Le mari. trad. chez juifs maroc.


LE MARIAGE TRADITIONNEL CHEZ LES JUIFS MAROCAINS – ISSACHAR BEN-AMI

Zone espagnole

A Tanger, jeudi matin, la mère de la mariée entre la première dans la chambre des époux. Le plus souvent, elle dort dans la maison du marié, afin d'être la première le lendemain à voir le "bonheur" de sa fille. Elle offre au couple du lait et des beignets, et fait ensuite le tour des maisons pour montrer le drap sali. Les femmes lui disent à cette occasion: "Buena hora! " (à la bonne heure! ).

  • Pourtant, encore au XVIIIe siècle, la famille attendait sur place la consommation du mariage. Romanelli, cit., p. 27, est scandalisé par ce fait : "… (Dès que la jeune fille est déflorée) on montre la robe à tout le monde… pendant que la vieille femme pousse des zgarit, qu'on bat du tambour et qu'on chante des chants".

Dans le Rif, on retire le linge ensanglanté la nuit même. Les femmes font, en dansant, le tour des maisons et exposent le drap. Au matin, la mère de la mariée apporte au jeune couple du thé, un pain de sucre et du lait. Dans la journée, les membres de la famille leur remettent des cadeaux, alors que les amis attendent le samedi pour le faire. Samedi, "sabbat del tala- mon", on accompagne le marié à la synagogue. Pendant la lecture de la Tora, les femmes lui jettent des bonbons. Après la prière, le marié, toujours encadré de ses amis, va baiser la main de sa belle-mère, qui lui remet un cadeau, généralement un louis d'or ou une bague. Les époux déjeunent au lit, alors que les familles et les invités mangent dans le lieu même où se trouve le talamon. L'après-midi, les femmes des deux familles et des invitées se groupent autour de la mariée. Elles dansent et chantent: "ô, madame la mariée! ", pendant qu'une des femmes lui applique du henné. La mariée et sa mère pleurent au cours de cette opération.

Le huitième jour après le mariage est le "dia del pescado" ou "le jour du poisson". La jeune fille est emmenée au bain. Le marié achète un poisson, qu'on peint de couleurs vives et qu'on remet à la jeune épouse, afin de le nettoyer. Les femmes se moquent d'elle, en lui disant: "No sabe, no sabe" (tu ne sais pas, tu ne sais pas). La mariée va passer quelques jours chez sa mère. Dimanche, elle va au bain et retourne chez son mari. C'est ce retour qu'on appelle tornaboda. La mariée restera à la maison quelque temps sans faire aucune visite. C'est seulement quand sa mère viendra l'inviter qu'elle pourra recevoir aussi d'autres invitations.

ארפוד - חתונהChez les Juifs du Sud

  1. Dans le Haut-Atlas occidental. A Demnate, la consommation du mariage peut avoir lieu du mercredi soir à vendredi soir. Jeudi, "sbâh srir" ou "le matin de l'alcôve", les parents de la mariée envoient leur "dhol asbàh","Entrée du matin" ou cadeau. – ainsi que le reste du trousseau que la mariée avait laissé à la maison. Au cours de la remise des plateaux les femmes chantent et dansent. On sert aux invités du poulet. Seuls les parents de la mariée, ses amies et les islan peuvent remettre leurs cadeaux ce jour-là, alors que le reste de la famille et des amis attendent le surlendemain. Samedi, "sabt sabuka", au matin, pendant que les hommes prient dans la synagogue, les femmes des deux familles se réunissent chez la mère de la mariée, qui leur montre le sang virginal, avec lequel elles s'enduisent les yeux. La mère dépose le linge sali sur sa tête, et, accompagnée des femmes qui chantent et dansent, elle va de maison en maison l'exposer. Elle dit, en arrivant: "Regardez la virginité de ma fille! " Elle garde pendant quelque temps ce linge, elle le lave, et, à l'occasion d'une visite chez sa fille, elle le lui remet avec un cadeau.

Quand les hommes reviennent de la synagogue, chaque famille du mellah apporte sa shina et on mange ensemble. La mariée est la première à goûter du plat et dit: "malha", "malha" (salée, salée).

L'après-midi, les femmes se rassemblent dans la cour, où on élève une balançoire. On fait d'abord balancer cinq petits enfants, et, ensuite, la mariée. Les femmes chantent des chants de circonstance. Le marié et ses amis jettent aux femmes des bonbons. Le soir, on distribue du pain aux familles du mellah.

Mercredi matin, les islan viennent ouvrir les azellumin de la mariée et lui donnent un cadeau. Elle est emmenée au ruisseau pour prendre un bain. Les femmes lui mettent du henné et lui font avaler cinq petits poissons. On distribuera là du couscous et des oeufs à toute la famille.

Durant huit jours, les amis du marié et des invités se réunissent tous les soirs chez lui, pour prier et répéter les "sept bénédictions".

