Brit No 38-Joseph Dadia-Aghmat-Redacteur:Asher Knafo

Joseph Dadia

Aghmat

Avant-propos

En janvier 1988, j’ai voulu écrire l’histoire de la ville de Marrakech et du quartier où habitaient les Juifs, quartier appelé Mellah, et cela sur plusieurs cahiers de classe. Et je trouve dans le premier cahier, sur une page, en gros titre le mot AGHMAT. Je ne savais rien sur Aghmat, terme que je découvris pour la première fois.

J’essaierai de rapporter ce que j’ai écrit sur cette cité, en tentant de mettre de l’ordre dans ma monographie. A cette époque, j’écrivais les textes dans l’ordre où je les lisais au fur et mesure des ouvrages que je consultais.

C’est avec émotion que je reproduis en avril 2021 ce que j’ai écrit en

1988.

Je découvris Emile Laoust, auteur que je ne connaissais pas. Il écrit : « La ville d’Aghmat existait au début de l’époque musulmane longtemps avant la fondation de Marrakech. En réalité deux agglomérations portaient ce nom : Aghmat Ailan, belle, riche et exclusivement peuplée de Juifs, et Aghmat Warika, distante de quelques kilomètres de la précédente, à proximité de Tasghimout, « nom d’un plateau voisin et d’une forteresse almohade ». Cf. Emile Laoust : Contribution à une étude de la toponymie du Haut Atlas, Revue des Etudes Islamiques, Années 1939, Cahiers III-IV. – 1940 Chiers I-II.

Le 2 mai 1901, l’écrivain Edmond Doutté séjourna à Aghmat, terme qu’il écrit Ar’mat : « Nous dirions, si nous étions musulmans : les saints du pays ne nous laissent pas partir, manière élégante et religieuse d’exprimer que l’on se plait dans un endroit». Il ajoute: «Ar’mat correspond évidemment à l' Ar’mat Ourika des auteurs arabes. Ourika désigne une petite tribu dont Ar’mat fait partie. Le mot Ar’mât se prend en deux sens. Dans le sens large c’est un vaste espace tout en cultures et en vergers, pour la plupart entourés de murailles : jardins, petits champs d’orge, maisons, tout cela est confondu dans un grand désordre et l’étendue ainsi occupée par ce groupement humain paraît disproportionnée à son importance actuelle. Dans le sens étroit, Ar’mat est un lieu où on retrouve nettement quelques vestiges de la prospérité de l’ancienne capitale du H’oûz. Ce mot de prospérité ne doit pas nous faire illusion : il est probable que la capitale des anciens rois d’Ar’mât, que vainquirent les Almorávides au onzième siècle, n’était qu’un village de masures berbères et fut embellie dans la suite. … Un vestige intéressant de l’ancienne Ar’mât, est un h’ammâm ou bain maure, encore assez bien conservé. Les habitants disent qu’Ar’mat fut détruite sept fois et sept fois relevées de ses ruines.

Les habitants d’Ar’mat ajoutent que d’Ar’mat à Marrakech c’était autrefois une succession ininterrompue de moulins et, dans leur fierté provinciale, ils iraient jusqu’à dire que Marrakech n’est qu’un ancien faubourg d’Ar’mat qui a éclipsé la cité mère. […]

Il y a un passage que je souhaite citer, car il m’intéresse : « Il y a sous Ar’mât un souterrain où coule une sâguia qui prend naissance entre Ar’mât et Ourika et qui passe devant la Médersa […] Ce canal souterrain va jusqu’à Marrakech et même au-delà ».'

Nfis et Aghmat (sic), premières métropoles du Sud Marocain, se construisirent au contact de la montagne et de la plaine : grands marchés d’échanges entre deux régions complémentaires, ces centres anciens s’étaient tous installés dans le dir (piémont, poitrail).

Nfis a disparu.

Aghmat n’est plus qu’une bourgade en 1937.

Il existe encore un lieu dit Mellah El Yahoud.

Au 11eme siècle, Aghmat et Fès participent au trafic caravanier transsaharien, qui aboutit aux ports atlantiques et méditerranéens.

A l’origine, bourgade rurale berbère qui a grandi, Aghmat possède un port : Kouz à l’embouchure du Tensift, avec relations suivies avec l’Espagne.

Agouz est la Couz d’Al- Bekri., port d’Aghmat la Juive.

D’après moi, une canalisation souterraine reliait Aghmat au Tensift. Et de là, sur de petites embarcations, les juifs pouvaient atteindre sur l’Atlantique le lit dit Agouz. D’où l’échange avec les juifs d’Espagne qui arrivaient par mer à Agouz.

