Said Sayagh-L'autre Juive- le martyre d'une jeune juive marocaine de Tanger, exécutée à Fès en 1834.

En dehors des Psaumes, prières, Piyyutim et autres invocations, elle connaît des proverbes, des contes, des blagues, des chansons et même quelques versets du Coran utilisés régulièrement par les voisins musulmans comme la Fatiha, verset d’ouverture et la Shahada témoignage d’unicité et d’authenticité de la prophétie de Mahomet.
Tahra, l’épouse de leur voisin Masmoudi, lui offre, selon la saison, des glands, des jujubes, des arbouses, du fenouil, des fruits du palmier nain, des graines de paitèque et de melon… Elle s’amuse avec elle, la fait rire et lui apprend la sourate propitiatoire et la Shahada…
Sol trouve une étrange parenté entre ce que dit Tahra et les prières pour Hakadosh Barokh Hou Adon HaOlam… Elle lui apprend d’autres choses sur l’Islam, des insultes, et des mots de femmes.
Elle adorait feuilleter avec elle Quraat al Anbiyaa, destinée des prophètes. Ainsi, elle découvre que tous les prophètes de l’Islam étaient juifs. Les limites entre les deux religions sont minces. Ni Tahra ni Sol ne lisent l’arabe. Mais, Tahra, à force de feuilleter le livret en compagnie du fqih Ouriachi et de la récitation incessante de ces légendes, commence à connaître le contenu des pages sans avoir à les lire. Son désir de voir son ventre grossir d’un enfant qui apporterait la lumière dans sa maison l’avait poussée à rendre visite aux saints, à consulter les fouqaha, les écrivains faiseurs d’amulettes, à ingurgiter toute sorte de mixtures et de drogues. Elle en avait fait boire aussi, à son mari. À côté de cela elle consulte quotidiennement le livret des prophètes. Le prophète dont la destinée avait rempli son imagination était Joseph. Tous les jours, elle espère augurer de sa légende en ouvrant le livre sur la page qui lui est consacrée. À partir de ce récit, elle prit l’habitude d’appeler Sol Zoulikha.
Sol, elle, ne manque pas d’humour, même avec son père. Elle a remarqué sa crainte d’aller dans la sombre petite salle d’eau où ne s’aventurent pas les anges. Un jour elle lui a soufflé avec légèreté :
- Comment veux-tu qu’ils t’y accompagnent… ton odeur suffirait à leur tourner la tête…
Les discussions incessantes de son père avec ses invités, notamment le rabbin Bengio, Abraham Bouzaglou, Moshé Benkamoun, le rabbin Tolédano et d’autres, l’embêtent mais la font rire aussi. Parfois, elle s’emballe et a envie d’y participer, mais elle préfère écouter les différents avis sans en perdre un seul mot.
Parmi les discussions animées, certaines concernent les femmes.
- Comment l’Éternel peut-il faire descendre quelque chose sur Adam, l’endormir et lui voler une côte, alors qu’il est inconscient, pour faire Éve? s’écrie Moshé Benkamoun.
- Écoute mon fils, hier, un voleur s est introduit dans notre maison. Il a volé un vase en argent, et… l’a remplacé par un vase en or… lui rétorque calmement mais avec fermeté le rabbin. Puis, il ajoute :
- Est-ce un vol ou un cadeau ?
Haïm dit :
- Si tous les voleurs étaient comme lui, je les préférerais à mes clients. Il en rit à laisser voir ses dents cariées.
- C’était, en effet, un cadeau fabuleux pour Adam Rishon, le premier. Une femme pour une côte !
Tout le monde rit, convaincu de la sagesse de Dieu.
Le rabbin Tolédano renchérit :
- Une femme s’est plainte à Rabbi Bouhassira d’un homme qui l’a prise sans son consentement. Le rabbin, dubitatif, l’a interrogée :
- Dis la vérité, n’as-tu ressenti aucun plaisir, aucune jouissance ?
La femme l’a regardé avec des yeux pleins de reproches et lui dit :
- Et toi, Rabbin, si quelqu’un mettait son doigt enduit de miel dans ta bouche, le jour de Kippour, tu t’en délesterais ?
Le rabbin reconnut son étroitesse de vue et la recevabilité de la plainte de la femme.
Issachar tomba malade. Tout le monde pensa que la jalousie et l’intérêt exclusif porté à sa sœur étaient la cause du mal qui le frappait.
Ce n’était pas la première fois qu’il tombait malade.
Tout petit, il s’était agrippé à la grille de la fenêtre de la grande pièce, le pilon du mortier en bronze à la main et avait frappé un nid de guêpes qui n’arrêtaient pas leur danse dans un bourdonnement hallucinant. Il ne fallut que quelques instants pour que son corps doublât de volume et que son hurlement secouât la maison depuis ses fondations. La panique s’empara du cœur de Simha et Sol se mit à pleurer à la vue du visage défiguré de son frère.
Cette fois-ci, les pelures d’oignon et les œufs durs censés absorber le venin ne servirent à rien. Sa pommette rouge semblait à deux doigts d’éclater. Dès qu’il fermait les yeux, il se mettait à délirer, marmonnait des mots incompréhensibles et gémissait. On avait l’impression qu’il pleurait. Sol se sentit responsable de son frère et insista pour s’occuper de lui.
Elle pressa des oranges, prépara un jus consistant de raisin « pis de jument » très sucré. Elle fit bouillir du lait avec de la menthe poivrée. Elle prépara le lit, les couvertures. Elle lava. Elle changea les vêtements imbibés de sueur. Elle ne s’arrêta pas. Elle monta les marches, les descendit quatre par quatre. Elle précéda ses désirs.
Quelle ne fut sa joie quand il demanda des coings à la viande de veau. Elle était heureuse comme si elle avait été sa propre mère.
Sol grandissait, Issachar aussi. Et, malgré les disputes quotidiennes, pour des futilités, ils se rapprochèrent l’un de l’autre. Leur entente grandissait. Chacun devint le confident de l’autre, le dépositaire de ses plaintes, de ses inquiétudes et de ses pensées les plus secrètes qu’il n’aurait même pas dites à ses parents.
Ils inventèrent alors une langue qui leur était propre. Au parler habituel propre aux juifs, ils ajoutèrent des particularités secrètes pour voiler leur propos en présence des curieux. Ainsi, ils évitaient des querelles inutiles et éprouvaient le plaisir immense que procure la compréhension codée, fermée aux autres.
Leur langue était simple. Ils se contentaient de glisser le son « tn » après la première syllabe de chaque mot. Leur langage en acquit un rythme qui donnait l’impression à l’auditeur qu’il distinguait des mots qu’il connaissait, mais ne comprenait rien à l’ensemble.
La bar-mitsva d’Issachar approchait. Il allait vers sa treizième année. Depuis quelques mois, il avait commencé à préparer un petit discours à lire en hébreu devant les anciens à la synagogue. Il s’occupa sérieusement de la préparation et demanda l’aide de Sol pour réciter son allocution. Elle, cela la faisait rire ! Elle riait de sa timidité et de sa prononciation maladroite du « r » malgré ses tentatives désespérées de la corriger. Elle ressentait aussi de la jalousie et une certaine inquiétude quelle arrivait mal à dissimuler. Après la bar-mitsva, Issachar allait devenir un homme. Il allait pouvoir sortir, assumer des responsabilités nouvelles dans le commerce de son père. Elle, elle allait devoir rester toute seule face à sa mère.
Le rabbin Bengio apprit à Issachar à mettre sur son bras et son front les Tephillin qui contiennent les versets de la Torah.
Deux jours avant Shabbat, il alla à la synagogue pour la prière de Shaharit, le matin. Le soir, après Maariv, les invités, les proches et les camarades du Talmud Torah arrivèrent. Vint aussi le Mohell qui faisait fonction de circonciseur et de coiffeur. Il coiffa Issachar, pour la cérémonie du Takhfif, et en profita pour coiffer les invités. À cette occasion, on prépara une table couverte de monticules de gâteaux saupoudrés de sucre et de pâtisseries au miel.
Said Sayagh-L'autre Juive- le martyre d'une jeune juive marocaine de Tanger, exécutée à Fès en 1834.
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- Schickler décrit dans son Journal les excellentes relations qui existaient à Tanger entre les Juifs et les Espagnols. Dans la deuxième moitié du 19ème siècle, l’Espagne déployait des efforts pour assurer à son pays une image de marque philosémite en vue d’une « rehispanisation » des communautés juives du Maroc, dont certaines se réclamaient de leurs origines « sépharades ». La triste et célèbre « affaire de Safi », en août-octobre 1863, a bouleversé la situation idyllique des Juifs à Tanger décrite par Schickler.
Les descriptions données par Schickler, quant à la beauté des femmes juives, font penser aux tableaux d’Alfred Dehodencq, peintre orientaliste français, qui fit de nombreux séjours au Maroc entre 1854 et 1863. En 1855, il est à Tanger. Le fanatisme religieux au Maroc est le sujet de plusieurs de ses œuvres. C’est l’Orient souffert qu’il montre avec l’éblouissement de son soleil comme le disait de lui Octave Mirbeau. La plus cruelle de ses œuvres reste « l’Exécution de la Juive », présentée à Paris au Salon de 1861. Dans son tableau « Supplice de la Juive », on voit la malheureuse Sol Achoual agenouillée, les yeux hagards, la chevelure répandue, et le bourreau, un terrible nègre, brandissant le sabre. La foule est là. Un groupe de rabbins prie avec ardeur. L’infortunée eut la tête tranchée.
Alfred Dehodencq a assisté à l’assassinat de Sol Hatchwel, une belle juive de 14 ans, une martyre de la foi, née à Tanger en 1820 et exécutée à Fès en 1834. Elle appartenait à l’une des grandes familles juives de Tanger. Faussement accusée par Ould Ladine d’avoir embrassé l’Islam, qu’elle veut quitter pour revenir à sa foi juive. Ce qui constitue une apostasie passible de la peine de mort, relevant de la compétence exclusive du roi. Elle refusa d’épouser le sultan Moulay Abderrahman (1822-1859) malgré tous les moyens mis par le monarque. Elle a préféré mourir en juive que de renier sa foi, pour la sanctification du Nom, Qidoush Hashem. Devant son refus obstiné, le sultan donna l’ordre de l’exécuter à Fès où il résidait. Sol Hatsadeqet, Sol la Sainte, Sol la Juste repose dans le cimetière juif de Fès, où viennent des pèlerins prier sur sa tombe. Elle a été dignement enterrée grâce aux faits et actions accomplis avec courage et générosité par le grand-rabbin Raphaël Sarfaty qui jetait par terre des pièces en or pour éloigner les badauds. Il a offert des pots de vin pour que le corps de la martyre soit amené au mellah de Fès.
Sarah Leibovici nous apprend que « Sol la Sadika, Lalla Solica, Ha Tsadekket, une sainte, vouée au culte et à la légende. C’était en 1834, vers la fin de l’an 5594 (le chiffre 594 peut se transcrire en hébreu par tsadekket) » .
500, en hébreu תק ; 94, en hébreu צד ; les quatre lettres en hébreu forment le mot צדקת, une sainte.
Des livres et des qasidat relatent le martyr de Sol..
En 1952, sous la présidence de S. D. Lévy, « Maghen David », Association pour la Diffusion de la Langue et de la Littérature Hébraïques au Maroc, organisa un Concours Littéraire dont le sujet était Sol La Sadika (La Sainte Martyre). Rabbi Haîm Soussana, de Marrakech, a été désigné premier lauréat pour son poème. Le deuxième lauréat était Mr Moché Haïm Ben Malka, de Tanger. Vingt-quatre candidats avaient pris part à ce concours. Le jury a attribué quatre Prix aux concurrents de Marrakech, Tanger, Sefrou et Casablanca.
Voici l’appréciation du jury quant au poème de Rabbi Haîm Soussana : « Son style hébraïque est élégant et homogène. Les vers sont en bonne partie convenablement balancés et les rimes sont belles en majorité. Le concurrent démontre une certaine faculté à composer un poème et il y a d’observer que les tableaux accessoires esquissés dans la poésie s’y encadrent joliment. Bien que les premiers vers décrivant la beauté de Sol nous rappellent le poète hébreu I.-L. Gordon (dans sa poésie : « Le bout d’un Yod ») – cette connaissance mérite d’être appréciée – dans d’autres vers comme par exemple : « Odem Hachochanne », etc… nous trouvons une influence orientale et celle des poésies hébraïques du Moyen-Age. Il faut également noter élogieusement la ponctuation, le plan rationnel de la composition dont le contenu comprend toute la matière formant le conte de Sol tel qu’il se dégage de toutes les autres compositions que vous nous avez transmises. Nous basant sur tous ces facteurs nous avons été d’avis de lui décerner le premier prix ».
Après ces longs propos sur Sol la sainte, l’article qui suit vient logiquement après celui de Schickler.
