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l était une fois le Maroc-David Bensoussan-2010- La guerre Hispano-Marocaine de 1860

LA GUERRE HISPANO-MAROCAINE DE 1860

Au XIXe siècle, l'Espagne n'était pas en très bons termes avec le Maroc…

En 1843, l'exécution de Hayim Darmon, représentant consulaire de l'Espagne à Mazagan par les autorités marocaines avait été très mal reçue par l'Espagne. Il avait été condamné à mort pour s'être battu contre un musulman qui l'accusait d'avoir eu des relations sexuelles avec une musulmane. Une autre version veut qu'il ait eu querelle avec des Maures qui voulurent lui interdire le passage d'un champ lors d'une partie de chasse. Assailli de pierres et se croyant en danger, il avait fait feu et tué un assaillant. Il fut arrêté, jugé et condamné à mort, se sauva pour être de nouveau capturé et condamné à mort. L'Espagne, qui avait pris connaissance de l'incident une dizaine de jours après l'exécution, avait alors failli déclarer la guerre au Maroc. Un autre incident allait précipiter les évènements et résulter en une guerre d'envergure.

Il s'agit de la guerre hispano-marocaine de 1860

C'est bien cela. L'ultimatum espagnol du 16 octobre 1859 demanda réparation à l'outrage fait au pavillon espagnol dans les environs de Ceuta au Nord du Maroc, exigeant la livraison de notables de la tribu des Andjara responsables d'un raid contre une redoute espagnole à l'extérieur de la ville de Ceuta. Le nouveau sultan Mohammed IV qui venait tout juste de réussir à écarter des prétendants sérieux au sultanat, proposa par l'intermédiaire des Britanniques une compensation, mais cela fut refusé. La guerre fut donc déclarée.

Le général espagnol d'origine irlandaise Leopoldo O'Donnell quitta Algésiras avec un contingent important et débarqua à Ceuta le 16 novembre 1860. Il fut aussitôt attaqué par les troupes maures. Près de 120 soldats périrent et le nombre de blessés fut cinq fois plus élevé. L'armée espagnole se dirigea vers Tétouan et, durant le siège de la ville, le quartier juif fut saccagé. Plusieurs centaines de soldats périrent et les chroniqueurs rapportent que les pertes marocaines furent plus élevées encore. Les navires de guerre espagnols menacèrent Tanger et Mogador. Larache fut bombardée par les navires espagnols et au printemps de l'année suivante, la paix fut conclue. Ce traité du 26 avril 1860, suivi d'une convention ratifiée le 26 mai de la même année stipula entre autres : une indemnisation de 20 millions de piastres – équivalent à 4 millions de livres sterling – payables l'année même; l'occupation de la ville de Tétouan jusqu'à remboursement de la dette; la cessation à l'Espagne des territoires avoisinant les villes de Ceuta et de Melilla ainsi que du territoire d'Ifni sur le littoral Sud de l'Atlantique. L'Espagne maintint un contingent de 6 000 soldats dans les enclaves de Ceuta et Melilla.

L'Angleterre avança un prêt au Maroc pour payer l'indemnité de guerre. Tous les deux mois, les percepteurs espagnols ramenaient les indemnités de guerre sur un navire militaire espagnol. Le mythe de la redoutable force militaire marocaine s'était estompé. Le chroniqueur marocain Al-Naçiri décrivit en ces termes la défaite nationale et l'humiliation : « L'affaire de Tétouan a causé une perte de prestige au Maghreb et l'invasion du pays par des Chrétiens. Jamais pareil désastre ne survint aux Musulmans.» Dans les faits, le nombre de chrétiens dans les villes portuaires passa de 130 en 1820 à 350 en 1854, à 600 en 1858 et à 1400 en 1864.

Il y eut une dimension juive à cette guerre…

Bien des Juifs savaient que les périodes de troubles sont toujours accompagnées de pillages et de tueries dans les quartiers juifs. Ils cherchèrent à s'enfuir de Tétouan, de Tanger, d'Arzila et de Ksar el Souk la veille de la guerre hispano-marocaine. Peu avant la guerre de 1860, le consul d'Espagne à Tanger avait offert sa protection aux Juifs de Tétouan. 3 000 à 4 000 personnes s'enfuirent, se réfugiant essentiellement à Gibraltar. Leur dénuement total déclencha un élan de solidarité au sein des communautés juives marocaines et de l'étranger. Le gouvernement français proposa de faciliter l'émigration vers l'Algérie et quelques centaines de réfugiés optèrent pour cette issue. Le gouvernement espagnol offrit d'accueillir des réfugiés dans les villes de Tarifa et d'Algésiras. Leur condition misérable fit penser qu'ils pouvaient choisir entre le péril par la faim et l'apostasie car des membres du clergé espagnol s’empressèrent de chercher à les convertir.

Qu'en fut-il durant l'occupation espagnole?

Lorsque la soldatesque marocaine réalisa qu'elle avait perdu la guerre contre l'armée espagnole et que celle-ci était aux portes de Tétouan, elle s'en prit avec rage au quartier juif, massacrant, pillant et mettant le feu partout. On compta des dizaines de morts. Lorsque l'Espagne occupa Tétouan en 1860, Les Juifs accueillirent les Espagnols avec enthousiasme. « Ce jour-là, historique à plus d'un titre, Espagnols et Séfarades se retrouvaient face à face » écrit Sarah Leibovici, auteure de Chronique des Juifs de Tétouan. Au XIXe siècle, les diplomates espagnols ont pu nouer des contacts avec les diasporas sépharades et pour certains d'entre eux, la révélation de communautés parlant l'ancien castillan fut des plus émouvantes. Il y eut de bonnes relations entre les autorités espagnoles et la communauté en place. La misère recula, une nouvelle école fut ouverte. On assista alors à des courants philosémites, mais aussi à la réémergence de vieux réflexes antisémites.

Quant aux Espagnols, on trouva parmi eux des attitudes extrêmes : le directeur d'école Gogman écrivit : « Le vendredi saint, quelques misérables Espagnols qui habitent Tétouan ont l'habitude de pendre à la porte du quartier israélite et dans l'intérieur du quartier des mannequins revêtus du costume juif, de tirer à coups de fusil, d'y mettre le feu et de le traîner ensuite dans la boue. Ces scènes du Moyen Âge contre lesquelles j'ai toujours protesté mais en vain sont suivies d'une grêle de pierres jetées par les Arabes sur les Israélites.» D'autres témoignages font état d'effigies juives conduites au bûcher à Pâques. Il y eut des consuls espagnols malveillants envers les Juifs, d'autres, philosémites. Ainsi, en 1893, le Consul d'Espagne José Navarro sauva à son corps défendant le quartier juif d'une attaque du quartier juif contre l'avis de la communauté espagnole qui craignait le déclenchement d'un conflit incontrôlable. Bien que dépassant ses prérogatives, il était convaincu qu'il ne faisait que faire son devoir.

Il était une fois le Maroc-David Bensoussan-2010- LA GUERRE HISPANO-MAROCAINE DE 1860-page 150

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