Le mariage traditionnel chez les juifs marocains – Issachar Ben-Ami

juives berberes 3A Sidi Rehal, la mère de la mariée, quand elle n'est pas inquiète au sujet de sa fille, dort chez elle. Jeudi, très tôt le matin, elle va offrir aux mariés un litre de lait, des qràselLe singulier est qersûla. C'est un petit gâteau en forme de couronne, croustillant, fait ici avec de la semoule et enduit d'oeuf.– et un bouquet de menthe. Elle lave le visage de la mariée, qui ne peut quitter son lit. La famille du jeune homme, de son côté, présente un plateau contenant une théière, des gâteaux, des oeufs durs et des fruits secs. Les jeunes gens et les islan viennent prier avec le marié et on leur sert un petit déjeuner. Durant toute la journée, selon l'expression locale consacrée, "le thé travaille". En effet, tous les visiteurs sont tenus

de boire un verre de thé. Vers dix heures, les jeunes amies de la mariée lui apportent leurs cadeaux. En partant, elles reçoivent un sachet avec des bonbons, des noix et des gâteaux. Les islan offrent aussi de l'argent au marié. Vers cinq heures de l'après-midi arrive le "dhol asbâh", se composant de vingt à vingt-cinq plateaux portés par les tamzwarât, et contenant des habits, des bijoux, des ustensiles de ménage, des gâteaux, de la mahia, etc. Ce sont les cadeaux des parents de la mariée. La mère soulève sa fille du lit et la dépose sur la table dans la chambre voisine. Après le transport, elle lui offre un petit bijou en or. A ce moment, le marié s'approche et baise respectueusement la tête de sa belle-mère, geste qui est imité par sa femme. Dans la matinée, le rabbin, accompagné de deux témoins, vient examiner le linge tâché. – Cest une visite que la famille du marié impose au rabbin, qui examine si le sang est celui de la jeune fille ou celui d'une bête égorgée. –  Quand l'examen est positif, il dit: "Bonne augure, nous n'avons rien à dire". C'est alors que la mère de la mariée montre le drap à toute la famille et le garde.

Vendredi, on permet à la mariée de quitter son lit et de faire une entrée à la cuisine. Elle peut, si elle veut, aider aux travaux. L'après-midi, une tamzwarâ lavera la jeune épouse et lui mettra du hârqôs. La mariée se couvre le visage. On élève aussi une balançoire dans la cour, pour la cére­monie du lendemain.

Samedi matin, pendant que les hommes sont à la synagogue, toutes les femmes de la famille viennent chez la mère de la mariée et chantent autour d'un plateau, où est déposé le linge maculé. La mère charge le plateau sur sa tête, et, accompagnée des femmes, rend visite aux voisines et amies, occasion qui donne lieu à une distribution de mahia, de dattes et de bonbons. Chaque femme essaye d'attirer chez elle le groupe, car c'est un honneur pour elle de l'acueillir. Seules les jeunes filles s'enduisent leur yeux de ce sang.

Cette action, selon la croyance locale, accélérera leur mariage. Si la mariée ne jouit pas d'un bon renom, les jeunes filles s'abstiennent de le faire.

Les femmes chantent, dansent et poussent des zgarit. Après cette tournée, elles se retrouvent chez la mariée. On apporte une shina préparée spécialement pour le jeune couple; la mariée la découvre, goûte et dit: "malha, malha!". Elle en offre à ses amies et à toutes les assistantes.

De la synagogue, le marié, accompagné des islan et de nombreux invités qui chantent en son honneur, se présente chez ses beaux-parents, afin de les inviter au déjeuner. Sa belle-mère lui remet un louis d'or et deux pains de sucre. Tous les participants au déjeuner apportent leur shina. L'après-midi, pendant que la mariée se réjouit à la balançoire et qu'une vieille femme lui chante, ses amies collent au front de la chanteuse des pièces de monnaie.

Coutume identique chez les Berbères tunisiens. Voir H. de Montetv, op. cit., p. 63.

Mercredi matin, le marié va au marchéet, au retour, offre à sa femme un drap avec sept noeuds qui contiennent du henné, des dattes, des noix, du savon, des beignets, 'kdr et du khôl. Les islan viennent ouvrir les azdllumin de la mariée et lui remettent de l'argent. On emmène ensuite les mariés au ruisseau. Là, les parents servent du couscous et des oeufs aux invités. Les mariés répandent leur part sur la surface de l'eau. Les islan pèchent cinq petits poissons que la mariée doit avaler. Au retour, les femmes appliquent, en chantant, du henné sur la tête de la jeune épouse. Le soir, en présence du rabbin et de plusieurs invités, on célèbre de nouveau les "sept bénédictions". La mariée est maintenant libre de sortir, mais elle ne quittera pas encore la maison. C'est seulement à l'occasion d'une fête, comme Pessah ou Sukot, que ses parents l'invitent. Elle séjourne alors quelques jours chez eux. A son départ, ils lui offrent un mouton, qu'on couvre d'un foulard, et de la mahia. Les tamzwarât l'accompagnent, tout en chantant. En route, on offre aux passants de la mahia.