Edmondo de Amicis, voyageur italien en visite à Fès, eut l’occasion de faire la connaissance d’une députation de femmes juives, venues présenter une supplique à l’ambassadeur d’un pays européen. Il ne pouvait soustraire ses mains à la pluie de leurs baisers :
« Elles étaient femmes, filles ou parentes de deux négociants aisés ; très belles, avec des yeux noirs éclatants, une carnation blanche, des lèvres purpurines, des mains très petites. Les deux mères, déjà vieilles, n’avaient pas un cheveu blanc et tout le feu de la jeunesse brillait encore dans leur regard. Elles portaient un vêtement pittoresque et splendide : un mouchoir de soie de couleurs vives, serré autour du front ; une veste de drap rouge ornée de larges et épais galons d’or ; un plastron tout doré ; une jupe courte et étroite de drap vert bordée de galons resplendissants, une ceinture de soie rouge ou bleue. Elles ressemblaient à autant de princesses d’Asie, et tout ce luxe contrastait singulièrement avec leurs manières humbles et obséquieuses. Elles parlaient toutes espagnol. Ce ne fut qu’au bout de quelques minutes que nous nous aperçûmes qu’elles étaient pieds nus et avaient leurs babouches jaunes sous le bras. ‘ Pourquoi ne vous chaussez-vous pas ? ’ Demandai-je à une des vieilles. ‘ Comment ! me demanda-t-elle à son tour, d’un air étonné, ne savez-vous donc pas que les Israélites ne peuvent porter de souliers que dans le Mellah, et qu’en entrant dans la ville arabe ils doivent aller pieds nus ? ’ Rassurées par l’ambassadeur, elles mirent leurs babouches. Les pauvres femmes qui nous faisaient visite nous montrèrent plusieurs gros bracelets en argent ciselé, des bagues ornées de pierres précieuses, des boucles d’oreilles en or, qu’elles cachaient dans leurs corsages. Nous leur demandâmes pourquoi elles les dissimulaient. Nos espantamos de los Moros (nous avons peur des Maures), nous répondirent-elles à voix basse en regardant tout autour d’elles avec crainte. Elles se défiaient même des soldats de la légation. Parmi elles se trouvaient quelques petites filles vêtues avec le même luxe que les femmes. L’une se tenait auprès de sa mère dans une attitude plus timide que les autres. L’ambassadeur demanda à la mère quel âge elle avait. Elle répondit douze ans. ‘ Elle se mariera bientôt, dit l’ambassadeur. – Eh ! s’écria la mère, elle est déjà trop vieille pour prendre un mari. ’ Nous crûmes tous qu’elle plaisantait. ‘ Je dis la vérité, répondit la mère, en s’étonnant de notre incrédulité ; voyez cette autre-là (et elle désigna une petite fille plus jeune), elle aura dix ans dans six mois et elle est déjà mariée depuis plus d’un an. ’ La petite inclina la tête. Nous ne voulions pas le croire. ‘ Que puis-je vous dire ? continua la mère ; si vous ne voulez pas croire à ma parole, faites-nous l’honneur de venir chez nous, un samedi, afin que nous puissions vous recevoir dignement, et vous verrez le mari et les attestations de mariage. – Et quel âge a le mari ? Demandai-je. – Dix ans accomplis, monsieur. » [1]
Ainsi se termine la galerie des femmes juives marocaines. Viennent à la suite un portrait de la femme juive d’Algérie et, aussi, un portrait de la femme juive de Tunisie.
La beaute des femmes juives –Joseph DADIA
Kervenic-en-Pluvigner (56 Morbihan)
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] Edmondo d’Amicis : Le Maroc (en 1875). Le livre a été traduit de l’italien par Henri Belle et publié à Paris par Hachette en 1882. Le passage du livre sur Fès a vu le jour en 1879 dans la revue « Le Tour du Monde », pp. 97-144 ; le passage sur les juives est dans les pages 117-118.
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Ainsi se termine la galerie des femmes juives marocaines. Viennent à la suite un portrait de la femme juive d’Algérie et, aussi, un portrait de la femme juive de Tunisie.
Théophile Gautier se rendit en Algérie durant l’été 1845. Il arriva dans Alger la Guerrière, et, errant pour trouver un logement, il aperçut, sous les premières arcades de la rue Bab-Azoun, une jeune juive en costume ancien : « Nous fûmes éblouis de cette manifestation subite de la beauté hébraïque : Raphaël n’a pas trouvé pour ses madones un ovale plus chastement allongé, un nez d’une coupe plus délicate et plus noble, des sourcils d’une courbe plus pure. Ses prunelles de diamant noir nageaient sur une cornée de nacre de perle d’un éclat et d’une douceur incomparables, avec cette mélancolie de soleil et cette tristesse d’azur qui font un poème de tout œil oriental. Ses lèvres, un peu arquées aux coins, avaient ce demi-sourire craintif des races opprimées ; chacune de ses perfections était empreinte d’une grâce suppliante ; elle semblait demander pardon d’être si radieusement belle, quoique appartenant à une nation déchue et avilie. Deux mouchoirs de Tunis, posés en sens contraire, de façon à former une tiare, composaient sa coiffure. Une tunique de damas violet à ramages descendait jusqu’à ses talons ; une seconde un peu plus courte, aussi en damas, mais de couleur grenat et brochée d’or, était superposée à la première, qu’elle laissait voir par une fente partant de l’épaule et arrêtée à mi-cuisse par un petit ornement. Un foulard bariolé servait à marquer la ceinture ; sur le haut du corsage étincelait une espèce de plaque de broderie rappelant le pectoral du grand prêtre. Les bras, estompés par le nuage transparent d’une manche de gaze, jaillissaient robustes et nus de l’échancrure des tuniques. Ces bras athlétiques, terminés par de petites mains, sont un caractère distinctif de la race juive et donnent raison aux peintres italiens et aux femmes qui se penchent du haut des murailles dans le Martyre de saint Symphorien de M. Ingres. … Ce qu’il y a de certain, c’est que nous n’avons jamais vu une Juive ayant les bras minces. Les tuniques, dont nous avons parlé, sont étroites et brident sur les hanches et sur la croupe. Les yeux européens, accoutumés aux mensonges de la crinoline, aux exagérations des sous-jupes et autres artifices qui métamorphosent en Vénus Callipyges des beautés fort peu hottentotes, sont surpris de voir ces tailles sans corset et ces corps qu’enveloppe une simple chemise de gaze moulés par un fourreau de damas ou de lampas qui fait fort peu de plis ; mais on en prend bientôt l’habitude, et l’on apprécie la sincérité des charmes qui peuvent supporter une pareille épreuve. Nous étions en extase devant cette belle fille, arrêtée à marchander quelque doreloterie, et nous y serions restés longtemps si les Biskris chargés de nos paquets ne nous eussent rappelé au sentiment de la vie réelle par quelques mots baragouinés en langue sabir, idiome extrêmement borné, et qui sert aux communications de portefaix à étranger. »
Dans l’hiver de 1888-1889, Guy de Maupassant parcourut la Tunisie. De ses voyages là-bas, il laisse une relation d’une grande fidélité. C’est un document précieux, non seulement par sa valeur littéraire, mais encore par sa valeur historique. « En vérité, écrit de Maupassant, Tunis n’est une ville française ni une ville arabe, c’est une ville juive ». C’est un des rares points du monde où le Juif semble chez lui comme dans une patrie. Pour lui, Tunis est la capitale éblouissante d’Arlequin, d’un Arlequin très artiste, ami des peintres, coloriste inimitable qui s’est amusé à costumer son peuple avec une fantaisie étourdissante. Aux Juifs seuls il toléra les tons violents, mais en leur interdisant les rencontres trop brutales et en réglant l’éclat de leurs costumes avec une hardiesse prudente. Voici une page de son récit : « C’est un défilé de féerie, depuis les teintes les plus évanouies jusqu’aux accents les plus ardents, ceux-ci noyés dans un tel courant de notes discrètes, que rien n’est dur, rien n’est criard, rien n’est violent le long des rues, ces couloirs de lumière, qui tournent sans fin, serrés entre les maisons basses, peintes à la chaux. A tout instant, ces étroits passages sont obstrués presque entièrement par des créatures obèses, dont les flancs et les épaules semblent toucher les deux murs à chaque balancement de leur marche. Sur leur tête se dresse une coiffe pointue, souvent argentée ou dorée, sorte de bonnet de magicienne d’où tombe, par derrière, une écharpe. Sur leur corps monstrueux, masse de chair houleuse et ballonnée, flottent des blouses de couleurs vives. Leurs cuisses sont emprisonnées en des caleçons blancs collés à la peau. Leurs mollets et leurs chevilles empâtées par la graisse gonflent des bas, ou bien, quand elles sont en toilettes, des espèces de gaines en drap d’or et d’argent. Elles vont, à petits pas pesants, sur des escarpins qui traînent ; car elles ne sont chaussées qu’à la moitié du pied ; et les talons frôlent et battent le pavé. Ces créatures étranges et bouffies, ce sont les juives, les belles juives ! Dès qu’approche l’âge du mariage, l’âge où les hommes riches les recherchent, les fillettes d’Israël rêvent d’engraisser ; car plus une femme est lourde, plus elle fait honneur à un mari et plus elle a de chances de le choisir à son gré. A quatorze ans, à quinze ans, elles sont, ces gamines sveltes et légères, des merveilles de beauté, de finesse et de grâce. Leur teint pâle, un peu maladif, d’une délicatesse lumineuse, leurs traits fins, ces traits si doux d’une race ancienne et fatiguée, dont le sang jamais ne fut rajeuni, leurs yeux sombres sous les fronts clairs, qu’écrase la masse noire, épaisse, pesante, des cheveux ébouriffés, et leur allure souple quand elles courent d’une porte à l’autre, emplissent le quartier juif de Tunis d’une longue vision de petites Salomés troublantes. Puis elles songent à l’époux. Alors commence l’inconcevable gavage qui fera d’elles des monstres. Immobiles maintenant, après avoir pris chaque matin la boulette d’herbes apéritives qui surexcitent l’estomac, elles passent les journées entières à manger des pâtes épaisses qui les enflent incroyablement. Les seins se gonflent, les ventres ballonnent, les croupes s’arrondissent, les cuisses s’écartent, séparées par la bouffissure ; les poignets et les chevilles disparaissent sous une lourde coulée de chair. Et les amateurs accourent, les jugent, les comparent, les admirent comme dans un concours d’animaux gras. Voilà comme elles sont belles, désirables, charmantes, les énormes filles à marier. Alors on voit passer ces êtres prodigieux, coiffés d’un cône aigu nommé kouffia, qui laisse pendre sur le dos le bechkir, vêtus de la camiza flottante, en toile simple ou en soie éclatante, culottés de maillots tantôt blancs, tantôt richement ouvragés, et chaussés de savates, dites « saba » ; êtres inexprimablement surprenants, dont la figure demeure encore souvent jolie sur ces corps d’hippopotames. Dans leurs maisons, facilement ouvertes, on les trouve, le samedi, jour sacré, jour de visites et d’apparat, recevant leurs amies dans les chambres blanches, où elles sont assises, les unes après les autres, comme des idoles symboliques, couvertes de soieries et d’oripeaux luisants, déesses de chair et de métal, qui ont des guêtres d’or aux jambes et, sur la tête, une corne d’or ! La fortune de Tunis est dans leurs mains, ou plutôt dans les mains de leurs époux toujours souriants, accueillants, et prêts à offrir leurs services. Dans bien peu d’années, sans doute, devenues des dames européennes, elles s’habilleront à la française et, pour obéir à la mode, jeûneront, afin de maigrir. Ce sera tant mieux pour elles et tant pis pour nous, les spectateurs.
Pour dire d’une femme qu’elle est belle, la Bible hébraïque emploie principalement l’expression suivante : « Rachel était belle de taille et belle de visage ». Même expression à propos de Joseph, fils aîné de Rachel : « Joseph était beau de taille et beau de visage ». Même expression à propos de la Reine Esther : « … Cette jeune fille était belle de taille et belle de visage ».
Le Cantique des Cantiques nous fournit des tableaux qui décrivent la beauté de la femme tant rêvée et aimée : « Charmantes sont tes joues, ornées de rangs de perles, ton cou paré de colliers. […] Tes lèvres sont comme un fil d’écarlate et ta bouche est charmante ; ta tempe est comme une tranche de grenade à travers ton voile. […] Tes deux seins sont comme deux faons, jumeaux d’une biche. […] Les contours de tes hanches sont comme des colliers, ton giron est comme une coupe arrondie, ton cou est comme une tour d’ivoire, tes yeux sont comme les piscines de Hesbon, près de la porte de Bath-Rabbim. […] Que tu es belle, que tu es attrayante, mon amour, dans l’enivrement des caresses ! Cette taille qui te distingue est semblable à un palmier, et tes seins à des grappes … ».
Joseph DADIA
Kervenic-en-Pluvigner (56 Morbihan)
Lundi 16 janvier 2017
שמואל פאלאצ'ה-סוחר, שודד ים או דיפלומט-מרסדס גרסיה-ארנל.חרארד ויכרס.

שמואל פאלאציה (1550 בקירוב – 1616), יהודי יליד מרוקו ממוצא ספרדי, היה סוחר, דיפלומט, מרגל ושודד ים, שתמרן כל חייו בין השלטונות בהולנד לסולטן מרוקו, בין המרחב הנוצרי לעולם האסלאם ובין המדינות הפרוטסטנטיות לספרד הקתולית.
מרסדס גרסיה־ארנל וחרארד ויכרס משחזרים, באמצעות הגישה המיקרו־היסטורית, את תולדות משפחת פאלאציה בעת החדשה המוקדמת ואת העולם המורכב של הפזורה היהודית־הספרדית בצפון אפריקה ובמקומות המקלט המעטים באירופה. ספרם חושף דמויות המסתגלות כזיקית לארצות מושבן, ניסיונות לחזור ולהתיישב בספרד, המרות דת של בני המשפחה, קשרים ושיתוף פעולה עם המוריסקוס (צאצאי המוסלמים־המתנצרים בספרד, שגורשו ממנה בשנים 1614-1609), את ידיעת השפות המאפשרת את מעמדם כמתורגמנים ומתווכים בין מדינות, את חקירות האינקוויזיציה, את הסכסוכים והמשפטים ואת עסקי המסחר החוקיים והלא־חוקיים.
הספר שמואל פאלאצ׳ה מבוסס על מחקר יסודי ומעמיק בארכיונים בספרד, בפורטוגל ובהולנד, לרבות בארכיוני האינקוויזיציה – מחקר המשנה במידה רבה את מה שנכתב בעבר על שמואל פאלאציה ומציב אותו בתמונה הרחבה של היחסים הבינלאומיים בתקופתו.
למהדורה העברית הוסיפו המחברים תת פרק חדש, הפניות לתעודות שהתגלו באחרונה והקדמה מיוחדת, ולפיכך הגרסה הזאת היא השלמה והמעודכנת ביותר של הספר, שהופיע בראשונה בספרדית בשנת 1999 ומאז תורגם לשפות אחדות.
טרז זריהן-דביר-ספרי לי… אימא על המלאח במרקש-פרוסת הלחם החומה

פרוסת הלחם החומה
החורף היה בעיצומו. הגשם הפך את מבוכי המלאח לנחלים קטנים ששצפו וקפצו מעל אריחי רצפת הרחובות. אנו הבנות נהגנו להתהלך בראשינו חשופים תחת הגשם כדי ששערנו יתחזק ויארך כמו צמחי בר. למזלנו הטוב החורפים במרקש אינם קרים מדי, ולמרות זאת, הבילויים שלנו תחת גשם שוטף הסתיימו תמיד בשפעת. אחדות מאתנו לקו בדלקות בגרון ובנזלת, אך מה לא יעשו בנות למען היופי?
יום אחד, בסיום השיעור בכיתה, הטמפרטורה צנחה באופן מפתיע ומזג האוויר הורע במידה כזו שאף אחד לא העז לחצות את מפלי הגשם. ללא מטרייה או כובע, היה ברור לחלוטין שיהיה זה טירוף לנסות ולצאת מתחת לגג הרופף של חדר האוכל בבית ספרנו, שם מצאתי מקלט.
