Le mariage traditionnel chez les Juifs Marocains-Issachar Ben-Ami-Le mariage juif et musulman marocains.

LE MARIAGE JUIF ET MUSULMAN MAROCAINS
Tout au long de notre travail nous nous sommes efforcés de faire remarquer la ressemblance de certains rites de mariage, souvent communs aux Musulmans et aux Juifs du Maroc. Il est certain que, même dans le mariage musulman, ces coutumes varient d’une région à l’autre, fait qu’on peut aussi observer chez les Juifs.
Il est difficile de fixer l’origine de ces coutumes ainsi que de pouvoir affirmer lequel des trois groupes ethniques (arabe, berbère et juif) en est le créateur. Le critère suivant pourrait nous rapprocher de la solution de ce problème ardu. Quand il s’agit d’un rite propagé chez les Musulmans et les Juifs marocains et que ce même rite est, d’une part, répandu chez les Musulmans d’autres pays, et de l’autre, rare chez les Juifs, nous pouvons être certains d’être en présence d’une influence musulmane. Inversement, le même critère est valable pour les Juif vis-à-vis des Musulmans marocains. Il n’est pas inutile d’ajouter qu’un même rite peut naître spontanément chez les différents groupes ethniques.
Dans une étude sur l’origine des coutumes du mariage dans le monde musulman, Heffening relève les influences grecques de certaines coutumes.
Il est quand même difficile de désigner, comme il le fait, une influence hellénique sur les coutumes de mariage musulmanes, juives et chrétiennes. Il est insuffisant de relever une coutume grecque qu’on retrouve dans d’autres cultures pour affirmer qu’il y’a là une influence. C’est quand chaque coutume sera étudiée dans une monographie spéciale, comme pour les motifs des contes populaires, que nous pourrons dégager ces influences.
Nous avons signalé la grande similitude des préliminaires du mariage juif et musulman. La soumission de la fille toujours assurée, est une tradition certifiée dans le Talmud et courante au Moyen Age. La tendance existait donc chez les Juifs. Elle n’a pu que se renforcer au contact des Musulmans. Par contre, en ce qui concerne le faire-part du jeune homme de son désir de se marier, le fait de retrouver chez les Juifs citadins les mêmes nuances que celles des Arabes, et chez les Juifs de l’Atlas, les mêmes tendances observées chez les Berbères, nous permet d’affirmer sans aucun doute la présence d’une influence arabe chez les Juifs citadins et berbères chez les Juifs de l’Atlas. Pour le choix du conjoint et le mariage en famille, nous retrouvons les mêmes penchants connus dans l’Israël ancien et en Arabie. La cousine est souvent préférée. Il est inutile dans ce cas de fixer une influence quelconque. Le mariage entre l’oncle et la nièce des Juifs de l’Atlas n’a pas pourtant son égal chez les Berbères.
L’intervention des intermédiaires est capitale dans les négociations entreprises entre les deux familles intéressées dans le mariage musulman et juif. Pourtant les quelques témoignages que nous possédons sur le mariage juif au Moyen Age démontrent que les contacts pouvaient se faire directement entre les deux pères, souvent au cours d’un repas, à l’occasion d’une fête. Les nombreux récits de voyage à partir du dix-huitième siècle sont particulièrement affirmatifs en ce qui concerne l’utilisation des intermédiaires entre les familles juives. Cela n’exclut pas pourtant que la coutume existait chez les Juifs au Moyen Age. Elle a pu seulement s’affirmer et se propager au contact des Musulmans.
“Usually he [père dans l’ancien Israël] has unlimited power to marry his daughter to whom he will and to choose wives for his son”, E. O. James, Marriage customs through the âges, New York 1965, p. 69.
La khotba, commune à tous, est faite chez les Juifs par les parents en présence des intermédiaires, alors que chez les Arabes et chez les Berbères elle est faite par des amis ou des personnalités et ne nécessite pas toujours la présence des parents du jeune homme.
- Salmon, Mariage-Tanger, p. 275, signale la présence de deux femmes, appelées “Khattaba”, dont la profession consiste à servir d’intermédiaires entre des personnes qui n’ont ni famille ni relations d’aucune espèce et dont la réputation est compromise. Michaux-Bellaire, op. cit., p. 127: “Des parents du jeune homme vont faire la demande Khitab à la famille de la jeune fille. La démarche n’est jamais faite par le père”.
Ce rôle d’intermédiaire est souvent joué par les femmes, alors que chez les Juifs ce sont toujours des hommes. Le cadre de ces préliminaires est beaucoup plus net et accentué chez les Juifs que chez les Musulmans. En effet, nous distinguons chez les Israélites le contact des familles par l’entremise des intermédiaires, la khotba et les fiançailles (chez les Juifs citadins). L’emploi du terme “mlak” (fiançailles) chez les Musulmans est loin d’être général.
Par contre, une cérémonie analogue est intitulée Zgarit ou Asgourt. La plupart du temps seule la récitation de la Fatiha suffit. En pratique, les coutumes communes sont nombreuses: l’usage des intermédiaires, l’autorité parentale, l’emploi des “youyous”, les mêmes raisons pour refuser poliment la demande d’un prétendant, l’envoi des cadeaux, etc .. La mère du jeune homme ou de la jeune fille chez les Musulmans est beaucoup plus active que la mère juive dans ces préliminaires.
Signalons en outre que les termes de parenté sont en grande partie communs. Les mots ‘“rôs” (marié), ‘“rôsa” (mariée), “isli” (marié en berbère) et “taslit” (mariée en berbère) sont également employés par les Juifs, de même que “mmallek” (fiancé) et “mmollka” (fiancée).
L’idéal de beauté de la femme est commun aux Juifs et aux Arabes. On souhaite avoir une femme plutôt corpulente. Les femmes maigres entassent sur elles le plus d’habits possible afin de paraître plus grosses. Nous remarquons ici la nette influence arabe sur le goût des Juifs.
La différenciation dans les cérémonies du mariage entre une fille vierge et une veuve ou divorcée, ainsi que pour le montant de la Ketouba et du sdaq, connue chez les Juifs dès l’époque talmudique, s’explique aisément par un sentiment naturel d’appréciation commun à beaucoup de peuples.
Il est remarquable de signaler la grande similitude entre la structure du mariage juif et musulman d’une part et la multitude de coutumes communes de l’autre. Les fêtes de mariage durent sept jours jusqu’à la cérémonie nuptiale et sept jours après, forme qu’on retrouve chez les Arabes et les Berbères, bien que non précise. Le cadre des sept jours après le mariage est connu depuis la période biblique. Samson fête son mariage pendant sept jours. Dans la période talmudique cette durée est de sept jours, si la femme est vierge, trois, si elle est veuve. Le mariage musulman connaissait, au temps de Mahomet, le cadre des sept jours pour une vierge et de trois pour une déflorée. Le fait est donc ici précis. Les Juifs et les Musulmans pratiquaient cette coutume. Les sept jours avant la cérémonie nuptiale ne sont probablement qu’une contre-balance des sept jours après. Le même cas est valable pour le cadre des quatorze jours avant et quatorze jours après, qu’on retrouve chez les Juifs d’origine espagnole.
Un acte des plus importants dans le mariage juif biblique et talmudique, tout autant que celui de la période antéislamique, est la conduite de la mariée. “Au jour fixé pour le mariage, les parents de la fiancée et ses compagnes venaient la chercher à la maison de son père pour la conduire à celle de son époux. Escortée de ces dernières, qui agitaient sur sa tête de longues branches de myrte, elle s’avançait au milieu d’elles, les cheveux flottants et le visage caché sous un voile tandis que ses parents la précédaient, distribuant aux enfants des épis grillés, en signe de la future prospérité des époux, et faisaient publiquement éclater leur joie, soit par des danses, soit par d’autres manifestations de gaîté bruyante qui se continuaient toute la journée.. .”. Ainsi, donc, le cadre du mariage (les sept jours de fête) et la procession solennelle de la mariée, communs aux Musulmans et aux Juifs dans la période ancienne, ont pu favoriser davantage une influence mutuelle.
Comparons maintenant quelques rites de mariage musulmans et juifs.
Nettoyage et moulage du blé
C’est la première des cérémonies de mariage chez quelques tribus arabes, chez la plupart des Berbères, ainsi que chez les Juifs de l’Atlas. Chez les trois groupes ethniques, très souvent, le nom de la cérémonie se rattache à celui du jour où elle est faite. Les Juifs du Haut-Atlas occidental nomment ce jour “le jour de la sortie du blé”, appellation qu’on retrouve chez les Arabes. Si chez les Juifs elle a toujours lieu dans la maison de la fiancée, elle se déroule chez les Arabo-berbères dans celle du fiancé. Cette cérémonie est chez les Juifs essentiellement féminine, alors que chez les Musulmans la présence d’hommes n’est pas interdite. Pendant la durée du nettoyage du blé, le l’ab a lieu. Les femmes chantent, dansent et poussent des “youyous”. Cette pratique, commune aux trois groupes, est d’origine berbère. On sait avec quel amour les Berbères s’adonnent aux chants et aux danses. Le l’ab, qui fait partie intégrante des cérémonies, a un caractère obligatoire. La cérémonie du nettoyage du blé est probablement aussi d’origine berbère, car elle est beaucoup plus courante chez eux que chez les Arabes et se retrouve de même chez les Juifs de l’Atlas.
Le mariage traditionnel chez les Juifs Marocains-Issachar Ben-Ami-Le mariage juif et musulman marocains.
Curses and profanity in Moroccan Judeo-Arabic Jonas Sibony.

Even if this formula uses particularly brutal and cruel images, it may obviously notbe understood literally.
The expression nākǝl l-o rās-o,
נָאכְּלוֹ רָאסוֹ….
“I'll eat his head” actually means
“I'll make him pay, I'll crush him”. That's a typical case of exaggerated violent image in use in those sentences.
The last part: nǝbkā 'orā-h
נְבְּקָּא מוּרָאהּ
“I'll stay behind/after him” actually means “I'll outlive him”.
Some formal categories are very common too, such as sentences beginning with nṛāk
“May I see you”, with preservation of the ancient meaning of the verb ṛā “to see”, as illustrated here:
nṛā-k ma-țḥyā-s u-ma-tskā-s ḥătta l-hād n-nhāṛ! ( Brunot & Malka 1939: 159) :
נְרָאכּ מָא תְחְיָיאס וּמָא תְסְקָּאס חְתָּתא לְחְד אֵנְהָאר
“May (I see) you not live and not last until that day!”
nṛā-k b-ṛ-ṛdǝm iṭēḥ ‘ălī-k!
נְרָאכּ בְרְרדְם יִּתֵח עְלִיכּ
( Brunot & Malka 1939: 157): “May (I see) rubble come
down on you!”
nṛā-k b-l-'ətțāl!:
“May (I see) you run into a murderer!”
נְרָאכּ בְּלְקֵּתָאל
nṛā-k b-l-bāṛōḍ l-inglīzi!
נְרָאכּ בְּלְבָּארוֹד לִינְגְלִיזִי
(Brunot & Malka 1939: 157): “May (I see) you run into a
British gun!”
nṛā-k ḥzoṭ mḥazzaṭ!
נְרָאכּ חְזוֹת מחאזאת
10: “May I see you in the most awful situation / poverty!”
Finally, among those non-specifically Jewish curses are found sentences used mainly by Jews; old-fashioned sentences, referring to ancient social realities:
wəld ṭəṛṛāḥ!:
ווּלְדְ תֵרָּראח
baker’s boy! > you're useless”
Ṭəṛṛāḥ (Premare 1999 (8): 277) initially refers to the job of boys wandering in the streets to find bread from individuals and bring it to the oven of the village. The speakers most often don't know what the sentence refers to but are still aware that it's an insult.
Curses and profanity in Moroccan Judeo-Arabic Jonas Sibony.
Culte des saints musulmans dans l’Afrique du Nord et plus spécialement au Maroc-Edouard Montet

Au point de vue social, les marabouts ont souvent joué un rôle bienfaisant comme protecteurs de l'agriculture, creusant des puits, créant des oasis, développant la culture du sol et la rendant florissante, etc. Nous avons parlé plus haut de leur intluence comme zet’ât’ et comme bechchàr. Il nous suffira d’ajouter pour compléter cet article le patronage qu’ils exercent vivants ou morts soit à l’égard des corporations soit à l’égard des villes. C’est ainsi que Moûlaye Boû-Chtâ, dont nous avons cité la double sépulture, est le patron des musiciens, des chanteurs et des amateurs de sports, dans la région du Fah’ç-. Sîdî Moh’ammed el-H’àdjdj Boû-'Arrâqia est le patron de Tanger, Sîdî Belliot celui de Casablanca, etc.
Voici, enfin, pour achever ce tableau du patronage maraboutique, deux brèves légendes de saints, dans leurs fonctions de patrons protecteurs des cités. Sîdî Yoûsof et-Tlîdî, patron d’Ech-Chaoûn, sortit de son tombeau, lorsque les guerriers de Lékhmâs assiégeaient la ville; saisissant l'échelle, sur laquelle ils montaient à l'assaut, il la jeta au loin, écrasant les grimpeurs et les assaillants restés au pied des murailles’.
Sîdî s-Sa'îdî, patron de Tétouan, anéantit par une formidable explosion les soldats espagnols qui, en 1860, voulurent violer son mausolée.
Dans les pages qui suivent, nous verrons d’autres legends de saints faisant ressortir les divers rôles qui leur sont attribués.
Quelques légendes de saints.
Forme que revêt la légende des saints musulmans.
La forme que revêt la légende des saints, dans l’Islàm, est caractéristique. C’est à titre exceptionnel qu’on y rencontre cette piété mystique, cette intimité religieuse, ces allégories pleines d’instruction et d’édification, qui donnent tant de charme à la légende des saints dans le Catholicisme.