Le mariage traditionnel chez les Juifs marocains – Issachar Ben-Ami

A Ourika, jeudi matin, la mère de la mariée entre la première dans la chambre. Si la fille "zebt uzhà", –  Textuellement, "a sorti sa figure", c'est-à-dire, elle a prouvé sa virginité, donc elle peut se montrer-la mère met le linge sur un plateau et appelle les femmes, afin que chacune danse avec le précieux fardeau. Elle leur sert de la mahia, des fruits secs et des gâteaux. Si certaines personnes font courir le bruit que la mariée n'était pas vierge, sa mère et des tamzwarât sortent dans la rue et dansent tout en exposant le linge maculé.

Samedi, "sebt sabuka", réunit les deux familles. Mercredi, après le bain rituel de la mariée, l'époux peut sortir.

A Tesra, la mère de la mariée se tient près de la chambre des époux. Elle attend et espère que sa fille "thamarlhâ" – Textuellement : "lui fasse rougir" son visage (de bonheur).- son visage. En entendant le cri de sa fille, elle demande à une des femmes d'entrer et de ramener le linge sali, qu'elle dépose sur un plateau. Les femmes dansent ensuite avec le plateau. Le lendemain matin, la mère offre à sa fille du thé, du lait et des beignets. Au huitième jour, pendant le bain rituel au ruisseau, la jeune épouse avale cinq petits poissons. Ce n'est qu'un mois après qu'elle ira voir ses parents. Elle évite, même après au'elle devient mère, de s'adresser, "par honte", à son beau-père.

A Ntifa, après avoir eu des relations sexuelles avec sa femme, le marié lui offre de l'argent et du sucre. C'est la soeur ou la mère du marié qui rentre la première dans la chambre, prend le linge tâché et le remet à la mère de la mariée dans sa maison. Cette dernière, accompagnée de plusieurs femmes, fait le tour du mellah, en poussant des zgarit.[ Coutume identique chez les Musulmans, relatée par de Lacroix ]

Jeudi matin, de bonne heure, la mère de la mariée fait envoyer à sa fille du lait et de l'eau, afin qu'elle se lave le visage. Pour le déjeuner, la mère apporte cinq plats de couscous et cinq poulets. Si elle n'est pas aisée, elle offre seulement trois volailles. Du jeudi au samedi, les islan prient avec le marié à la maison. Le samedi, on l’emmène en procession à la synagogue. Sa mère, qui assiste à l'office, lui remet un bijou, qu'il offre à sa femme. Lundi, le marié va au marché et achète des dattes, des figues, du sel, du henné, du khôl, du swâk et des pois chiches. Il dépose chaque produit sur le côté d'un drap, qu'il noue, et présente ce drap avec les sept noeuds à sa femme. Pendant qu'elle les dénoue, les tamzwarât poussent des "youyous".

Mercredi, on conduit les mariés à la source, pour prendre un bain, et, ensuite, dans un champ, où on leur demande de semer. Ils répandent de la farine sur le sol. On sert du couscous et du poulet aux assistants. Les jeunes époux sont alors menés chez la mère de la mariée, qui leur applique du henné aux mains. A leur départ, elle offre à sa fille un cadeau, générale­ment un habit. Le soir a lieu un repas, au cours duquel on refait les "sept bénédictions". Les musiciens jouent et la soirée est très animée. Ce soir-là, on prend congé des invités qu'on a hébergés toute la semaine. En partant, on leur donne de la farine. Les parents de la mariée pourvoient à la nour­riture du jeune couple jusqu'au dimanche suivant.

A Amizmiz, après la défloration, le marié quitte la chambre. La mère de la mariée y entre, en poussant des zgarit. Jeudi matin, les islan ouvrent les azellumin de la jeune femme, cérémonie rehaussée par des chants et des danses. Personne ne peut offrir ce jour-là un cadeau à la mariée. La famille présentera les siens samedi matin, et les islan, samedi soir.

Ceci renforce l'hypothèse que, dans le passé, le vendredi était le jour de la céré­monie nuptiale, et le samedi, de la remise des cadeaux. Le jour du mariage a changé, mais la coutume d'offrir les présents le samedi a subsisté.

Samedi soir, les islan apportent un mouton, dont la viande est aussitôt consommée. Les chants et les danses sont très animés. Cette nuit, la mariée est tenue de danser avec les islan. Mercredi, le septième jour après le mariage, est le "nhar elrez'â" ou "le jour du retour", où les islan emmènent les mariés au ruisseau. Privilège extraordinaire, car les femmes dansent rarement avec les hommes.

Le mariage traditionnel chez les juifs marocains- Issachar Ben-Ami

A Imintanout, on fait sortir la nuit même le linge maculé, que les femmes portent en dansant. On l'expose sur une table placée au milieu de la maison.

Samedi est le "sebteslksr3ân" ou "le samedi des pattes", où on sert un plat préparé avec les pattes de la vache qu'on avait abattue quelques jours auparavant.

A David Draa, jeudi matin est le "sbah srir" ou "le matin de l'alcôve". La mère de la mariée offre au couple un plateau contenant deux poulets et deux mhemmer. Si, par malheur, la preuve de la virginité de la mariée n'apparait pas, son père doit quitter la ville. La mère prend le linge sali, et, accompagnée d'une tamzwarâ qui pousse des zgarit, elle va de maison en maison le montrer. Chaque femme invitée prend du sang et met dans ses yeux, ce qui lui permettra, selon la croyance locale, d'avoir des enfants. En contrepartie, elle remet un cadeau à la mère.

