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Benzimra

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BENZIMRA

Nom patronymique d'origine hébraïque, formé de l'indice de filiation Ben et de Zimra qui signifie musique, chant, poésie. Le plus grand poète des temps bibliques, le roi David est appelé dans la tradition "Na'im Zémirot Israël", l’agréable poète d'Israël, et selon la tradition rapportée par le rav Hahida, rabbi Haim David Yossef Azoulay, les membres de cette famille seraient des descendants de la famille royale de David. Cette explication paraît plus plausible que celle avancée par David Corcos et basée sur l'origine espagnole de la famille – où ce patronyme s'écrivait Ben Zamir: ethnique de la ville de Zamora, berceau de la famille, en Espagne. De là les membres de cette famille avaient émigré vers Tolède, Malaga, Grenade et surtout Badajos, au sud de l'Espagne près de la frontière portugaise, ce qui explique que les premiers membres de la famille réfugiés au Maroc parlaient parfaitement le portugais comme nous le verrons dans la suite. Le nom est attesté au Maroc et en Algérie dès le XVème siècle, sous la forme de Iben Zamiro. Autres formes: Abenzimra, Ben Zamiro, Zmirou. Au XXème siècle, nom peu répandu, porté au Maroc (Safi, Fès, Tétouan, Casablanca) et par émigration à Gibraltar et au Portugal; et en Algérie (Oran, Tlemcen, Alger).

  1. DAVID (1479-1589): Plus connu sous ses initiales de Haradbaz. Le plus illustre des représentants de la famille. Disciple de rabbi Yossef Saragossi, il devait au moment de l'Expulsion trouver d'abord refuge à Fès et dans ses futurs écrits il ne devait manquer de se baser souvent sur les coutumes "de la grande ville de rabbins, Fès". Il ne devait pourtant pas se fixer au Maroc, et avec d'autres rabbins éminents, il devait partir pour l’empire ottoman où l'accueil réservé aux expulsés d’Espagne était infiniment meilleur. En route pour la Terre Sainte, il devait rester quelque temps à Tlemcen. Après quelquues années dans le nouveau centre de la Kabbale, Safed, il décida de s'installer en Egypte, appelé par la prospère communauté du Caire à lui servir de guide spirituel. Il y fonda une grande Yéchiva qui devait attirer des disciples de tout le bassin méditerrannée et s'acquit une réputation sans égale dans tout le monde juif comme décisionnaire et maître de "Halakha". De même que Maimonide avant lui, il estimait que l'interdiction biblique d'installation en Egypte ne s'appliquait pas en cas de force majeure comme la catastrophe de l'expu­lsion d'Espagne. Toutefois il ne comptait pour autant s'y installer définitivement et à la fin de sa vie il revint effectivement en Terre Sainte pour mourir à Safed à l'âge de 110 ans. Son livre de Responsa, "Téchouvot Haradbaz", est devenu le guide de Halakha par excellence pendant des générations dans le monde sépharade, et ses nombreux autres ouvrages sont égale­ment devenus des livres de référence.
  2. ABRAHAM ABI ZIMRA: Fils de rabbi Méir. Poète né à Malaga, auteur du poème entré dans la liturgie, "Nafshi lematay" (jusqu'à quand, mon âme ?), réfugié à Oran après l'expulsion d'Espagne. Ses descendants furent parmi les 5 familles juives autorisées à rester dans la ville après son occupation par les Espagnols en 1509 et l'expulsion générale de ses habitants juifs. Les rois Très Catholiques, Ferdinand et Isabelle leur octroyèrent en 1512 l'autorisation de résidence afin de s'occuper du paiement des impôts au roi de Tlemcen.
  3. ABRAHAM BEN ZAMIRO: Rabbin, médecin, poète, diplomate et commerçant. Il devait jouer, et ses descendants après lui, un rôle prépondérant dans les relations entre le Maroc et le Portugal pendant près d'un demi-siècle. Né à Grenade, il trouva d'abord refuge à Fès en 1492, puis à partir de 1500 à Safi. Le grand port du sud avait été occupé par les Portugais dès 1481, qui y avaient trouvé une communauté juive florissante. Loin de disparaître après l'expulsion des Juifs définitive du Portugal en 1497, elle allait au contraire s'enrichir de l'apport d’expulsés d’Espagne. Contrai­rement au fanatisme de leur politique en métropole, les Portugais devaient faire preuve de pragmatisme dans leurs comptoirs marocains, conscients du rôle d'intermédiaires obligés des Juifs dans leurs relations avec l'environnement musulman hostile. Rabbi Abraham avait sans doute été appelé par son frère, Itshak de Badajos, qui avait à Safi une grande maison de commerce, spécialisée dans le commerce avec la péninsule ibérique. Nommé grand rabbin de Safi en 1510, il fut chargé à plusieurs reprises de missions diplomatiques par le souverain marocain auprès de la cour portugaise et en 1526 il négocia à Lisbonne un traité de paix entre les deux pays. Il devait y rencontrer publiquement David Haréoubéni, qui se prétendait le Messie chargé de ramener le peuple d'Israël dans sa patrie et qui avait proposé au Pape une alliance contre les Turcs. Le pape qui avait pris au sérieux sa proposition, l'avait recommandé au roi du Portugal. Le faux Messie prétendait pouvoir recruter 300.000 combattants des dix tribus perdues dont il disait avoir retrouvé la trace en Arabie, si la Chrétienté soutenait la restauration de l'Etat juif et fournissait aux combattants les armes et les équipements nécessaires pour combattre les Turcs. Rabbi Abraham apportait un message du roi de Marrakech au faux prophète lui demandant les conditions d’une alliance, car le Maroc comme l'Espagne, était en butte aux attaques des Turcs qui avaient conquis la Tunisie et l'Algérie et menaçaient son indépendance. Rabbi Abraham resta en correspondance avec le prétendu Messie et leva même un impôt en sa faveur parmi ses coreligionnaires des comptoirs portugais sur la côte atlantique marocaine. David Haréuvéni avait visité le Maroc et dans beaucoup de textes anciens on le croyait même originaire du Maroc. Mais l’alliance ne se fît ni avec les Chrétiens ni avec les Marocains et David fut en 1527 expulsé du Portugal, puis assassiné. En plus de ses dons de rabbin et de diplomate, Abraham fut un poète très doué, surnommé "goren nakhon", la gorge convenable. On raconte qu'une fois deux commerçants étaient venus lui demander de leur établir un contrat, il le fît sur place, en vers! Une autre fois, le gouverneur de la ville voulait marier sa fille, mais trouvant peu esthétique le contrat de mariage établi par les notaires en raison de l'excès d'espace vide entre les lignes, il avait ordonné de déchirer le document et d'en écrire un nouveau. Mais rabbi Abraham lui fit remarquer que cela pourrait porter malheur aux époux et se dévoua à le rédiger à nouveau sur le champ, incluant de nouvelles clauses entre les lignes supplé­mentaires se fondant harmonieusement avec les précédentes sans le moindre hiatus!