Sans doute l’hagiologie musulmane est débordante d’imagination ; cette faculté de l’esprit s’y donne non seulement pleine carrière, mais s’y livre à tous les excès dont elle est capable. C’est là le trait le plus frappant des biographies de marabouts. Mais, il faut bien l’avouer, ce procédé littéraire rappelle de beaucoup plus près la manière de composer et d’écrire des 1001 nuits que la composition et le style qui conviennent à la légende pieuse. Voici, à titre d’exemple typique, un récit hagiographique musulman, correspondant de tous points à la definition que nous venons de donner. Il est tiré de la légende d’un saint célèbre, enseveli au Caire, le walî Leith ben Sa‘d, surnommé Aboû-l-Makàrim, « le père des grâces. »
« Un pauvre homme gémissait sous le fardeau d’une dette, dont il lui était impossible de s’acquitter; dans sa détresse, il s’en alla chercher consolation auprès du tombeau du saint. Le double poids du souci et de la meditation pieuse le plongèrent dans un sommeil qui lui ôta le sentiment de son malheur. L’Imàm (le saint) lui apparat alors en songe et lui dit : « Rassure-toi, pauvre homme!
En te réveillant, tu prendras ce que tu trouveras sur mon tombeau. » Le pauvre diable ne tarde pas à s’éveiller; il n’eut pas besoin de chercher longtemps pour apercevoir perché sur le tombeau un oiseau qui possédait la faculté merveilleuse de réciter le Coran selon les sept modes de lecture consacrés et en observant toutes les règles rituelles.
Il emporte l’oiseau merveilleux comme présent de l’homme miraculeux ; l’oiseau se laisse faire. A peine entré dans la ville, il devient l’objet de l’admiration générale, et en même temps affluent pour son possesseur toutes les ressources nécessaires à l’existence. La reputation de l’oiseau s’étant répandue jusqu’au palais, l’homme est invité à faire admirer au prince et à la cour la science de son oiseau. Le prince, émerveillé, comble le pauvre diable de présents et veut lui acheter son oiseau. La somme permet au misérable non seulement d’acquitter la dette qui l’écrasait, mais de se mettre pour le reste de ses jours à l’abri du besoin. Le prince, cependant, enferme son hôte ailé dans une cage dorée et l’entoure des plus grands soins. Mais le «père des grâces» lui apparaît en songe, au moment précisément où iI rêvait de l’oiseau merveilleux, et lui tient ce langage : « O Prince, sache que tu tiens mon esprit enfermé dans une cage dans ton propre palais. » Le prince, qui ne se rendait pas un compte exact de ces paroles, voulut au matin interroger l’oiseau, mais il trouva la cage vide. C’était l'esprit de l'imâm, qui, sous la forme d’un oiseau, avait servi de moyen pour délivrer un malheureux de sa dette. Sa tâche accomplie, il pouvait rentrer en paradis '. » On ne sera pas étonné, après cela, de voir des saints transformés, non seulement en animaux, mais en êtres monstrueux, en objets, en figures géométriques (un carré, par exemple), etc. Nous allons illustrer, par quelques nouveaux exemples typiques de légendes de saints, les observations générales que nous avons présentées dans la première partie de cette étude. Il ne s'agit, il est à peine nécessaire de le dire, que d’un choix d’épisodes, d’un intérêt particulier, que nous faisons dans les biographies légendaires des saints de l’Afrique du Nord.
Culte des saints musulmans dans l’Afrique du Nord et plus spécialement au Maroc-Edouard Montet
יהדות המגרב: רפאל בן שמחון- מנהג שירת הבקשות אצל יהודי מרוקו –אל־כמאלא (השתתפות)-סיום הפרק

אל־כמאלא (השתתפות)
מנהג מאוד נאה קיים במרוקו: כאשר מישהו הלך לעולמו, בשבת השבעה וכן בשבת החודש והשנה, כל אנשי חברות אומרי הבקשות שבעיר, נהגו בגמר הבקשות, ללכת בבוקר ביחד , לבית־הכנסת בו התפלל תמיד המנוח, ושם קראו כמה מזמורי תהלים ואחר־כך כמה בקשות מיוחדות הנאמרות בדרך־כלל בנסיבות אלה, כן עשו השכבה למנוח, ורק אחרי זה התפנו ללכת לתפילת שחרית של שבת. ביקור זה בבית־הכנסת היווה כמעין ניחום אבלים ונקרא בפי המון העם בשם אל-כְּמָאלַה או השתתפות. גם אנשי חברה קדישא נהגו להשתתף בכל אירוע, הם לא נהגו ללכת להצטרף לאנשי חברות אומרי הבקשות, אלא העדיפו ללכת במרוכז ובאופן עצמאי ולא עם אנשים זרים לחברה. בהשתתפויות מעין אלו, נהגו להתחיל בבקשות שלפנינו:
מציאותו ואחדותו ואין גוף, וקדמון הוא נעבד ידע נביאיו, למשה שם ותורה לא תשונה, גמול ישע מחיה הוא צבאיו, שאי עין יחידתי ליוצרך, וזכרי בוראיך בימי נעורך, לפניו צעקי לילה ויומם, ולשמו זמרי תמיד בשיריך. . .
הערת המחבר: הבקשה ״מציאותו ואחדותו״, מייחסים אותה לשלמה אבן־ גבירול, מופיעה בקובץ הפיוטים ישמח ״ישראל״, ע׳ 126. ;ראה מקורות השירה ע׳ 454, המביא כמה פרטים על הבקשה
מציאותך ואחדותך שלימה, יסוד עולם תבל יסדת, ואינך גוף ולא רוח וגשם, שמך יחיה והיה אז ועתה, מחדש כל לך אעבור בלבי, לזולתך לא סר וגם לא נפתח, נבואתך לחוזיך הנכונה, ואיש משה עלי כולם בחרת.
הערת המחבר: ״מציאותך ואחדותך׳ ראה: מקורות השירה ע׳ 454 המציין כי הבקשה חוברה בידי ר׳ עמור אביטבול מצפרו. על הרב הזה, ראה: קהלת צפרו. ח. ד. בתולדות רבני עיר צפרו, עמ׳ כד־כח,
יהודי מרוקו לא יוותרו על בקשות השחר, משום שהן מהוות עבורם פרק חשוב מהווי החיים, ולכן היראים וכן חובבי השירה והפיוט נהגו לקום "לסלאת לפג'יר" (תפילת ותיקין), היינו להתפלל עם ״הנץ״, וכך, לפני עלות השחר , שרו כמה בקשות נאות בעברית וגם בתרגום ערבי:
יה לך עיני נשאתי/ושמע לקול שועתי/כפר־נא כל אשר חטאתי/למען שמך ה׳.
״יה לך עיני נשאתי״. מחבר התוכחה הוא יוסף עקרה ואין פרטים עליו, מופיעה בקובץ ״ישמח ישראל ״ בסדורי הסליחות, בכמה סידורי תפילה ובהרבה מקומות. בחו״ל, הרגילים להתפלל עם הנץ (תפילת ותיקין) נהגו לאומרה השכם בבוקר לפני התחלת התפילה. היום אנו נוהגים לאומרה ביום תענית דיבור, בסיום הלימוד. התוכחה הזאת מאוד מוכרת במרוקו וגם הלחן שלה מיוחד הוא, מלא רגש והתרוממות רוח, לכן גם בהספדים, בעיתות צרה בעצירת גשמים ובלימוד של שלוש הפקידות, אומרים אותה.
או הבקשה שחציה עברית וחציה השני ערבית:
אל בית־אל הנה קמתי, לא איחרתי, אשמרה משמרתי אשקודה, על דלתותיך פנימה.
תרגום:
יא רב אל־קדרא איליב נרפ׳ד עיני, נדר מנני ומן חאלי, מסכינא ומגבונא, מסכינא ומדלומא.
נגדך אערוך תחינה ואכרעה, כי לך הישועה, עורה־נא ופדה־נא לעגומה.
תרגום:
סירת ונזלת פ׳י ארבע זוואייה לעאלאם, וואלא זברת חד פיהום מעאיי סאלאם״.
השבת האחרונה
השבת האחרונה של הבקשות, הייתה השבת המעניינת ביותר מבין כל לילות בקשות התקופה. במכנאס, השבת האחרונה של הבקשות נערכה תמיד בביתו של ר׳ אברהם עמאר זצ״ל, אחד הרבנים והדיינים היידועים שעברו בעיר מכנאס בדור האחרון. בערב זה נכחו רוב רבני העיר, גדולי הפייטנים המקצועיים וכל המי־ומי שיכלו להצליח להיכנס בכלל לביתו של הרב, משום שגם בימים כתיקונם, לא העז איש גם להתקרב אל מפתן ביתו מרוב הכבוד והיראה שבני העיר רחשו לרב הגדול הזה.
הערת המחבר: ר׳ אברהם עמאר זצ״ל היה מו״צ במכנאס, הניח הרבה פסקי־דינים. סבל ממחלת פרקים קשה ורותק למיטתו. זוכרני בעודי תשב״ר, ביום פורים אחד, בשעת סעודת אסתר, עובר במללאח הישן כשהוא רכוב על סוס, כי לא היה יכול ללכת רגלי, וזה היה לפלא גדול בעיני כל רואיו. ראה עליו: מלכי רבנן, אות א עמי י.
נחתום פרק זה כך: פייטני הדורות ריכזו בכוח שירתם ונגינתם בלילות שבת, בשעה ״ואשמורה בלילה ״(תהלים, צ, ד.), להתעוררות אלפים של אחינו יוצאי מרוקו, כדי לקיים את מה שנאמר בתהלים, קיט, קמח: ״קדמו עיני אשמורות״, בהתעלות נפשית, בשירה ובזמרה.
יהודי המגרב מעלים עתה את הנוסטלגיה הזו של אותם ימים יפים והלילות שדעכו במקצת, עם כל זה, הפייטנים הצעירים של תקופתנו שקמו זה עתה, ממשיכים את דרכו של גדול הפייטנים בדור. מהם גם מאמינים באמונה שלמה, כי זמירותיהם ופיוטיהם מ״שיר ידידות״, בלילות שבת ימשיכו להרקיע שחקים אף על־פי שמתקיימים עתה רק בזעיר אנפין בישובי ישראל.
יהדות המגרב: רפאל בן שמחון- מנהג שירת הבקשות אצל יהודי מרוקו –אל־כמאלא (השתתפות)-סיום הפרק
מרכוס חנונה-חתונת ארטישוק גירושי שזיפים-חוכמת הפתגם של יהודי מרוקו.

חוכמת הפתגם של יהודי מרוקו
חתונת ארטישוק גירושי שזיפים
חוכמת הפתגם של יהודי מרוקו
עורך: רוביק רוזנטל
זְוָאז לְ-קּוּקּ אוּ טְלָאקּ לְבְרְקּוּקּ
מתחתנים בעונת הארטישוק (כסמל לעוני)
ומתגרשים בעונת השזיפים (כסמל לעושר)
מה אומרים יהודי מרוקו על האושר?
אחד לבו על גחלים, ואחר לבו על תמרים.
ומה הם אומרים על ילדים והורים?
מי שאמו חליל ואביו חצוצרה, יהיה מתופף.
ועל מי נאמר פיו דבש, ולבו זפת?
חתונת ארטישוק, גירושי שזיפים, המכנס יותר מאלף פתגמים של יהודי מרוקו, הוא חלון צבעוני ורב הפתעות לתרבות עשירה מאין כמותה. אהבה, משפחה, אוכל, כסף, חגי ישראל, מזג האוויר – פתגמי הקהילה מדברים על הכול, בשמחת חיים ובעוצמה של רגש.
הפתגם המרוקאי, הצופן בחובו את המענא – המסר הסמוי – הוא מופת של תחכום, והאופי המיוחד של השפה המרוקאית מעניק לו נופך של חוכמה עממית חתרנית.
מרכוס חנונה, ישראלי יליד מרוקו, מקדיש את זמנו לתיעוד השפה היהודית־מרוקאית ואף פרסם מילון ללשון זו. עורך הספר הוא הלשונאי והסופר רוביק רוזנטל.
מבוא
ברוב השפות, הפתגם הוא היהלום שבכתר. זה המשפט שהדובר מציג כדי להדגיש את טענתו ולהוכיחה. במרוקאית, הפתגם רחוק מלהיות היהלום שבכתר. הוא המים והלחם של השפה. הפתגם הוא המרכיב המרכזי בדו־שיח המרוקאי, או כפי שאומר פתגם 1053: ״אמירה ללא פתגם, כמאכל תפל״. שיחה ללא פתגם, כאילו לא התקיימה.
החברה הדוברת מרוקאית רגישה מאוד לצלילי השפה, למלודיה ולהטעמה של כל צליל החבוי בתוכה. הרגישות הזו נובעת מתוך הצפיפות הפיזית של חבריה, צפיפות המחייבת רגישות ומודעות לכל מה שקורה במשפחה, בשכונה ולפעמים בשבט.
בדו־שיח המרוקאי אין אמירות ישירות. האנשים מודעים לכוח המילה, או כפי שאומר פתגם 1045: ״הלשון תהרוג יותר מהחרב״. רוב הדו־שיח המרוקאי נע סביב ברכות, איחולים, וחיפוש מתמיד אחר רמזים דיפלומטיים הטמונים באמירות הפתגמיות ובהטעמתם. עיתוי האמירה הוא לב הפתגם.
במרוקאית לא ייתכן מצב של מפגש אקראי שמתחיל ומסתיים במשפט ״שלום, מה נשמע?״. האדם הוא נציג משפחתו ושכונתו. כששואלים לשלום מישהו, שואלים לשלום כל חברי המשפחה, לפחות מהמעלה הראשונה, ועדיף גם מהמעלה השנייה. זו סדרה אין־סופית של ברכות ואיחולים, הטבולה באמירות ופתגמים שבהם טמונים הרמזים הגלויים והנסתרים, המביעים את יחס הדובר לאנשים הנזכרים ולקורותיהם.