Au huitième jour, quand le marié revient du marché avec les sept produits achetés pour sa femme, sa mère l'attend à l'entrée de la maison. Elle lui donne un oeuf, qu'il brise sur le mur de sa chambre, et du lait, qu'il répand afin de n'être jamais pauvre.

Dans l'Anti-Atlas. A Tamézéra, dès que la mariée est déflorée, une tamzwarâ  rentre et éveille les gens de la maison avec ses zgarit. Au matin, les parents de la mariée lui apportent un plateau avec cinq litres de lait et des beignets. On sert du berkuks à tous les invités qui viennent ce jour- là et ils offrent, en partant, une somme d'argent ou un cadeau quelconque.

Samedi matin, "sabt elhtanim", on emmène le marié à la synagogue. Pendant que les hommes prient, les tamzwarât vont chez la mère de la mariée et chez celle du marié, et leur suspendent sur le dos un vieux sac, qu'elles remplissent de figues de Barbarie et de déchets. A la sortie de la synagogue, les islan font de même au père du marié et à celui de la mariée, à la grande joie des assistants. Si le père du marié ést riche et influent, il reste chez lui afin d'éviter cette honte, mais le père de la mariée doit toujours la subir.

Au huitième jour, on conduit les mariés au ruisseau. Ils ôtent leurs habits qu'on donne à des pauvres, et revêtent des nouveaux. Au retour, ils tiennent en main de la verdure. A la maison, on sert du couscous et chaque invité dit trois fois: "salé, salé, salé! " A partir de ce jour, les mariés peuvent sortir.

Vallée du Dadès. A Imili, près de Ouarzazate, dès que la mariée est femme, une tamzwarâ et un islan entrent dans la chambre. La tamzwarâ pousse des zgarit et toute la famille s'assemble autour de la mariée. Les femmes prennent le linge sali  et se mettent à danser. Au matin, la tamzwarâ habille la jeune épouse et lui met du khôl aux yeux; elle en met aussi aux jeunes filles, afin qu'elles se marient.

Le jeune couple ne reçoit presque pas de cadeaux. La mère de la mariée présente une robe à sa fille, et les parents du marié, une djellaba ou une couverture. Les autres personnes offrent du sucre.

Samedi après-midi on installe la balançoire dans la cour. Pendant que la mariée et ses amies se balancent, le marié joue au ballon  avec les islan. Le soir, à Skoura, au cours d'une fête d'adieu, on prend congé des invités qui habitent en dehors du village.

Au huitième jour après la cérémonie nuptiale, les mariés sont emmenés au ruisseau pour le bain rituel. Au retour, on passe par des jardins, où ils prennent des légumes et des fruits. Un repas de couscous et viande clôture les fêtes de mariage.

Vallée du Draa. A Mhamid, c'est le vizir  du marié qui, de l'entrée de la chambre nuptiale que lui cache un rideau, se renseigne auprès du marié et informe ensuite la famille, qui entre pour voir la mariée. Samedi après-midi, les jeunes filles et les tamzwaràt se rassemblent autour de la mariée pour chanter et danser. Les islan leur lancent des amandes. C'est le mercredi, septième jour après le mariage, que les mariés sont emmenés en procession au ruisseau. On dépose une branche au milieu du cours d'eau. Le marié et le vizir font une course entre eux, afin d'arriver le plus vite près de la branche. Si le marié est gagnant, il est chaudement applau­di, sinon il doit offrir au vizir le prix qu'on aura fixé auparavant. Le groupe se rend ensuite chez les parents de la mariée, qui leur servent un repas et offrent un tapis ou une couverture au jeune couple.

Le mariage traditionnel chez les Juifs Marocains-Issachar Ben-Ami

Vallée du Draa. A Mhamid, c'est le vizir  du marié qui, de l'entrée de la chambre nuptiale que lui cache un rideau, se renseigne auprès du marié et informe ensuite la famille, qui entre pour voir la mariée. Samedi après-midi, les jeunes filles et les tamzwaràt se rassemblent autour de la mariée pour chanter et danser. Les islan leur lancent des amandes. C'est le mercredi, septième jour après le mariage, que les mariés sont emmenés en procession au ruisseau. On dépose une branche au milieu du cours d'eau. Le marié et le vizir font une course entre eux, afin d'arriver le plus vite près de la branche. Si le marié est gagnant, il est chaudement applau­di, sinon il doit offrir au vizir le prix qu'on aura fixé auparavant. Le groupe se rend ensuite chez les parents de la mariée, qui leur servent un repas et offrent un tapis ou une couverture au jeune couple.

[1]  Ici, comme partout ailleurs, on attache une valeur considérable à la virginité. Dans un chant de mariage chanté par les Juifs de ce lieu et que j'ai recueilli en 1965, il est dit:

"O, fille, est-ce que ta mère

 t'a gardée comme un document?

