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L'appel vers Israël : 1945-1957

L'appel vers Israël : 1945-1957

Alors que s'il ne s'était jamais tari depuis la seconde moitié du xixesiècle, le courant de « montée » vers la Terre sainte s'était transformé en mince filet depuis l'instauration du Protectorat. Entre 1912 et 1944, seuls 1000 immigrants quittèrent le Maroc pour la Terre sainte, du fait de la rareté des certificats mis à la disposition des sionistes marocains par les responsables juifs du Yichouv ainsi qu'en raison des obstacles administratifs mis à la délivrance de visas de sortie par la Résidence générale.

Au lendemain de l'armistice de juin 1940, les relations entre le judaïsme marocain et 1'organisation sioniste mondiale furent interrompues du fait de la rupture des relations diplomatiques entre la France et la Grande-Bretagne.

Ce tarissement de la très faible immigration juive marocaine provoqua une réflexion chez les dirigeants du Yichouv. Responsable du département de l'alyah à l'Agence juive, Eliahou Dobkin notait dans un rapport rédigé en 1943 :

Je ne sais comment expliquer le phénomène bizarre du tarissement de l'alyah d'Afrique du Nord, autrefois le principal réservoir de l'alyah en Eretz Israël. Peut-être à cause du mur total d'incompréhension de la part de l'alyah européenne…

Le débarquement des Alliés en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942, et la reprise des contacts entre la communauté juive marocaine et ses coreligionnaires du reste du monde libre virent une modification radicale du comportement des Juifs marocains à l'égard du sionisme politique.

A Jérusalem, où avait été transféré le siège de l'Organisation sioniste mondiale, les érigeants du Yichouv, avertis du massacre systématique des Juifs européens par les nazis, ne tardèrent pas à réaliser que les communautés juives du Maghreb et du Machrek constituaient désormais un potentiel humain de première importance qui avait été jusque-là injustement négligé.

Un mois à peine après le débarquement allié au Maroc et en Algérie, Eliahou Dobkin, lors d'une réunion, le 11 décembre 1942, des instances dirigeantes de l'Agence juive, déclara : « La libération de l'Afrique du Nord par les Alliés nous ouvre la possibilité d'établir des liens avec des communautés juives fortes de 400 000 âmes, dont la moitié vit au

 Maroc… C'est là un champ d'action d'une grande importance, puisqu'il s'agit des communautés les plus proches susceptibles de se joindre à nous avant même la fin de cette guerre. »

Le judaïsme marocain constituait un « domaine de mission » pour les émissaires de l'Agence juive, du fait des profonds changements intellectuels et spirituels qui le traver­saient après le traumatisme constitué par l'instauration par le régime de Vichy d'un statut des Juifs dont la rigoureuse application avait ébranlé la conviction jusque-là nourrie par les élites les plus francisées d'une intégration dans la société coloniale. Cette désillusion ne pouvait trouver une compensation dans une éventuelle adhésion au mouvement natio­naliste marocain, alors en pleine expansion. Les Juifs en étaient, si ce n'est exclus, du moins éloignés en raison de la coloration religieuse islamique de ce mouvement et de la solidarité active qu'il manifestait avec la cause nationale palestinienne.

Conscients de cette situation, les responsables de l'Agence juive organisèrent, dès mars 1943, les premiers cours de formation des futurs émissaires qui seraient envoyés au Machrek et au Maghreb. Comme le soulignait Eliahou Dobkin :

Il était important que nous nous manifestions au plus tôt dans ces commu­nautés, en cette période de transition et de crise, avant que ce judaïsme, qui a été confronté à une grave poussée antisémite, en particulier sous le régime de Vichy, ne s'adapte à la nouvelle situation créée par l'arrivée des armées alliées. La défaite de la France, à la lumière de laquelle ce judaïsme avait été éduqué, a suscité un grave désarroi. Nous devons forger de ce désarroi la conscience sioniste. Notre tâche ne sera pas aisée car, malgré leurs profondes racines dans la langue hébraïque et leurs relations anciennes avec Eretz Israël, leur nombre actuel dans le Yichouv ne dépasse pas les 10 000.

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