הפתגם המרוקאי נועד ביסודו לאדם הפשוט, ולשימוש יומיומי. תבניות הפתגם מדגישות את ההיבט המילולי של תוכן הפתגם. כך הם מקילים על הדובר ועל השומע להטמיע קלישאות ידועות ומוכרות לתוך הדו־שיח השוטף. על כן, מרוקאית היא אחת השפות המשופעות ביותר בפתגמים. הפתגמים עוסקים בחיים – מהלידה ועד המוות – במוסר, במשפחה, בגידול ילדים, בזקנה, בבדידות, בגורל ובכל פן אחר של חיי היומיום.
*
השפה המרוקאית היא שפה ייחודית, המשופעת בלמעלה מ־300 להגים רבים ושונים. אלה מעידים על כישלון הכיבוש הערבי להשליט את התרבות והשפה הערבית באזורים השונים של מרוקו. הלהגים השונים אפשרו לדובריהם להמשיך ולשמור על מסורות לשוניות עתיקות שהיו דומיננטיות באזורים אלה, כמו ארמית, יוונית, רומית, לטינית וולגרית, ספרדית, ובדורות האחרונים – גם צרפתית. אמנם הערבית על מגוון להגיה חדרה גם למרוקאית, אך זה נעשה לרוב לתוך התבניות הלשוניות המגוונות של המרוקאית. דבר זה מסביר את חוסר יכולתם של דוברי הערבית במדינות השונות להבין את הערבית המדוברת במרוקו.
בתוך הכאוס הלשוני במרוקו התפתחה השפה המרוקאית־יהודית. אמנם גם בה יש כתריסר להגים שונים, אבל הם קרובים במושגים הנובעים מעברית וארמית ובמיוחד במושגים הקשורים לתרבות היהודית. השוני בין השפה היהודית לבין השפה המוסלמית מתבטא בשמות השפות במרוקו עצמה. הערבית היהודית קרויה לְ־עָארְבִּיָי׳א דְל־לִ־יהוּד, ואילו הערבית של המוסלמים קרויה לְ־עָארְבִּיָ׳א דְל־לְ־מְסְלְמִין.
ד׳׳ר דן מנור-על השיר: 'רעידת אדמה באגדיר', לארז ביטון.

ד׳׳ר דן מנור
על השיר: 'רעידת אדמה באגדיר', לארז ביטון.
'בערב ההוא
היו השמים תכולים בעמק המוזהב,
האדמה דממה בשקט של מארב,
והזוכרים אומרים,
שהאויר מתוק בחזה,
בערב שלישי זה היה,
איך קורה, הוי אימא אימא,
שאנשים מכובדים, מיושבים בדעתם,
יקומו באחת לגשש בזעקות בחושך?
איך קורה, הוי אימא אימא,
שעיר שלמה תקום באחת לגשש בזעקות בחושך?
ואחר כך,הוי אימא אימא, מה חושב היושב
מול שאריות ביתו, מול חוסר יקיריו?
מה הדבר הראשון שיעשה באותו בוקר?
הוי אימא אימא, ולוואי לא בא בוקר,
והזוכרים אומרים, כי בערב ההוא
היתה תאוה מתוקה לשינה,
בערב יום שלישי זה היה, הוי אימא',
('מנחה מרוקאית', עמי 40)
השיר-יעל רעידת אדמה באגדירי-הוא מעין הספד פיוטי על הקהילה היהודית בעיר אגאדיר, שזועזעה על ידי רעידת אדמה עזה בליל ראש חודש אדר של שנת תש"ך (1960). המשורר עצמו לא חווה את המאורע, ואף אינו נמנה עם בני הקהילה. אך כרבים מבניה שעלו לארץ לפני כן, אף הוא רגש מן השמועה ששודרה בכלי התקשורת, והביע את צערו בלשון פיוטית כיד בת השיר הטובה עליו.
הפשטות והתום המאפיינים את לשונו ותוכנו של השיר הם סימן להמיית נפש המובעת, לרוב על ידי אליגיה, או במקרה דידן קינה עממית, שאינה מפליגה מעבר לרחשי לבו של המשורר, וממילא אין בה מקום ליסודות הגותיים. לפיכך מצאנו לנכון לבדוק את השיר לפי הבנתנו, כדין כל יצירה הפוקעת מרשות היוצר לרשות הרבים. ואם ירדנו לסוף דעתו של המשורר, יהיה בכך שכרנו.
אכן, היסודות המאפיינים את השיר כקינה הם זכרי לשון של הקינה המקראית המשובצים בו. השאלות:
'איך' הנשנות בשיר הן ביטוי לתהייה, אם על הסדר העולמי ואם על הצדק האלוהי, כמשמעותן במקרא: 'איך נפלו גיבורים, 'איך שודדנו', 'איכה ישבה בדדי. כיוצא בזה קריאת הצער : 'הוי' החוזרת בשיר,מופיעה לעתים במקרא כביטוי להספד : 'ויספדו עליו הוי אחיי, ובקריאת הצער : 'הוי אריאל', הביע הנביא את יגונו על חורבן ירושלים.
בחצות הלילה, לפי המתואר בשיר, זועזעה העיר לפתע. והתושבים התעוררו משנתם בבעתה ופרצו בזעקות שבר כשהם מגששים באפילה : 'הוי אימא, שעיר שלמה תקום באחת לגשש בזעקות בחושך', המהלומה שהייתה כה עזה ופתאומית, כתיאורו של המשורר, עוררה בהלה גם בקרב אנשי מעמד המכונים בפי המשורר : 'כאנשים מכובדים ומיושבים בדעתם', שקרוב לודאי, היו ביניהם גם פרנסי הקהילה. הללו היו אמורים, כיאה למעמדם, לנהוג בקור רוח, להרגיע את מוכי ההלם ולהחיש עזרה לחסרי אונים. אך למרבה האכזבה הם עצמם עמדו כחסרי ישע. ברם, לא עליהם תוהה המשורר, וקריאת ההשתוממות: 'הוי אימא', שנפלטה מפיו אינה מכוונת כלפיהם, אלא כלפי יד הגורל ששיתק אותם והפכם לחסרי תועלת.
אכן,מחזה כזה של מנהיגים אבודי עשתונות בשעת חירום, מזכיר לנו שוב מחזה מקראי אחר מנבואות הפורענות המתאר תוך הבעת תהייה את מנהיגי הדור כאובדי עצות ערב החורבן על פי גזירה אלוהית : 'ואבדה חכמת חכמיו', קונן הנביא על מנהיגי אותו דור. כיוצא בזה, גם תמונת האנשים : 'המגששים בחושך תוך זעקות', כמתואר בשיר, גלומה בה אסוציאציה של תמונה אחרת מנבואות החורבן המתוארת בזו הלשון:'נגששה כעוורים קירי.
אחד היסודות העממיים בשיר הוא הפנייה :'אימא; החוזרת ונשנית. כידוע, האם במסורת העממית מסמלת רגשות של אהבה,רוך וחמלה. היא הדמות הנישאת בפינו בעת שמחה ובעת מצוקה, כפי שהנביא הטיב לבטא : 'כאיש אשר אמו תנחמנו', והפרשן הוסיף הבהרה משלו: לפי שדרך האם לנחם יותר מן האבי. אכן,לולא דמסתפינא [לוּלא הייתי חושֵש (הייתי אומר ש־) – ביטוי של הִסתַייגוּת מראש לפני הבּעת דעה נועֶזת א.פ] הייתי מעז לפרש את הקריאה-, לא רק לאם האנושית, אלא אף לאם האלוהית, הלא היא השכינה הפורשת את חסותה על האומה, נוטלת חלק בסבל בניה ומצירה בצערם.
הביטוי-"בערג יום שלישי זה היה"-המודגש פעמים בשיר אינו תאריך,אלא מעין יום זיכרון, ומיותר להעיר,כי לפי הלוח העברי,יום שלישי בערב הוא ליל רביעי שלילו כיומו, כדין כל ימות השנה שלילם כיומם. מועד האסון הוא, אפוא, יום רביעי, שעליו נאמר במקורותינו : 'לית סימנא טבא בשני וברביעי,. משמעות הדבר היא שיום רביעי מסמן מזל רע . לפיכך יש להימנע בו מכל חידוש : 'אין מתחילין בב"ד'=(יום ב' וים ד'). לא בכדי קבעו המקובלים שביום רביעי נבראה 'לילית' אם השדים, ובו ביום מתעמעם אורה של השכינה, כשמידת הדין הגוברת עליה נוטה להרס וחורבן בעולמנו. רשאים, איפוא, להניח שמועד-ייום שלישי בערב', (קרי : יום רביעי)- המודגש בשיר, גלום בו הרמז, כי חורבן קהילת אגאדיר הוא תוצאה של מזל רע ,לפי האמונה העממית; או תוצאה של תגבורת הדין בעולמות העליונים בהתאם לתיאולוגיה הקבלית על אודות היחסים בין עולם האצילות לעולמנו.
אולם, לא כל זכרי הלשון מן המקורות המשוקעים בשיר עולים בקנה אחד עם האמונה האורתודוכסית, כפי שראינו כאן, אלא יש שזכר לשון זה, או אחר, מתאר סיטואציה הפוכה מזו של המקור תוך גישה אירונית- סימן לספקנות במסורת. כדוגמה לכך נתייחס לאותו ביטוי עצמו-ייום שלישי בערב, כפשוטו, כמקובל בעגה העברית של ימינו. דהיינו, יום שלישי ממש. אם כך, הרי על יום שלישי נאמר פעמים :'כי טובי, ומזה משתמע שיום שלישי הוא יום של ברכה. כפילות ספרותית זו -פעמים כי טוב- מתפרשת במשנת המקובלים כשני ייחודים המתרחשים בעולם האצילות, בין הזוג העליון־אבא ואימא והזוג התחתון־תפארת ומלכות. ייחודים אלה משרים חדווה והרמוניה בעולמות העליונים, וכתוצאה מכך זוכים הבריות בעולמנו לשפע וברכה,. אולם 'יום שלישי, הנקוב בשיר אינו יום של ברכה, ולא של חדווה, אלא זהו יום של זעם ופורענות שבו נחרבה קהילה שלמה. הרי לנו,איפוא, מה שמוחזק במסורת כברכה, מתואר בשירנו זה כקללה. והפקפוק במסורת המשתמע מהדברים האלה גלוי למדי, כשריח של אירוניה נודף ממנו.
כתובים שונים במקרא, הנוטים לייחס לטבע יסודות אנתרופומורפיים, מציירים תמונה שבה שוררת הרמוניה בין האדם והטבע, עד כדי חוויה זהה ביניהם. חדוות האדם מעוררת גם חדווה בטבע . כשאבותינו חגגו לרגל חירותם משעבוד מצרים, גם הטבע חגג עמהם : 'ההרים רקדו כאלים,. וביגונם של אבותינו על חורבן הבית השתתף גם הטבע :'גם שמש וירח קדרו,. כתובים מסוג זה רבים, ואין מקום להאריך.
תפיסה זו על הזדהות הטבע עם האדם מוסיפה להופיע גם ביצירה הפיוטית. נביא כאן לשונן של קינות אחדות על החורבן: 'גם סהר וחמה בקצה זבול נשקעו / וכוכבי עש וכימה ירדו לתחתית האדמה,. אך לא רק הטבע הדומם, אלא אף עולם החי נוטל חלק באבל על החורבן : 'ועורב יקונן / ויעלות ותנות / מתנות אנייה,. כיוצא בזה כותב משורר אחר בן המאה השבע עשרה כשהוא מקונן על החורבן: יחפרו וגם חשכו סהר וחמה,.
בניגוד לתפיסה מסורתית זו בדבר ההרמוניה שבין האדם והטבע, הרי מכמה תיאורים בשירנו מבצבצת, דווקא ,תפיסה שונה המראה על התנכרות הטבע לגורלו של האדם. כך,למשל,בשעה שבני אדם היו שרויים תחת צלו של האסון, מופיע הטבע במלוא יפעתו : 'השמים תכולים בעמק המוזהב,. זוהי אווירה פסטורלית אפופה צבעי זהב ותכלת, כשהיא מדיפה :'אויר מתוק ונעים בחזה,. בעיצומה של אידיליה זו אורבת לאדם אווירה אחרת של הרס וחורבן. אם כן, לא זו בלבד שהטבע אינו מצר בצרת האדם, אלא הוא אף חוגג בפידו של האדם, והיסוד האירוני כלפי המסורת בולט כאן למדי. מן הראוי להעיר,וללא שום התגדרות, שלעגו זה של ביטון על המסורת, מזכיר לנו את שירו של ביאליק, שבלעג שנון הוא מתאר תמונה של טבע זוהר על רקע אווירה של פוגרום ביהודים : 'השמש זרחה / השיטה פרחה / והשוחט שחט'.
עוד זאת, ביטון מתאר אווירה של דממה באותו לילה גורלי לפני פרוץ הזעזוע. אך זו לא הייתה דממה המקרינה על האדם מנוחה ושלווה מעמל היום, וביטחון מפני פגעי לילה בבחינת: 'לא תירא מפחד לילה', אלא מדובר בדממה מתעתעת כדרכו של מארב עוין : 'האדמה דממה בשקט של מארבי. כאן ראוי להעיר, שהאדמה מוחזקת כאם האדם לפי המסורת העממית בהתאם לכתוב : 'וייצר אלוהים את האדם עפר מן האדמה'. והנה עתה אותה אדמה רוקמת בחשאי מזימות נגד האדם, ובכך היא מועלת באימונו בה, כמעילה של אם באימון בנה.
