Opération Muller ou Mural-Michel Knafo

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Opération Muller ou Mural

Le naufrage d'Egoz provoqua chez Naphtali Bar-Guiora une très grande peine, lui qui se trouvait cette même nuit tragique près de la plage, du début à la fin de l'opération. Il était déterminé à faire sortir du Maroc le plus possible d'enfants qui seraient intégrés dans le cadre de l'immigration de la jeunesse en Israël (Alyat Hanoar).

En janvier 1961, après le naufrage d'Egoz, Naphtali Bar-Guiora a rencontré le directeur d'une organisation caritative suisse. Lors de cette rencontre, des choses importantes ont été conclues entre les deux hommes: l'intégration de centaines d'enfants du Maroc "pour leur guérison" dans les centres de l'organisation

du nom de Hillsfond – comme couverture à leur immigration en Israël par la suite. Ce qui a été convenu comprenait aussi l'enrôlement d'un homme inconnu des autorités marocaines et qui n'appartenait pas à la Mlisguéret, et également l'ouverture de bureaux spéciaux dans ce but. De cette manière 530 enfants sont sortis de Casablanca pour ces lieux de résidence, Hillsfond à Morgens, Suisse puis ensuite vers Israël

David Litman, né en 1933, qui était à la tête de ce projet, était le fils d'une riche famille anglaise. Il a été enrôlé par la Misguéret et a mené ses activités de Casablanca pour l'organisation. Il a reçu l'aide de sa femme, Gisèle, née au Caire. Après avoir reçu les directives des responsables du département de l'Alyah et de l'état-major de la Misguéret à Paris, David Litman est parti le jeudi 16 mars 1961 à Casablanca, avec en sa possession un nombre de lettres de recommandation destinées aux autorités marocaines et à l'ambassade de Suisse au maroc. Les directives qu'avait reçues Litman de la Misguéret étaient les suivantes:

les activités devaient être légales.

les carnets médicaux des enfants devaient être authentiques.

les contacts avec les institutions de l'état marocain devaient être ostensibles et officiels.

Litman pensait qu'il fallait faire croire que le programme Hillsfond était destiné à l'ensemble des enfants du Maroc et pas seulement aux enfants juifs. Lui, personnellement, était connu à Casablanca en tant que non juif et, tous les dimanches, il se rendait à l'église anglicane pour y prier. Lorsque Gisèle l'a rejoint, le 1.4.1961, elle a agi de la même manière que lui. Ainsi a été créée l'image immuable d'un couple "chrétien".

Le couple Litman avait loué un appartement à l'hôtel Anfa, dans le quartier prestigieux de la ville, et des bureaux meublés au centre de Casablanca. Il ont commencé à s'organiser pour "le recrutement" d'enfants et leur envoi "en convalescence" en Suisse. A la fin de l'année scolaire, ils ont commencé à prendre contact avec les bureaux gouvernementaux et les organisations caritatives marocaines à Casablanca et Rabat, et leur ont transmis de la documentation sur les résidences Hillsfond et sur le traitement et le contrôle médical qui y étaient dispensés. Aussi, un article a été publié dans un journal marocain sur les activités de l'organisation – article qui a contribué à renforcer le statut public de David Litman et a permis aux familles juives de prétendre qu'elles avaient obtenu les informations concernant l'opération par l'intermédiaire de cet article. Mais, dans les faits, toutes les familles venues inscrire leurs enfants avaient été dirigées par la Misguéret.

David s'était aussi efforcé de recruter des enfants musulmans afin de dissiper le doute, mais ces derniers ne s'étaient pas inscrits en raison de la participation financière qui leur était demandée. Le département de la Makéla de la Misguéret avait créé à Casablanca une équipe spéciale pour aider à la promotion de l'opération. Ses membres avaient rempli les imprimés nécessaires à l'obtention d'un passeport, l'inscription et les examens médicaux étant effectués la nuit. Un membre de la Misguéret donnait à chaque famille l'acompte qu'elle devait payer lors de l'inscription, et ils avaient demandé aux familles de ne pas prononcer le mot "Israël" dans le bureau de Litman, "parce qu'il n'est pas juif et il n'est pas au courant de tout le programme. Le travail de préparatifs qu'avait effectué l'équipe du "Balet" (mouvement de jeunesse dans la clandestinité) dans la concentration des documents était exemplaire, ainsi que l'obtention des carnets de l'élève par les différents établissements scolaires. L'inscription de centaines d'enfants avait attiré l'attention de la rue juive.

Le 31.5.1961, Litman fut convoqué par Mohamed Drissi, chef du département de la police secrète à l’état-major de la police de Casablanca, et a été interrogé sur la nature de l'organisation Hillsfond et sur ses buts. Drissi lui a dit qu'il avait entendu parler de lui et de son organisation et désirait avoir des renseignements complémentaires, sans cacher que la sortie d'enfants juifs en convalescence éveillait des soupçons, et que peut-être quelques-uns d'entre eux disparaîtraient et feraient envoyés en Israël – c'est pourquoi il proposait de leur délivrer uniquement un passeport collectif, la seule manière selon lui d'être assuré de leur retour au Maroc.