Des juifs de Kairouan, chassés par les musulmans de la ville déclarée ville sainte, sont venus habiter Aghmat.

Cette présence juive est attestée par des livres écrits par des Rabbins : Zachariah Ben Judah Aghmati a rédigé à Aghmat, en 1190, le commentaire des traités talmudiques de Baba Quamma, Baba Mesi’a et Baba Batra.

Professeur Haïm Zafrani nous apprend que « c’est le monarque Saadien, Ahmed Ed-Dahabi (1578-1603) qui invita les juifs d’Aghmat à venir s’établir à Marrakech et il semble que le mellah situé à proximité du palais du sultan ((Qsar-elbadi’i’) date de cette époque. La capitale du Sud marocain fut aussi, pendant de longs siècles, un foyer de diffusion de la science juive pour les régions du Sous, de l’Atlas et des villes de la côte méridionale de l’Atlantique. »

Les Chananéens, indique Armand Loth dans Histoire d’Israël, possédaient quatre sanctuaires :

Mogador, Safí, Guisser et Ghmat.

Ces villes nous ramènent au Moghreb.

Mogador, qui en arabe est Soueïra, a été bâtie au 17eme siècle, sur les plans d’un architecte français

Mais le nom est plus antique.

Safi est l’un des ports du Maroc, où François Berger croyait qu’on découvrirait un temple de Poséidon, magnifique Neptune qui fit présent à son peuple de la vigne et de l’olivier, plantes initiatiques.

L’une des portes de Fès s’appelle Guissa et Guissa fut fondée d’après la tradition, par une tribu hébraïque.

Ghmat fut le siège d’un royaume juif.

Je le savais. Et cela est signalé aussi par Maurice Privât, auteur du livre « Venus au Maroc »

Les Documents Secrets Paris, 1934, page 30 et page 190.

Bocano Emero a été autrefois l’une des sept provinces du Royaume du Maroc et Aghmat sa Capitale, et ce, avant que les Lemtouna eussent bâti Maroc.

Abu Téchifien établit son siège dans Aghmat. Son fils Iosef, dès l’entrée de son règne, méprisait Aghmat qui était dans les montagnes, plus précisément sur les hauteurs de Tasghimout.

Aghmat, « la seconde cité Maroc »,    « où des jardins admirablement arrosés produisent encore quantité de raisins et autres fruits savoureux, servait de caverne aux loups et renards et de niches aux corbeaux. Déjà résumée chez Marrnol, cette page est réduite à trois lignes par Dapper qui n’en retient pas moins l’essentiel : des « bêtes féroces » dans des «jardins délicieux » – en somme un paradis presque retrouvé ».

El-Bekri  consacre plus d’une page à Aghmat : « Le nom d’Aghmat est porté par deux villes situées chacune dans une plaine. L’une s’appelle l'Aghmat des Ilan, et l’autre l' Aghmat des Ourika. Le chef de ces peuples réside dans cette dernière ville, et c’est là que descendent les marchands et les voyageurs ; car il n’est permis à aucun étranger d’habiter Aghmat Ilan. Une distance de huit mille sépare les deux villes. On y voit une petite rivière, qui coule du midi au nord et dont l’eau est saumâtre ; elle se nomme Taghîroiit. Tout autour d’Aghmat Ourika, s’étendent des jardins et des forêts de dattiers. Ce canton est très grand ; il est occupé par des tribus masmoudiennes, qui demeurent dans des bourgs fermés (cosour) et dans les lieux où elles parquent leurs bestiaux. Une grande abondance règne dans ce pays et tout y est à bon marché. On y porte de la ville de Niffis de grosses pommes, dont on peut acheter pour un demi-dirhem de quoi charger un mulet. Nous devons cependant ajouter que l’air de cette contrée est malsain ; que les habitants ont tous le teint jaunâtre, et qu’il s’y trouve beaucoup de scorpions, dont la piqûre est mortelle. On y tient plusieurs marchés, qui sont très fréquentés ; dans celui d’Aghmat, qui a lieu chaque dimanche, on vend toute espèce de marchandises et d’effets de ménage. En ce jour, on tue et on consomme plus de cent bœufs et mille moutons. Autrefois, à Aghmat, les habitants se transmettaient entre eux la charge d’émîr ; celui qui en avait exercé les fonctions pendant un an était remplacé par un autre que le peuple choisissait dans son sein. Cela se faisait toujours par suite d’un arrangement à l’amiable ; c’est, du moins, ce que rapporte Mohammed ibn Youçof le Cairouanite. Le ribat de Couz, situé sur l’océan environnant, sert de port à Aghmat.

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