השומר הרחום לא תבע ממני לעזוב את המקום. לצדי עמדה ילדה נוספת בגילי שחיכתה גם היא שהסופה תשכך מעט לפני שתמהר למעונה.
פתחתי את הילקוט שלי ומשכתי ממנו כריך שסבתי הכינה באהבה ו״השחילה" בין מחברותיי לפני צאתי לבית הספר. שתי פרוסות לחם לבן רכות מרוחות בחמאה ודבש. הייתי רעבה וללא היסוס נעצתי בהן את שיניי. הסבתי את ראשי לעבר הילדה שעמדה לידי וראיתי שהיא מביטה בי בעיניים לוהטות. חדלתי לזלול, חציתי את הכריך לשניים והגשתי לה מחציתו.
"מתחלקים, לא?" אמרתי בחיוך.
"מעולם לא ראיתי לחם כה לבן כמו זה שלך", אמרה לי והושיטה את ידה כדי לקחת את הפרוסה.
"איך זה? זהו הלחם היחיד שאני מכירה מאז ומתמיד", השבתי לה. "יש סוגים אחרים של לחם?"
"זה הלחם היחיד שאני מכירה", אמרה הילדה ושלפה מילקוטה כיכר קטן של לחם שחור ומוצק.
"אפשר לקבל ביס?" ביקשתי בסקרנות.
"בוודאי", ענתה והעבירה לי נתח מהמנה שלה.
גיליתי שלחם זה היה קשה כאבן ורק לאחר מאמץ ניכר הצלחתי לבצוע פיסה ממנו. לאחר שנעצתי בו את שיניי התחלתי ללעוס במרץ רב. צריך להודות שהלסתות שלי לא היו כלל רגילות למאמץ ניכר זה. הילדה צחקה לנוכח תדהמתי והכוח שנדרשתי להפעיל. למרות זאת ועל אף שהיה כמעט בלתי אכיל, הלחם החדש מצא חן בעיניי מאוד. הבטתי בילדה שהחזיקה בידיה את שארית המנה שלה והצעתי להתחלף אתה. העסקה אושרה בהתלהבות.
"אם את אוהבת את הלחם שלנו, אוכל להביא לך כל יום מנה במקום הכריך שלך", הציעה לי הילדה.
"כן, כן, אשמח מאוד. ניפגש כל בוקר בשער בית הספר כדי להחליף כריכים".
במשך כחודש ימים לערך נמשכו ההחלפות. בכל בוקר עמדתי עם הכריך שלי מלחם לבן רך מרוח בחמאה ודבש ואותו מסרתי כנגד חתיכת לחם שחורה ויבשה.
ידידות תמימה התפתחה ביני לבין הילדה וסיפור ההחלפות הפך לשגרה ששתינו חלקנו.
סבתי הבחינה שהאדישות הרגילה שלי לכריכים שלה הפכה להתלהבות בלתי מובנת ובוקר אחד היא נעצה בי מבט חודר ושאלה: "נדמה לי שירדת במשקל. האם כריך אחד מספיק לך או כדאי שאכפיל את המנה?"
"כן, ממה, יש לי יותר תיאבון בימים אלה וכריך אחד בהחלט לא מספיק לי", עניתי לה בחופזה.
"אני מעדיפה להאמין שאת אוכלת את הכריכים ולא מנדבת אותם לחברייך. מהיכרותי אתך, דבר זה לא יפתיע אותי כלל", אמרה בטון חמוץ.
"לא לא", מיהרתי להרגיעה. "אני רק גדלה, ממה."
"מובן מאליו", השיבה והחליקה שני כריכים אל תוך ילקוטי.
בשער בית הספר מסרתי את שני הכריכים לילדה ונטלתי במהירות את חתיכת הלחם השחור שלה.
למחרת בבוקר מצאתי את חברתי יושבת על ספסל ומחכה. לפני שפתחתי את הילקוט כדי להוציא את הכריכים, היא נעמדה ומלמלה, נבוכה : "אמי מבקשת להכיר אותך. היא מזמינה אותך אלינו, האם תסכימי? תוכלי לחלוק אתנו ארוחת צהריים", הציעה.
"בשמחה", עניתי מיד.
בתום הלימודים פגשתי את חברתי והלכנו יד ביד לכיוון ביתה. משפחתה התגוררה בחלקו המזרחי של המלאח, בחדר שכור. מצבם הכלכלי היה ללא ספק ירוד והשתקף במידה רבה בילדים הרזים ובריהוט הבסיסי שבבית המגורים.
אמה של חברתי החדשה הביטה בי לרגע ואחר כך הזמינה אותי לשבת על הרצפה, במעגל שיצרה להקת הילדים סביב קערה גדולה. היא עודדה אותי להתכבד הישר מין הקערה, אשר הייתה מלאה בסוג כלשהו של מרק לבן ובתוכו ערמה של קרוטונים. כולם נעזרו באצבעותיהם, ואני שמחתי לחקות אותם.
לתדהמתי, המרק היה טעים להפליא. מעולם לא ידעתי מה הוא הכיל, אבל לאחר טעימות ספורות, הרגשתי שבעה ונפוחה כבלון.
"תודה על שהזמנתם אותי. התוכלי, בבקשה, להגיד לי ממה עשוי המרק המדהים שלכם?" שאלתי את האם. "ברצוני לבקש מסבתי שתכין לי מרק כזה בבית. זהו המרק הטעים ביותר שאכלתי אי פעם".
מעולם לא הבנתי מה אמרתי או עשיתי לא נכון, כי ללא ספק הצלחתי להרגיז אותה.
"את המרק אנו מכינים מלבן ופירורי לחם שחור, אותו תפריט של העני והאביון, מאותם גרגירי חיטה שמהם אנו אופים את לחמנו מדי יום. קשה לי להבין איך את מוצאת אותו טעים ומהנה. בכל זאת, אם מזון ירוד זה הוא לטעמך, בואי נגיד שאני מאחלת לך מכל הלב שלחמך יהיה שחור וקשה כמו זה של העני ושיהיה למנת חלקך לכל חייך".
ניצוץ שטני חלף בעיניה, מלווה בטיפה של ארס. התקשיתי לפענח את פירוש הברכה או הקללה שזכיתי בה ממנה. חברתי קמה וללא אומר תפסה את ידי וכיוונה אותי אל היציאה.
"זו התנהגות אופיינית של אמי בימים הקשים. אנא, אל תקבלי את מה שהיא אמרה ברצינות".
היה לי ברור שהיא הצטערה על הצורה המבישה שבה הסתיים ביקורי. בתום מספר תודות מנומסות ברחתי משם.
לאחר יום אומלל זה חברתי הפסיקה לחכות לי בבקרים ומאז לא ראיתיה עוד.
כעבור מספר שנים, בבגרותי, תיארתי לסבתי את האירוע המוזר. דבר זה הכה בה ותגובתה המידית הייתה לגשת לרשעית זו ולהטיף לה מוסר, אך לבסוף היא בחרה לא לעשות דבר למען שלוותי… בחלוף מספר דקות היא נרגעה ומלמלה בצער: "העוני רוב הזמן מעוות את לבו של האדם."
טרז זריהן-דביר-ספרי לי… אימא על המלאח במרקש-פרוסת הלחם החומה
צלב הקרס בארצות המערב-משה חיים סויסה.

עליית היטלר לשלטון בגרמניה, גרמה לתדהמה ולגינויים חריפים בקהילות היהודיות במרוקו. גם בקרב אותם יהודים שכמעט ולא נחשפו להשפעות העולם המערבי, עלייתה המבהילה של צורת אנטישמיות לא מוכרת זו, הביאה לדאגה רבה ולהעלאת תחושת הזדהות עמוקה עם אחיהם הנרדפים במדינות אירופה. רבים הקדישו זמן לתפילה ולצום, בציפייה לנס. הם ראו בהיטלר את המן של הזמן החדש. חכמי הקהילות חיברו תפילות מיוחדות שהוקראו בבתי הכנסת להצלת אחיהם בגרמניה.
וכך גם יהודים שהתגוררו בערים הגדולות במרוקו, שכבר נחשפו לאורח החיים המערבי, בפרט בקזבלנקה, הגיבו במחאה ובהכרזת חרם כלכלי. בדרך זו הם הצטרפו לגינוי העולמי נגד גרמניה הנאצית, ולחרם הכלכלי עליה. אלא שסיכויי ההצלחה של מחאה מעין זו היו מלכתחילה מוגבלים, בעיקר בשל יחסיה הטובים של צרפת עם גרמניה במרוקו באותה התקופה.
בקזבלנקה, ברבאט, בפאס ובמכנאס, אורגנו אספות המוניות. ביום א' בניסן ה׳תרצ״ג(28 במרץ 1933), התכנסה אסיפה גדולה בקזבלנקה, במסגרתה השתתפו כ־3,000 איש מכל הארגונים והעמותות היהודיות. בתום הנאומים והדיונים, קיבלה האסיפה את ההחלטה הבאה: "נציגי העמותות היהודיות בקזבלנקה, שהתכנסו באסיפת מליאה בנוכחות ראשי הדת וראשי הקהילה, מביעים את מחאתם הגדולה נגד מעשי האלימות כלפי יהודי גרמניה. לכך הוחלט על הפסקת כל קשרי מסחר עם גרמניה, ועל חרם נגד הסחורות הגרמניות בכל האמצעים, כל עוד יימשכו מעשי האלימות האנטישמיים. כמו כן החנויות ייסגרו למשך שעה, כאות אבל". החלטה זו התקבלה על ידי הקהל הרב במחיאות כפיים.
שבוע לאחר מכן הצטרפה עיר הבירה למחאה. ברחובות רבאט הופץ כרוז הקורא לכלל התושבים להצטרף למחאה ולחרם על המוצרים הגרמניים: "גרמניה של המאה העשרים נסוגה לזמנים הברבריים, היא רודפת עכשיו את יהודיה, מיעוט חסר ישע. אנו פונים אל הצרפתים שבמרוקו! אל המוסלמים והיהודים: אל תקנו דבר מהגרמנים כל עוד היטלר והאספסוף האנטישמי שלו לא יפסיקו עם מעשי העושק שלהם".
הפגנה בממדים חסרי תקדים נערכה בבית קולנוע רנסנס, ובה השתתפו יותר מ־2,000 יהודים. רבי רפאל אנקאווה, ראש בית הדין הגדול, דיבר לפני הציבור על תדהמתו הגדולה מכך שחוזרים לתקופת הברברים שקודם כיבוש הצרפתים, בשנאה העזה לאומה היהודית. אחריו נאם ראש ועד הקהילה, יצחק עבו, שביטא את תקוותו לראות את האנושות כולה מתקוממת כנגד הברבריות הנאצית, והדגיש את הצורך הדחוף בחרם. אחד הנואמים הנוספים, גסטון ברוך, תעשיין יהודי ממוצא איטלקי, הודיע כי מפעלו ביטל זה עתה הזמנה מגרמניה בסכום של חצי מיליון פרנק. הקהל מחא כפיים.
החרם הופעל תחילה רק בערי החוף, ומשם התפשט בהדרגה לכל המדינה, כולל לאזור הספרדי ובטנג׳יר. ביום ח׳ בניסן ה׳תרצ״ג (4 באפריל 1933), דיווח קונסול גרמניה בלראש: "כבר עשרה ימים שהיהודים מחרימים סחורות גרמניות, חנויות גרמניות וספינות גרמניות, בעוד שכ־80 אחוז מהמסחר הגרמני במרוקו היו עד כה בידי סוחרים יהודים״.
גרמניה חששה מהשלכותיו המזיקות של החרם, ולחצה על השלטון הצרפתי שבמרוקו לשים לו קץ בטרם יתגבר. מעבר לכך, ברלין לא יכלה לסבול שמרוקו המדינה שעד תחילת 1910 ניהלה עם צרפת תחרות על השליטה בה, עתה תהיה היא המדינה היחידה שתהיה סגורה כלכלית בפניה. ומנגד, צרפת ביקשה אף היא שלא לדרדר את יחסיה עם גרמניה. על כן הורה הנציב העליון במרוקו בתקיפות לראשי הקהילה היהודית, לשמור על פרופיל נמוך. לבקשה זו צירף אף את חששו, שיימנעו מכך היהודים כדי שלא להכעיס את האוכלוסייה המוסלמית המקומית, שלא הייתה רגילה לראות את היהודים נוקטים בפומבי עמדה בסוגיות ציבוריות.
בשל לחץ הנציב העליון, וההתלהבות המועטה שגילו הסוחרים היהודים הגדולים בתמיכה בחרם, דעך החרם. לא הועילו גם הקריאות החוזרות ונשנות של השבועון הציוני ׳לאבניר אילוסטרה׳ לשמר את החרם, כמו למשל במאמר המערכת מיום י״א בחשוון ה׳תרצ״ג(31 באוקטובר 1933): ״כל מוצר גרמני צריך להבעיר את ידינו, כל פרנק שבו אנו מעשירים את הרייך הגרמני הוא כדור שיִיַרֶה באחינו. על ישראל להוכיח לעולם כולו שהסולידריות היהודית אכן קיימת".
מאוחר יותר, כשפלשו הגרמנים הנאצים לפולין, ביום י״ז באלול ה׳תרצ״ט (1 בספטמבר 1939), פרסם מחבר הקונטרסים השנון, יצחק דוד כנפו, מורה ומשורר מהעיר מוגאדור, את הספרון ׳מעללי היטלר; כדי לעורר את יהודי מרוקו למודעות לזוועות המשטר הנאצי ולסכנה שהוא מטיל על כלל העם היהודי, ולא רק על יהודי גרמניה. יצחק התוודע לאופיו המתועב של המשטר הנאצי בעת לימודיו בצרפת וסיוריו באירופה בסוף שנות השלושים. הוא הוציא את הספר ב־2,500 עותקים שהופצו בעיקר בעירו, ולא זכו להד מחוצה לה. על שער הספרון צייר את היטלר בלעג. תחת לחץ של ראשי הקהילה, השמיד יצחק בזמן המלחמה את כל העותקים הקיימים, ועבר מבית לבית לאסוף אותם, מחשש לפעולת תגמול של שלטון וישי. עותק אחד ששרד, התגלגל לקרוב משפחתו ידידי הסופר אשר כנפו, שהניח אותו למשמרת במכון השואה ׳יד ושם׳.
