Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano-Coriat
CORIAT
Nom patronymique espagnol, ethnique de la ville de Coria, sur l'Alagon, en Nouvelle Castille. Le nom est atteste en Espagne des le XIIIeme siecle. Le professeur Haim Zafrani en donne une interpretation interessante: diminutif de l'arabe quirat qui a donne en francais carat, quantite d'or contenue dans un alliage et unite dans le commerce du diamants, sans doute pour designer une profession: marchand de pierres precieuses. Le nom figure sur la liste Toledano des patronymes usuels au Maroc au XVIeme siecle. Au XXeme siecle, nom peu repandu porte surtout au Maroc (Marrakech, Tetouan, Tanger, Rabat, Agadir, Mogador, Casablanca), mais egalement en Algerie (Oran, Mostaganem, Mascara, Alger, Sidi Bel-Abes) et aux … Etats-Unis par une grande famille chretienne, protestante. II y a deux ans nous avons recu, par 1'intermediaire de l'Association Americaine de Genealogie Juive Americaine, une lettre d'un respectable homme d'affaires de Boston nous demandant s'il etait vrai que le nom Coriat etait egalement porte par des … Juifs ! Ce qu'il savait c'etait que sa famille descendait d’un pretre anglais qui avait immmigre aux Etats-Unis au XlXeme siecle et dont 1'ancetre venait de Barbarie – c'est-a-dire du Maroc. Recherches faites, il s’avera qu'un Juif de Tetouan installe a Gibraltar, s'etait replie sur 1'Angleterre ou il se convertit au protestantisme. Son fils immigra aux Etats-Unis fondant une grande famille qui a perdu tout contact et toute connaissance de ses origines juives. Le nom de cette famille s’est illuste pendant des generations au Maroc dans la rabanout, faction publique et les affaires.
ITSHAK: Rabbin descendant d'une famille d'expulses d'Espagne ayant vecu a Marrakech au XVIeme siecle. Kabbaliste celebre en son temps, il ecrivit de nombreux ouvrages qui ne nous sont pas parvenus. Il est 1'ancetre de la famille au Maroc.
ABRAHAM: Le premier. Rabbin ne a Marrakech vers la fin du XVIIeme siecle. Nomme a Tetouan, il y fonda la nouvelle branche de la famille qui allait s'y illuster tout au long du XlXeme siecle.
YEHOUDA: Fils de Abraham le Premier, rabbin-juge a Tetouan, mort vers 1788, Auteur fecond, la plus grande partie de ses ouvrages fut perdue au cours du sac du quartier juif de Tetouan en 1790. A la mort de son pere, le sultan Sidi Mohamed, son fils, Moulay Elyazid quitta la montagne du Rif ou il se cachait – il avait tente a plusieurs reprises de renverser son pere – pour se faire proclamer sultan a Tetouan. Lorsque la communaute de la ville vint lui presenter, comme le veut la coutume ses presents, il ordonna d'en arreter les chefs et d'exterminer tous les Juifs de son royaume qu'il accusait d'avoir monté son père contre lui. Un chef religieux lui fit alors remarquer que le Coran interdisait un tel massacre et qu'il serait préférable de les dépouiller car il est écrit " que le pauvre est considéré comme mort". Le sultan fut enchanté de ce conseil et donna l'ordre aux tribus de piller le quartier juif. Comme c'était un jour de shabbat et qu'ils ne se doutaient de rien, les Juifs n’avaient pas eu le temps de cacher leur argent et leurs biens les plus précieux – les manuscrits. Ses enfants recueillirent les fragments restants de son oeuvre et les publièrent sous le titre de "Nofech Saphir" (Pise, 1812).
ITSHAK. Fils de rabbi Yéhouda, il quitta sa ville natale de Tétouan après le pillage de 1790 et monta à Jérusalem. Auteur de nombreuses livres de commentaires talmudiques dont les plus célèbres sont "Ma'assé Rokem", commentaire sur la Massekhet Kidouchim du Tatrnud (Pise, 1806); et "Pahad Itshak". Il mourut en 1806 à Livourne ou il était venu imprimer ce dernier livre.
ABARHAM RAPHAËL: Fils de rabbi Yéhouda. Il est le rabbin le plus célèbre de la famille. Kabbaliste Né à Tétouan, il fut appelé à servir comme grand rabbin de Mogador en 1788 quand les originaires de Tétouan y acquirent une grande influence. Il fut ensuite nommé en 1792 rabbin à Gibraltar puis à Livourne, à partir de 1797. Il revint ensuite à Mogador où il mourut vers 1806. Son célèbre chef-d'oeuvre, "Zekhout Abot", traite des coutumes religieuses marocaines et contient des renseignements précieux sur son époque. Il fut imprimé par son fils, rabbi Yéhouda, à Pise en 1812 qui y joignit son propre commentaire, "Tofah Sabib", un abrégé des règles de Halakha. Il mit à jour pour des besoins religieux – la rédaction des actes de divorce – la liste des prénoms usuels au Maroc en son temps, seuls admis par les tribunaux rabbiniques, en complétant la liste du XVIIIème siècle, établie par rabbi Yaacob Abensour.
YEHOUDA: Fils de rabbi Abraham Raphaël, dit le second. Né à Tétouan, il resta à Mogador après le départ de son père pour Gibraltar puis s'installa à Livourne. 11 est l'auteur de commentaires mystiques sur le Pentateuque, "Maor vashémesh", (Livourne, 1839). Il édita le chef-d'oeuvre de son père, "Zekhout Abot" (Pise, 1812).
