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Année scolaire 1960 /1961

ALLIANCE 1Année scolaire 1960 /1961

Les 150 ans de l'Alliance Israelite Universelle

Brit 30

Après les solennités de Tichri, l'année scolaire 1960-1961 commence et je retourne à Akka. J'ai pensé à faire profiter mes élèves des jeux et des astuces, appris à la colonie et chez les scouts : nœuds de marins, morse, jeux de piste. Leur parler de films, de cirques et de leurs animaux, de Guignol et de son castelet. De leur apprendre à construire un petit théâtre d'ombres chinoises. C'est simple : tendre une toile blanche sur une boîte en carton, découper les personnages dans du carton, une bougie allumée, fixée à l'arrière-scène et dirigée sur l'écran, servira de source lumineuse pour l'animation des ombres. Apprendre tout en s'amusant : le côté ludique de la connaissance et la nécessité du plaisir dans l'apprentissage sont d'une haute importance. A ce sujet, le Talmud rapporte l'histoire d'un maître d'école qui apprend à lire aux fils des pauvres comme aux fils des riches. Il ne prend aucun salaire des personnes qui n'ont pas les moyens de payer. Il a un bassin de poissons pour divertir les élèves dissipés et les inciter à étudier.

J'avais hâte d'arriver à l'école pour appliquer ce programme à mes élèves, et de les voir heureux en classe et à la maison. Les élèves ont repris l'école. Ils sont tous gais, fiers de porter les vêtements reçus du Joint avant les grandes vacances. Leur mine est resplendissante. Pour une fois, ils commencent l'année scolaire dans le délai. Les locaux scolaires ont été rénovés comme prévu. La classe accueille plus de lumière grâce à la nouvelle fenêtre et à l'agrandissement de l'ancienne. Les murs intérieurs de l'école, nouvellement repeints, apportent au regard un peu plus de fraîcheur et d'espace. La cour de récréation fait l'admiration de tous par ses fleurs. Nous la couvons comme un bébé et, chaque matin, nous allons voir l'éclosion des bourgeons, et nous nous pâmons de joie de voir les plantes, les melons et les pastèques grandir de jour en jour. Bientôt, ils nous seront servis à la cantine. Tous les soirs, cette plate-bande fleurie reçoit de l'eau du ruisseau puisée dans des cruches par une main généreuse, qu'un âne transporte.

A Akka, le grand problème, c'est la chaleur. Cela m’empêche d'aller voir de jolis coins que je regarde de loin inondés de soleil. Ce que j'aime le plus, c'est d'aller me promener avec les élèves et découvrir la nature : les oiseaux qui chantent, les fleurs qui sentent bon, les arbres, leurs fruits et leur ombre. Pour cela, il faut attendre qu'il fasse un peu frais. Cela est rare mais cela arrive de temps en temps. Les élèves sont heureux de se promener avec moi en plein air. Ils me font connaître des endroits charmants. Nous aimons surtout aller du côté de la rivière et de voir les troupeaux se désaltérer à leur soif dans son courant. Je profite de l'occasion pour leur parler de la Fable du « Loup et de l'agneau », que je leur apprendrai la semaine prochaine. Je leur parle de La Fontaine et de son époque. Sur place, pour leur donner un avant- goût, je cite ce vers que les écoliers connaissent bien : « Un agneau se désaltérait / Dans le courant d'une onde pure ». Sur le chemin du retour, nous chantons le cœur gai : « Une fleur au chapeau / A la bouche une chanson … ». Je garde un souvenir attendrissant de ces moments de liberté, et des rires joyeux des élèves. De les voir heureux m’emplit de bonheur. Et c'est là ma récompense. Je constate les progrès accomplis, et le chemin parcouru par mes élèves, depuis mon arrivée. Je leur ai proposé de les présenter à l'entrée en sixième et au Certificat d'Etudes Primaires. Ils ont le niveau et ils peuvent tenter l'essai. Ils ont préféré améliorer leurs chances pour l'année prochaine. J'ai respecté leur choix

Messod Lévy ne s'est jamais plaint d'un mal de tête ou d'un surcroît de travail. L'école était sa vie. Aucune absence, toujours à l'heure, et le travail bien fait. Hélas, malade, et faute de soins appropriés, son cœur s'est arrêté de battre un samedi matin. Le samedi soir, il y a du monde au cimetière, sur un plateau rocheux. Des lampes éclairaient tant bien que mal l'endroit. Le brave Nissim Abisror creusait de ses puissants bras, avec une pioche, la fosse où reposera mon ami Messod Lévy. Nissim frappait sans relâche la roche de cette terre ingrate. J'étais près de lui et je suivais le mouvement de ses bras. Je commençai à paniquer, me demandant si Nissim allait ouvrir une tombe là où il creusait. Nissim me regarda comme pour me faire comprendre que tout sera pour le mieux. Il creusait et je lui disais :

< Creuse, creuse encore, s'il te plait. Ce n'est pas assez large ». A force de ténacité et de persévérance, Nissim est venu à bout de ce sol pétré. Les prières d'usage précédèrent l'inhumation. La femme de Messod Lévy poussait des cris de désespoir. L'assistance est bouleversée. Son frère récite le qaddish. Nos ombres s'allongeaient démesurément sur les tombes, signe que nous étions encore de ce monde. Le temps est venu pour nous de quitter ces lieux et de les rendre à la paix éternelle de leurs occupants. Déjà, d'autres ombres flottaient sur nos têtes. Entouré de David Assaraf et des frères Abisror, à la lumière de la lampe de l'école que tenait Raphaël, nous avons accompagné les endeuillés jusqu'au seuil de leur maison, leur disant : « Que Dieu de miséricorde vous accorde consolation et assistance ».

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