De nombreux problèmes, principalement d'ordre politique, ont été provoqués par le commissaire de police du premier arrondissement – il avait refusé de signer les demandes de passeport. Il y a eu moins de problèmes avec le commissaire du deuxième arrondissement qui était connu pour son amour des pots-de-vin. Quelques tablettes de chocolat suisse pour lui et une montre de fabrication suisse au responsable des enquêtes de ce même commissariat avaient réussi à résoudre les problèmes...

Le premier groupe prend la route

Enfin, et après de nombreuses péripéties, 127 enfants juifs ont embarqué le 26.6.1961 à bord du bateau lonia qui a navigué vers Marseille, et ensuite ont été transportés par autobus en Suisse. Une semaine plus tard, Litman a été à nouveau convoqué pour un interrogatoire à l'état-major de la police de Casablanca, et il s'est avéré que sa convocation était le résultat d'une plainte de Ibrahimi, secrétaire personnel du gouverneur de la ville, qui a demandé d'enquêter de nouveau sur les activités de l'organisation Hillsfond suite aux plaintes du commissaire du premier arrondissement.

Entre-temps, David avait continué l'inscription des enfants pour le deuxième départ, et lors de sa visite dans le bureau de Elhadj, responsable de la délivrance des passeports, il y a découvert une lettre d'Ibrahimi, qui disait que l'enquête sur Litman n'avait rien révélé d'illégal, et que les activités de l'organisation Hillsfond étaient faites avec probité.

 

Le deuxième groupe

Les résultats positifs de l'enquête de la police ont permis le départ par avion de 93 enfants supplémentaires le 10 juillet 1961 de Casablanca vers la France, et de là en autobus vers les résidences Hillsfond en Suisse. Le caractère borné du représentant de l'immigration de la jeunesse à Marseille, qui a donné l'autorisation de transférer 85 enfants du premier groupe de Suisse à Marseille et ensuite par avion en Israël, aurait pu provoquer un scandale et peut-être l'arrestation de David Litman – si le représentant de l'ambassade Marocaine en Suisse avait visité les résidences et découvert qu'il manquait 85 enfants. Cela a été fait sans l'autorisation de Naphtali Bar-Guiora qui en le sachant est rentré dans une colère noire, mais par chance, l'affaire s'est bien terminée.

 

Le troisième groupe, le quatrième et le cinquième

Les préparatifs pour le départ du troisième groupe par avion le 19 juillet, le quatrième via le bateau Ionia le 22 juillet, et le cinquième par avion le 24 juillet, se sont "mieux déroulés" – et ceci grâce au nouveau gouverneur nommé à Casablanca, le colonel Driss Ben-Omar, qui était plus modéré que son prédécesseur.

Le total de ces trois groupes était de 310 enfants juifs, et la totalité de l'opération "Muller" est de 530 enfants âgés de onze à seize ans.

Le premier groupe d'enfants parti en "convalescence" était censé revenir au Maroc le 25 juillet, mais une partie d'entre eux était déjà en Israël, et l'affaire était susceptible d'être découverte, c'est pourquoi Alex Gatmon, le commandant de la Misguéret, décida de faire sortir du Maroc David Litman et sa famille avant le 25 juillet. Gisèle et leur petite fille Diana sont parties par avion de Casablanca à Paris, et le 23 juillet 1961, Litman s'est rendu à son bureau à Casablanca et a détruit tous les documents qui s'y trouvaient. Ensuite, il a rencontré Pinhas Katsir, le chef du renseignement de la Misguéret, et celui-ci l'a conduit à Alex Gatmon.

La rencontre a eut lieu dans le véhicule de Pinhas. Alex a exprimé personnellement ses remerciements à Litman pour la réussite de l'opération, et lui a dit qu'avaient déjà été effectués tous les arrangements pour son départ en avion avec le cinquième groupe qui était prés de décoller de Casablanca le 24 juillet 1961. En cas de problème à l'aéroport, la Misguéret avait planifié une autre voie pour le faire partir du maroc. Dans ce cas, Litman devait retourner à un certain café au centre de Casablanca où l'attendaient des personnes qui s'occuperaient de sa sortie clandestine. Le lendemain matin, David Litman s'est rendu à l'aéroport, il avait envoyé ses valises avec celles des enfants, afin que personne ne se doute de son intention de quitter le Maroc définitivement et pour donner l'impression qu'il était ià comme accompagnateur.

lors de l'entretien avec les officiers de police à l'aéroport, il leur a dit qu'il attendait, dans l'avion qui atterrirait, un "accompagnateur" qui ferait le retour avec les enfants pendant leur voyage en France. Mais lorsque l'avion a atterri à 2:00, il ne s'y trouvait aucun "accompagnateur". Litman a feint d'être surpris et d'être très en colère, alors, il a annoncé au représentant de la société à laquelle avion appartient, en présence de l'officier de police responsable – qu'il n'avait : autre choix que d'accompagner lui-même les enfants. Les officiers, qui étaient persuadés que le voyage de Litman était exigé en raison des circonstances, ne l'ont pas retenu. C'est ainsi que Litman a quitté le Maroc sans aucun problème, alors que cette opération complexe qu'il avait dirigée se terminait dans la réussite.

 

Opération Muller ou Mural-Michel Knafo

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