Que sait-on sur la vie au Mellah
Il etait une fois le Maroc
Temoignage du passe judeo-marocain
David Bensoussan
Que sait-on sur la vie au Mellah
Plusieurs fois dans l'histoire, la demande d'augmentation du territoire du Mellah fut refusée. L'encombrement était extrême, les melles étroites et les maisons surélevées. Il y a régné des conditions de prorniscuité qui ont effaré les visiteurs venus d'Europe. Rares sont ceux qui ont voulu dépasser la visite superficielle de ces lieux. Joseph Goulven a transcrit ses observations durant les années 1913 à 1920 dans l'ouvrage Les Mellahs de Rabat-Salé. Joseph Benesh a tenté d'aller plus loin dans son ouvrage Essai d'explication d'un Mellah en 1949. D'autres visiteurs et ethnologues furent complètement ignorants de la richesse intelectuelle qui sommeillait au sein de cette communauté condamnée à l'exeguite. Ainsi, l'ouvrage de l'historien et fondateur de La revue de 1' occident musulman Roger Le Tourneau intitulé La vie quotidienne à Fès en 1900 se targue de décrire dans le détail les multiples facettes de la ville Fès. Toutefois, il fait abstraction de toute une génération d'illustres irudits juifs qui ont rayonné dans la capitale intellectuelle du Maroc. C' est d'ailleurs le cas de l'écrasante majorité des témoins européens qui n'ont pas eu la moindre idée de la puissance et de la vitalité intellectuelles du judaïsme marocain. Une étude fondée sur des sources documentaires a été faite dans l'œuvre de Shlomo Deshen Les gens du mellah. Elle donne une image assez précise de la gestion des structures communautaires et du vécu des Juifs au Mellah
On est tenté de dire que les yeux de l'étranger voient plus clair. Il faut. pour pouvoir apprécier les témoignages des voyageurs européens a leur juste valeur, retenir ceux qui ont pu pénétrer l'intimité des mellahs et connu leurs intérieurs ainsi que la joie de vivre d'une vie agrémentée de fêtes religieuses et de fêtes familiales. La perspective devient tout autre et l'on ne peut que s'étonner de l'entraide communautaire et de la survivance des traditions en dépit des conditions matérielles extrêmement difficiles et du sentiment d'insécurité qui régnait en dehors des murailles du Mellah
Que signifie le terme Mellah
Ce terme qui signifie sel, se référerait à la corvée imposée aux Juifs de saler les têtes décapitées par les Musulmans
Le rabbin Yossef Ben Naïm qui passa sa vie à collecter les manuscrits disséminés au Maroc et qui retraça la biographie des principaux rabbins du Maroc dans Séfer Malké Rabanan, rapporta : « Si je devais conter les abus contre les Juifs du Maroc, tous les parchemins n'y suffiraient pas. Ainsi, quand le sultan livrait bataille à une tribu en révolte contre ses ordres, les prisonniers que les soldats attrapaient étaient décapités et les têtes étaient amenées à une rue connue dans la ville pour y être accrochées deux ou trois jours à titre d'exemple. L'accrochage des têtes était confié à des Juifs pour humilier les défunts en cela qu'ils ont été accrochés par des personnes abjectes (les Juifs). Il y a également une coutume à confier aux Juifs le soin de traîner les charognes à leur lieu d'enterrement, car les goyim ne trouvent pas honorable que l'animal soit enseveli de leurs mains. Que Dieu mette fin à la déchéance d'Israël