בתקופה זו, האנטישמיות והשנאה כלפי יהודי מרוקו הלכה וגברה. צורם היה קולו של השבועון הערבי ׳לה וואה נאסיונאל', מיסודו של עבדללטיף סביחי, לאומני מהעיר סאלה, שאימץ את הסיסמאות הארסיות ביותר של האנטישמיות האירופית. הוא האשים את היהודים ב״טפילות, בהשתלטות מסיבית על מקצועות חופשיים על המשרות הטובות ביותר". עיתון זה סבר שכך הם מונעים עבודה מהמוסלמים המשכילים, ודנים את ההמונים המוסלמים לעוני בשל ״ריבוי היהודים בשירותים, השתלטותם על ענפי המסחר ובהתרבותם המרקיבה בכל ענפי הפעילות של ארצנו״. המאמר מסתיים בקביעה ש״זאת מדיניות גרועה לרצות לבנות מדינה מוסלמית בעזרת מיעוט יהודי״.
״היהודים רוששו את הערבים״, שח עבדללטיף סביחי באוזני חבריו. ״הם התעשרו על חשבונם בזכות ידיעת השפה הצרפתית. הם לעולם לא מיהרו ללמוד ערבית, שפת המדינה שבה נולדו, וכדי ללעוג לנו עוד יותר הם אפילו עושים עצמם שאינם דוברים שפה אחרת זולת הצרפתית. אבל אל דאגה, אנו נתפוס אותם בקרוב וננקום בהם. בכל מקרה היו בטוחים שאז לא נשאיר להם דבר – גם לא את החולצה שהם לובשים״…
כתגובה לדבריו, נכתב בעיתון ׳לוניון מרוקן׳ של אנשי כי״ח, ביום ד׳ באלול ה׳תרח״צ (31 באוגוסט 1938), כי על השלטון הצרפתי לנקוט צעדים נגד התפרצות השנאה. ״נדהמנו מאוד כשקראנו את הגיליון האחרון של ׳לה וואה נאסיונאל׳. זאת ממש גרסה מרוקאית של הצהובון הנאצי המסית ׳דר שטורמר׳ שבגרמניה. לפי דעתנו הגיע הזמן ששלטונות המדינה יתייחסו ברצינות למקרה ויצאו מאדישותם, נוכח ההסתה לשנאה וליבוי סכסוכים בין קבוצות שעד כה חיו בהרמוניה מושלמת״.
ביום ט׳ בניסן ה׳תרח״צ (10 באפריל 1938), השמועה פשטה בקרב הקהילה היהודית בפאס, כי הסולטאן עומד להגיע לביקור בעיר הבירה הישנה. על פי הנוהג, התייצבו חברי ועד הקהילה בפאס והעומד בראשה מימון דנאן, רבני העיר ונכבדיה, בקרבת המלאח, כדי לקבל את פניו של הסולטאן. השיירה התקרבה, ולאחר שבירכו אותו הנציגים המוסלמים, התקדמה המשלחת היהודית כדי לנהוג כמותם. אלא שרכב הסולטאן התניע במהירות, והשאיר את הנציגים היהודים נבוכים ומושפלים… היהודים ראו בכך עלבון שנועד להשפילם ותוכנן מראש. כולם זכרו את הפעם הקודמת שאירע להם כך, בשנת 1934, כשמשלחת קהילה מפאס נדחפה בגסות, באותה צורה, בשעה שבאה לברך את הסולטאן. מאוחר יותר התברר כי הייתה זו אי־הבנה מצערת, יוזמה חפוזה של נהג רכב השרד, אולם לא היה בכך כדי לפייס את הקהילה היהודית שהושפלה ולהרגיע את חששם, שכן אווירת התקופה תרמה אף היא לכך.
בשנת ה׳תרצ״ט (1939), גויס יהודי בשם בן סימון כעובד זמני בדואר בעיר מזאגאן. בעקבות כך החלו מחאות זועמות של אזרחים צרפתים, והנציבות הצרפתית ששלטה במרוקו והטילה עליה את חסותה, הזמינה לבירור את ראש שירות הדואר כדי שיסביר כיצד קרתה ה׳תקלה׳. ראש הדואר התנצל והסביר כי בן סימון היה המועמד הראוי היחיד, ומיהר להוסיף: "משרדי אימץ את הכלל לא לקבל מועמדים יהודיים, אלא אם אין כלל מועמדים מוסלמים או צרפתים בעלי כישורים מספקים״. ראש שירות הדואר הזדרז לפטר את בן סימון ביום י״ז בסיוון ה׳ת״ש (23 ביוני 1940), מספר חודשים לפני שנחקקו חוקי וישי הידועים לשמצה, שנועדו בין היתר להרחיק את היהודים מכל עמדה ומעמד ציבורי.
דרמה נוספת אירעה במכנאס. פעילי המפלגה הקיצונית ׳המפלגה החברתית הצרפתית׳, שהייתה פעילה במיוחד במרוקו, פיזרו כרוזים והדביקו כרזות בליל י׳׳ז באייר ה׳תרח׳׳צ (18 במאי 1938). על חלונות הראווה של העסקים בבעלות יהודית נראו כרזות באותיות בוהקות: ״חנות יהודית, חנות של מנצלים״, ״הקהילה היהודית מחזיקה ביותר ממחצית עושרנו״, ״מקור הון היהודים בגניבה וניצול, ויש להפקיע אותו ולהחזיר אותו לעובדים הצרפתים״, ״לקנות אצל יהודים זה למוסס את המסחר הצרפתי!״. העירייה מחקה את הכתובות, והשקט כאילו הושב על כנו.
אירוע אנטישמי נוסף, ביום כ״א בניסן ה׳תרצ״ט(10 באפריל 1939), ברחבת אל חדים – הכיכר המרכזית של המדינה, זיהו שני צעירים יהודים מקומיים את סימון פלאס, יהודי יליד מראכש, אשר להפתעתם הרבה היה לבוש כמוסלמי וקיבץ נדבות. הם הכירו אותו מביקורו האחרון בעיר חודש קודם לכן, כאשר בא למכור ספרי קודש וספרתי ׳קסידות׳ ביהודית ערבית ובאותיות עבריות היוצאים לאור בקזבלנקה. התברר שסימון התאסלם כמפלט מהמצוקה הכספית שבה היה נתון. הצעירים היהודים לעגו לו והקניטו אותו על השכר הזעום שאסף מהמרת הדת המבזה. סימון, בשמו החדש עבדלה בן חאג׳ לאחוסין, החל לקרוא למוסלמים שבסביבה לעזרה, בטענה שהצעירים מקללים את האסלאם ומבקשים לגרור אותו בכוח למלאח כדי להורגו. השמועה התפשטה בקרב האלפים שנכחו בכיכר המרכזית. חיילים מוסלמים בחופשה שנכחו באותה עת בכיכר התנפלו על שני הצעירים, ואלה נמלטו אל עבר תחנת המשטרה. החיילים, ובעקבותיהם ההמון הרגיל של חסרי המעש וסבלים, כאילו רק חיכו לאות, עטו על המלאח. הם בזזו, הציקו לעוברי אורח ותקפו בתים. במהרה הצטרפו אליהם מפגינים מכל שכונות העיר. עדים דיווחו כי אמבולנסים צבאיים עברו בשכונות ואספו את החיילים.
למרות הקריאות הנואשות, לא התערבו כוחות הביטחון, אלא באיחור רב. השקט חזר רק לאחר רדת הלילה. שני יהודים ־ אלי אמסלם ופריחה אברג׳ל, נהרגו בעת המהומות. 34 יהודים נפצעו, ודינר אסייג נפטר מאוחר יותר מפצעיו. הנזק לרכוש נמדד בעלות של למעלה ממיליון פרנקים. החשד התחזק כי מדובר בפעולה מתוכננת מראש.
״על פי העדויות שנגבו היום״, סיפר מורים לוי, יהודי ממוצא אלג׳ירי שהיה עד למהומות, ״אפשר לומר בוודאות כי סיפור היהודי שהתאסלם לא היה אלא תירוץ למהומה שאורגנה בעוד מועד. התקריות גרמו למותם של שלושה אנשים. שבעה בתים ושמונה חנויות נהרסו כליל. תמוה בעיני כי האמבולנס הצבאי, שתפקידו היה להציל את הפצועים, שימש לאיסוף החיילים והוביל אותם למקום מעלליהם״.
בתחילת שנת 1940, נדמה היה עדיין כי המלחמה מתנהלת ביבשת אחרת. אך יהודי מרוקו עברו התפכחות מכאיבה. נציגי הקהילה הגיעו לארמון ברבאט, כדי לאחל שנה טובה לנציב העליון מטעם צרפת. בכניסתם פגשו את הגנרל נוגס, שפלט לעברם: ״אבקש מכם להשתדל שבני בריתכם לא ינצלו את המלחמה כדי להתעשר!״…
בעיר אוז׳דה, הופצו כרוזים והודבקו כרזות על חנויות השייכות ליהודים: ״כאן עסק של יהודי, עסק של נצלנים", ״עובד, אויבך הוא היהודי. הוא מנצל אותך ומרושש אותך, הוא בונה את הונו המתועב על מצוקתך". ראש העיר הוסיף וקבע, כי מעתה ייאסר על הקבצנים היהודים לשוטט ברחובות, וכן ייאסר על בני הנוער היהודים לטייל במוצאי שבת ברחוב הראשי של העיר.
צלב הקרס בארצות המערב-משה חיים סויסה.
עמוד 218
Une nouvelle Seville en Afrique du Nord-Debdou-Une miniature de Jérusalem.

Les Musulmans et les Juifs de Debdou prétendent que la Kasbah aurait été construite par les Romains. Ils confirment l’existence, au-delà de la Gada, de mines de cuivre qui auraient été exploitées déjà dans l’Antiquité. Toutefois, les murs de la Kasbah sont en pisé et ne diffèrent pas beaucoup du type des forts berbères de l’époque de la Splendeur des Mérinides.
Le seul problème intéressant pour l’archéologue est l’existence, près de la Kasbah, d’un fossé et d’une galerie souterraine taillés dans la roche, s’enfonçant jusqu’à environ 30 mètres de profondeur, qui aboutirait à une nappe d’eau.
Il est évident que la population actuelle de Debdou ne serait pas capable d’exécuter un travail aussi compliqué.
Quoiqu il en soit, il est certain que, depuis I'epoque historique, Debdou a presque toujours été un centre important du Judaïsme. La population juive, de beaucoup la plus nombreuse autrefois, fut particulièrement éprouvée par les troubles de ces derniers temps; elle constitue encore les deux tiers de la population de la ville, sans compter les diverses colonies de Juifs de Debdou qui se trouvent dispersés en Algérie et dans la plupart des nouveaux centres espagnols et français.
Ce caractère juif de Debdou avait déjà frappé, en 1885, M. de Foucauld qui consacra au Mellah de Debdou les lignes suivantes :
«La population de Debdou présente un fait curieux : les Israélites en forment les trois quarts; sur environ 2,000 habitants, ils sont au nombre de 1,500. C’est la seule localité du Maroc où le nombre de Juifs dépasse celui des Musulmans.
Debdou est le premier point que je rencontre faisant un commerce régulier avec l’Algérie; un va-et-vient continuel existe entre cette petite ville et Tlemcen. Les négociants israélites y cherchent les marchandises qui, ailleurs, viennent des capitales marocaines ou de la côte; ils les emmagasinent chez eux et les écoulent peu à peu sur place et dans les marchés du voisinage. Debdou a quelques relations avec Fès et Melilla. Mais ses seuls rapports sont avec l'Algérie.»
Au point de vue économique, l’activité des Juifs de Debdou présente un réel intérêt. Cependant, on a certainement exagéré l’importance commerciale de ce marché. On sait qu’il devait être ouvert aux commerçants d’Algérie par une clause spéciale des traités conclus entre la France et l’Empire chérifien au commencement du siècle. L’intérêt économique de Debdou ne tient pas tant à sa situation géographique, puisque Debdou se trouve en réalité en dehors de la grande vallée, qu’à l’activité de sa population juive. Cette activité, depuis plusieurs siècles, s’est développée là, à l’abri des attaques et des pillages qui étaient continuels dans les vallées et les régions ouvertes de la Moulouya.
Il y a parmi les Juifs de Debdou quelques bijoutiers, tailleurs et tisserands. Les femmes excellent aux travaux de tissage et de broderie. On fait aussi à Debdou quelques ouvrages de maroquinerie. Un certain nombre de familles aisées possède de beaux jardins de rapport dans les environs de la ville. L’élevage du mouton dans les environs est également florissant. Le marché de Debdou se tient le jeudi; il est réservé aux tribus de la région proprement dite. C’est la place de Taourirt qui, depuis l’Occupation française, est devenue le rendez-vous où tous les marchands de la région de la Moulouya se réunissent chaque lundi. Rien de plus pittoresque que ces centaines de Juifs qui, tous les dimanches, descendent en caravanes sur des mulets et des ânes chargés de marchandises. On y voit des hommes barbus habillés du caftan noir propre aux Juifs espagnols, ou tout simplement d’une gandoura, et coiffés d’un fez ou bien d’un foulard, seule coiffure permise aux Juifs, en certains points de l’intérieur; des garçons d’assez bel aspect, aux yeux très vifs, avec de longues boucles noires tombant sur les joues. Enfin des femmes, souvent très jolies, mais souvent aussi prématurément fatiguées, se présentent avec la coiffure haute couverte d’un mouchoir aux deux bouts en pointe, qui est particulière aux Juives du désert marocain. À Debdou même, le type général des juifs est un beau type espagnol.
Bien que les maisons ne brillent pas de propreté, l’aspect extérieur du Mellah est assez riant et rappelle, dans une certaine mesure, le Mellah de Tétouan. Il compte une quinzaine de synagogues et d’oratoires; mais, à part une ou deux dont le type se rapproche des synagogues de Tétouan, les autres sont plutôt des salles ordinaires, consacrées par les habitants aux besoins du culte. Voici les principales : Chenouga׳ des Oulad Bensoussan (la plus importante); Chenouga ed- Dougham des Cohen (qui donna lieu à de longues querelles, les Cohen s’étant refusés à y admettre les Juifs du commun); Chenouga Barmalil; Chenouga Bousseta; Chenouga Ben Guigui; Chenouga Ben Hammou; Chenouga Oulad Mechid; Chenouga Es-Sabban, etc.
