Emigres et immigres a Livourne-J.P.Filippini


Emigres et immigres a Livourne-J.P.Filippini

Parmi ceux qui sollicitent des passeports, on trouve des hommes dont l'activité est directement liée au commerce. Tel est le cas de Raphaël Halfon, changeur de monnaies, originaire de

ממזרח וממערב כרך ד

Tripoli, d'où il est arrivé à l'âge de 9 ou 10 ans, qui demande, en juillet 1811, à 35 ans, à retourner dans sa ville natale, de Moyse Vita Sforno, courtier, né à Alger en 1764, installé à Livourne depuis 27 ans, qui sollicite, en décembre 1812, "un passeport pour lui & pour sa famille…….pour Tunis ou Alger ou Smirne", d'Israël Disegni, scrivano, "di anni cinquanta due in stato libero, nato e domiciliato in Livorno", qui, en avril 1812, demande qu’on lui accorde un passeport pour Tunis et de Joseph Bensamon, “âgé de 27 ans, né à Alger”, mais de nationalité française, qui souhaite repasser à Alger, en juillet 1812, pour reprendre son activité de négociant.

Sollicitent également leur passeport pour l’Afrique du Nord des hommes et des femmes qui exercent une activité professionnelle qui dépend du mouvement du commerce. Tel est le cas des soeurs Namias, Settimania, veuve, mère de deux enfants, âgée de 40 ans et Meryam, de 25 ans, originaires de Tétuan et venues dans leur enfance s’installer à Livourne et exerçant respectivement, la profession de blanchisseuse et de tailleuse de femme, qui souhaitent “se rendre à Tunis, avec les deux enfants dans l’intention d’y pouvoir s’occuper dans la profession de couturière à la Levantine”. Il en est de même de David Asdà, “natif de Tunis en Barbarie, âgé de 39 ans, demeurant à Livourne, de profession tailleur ravaudeur, se trouvent dans un état le plus nécessiteux & misérable, faute de travail dans cette ville”, qui fait connaître au Commissaire général de Police qu’“il desireroit de se rendre à Tunis, dans l’intention de s’y  occuper et par là se procurer le moyen d’alimenter sa pauvre famille”.

Une autre demande de passeport provient d’un homme, dont l’acti­vité était, d’une certaine manière, liée à l’existence d’une Communauté prospère, celle d’Aaron Graziadio, “maître de langue hébraïque”, “natif de Salonique, âgé de 47 ans”,qui, en décembre 1811, pour obtenir l’auto­risation de quitter Livourne, fait valoir “que lui et sa femme se trouvent dans un état d’indigence, il désirerait de se rendre à Tunis, avec sa femme, dans l’intention de s’y employer auprès ces Israélites”.

D’autres demandes de passeport sont le fait de personnes, qui, exer­çant un métier déterminé à Livourne, n’indiquent pas d’une manière claire, quelle profesion elles comptent exercer en Afrique du Nord. Il en est ainsi de David Benghighi, “âgé de 38 ans, né à Tétuan, domicilié à Livourne depuis 8 ans, de profession boucher de la nation juive”, qui, en juillet 1812, souhaite gagner Tétouan, via Tunis, avec sa famille. De même, “Abram Carpi, emballeur de cette ville” demande, en mai 1813, “pour lui, sa femme Judith et leur fils Abram Carpi, conscrit de 1814 réformé pour infirmité incurable, l’autorisation de s’embarquer pour passer à Tunis, où par la recommendation des négociants dont il avait la confiance, il espère trouver le travail qui lui manque dans cette ville”.

Dans le cas de Jacob Bonfil, “natif de Livourne, domicilié depuis longtemps à Pise …. ayant satisfait à ce devoir de la conscription dans laquelle il étoit compris l’an 1811”, ce qui apparaît le moins clairement dans sa demande du 15 février 1813 et dans le rapport que l’on fait sur lui est la nature de l’activité qu’il avait à Pise, puisque dans la lettre du préfet de Goyon, la seule précision que l’on trouve est qu’il “désire passer à Tunis où depuis longtemps il est appelé par des amis de sa famille qui lui donnent l’espoir de l’employer en qualité de commis”.

D’autres, enfin, comptent sur les parents pour trouver du travail en Afrique du Nord, sans même trop savoir quel travail peut leur être offert. Tel est le cas des frères “Aron Soria âgé de 21 et Isach Soria âgé de 19 ans, natifs de Livourne et y domicilés, ayant satisfait à la conscription, et fourni caution valable en cas de rappel par leur classe respective, se trouvent en cette ville sans autre moyen d’existence que ceux qui veut bien leur faire passer un oncle, d’origine marocaine, établi à Tétuan” qui font savoir, en mai 1813, au Ministre de la Police générale de l’Empire que “ce même oncle les appelle auprès de lui, et leur promet de les employer, de manière qu’ils pourront désormais subvenir à leur entretien et à celui de trois jeunes soeurs, orphelins de père et de mère”. Mazeltob Hanuna met, elle aussi, tous ses espoirs dans sa famille. En effet, “native de Tripoly de Barbarie, mariée à Fregia Guetta du même pays, et de présent demeurante à Livourne”, elle sollicite, en juillet 1812, “se trouvant dans une état nécessiteux, à cause de la longue maladie de son mari et du total abandon de son commerce”, l’autorisation de passer à Tunis avec son fils Jacob, âgé de dix ans, “natif du même pays de Tunis”, “dans l’intention de s’y employer auprès ses conjoints, et en manière de se procurer le moyen de s’alimenter, elle et le susdit enfant”.

