Com.juives saha..M. Abitbol


Lucienne Saada UN TYPE D'ARCHIVE "LES CHANSONS DE GESTE"

Lucienne Saada

UN TYPE D'ARCHIVE "LES CHANSONS DE GESTE"

Un type d'archive "Les Chansons de Geste"

 En realite tous les noms juifs hilaliens seraient a etudier, car meme au sujet du nom Allal, l'ouvrage sur les Juifs dיAfrique du Nord deja cite, ecrit voila 44 ans ne reagit nullement aux assonances du mot et rapproche ce terme d'un nom d'homme 'Allal; il rapporte en outre le privilege accorde a Salamo Benafrahim Benallel par Pedro IV, privilege d'etre le seul fabricant de savon de la ville et de la province de Majorque…

C'est l'etude de la geste qui a permis de localiser le lieu encore visible aujourd'hui dit Bir Ghilan, ou Qasr Ghilan et la source proche de ce lieu-dit denomme 'in Rabbaw; Ghilan etait ce chamelier juif hilalien, heros de la Geste IV, amoureux de ses chameaux, les soignant avec science et astronome repute dans sa societe, ou l'on parlait du comput de Ghilan (hsab Gilan) comme de quelque chose d'infaillible. II mourut ecrase par ses betes; ceux qui vont encore a cette source affirment qu'ils entendent la voix de Ghilan dire: uzz uzz, incitant ainsi ses chameaux a se desalterer.

Les chameaux de ce heros hilalien etaient marques d'un ghain suivi d'un afif; et de nos jours on dit a un vendeur de chameaux exigeant quant au prix: ce n'est quand meme pas un chameau de Ghilan! Comme on dit: c'est un sac drid, grara dridiyya pour un sac de belle contenance.

A propos du Roi Juif sam'un que ]'heroine hilalienne Zazya aurait epouse avec repugnance dit-on, on ne sait pas grand chose sinon qu'il continue de hanter les reves des femmes pieuses musulmanes de To- zeur.

Voici quelques noms de personnes recitant la geste et que l'enquete m'a permis de rencontrer:

l'anonyme de Sers bien connu de M. Menna'i et qui la recitait aux Arabes; chaque fois qu'il entendait des vers d'un autre recitant qui lui avaient echappes, il les inscrivait, de peur de les oublier, sur la lisiere de son pantalon.

M. Mordekhai Saba qui en connaissait une bonne  partie el qui la racontait egalement aux Musulmans; il est decede a 96 ans (enquete effectuee avec son fils Moise ne en 1912 )

M. David Mimouni, oncle de Jacob Mimouni de Testour qui en connaissait le texte in extenso, et qui lui aussi l'a communique a M. Abd Errahman Guiga a Testour.

Madame Touitou de Nefta qui reside actuellement a Tunis et qui en connait quelques passages tandis que sa mere en savait d'avantage.

Conclusion

Si les informations concernant les Juifs nomades delivrees par les sources hilaliennes ne sont pas negligeables, l'ensemble de ces corpus poetiques oraux et meme ecrits sur la geste peuvent nous foumir des elements tres utiles sur l'etude d'une langue qui, je persiste a le croire par sa forme, a vise a un but pratique d'expansion, et par ses sens, un but polemique ou un discours de dissuasion.

Et puis il faut avoir present a l'esprit que les etudes hilaliennes sont tout a fait jeunes; mais telles qu'elles se presentent la, les gestes avec leurs variantes, leurs glossaire, leurs milliers de vers, leurs acteurs, leurs differents types de discours, les differentes facons de les narrer, leurs lacunes, les etudes geographiques qui leur ont servi de cadre et meme de point de depart, la localisation actuelle des Drid et l'extension de la notion de geste concourent a la constitution d'un lieu social et technique "producteur et transformateur de sens".

De plus, cette facon d'ecrire l'histoire est d'abord performative et, en ce qui me concerne, c'est a travers elle que je me suis pose pour la premiere fois la question du rapport entre l'analyse historique et le reel et surtout de la nature du discours historique que Michel de Certeau definit comme acte de pouvoir au titre d'un savoir.

A partir de cette recherche qui pourrait etre pleniere a l'interieur des cadres que l'on a fixe, on serait amene a conclure que non seulement il y a lieu dans ces examens multiples pour des developpements ulterieurs de ce type d'archives mais qu'il y aurait place pour un enseignemcnt que l'on peut appeler provisoirement de "gestologie."

