provinces chrétiennes avaient "perdu la joie de vivre et de créer". Un certain nombre de ses décisions et responsa ont été publiées dans les livres d'autres rabbins. Il y affirme notamment avec force que les "anoussim", Marranes, convertis de façade au christianisme, mais gardant dans le secret fidélité au judaïsme, devaient être considérés comme des Juifs à tout point de vue, sans aucune réserve et restriction même à la troisième ou quatrième génération. Il rejoignit là son grand maître en philosophie, Maimonide qui avait statué en son temps de la même manière pour les convertis de façade à l'islam. Il fut le premier historien à se faire le chroniqueur des années passées par Maimonide et son père à Fès. Après l'expulsion de 1492 on ignore où il se rendit, ce qu’on sait c'est qu'il mourut un an plus tard, en 1493.
- MIMOUN: Rabbin expulsé d'Espagne en 1492. Il se rendit d'abord à Oran, puis Constantine avant de s'installer définitivement dans la ville de ses ancêtres, Fès.
R, SHEMOUEL: Dit le premier. Fils de Mimoun, il arriva à Fès avec son père venant de Constantine vers 1495. Il devint rapidement un des grands rabbins de la ville et quand éclata la grande controverse entre les Mégouraehim – autorisant la "nefiha״ ou insuflation du poumon, une des îcgles de l'abattage rituel – et les Tochabim la rejettant, il se plaça d’emblée dans le camp des autochtones et signa en premier la Haskama de 1526 par laquelle les Tochabim s’engageaient solennellement jusqu'à la fin des générations, à ne pas consommer la viande abattue selon les règles des Mégourachim et de n'acheter la viande que dans leurs propre boucherie. C'est sans doute à cette époque que la famille Danan prit la direction – qui se prolongera sur quatre siècles – de la synagogue au nom le plus innattendu – Slat Elfassyin – la synagogue des Fassis comme si à Fès une synagogue pouvait être autre chose – justement pour souligner qu'elle regroupe les vrais Fassyim, ceux qui étaient dans la ville avant l'arrivée des Expulsés. Le rituel de cette synagogue consigné dans le Mahzor ״Ahabat Flakdmonim” n'avait pas été influencé par la tradition espagnole et restait plus proche de la tradition orientale perpétuée à Djerba, dans le Sud Tunisien et et en Lybie. On dit que rabbi Shémouel fut parmi les 200 rabbins qui intronisèrent rabbi Yossef Caro, l'auteur du "Shoulahn Aroukh", après la restauration de la ״Sémikha״ à Safed par son maître, rabbi Yaacob Bérab. Mort en 1566.
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