Structures et organisation de fa communauté juive de MogadorRapports avec les Musulmans-Redacteur:Asher Knafo

ברית-brit

Rapports avec les Musulmans

Ce n’est pas à Mogador que l’on distinguait des différences de rapports avec les Musulmans. Dans d'autres villes et villages qui nous entouraient, dans les régions du sud, ces rapports changeaient presque du tout au tout.

La vérité est que les Juifs ont pu vivre pendant des siècles avec les Arabes, et qu'ils n’ont jamais connu de pogroms comme dans les pays européens.

Il y a eu des petites exceptions, qui provenaient comme je l’ai dit plus haut du régime féodal qui existait au Maroc jusqu’à sa pacification par la France. Chaque région se conduisait différemment avec les Juifs. Ceux-ci savaient se rendre utiles aux Arabes, qui de leur coté savaient qu’ils avaient besoin des Juifs et les laissaient vivre à leur guise.

Les Juifs vivaient dans le Mellah et menaient leur vie comme un petit état dans un grand. Individuellement, les Arabes avaient le dessous chaque fois qu’ils entraient en conflit contre les Juifs.

Ainsi à Marrakech, la ville la plus populeuse et des plus anciennes, la population juive vivait du point de vue commercial et social, très

normalement avec les Arabes. Pourtant, les Arabes n’avaient pas accès au Mellah qui était bien gardé par fonctionnaire arabe. Les marchés arabes étaient ouverts aux Juifs. Il n’y avait que la question religieuse qui gênait les Juifs. Les Arabes de Marrakech étaient fanatiques, ils avaient décrété que les Juifs devaient traverser pieds nus les quartiers considérés saints par les Arabes. Même le Cheikh des Juifs, malgré l'autorisation qu'il avait du Sultan à marcher chaussé, enlevait ses babouches pour passer dans la Médina

Les pachas de Marrakech, très puissants, tenaient d'une main ferme leurs administrés et ils faisaient respecter les Juifs. Cependant, la meilleure période des Juifs de Marrakech, est celle des 50 ou 60 dernières années de ce siècle.

Le pacha El-Glaoui régnait en maître absolu. Pendant la période qui a précédé El-Glaoui, du temps du Sultan Moulay Hassan, les Juifs de Marrakech ainsi que des villes dépendant de son autorité, reçurent la liberté de vivre comme de vrais citoyens.

Un trait particulier des relations entre Arabes et Juifs marocains : on sait que l'homme marocain est un mari très jaloux qui ne permet à sa femme d'ouvrir sa porte qu'à lui ou à ses parents. Pourtant, les Juifs, et encore plus les femmes juives, ont le droit de pénétrer dans le foyer arabe.

 

Un petit fait à signaler à cette occasion : mon aïeule, c'est à dire, la grand mère de ma mère, qui a vécu 105 ans, nous racontait que ses grandes sœurs, faisaient de la couture au palais du Sultan, père de Moulai Hassan le grand ; elles allaient dans les appartements privés du Sultan, s’amusaient et dormaient à même le lit de la préférée du Sultan.

Un autre fait significatif : une des coutumes que je n’ai pas fini de citer, voulait que la soirée qui clôturait la fête de Pessah, soit autant fêtée que la première soirée de la fête. Voici comment :

A la synagogue où on a chanté comme pour la fête, on cite quelques passages des lectures que l’on va lire les samedis qui vont de pâques à Tichea béav  le 9 Av. Puis on va à la maison, où l’on trouve les tables déjà préparées. Les bougies étaient allumées dans de grands bougeoirs posés sur la table. Sur la table il y avait aussi des fleurs à profusion, des plantes de toutes sortes, des épis de blé et d’orge, des fèves vertes, des laitues, des amandes, des dattes, du lait, du sucre, des gâteaux, des boissons, de la farine, des galettes (pain azyme, pour ceux qui ont coutume de ne pas encore manger le Hamets)…

La plupart de ces produits était offerte par des amis arabes qui connaissent cette coutume. Il est vrai que les Juifs avaient pris soin d’envoyer des Matsot et des gâteaux à leurs amis arabes pendant la fête.

Le plus vénérable membre de la famille, en général le grand-père chez qui la famille se réunit, bénissait tous les membres de la famille, présents et absents en leur donnant une datte ou de la laitue avec du miel, symbole de bonheur pour l’année à venir. Ensuite, la famille se dispersait pour permettre à chacun de rendre visite à d'autres familles. Les visites réciproques se pratiquent également à la seconde soirée de Pessah.