עמדה צינית זו כלפי המוסכם והמקובל נקוטה גם לגבי מוטיב השינה המופיע בשיר. ביטויים שונים מציינים את השינה, לעתים כהנאה לגוף ולנפש : 'ושנתי ערבה לי', הצהיר הנביא לאחר חזון נפלא, ולעתים כמחסה מפני עמל היום: 'מתוקה שנת העובד’, מצהיר החכם המקראי, והחרה אחריו המשורר אשר בטא את בטחונו בשינה : 'בשלום יחדיו אשכבה ואישן'. איוב שלקה בייסורים מרים מצא מזור בשינה, כדבריו : 'ישנתי אז ינוח לי. אומנם, חז״ל הגדירו את השינה כאחד חלקי ששים מן המוות, אך בו בזמן הם טיפחו תודעה בדבר עליית הנשמה למרום כמעין פיקדון בשעת השינה, שישוב לבעליו עם היקיצה; על ידי כך חיזקו את בטחונו של האדם בשינה : 'בידך אפקיד רוחי', כך היהודי פונה לאל בעלותו על משכבו, וכשהוא מתעורר מברך : 'ברוך המחזיר נשמות לפגרים',
אין, איפוא, תימה בכך שהמשפט : 'באותו ערב הייתה תאווה מתוקה לשינה', נראה כביטוי לביטחון שחשו אותם קורבנות בשנתם. ובאוזני הקורא מהדהד הכתוב שהוזכר לעיל : 'מתוקה שנת העובד', אכן, השינה לא הייתה מתוקה כלל, אלא היתה זו שנת עולמים מרה. הלעג המסתמן כאן הוא, כי מה שהוגדר על ידי חז״ל כאחד חלקי ששים ממוות, הפך למוות ממש, ומייד עולה אסוציאציה מיצירה קלאסית אחרת שבה קרא מאן דהו בטון של מחאה: 'מקבת רצח שינה',
תוך כתיבת הדברים עלה בזיכרוני שיר בעל ניגון ערב ששמעתי בילדותי. הניגון היה כה נוגה שכל שומעו היה מזיל דמעה. אך הפזמון בלבד נשתייר מן השיר בזיכרוני ממנו. וזו לשונו של הפזמון: 'מסאוו מגידורין פי לאמן עלא לאמן ועלא לאמן'. תרגום הדברים : נבגדים נספו למרות אמונתם, ודווקא בשל אמונתם. כלומר, אלה שהשליכו את יהבם על ( האל?, הטבע?, האדם?) התרגש עליהם אסון פתאומי שהביא למותם, והמשורר דאז ראה בכך בגידה באימון.
זקני העיר ידעו לספר על עבר רחוק שבו זעזעה פורענות פתאומית את בני קהילת אגאדיר בשנתם. אך על מהות הפורענות יש שתי גרסאות : לפי גרסה אחת הייתה זו רעידת אדמה, לפי גרסה אחרת מדובר בהצפת ים.
(אני פונה בזה לכל היודע פרטים נוספים על השיר ועל רקעו ההיסטורי שיואיל לספק את סקרנותנו, ויבורך על כך).
מכל מקום, תהיה זו רעידת אדמה, או שיטפון, האסוציאציה תואמת את שירו של ביטון, המתאר אף הוא בני אדם, שהלכו לישון לתומם חדורי אמונה, בהשגחה השומרת עליהם מפני כל פגעי לילה, כפי שעתרו לאל בקריאת 'השכבנו' של תפילת ערבית. אלא שלמזלם הרע הם נחרדו בשנתם על ידי מהלומה פתאומית. ושירו של ביטון, כשירו של אותו משורר עלום שם, מתאר את המאורע הזה במעילה באימון מצד הטבע.
ד׳׳ר דן מנור
על השיר: 'רעידת אדמה באגדיר', לארז ביטון.
Les martyrs juifs d’Oufrane-Omar Lakhdar

Selon la courtoisie de l'auteur Mr Omar Lakhdar
Les martyrs juifs d’Oufrane
Les martyres juifs d’Oufrane (Ifrane de l’Anti-Atlas), est une histoire qui se confond aujourd’hui avec la légende :
« Quand la légende dépasse la réalité, on publie la légende, phrase célèbre du film américain l’homme qui tua Valérie valence,
Ces révélations historiques des descendants des nisrafims d’Oufrane, publiées dans des manucrits et ouvrages, sont conservés précieusement depuis plusieurs générations dans les archives familiales de l’ancienne communauté juive de Mogador. C'est d'Oufrane que bien des Israélites de Mogador, et d'ailleurs, tirent leur origine. Les principales familles d'Oufrane, qui étaient sur place ou émigrées, sont les suivantes: Afriat, Abitbol, Ammar, Abecassis, Bougamin, Elgebbas, Elharrar, Ifergan, Knafo, llewi, Kohen, Ouhiyyun, Rebboh, Rebbibo, Qadus, Qidüsim, Süsan, Tedgi, Sebbagh, Serraf, Zafrani.
Au Maroc et ailleurs, on a beaucoup parlé d'lfran et de ses Juifs. Ceux-ci seraient installés dans la région depuis des siècles. Un de leurs tombeaux porterait même une date antérieure à l'ère chrétienne. On sait que la palmeraie d' Ifran était, autrefois, placée sur une des routes commerciales du Soudan. C'est, notamment. l'Offaran de Valentim Fernandes (1506-1507). l'Ifran de Léon (in Ramusio. 1606). l'Ufaran de Marmol (1667), l'Oufran de Venture de Paradis (1841).
En 1790, juste après la mort du sultan Mohammed ben Abdallah, un ascendant de Ma-El-Amine, et de M’Rebbi Rebbou, un chef de clan qui avait semé la terreur parmi les naufragés des rivages de Oued Noun , du nom de Bou Hlassa, l’homme au bat, ainsi nommé parce qu’il portait constamment sur le dos un sac d’amulettes gros comme un bat, arriva un jour à l’improviste, dans le souk des Ait Bou-Bker chez les Ait Ba-'Amran, région d'Ifni, où 60 juifs d’Oufrane étaient venus pour leurs affaires. Il leur aurait donné un délai de huit jours pour se convertir ou de mourir dans un bucher. Cette nouvelle glaça tous les habitants d’Oufran. Indignés, musulmans et juifs étaient irrités contre la décision fanatique de Bou-Hlassa. On redoutait qu’un drame allât se passer.
Au jour dit, dix parmi les juifs avaient réussi à s'enfuir. Les autres s’étaient présentés au rendez-vous avec leur rabbin, Yehuda ben Naftali Aferiat. Il y en avait des adolescents, des hommes mûrs et des vieillards. D’autres avaient des jeunes femmes et des enfants. Tous déterminés à ne pas céder au chantage du cynique personnage. Certains avaient même apporté le bois pour alimenter le feu du bucher qui serait tenu sur la grande place. La seule personne de la communauté qui manquait encore à l’appel, c’était Moise Knafo, qui s’était occupé ce jour là, à la circoncision de son fils. On l’attendait. Il arriva, après avoir lui-même circoncis son enfant. Sa jeune femme, encore malade de ses couches, se sauva à travers champs, en emportant son bébé, attaché derrière son dos, à la manière des autochtones, et se dirigea à pied sur Mogador, sa ville d’origine. Il fallait sauver l’enfant pour perpétuer la race. Une fois arrivée dans cette ville après trois mois de voyage, tout en haillon et le corps brulé par un soleil torride, elle fut accueillie avec bienveillance à Mogador par la famille Corcos, à laquelle elle raconta le drame de la communauté juive d’Oufrane.
Dans le souq on alluma le brasier. Les flammes s’élevèrent dans le ciel avec un panache de fumée noire. Les cris, les pleurs, les supplications et les hurlements de la population se faisaient entendre partout. Bou Hallassa qui supervisait les opérations, resta insensible à cette scène atroce, qui impressionnait tout le monde. Les juifs, tous, d’une seule voix, entonnèrent alors la prière du Chémah.
Naftaly Afriat le rabbin de la communauté les poussait un par un au bûcher. D’un regard sévère, il glaçait les hésitants. Tous se jetèrent au feu. Les cris atroces des premiers suppliciés semblaient décupler l’ardeur de ceux qui suivaient, et une émulation sauvage s’empara de cette troupe exaltée.
Seul, Naftaly Afriat, comme le capitaine à bord, demeura le dernier, avant de se livrer aux flammes. Il voulut se laver les mains pour ses ablutions. Il appela une femme qui passait avec un seau d’eau. Il arracha son anneau d’or de son oreille pantelante, et le lui offrit pour un peu d’eau. Puis, sans un cri, il entra au bûcher.
Les Afriat, qui portaient l’anneau, signe qu’ils n’avaient pas livré leurs bijoux au Veau d’Or, ont cessé depuis l’événement d’Oufran, d’en orner leur oreille, en souvenir du sacrifice de Naftaly Afriat. Les cendres des cinquante victimes de Bou Hlassa sont inhumés aujoud’hui dans une grotte au cimetière d’Ifrane.
Les descendants des héros d’Oufran qui pleuraient en contraignant la paupière de leurs yeux de verser un torrent de larmes mais qui s’y refusaient et s’y substituaient un torrent de flammes, se montraient toujours très fiers à l’évocation de ces faits glorieux, qui constituent une des plus belles pages de leur histoire.
Pour commémorer cet événement dramatique il est est temps de penser à dresser un mémorial à Ifrane à la mémoire de nos compatriotes juifs qui avaient perdu la vie, victimes de fanatiques sans scrupules.
המרכיב העברי בערבית הכתובה של יהודי מרוקו-יעקב בהט

אנוס – מוכרח:
1) מא יבטל… מן גיר אידא כאן אנוס = לא יבטל [אף יום תפילה בציבור] אלא אם כן היה אנוס
2) האדו די כָּאנו אנוסים סוֹף אַס עְמְלוֹ… = אלה שהיו אנוסים [והתפללו בטעות לפני עלות השחר,] ראה מה עשו [גזרו על עצמם תענית]…
אני: אני הכותיב ע״ה [=עבד ה׳] שמעון מאמאן…, תאפילאלת / כ״י 1372.
אני הדל – ביטוי ענווה: אני הדל כָּא נְסְרְח כְּלָאם אְתַנָא = אני הדל מפרש את דברי התנא.
אנס״ו – אמן נצח סלה ועד: כן ישמחנו ה׳ אנס״ו / ש״ח 76.
אסור] – אסור, שאין רשות לעשותו או להשתמש בו: נָאס כָּאמְלִין חייבים בָאס יְצוּמוּ האד 4 דצייאמת ואסור לפרוץ גדר = האנשים כולם חייבים לצום את ארבעת הצומות האלה, ואסור לפרוץ גדר . [מאכלות אסורות, מאכלות אסורים
] אסור – אִסור l'issur ,lissur (פ).
1 דבר האסור לאכילה: 1) יָאכֵּל סִי חָאזָא דְלְאִיסוּר = יאכל דבר מה של איסור [שהוא אסור לאכילה]
2) כִאָנוּ יָאכְּלוּ לִיסוּר = היו אוכלים את האיסור [=בשר משחיטה לא כשרה]
2 דבר האסור לעשותו: 1) לִילְתְ לְחְד כָּאיְיְן אְסוּר אַכוּר… = במוצאי שבת יש איסור אחר…
2) האד לאסור דלמא… ־ האיסור הזה של [שתיית] מים… / ק״מ ח, י.
3) בָאֱסֱ יִתְפְךּ מְן לאִיסוּר דְשְׁבְתְ = [דברי הוויתור על הבהמה הנמצאת אצל הגוי נאמרו רק] כדי שיינצל מאיסור של [חילול] שבת .
4) כָּא יִעְמְלוּ בְּזָאף דְלְאִיסוּרִים = [אלה העושים נדנדה על עץ בשבת…] הם עושים הרבה איסורים /
5) הָאד שִׁי אִיסוּר גַמוּר = [מי שעונה אמן אחרי קדיש של ׳לימוד״, בלי שהשתתף בו,] זה איסור גמור / 6) וְיְעְמלוֹ לְאִיסוּר דְלְהוֹצַאָה – [יש חשש שייקחו אתם ספרי תפילה,] ויעשו איסור של הוצאה [מרשות לרשות] / ק״מ לט,
7) לְהְדָארִי דִי פִיהוּם לְאִיסוּר לְשׁוֹן הַרַע = דיבורים שיש בהם איסור לשון הרע /
8) לְאיִסוּר דתוֹלָעִים… אוּעֵר מְן לְמָאכְּלָא דטרפה = איסור [אכילת מזון שיש בו] תולעים… חמור יותר מאכילת טרפה / מ״ב נו, דף סה ע״א. [נדנוד איסור] [חשש דלאיסור, לממון דלאיסור, ספק איסור, שאר איסורין)
המרכיב העברי בערבית הכתובה של יהודי מרוקו-יעקב בהט
David Corcos Reflexions sur l'onomastique Judeo-Nord-Africaine-Jerusalem 1976

Batash, Batas, Bataj (בטאש, באטג'), nom d’homme d’origine arabo-espagno- le(?) devenu patronyme avec parfois l'indice de filiation ben, aben, ibn et l'article al=le\ Benyamin et Jucef Abenbitals, fils de Salomon Abenbitals, notables à Hucsca en 1170(!); don Bittas Halleva fillo de Samuel, notable de la “Aljarna” de Saragosse; en 1382 Bitas de la riche famille Avengayos de Jaca; au XIV״ siècle la famille Abenbitas est une des plus importantes de Saragosse; don Mose Abaltax, financier et collecteur d’impôts, est un des Juifs les plus influents du royaume de Castille à partir de 1350. De nombreuses autres personnalités juives d’Espagne appartiennent à la famille Batash. Abenbitas etc. Quelques Juifs de langue arabe écrivaient ce nom (פטש), ex.:
- Isaac בן אלפטש de Tolède (m.le 16 Novembre 1332) dont le nom a été mal lu: “El-Fats”(!) (Millas et Cantera, pp. 94-95) est, selon mon opinion, incorrectement corrigé par “El- Fatesh”(!) (J. Schirmann, dans Tarbiz XXVII [1958], p. 565). Certains membres de la famille vivaient à Fès au XV״ siècle: le puissant vizir juif Harun ben Batash assassiné en 1465; au début du XVI״ siècle, Moshé aben Batash était un des leaders des Juifs hispano-portugais à Fès; dans cette dernière ville eut lieu en 1705 la mariage de la riche héritière ‘Azzuna bat David ben Ismaël ben Yosef aben Batash (Ms. 880/478, HTS New York). La famille Batash a vécu au Maroc jusqu’à ces dernières décades.