Chenouga d’Esnoga, en portugais = synagoga. Les Juifs arabes disent Sla.
Cette liste montre que chaque fragment de population a son sanctuaire. Car la population juive de Debdou présente cette particularité, qui lui est d’ailleurs commune avec celle de Djerba, d’être subdivisée en plusieurs tribus ou plutôt en clans ayant chacun son quartier, ses synagogues et ses traditions et vivant, depuis des siècles, dans un état d’antagonisme social qui se manifeste par des conflits presque permanents.
Parmi ces tribus, celle des Cohen Scali, la plus nombreuse, compte environ 150 pères de famille (70 familles) " et s’attribue une illustre origine aaronide. Les démêlés des Cohen avec leurs voisins les Marciano (environ 100 pères de famille et 40 familles) sont devenus célèbres dans le monde juif depuis le dix-septième siècle. Et les petites factions telles les Oulad Ben Guigui, les Oulad Marelli, les Oulad Ben Hammou qui ne peuvent pas prétendre à une haute origine, embrassent les querelles des Marciano contre les Cohen, si bien que l’équilibre numérique entre les deux leffs, semble être maintenu. Quant aux Oulad Bensoussan, qui sont eux-mêmes le descendants d’une illustre famille rabbinique, ils restent presque toujours neutres et forment un clan à part. Dans ces conditions, la plus grande synagogue, qui est en quelque sorte le centre officiel de la communauté, se trouve située dans le quartier des Bensoussan.
Cette tendance au fractionnement, qui caractérise les habitants juifs de Debdou, se manifeste un peu partout : dans la vie religieuse, dans la vie sociale et même dans la vie politique. De tout temps, le «leff» des Marciano se refusa à subir la tyrannie des Cohen Scali; ils leur disputèrent depuis la destruction de la Kasbah Dar Ben Mechâal en 1680, le terrain qu’ils occupent à Debdou et ne voulurent jamais se résigner à leur être soumis, en dépit de l’illustre origine invoquée par les Cohen Scali.
On verra, au chapitre consacré à l’histoire de Debdou, quel degré de violence atteignaient les passions rivales des deux factions dominantes de Debdou, dans les moments de troubles surtout; très souvent on en venait aux mains; dans la plupart des cas, les tribunaux rabbiniques de Fès et de Jérusalem parvenaient à établir une paix précaire seulement.
A l'époque de la domination du Rogui, les Marciano, pour exaspérer leurs adversaires dont le chef David ben Hïda s’était fait l’agent du Prétendant, ne trouvèrent rien de mieux que de proclamer Moulay Hafid sultan à Debdou.
Heureux encore qu’il n’y ait eu, dans cette population juive de Debdou que deux grandes factions! Si les Cohen Scali sont aaronides ou prêtres d’origine noble, tous les autres Juifs de Debdou sont des israélites vulgaires et descendants des deux tribus laïques d’Israël. Si les Lévites qui, eux aussi, se réclament d’une origine antique plus ou moins sacerdotale, étaient venus se mêler à ces querelles, on peut imaginer à quel point la situation aurait été intenable et plus difficile encore!
Seulement ici, comme dans la Hara Zghira de Djerba, la cité des Cohen et du sanctuaire dit la Ghriba (la Solitaire) célèbre dans tout le Judaïsme africain, les Aaronides semblent avoir pris les devants pour prévenir à tout jamais l’établissement des Juifs descendant de la tribu de Lévi. Ils proclament qu’aucun Lévite ne saurait impunément fouler le sol de Debdou (ou de Djerba), ce sol étant entièrement consacré aux Cohen( ?). Quiconque enfreindrait cet ordre serait frappé par YHWH d’une mort certaine. Il y a là, sûrement, la trace de croyances fort anciennes, antérieures à l’établissement du culte rabbinique, puisque ce dernier a aboli toute distinction de caste chez les Juifs en Afrique. Mais comment concilier ces données avec la tradition, qui semble authentique, de l’origine espagnole des Cohen Scali? Une fois de plus, nous sommes amenés à penser que le Judaïsme primitif de l’Espagne ne devait pas différer essentiellement de celui de l’Afrique et que l'évolution européenne des Juifs espagnols ne s’est accomplie que sous la domination chrétienne.
Quoi qu’il en soit, il est acquis que le différend suranné entre Cohen et Israélites, déjà condamné en Afrique par les rabbins des écoles babyloniennes du dixième siècle demeure encore à Debdou un facteur de dissensions et de conflits qui pèse lourdement sur la vie sociale de la communauté.
Une nouvelle Seville en Afrique du Nord-Debdou-Une miniature de Jérusalem.
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אַזְכִּיר חַסְדֵי אֵל, צוּרִי מִשְׂגַּבִּי-רבי דוד בן אהרן חסין-פייטנה של מרוקו-אפרים חזן ודוד אליהו (אנדרה) אלבאז

20 – אזכיר חסדי אל צורי משגבי.
לחולה שנתרפא. שיר מעין אזור בן תשע מחרוזות ומדריך. בכל מחרוזת ארבעה טורים, שלושה יטורי סטרופה וטור אזור אחד. הפיוט בנוי על מזמור קז בתהילים.
חרייזה: א/ב/א/ב גגגב דדדב וכו׳.
משקל: עשר הברות בכל טור.
כתובת: פיוט שיר ושבח יסדתי בחלותי חולי גדול ואחיה מחוליי. ספרתי שבחיו יתברך בלשוני. נועם ׳אל אשר יצרני בחכמה׳. סימן: אני דוד חזק.
אַזְכִּיר חַסְדֵי אֵל, צוּרִי מִשְׂגַּבִּי / הַחֲלִימֵנִי וְהַחֲיִינִי
אוֹדְךָ ה' כִּי אַנְפַתָּ בִּי / יָשֹׁב אַפְּךָ וּתְנַחֲמֵנִי
נֶאֶסְפוּ עָלַי רָעוֹת אֵין מִסְפָּר
וּכְאֵבִי נֶעְכָּר, נִבְאַשׁ וְנֶחְפָּר
5-עָד אֲשֶׁר שָׂחָה נַפְשִׁי לֶעָפָר
יָבֵשׁ כַּחֶרֶשׂ כֹּחִי וּלְשׁוֹנִי.
יַחַד חֻבְּרוּ בִּי צִנִּים פַּחִים
וְכָל עַצְמוֹתַי נָדִים, לֹא נָחִים
יִהְיוּ לְרָצוֹן בִּמְקוֹם זְבָחִים
10-לִפְנֵי אֶל אֲשֶׁר יַסֹּר יַסְרָנִי.
דַּלּוּ עֵינַי לְךָ אֶל גְּדוֹל עֵצוֹת
נוֹטֶה שָׂמִים רוֹקַע אֲרָצוֹת
רוֹפֵא כָּל בָּשָׂר מַפְלִיא לַעֲשׂוֹת
שִׁוַּעְתִּי אֵלַיִךְ וַתִרְפָּאֵנִי.
-15 וְכָל הַחַיִּים יוֹדוּךְ סֶלָה
חוֹלִים וְעוֹבְרֵי דֶּרֶךְ בִּמְצוּלָה
אֲסִירִים וְהוֹלְכֵי דֶּרֶךְ בִּמְסִלָּה
חַי חַי הוּא יוֹדֶךָ הַיּוֹם כָּמוֹנִי.
יְהִי חַסְדֶּךָ תָּמִיד עִמָּדִי
20-וְאַל תְּחַדֵּשׁ עֵדֶיךָ נֶגְדִּי
מְדֶבֶּר הַוּוֹת תִּסְגֹּר בַּעֲדִי
בְּצֵל כְּנָפֶיךָ תַּסְתִּירֵנִי.
דָּנַנִי וְזִכַּנִי צוּר חֵילִי
בְּיוֹם קָרָאתִי שָׁמַע אֶת קוֹלִי
25-הָפַךְ מִסְפְּדִי לְמָחוֹל לִי
פִּתַּח אֶת שַׂקִּי וַיְאַזְּרֵנִי
חֲכַם הָרָזִים יוֹדֵעַ פֵּשֶׁר
כָּל דְּרָכֶיךָ עַל קַו הַיּשֶׁר
אָכֵן בְּמִשְׁפָּט אוֹתִי תְּיַסֵּר
30-אַל בְּאַפְּךָ פֶּן–תַּמְעִטֵנִי.
זֹאת נֶחָמָתִי לִבִּי הִתְאַוָּה
לִשְׁמֹר דַּרְכֵי אֵל, כָּל אֲשֶׁר צִוָּה
אַל תְּבוֹאֵנִי רֶגֶל גַּאֲוָה
וְיַד רְשָׁעִים אֶל תְּנִידֵנִי.
35-קוֹל שִׁיר וּשְׁבָחָה הַלֵּל וּמִזְמוֹר
לְךָ אֶפְצְחָה דּוֹד, צְרוֹר הַמֹּר
וּבְדִבְרֵי קָדְשָׁךְ כָּתוּב לֵאמֹר
זוֹבֵחַ תּוֹדָה יְכַבְּדָנְנִי.
1.צורי משגבי: כינוי לאל, על־פי תה׳ סב, ג. החלימני והחייני: יש׳ לח, טז. 2. אודך… זמני: עך־פי יש׳ יב, א. 4. וכאבי נעבר: תה׳ לט, ג. כאבי נדלח ונעשה עכור, התגבר והתחזק. ש ונחפר: על־פי מש׳ יג, ה. 5. עד…לעפר: על־פי תה׳ מד, כו. 6. יבש…ולשוני: על-פי תה׳ כב, טז. 7. צנים פחים: מש׳ כב, ה, מכשולים ומוקשים הפוגעים בי. והשווה, כתובות ל, ע״ב ׳הכל בידי שמים חוץ מצנים פחים׳. 8.נדים ולא נחים: אני רועד כולי בגלל המחלה, והשתמש במונחי דקדוק באופן ציורי. 9. יהיו… זכרים: הדובר מבקש שייסוריו יתקבלו כקרבן וכזבח לפני ה׳.יסר יסרני: על-פי תה׳ קיח, יח. 11. דלו… עדות: על-פי יש׳ לח, יד, עיני נישאו בתפילה לקב״ה. 12. נוטה… ארצות: על־פי יש׳ נא, יג. 13. רופא… לעשות: מתוך ברכת ׳אשר יצר את האדם׳. שועתי אלין ותרפאני: תה׳ ל, ג. 15. וכל… סלה: על-פי ברכת ההודאה בתפילת העמידה. החיים: המלה ׳חיים׳ כוללת ראשי תיבות של החייבים בברכת ׳הגומל׳: חבוש, יסורין, ים, מדבר, ובהמשך הפייטן מונה את חייבי ההודאה. 18. חי… כמוני: על-פי יש׳ לח) יט, תפילת חזקיה לריפויו. 19.יהי… עמדי: על-פי תה׳ קיט, עו. 20. ואל… נגדי: על־פי איוב י, יז. עדין: היסורים המעידים נגדי. 21. מדבר הוות: על-פי תה׳ צא, ג, ועניינו מגיפה ומחלה רע. תסגור בעדי: מל״ב ד, כא. ועניינו תגן עלי. 22. כצל כנפיך תסתירני: על־פי תה׳ יז, ח. 23. צור חילי: כינוי לקב״ה, והשווה ׳בזכרי על משכבי׳ לי׳ אבן בלעם. 24. ביום קולי: על-פי תה׳ קלח, ג. 25-26. הפך…ויאזרני: על-פי תה׳ ל, יב. 27. חכם הרזים: כינוי לקב״ה. פשר: פירוש ומשמעות ליסורים הבאים על בני האדם. 29-30. אכן… תמעיטני: על־פי יר׳ י, כד, אל תייסר אותי כפי המגיע לי במשפט, פן תכלה אותי. 31. זאת נחמתי: על-פי תה׳ קיט, ז. 33-35. אל… תנידני: על-פי תה׳ לו, יב. 35. וקול… ומזמור: על-פי תפילת ׳ישתבח׳ ׳שיר ושבחה הלל וזמרה׳. דוד צרור המור: כינוי לקב״ה, על-פי שה״ש, א, יג. ובדברי… לאמר: על-פי לשון ה׳קדושה׳ ולשון התקיעתות. זבח תודה יכבדנני: תה׳ נ, כג.
Tehila le David -Andre E.Elbaz et Ephraim Hazan- Formation poetique de David Ben Hassine

– POEMES DIDACTIQUES
En tant que talmidei-hakhamim, les poètes marocains considèrent qu’il est de leur devoir de diffuser l’enseignement divin, ce qui les amène à écrire des poèmes didactiques, où ils présentent divers aspects de la halakha et de l’éthique juive. David Ben Hassine, qui fait maintenant partie de l’élite rabbinique de Meknès, compose plusieurs poèmes de ce genre: des admonestations, des incitations au repentir, au caractère pédagogique manifeste, où il censure l’orgueil, la médisance, le blasphème, le vol, la concupiscence, et notamment "ceux qui ne peuvent quitter des yeux les belles femmes", et "qui aiment à discourir avec elles!" Il condamne également la colère, l’usure, l’exploitation et l’humiliation d’autrui en général, l’envie et l’amour des honneurs, la dureté des riches et des puissants, et la profanation du Shabbat.
Téhilla Lé-David contient quatre piyyoutim sur "les treize articles de la foi", tels qu’ils furent codifiés par Maimonide. Ces quatre com- positions continuent la longue tradition d’hymnes rituels sur le même thème, selon le modèle du plus connu d’entre eux: "Yigdal Eloqim Hay". L’un d’entre eux suit de près la mélodie, les thèmes et même les termes du pïyyout populaire nord-africain "Mési’outo Vé-Ahdouto Vé-Ein Gouf'. On pourrait ajouter à ces pièces didactiques les piyyoutim décrivant les règles et usages des fêtes de Pessah, Shavou‘ot, Soukkot,^ Shabbat et ses traditions, y compris le riche menu du repas et la sieste qui le suit!
Deux longues pièces éducatives, Séfer Méqoman Shel Zévahim et Téfilla Lé-David, montrent l’étendue de l’érudition rabbinique de David Ben Hassine. Elles ont été écrites en vers, afin d’en faciliter la mémorisation. Le poète attache une grande importance à ces deux poèmes, qu’il considère, à juste titre, comme des oeuvres distinctes de Téhilla Lé-David, puisqu’il leur consacre deux livrets séparés du reste de son recueil, avec leurs propres frontispices, sans doute pour souligner leur caractère spécifique. Le grand spécialiste de la poésie hébraïque Hayyim Schirmann estimait que ces oeuvres halakhiques à vocation pédagogique n’appartenaient pas vraiment au domaine de la poésie.
