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? LES EVENEMENTS DE DEMNAT Que se passa-t-il à Demnat

Il etait une fois le Maroc

david bensoussanTemoignage du passe judeo-marocain

David Bensoussan

Il y eut de nombreuses croyances superstitieuses

Il y avait un océan de superstitions dans le monde traditionnel. Pour éloigner les mauvais esprits, on faisait confiance à la vertu du sel ou des métaux – comme un fer à cheval en guise de porte-bonheur – placés sous l'oreiller. Ces habitudes sont tout à fait contraires à l'esprit de la Bible mais elles ont néanmoins accompagné le respect scrupuleux des ordonnances bibliques et talmudiques au sein du petit peuple. Des exemples de telles superstitions se retrouvent dans l'ouvrage de Joseph Goulven les Mellahs de Rabat-Salé ou dans celui d'Élie Malka, Essai de folklore des Israélites marocains. Les rabbins ont souvent visé à épurer le judaïsme ou à minimiser autant que faire se peut ces habitudes. L'élite rabbinique qui a laissé un immense héritage écrit dont on redécouvre l'ampleur aujourd'hui grâce par exemple à l'impression de nombreux manuscrits judéo-marocains par l'Institut Issachar à Jérusalem, a ignoré ces croyances. Les travaux d'exégèse (p. ex. Or Hahayim de R. Hayim Benattar), de mystique (p.ex. Hessed leAbraham d'Abraham Azoulay) et de jurisprudence talmudique (p. ex. Toqpo shel Yossef de R. Yossef Elmaleh), l'expression de la foi en tant que vecteur moral (p. ex. Israël et L'Humanité de R. Élie Benamozegh), la poésie liturgique (p. ex. Tehilah leDavid de R. David Hassine) ou même les travaux de philosophie (p. ex. Uns Al-Gharib (Consolation de l'expatrié) de R. Juda Ibn Nissim Ibn Malka) sont exempts de ces superstitions populaires. L'œuvre monumentale de Haïm Zafrani Les juifs du Maroc étudie de façon méthodique la littérature juridique des Juifs du Maroc et témoigne de la vitalité intellectuelle des Juifs du Maroc au cours des cinq derniers siècles. En outre, les personnalités rabbiniques furent des parangons de vertu. Leur sagesse était recherchée, leur moralité était légendaire et le public juif les avait en très haute estime. Les écrits qu'ils ont laissés font preuve d'une grande érudition et d'un bon sens éclairé.

Le culte des Saints était toléré, voire même encouragé, pour autant qu'il ait une influence morale positive. Les personnes qui allaient en pèlerinage à la tombe d'un saint avaient coutume de donner l'aumône, d'y allumer des bougies et de demander l'intercession du saint pour exaucer tous genres de vœux : de guérison ou personnels. Mais il y eut des dissidences. Le rabbin Yitshak Ben Ya'ish Halévi de Mogador n'hésita pas à secouer les fondations mêmes de la croyance populaire en s élevant contre la visite des tombeaux et des «Saints» qu'il trouvait contraire à la foi judaïque.

Dans cette ville du Sud du Maroc, la population juive fut attaquée et battue, et cela se serait produit avec l'accord du caïd local. Les représentants de la France et de l'Angleterre demandèrent au sultan la révocation de ce caïd, mais en vain. Ce dernier rétorqua que les Juifs avaient provoqué la situation, car ils auraient insulté des Musulmans et leur auraient jeté des pierres. Cette accusation semble étrange pour le moins, car elle fut faite moult fois par des Juifs qui en furent les victimes de la part des Musulmans. Drummond Hay dénonça la cruauté de ce caïd. Il dépêcha un assistant marocain du nom d'Abou Bakr pour soumettre un rapport sur l'état des choses dans la ville. Ce dernier confirma le mauvais traitement des Juifs et ajouta que la situation se serait détériorée parce que certains Juifs avaient refusé de faire des cadeaux traditionnels durant les fêtes musulmanes. L'annonce à l'effet que six Juifs auraient péri fut démentie après vérification de la part du consul français. Toutefois, les incidents ne cessèrent pas pour autant.

Les clauses de l'édit du sultan en 1884 nous renseignent sur la situation des Juifs de Demnat : « Par le présent édit, nous faisons connaître que nous avons supprimé toutes les vexations auxquelles les Juifs de Demnat ont été soumis par leur gouverneur, à savoir :

    • de les obliger à travailler le jour consacré au repos par leur religion;
    • de les occuper à nettoyer des lieux infects;
    • de leur faire porter des objets lourds sur le dos;
    • de les obliger à travailler sans rétribution;
    • de faire travailler les femmes sans le consentement des maris;
    • de céder leur marchandise pour la moitié de leur valeur;
    • de vendre des produits tels que l'huile au moment où ils sont en baisse pour se faire payer seulement au prix fort lorsqu'ils sont en hausse;
    • d’employer leurs bêtes de somme contre leur volonté et sans rétribution;
    • de les obliger à prendre de fausses pièces de monnaie contre la monnaie courante;
    • de recevoir les dirhams à raison de 13 ducas par douro;
  • de payer ensuite les douros à raison de 15 ducas;

 de leur prendre gratuitement les peaux tannées;

de les obliger à donner des peaux tannées en échange de peaux fraîches;

    • de les obliger à céder la laine de leurs troupeaux contre leur volonté;
  • de tenir leurs lits et leurs meubles à la disposition des hôtes du gouverneur…»

Un an après cet édit, la situation était encore si pénible que les rmistres de France, d'Angleterre et des États-Unis durent intervenir a. uprès du sultan. Finalement, sous la pression des légations consulaires, le sultan démit et emprisonna le caïd de Demnat et mit les Juifs de la ville sous la juridiction du caïd de Marrakech. Quelques années plus tard, les incidents reprirent et le sultan décida de faire construire un Mellah à Demnat. À la mort du sultan, le Mellah fut envahi. Deux Juifs trouvèrent la mort et plusieurs Juives furent enlevées. Une partie d'entre elles fut libérée après paiement de rançon.

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