 Est-ce que ta mère t'a gardée jusqu'à ce soir dans un livre…"

 (pour que tu aies si aisément prouvé ta virginité ! )

 

 Quand la mariée n'est pas vierge, elle peut être répudiée sur le champ. Néanmoins, si son mari veut faire une grande "mitsva" (commandement religieux), il accepte qu'on salisse le drap avec le sang d'un poulet. Selon la croyance locale, s'il la protège ainsi, il est sûr que Dieu le protégera en récompense.   

[1]       Le même rôle est joué par le vizir chez les Ait Warain (Westermarck, Ceremonies, p. 244) et chez les Ait Ubahti (idem, p. 248). Chez ces derniers, le vizir est présent dans la chambre nuptiale au moment même de la consommation du mariage. Pour la même coutume chez les Berbères tunisiens, voir H. de Montety, op. cit., p. 65.

Le marié et le vizir font une course entre eux Sur une variante de cette coutume, voir Westermarck, Ceremonies, p. 283 : ici (chez les Ulad Bu-Aziz), la course a lieu entre le marié et deux ou trois des jeunes gens vers la tente. Chez les tribus berbères du Mzab, selon Goichon, op. cit., p. 95: "A quarante ou cinquante mètres de la hajba, amis et ennemis partent en une course effrénée. Si l'un des mariés ou l'un des vizirs arrive le premier, tout se passe sans autre incident; mais si c'est l'un des autres agresseurs, il ferme brusquement la porte. Sans refuge, le malheureux marié et sa poignée de défen­seurs sont livrés à toute la bande, car l'honneur leur défend de s'enfuir".

Vallée du Todra. Dès que le mariage est consommé, la mère de la mariée entre dans la chambre et pousse des "youyous". Le drap est montré à toute la famille. Jeudi, "yom alhdïya" ou "le jour du cadeau", tous ceux qui ont assisté au mariage viennent donner leur grama. Vendredi après-midi, le marié soulève sa femme sur ses épaules et l’emmène dans la cour. Là, il plante au sol un piquet, sur lequel elle frappe, pendant que les sosbinim crient: "La femme restera, la femme restera, ici elle aura des enfants". Le soir, les jeunes gens et d'autres invités se réunissent chez le marié. Ils passent la nuit à chanter des cantiques religieux.

Samedi est le "sebt elkbir" ou "le grand samedi", que les familles passent ensemble.

Jeudi, huit jours après la cérémonie nuptiale, le marié va au marché. Il achète un panier, qu'il remplit d'amandes, de noix et de blé. Accompagné de ses amis il va chez ses beaux-parents, chez qui ils mangent du couscous. A son départ, il reçoit un pain de sucre. A la maison, le marié remet à sa femme le panier. Pendant qu'elle prépare du couscous, il doit moudre le blé. Les assistants les bénissent, en disant: "Que jamais le blé ne manque dans cette maison". Dans l'après-midi, les sosbinim viennent ouvrir les tresses de la mariée. Elle est ensuite conduite au bain et fardée par une tamzwarâ, qui lui met du 'ker et du swâk aux lèvres. Le soir, on répétera pour la première fois les "sept bénédictions". A cette occasion, le rabbin sonne du sofar et les femmes lancent des zgarit.[ C'est la première fois que nous retrouvons l'usage du Sofar lors des cérémonies de mariage].

Lmeghrane. Jeudi matin, la mère de la mariée ou une tamzwarâ entre dans la chambre, prend le drap Sali et le montre à toute la famille. Les femmes dansent tout en soulevant le linge; cinq tamzwarât lanceront à tour de rôle des zgarit. Tous ceux qui viennent ce jour-là contemplent le linge exposé. Chez les Juifs d'Imedra, dans la zaouia de Beni-Azem, le marié quitte la chambre dès que la mère de la mariée rentre. Accompagné d,islan, il va à la synagogue. A la sortie, un groupe de tamzwarât l'acueille en chantant. Le soir, les mariés ,accompagnés de tamzwarât et d ,islan, vont à la source, tenant d'une main un seau et de l'autre de la menthe. Pendant que les femmes chantent, dansent et poussent des zgarit, les islan crient :

“Le sultan arrive (trois fois).

Faites vos offrandes, serviteurs de Dieu.

Faites vos offrandes au sultan” (deux fois).

Arrivés à la source, les mariés remplissent les seaux et reviennent, toujours accompagnés, à la maison.[ Les mariés vont à la source jeudi soir, vendredi et dimanche soir. A part ces sorties organisées, il leur est interdit pendant huit jours de quitter la maison].

Jeudi matin, à Imeghrane, la famille offre aux mariés du sucre et des habits. A midi, au cours du déjeuner où se retrouvent les deux familles, les islan et plusieurs invités, le père de la mariée s’exclame, en prenant un bout de mhemmer et un verre de mahia : “Celui qui vient chez nous, l’aisance viendra chez lui”. De suite après, il dépose sur la table une somme d’argent. Tous les membres de sa famille suivent son exemple. C’est ensuite le tour de la famille du marié et des invités. La somme reçue est remise au marié.

Le couple ne peut quitter sa chambre même aux heures des repas. Il doivent être toujours ensemble. Les gens disent à ce sujet: “Que le vent ne passe pas entre eux”. Quand les amis rendent visite au marié, les amies de la mariée se groupent autour d’elle. Aucun d’eux ne peut être laissé seul pendant ces huit jours.