Ben-Chabbat (בן שבת), Bensabat, Benshebat, Benchebat etc.; en Algérie l’indice de filiation a été supprimé avec la francisation du pays; c’est un nom patronymique: Shebbat est un prénom arabe assez courant jusqu’au XVI״ siècle, plus rare après ce siècle. Rattacher Ben-Shebbat au Shabbat juif ne serait sans doute pas exact bien qu’alors ce patronyme prendrait le sens de “fils du Shabbat = observateur du Shabbat = l’homme de religion mosaïque”; mais peut-être est-ce avec cette idée qu’en Afrique du Nord quelques Juifs qui n’avaient pas de nom de famille l’avaient-ils adopté à une époque récente? Au Maroc, les authentiques Ben-Shebbat, mal prononcé et mal écrit Bensabat etc., étaient des Levyim (des Lévy): Ben- Shebbat ha-Lévy ou Levy-Ben-Shebbat (voir Liste Coriat). En Espagne, il y avait vers 1330 don Cag aben Xabat qui appartenait à une des premières familles de Cordoue (Baer, t. II. p. 54); le fameux financier Joseph de Ecija était un Abi-Shebbat; son nom complet est R. Joseph ha-Lévy ben Ephraïm ben Isaac ha-Lévy ben Abi-Shebbat (cf. Sevet Yehuda, pp. 52, 53); en 1492, la famille Abensabad laissa de nombreux biens en Espagne
Ben-Kassouma (בן קסומה),nom patronymique de Juifs vivant dans la région de l’Oued Draa au XVI et XVII" siècle, puis à Meknès et à Larache vers 1735 (cf. Abensur, fol. 42). Kassouma est le féminin du prénom arabe Kassem. A ma connaissance, seules les femmes juives portaient le prénom Kassouma par contraction K-ssouma et le nom de famille qui en dérive n’a pas existé en dehors du Maroc.
Ben-Lu’lu’, Benloulou, Benlolo, Belolo etc. (בן לולו), nom patronymique arabo-berbère, ex. Maala ben Lü’lü', gouverneur de Taroudant sous les Almorávides (Lévi-Provençal, Doc. p. 219) et l’historien Zarkashi ben Lü’lü’ dit al-Lü’lü’i, auteur de la Chronique des Almohades et des Hafsides. Lü’lü’ signifie “perle”, il est l’équivalent du mot “al-Jawhar” devenu synonyme de Lü’lü’ au Maghrib (cf. H. P. J. Renaud et G. S. Colin, Tuhfat al-Ahbab, p. 109). Jawhar prononcé Zohar et aussi Zohra sont des prénoms courants chez les femmes juives et musulmanes de l’Afrique du Nord; Ben- Lü’lü’ et Ben-Zohar comme noms patronymiques sont également répandus chez les Juifs.
Ben-Moha (אבן־מוחה), Moha est un prénom de femme chez les Juifs du Sud et du Sud-Est marocain. Une famille connue de rabbins, auteurs d’ouvrages sur divers sujets religieux, de la communauté de Marrakech, écrivaient leur nom: aben-Moha, se rattachant ainsi, suivant la tradition, aux anciens éxilés d’Espagne. Le prénom féminin Moha a peut-être existé en Espagne.
Ben-Mu‘iza (בן מעיזא) : Mü'iza est un prénom qui a été rarement porté et seulement par des femmes berbères de religion musulmane ou juive; c’est le féminin de Mü‘iz (qui est en fait un titre, devenu prénom) illustré par Mü‘iz ben Ziri ben ‘Attiya. Une famille Ben־Mü‘iza a vécu à Meknès au XVIL et XVIIL siècles .
Ben-Tejeda (בן תג׳ד־ה), ethnique de nom de lieu avec le ben dans le sens “originaire de”: Tejeda, ville espagnole située non loin de Salamanque. Il y avait une petite communauté juive (cf. Suarez Fernandez, p. 70). Les Ben-Tejeda, connus pour leur adresse dans le travail des métaux précieux, n’existent plus depuis la fin du XVIIIe siècle. A cette époque, cet ethnique n’était connu qu’au Maroc.
Ben-Zanou (בן זנו) : Zannü (Zanou=Zano) est un nom de femme berbère de la “race” des Zenata: une des filles du sultan mérénide Abu ‘Inàn (1329-1352) s’appelait Zannü (cf. Ibn Al-Ahmar, Radwat an-Nisrln, p. 81).
Ben-Zerri (בן זרי), ne pas confondre avec Ziri, nom d’homme chez les Berbères Sanhaja, qui est aussi comme Ben-Zerri un nom patronymique chez les Juifs du Nord de l’Afrique. La tribu des Aït-Zerri dans la haute vallée du Draa a été composée de Berbères musulmans et de nombreux Juifs. En 1930, ces derniers n’y étaient plus qu’au nombre de soixante- quinze personnes environ (Villes et Tribus du Maroc, Tribus Berbères, t. II, pp. 94 et 128) et il n’en reste plus aujourd’hui.
Ait Zerri (Aït Zerri) is a tribal area (class L – Area) in Region de Souss-Massa-Draa (Souss-Massa-Drâa), Morocco (Africa) with the region font code of Africa/Middle East. It is located at an elevation of 853 meters above sea level.
Aït Zerri is also known as Ait Zerri, Aït Zerri, Oulad Jerri.
David Corcos Reflexions sur l'onomastique Judeo-Nord-Africaine-Jerusalem 1976
Les Israelites au Maroc-"Reconnaissance au Maroc" Charles de Foucauld

Appendice
Les Israelites au Maroc
Extrait du livre "Reconnaissance au Maroc"
1883-1884
Vicomte Charles de Foucauld
Les Israélites du Maroc se divisent en deux classes : ceux des régions soumises au sultan, Juifs de blad el makhzen; ceux des contrées indépendantes, Juifs de blad es stba.
Les premiers; protégés des puissances européennes, soutenus par le sultan, qui voit en eux un élément nécessaire à la prospérité commerciale de son empire et à sa propre richesse, tiennent par la corruption les magistrats, auxquels ils parlent fort haut, tout en leur baisant les mains, acquièrent de grandes fortunes, oppriment les Musulmans pauvres; sont respectés des riches, et parviennent à résoudre le problème difficile de contenter à la fois leur avarice, leur orgùeil et leur haine de ce qui n'est pas juif. Ils vivent grassement, sont paresseux et efféminés, ont tous les vices et toutes les faiblesses de la civilisation, sans en avoir aucune des délicatesses. Sans qualités et sans vertus, plaçant le bonheur dans la satisfaction des sens et ne reculant devant rien pour l’atteindre, ils se trouvent heureux et se croient sages.
Les Juifs de blad es siba ne sont pas moins méprisables, mais ils sont malheureux : attachés à la glèbe, ayant chacun leur seigneur musulman, dont ils sont la propriété, pressurés sans mesure, se voyant enlever au jour le jour ce qu’ils gagnent avec peine, sans sécurité ni pour leurs personnes ni pour leurs biens, ils sont les plus infortunés des hommes. Paresseux, avares, gourmands, ivrognes, menteurs, voleurs, haineux surtout, sans foi ni bonté, ils ont tous les vices des Juifs de bladel makhzen, moins leur lâcheté. Les périls qui les menacent à toute heure leur ont donné une énergie de caractère inconnue à ceux-ci, et qui dégénère parfois en sauvagerie sanguinaire (1).
(1) J'écrit des juifs du Maroc moins de mal que je n’en pense, parler d'eux favorablement serat altérer la vérité. Mes observations s’appliquent à la masse du peuple : dans le mal general, Il existe d'heureuses exeptions!. A Fas, à Sfrou, à Meknes, à Tâza, à Tazenakht, à Debdou, au d’antrés lieux encore, J’ai vu des Iraélites donner l’exemple de la vertu'. Le grand rabbin de Fas était, aux yeux des Musulmans memes, uns des hommes les plus justes de son temps. Mais ces modeles sont rares et on les imite peu.
- — Israélites de blad el makhzen.
Le Juif se reconnaît à sa calotte et à ses pantoufles noires : il ne lui est pas permis de les porter d'une autre couleur. Dans la campagne, il peut aller a ane et à mulet, mais s'il rencontre un religieux ou une chapelle, il met pied à terre ou fait un détour. Aux péages et aux portes, il est soumis à une tax-ecomine les bétes de somme. En ville, il se déchausse et marche à pied ; les rues voisines de certains sanctuaires lui sont interdites. Il demeure hors du contact des Musulmans, avec ses coreligionnaires, dans un quartier spécial appelé mellah : le mellah est entouré de murs; une ou deux portes lui donnent entrée; on les ferme à 8 heures du soir. Dans le mellah, le Juif est chez lui : en y entrant, il remet ses chaussures, et le voilà qui s’enfonce dans un dédale de ruelles sombres et sales ; il trotte au milieu des immondices, il trébuche contre des légumes pourris, il se heurte à un âne malade qui lui barre le chemin ; toutes les mauvaises odeurs lui montent au nez ; des sons discordants le frappent de toutes parts ; des femmes se disputent d’une voix aigre dans les maisons voisines, des enfants psalmodient d'un ton nasillard à la synagogue.
Il arrive au marché : de la viande, des légumes, beaucoup d’eau-de-vie, quelques denrées communes, tels sont les objets qu’on y trouve; les belles choses sont dans la ville musulmane. Le Juif fait ses achats et, reprenant sa route, il gagne sa maison ; s’il est pauvre, il se glisse dans une chambrelte où grouillent, assis par terre, des femmes et des enfants : un réchaud, une marmite forment tout le mobilier; quelques légumes la semaine, des tripes, des œufs durs et un peu d'eau-de-vie le samedi, nourrissent la famille.
Mais notre Juif est riche. Au moment où il pousse la porte noire, surmontée de mains pour préserver du mauvais œil, qui ferme sa demeure, il pénètre dans un monde nouveau. Voici le jour, la propreté, la fraîcheur, la gaieté. Il entre dans une cour carrée entourée de deux étages de galeries donnant accès aux chambres. Le ciel apparaît, d'un bleu ardent. Les derniers rayons du soleil font briller comme des miroirs, au faite de la maison, les faïences coloriées dont tout est revêtu, murs, colonnes, sol de la cour, plancher des chambres.
Une odeur de bois de cèdre remplit et parfume la demeure. Des enfants rentrant de l'école jouent et crient. Des femmes, bras nus et poitrine découverte, vêtues d'une jupe de couleur éclatante et d'une petite veste de velours brodée d'or, un mouchoir de soie sur la tête, se délassent et causent, assises dans la cour. Au fond des chambres, des vieillards, à figure pâle, à longue barbe blanche, attendent, le livre à la main, l’heure de la prière du soir. Dans les galeries, des servantes, accroupies près des réchauds, apprêtent le repas. Il y a trois ou quatre pièces à chaque étage : elles sont immenses, très élevées, à plafonds de bois de cèdre, à grands murs blancs garnis dans le bas de faïences ou de tentures ; portes, placards, plafonds, toutes les boiseries sont peintes d'or et de couleurs éclatantes. Peu de meubles : deux vastes armoires tenant la largeur entière de la chambre à ses deux extrémités; au-dessus de chacune, un lit de fer; à terre des matelas, des tapis, des coussins; sur les murs, quatre ou cinq pendules dont aucune ne marche et autant de grandes glaces couvertes de rideaux de mousseline pour les protéger.
Dans chacune de ces pièces vit une famille entière, le père, ses épouses, ses enfants non mariés, ses hôtes. C’est une animation, un bourdonnement continuel ; ce sont aussi, entre femmes, des disputes de toute heure. « La femme querelleuse, » dit Salomon, « est semblable à un toit d'où l’eau dégoutte sans cesse au temps d'une grosse pluie ». Il faut avoir habité avec des Juifs pour bien comprendre ce proverbe.
Tout à coup le silence se fait, les femmes parlent bas, les enfants se taisent. Le soleil vient de se coucher. Chaque homme se lève et, se plaçant devant un mur, récite, en se balançant, sa prière : tantôt il remue les lèvres en silence, tantôt il psalmodie a mi-voix; le voici qui fait une inclination profonde, la prière est finie; les causeries éclatent de nouveau : à table, le dîner est prêt. Le Juif a un hôte ; il s'assied avec lui sur un tapis ou sur des coussins, le reste de la famille mange a part, dans un coin. On place une petite table devant les deux hommes, on apporte le thé ; il y a du thé a l'ambre, à la verveine, à la menthe ; on en boit trois tasses, puis se succèdent un potage très épicé, des quartiers de mouton bouilli, des boulettes de viande hachée au piment, des tripes et du foie au piment, un poulet, des fruits confits dans le vinaigre, d'autres frais ; c'est un repas distingué. Une carafe pleine d'un liquide incolore est entre les deux Juifs; ils s’en versent de grands verres et, tout en mangeant, en boivent un litre à eux deux ; on pourrait croire que c'est de l'eau : c’est de l’eau-de-vie.
