Jerusalem – Bet Hamikdash Said Sayagh
Jerusalem est d'abord un temple. Un temple, on n 'a pas besoin de le chercher. Il doit etre la, erige a jamais. On l'attend au centre.
J'ai deambule dans les rues animees, sans precipitation. Mille visages se mirent dans mille visages. La face d'Israel est la face de l'Homme, tout l'Homme :
Tu es le juif du village
Je suis le juif des peuples
Tu es le juif des juifs et des non juifs
Je fugue de moi-même
Vers toi
Jusqu'au dernier exil
Peut-etre
La derniere pierre
J'ai vagabonde, parmi les etals d'artistes qui s'evertuent a faire de cette terre des medaillons de colombes fragiles et delicates dans l'attente d'une fraternite festive, des étoiles bleues, des lettres qui suggerent une matrice commune aux peuples qui ont ecrit, qui ecrivent.
J'ai parle, marchande dans toutes les langues d'aujourd'hui, avec des commercants venus de Perse, du Yemen, de Russie… J'ai entendu toutes les declinaisons de l'hebreu, melees à tous les accents du monde ; plus de cent cinquante nationalites sertissent la mosaique Jerusalemite, hierosolymitaine, si vous voulez.
Said a Yad Vashem 23 Avril 2010
J'ai fini par monter dans un taxi. Le chauffeur qui habite en Cisjordanie, tient a ce que ses enfants parlent hebreu et reve de paix.
Il lit fierement en arabe les noms des rues, les directions annoncees sur les pancartes. Partout l'arabe accompagne l'hebreu. Ai-je le droit de rever ! Le sympathique chauffeur m'a amene dans les lieux de la memoire.
Jérusalem est la mémoire de l'Homme. Elle est la litanie incessamment repetee des noms qui ne s'epuiseront jamais depuis que l'Homme a decouvert sa nudite, jusqu'aux frissons de terreur qui vous glacent a Yad Va Shem.
L'angoisse d'une disparition programmee ne vous lachera plus. Je me rememore mon poeme :
Ou etais-tu ou etais-je quand s'est levee la nuit
Et que les jours ont noirci noirci
Et que les vert-de-gris grosses plantes fetides
Ont immole les agneaux, immole
les agneaux
Les agneaux par milliers de milliers
Et le sang des corps freles a coule coule
Rouge rouge dans le noir noir de la nuit
La lumiere qui brillait cette nuit
Etait-elle une lumiere
Elle brillait de ce gris
Si gris si gris qu 'il est noir
Elle est noire la lumiere noire l'as-tu vue
Au zenith de la nuit du silence
Tous les cris tous les feux toutes les suies
Toutes les femmes tous les hommes tous les enfants
Pas un bruit dans ce noir nuit de nuit
Aujourd'hui, je suis à Jerusalem et Jerusalem est là. Les differents temps historiques et sacres s'y melent dans un enchevetrement qui la singularise parmi toutes les cites, qui la rend unique.