Il semble bien que l’on peut rattacher l’offre d’un emploi par des parents d’Afrique du Nord au second des motifs, par le nombre des requêtes présentées: le retour dans la famille. Ce retour peut prendre deux aspects: le refuge dans la famille — qui n’a rien à voir, bien sûr, avec le fait de rentrer dans sa famille, après un séjour pour études à Livourne — et le voyage pour le règlement des problèmes familiaux— auquel on peut rattacher, d’une certaine manière, pour les Algérois, le retour dans la ville natale, le danger passé. Pour ce qui est de la recherche du refuge au sein de la famille, il s’agit, pour une personne se trouvant dans une situation difficile dans le port toscan, de trouver, grâce au sens de la solidarité si vif dans les familles juives d’Afrique du Nord— qui sont encore de type patriarcal —, secours et assistance. Ainsi, Gemola Azuelos, native de Tétouan, venue, accompagnée de sa soeur Orabuona, en novembre 1811, rejoindre son mari Judas Toledano, négociant, qui mourut peu après, sollicita en mars 1812, l’autorisation de retourner dans son pays, car dit le Commissaire général de Police: “Depuis la mort de Judas Toledano la veuve et sa belle-soeur n’ont vécu que du peu qu’il leur avait laissé. Ces ressources étant épuisées, la veuve Toledano et sa soeur se trouvent dans la nécessité de retourner à Tétuan leur patrie, où leur Père, et leur famille sont établis”. Le caractère de refuge offert par la famille nord-africaine apparaît encore plus nettement dans le cas de Preziosa Coen, veuve de Natan Coen, dont le Commis­saire général, Delamalle dit, dans sa lettre du 12 août 1811, qu’elle “est ici dans une extrême misère” et qui ajoute “Natan Coen son mari, algérien de naissance, a laissé d’un premier lit un fils négociant établi à Alger. Tant que les communications l’ont permis, il a fourni aux besoins de ses deux soeurs et de sa belle-mère. Depuis longtemps il n’a pu leur envoyer de secours. La veuve Cohen désire se rendre à Alger avec ses deux enfants pour se retirer dans la maison de son beau fils”. Dans le cas de Ricca Médina, c’est également une veuve, qui souhaite trouver du secours auprès de sa famille en Afrique du Nord. Veuve de Jacob Ghedeglia et née à Tunis, elle fait connaître dans une pétition du 2 décembre 1812, qu’elle adresse au Ministre général de la Police “que attendu le décès de son mari dès le 1809 & le départ de son fils Isache en qualité de conscript de la classe du 1809, se trouvant dans un état de la plus grande misère, & n’ayant aucun moyen pour sa subsistance, s’est déterminée d’aller dans le pays de sa naissance, où elle a des parents qui pourront la soulager de ses malheurs”. Une orpheline peut également penser à se réfugier dans sa famille d’Afrique du Nord. Ainsi, “Meriam fille de feu Jacob Balchim et de Rachel Frias toujours vivante native de Livourne de 22 ans, sans profession” fait valoir, dans sa pétition de décembre 1812, qu’elle adresse au Ministre que “se trouvant la susdite sans aucun moyen de subsistance, sa mère ne pouvant pas l’entretenir ni-même son frère (“Joseph natif aussi de Livourne”) puisqu’il se trouve dans la Compagnie de réserve de ce Département, ne reste à la dite pétitionnaire aucune autre ressource que celle de se transférer à Alger auprès de ses oncles, et d’une autre soeur mariée (Stella) dans la dite ville les quels plusieurs fois Font appelée auprès d’eux l’assurant de l’entretenir, et plus encore de lui procurer les moyens pour se marier”.

Pour ce qui est du voyage qui a pour but de régler des questions familiales, la nature exacte de l’affaire à traiter n’est pas toujours indiquée. Ainsi, Moise Busnach, “âgé de 28 ans natif d’Alger”, se contente de faire savoir, dans sa pétition de janvier 1813, que “des intérêts de famille l’obligent de faire un voyage à Tunis où il est obligé de se rendre au plutôt possible pour les arranger”. Pour Leon Perez, “âgé de 22 ans, agent de courtier de commerce, né et domicilié à Livourne”, le motif du voyage apparaît un peu mieux. Demandant un passeport en juillet 1811, il fait connaître que “la stagnation entière du commerce” ne lui permet “plus de secourir sa famille composée de son père, sa mère, deux frères & trois soeurs” et qu’il doit se rendre à Alger “près deux de ses oncles à l’effet de traiter d’affaires d’interets de famille pour se procurer de secours pour lui & ses parents”.

Emigres et immigres a Livourne-J.P.Filippini-eat and maghreb Bar-Ilan 1983-page 35-40

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