Au milieu du dîner entrent trois musiciens ; deux sont des Juifs; ils portent, le premier, une flûte, l'autre, une sorte de guitare ; le dernier est musulman, il chante. Les chansons sont si légères qu'on n'en peut rien dire, pas même les titres. Les instruments accompagnent. Les femmes et les enfants répètent les refrains et battent des mains en cadence. Le bruit attire les voisins ; bientôt on est vingt-cinq ou trente en cercle autour des artistes. Quel contraste entre ce pauvre chanteur musulman et les Juifs qui l’entourent ! lui, beau ,la ligure éveillée, spirituelle, grands yeux expressifs, dents superbes, cheveux bien plantés et rasés, barbe courte, bien fait, souple, mains et pieds charmants, et, quoique misérable, brillant de propreté. Eux, laids,à l'air endormi, presque tous louchant, boiteux ou borgnes, crevant de graisse ou maigres comme des squelettes, chauves, la barbe longue et crasseuse, mains énormes et velues , jambes prèles et arquées, pas de dents, et, même les riches, d'une saleté révoltante.
Les Israelites au Maroc-"Reconnaissance au Maroc" Charles de Foucauld
Said Sayagh-L'autre Juive- le martyre d'une jeune juive marocaine de Tanger, exécutée à Fès en 1834.

A famille de Haïm appartient aux Megourashim, Andalous chassés de Séfarad par les Espagnols après leur victoire sur les musulmans. Parmi eux, certains ont été contraints de se convertir au christianisme avant de déclarer la foi de leurs ancêtres. Certains ne l’ont pas fait.
La famille de Simha appartient aux autochtones, plus précisément de Meknès. Et, elle est fière de sa parenté avec la famille Mimran, l’une des plus vieilles, des plus riches, des plus prestigieuses de Meknès depuis Moulay Ismaïl.
Beaucoup de ces familles Toushabim avaient quitté les villes de l’intérieur après les massacres perpétrés sous le règne de Moulay Yazid dont personne n’a oublié la cruauté et dont on maudit le souvenir dans toutes les prières.
Bien que l’origine de la majorité des Megourashim venant d’Espagne soit marocaine, des différences notables ont commencé de les distinguer des autochtones. Le séjour édénique plusieurs fois séculaire en Espagne avait renforcé ces différences. Aucune occasion n’était épargnée pour exposer ces différences de mœurs, de rites, de règles de kashrout, de mariage, et les dissensions qui en découlent. Souvent, Haïm rappelait à sa femme que les toushabim étaient de vulgaires mangeurs de sauterelles grillées, alors que le rite séfarade interdit cette pratique.
Avec le temps, les traditions séfarades ont fini par s’imposer à tous les juifs citadins, quelles que fussent leurs origines. Les juifs des montagnes et des oasis ont gardé leurs traditions et leur langue.
- Tu as fini de nettoyer à grande eau, d'eponger et de faire les toiles d’araignées ou pas? Le schofar va sonner…
-Je n’ai pas encore fini la garçonnière du haut.
- Tu veux me rendre folle ? Malheureuse ! Dieu te donne la fièvre froide…
À peine le schofar eut-t-il sonné que les boutiques commencèrent à se fermer et les rues à se vider. Le rabbin Tolédano houspillait les retardataires, les grondait et menaçait d’appeler le mokhazni muni de son bâton.
Haïm s’empressa de fermer la boutique. Il n’oublia pas de vérifier toutes les serrures et les cadenas avant de rentrer chez lui. Il se libéra de ses vêtements, se purifia et alla à la synagogue des Siaghine.
A son retour, il se prépara à la fête. Il commença par la lecture, dans la langue d’usage, de la Haggadah de Pâques : « Ainsi, Dieu divisa la mer en douze voies, lorsque nos grands-parents ont quitté l’Égypte guidés par notre seigneur et prophète Moussa ben Amram. Ainsi, nous sortirons de cet exil.
Cette nourriture chiche que nos grands-parents ont mangée en terre d’Égypte,
Tous ceux qui ont faim viendront manger
Tous ceux qui sont dans le besoin viennent et fêtent
Pâques.
Cette année ici,
L’année prochaine en terre d’Israël.
Cette année, nous sommes esclaves
L’année prochaine nous serons libres, enfants de libres en terre d’Israël.
Cette nuit et toutes les autres nuits, nous ne manquerons de rien…
Nous étions esclaves de Pharaon en Égypte.
Notre Dieu nous a fait sortir de là,
D’une main tendue et d’un bras vigoureux.
Si Dieu, béni soit-il, n’avait pas sorti nos grands-parents
d’Égypte nous serions, nous, nos enfants et les enfants de
nos enfants serviteurs de Pharaon en Égypte
Nous sommes tous vigilants
Nous tous savons
Connaissons la Torah
Nous devons raconter la sortie d’Égypte
Celui qui raconte souvent cette sortie sera remercié. »
Après cela, le deuxième soir du Seder, tout le monde se mit à taper des mains et chanter en hakétia et en marocain. Haïm qui avait voyagé et vécu avec des musulmans avait compris que l’adaptation de la prononciation selon les régions facilitait les relations. Peut-être parce que les musulmans le prenaient pour un des leurs ou parce qu’ils le considéraient comme « beldi »,juif autochtone, comme était « beldi » le beurre rance. « Nos Juifs », comme le pensaient certains de manière condescendante.
Haïm savait qu’il y avait des Juifs dans les hautes montagnes de l’intérieur et dans les déserts du sud, qui parlaient berbère et qui mêlaient berbère et hébreu dans leurs prières et chants.
Il avait déjà entendu la haggadah de Pâques en berbère:
« S tarula ay s nejfagh gh masêr. ayddegh n
ughrum ur imtinn da ttecan
lewaldin nnegh gh maser. kullu mad yagh
lâz iddu ad itec, madyagh fad iddu
ad isu. Asegg as ddegh gh tmazirt ddegh;
imal gh bit Imekdes.
ixeddamen ay nga iperàu g° masêr. issufgh agh
rebbi nnegh dinnagh s ufus n ddrà, s ufus
ikuwan. mur ur agh issufgh rebbi Iwaldin
nnegh gh masêr; nsul nekk°ni d isirran
nnegh ixeddamen nga i peràu gh masêr.
waxxa nia làkel, nia Ifehemt,
vuaxxa nssen turat, lazm nnegh an nàawed
gh ufugh n masêr. kullu mad d isgudiyn ad d iàaud
gh ufugh n masêr, tannit waddagh ituskar. »
« C est par la fuite que nous sommes sortis d’Égypte.
En fait de pain, c’est un pain non levé qu’ont mangé
nos ancêtres en Égypte. Que tous ceux qui ont
faim aillent manger, que celui qui a soif aille
boire! Cette année-ci, nous sommes dans ce pays-ci;
l’an prochain au Lieu Saint.
Serviteurs de Pharaon, voilà ce que nous étions en
Égypte. Il nous en fit sortir,
notre Dieu, là, par un bras fort, par un bras
robuste. Si Dieu n’avait pas, pour nous, fait sortir nos
parents d’Egypte, nous serions encore, nous et nos
enfants, les serviteurs du Pharaon en Égypte.
Même si nous possédons intelligence et entendement,
même si nous savons la Torah, il nous faut répéter
ce qui à trait à la sortie d’Égypte. Quiconque accumule
les récitations de la sortie d’Égypte, est, vois-tu, digne de louanges. »
Dans l’esprit de tout le monde, cette nuit console de l’amertume de toutes les nuits d’exil et de dispersion. Elle renouvelle l’attachement à l’alliance ainsi que la foi inébranlable en la proximité de la délivrance. Elle rappelle que le peuple est toujours dans la mémoire de Dieu. Et, Dieu tiendra sa promesse.
Après cela, tout le monde se mit à chanter :
Ou za haKadoch Baroukh Hou ou atal melekh haMout di atal chohet di dbah touiyer di srab Imouiha ditfat laouifia di haraat laassioua di darbat Ikliba di addet laatita di klat zdioua di zab H baba bzouz flous.
Et Dieu, le saint, béni soit-il, a tué l’ange de la mort qui a tué le Chokhet, qui a égorgé le bœuf qui a bu l’eau qui a éteint le feu qui a brûlé le bâton qui a frappé le chien qui a mordu le chat qui a mangé l’agneau que m’a acheté mon père pour deux flouzes.
« Dieu fasse que vous gagniez et soyez heureux »
Le vœu passe de maison en maison, répété sans relâche. Comme tous les Juifs du Maroc, ceux de Tanger célébraient Lalla Mimouna, leur fête spécifique qui clôture la période de Pâques.
Les tables se garnissent de nappes et napperons brodés en fils de soie. On sort les plateaux de cuivre, les plats de faïence. On descend les étagères, les couverts argentés. Puis, les tables se couvrent de victuailles hautement symboliques : du poisson frais, des épis de blé, un bol de lait, un bol de miel et de beurre frais, de la levure et diverses compotes de fruits.
On met dans des assiettes, des fruits secs : noix, dattes, raisins secs, amandes et piitaches. On transvase l’eau- de-vie dans des aiguières et des verres en cristal. On en remplit d’autres de jus de fruits. A côté de la table, on remplit les plateaux de cuivre, de montagnes de gâteaux : cornes de gazelle, sablés, feuilles fines farcies de pâte d’amande et de miel.
Au milieu de la table, on met un plat de porcelaine rempli de farine blanche où l’on plante cinq fèves fraîches. On remplit un verre d’huile d’olive. On garnit les vases de roses et de fleurs d’oranger. Puis, on sert les mofletas, crêpes fines imbibées de beurre fondu et de miel.
Lalla Mimouna, fête de l’abondance, de la reconnaissance et de la foi. Tout le monde, petits et grands, femmes, hommes et enfants s’habille de neuf et de propre. Les visages s’allument de bonheur et de joie de vivre. En vérité, cette joie de vivre est présente dans toutes les célébrations. Même, à l’occasion du neuf du mois d’Ab qui commémore la destruction du Temple, accueilli généralement par la triftesse et la contrition, les juifs du Maroc offrent à leurs enfants des poupées et des instruments de musique. Les enfants n’ont pas à souffrir pour leurs parents.
Lalla Mimouna ressemble à la fête agraire de Laansra. Jadis, les deux fêtes tombaient à la même période, la même saison et le même mois. Mais le calendrier adopté par les musulmans, exclusivement lunaire, ne tenant aucunement compte du cycle des saisons, a changé la régularité de la date de Laansra qui a fini par se confondre avec la commémoration de l’Achoura. La symbolique agraire a fini par se perdre et la célébration a acquis une signification exclusivement shiite.
La diversité des calendriers ne simplifiait pas les concordances entre les différents computs. Tous les Marocains n’avaient pas adopté le calendrier lunaire tel que les Arabes l’ont amené d’Orient. Ainsi le nouvel an commençait au mois deAchour, suivi de Chayaa Achour, ensuite el Mouloud, suivi de Chayaa el Mouloud, puis les deux Joumada, suivent Chaaban, Ramadan, Chahr Ftour, Bin al Ayad et enfin l’Aid al Kabîr. Ces mois étaient désignés sous le nom de mois du ciel. À côté de cela, le calendrier romain avait été maintenu tel qu’il était, avec ses mois et sa coïncidence avec les saisons. Ce calendrier était désigné sous le nom de mois de l’eau. De même que les gouverneurs arabes avaient des difficultés à fixer des dates pour lever les impôts sur les récoltes et autres impôts dus par les autochtones, le commun des mortels avait des difficultés pour préciser son âge et sa date de naissance.
Said Sayagh-L'autre Juive- le martyre d'une jeune juive marocaine de Tanger, exécutée à Fès en 1834.
"יכי"ן" רבי יוסף כנאפו זיע:א-הוצ' אות ברית קודש-ניסן תשס"ב- עקרונות אחדים ממשנתו החינוכית של רבי יוסף כנאפו-ה. מטרת החינוך:

ה. מטרת החינוך:
בפרק ז׳ ״יראת ה׳ ברוך הוא״ מציג יכי״ן את מטרת החינוך, את דמותו של הבוגר. על סמך הפסוק: ׳אשרי כל ירא ה׳ ההולך בדרכיו, יגיע כפיך כי תאכל, אשריך וטוב לך ׳ [תהילים קכח׳ ב׳] כותב יכי״ן: ־
״וקודם שאדבר בעניין פירוש הכתוב נימא ריש מילין בעניין היראה, שהנה בש״ס אמרו בפרק ׳במה מדליקין: ׳אמר רבה בר רב הונא, כל אדם שיש בו תורה ואין בו יראת שמים – דומה לגזבר שמסרו לו מפתחות הפנימיים ומפתחות החיצוניים לא מסרו לו, בהי עייל? מכריז רבי ינאי חבל על דלית ליה דרתא ותרעא לדרתא עביד׳ [שבת לא׳ א׳-ב׳] … אם לא השיג יראת שמים כמי שלא השיג כלום…, ומה טובו דברי קודשו בזה שאמר ׳ראשית חכמה יראת ה׳ שכל טוב לכל עושיהם׳ [תהלים קיא׳ י׳] שדיבר בקודשו אדוננו דוד על שתי בחינות טובות של לימוד התורה, שכנגד חלק הסוד המעולה שנקרא ״חכמה״ וכנזכר אמר: ׳ראשית חכמה יראת ה׳, שצריך להקדים יראת ה׳ לחכמה זו בראשונה ואחר כך יזכה ללומדה…, והטעם ׳לכל עושיהם׳ כדי שיבוא לידי עשיה, על כן אמר: ׳שכל טוב׳ תחילה, דהיינו שילמוד ואחר כך יבוא לידי מעשה…, עיקר הכל היא יראת שמים, שעל ידה ובסיבתה יזכה לקיים כל התורה בכלל ובפרט, ולא יביט בתענוגי העולם הזה ובכל מחמודיו, אלא שתמיד מחשב ומהרהר כיצד יזכה לקיים המצוות באופן הנאות … ובכל יום מוסיף יראה יותר מחבת, וכל מעשיו שעושה נדמה לפניו כאילו לא עשה כלל.״
מכאן נוכל להסיק שהאידיאל החינוכי הוא חינוך אדם ירא שמים, מי שהגיע לדרגה זו זוכה:
«… דהיינו שרוצה לומר שמאחר שכל המעלות זוכה להם האדם הירא שמים, הנה כל מי שרוצה לברך בניו וחבריו אומר להם:
תהיה כפלוני, וכלשון ״ישימך א־לוהים כאפרים וכמנשה״ [בראשית מח׳ כ׳] וזה שיעור הכתוב – ״הנה כי כן״ – הנה כמות זה, כאילו אמר כמו אדם זה – ״יברך גבר״, שכל העולם מי שרוצה לברך איזה גבר אומר לו תהיה כפלוני אשר מוצלח בכל ענייניו.״ (שם, מ״ט־נ׳).
