Francine Kaufman -André Chouraqui et le Centenaire de l'AIU-Brit 30 Eté 2011

Francine Kaufman

Université Bar Ilan

André Chouraqui et le Centenaire de l'AIU

C’est avec cinq ans de retard sur la date prévue que paraît le livre monumental qu’André Chouraqui (Ain-Témouchent, Algérie, 1917 — Jérusalem 2007) consacré au Centenaire de l’Alliance : L'Alliance israélite universelle et la Renaissance juive contemporaine, 1860-1960 (Cent ans d’histoire), P.U.F., 1965 (528 pages, dont plus de cent pages d’annexes, enrichi d’un index et d’une bibliographie). Le livre paraît aux Presses universitaires de France, où Chouraqui a déjà publié trois ouvrages dans la collection ‘Que sais-je’: L’Etat d’Israël (1956), Histoire du judaïsme (1957), et La Pensée juive, et où il dirige depuis 1953 une collection nommée : Sinaï, publiée sous les auspices de l’A.I.U. et destinée à présenter les principaux textes-sources et leurs exégèses ainsi que les nouveaux courants du judaïsme. C’est également aux P.U.F. qu’A. Chouraqui a publié sa seconde traduction biblique : Les Psaumes, en 1956, (et qu'il publiera, en 1970, Le Cantique des cantiques suivi des Psaumes, avec des préfaces d'André Neher, René Voillaume et Jacques Ellul).

André Chouraqui et 1’A.I.U. (1947-1982)

Les premiers pas

Auteur prolifique et conférencier charismatique, l’homme se destinait à la carrière juridique mais, marqué (et brûlé) par la Shoah, c’est autant la survie immédiate du peuple juif et la renaissance de l’Etat d’Israël que la passion historique pour l’existence plurimillénaire du judaïsme en général et du judaïsme d’Afrique du Nord en particulier qui l’occupaient tout entier. René Cassin l’a bien senti lorsqu’il rencontra le jeune homme de trente ans, en été 1947. A cette époque, Cassin (1887-1976), juriste lui aussi, président du Conseil d'Etat, principal rédacteur de la Déclaration des droits de l'Homme (et futur prix Nobel de la Paix, en 1968) était président de l’A.I.U. et vice- président du Conseil d'État. Il fallait reconstruire le judaïsme français et européen, décimés par la guerre. Cassin engagea Chouraqui en qualité de secrétaire général adjoint de l’A.I.U. et celui-ci entre en fonction le 2 novembre 1947. Durant près de trente cinq ans Chouraqui restera un membre éminent de l’A.I.U. Il est vrai que sa personnalité fougueuse et que son aspiration à réaliser une œuvre personnelle avaient très tôt convaincu Cassin que pour le retenir au sein de l’Alliance, il fallait lui ménager un espace de liberté. Le 19 mai 1952, il faisait adopter par le Comité central de l’A.I.U une décision qui accordait à André Chouraqui un nouveau statut spécialement créé pour lui : il devenait « Délégué permanent » de l’A.I.U, titre qu’il conservera jusqu’à sa retraite en 1982. Dans une lettre qu’il lui adressait le 23 mai 1952, Cassin précisait que durant trois mois par an, Chouraqui devrait voyager « en faveur de l’Alliance, au mieux des intérêts de son action profonde sur le monde juif ». Trois autres mois seraient passés au Bureau de Paris pour tirer les conséquences de ces tournées et organiser les suivantes. Enfin, les six autres mois (environ) pourraient être consacrés à des publications et travaux personnels « relatifs aux matières hébraïques et judaïques », dans la résidence de son choix, à charge de mentionner sa « qualité de Délégué permanent sur ceux des ouvrages qu’elle [l’Alliance] jugera propre à cette désignation ».

C’est donc tout naturellement que Cassin et le Comité central de l’A.I.U chargèrent Chouraqui, dès 1957, de rédiger le volume du Centenaire, qui faisait suite au volume du Jubilée de l’Alliance rédigé par Narcisse Leven et paru en 1911. Dans la longue préface qu’il rédigea, Cassin expliquait que l’homme était tout désigné pour cette tâche. Chouraqui était homme de plume, historien, né au sein du judaïsme d’Afrique du Nord où l’Alliance s’était particulièrement investie et dont elle continuait à se préoccuper après le grand exode qui avait suivi la création de l’État d’Israël. Enfin, auteur d’une histoire des juifs d’Afrique du Nord, plusieurs fois remise sur le métier et sans cesse complétée, chroniqueur des réalisations pionnières de l’I.C.A. (Le Baron de Hirsch et la Jewish Colonisation Society, le seul de ses livres resté inédit), biographe de Théodore Herzl dans le sillage de sa thèse de doctorat en droit, soutenue le 15 novembre 1949 devant la Faculté de Droit de Paris sur La Création de l'État d'Israël, acteur et observateur privilégié des activités de l’A.I.U, Chouraqui pouvait mieux que quiconque retracer ce siècle d’histoire.

Francine Kaufman André Chouraqui et le Centenaire de l'AIU-Brit 30 Eté 2011-page83-84

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