Samedi, les parents de la mariée offrent au jeune couple cinq paniers pleins de fruits secs, d’œufs, de sucre et de viande. C’est pour cette raison que ce samedi est ici intitulé “le samedi des paniers”. Le matin, après l’office à la synagogue, le marié sert aux assistants de la mahia et du mhemmer. Les islan le soulèvent et dansent tout en le portant. Le soir, on célèbre une fête animée de chants et de danses, qui dure jusqu’au matin.

Mercredi, septième jour après le mariage, est “le jour du bain”. Les mariés sont emmenés au ruisseau et, pendant qu’ils se baignent, la mère lave leur linge. Au retour, ils répandent dans un champ le contenu d’un seau plein d’épis de blé. Ds se permettent de cueillir dans un jardin des fleurs et des légumes, qu’ils mettent dans le seau, sans attirer la colère du proprié­taire musulman. En cours de route, les parents des mariés offrent aux pas­sants de la mahia et ces derniers déposent une grama dans le seau. A la maison, le marié met à sa femme le même hzàm avec lequel on l’avait attaché la veille du mariage. Un repas de couscous à la famille terminera les cérémonies de mariage.

A Imedra, les mariés reçoivent chacun un poisson, qu’ils essayent de nettoyer le plus vite possible, pendant que les femmes chantent. Le mari doit, à ce moment, ecraser le pied de la mariee, mais s'il n'est pas alerte, la femme lui .marchera sur le pied

Le mariage traditionnel chez les Juifs Marocains-Issachar Ben-Ami-page 82

Le mariage traditionnel chez les Juifs Marocains-Issachar Ben-Ami

 יהדות-מרוקו-יששכר בן עמי
יהדות-מרוקו-פרקים-בחקר-תרבותם
  1. Dans le Sous. A Taroudant:, dès que le mariage est consommé, le marié quitte sa chambre et revient à ses amis qui l’attendent. Les femmes entrent en poussant des zgarit. Jeudi est le “nhar sboh” avec la remise des cadeaux. Toutes les femmes qui viennent voir la mariée, prennent le linge tâché et s’enduisent les yeux. La mère de la mariée gardera ce linge jusqu’au jour où sa fille enfantera son premier enfant.

Samedi après-midi donne lieu à un l’ab jusque tard dans la nuit.

  • Mercredi, “nhar sab’ iyyâm”[“Le jour des sept jours”. A Iligh, ce jour-là est le “nhar lehruz” (le jour de la sortie).], le marié, accompagné des islan, va au marché acheter un panier, qu’il remplit d’oeufs, ainsi qu’un mouton, qu’il offre à ses beaux-parents. Quand il arrive chez lui, les islan prennent les oeufs et les jettent contre le marié; c’est un bon Pendant ce temps, la mariée est conduite au bain; elle se rend ensuite chez ses parents. A son arrivée, elle doit piétiner une bourse pleine d’argent que son père a déposée par terre. [Le sens donné: que la jeune femme vive chez son mari dans la même aisance qu’elle a connue chez ses parents.] Toujours à l’entrée de la maison, elle doit assister à l’abattage d’une bête et voir comment le sang jaillit. En quittant ses parents, ils lui offrent deux paniers avec des poulets et de la viande de mouton.
  • Le sens de cette coutume, donné par les habitants de Taroudant, est que la fille doit voir le sang afin de surmonter sa peur. Sommes-nous en présence d’un vestige d’un rite destiné à compléter l’éducation de la mariée, en vue des responsabilités futures du mariage?

A Tiznit, après la défloration, le marié entrouvre la porte et jette la culotte de la mariée, qui est aussitôt ramassée par les femmes. Elles la mettent au bout d’un bâton et vont faire le tour des maisons, en réveillant les gens.

  1. K., instituteur à Tiznit en 1940, m’a raconté qu’il a été un jour réveillé à deux heures du matin, en sursaut, par des cris et des coups à sa fenêtre. En ouvrant, il vit une culotte tâchée sur le bout d’un bâton. Les femmes lui crièrent : “la mariée a mis le henné”.

Chez les Oulad-Barhi, on danse à la maison toute la nuit avec le linge maculé. Samedi, après la prière, on habille le père de la mariée et celui du marié de vieux habits, à la grande joie des assistants. Mercredi, “jour du retour”, le marié va au marché. 11 s’approche d’un marchand et, sans mot dire, il prend un couscoussier. Il y met. du henné, des noix, des dattes et autres fruits. A son arrivée, il les offre à sa femme avec un habit et un bijou. Après le bain de la mariée, un repas avec la lecture des “sept bénédictions” clôturera les cérémonies du mariage.

Les histoires concernant le salissage du linge avec le sang d’une poule sont ici plus courantes que dans d’autres lieux. Les Juifs soussis sont, par ailleurs, réputés par leur magie.