SEFER MEQOMAN SHEL ZEVAHIM
David Ben Hassine a probablement suivi, à la yéshiva, des cours théoriques sur les lois de la shéhita, l’abattage rituel des animaux de boucherie. Une légende raconte que le poète composa son Séfer Méqoman Shel Zévahim, où il mit en vers les lois de la shéhita, parce qu’il voulait devenir shohet. Pour attendrir le dayyan Mordekhay Berdugo, dont la famille était seule titulaire de la sérara – le monopole héréditaire – de cette fonction, le jeune David chantait Méqoman Shel Zévahim tous les matins, à sa fenêtre. Impressionné par l’érudition, et la belle voix, du jeune poète, Mordekhay Berdugo aurait fini par lui accorder le privilège d’exercer la shéhita. La légende est touchante, mais peu conforme à la vérité. David Ben Hassine n’a écrit Méqoman Shel Zévahim qu’en 1785, vers la fin de sa carrière poétique. A l’âge de vingt ans, son talent n’était pas encore suffisamment affirmé pour pouvoir composer un poème aussi complexe. Enfin, à cette époque, il était loin d’être un inconnu pour Mordekhay Berdugo: il était son disciple depuis bien des années, et il venait d’épouser sa fille!
David Ben Hassine a composé ce poème didactique de 451 vers monorimes afin d’aider les étudiants à apprendre plus facilement les lois de la shéhita, "telles qu’elles furent édictées par les rabbins de Castille … et telles qu’elles ont été adoptées et mises en pratique dans la plupart des villes du Maroc". Notons que ces règles, adoptées au Maroc à l’arrivée des Expulsés espagnols, diffèrent en certains points, particulièrement dans le cas de la néfihat ha-ré’a (l’insufflation du poumon des animaux abattus), de la législation rabbinique du Shoulhan ‘Aroukh.
TEFILLA LE-DAVID (AZHAROT)
Le livret des Azharot de David Ben Hassine est intitulé "Téfilla Lé-David" (Prière de David). Les Azharot (ou admonitions), déjà intégrées à la liturgie à l’époque de Sa‘adia Gaon, au Xe siècle, sont des poèmes didactiques récités traditionnellement pendant la fête de Shavou'ot. En Afrique du Nord, les plus populaires sont celles des poètes classiques espagnols du Xle siècle, Shélomo Ibn Gabirol et Yishaq Ben Réouben Al-Bargeloni, qui énumèrent les 613 commandements, et que l’on retrouve dans la plupart des rituels des grandes fêtes.
Cependant certaines Azharot se limitent à l’exposé des règles concernant une fête particulière comme Pessah, ou une question rituelle spécifique. Ainsi, Téfilla Lé-David, de David Ben Hassine, composée "pendant le mois de Shevat 5547" (entre le 20 janvier et le 18 février 1787), est un long poème didactique de cent quatrains, consacré aux règles du Orah Hayyim, la première partie du Shoulhan ‘Aroukh, sur les activités du réveil, "les sisit et les têfillin, les prières du matin, et les treize articles de la foi". David Ben Hassine semble avoir été inspiré essentiellement par les Azharot de Yishaq Al-Bargeloni et par celles de Moshé Abensour. Le texte original des Azharot de David Ben Hassine comportait également, à l’origine, deux réshouyot, ou poèmes d’introduction, et un poème de clôture, absents dans les éditions d’Amsterdam et de Casablanca. Les descendants de David Ben Hassine ont maintenu jusqu’à nos jours la tradition de chanter ses Azharot pendant la fête de Shavou‘ot, dans la synagogue qui portait son nom à Meknès, puis, après sa fermeture vers 1960, dans la synagogue casablancaise Téhilla Lé-David, ainsi nommée en son honneur.
Tehila le David -Andre E.Elbaz et Ephraim Hazan- Formation poetique de David Ben Hassine
19/02/2022
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נשות חיל יהודיות במרוקו-אליעזר בשן-כתיבת ספרי תורה והדפסת ספרי קודש

תרומות להדפסת ספרים
נשים תרמו גם למימון הדפסת ספרים. להדפסת ספרו של הרב יעקב בן שבת, ״רוח יעקב״ – דרושים על התורה ולחגים (תרמ״א), תרמו ״הגביר שלמה יסאן וגם אשתו בת המנוח יצחק אביטבול״. למימון הדפסת הספר ״אות ברית קודש״, שחובר על־ידי הרב יוסף כנאפו ממוגדור(תרמ״ד), תרמה אישה בשם עיסא לזכר הוריה. נשים אחרות תרמו יחד עם בעליהן: שלום פריזא ואישתו וכן אברהם פריזא ואישתו. בין התורמים ממוגדור למימון הדפסת הספר ״הוד יוסף״, חיבורו של הרב יוסף ארוואץ (תרס״ה) הייתה ״האישה רבת המעלות, הגברת היקרה ס׳ חנינה אפריאט תמ״א (תבורך מנשים אהל), לא יכבה בלילה נרה״. ובין יהודי רבאט היו ״יעקב די רפאל בן עטר ובני ביתו והגברת סיניורה חנה אלמנת המנוח רפאל״.
להדפסת הפיוטים והבקשות לחול ולשבת, שנהגו לאומרם בתיטואן, ולהדפסת פיוטים אחרים, שחיבר הרב יעקב כלפון(״יגל יעקב״, תר״פ), תרמה ״האשה רבת המעלות עושה מצות חבילות מרת דונה… נתנה לכסף מוצא לברך על המוגמר לעילוי נשמת בעלה הגביר המעולה יצחק ן' הרוש״, וכן ״מכסף הקדשים שהקדישה לזכותו פריחא אשת ר׳ יעקב אוחנא״.
בהקדמה לספר של הרב מימון בן רפאל בירדוגו ״לב מבין״(תש״א), שחוברה על־ידי הרב יהושע בירדוגו, נאמר: ״אזכיר מעלת נשים צדקניות במקנאס שתמכו בחברת ״דובב שפתי ישנים״.
ברשימת התורמים מקזבלנקה להדפסת ספרו של הרב שאול נחמיאש ״גבעת שאול״ (תרס״ה) מופיעה סעדא, אישתו של דוד סויסא, ואישה המתוארת כ״נכבדת אשה גדולה רבת המעלות יאקות״, שתרמה להדפסת ספרו של הרב יוסף בן הרוש, ״גביע יוסף״ (תרפ״ז).
להדפסת ספרו של הרב ראובן אג׳יני מצפרו, ״שפתי רננות״ (תשל״ג), תרמו אשת המחבר, רבקה לבית סקרון ״אשר תרמה מנה יפה למצוה גדולה זו״; אלעזר אג׳יני ואישתו סולטאנא לבית עזראן; הבנים, הבת רימונד, מזל טוב ובעלה, בנותיהם מרים ומסעודה, הנכדים ״זוהרא מלכא בעלה ובניה ובנותיה״ ועוד.
בהקדמתו של הרב שאול אבן דנאן לספרו ״הגם שאול״ (חלק שני, תשל״ז, 7) כתב החכם כך: ״תבורך מנשים, האשה החכמה, רבת המעלות הגברת סול, נדבה רוחה לעשות נחת לנפש היפה נשמת אישה כליל המדע ותפארת הבינה ר׳ אברהם אג׳ווילוס ז״ל נפשו תתעדן בעדן חביון עז האלקים ותהי צרורה בצרור החיים וזרעו לברכה…״.
למימון הדפסת שירי הרב יעקב בירדוגו, ״יגל יעקב השלם עם פירושו של הרב אברהם חפוטא, אברהם יגל״ (תשנ״ה), תרמו האחיות שרה וסוליקה אביחצירא ובראשן אמן׳ הרבנית מסעודה, ואילו חנה חניני זאוי אדהאן ״דירבנה והוזילה מכספה להדפסת״ המהדורה השמינית של ספרו של אביה, יחייא אדהאן, ״אני לדודי״(תשנ״ז).
תרומות לצדקה
בתיטואן עשתה אישה הקדש ממעשי ידיה בעת שבעלה היה במרחקים – כך כתב הרב ידידיה מונסונייגו מפאס (תשי״ב, אהע״ז, סימן פד. אישה שהקדישה את ביתה להקדש בית־הכנסת: שם, סימן קנב).
נשים בפאס התנו, שכספן שלהן בלבד והן רשאיות לתרום לצדקה. התשובה שנכתבה בשנת תרמ״א (1881) על־ידי הרב רחמים יוסף פראנקו, שהגיע לפאס כשליח מארץ־ישראל, הייתה:
״נדרשתי לאשר שאלוני ונמצאתי לחוות דעתי על טופס תנאים שהתנו איש וביתו בעיר
ואם בישראל פאס בפאתי המערב, וזה נוסחם אות באות. האשה אסתר הפרישה
מממונה סך גדול ושיירה אותם לעצמה והתנית על בעלה חיים שיהיו ידיו מסולקות
מהם ומפירותיהם ומפירי פירותיהם עד עולם. גם אם יפלו לה נכסים ממקום אחר ידיו
מסולקות מהם ומפירותיהם… עד עולם ורשאית היא לחלק מהם צדקות ומתנות לאביונים ולעשות כאשר תאוה נפשה ולא יכנסו לכלל חלוקה במיתת אחד מהם בשום אופן שבעולם אלא תטלם היא או יורשיה״(פראנקו, תרמ״א-תרס״ב, חלק ב, אהע״ז, סימן כא).
הרב פראנקו, יליד רודוס, עלה לירושלים בשנת 1868, כיהן בתפקיד רב בחברון ונשלח להיות שליח ארץ־ישראל לגולה: יערי, תשי״א, 744,698; גאון, תרפ״ח-תרצ״ח, ב, 568-567
אישה אחרת התנתה עם בעלה, שתתן מכספה לצדקה. הרב שלמה אבן דנאן, שפעל בפאס, כתב אודות התנאים, שהתנו ביניהם הבעל ואישתו בסוף הכתובה: ״האשה אסתר הפרישה מממונה סך גדול ושיירה אותה לעצמה כדין נכסי מלוג והתנית על בעלה חיים שיהו ידיו מסולקות מהם ומפירותיהן ומפרי פירותיהן עד עולם ורשאה איהי ושלטאה לחלק מהם צדקות ומתנות לאביונים(אבן דנאן, תרס״ו, סימן ו). בתשובה אחרת כתב אותו חכם על שתי נשים, רחל ושמחה, שהקדישו מכספן ״לעניי עירנו״(אבן דנאן, תרצ״א, סימן מו)
גמילות חסדים ועזרה לעניים
הרב יצחק אבן ואליד נשאל על־ידי ראשי הקהל בעיר קסר אלכביר בדבר מתנה, שנתנה אישה לחברת גמילות חסדים. התעורר ספק בדבר מועד ההענקה; האם נתנה אותה לפני נישואיה ואז אין בעיה שכן המתנה קיימת(אבן ואליד, תרל״ו, חלק ב, חו״מ, סימן קפז).
אמו של הרב חיים משאש נתנה לבעלה צמיד כסף, שניתן במשכון תמורת מזומנים, שהשיג להחזקת תלמידי חכמים עניים. הצמיד היה ממושכן במשך שלוש שנים (משאש, תש״ט/ב, דף רלז).
באותו מקור מסופר, שהבת שנולדה לזקנו מאישתו מירא היא ג׳אמילא, שנישאה לרב רפאל מאמאן מצפרו. היא ילדה לו בת, שהייתה חכמה במעשה רוקם, ומה שהרוויחה ממלאכתה הייתה מתכסה בו ובנשאר ״היתה קונה בו נפות וכברות לצורך גמילות חסדים״. כן עשתה צדקה וחסד לרוב בגופה ובמעשיה. היא נפטרה בליל יג בטבת תרס״ה (שם, דף רמה).
הרב ישועה עובדיה בן מסעוד מצפרו כתב על אסתר, אישתו של חכם, ועל נשים אחרות, שחילקו פת לעניים בשנת תרס״ו(1906) בעקבות שנת בצורת, שהביאה על האנשים מחסור(בהקדמה לספרו ״תורה וחיים״, ג׳רבה תשי״ב).
במכנאס הייתה חברה של נשים, שעברו בכל יום חמישי מבית לבית בלוויית גברים והכריזו בקול את המילה ״תמיד״, כשכוונתן להתרים מזון לנזקקים לקראת שבת. הן נהגו לאסוף קמח, לחם, שמן, סוכר ופחם לבישול. את המזון שנאסף מבעלות הבית אגרו במחסן הקהילה וחילקו למשפחות נזקקות לקראת שבת. הראשונים שקיבלו מזון היו תלמידי חכמים עניים, בני טובים ואלמנות(בן שמחון, תשמ״ה; טולידאנו, תשנ״ב, 62).
הרב יוסף משאש ממכנאס סיפר על אשת חיל, שהייתה גומלת חסד בגופה עם כל אדם. בעלה לא נתן לה ממון לבקר חולים, לנחם אבלים, לשמח חתנים ולתפור בגדי עניים וכלות עניות בחינם, וקראו עליה: ״ממרחק תביא לחמה״(משאש, תשמ״ז, ו, קנה-קנו).
קופת העניים בטנג׳יר ירשה במאה ה־19 אלף דוקאטים מרכושו של חיים בן שלום באמצעות הסכם עם אלמנתו, אסתר שמה(לא כתוב מתי; 1991,22 ,Serels).
על מצבתה של אישה בשם מרים בת בן סוסאן, אשת אברהם בן חמו, שנפטרה בשנת ת״ש בדבדו ״במבחר עלומיה״ חרות בין השאר: ״קיימה כל מצוות אלהיה לתורה ולתעודה חגרה בעז מתניה לכל פרשה כפיה אביונים סועדת ולערומים לובשת ולחכמים מכבדת בחן דבריה״(מרציאנו, תשנ״ז/א, 38, מס׳ 93).
אלמנה ללא צאצאים רצתה להקדיש את כל כספה לעניי העיר (במאה ה־20). השאלה שהתעוררה הייתה האם היא רשאית להפקיע את אחותה ואת בני אחיה מזכות הירושה. הרב משה עטייא, יליד העיירה מידלת, שכיהן לפני עלייתו ארצה בעיקר בדבדו, דן בסוגייה זו והגיע למסקנה, שעל פי תקנות קשטיליה אין היא רשאית להפקיע את זכותם של קרוביה למחצית הירושה(עטייא, תשל״ג, חו״מ, סימן א).