Quelques fois, des amis arabes assistent aux fêtes familiales, mariages, circoncisions, mais ne viennent ni à la synagogue, ni au cimetière en cas de décès. Ceci se dit d'autrefois ; de notre temps, depuis la domination française, ils viennent nous rendre visite dans nos maisons et assistent aux enterrements. Les Juifs, eux, quand ils accompagnent les morts arabes, ils n'arrivent que jusqu’au mur du cimetière.

J'ai parlé déjà des relations commerciales entre Juifs et Arabes ; je dois rapporter ici, quelques détails supplémentaires et un changement survenu après l’occupation française.

Parmi les métiers exercés par les Juifs, il y en avait quelques-uns pratiqués aussi par les Arabes : les boutiques voisinaient et les relations étaient amicales.

Par contre, il y avait des métiers exercés exclusivement par les Arabes. Les forgerons, le tailleur indigène qui ne faisait que les habits en laine blanche assez grossière, la construction des bateaux à voile et à rames et des barcasses, les marins et les pêcheurs aux filets.

En conclusion, le commerce et grand nombre de métiers étaient exercés par les Juifs, presque exclusivement, et cet état de chose s’appliquait en général à Mogador, car la population arabe était tout entière au service du Sultan, soit en tant que fonctionnaires, soit en tant que soldats.

Au début donc, les Juifs étaient des protégés directs du Sultan, et à cet effet, la population indigène était subordonnée aux Juifs.

Ce n’est qu’après plusieurs générations, que les indigènes commencèrent à se considérer supérieurs aux Juifs (du moins les hauts fonctionnaires), mais la richesse était restée longtemps le monopole des Juifs.

Il y a un fait historique, qui a relevé le prestige des Juifs marocains. C’est la visite qu'a faite Sir Mosés Montifiore au Sultan, où, grâce à son influence personnelle et le prestige de l’Angleterre, il a obtenu que la bastonnade des juifs soit supprimée.

Car le Pacha avait le droit de donner la bastonnade pour un oui ou un non, à route la population qu'elle soit indigène ou juive.

Mais depuis cette visite, les Juifs ne reçurent plus de bastonnade qui fut remplacée par la prison ou par le payement de fortes amendes au Pacha. Plutôt des amendes, car le Pacha y gagnait. Alors, imaginez-vous l’état d’esprit d’un Arabe en désaccord avec un Juif qui est condamné tout au plus à un court séjour en prison, alors que lui, il reçoit la bastonnade !

Autre fait : un Juif pouvait être protégé par une nation étrangère, ce qui lui donnait une liberté entière et lui permettait d’être supérieur socialement aux indigènes même les plus hauts placés.

A partir du moment où un Juif était protégé par une des puissances étrangères, moyennant une redevance annuelle pas très lourde, lui et son entourage devenaient sacrés. Lorsque l'on obtenait cette protection, gare à celui qui osait s’attaquer à ce Juif ! Le Pacha lui-même, risquait sa place s’il faisait, même par mégarde, subir un mauvais traitement à un Juif protégé ! D’ailleurs, un protégé ne répondait jamais à la convocation du tribunal du Pacha. Il y avait même des personnes qui n’étaient nullement protégées et pour lesquelles le Pacha n’avait pas vérifié la véracité de leur protection déclarée ! Il craignait de se voir tomber dans des complications politiques. Il y eut quelques erreurs de la part de certains Pachas, et les Juifs les mirent dans le pétrin.

Les protections les plus efficaces furent celles de l’Allemagne, de l’Angleterre, de la France, de l’Italie, de l’Espagne, du Portugal, des Etats Unis, de la Suisse, de la Hollande, de la Belgique.

Il semble que l’Allemagne et l’Angleterre, étaient plus aimées et craintes par les indigènes, car, au cours des relations des derniers siècles, elles s'étaient montrées d’une prodigalité extrême.

Les touristes anglais aimaient jeter de l’argent à la population. Ils visitaient les écoles et jetaient des pièces de monnaie aux écoliers à même la terre. Et ils étaient tout joyeux de voir l'inextricable mêlée, des mains, des pieds, des têtes, pour ramasser les pièces de monnaie.

Ils achetaient toutes sortes de choses fabriquées localement, tels que les petits meubles en bois d'Arar ; c’est un bois lourd, dur et cassable, mais qui était plus facile au travail que le bois ordinaire ; c’était une des spécialités de Mogador. Et aussi, les bijoux, les poufs en cuir ou en drap aux couleurs vives ; des pièces de monnaie indigène, des poignards aux manches faits en bois d’ébène incrusté de nacre, des vieux fusils à poudre restés en usage jusqu’à notre temps… Tous à des prix supérieurs à leur valeur.

Les allemands de leur côté, se montraient bons commerçants, achetaient et vendaient tous les produits marocains et appliquaient des prix battant toute concurrence.

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