ABRAHAM: Fils de Yéhouda, dit le troisième. Rabbin kabbaliste d'une grande piété mort à Mogador en 1845. Auteur d'un traité de questions et réponses "Bérit Abot" (Livourne 1848). Il fut un des disciples de rabbi Haim Pinto qui le recommanda comme grand rabbin de la communauté, poste qu'il n'occupa – contre son gré au départ – que quelques annés avant sa mort. Il est le grand-père maternel du célèbre éditeur de Livourne, Elie Benamozeg (voir Amozeg). Auteur de l'un des ouvrages les plus connus du rabbinat marocain, "Nahal Abot", édité après sa mort par son fils Isaac. Ses autres oeuvres, dont un grand nombre de poèmes, ont été perdues lors du sac du mellah de Mogador par les tribus berbères à la suite du bombardement du port par la flotte française en 1844 comme représailles à l'aide apportée par le Maroc aux rebelles algériens. Les seuls poèmes qui ont été conservés décrivent justement les malheurs qui s'abattirent sur la communauté lors du bombardement français et de l’attaque des tribus qui s'en suivit. Son tombeau était devenu un lieu de pèlerinage à Mogador. ISAAC: Fils de rabbi Abraham. Après le sultan Moulay Slimane, préoccupé avant tout à isoler son pays de toute influence chrétienne, son successeur le sultan Moulay Abderahaman (1822-1859) encouragea à nouveau le commerce avec l'Europe et nomma de nouveaux "Tajar esltan" et parmi eux Isaac Coriat, riche commerçant de Tétouan qui devait être d'un grand secours aux pauvres de sa communauté lors de l'occupation de la ville par les Espagnols lors de la Guerre hispano-marocaine de 1860.
SAMUEL: Commerçant, fournisseur de la cour du sultan Moulay Abdelrahman, mort en 1856. Administrateur des douanes au port de Tétouan.
SALOMON: Agent consulaire de France à Tétouan première moitié du XIXème siècle. Après la nomination, vers 1850, d'un vice-consul permanent dans la ville, il reçut au titre de services rendus à la France, le statut de censal protégé.
MIMOUN: Héros d'une célèbre controverse qui divisa la communauté de Tétouan. A la mort de son père, Yéhouda, il transforma en synagogue une chambre de leur maison en 1880, en infraction à la Takana de 1818 interdisant la construction de nouvelles synagogues dans la ville. Il refusa d'obtempérer à l'injonction de fermeture du grand rabbin Itshak Benwalid. L'affaire est alors portée devant le tribunal rabbinique de Safed qui condamna non seulement les constructeurs mais également les fidèles qui venaient y prier. La famille Coriat porte alors l'affaire devant le tribunal de Meknès qui lui donna entièrement raison, estimant licite la nouvelle synagogue et mal venue la condamnation du tribunal de Safed.ITSHAK (1840-1905): Fils de rabbi Abraham, le troisième. Après des études rabbiniques à Tunis, il parlait parfaitement l’italien, le français et l'espagnol. Très ouvert, il succéda à son père comme rabbin à Mogador tout en s'adonnant avec grand succès au commerce international. Il avait le monopole du commerce du tabac jusqu'à l'interdiction de cette culture par le pieux sultan Moulay Hassan qui estimait cette imitation des Chrétiens incompatible avec l'Islam. Après la mort de sa femme, il fonda une synagogue dont tous les revenus étaient destinés au Hekdech en faveur des pauvres de la communauté. Mort en 1905. C'est le dernier grand rabbin de cette dynastie.
NESSIM: Notable de la communauté de Marrakech. Vice-consul des Pays Bas dans la ville jusqu'en en 1914. Il fut avant la Grande Guerre, le représentant à Marrakech de la maison de commerce allemande "Marx et compagnie".
ABRAHAM: Riche exploitant agricole dans le territoire de la tribu berbère des Haha, autour de Mogador, dans le Sous, il usa de son influence auprès de leur caïd Hadji pour obtenir en 1912 son ralliement à la France, après la signature du traité du Protectorat. Mort en 1930.
ISAAC: Notable de la communauté de Tanger, un des membres du Comité de la Communauté, la Junta. Il fut dans les années trente un des trois représentants de la communauté juive à l’Assemblée Législative de la ville établie par le statut international et qui comptait en tout 27 membres. 11 fut également président du Casino de Tanger.
MAURICE: Membre du Comité de la Communauté de Mogador au début des années cinquante et élu comme délégué Régional du Conseil des Communautés Israélites du Maroc en 1952.
LEON: Un des dirigeants de la communauté de Tétouan première moitié du XXème siècle. Secrétaire général de la communauté pendant de nombreuses années et membre de la direction des écoles de l'ORT. Militant sioniste, il s'installa en Israël en 1956. Préoccupé par les difficultés d'intégration des originaires du Maroc en Israël, il fut un des cosignataires du "Mémorandum sur la situation des Juifs marocains en Israël", présenté au 25ème Congrès Sioniste, en 1956, par un groupe d'anciens dirigeants de la Fédération Sioniste du Maroc.
RENE: Economiste français né à Rabat. Après l'indépendance du Maroc en 1956, il fut une des premiers Juifs à être nommé Inspecteur des Finances. Au milieu des années 1970, il fut à Paris un des fondateurs du mouvement d'intellectuels "Identité et Dialogue".
Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano-Coriat
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