בקינה שחיבר הרב יחייא אדהאן לזכר אמו מנה בין שאר מעשיה הטובים: ״גם נתנה בידה ליתום ולאלמנה״(אדהאן, תשנ״ז, צט).
הקדשה לעניים מקומיים ולעניי ירושלים
אישה בשם מרים בת שמעון אמזלאג מרבאט ציוותה שיוציאו מכיסה מלבד ״תכריכין וצורכי קבורה יהיו נותנים לצדקה״ באמצעות קרן, שפירותיה יתחלקו בין עניי עירה, רבאט, ובין עניי המערבים בירושלים. היא מינתה אפוטרופוס, שיפקח על ההכנסות ועל ההוצאות משכירות הקרקעות. מקור זה אינו נושא תאריך רשום, ומכאן יש לשער, שהמקרה הנדון נכתב בשנות ה־80 עד שנות רד90 הראשונות של המאה ה־19, שכן החכם נפטר בשנת 1893 (אלבאז, תש״ם, חו״מ, סימן קג).
הקדשה דומה מוזכרת על־ידי הרב רפאל אנקאווא, שדן בשלושה סעיפים בתשובותיו בנושא זה: בפסק דין שניתן בחשון תרס״ב מדובר באישה, שלנישואיה השניים הביאה ממון רב מבעלה הראשון. בעת פטירתה הקדישה את כל אשר לה לשמים, מחצה לירושלים ומחצה לעניי עירה, מוגדור, אך בעלה רצה לבטל את צוואתה ולרשת הכל (אנקאווא, תר״ע, סימן נו). במקור אחר מסופר אודות אישה ממוגדור, שציוותה להוריש את כל נכסיה להקדש עניי עירה ולעניי עיר הקודש ירושלים. מדובר בבני זוג, השרויים בתהליך של ניתוק עקב מרידת האישה בבעלה אם כי האישה לא קיבלה עדיין גט. הבעל תבע לרשת את נכסי אישתו ורצה לבטל את הצוואה ואת ההקדשה. החכם דחה את ערעורו של הבעל (שם, סימן קסא). בסימן סמוך מסופר על אישה ממוגדור, שציוותה חצי מעזבונה לחכמי ירושלים וענייה. באותו זמן שהה שם שליח מטבריה וייאסף איש טהור כמה חתימות מכמה אנשים שהעידו שרוב הנשים עבדי דטעו וקרו לכל ערי אדמת קודש בשם ירושלים ומכח זה רצה לומר דגם לעה״ק טבריא ולעה״ק חבת״ו [חברון תיבנה ותכונן] ולעה״ק צפת יהיה חלק ונחלה״. החכם פסק, שהכסף יוקדש לירושלים בלבד שכן כוונת האישה הייתה לירושלים, המקודשת מחברותיה(שם, סימן קסב).
תרומות לארץ־ישראל
על פי מכתב למערכת ״הצבי״, שפורסם ביד בניסן תרמ״ז(1887), הגיע שליח מארץ־ישראל למראכש ופנה לאלמנה כדי להתרימה. האישה נתנה לו שני פרנקים תוך התנצלות, שאין בכוחה לתת יותר בשל היותה ענייה ולה שני בנים שעליה לפרנס. כיוון שהילדים אינם בבית עליה לקבל את הסכמתם לתרום סכום גדול יותר. השליח תקע בשופר והכריז על החרמת האישה. זו נבהלה ונתנה לו סכום נוסף כדי שיסלח לה ולבניה. לשמע התקיעה הגיעו יהודים וכאשר שמעו על מה תקע בשופר כעסו והתלוננו על המנהג הרע באמרם, שהם מעדיפים לתרום לעניי עירם, שהעם הגונים ולומדים תורה, וכי מעתה ישלחו את תרומתם ישירות לירושלים ולא יקבלו שליחים. הכתב לא ידע לדווח האם אכן כך היה (״הצבי״, גיליון ז, עמי כו).
על פי מידע מז בתשרי תרס״ב (20 בספטמבר 1901) חילקה אישה בשם עאישה בת הגביר יעקב אפריאט את רכושה בין יורשיה. חלק ממנו תרמה לירושלים ולעניי מוגדור. שליח מטבריה, אליהו ילוז, אמר עליה דרשה ודיבר בשבחה (״החבצלת״, גיליון 1, עמ׳ 7).
היו נשים, שציוו להקדיש סכום כסף לארץ־ישראל לאחר מותן במטרה להנציח את זכרן. הרב משה מלכה דן באישה מקזבלנקה, שציוותה לפני מותה שאחיה ובנו, יורשיה היחידים, ״ישלחו עשרה אחוזים משומת הקרקעות שלה לארץ ישראל שיעשו לה שם איזה דבר על שמה״. בעקבות ערעור על הצוואה מחמת ספק, האם אכן הוציאה מילים אלה מפיה, הובא הנושא בפני הדיין, שפסק כי ״זכה ההקדש ועל היורשים מוטל החוב למסור חלק עשירי מכל הקרקעות הידועים למורישה אחרי מותה ושם בארץ [ישראל] יעשו לה מה שנראה להם להיות לה לשם עולם״(מלכה, תשכ״ח-תשמ״ד, חלק ב, יור״ד, סימן כח).
הקדשת כספי בית־כנסת ללומדי תורה בירושלים
על פי מקור משנת תרס״ט (1909) נתנה אלמנת דוד אסולין ממראכש במתנה את החלק הרביעי מחצר בית־כנסת שהיה ברשותה לטובת ההקדש. היא מינתה את החכם הרב ישועה קורקוס להיות אפוטרופוס ולשלוח את ההכנסות לקהל המערבים בירושלים כדי שיינתנו ללומדי תורה(דיין, תשנ״ב, 408).
נשים בליסבון, מהן שעברו לשם ממרוקו או מגיברלטר, תרמו בשנים תרס״א, תרס״ג.ותרפ״ז לארץ־־ישראל: מרציאנו, תשנ״ג, 14, 66,15. בכסלו תרס״ז ציוותה אישה לפני פטירתה לתת חלק מרכושה להקדש מבלי לציין את המטרה המוגדרת (אצבאן, תרפ״ט, חו״מ, סימן א).
נשות חיל יהודיות במרוקו-אליעזר בשן-כתיבת ספרי תורה והדפסת ספרי קודש
עמוד 98
אונס נערות וחילול כבודן של נשים יהודיות (1897-1829)-אליעזר בשן

מג׳והן דרומונד האי לשר־החוץ של בריטניה — הכותב מכחיש את טענת המיטיונר מרקהיים שסגן־הקונסול ריד מחלל את כבודן של נשים ושל בנות יהודיות
Tangier, May 10 1855
The Right Honourable
The Earl of Clarendon K.G.G.C.B.
My Lord,
I have the honour to acknowledge the receipt of your Lordship’s despatch, N° 9, of the 18th ultimo, transmitting to me a copy of a letter from the Secretary of the Society for promoting Christianity amongst the Jews…
I am glad to perceive that the Society has withdrawn the charges brought against me by their missionary, under the conviction that they were unfounded; but I confess that, after an attentive perusal of Mr Layard’s letter, I am disappointed that the Enquiry has not taken place at Tangier as was proposed, for, in the first place, there is no mention made of the British Vice Consul, Mr Reade in Mr Layard’s letter, nor is there any withdrawal of the charges made against him, neither does the Society offer that reparation to myself which, under the circumstances of the case, I would submit to your Lordship, I am entitled to expect.
The charges and imputations which had been put forward by Mr Markheim against us, and which were made the basis of Mr Goodhart’s [6 מזכיר האגודה הלונדונית להפצת הנצרות בין היהודים] representations, were, that we had committed generally practices “of a discreditable character”. Mr Reade was accused of violating the wives and daughters of the Jewish inhabitants. I was accused of tyrannical and arbitrary conduct towards the Jews, and it was insinuated in both the letters of Mr Markheim and Mr Goodhart that I had connived at an attempt of burglary upon Mr Markheim’s house, and of causing the husbands or brothers of the victims of Mr Reade’s lust to be imprisoned if they made any complaint against Mr Reade.
Now, my Lord, I am persuaded if any one of these charges had been corroborated in the Enquiry which had been proposed, Your Lordship would have immediately dismissed both Mr Reade and myself from Her Majesty’s service, and indeed public opinion would have required such a step…
I have the honour to be with the highest respect, My Lord Your Lordship’s most obedient very humble servant J. H. Drummond Hay
[FO 99/66]
תרגום תמצית התעודה
10 במאי 1855
מאשר קבלת המכתב מ־18 בחודש שעבר עם העתק מכתבה של מזכירות ־האגודה המיסיונרית הלונדונית׳. אני שבע רצון מן העובדה שהאגודה הנ״ל חזרה בה מההאשמות שהאשימני בהן המיסיונר והכירה בכך שאין להן כל בסיס. התאכזבתי לקרוא במכתבו של מר לאיארד שלא בוצעה חקירה בטנג׳יר כפי שהוצע, שכן אין במכתב אזכור של סגן־הקונסול ריד ואין חזרה מן ההאשמות שהועלו עדו, וכן אין האגודה מציעה פיצוי על ההאשמות שהאשימנו מר מרקהיים. מר ריד הואשם בחילול כבודן של נשים ושל בנות יהודיות, ואני הואשמתי כי איימתי על הבעלים ועל האחים של קורבנותיו של מר ריד שאם יתלוננו על מר ריד אגרום למאסרם. לו היו האשמות אלה מתאמתות בחקירה, היית מפטר מיד את מר ריד ואותי, ודעת הקהל אכן היתה מחייבת צעד כזה…
אונס נערות וחילול כבודן של נשים יהודיות (1897-1829)-אליעזר בשן
עמוד 125
חזן בבית המרחץ-אשר כנפו-מעשיות מחורזות מחיי יהודי במרוקו- שלום בית;

שלום בית;
■
את מצוות פרו ורבו קיימו ביד רחבה. נולדו הילדים, בנים, בנות, שמונה, עשרה ילדים ואולי יותר, המתרוצצים כמו סביבונים בבית הצר. צריך להאכיל ולהלביש את כולם! החיים לא פשוטים והמריבות תכופות. אבל כמו שידעו לפתור כל בעיה גם את בעיית המריבות התכופות הם יפתרו, בשביל זה קיים החכם. החכם יודע ומבין את הכול, הוא מברך, הוא מלמד, הוא מכוון. ראו:
מְעַנְגַּר סָאסִיָּה
(כיפתו מונחת על הצד)
– לָמָּה אַתָּה מַבִּיט בִּי כָּכָה ?
־ לָמָּה לְהַפְרִיעַ לִי אֶת צְרִיכָה ?
־ מַדּוּעַ לֹא חָזַרְתָּ מֻקְדָּם?
־ אַתְּ מַרְתִּיחָה לִי אֶת הַדָּם!
כָּךְ שְׁנֵי בְּנֵי הַזּוּג הַוָּתִיקִים,
זֶה עַל זֶה זוֹעֲפִים וְצוֹעֲקִים
בְּבֵיתָם אֵין מְנוּחָה וְנָחַת
אֵין יוֹם שֶׁלֹּא עָפָה צַלַּחַת!
וּפַעַם, הַמִּסְכֵּן וְהַמִּסְכֵּנָה
הִגִּיעוּ סוֹף כָּל־ סוֹף לַמַּסְקָנָה:
צָרִיךְ לְהַפְסִיק עִם זֶה, דַּי !
כִּי לְהַמְשִׁיךְ כָּכָה לֹא כְּדַאי!
עַל כֵּן לְבֵית הֶחָכָם הָלְכוּ הֵם
וְשָׁטְחוּ לְפָנָיו טַעֲנוֹתֵיהֶם.
הֶחָכָם גֵּרֵד בִּזְקָנוֹ וְהִקְשִׁיב,
תּוֹהֶה מָה לָהֶם הוּא יָשִׁיב.
אָז יְדַבֵּר עִמָּם כָּהֵנָּה וְכָהֵנָּה
וַיֹּאמֶר: ־ יַקִּירַי הַקְשִׁיבוּ נָא!
הַבְּעָיָה שֶׁלָּכֶם? מַצַּב הָרוּחַ!
אַתָּה שׁוֹתֵק? הִיא רוֹצָה לַשִּׂיחַ!
אַתְּ עֵרָנִית? הוּא רוֹצֶה לָנוּחַ!
אַתָּה עָצוּב! הִיא רוֹצָה לִשְׂמֹחַ!
עַל־כֵּן אַתֶּם כָּל הַזְּמַן בִּמְרִיבָה,
עַל־כֵּן נֶעֶלְמָה מְבֵּיתְכֶם הַחִבָּה!
הַטּוּ אָזְנֵיכֶם, אֵפוֹא, לַעֲצָתִי
וְקַבְּלוּ עִמָּהּ גַּם אֶת בִּרְכָתִי:
כְּשֶׁאַתָּה זוֹעֵם וְעַצְבָּנִי בִּמְיֻחָד
עָקַם סָאסְיָּתְךָ, שִׂימֵנָּה עַל הַצַּד!
אִשְׁתְּךָ תִּרְאֶה וְתֹאמַר: זְהִירוּת!
הַיּוֹם צָרִיךְ לִנְהֹג בּוֹ בְּסַבְלָנוּת!
כָּךְ בִּזְכוּת הַכִּפָּה תִּמַנַע מְרִיבָה,
שֶׁלֹּא תִּפְרֹץ שׁוּב לְלֹא סִבָּה!
וְאִם אַתְּ כּוֹעֶסֶת וְרוּחֵךְ קָשָׁה
הַטִּי עַל רֹאשְׁךָ מִטְפַּחְתֵּךְ בְּבַקָּשָׁה!
יִרְאֶה בַּעֲלֵךְ מִטְפַּחְתֵּךְ עֲקֻמָּה
יִתְאַפֵּק מִלְּדַבֵּר וְיַעֲשֶׂה בְּחָכְמָה!
נִפְרְדוּ הַשְּׁנַיִם מֵהֶחָכָם בְּחֶדְוָה,
מְאֻשָּׁרִים כִּי קִבְּלוּ עֵצָה טוֹבָה.
בָּאוּ אָז לִבְנֵי הַזּוּג יָמִים טוֹבִים
בָּהֶם נִזְכְּרוּ שֶׁבְּעֶצֶם הֵם אוֹהֲבִים!