L’importance du sang virginal est aussi capitale chez les Musulmans, qui connaissent la pratique de la poule égorgée. Voir Westermarck, Ceremonies, p. 229, et G. Mouette, op. cit., p. 398. La médecine populaire musulmane montre beaucoup de recettes afin de rendre à une jeune fille déflorée avant ses noces l’apparence de la virginité.. Il existe au Maroc, selon l’information que m’a transmise une infirmière, qui a travaillé longtemps dans ce pays, des cliniques privées qui font un greffage aux jeunes filles non vierges, qui permet, au moment du coit, de faire couler du sang.

Auparavant, un des amis du marié va chez le marchand et lui paye le couscous­sier. Il l’avertit que quand quelqu’un viendra prendre l'objet, il ne devra rien dire.

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Le mariage traditionnel chez les Juifs Marocains-Issachar Ben-Ami-Le mariage juif et musulman marocains.

LE MARIAGE JUIF ET MUSULMAN MAROCAINS

Tout au long de notre travail nous nous sommes efforcés de faire remarquer la ressemblance de certains rites de mariage, souvent communs aux Musul­mans et aux Juifs du Maroc. Il est certain que, même dans le mariage musul­man, ces coutumes varient d’une région à l’autre, fait qu’on peut aussi observer chez les Juifs.

Il est difficile de fixer l’origine de ces coutumes ainsi que de pouvoir affirmer lequel des trois groupes ethniques (arabe, berbère et juif) en est le créateur. Le critère suivant pourrait nous rapprocher de la solution de ce problème ardu. Quand il s’agit d’un rite propagé chez les Musulmans et les Juifs marocains et que ce même rite est, d’une part, répandu chez les Musulmans d’autres pays, et de l’autre, rare chez les Juifs, nous pouvons être certains d’être en présence d’une influence musulmane. Inversement, le même critère est valable pour les Juif vis-à-vis des Musulmans marocains. Il n’est pas inutile d’ajouter qu’un même rite peut naître spontanément chez les différents groupes ethniques.

Dans une étude sur l’origine des coutumes du mariage dans le monde musulman, Heffening  relève les influences grecques de certaines coutumes.

Il est quand même difficile de désigner, comme il le fait, une influence hellé­nique sur les coutumes de mariage musulmanes, juives et chrétiennes. Il est insuffisant de relever une coutume grecque qu’on retrouve dans d’autres cultures pour affirmer qu’il y’a là une influence. C’est quand chaque coutume sera étudiée dans une monographie spéciale, comme pour les motifs des contes populaires, que nous pourrons dégager ces influences.

Nous avons signalé la grande similitude des préliminaires du mariage juif  et musulman. La soumission de la fille toujours assurée, est une tradition certifiée dans le Talmud et courante au Moyen Age. La tendance existait donc chez les Juifs. Elle n’a pu que se renforcer au contact des Musulmans. Par contre, en ce qui concerne le faire-part du jeune homme de son désir de se marier, le fait de retrouver chez les Juifs citadins les mêmes nuances que celles des Arabes, et chez les Juifs de l’Atlas, les mêmes tendances observées chez les Berbères, nous permet d’affirmer sans aucun doute la présence d’une influence arabe chez les Juifs citadins et berbères chez les Juifs de l’Atlas. Pour le choix du conjoint et le mariage en famille, nous retrouvons les mêmes penchants connus dans l’Israël ancien et en Arabie. La cousine est souvent préférée. Il est inutile dans ce cas de fixer une influence quelconque. Le mariage entre l’oncle et la nièce des Juifs de l’Atlas n’a pas pourtant son égal chez les Berbères.

L’intervention des intermédiaires est capitale dans les négociations entre­prises entre les deux familles intéressées dans le mariage musulman et juif. Pourtant les quelques témoignages que nous possédons sur le mariage juif au Moyen Age démontrent que les contacts pouvaient se faire directement entre les deux pères, souvent au cours d’un repas, à l’occasion d’une fête. Les nombreux récits de voyage à partir du dix-huitième siècle sont parti­culièrement affirmatifs en ce qui concerne l’utilisation des intermédiaires entre les familles juives. Cela n’exclut pas pourtant que la coutume existait chez les Juifs au Moyen Age. Elle a pu seulement s’affirmer et se propager au contact des Musulmans.

“Usually he [père dans l’ancien Israël] has unlimited power to marry his daughter to whom he will and to choose wives for his son”, E. O. James, Marriage customs through the âges, New York 1965, p. 69.

La khotba, commune à tous, est faite chez les Juifs par les parents en présence des intermédiaires, alors que chez les Arabes et chez les Berbères elle est faite par des amis ou des personnalités et ne nécessite pas toujours la présence des parents du jeune homme.

  1. Salmon, Mariage-Tanger, p. 275, signale la présence de deux femmes, appe­lées “Khattaba”, dont la profession consiste à servir d’intermédiaires entre des personnes qui n’ont ni famille ni relations d’aucune espèce et dont la réputation est compromise. Michaux-Bellaire, op. cit., p. 127: “Des parents du jeune homme vont faire la demande Khitab à la famille de la jeune fille. La démarche n’est jamais faite par le père”. 