ITSHAK BEN: Fils de rabbi Méir, frère de rabbi Abraham, il participa à la défense de Safi contre les attaques musulmanes. Chargé de l'approvisionnement en nourriture du port auprès des tribus berbères des environs. Il fut envoyé en mission diplomatique auprès du souverain Saadien à Marrakech et auprès du roi du Portugal, à Lisbonne.

ISMAEL BEN: Un des sept frères d'Abraham, interprète auprès du gouver neur portugais de Safi. Il se trouvait à Azemour en 1511 quand la ville fut assiégée par les Maures. Il réussit alors à recruter 200 combattants juifs et débarquant par surprise, à infliger de lourdes pertes aux assaillants qui levèrent le siège. Après la reconquête d'Agadir par les Saadiens en 1541, les Portugais décidèrent l'évacuation des ports de Safi et d'Azemour et leurs habitants juifs furent, selon leur choix transférés soit à Fès, soit à Larache, soit comme les Zamiro à Tétouan. OULAD ZAMIRO: Ils occupent une place à part dans la mythologie des saints au Maroc. Selon la légende pieusement retransmise de génération en génération, ils étaient sept frères qui à Safi, sans doute à l’époque de l'occupation portugaise, s'adonnaient à l'étude et à la prière. Un jour, une voisine chrétienne curieuse, les entendant prier, entra dans leur maison. Pour ne pas être souillés par sa présence, ils disparurent aussitôt en s'enfonçant sous terre et à leur place il ne resta qu’un grand bassin d'eau. Les frères firent savoir en rêve à leurs compatriotes qu'ils étaient sous terre et comme ils voulaient continuer à prier, demandèrent qu'on leur construise un oratoire. On leur bâtit une coupole qui devint désormais un lieu de pèlerinage vénéré à ce jour par les Juifs et les Musulmans. L’Association française des originaires de Safi vient même de restaurer la coupole. Comme la légende n'est pas datée on peut supposer qu'il s'agit bien des sept frères de rabbi Abraham Zamiro dont nous avons parlé.

  1. ITSHAK BEN: Fils de Abraham. Après l'évacuation de la communauté juive de Safi par les Portugais avant leur retraite en 1541, il s'installa à Fès où il fut un des signataires de nombreuses Takanot et un grand poète dont les pioutim sont entrés dans la liturgie des synagogues marocaines.
  2. YOSSEF ZIMRON: Fils de Abraham, rabbin à Constantine au milieu du XVème siècle. Disciple de rabbi Salomon Duran d'Alger avec qui il était en correspondance sur des questions de Halakha.

MOSES ZAMIRO: Revint d'Alger en Espagne où il se convertit au christianisme sous le nom de Pablo De Santa Maria, au début du XVIème siècle.

  1. ITSHAK MAND1L ABI ZIMRA: Un des poètes les plus célèbres d'Afrique du Nord. Il vécut à Tlemcen à la fin du XVIème siècle. Aucun recueil de ses poèmes ne nous est parvenu, mais nombre de ses compositions ont été reproduites dans les écrits de rabbins algériens contemporains et postérieurs.
  2. MOCHE: Rabbin à Fès, mort en 1777, en laissant de nombreux ouvrages manuscrits dont on connaît les titres mais qui ont été perdus.
  3. MOCHE: Un des membres du tribunal des Cinq institué par rabbi Yaacob Abensour, mort en 1778 à l'âge de 93 ans, laissant de nombreux ouvrages de commentaires non-publiés.
  4. SHEMOUEL ABRAHAM (1737־ 1830): Fils de Moché, il fut un des rabbins les plus connus de sa génération à Fès, membre du tribunal rabbinique pendant plus de 50 ans. Son fils rabbi Rahamim. mort en 1847, lui avait succédé au tribunal.

YAACOB: Fils de rabbi Moché. Un des grands notables de la communauté de Fès, seconde moitié du XIXème siècle. Il fit avec l’autre grand notable, Hayim Cohen, la tournée des capitales européennes en 1879 comme représentant de la communauté juive marocaine. A Paris, ils furent reçus par Isidor Loeb, le rédacteur de l'organe de l'Alliance, "La Revue des Etudes Juives" et à Londres par l'Anglo— Jewish Association. Mort en 1904.

RAHAMIM: Notable de la communauté de Fès, nommé en 1896 membre de la commission de Trois chargée de gérer les dons recueillis en faveur des victimes de l'épidémie de choléra qui décimait les communautés de Tanger et Tétouan.

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