אֲבָל רַבּוֹתַי, יֵצֶר הָרַע אוֹרֵב,
לָתֵת לְשָׁלוֹם לִשְׁלֹט, הוּא מְסָרֵב.
לֹא עָבְרוּ שְׁבוּעַיִם וְהַשֶּׁקֶט הוּפַר
וְרַעֲיוֹן הֶחָכָם שׁוּב לֹא עָזַר!
וְשׁוּב מָלְאוּ אֶת הַבַּיִת צְוָחוֹת
וְשׁוּב הִתְעוֹפְפוּ בָּאֲוִיר צַלָּחוֹת.
נְבוֹכִים, הֵם עוֹשִׂים שׁוּב דַּרְכָּם
אֶל יוֹעֲצָם הַטּוֹב וְהַנָּבוֹן; הֶחָכָם!
כַּאֲשֶׁר הוֹדִיעוּ לֶחָכָם עַל בּוֹאָם
אָמַר בְּלִבּוֹ: – רִבּוֹנוֹ שֶׁל עוֹלָם!
מָה אֲיָעֵץ עַכְשָׁו לְאֵלֶּה הַשְּׁנַיִם?
הֲרֵי עֲצָתִי לֹא תִּצְלַח פְּעָמִים!
שׁוּם דָּבָר לֹא יַעֲזֹר! עֲמָלִי לָרִיק!
אִם לֹא אֶמְצָא מִיָּד רַעֲיוֹן מַבְרִיק,
אֶצְטָרֵךְ לִשְׁמֹעַ אֶת צַעֲקוֹתֵיהֶם
וּלְבַזְבֵּז אֶת זְמַנִּי עִם בְּעָיוֹתֵיהֶם!
מָה עָשָׂה! הֵסִיט סָאסִיָּתוֹ הַצִּדָּה,
אָחַז בְּמַקְלוֹ וְלָבַשׁ חָזוּת מַקְפִּידָה.
נִכְנְסוּ בְּנֵי הַזּוּג רָאוּ מָה שֶׁרָאוּ ־
ווּאָה וּואָהּ! הוּא כּוֹעֵס, אָמְרוּ,
סָאסִיתוֹ אֵינָהּ מֻנַּחַת בִּמְקוֹמָהּ
וּפָנָיו לֹא נִרְאִים מִי יוֹדֵעַ מָה,
מוּטָב שֶׁנַּחְזֹר לְבֵיתֵנוּ בְּשָׁלוֹם
שֶׁמָּא עַל רֹאשֵׁנוּ בְּמַקְלוֹ יַהֲלֹם!
חזן בבית המרחץ-אשר כנפו-מעשיות מחורזות מחיי יהודי במרוקו– שלום בית;
עמוד 44
המהלכים על המים – גבריאל בן שמחון-היום שבו הגיע המשיח

היום שבו הגיע המשיח
היום שבו הגיע המשיח התחיל כיום רגיל לגמרי.
עוד לוויה עברה ברחיבה מתחת לחלוני. מיטת המת נישאת גבוה מעל הראשים ומסביבה המתאבלים בבכי קורע לב ובמזמורי תהילים. מפחיד לראות איך הנשים תולשות שיער, מכות על החזה, קורעות את בשרן ובגדיהן, בוכות וקוראות לשאר נשי העיר לקונן איתן:
״וִוילָא מָא נְדְבְת מְעָאיָא / הַאיְלִי יָא לְחְזִינָה / הָאנִי נְסְוּפְהָא בְּלְעִין / מָאזָאל אֵזְמָאן יִפָאדִי / וּנְכְלְסוֹלְהוּם אֵדִין / וָואהּ וָואהּ / סְבְרִי יָא יִמָּמא סְבְרִי סְוָואי / יָא ווָאיְלִי הָאדָא מָא מְכְּתוֹבְ עְלִיָא / יָא ווָאיְליִ אְנְרָא רְחִילְהָא פְדְלָאל / יָא ווָאיְלִי בִידִי נְעְמִי עִינִיָיא…
מחלת הטיפוס שבאה עם המלחמה ומפילה אצלנו חללים רבים ואין יום בלי שתיים־שלוש לוויות.
גם את אבא, שהוא הכי חזק מכולם, הכריעה המחלה. הרבה זמן פירפר בין חיים ומוות. כל השיער והציפורניים נשרו לו. כבר הזמינו לו חברה קדישא והיו קוראים לו ״שמע״. רק סבתא פריחה התעקשה. עשתה את אחי הקטן, אמור בן השש, קורבן במקומו. הוציאה אותו מחוץ לחלון בקומה שנייה וכמעט זרקה אותו למטה לרחוב. הודיעה לשמים שהיא מחליפה בו את אבא. שינתה לאבא את השם. הוא הפך לדוד ציון וזה מה שהציל אותו. כי עובדה, באותו לילה הוא קם מהמיטה, התלבש ורץ לבית הכנסת. ומהר צמח לו שוב השיער וגדלו הציפורניים.
לאט לאט יוצאת הלוויה החוצה, דרך שערי העיר. הקולות מתרחקים וברחיבה שקט גדול. כל החנויות סגורות, ככה זה אצלנו כשמת מישהו. אני מכיר את זה, כי אני יושב הרבה ליד החלון. אבא שולח אותי ואת אחי אמור כל הזמן לשבת שם, כדי לצפות אם המשיח בא.
ואז פתאום אני רואה מישהו נכנס דרך השער. משונה! מי זה יכול להיות? ברור שהוא לא מפה. כולם הרי בבית הקברות. הוא לא לובש ז׳לאבה ולא נועל בלג׳ה. משונה שאין לו תרבוש ולא ברט על הראש, והכי מוזר שהוא לובש מכנסיים קצרים!
מי זה יכול להיות? פתאום אני שומע את עצמי קורא: ״אבא! זה המשיח! המשיח בא!״
אף פעם לא תיארתי לי כך את המשיח. למרות שהשתדלתי, מעולם לא הצלחתי לראות איך נראות הפנים שלו. כולם חולמים ומדברים רק עליו כל הזמן, אפילו בהלוויות, או כשמתחתנים, אבל אף אחד לא יודע איך הוא נראה. אף אחד לא היה מתאר לו כך את המשיח.
הוא צריך היה לבוא כמו משה שיורד מהר סיני ועור פניו קורן, או כמו רבי שמעון בר יוחאי שיוצא עם אלעזר בנו מהמערה אחרי עשרים שנה וכל מקום שנותנים בו עיניהם עולה באש, או כמו אליהו שעולה במרכבת אש בסערה השמימה. הוא צריך היה לפחות לבוא עם כנפיים והנה לא יאומן – הוא גלוי ראש ועם מכנסי חאקי קצרים!
מצד שני, אמרתי לעצמי, הוא בטח יודע למה הוא עושה את זה. צריך להגיד למשיח מה לעשות, ואם הוא צריך להתחפש?! בכלל, אנחנו נלמד את המשיח הלכות? שיהיה גלוי ראש ורק שיבוא! לו מותר הכל!
אבא בטוח שכאשר המשיח יבוא, יבוא אליו קודם. אבא גידל זקן, אכל רק לפי תפריטי הרמב״ם וצם בימי שני וחמישי. הוא אסף חבורה של בני גילו, סנדלרים, חייטים ונגרים, שכמוהו הקדישו את כל חייהם להביא את המשיח.
פעמיים בשבוע הם נפגשים בבית הקטן שלנו לאור הנר. מוקפים צללים, הם יושבים וקוראים בספר הזוהר בניגון עתיק ומוזר, בשפה זרה שאינה לא עברית ולא ארמית. רק מפעם לפעם, כמו מתוך ערפל, אני תופש תמונות מוכרות: ״בטנך ערימת חיטים סוגה בשושנים… שני שדייך כשני עופרים תאומי צביה״… אהבה אסורה, שמות של מקומות רחוקים בארץ ישראל, שכינה, ספירות, סטרא אחרא, מושגים שאני רק מנחש, הכל בעירבוביה משונה.
אתמול בלילה הם עלו לגג לקידוש הלבנה, היו מרקדים ומביטים בכוכבים. הרבה שעות עמדו אחר־כך וחישבו חישובים בעזרת פסוקים וגימטריות.
כל ליקוי חמה או לבנה הוא בשבילם אות וסימן, וכל כוכב שביט מביא להם איזה בשורה. כל דבר הם בודקים שוב ושוב בעזרת שאלות חלום. אתמול היו בטוחים שיצרו קשר עם כוחות בשמים והם מסוגלים כבר להשפיע עליהם לשלוח את המשיח.
בזמן האחרון, בתיקון חצות הם רוקדים ושרים בעיניים עצומות ובהמון התלהבות. אומרים שהם משדרים למשיח מנגינות שיפתו וימשכו אותו לספרו.
עד כדי כך הם בטוחים שהוא קרוב, שהם מעמידים על ראשי ההרים צופים, להשקיף ולראות אם המשיח בא. אבי מרחיק לכת והוא מעמיד אותי ואת אחי הקטן לצפות כל יום מן החלון. הוא כל כך בטוח, עד שהכין לו מזוודה גדולה ליד המיטה, לרגע בו יגיע המשיח ויקרא לו ללכת אחריו.
והנה זה קרה! הוא בא! אבא מהחלון מזהה אותו בקלות, רץ מייד למטה לרחוב, מחבק אותו, מנשק ומושך אותו אלינו הביתה, לארוחת הבוקר שאמא הכינה.
עור פניו לא קורן. אין לו כנפיים. הוא רזה. בניגוד ליהודי המללאח שהם בהירים, הוא שחוף ושזוף. השיער שלו מתולתל אבל מה שהכי בולט בו זה המבט החד. עיניים כחולות, שנוצצות ונעות במהירות. עיני נץ, קורא אבא לעיניים שלו.
הוא מקרין כוח שאין בספרי, כי הוא שליח של כוח מסתורי, שמסוגל להפוך תפילה למציאות, והוא צונח ישר לבית שלנו ממקום שרק אבא, שהוא מומחה לתורת הסוד, יודע איפה הוא.
אבי והמשיח מסתודדים בפינה מדברים בשפת הסוד והרמז, אמי מגישה להם תה בכוסיות המוזהבות, מסתכלת בהם מרחוק, נפעמת ומחכה. אני מנסה להקשיב, אך אי אפשר להבין כלום. הם מדברים כמו בספר הזוהר, בשפת חידות. רק פה ושם, מבין קרעי העננים, כמה מלים מוכרות: פאס, אלג׳יר, אונייה… אולי אסור לדבר על העיקר. אצל אבי הכל מסתורין. סוד ודרש. הפשט נדיר. אם בכלל קיים. העולם הוא פרדס גדול, נפתל ומסובך וצריך לדעת ללכת בו. אם משיח לא מדבר ברור הוא יודע למה.
המשיח חזר וביקר אותנו בחשאי פעם או פעמיים, עד אותו לילה בו הופיע עם מכונית שחורה. המכונית הראשונה שנכנסה אי־פעם לסמטאות הצרות והנפתלות של המללאח. סבא חיים עזב את תעלות המים בגן שלו ורץ אלינו עם סלים מלאים תותים וורדים אדומים, צהובים ולבנים. סבתא ימנה סחבה את התבשילים עם הניחוחות של גן־עדן וסבתא שלה, יממא מרים, רצה אחריה עם הסירים והצלחות. הנינות עזיזה ותמר נטשו את המחזרים על הגג, וסולטנה ותמו ברחו באמצע חתונה סוערת ומשכו איתן את מנגן העוד ואת התזמורת, וגם סבא ברהים הגיע מהעדרים שלו עם כבש מבושל בסגנון תאפילאלת חיתים מכרמי הזיתים שלו ועמו סבתא פריחה עם כוסות הרוח של האסטמה שלה מתחת לשמלת הקטיפה.
מי לא בא? כל העיר נמצאת כאן מסביב לשולחן, והמשיח יושב בתווך, עטוף צבעים וריחות. אבא מימינו, הסבים לשמאלו, השולחן מרחף מרוב שמחה, שירה ונגינה, אבל כל הזמן עין בוכה ועין צוחקת. כי זאת סעודה אחרונה, שאחריה לא יראו אותנו. הם יישארו פה לתמיד אבל אנחנו נבחרנו על ידי המשיח לצאת לארץ ישראל. הוריה של אמא בוכים. הם מרחמים עליה. כי היא בחודש השביעי ועם שלושה ילדים קטנים.
אחי אמור ואני הכי מאושרים, כאילו צופים בהצגה שמיימית, צובטים זה את זה לדעת שזה לא חלום. הרי אנחנו ראינו אותו ראשונים, אנחנו הצבענו עליו כשהיה עדיין זר. אנחנו הבאנו אותו!
המשיח לא ישכח אף פעם את הלילה הזה, בו הילה של אור עברה מראש לראש ונחתה בסוף על הראש שלו. אותו לילה, בו אבא לקח את המזוודה, אמה קיפלה את השטיח, כולנו נישקנו את המזוזה, סגרנו את הדלת והלכנו אחריו. סבא בכה, איך אנחנו עוזבים הכל והולכים אחרי בחור צעיר שלא הביא המלצה מאף אחד. איש לא יודע מאיפה הוא בא, מי שלח אותו, והוא לא גילה אפילו את שמו. איך צעיר מתולתל כזה, גלוי ראש, עם צלקת ליד העין וסיגריה בין השפתיים, לוקח אותנו לארץ המובטחת?!
הוא עמד ליד המכונית השחורה שחיכתה לו, ואנחנו הילדים ניצבים סביבו, כאילו היה יצור שהגיע מהחלל, מתפלאים: איך צנחה המכונית לתוך המללאח? איזה מלאכים הנחיתו אותה מלמעלה?
אותו לילה, בקומה מתחתנו, שמחה ואליהו נחמני התחתנו. הם נכנסו לחדר ההתייחדות. כשירדנו הם שמעו אותנו אומרים ״ירושלים״. מייד זינקו עם בגדי הכלולות ובלי מטען ובלי צידה התפרצו איתנו למכונית. הם אפילו לא יודעים – צחקנו אחי ואני – שהמשיח נוסע איתנו במכונית.
מתוך המכונית המתרחקת ראיתי את חלון הבית שלנו מאיר באור גדול. לפני שיצאנו כיבינו את האור, אבל בחלון זרחת שמש ענקית. ככל שאנחנו מתרחקים היא הולכת וקטנה, עד שנהיית לכוכב קטן תלוי ברקיע.
המהלכים על המים – גבריאל בן שמחון-היום שבו הגיע המשיח
עמוד 18