יכי״ן מחדד את המשמעות להבנה מהי יראת ה׳? אדם ירא ה׳ אינו זה שכל דרכו קיום מצוות שבן אדם למקום בלבד אלא זה שגם מצוות שבין אדם לחברו בראש מעייניו, יכי״ן חי את חיי קהילתו ויש להניח שהגיעו אליו אירועים משפחתיים, קהילתיים שהיה עליו לתת את דעתו עליהם, יישוב סיכסוכים, פסיקה הלכתית וכיו״ב, כמחנך האמון על מלאכתו הביא יכי״ן מאותם אירועים משפחתיים וקהילתיים בחיבוריו כמובן בעילום שם, כך שהחיבור הפך להיות רלוונטי לקורא, הקורא, קורא בין השורות את הכתוב, ״ורואה" לנגד עיניו, התרחשות מצב שאותו שהוא מכיר או שהוא ניתקל בה וכך הוא קולס את המסר אליו מכוון יכי״ן ומפנים אותו, וכך כותב יכי״ן:
״והנה יש איזה פרטי מישראל אשר הוא ירא שמים בענייניו, שומר בריתו, ומשכים לבית הכנסת בכל יום תמיד, ונזהר בכל שלוש תפילות וכמה מידות טובות, אבל בענייני הממון קשה להולמו שכמעט חביב עליו יותר ויותר מנפשו, והוא קמצן גדול וכילי ביותר, וקשה עורף בכל ענייני הממון, בין בכל ענייני המצוות בין במחייתו ומחיית בניו שמצמצם על עצמו ועל בני ביתו יותר מן השיעור, עד גדר שכמעט אין חייו וחיי בניו חיים, רחמנא ליצלן, שאפילו בניו ואשתו קצים בחייו וניחא להם בסילוקו מן העולם לפי רוב קמצנותו רחמנא ליצלן, ואם ישב במעמד הקהל המתנדבים בעם לעשות צדקה וגמילות חסד – אינו יושב עימהם, ואם יושב עימהם כל עצותיו לרעה כדי שלא יתן שיעור המספיק לפי שיעור ממונו, והדבר קשה בעיניו כאילו נוטלים נפשו, וממילא מבטל כמה מצוות שיש בהם חיסרון כיס, וכל מצוותיו פגומים לפי שאינו רוצה לקנות תפילין מהודרות וציצית נאה, אלא תפילין אשר ירש מאביו או מזקינו, או מאיזה אדם שמת והניח תפילין שלו, וכן בגד ציצית קרועה לי״ב קרעים וכמה טלאים עליה …
וכמעט ברכתו לבטלה ונפשו לשוא עמלה – ה׳ יחזירנו למוטב ויצילנו אמן כן יהי רצון… שעיקר עבודת ה׳ ויראתו ממש הוא אם הוא זריז במצוות כשיש בהם חיסרון כיס, דאזי קרינן ליה – ישר כוחך, אבל אם אינו מקיים מצוות שיש בהם חיסרון כיס – נמצא שמה שהוא מקיים המצוות האחרים לפי שאין בהם חיסרון הממון, ולמפרע אם היה בהם חיסרון הממון לא יקיים אותם כלל, וזהו גרעונו ובזיונו לפני ה׳ ברוך הוא.״(שם, נ׳-נ״א)
תיאור זה מציג השקפת עולם דתית, אמונית ומחנכת.
ו. עמל הלימוד וערכו:
למידה שאינה מלווה ביגיעה – במאמץ אינטלקטואלי היא במקרה הטוב למידה שטחית, לא תופנם ובמהרה תשתכח, יכי״ן מתייחס לכך:
״ .. .צריכים שני עניינים בלימוד תורה [לשמה],
עניין ראשון, שיעמול בה הרבה כל צורכה עד שיבין העניין, ולא יהיה לומד כמי שקורא איגרת שלומים במהרה ובחיפזון – שאין זה נחשב לימוד, וצריך שיתבונן בעניין באורך וברוחב ואזי רווחא שמעתתא ומאיר קרן אור התורה, וקרינן בה – ״אורה זו תורה״ (מגילה טז׳ עב׳] ולפעמים יזכה להציץ ציץ ולעשות פרחים וצמחים בתורה, אשר דבר זה עיקר גדול בתורה ועצם מעצמיה לזכות לחדש בה איזה דבר קטן או גדול כפי כוחו.
עניין שני, שצריך שכל העמל בתורה אשר הוא עמל בה יהיה לשם שמים דווקא, וזהו דיוק דברי הקדוש ״אשרי מי שעמלו בתורה״ – כאמור שמדייק ומעיין בה כל צורכה עד שמבין היטב אשר דק, ושנייה לה ״ועושה נחת ליוצרו״ שגם בעמל ההוא יהיה לעשות נחת רוח ליוצרו. על אדם זה הוא שנאמר ״אשרי״ (שם, י״ט).
היגיעה, המאמץ שמשקיע הלומד בתהליך הלמידה, מפרה את הלמידה, יוצרת ידע ורעיונות חדשים, מעמיקה את התובנה והופכת להיות חלק בלתי נפרד ממהות הלומד. יכי״ן מבסס את גישתו על סמך דברי הגמרא:
״ודייק השתא לשונם הקדוש שאמרו [מגילה ו׳ ב׳] ״יגעת ומצאת האמן״, דמה הלשון אומרת לשון מציאה, שהמציאה נאמרה על מי שנאבדה ממנו אבידה ומצאה אבל יגיעת התורה מה מציאה שייכת בה? וכפי האמור ניחא שעל ידי היגיעה והטורח ימצא אבידתו אשר נאבדה ממנו והוא חלקו בתורה שכבר קיבל במעמד הר סיני, והן עתה נאבד ממנו, ועל ידי היגיעה מוצא אותה….
ואפשר שזהו כוונת הכתוב שאמר: ׳כי מוצאי מצא חיים ויפק רצון מה״׳ [משלי ח׳ לח׳] שאומרת התורה כי מי שיגע וטרח בי עד שמצא אותי, דהיינו שמצא אבידתו שנאבדה לו שהוא חלק שכבר קיבל בהר סיני, אותו אדם מצא חיים, ואל תאמר שהיא תבוא אחריך שעל ידי יגיעתך לבד מצאת אותה בלי סיוע חס ושלום,
אלא ״ויפק רצון מה״ שהכל בסיועו וחסד עליון עליך שברצונו הטוב זכית להוציא חלקך בתורה על ידי יגיעתך.״ (שם, ל״א).
ז. מעלת לימוד תורה לאחרים:
יכי״ן סובר שעיקר בריאת האדם ללמד תורה לאחרים:
״הנה הראשונים זכרונם לברכה [מובא במהרש״א לסנהדרין צט׳
ב׳] אמרו בפסוק [איוב ב׳ ז׳ ] ׳אדם לעמל ילד׳ רמז לעמ״ל – ראשי תיבות: ללמוד על מנת ללמד. עד כאן דברי קודשם, משמע שזהו עיקר בריאת האדם.״(שם, כ״ז).
משמע, יעוד האדם להנחיל מורשה, ללמד לאחרים, ומה אם יטען
האדם: ״אם זה יעודי מה יהא על תלמודי?״ לכך מתייחס יכי״ן:
״ורבותינו ז״ל אמרו בש״ס: ׳אמר רבי חנינא הרבה תורה למדתי מרבותי, ומה שלמדתי מחברי יותר ממה שלמדתי מרבותי, ומה שלמדתי מתלמידי יותר מכולם׳ [מכות י׳ א׳] משמע שהאדם זוכה לתורה ביתר שאת כשמרביץ אותה עם התלמידים, שבכוחם נעשה כמעיין המתגבר שנובע מים חיים.״
לביסוס דבריו מסתייע יכי״ן בדברי החכם מכל אדם שלמה המלך:
״ובדרך זה אמרתי אם אפשר בסייעתא דשמייא כוונת הכתוב שאמר [משלי ה׳ טו׳] ׳שתה-מים מבורך ונוזלים מתוך בארך׳ שהכתוב כפול וכמה שינויים יש בו, וכמו שהקשה הרמ״ז ז״ל בפירוש הזוהר הקדוש שהאריך.אומנם על פי האמור יבוא על נכון אם אפשר, שהכוונה שמזהיר האדם ללמד תורה שנקראת מים למי שאינם יודעים – שהם נקראים בשם ׳בור׳ וכמו שכתוב [אבות ב׳ ה׳] ׳אין בור ירא חטא׳, ואזי יזכה למקורות התורה וזהו – ׳שתה מים מבורך׳, דהיינו שאף על פי שאתה מלמד לבורות, הרי אתה למד, וזהו ׳שתה מים מבורך׳ ולאו דווקא שתשיג דברים הפשוטים, אלא אפילו דברים שהם עמוקים בפנימיות התורה,וזה שאמר ׳ונוזלים מתוך בארך׳ רוצה לומר שתהיה כמעיין המתגבר מים החיים העמוקים הפנימיים שיהיו נוזלים מתוך בארך הנובע, וכל זה על ידי שאתה מלמד תורה לבורות, שהם התלמידים הקטנים, אשר עדיין בורות – וזהו ׳שתה מים מבורך….״
יכי״ן מלמדנו שלושה עקרונות חינוכיים – דידקטיים:
אף אם המלמד, מלמד ילדים בורים במובן מתקשים, בעלי חסכים ונדמה לו שעמלו לריק, לא כך פני הדברים המלמד יוצא נשכר בכל התרחשות למידה ולומדים יהיו אשר יהיו.
אף אם התלמידים בורים הם, חובת המלמדים ללמדם. זכותם ללמוד וחובתנו המלמדים ללמד.
מלמד המלמד בורים ועושה זאת בתחושת שליחות ויעוד זוכה להגיע לתובנה מקצועית מעמיקה ״…אפילו דברים שהם עמוקים בפנימיות התורה…" המצב שבו המלמד מסביר שוב ושוב, מחפש דרכים, אמצעי המחשה וכל טכסיס דידקטי כדי שהילדים יבינו, חיפוש דרכים, ונסיונות חוזרים ונשנים יחשפו בפני המלמד רבדים מעמיקים יותר ויותר בחומר אותו הוא מלמד.
יכי״ן מוסיף ביסוס לדבריו:
״ואמרתי בעוניי על פי האמור יובן אם אפשר, ונקדים רמז פסוק – ׳בהעליתך את־הנרות׳ [במדבר ח׳ ב׳] הוא רמז על לימוד התלמידים, שהמלמדים מדליקים כמו שמדליק הנרות – שכמו שהנרות היו בלי אור עד שהדליקם המדליק, כן התלמידים הם חשובים בלא אור תורה עד שמלמדם המלמד, ואמרה תורה שתתעלה ׳אל-מול פני המנורה יאירו שבעת הנרות׳, הכוונה אל תדמו בנפשכם שהמלמד לאחרים גרע כוחו בלימוד אלא אדרבא יגדל כוחו יותר ויותר, וזהו ׳אל־מול פני המנורה׳ שהוא המלמד ,׳יאירו שבעת הנרות׳ שהם התלמידים, רוצה לומר שהתלמידים הקטנים הם שיאירו בפני המנורה עצמה, שהיא רומזת על החכם המלמד, ונקט מספר שבעה לפי שכך היה מנהג החכמים לעשות שבע שורות זה לפנים מזה… ודרך רמז הנה מילת ׳ה נ ר ו ת׳ יש בה -תור״ה ואות נ – רמז חמישים, דהיינו שעוסק בתורה שניתנה בחמישים שערים …”
מדימוי מעשה החינוך והתהליך הלימודי לפעולת הדלקת המנורה במקדש כפי שכותב יכי״ן עולה: ־
כשם שמעשה ההדלקה הוא בקודש אף מעשה החינוך הוא בקודש.
על מנת להדליק צריכה להתבצע פעולה, מי שהוא צריך לעשות מעשה ביחס למנורה עושה זאת הכהן וביחס לחינוך עושה זאת המורה.
הכהן המדליק את המנורה יודע בוודאות, שעל ידי הפעולה שיעשה, הנרות יידלקו. הם עשויים מחומרים המתאימים והמסוגלים להידלק, אחרת אין טעם למעשהו, כך צריך המחנך לנהוג, להאמין, לדעת בוודאות שעל ידי פעולותיו – אמונתו, טכסיסיו הדידקטיים הלומדים ׳ידלקו׳ יאות עיניהם. הוא צריך להאמין שיש בכל לומד ולומד פוטנציאל שעליו לסייע לו בחשיפתו.