 Ce rôle d’intermédiaire est sou­vent joué par les femmes, alors que chez les Juifs ce sont toujours des hommes. Le cadre de ces préliminaires est beaucoup plus net et accentué chez les Juifs que chez les Musulmans. En effet, nous distinguons chez les Israélites le contact des familles par l’entremise des intermédiaires, la khotba et les fiançailles (chez les Juifs citadins). L’emploi du terme “mlak” (fiançailles) chez les Musulmans est loin d’être général.

 Par contre, une cérémonie analogue est intitulée Zgarit ou Asgourt. La plupart du temps seule la récitation de la Fatiha suffit. En pratique, les coutumes communes sont nombreuses: l’usage des intermédiaires, l’autorité parentale, l’emploi des “youyous”, les mêmes raisons pour refuser poliment la demande d’un prétendant, l’envoi des cadeaux, etc .. La mère du jeune homme ou de la jeune fille chez les Musulmans est beaucoup plus active que la mère juive dans ces préliminaires.

Signalons en outre que les termes de parenté  sont en grande partie communs. Les mots ‘“rôs” (marié), ‘“rôsa” (mariée), “isli” (marié en berbère) et “taslit” (mariée en berbère) sont également employés par les Juifs, de même que “mmallek” (fiancé) et “mmollka” (fiancée).

L’idéal de beauté de la femme est commun aux Juifs et aux Arabes. On souhaite avoir une femme plutôt corpulente. Les femmes maigres entassent sur elles le plus d’habits possible afin de paraître plus grosses. Nous remar­quons ici la nette influence arabe sur le goût des Juifs.

La différenciation dans les cérémonies du mariage entre une fille vierge et une veuve ou divorcée, ainsi que pour le montant de la Ketouba et du sdaq, connue chez les Juifs dès l’époque talmudique, s’explique aisément par un sentiment naturel d’appréciation commun à beaucoup de peuples.

Il est remarquable de signaler la grande similitude entre la structure du mariage juif et musulman d’une part et la multitude de coutumes communes de l’autre. Les fêtes de mariage durent sept jours jusqu’à la cérémonie nuptiale et sept jours après, forme qu’on retrouve chez les Arabes et les Berbères, bien que non précise. Le cadre des sept jours après le mariage est connu depuis la période biblique. Samson fête son mariage pendant sept jours. Dans la période talmudique cette durée est de sept jours, si la femme est vierge, trois, si elle est veuve. Le mariage musulman connais­sait, au temps de Mahomet, le cadre des sept jours pour une vierge et de trois pour une déflorée. Le fait est donc ici précis. Les Juifs et les Musulmans pratiquaient cette coutume. Les sept jours avant la cérémonie nuptiale ne sont probablement qu’une contre-balance des sept jours après. Le même cas est valable pour le cadre des quatorze jours avant et quatorze jours après, qu’on retrouve chez les Juifs d’origine espagnole.

Un acte des plus importants dans le mariage juif biblique et talmudique, tout autant que celui de la période antéislamique, est la conduite de la mariée. “Au jour fixé pour le mariage, les parents de la fiancée et ses compagnes  venaient la chercher à la maison de son père pour la conduire à celle de son époux. Escortée de ces dernières, qui agitaient sur sa tête de longues branches de myrte, elle s’avançait au milieu d’elles, les cheveux flottants et le visage caché sous un voile tandis que ses parents la précédaient, distribuant aux enfants des épis grillés, en signe de la future prospérité des époux, et faisaient publiquement éclater leur joie, soit par des danses, soit par d’autres manifestations de gaîté bruyante qui se continuaient toute la journée.. .”. Ainsi, donc, le cadre du mariage (les sept jours de fête) et la procession solennelle de la mariée, communs aux Musulmans et aux Juifs dans la période ancienne, ont pu favoriser davantage une influence mutuelle.

Comparons maintenant quelques rites de mariage musulmans et juifs.

Nettoyage et moulage du blé

C’est la première des cérémonies de mariage chez quelques tribus arabes, chez la plupart des Berbères, ainsi que chez les Juifs de l’Atlas. Chez les trois groupes ethniques, très souvent, le nom de la cérémonie se rattache à celui du jour où elle est faite. Les Juifs du Haut-Atlas occidental nomment ce jour “le jour de la sortie du blé”, appellation qu’on retrouve chez les Arabes. Si chez les Juifs elle a toujours lieu dans la maison de la fiancée, elle se déroule chez les Arabo-berbères dans celle du fiancé. Cette cérémonie est chez les Juifs essentiellement féminine, alors que chez les Musulmans la présence d’hommes n’est pas interdite. Pendant la durée du nettoyage du blé, le l’ab a lieu. Les femmes chantent, dansent et poussent des “youyous”. Cette pratique, commune aux trois groupes, est d’origine berbère. On sait avec quel amour les Berbères s’adonnent aux chants et aux danses. Le l’ab, qui fait partie intégrante des cérémonies, a un caractère obligatoire. La cérémonie du nettoyage du blé est probablement aussi d’origine berbère, car elle est beaucoup plus courante chez eux que chez les Arabes et se retrouve de même chez les Juifs de l’Atlas.

Le mariage traditionnel chez les Juifs Marocains-Issachar Ben-Ami-Le mariage juif et musulman marocains.

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