לא בכדי הכהן והמורה כרוכים זה בזה, בידוע שתפקידם של הכוהנים הוא גם להורות: ״יורו משפטיך ליעקב…״
כשם שהנרות מפיצים אור כך המלמד תורה מפיץ את אור התורה.
"יכי"ן" רבי יוסף כנאפו זיע:א-הוצ' אות ברית קודש-ניסן תשס"ב– עקרונות אחדים ממשנתו החינוכית של רבי יוסף כנאפו-ה. מטרת החינוך:
שלום צבר-מעגל החיים-טקס ברית המילה — הסנדק, המוהל, התינוק.

תנועת הרפורמציה היהודית באירופה במאה התשע־עשרה ניסתה לבטל את המילה, משום שראתה בה מנהג מיושן וברברי, המבדיל בין היהודים לשכניהם הנוצרים. שאלה זו לא עלתה בין היהודים בארצות האסלאם. הנצרות פטרה את מאמיניה מקיום ברית המילה עוד בראשית דרכה, ואילו האסלאם לא נהג כך. אמנם הקוראן אינו מזכיר את המילה, אך זו התקבלה כחובה. כריתת הערלה באסלאם אינה מתבצעת במועד קבוע, אלא בין גיל שבע לגיל שלוש־עשרה. גם מילת בנות ידועה בין המוסלמים, אם כי אינה מלווה בטקסים ובאירועים כמו מילת זכר.
יהודי אתיופיה אכן קיימו טקס מילה לבנות. ״ביתא ישראל" נהגו, כמו שכניהם הלא יהודים, למול את בנותיהם בטקס שנערך במהלך השנה הראשונה לחייהן. נשים ביצעו את מילת הבנות, ופעמים רבות גם את מילת הבנים. הזכרים באתיופיה נימולו, כמקובל בשאר קהילות ישראל ביום השמיני אלא אם כן הוא חל בשבת, ואז נדחתה המילה ליום ראשון. המילה בוצעה בכניסה ל״בקתת הדם״, ובנוכחות קהל מצומצם של בני משפחה ושכנים קרובים. במרבית המקומות יצאה האם לאחר טקס הברית מ״בקתת הדם״ ועברה ל״בקתת היולדת״. ביום שלמחרת נהג הקס לברך על הלחם ולחלקו לילדי הכפר. טקס זה נשמר בקפדנות, אבל הוא לא היה מרכזי ורב משתתפים; אולי בשל העובדה כי גם הנוצרים באתיופיה קיימו טקס דומה, ולא היה בו כדי לסמן שיוך קבוצתי כפי שאנו מכירים בקהילות יהודיות אחרות בעולם הנוצרי
בקהילות ישראל האחרות נחוג יום הברית בהדר ובחגיגיות. מלבד התינוק, היו גיבורי היום הסנדק, המוהל ובמידה רבה גם אבי התינוק. סביבם התנהלה תכונה רבה עוד משעות הבוקר המוקדמות לקראת הטקס המרגש. ההכנות כללו רחצה וניקיון, לבישת מלבושים מיוחדים, הימנעות ממלאכות מיותרות וכיוצא באלו. לאם ולנשים אחרות במשפחה היה תפקיד משני ביום זה, ובעצם יש בכך סמליות רבה מבחינת המשמעות של טקס המעבר: התינוק "עוזב" את חברת היולדת והנשים שהגנו עליו עד עתה, ו"מצטרף״ לחברת הגברים.
הסנדק והמוהל נבחרו בקפידה רבה, ובדרך כלל על־פי נורמות קבועות בכל קהילה. כבר בימי הביניים היו שהקפידו באשכנז שלא ישמש אדם סנדק לשניים או יותר בני אותו אב, או אף שלא יקבל את הסנדקות יותר מפעם בחייו. בקרב אחדות מהקהילות הספרדיות באימפריה העות'מאנית, כגון באזמיר ובסלוניקי נמנעו מקבלת סנדקות, אשר נחשבה סגולה מביאת עושר, יותר מפעמיים בתוך אותה שנה. במרבית הקהילות ניתנה הסנדקות לסבו של התינוק, אך בעיראק הסנדק היה על־פי רוב אבי הבן, ולעתים קרובות הוא כיבד בכך את אביו או סבו (ולעתים נכבד אחר בקהילה). בחירת אבי האב כסנדק התפרשה גם באמרה הידועה בפי יהודי עיראק: "בן בנך – בנך, אך בן בתך – לא" (אִבְּן אִבְּנַכּ – אִבְּנַכּ ואִבְּן בִּנְתַּכּ- לַא). במרוקו היו מקומות שבהם נמכרה הסנדקות במכירה פומבית, והכסף יועד לצדקה; או שהאב קנה את הסנדקות לטובת בן משפחה.
זמן המילה בתימן : בקרב האשכנזים הקפידו על מילה בשעות הבוקר, אך לא כך נהגו בכל הקהילות בארצות האסלאם. השד״ר האשכנזי יעקב ספיר(1885-1822) נתן דעתו על שוני זה בעת ביקורו בתימן בשנת 1859:
פה ראיתי מנהג הכנסת בן שמונה [ימים] לברית קדש. לא יקדימו קודם הצהרים, עד אשר יאספו קרוביהם ומיודעיהם מעירות וכפרים הסמוכים. וכאשר טענתי להם ״׳וישכם אברהם בבקר׳ [בראשית כב, ג] מלמד שזריזים מקדימין למצות״ [פסחים ד, ע״א], השיבוני מ״בעצם היום הזה נמול אברהם״ וגו׳ [בראשית יז, כו], ופשוטו של מקרא ומדרש חז״ל בעצומו של יום. בצהרים הובא הילד מחותל בשמיכה […] ספיר, עכו׳ צה.
בקהילות הספרדיות בתורכיה וביוון שימשו אבי האב ורעייתו סנדקים לבן הבכור, ואילו הסנדקים לבן השני היו הורי היולדת. כך נהגו גם באלג'יריה. בין יהודי גרוזיה, לעומת זאת הסנדק של הבן הראשון היה בדרך כלל אבי היולדת או אחיה הבכור. בשכר מצווה זו, שהייתה כרוכה בהוצאות מרובות, ״זכה״ הסנדק למחילה על חטאיו למשך שנה שלמה. וריאציה מעניינת של מנהגים אלה ידועה מלוב: כאשר השם שניתן לתינוק נלקח ממשפחת האב, הסנדקות ניתנה למשפחת האם. עם הולדת הבן השני התחלפו היוצרות – השם לתינוק נלקח ממשפחת האם, והסנדקות ניתנה למשפחת האב. אולם היו שוויתרו על מצווה זו, והעדיפו להעניק את הסנדקות לקרוב משפחה חשוך ילדים כסגולה לפתיחת רחמה של אשתו. בכורדיסתאן העדיפו לתת את הסנדקות לאבי האם ולא לאבי האב. בקרב יהודי רומא קיים עד היום מנהג יחיד במינו, המתועד לראשונה כבר בימי הביניים: לטקס הברית מתמנים שני סנדקים, אותם נוהגים למנות על־פי סדר הייררכי במשפחה – הסבים הם הראשונים, ולאחריהם הדודים וכן הלאה, כדי לשמור על "שלום בית״.
גם המוהל נבחר בקפידה רבה. בתיאור המילה של יצחק היה המוהל אביו אברהם והחובה על־פי חז״ל אכן מוטלת על האב, אשר בדרך כלל ממנה שליח, מוהל, לבצע את התפקיד בעבורו. בכל קהילות ישראל מקובל שהאב יתור אחר מוהל ירא שמים, ואשר ידוע כאומן ובקיא במלאכתו, שכן סכנות רבות כרוכות בביצוע הברית. בעיראק העדיפו להזמין מוהל שהיה מוכר היטב למשפחה ומל ילדים אחרים בה, וכך ידעו כי ניתן לסמוך עליו. בבגדאד ובכורדיסתאן העיראקית התפרסמו המוהלים היהודים בקרב האוכלוסייה הכללית, והוזמנו לבצע מילה גם בקרב המוסלמים. בכורדיסתאן נקרא המוהל גָזָארָא(הגוזר) – כינוי הידוע מארץ ישראל בתקופת התלמוד(למשל רבי יהודה הגוזר – ירושלמי, שבת פי" ט, ה״א)-ובדרך כלל שימש גס כשוחט בקהילה. בתקופות קדומות היה מקובל שגם נשים יכלו לשמש מוהלות (למשל מילת בנו של משה בידי ציפורה), ובעת החדשה נשמר נוהג זה אצל יהודי אתיופיה. מאחר שהיולדת ותינוקה נחשבו עדיין טמאים ביום השמיני נהגו במקומות שונים באתיופיה שאישה אשר ממילא טמאה במגעה עם השניים תמול ורק אם לא הייתה אישה מוהלת ביצע גבר את המילה.
בעבר ביצעו המוהלים את עבודתם לשם שמים, ולא ביקשו תמורה לעבודתם מאבי הבן. יתרה מזו, בקהילות מספר שבהן היו יישובים יהודים קטנים מרוחקים זה מזה, כגון במרוקו ובתוניסיה, נסעו המוהלים למקום הברית על חשבונם. כדי לזכות במילה, תרמו המוהלים באפגניסתאן מכספם למשפחות נזקקות. בתימן נחשב המוהל שליחא דרחמנא (שליח האל), ולתפקיד מונה בדרך כלל מָארִי – רב ונכבד בעדתו. יוצאי דופן מבחינה זו היו בני המשפחות העשירות באימפריה העותימאנית, אשר נהגו לתת מתנה למוהל, אך זו לא הייתה מתנת כסף! למרות העדר התמורה הכספית השתדלו המוהלים לבצע מילות רבות, וראו בכך שליחות חשובה. עניין זה מוטעם בעובדה, שבמרוקו היו מוהלים שראו את שכרם בשמירת כל הערלות שמלו; הן שימשו"הוכחה" למספר המצוות שקיימו.
"גיבור היום" הוא כמובן התינוק. בכל קהילות ישראל נהגו להלביש את התינוק בפאר מיוחד לכבוד היום המנציח את הצטרפותו לעם היהודי. בקהילות אירופה ייתכן שהבגדים הושפעו מעיצוב בגדי התינוק הנטבל לנצרות. באיטליה הכינו האם וחברותיה בבוקר יום הטקס את התינוק לכבוד האירוע ממש כמו שכנותיהן הנוצריות ביום הטבילה. לאחר הרחצה הולבש התינוק בבגדים חגיגיים שהוכנו במיוחד לרגל המילה. הייתה זו מערכת לבוש שלמה, שכללה בדרך כלל אבנטים, שמלה ארוכה, מקטורן, כובע, גרביים ועמם אף כרית להנחת התינוק. המערכות המהודרות של בגדי נימול שנשתמרו בידינו, ושרווחו בין המשפחות היהודיות ברחבי איטליה במהלך המאות השמונה־עשרה והתשע־עשרה, מאששות את הידוע ממקורות ספרותיים. בגדים אלה הועברו מדור לדור, ועד היום ישנן משפחות הנוהגות להשתמש בהם. בתקופת הגטו שקדו חבורות חסד מיוחדות בשם ״עוזר דלים" ו״ מכסה ילדים" להביא מערכות בגדים ראויות לנימולים בני משפחות עניות.
גם בין הספרדים באימפריה העותימאנית היו מערכות בגדים שלמות לנימול. עד המאה העשרים כללה מערכת אופיינית כזו כותונת, שמלה, כובע, חגורה ו"טלית קטן". פריטים אלה הוכנו בדרך כלל מאריגי משי וכותנה שעוטרו ברקמת חוטי כסף בסגנון עותימאני. בזוג מכנסיים מאיסטנבול של שלהי המאה התשע־עשרה, השמור באוסף מוזיאון ישראל, יש שסע בצד הפנימי כדי להקל על המוהל. על הכובע נרקמה לעתים כתובת ברכה או הגנה, ולצדה דגם כ'מסה. כמו כן נקשר החיתול העליון של התינוק באבנט מיוחד, אותו קישטו ברקמת חוטי משי וכסף. תחת השפעת המערב במאה העשרים חל שינוי בבגדים המסורתיים, והמערכות שבאו במקומם נעשו מאריגי משי רקומים בלבן ומקושטים בתחרה, אשר דמו יותר לבגדים בטקס הטבילה.
בלוב הלבישו את התינוק בבגד רקום, שאותו תפרה הסבתא מצד האם. סבתא זו הביאה גם את כל מלבושיו של היילוד הבכור או הבכורה, שאותם הכינה עוד בהיכנס הבת לחודש השביעי. כל אלה נקראים תִיָאבּ. בגרוזיה נתפרו הבגדים לברית, הקרויים סָאמִילֶה פֶרַנְגִי, בידי אישה שוחרת טוב למשפחה, שמעולם לא שכלה ילד. מלאכת התפירה הייתה צריכה להסתיים עד שעת הצהריים, והשכנות הוזמנו ליטול חלק במצווה. בין יהודי ההר באזרבאיג'אן הבליטו דווקא את גרבי התינוק, שלהם קשרו סרטים. כמעט בכל הקהילות כללו פריטי הלבוש לברית גם אמצעי הגנה וקמיעות, אותם הצמידו לבגדי התינוק או הניחו לצדו. בצנעא נהגו להניח על ראש התינוק הנימול ענפי פיגם וקונכיות של חלזונות. להגנה נוספת תלו על צווארו כרית משולשת קטנה מלאה בבשמים ריחניים שונים. לאחר הלבשת התינוק נתנו את עיניו בפוך, והניחו ארבע כריות קטנות בתוך מגש קלוע נצרים ומקושט בציורים. כריות אלו הוצבו בארבע פינות המגש, ובמרכזו שמו את התינוק וכיסו אותו במטפחת משי.
שלום צבר-מעגל החיים-טקס ברית המילה — הסנדק, המוהל, התינוק.