Je suis satisfaite de presenter en Israel ce sujet neuf car, sauf erreur de ma part et d'apres mon enquete il n'y a pas encore de recherches sur la question. Au moment ou on assiste a un eclatement de la discipline historique, ce qui est important ce n'est pas l'etude exhaustive de cette socio-litterature; a la limite son authenticite n'est pas perti nente, ce qui est important c'est le fait qu'elle joue le role d'organisateur de recherche.

Fin de l'article

Simon Schwarzfuchs LES RESPONSA ET L'HISTOIRE DES JUIFS D'AFRIQUE DU NORD

Communautes juives des marges sahariennes du Maghren

Edite par M. Abitbol

Institut Ben zvi pour la recherche sur les communautes juives d'Orient

סהרהYad Itshak Ben-Zvi et l'Univesite Hebraique de Jerusalem

Simon Schwarzfuchs

LES RESPONSA ET L'HISTOIRE DES JUIFS D'AFRIQUE DU NORD

Depuis quelques annees, les Sheelot-u-teshuvot — les questions et reponses — occupent une place de choix dans le renouveau des etudes consacrees aux Juifs des pays d'Orient. Les consultations rabbiniques, qu'il est devenu d'usage de designer du terme un peu restrictif de responsa, sont desormais promues au premier rang des sources susceptibles de nous eclairer sur la vie des communautes juives d'Afrique du Nord en particulier. II est vrai que les chroniques sont rarissimes,et que nous n'arrivons pas a definir d'une maniere satisfaisante l'encadrement chronologique des lois, ordonnances, reglements, jugements, etc. qui permet, pour l'histoire de la majeure partie des communautes juives d'Europe, une organisation du temps historique qui nous echappe tres souvent pour le juda'isme nord-africain

 Celui-ci n'ayant, de ce point de vue, que peu ou pas d'histoire, on en est venu a adopter comme principe de la recherche son immobilite: il ne se serait rien passe en Afrique du Nord, ou en tout cas pas grand chose, et sa societe juive est une societe traditionnelle, immobile et figee, que peu de drames brutaux, de vagues de fond ont agitee. Le meme point de vue se retrouve dans son application implicite a l'analyse des responsa: serait il justifie, qu'il ne dispenserait pas d'en fournir la preuve.

Mais comment definir les responsa? ils relevent de genres tellement divers qu'il parait a premiere vue tres difficile de les regrouper sous une seule definition. II semble cependant qu'il soit permis de poser qu'un responsum est la reponse ecrite donnee a une question ecrite par une autorite rabbinique reconnue. Une telle definition suscitera un certain nombre de questions, les unes imposees par les problemes de la critique habituelle de tous les documents historiques, les autres particuliere et reservees a cette categorie particuliere de documents, et, dans le cadre de cette etude, aux responsa originaires d'Afrique du Nord.

On se demandera d'abord si les responsa nord-africains sont nombreux.

Le chercheur ne peut qu'etre surpris par le nombre restraint, voire la rarete des responsa nord-africains, tout au moins jusqu'a la fin du 18e siecle. Leur nombre grandira singulierement au cours des deux siecles suivants. II suffira de se rapporter a la bibliographic des responsa marocains, dont nous sommes redevables a M. Zafrani, pour constater qu'il a recense 48   recueils, dont plus de la moitie datent des 130 dernieres annees. A part un auteur du 16e siecle, il faut bien con- naitre que presque tous les grands maitres du judai'sme marocain sont du 18e ou du debut du 19e siecle.

Une these recente consacree au judai'sme d'Algerie procure une liste des rabbins algeriens et de leurs ceuvres. A part les auteurs classiques des 14e et 15e siecle — Isaac ben Sheshet Perfet, dit Rivach, ou la dynastie des Duran — nous trouvons bien peu de chose. La seule figure qui emerge est celle du rabbin Juda ben Ayach qui resida longtemps a Alger avant de se rendre en Terre Sainte. On citera encore quatre ou cinq rabbins algeriens, ou des environs, sans oublier ceux dont les consultations encore manuscrites nous sont connues.

Le resultat est encore moins impressionnant en Tunisie: la quantite des responsa connue n'y est pas tres grande.

 

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II n'est donc guere etonnant que le repertoire des reeueils de consultations rabbiniques de Higger, qui ne decrit que les responsa d'avant 1800 ne cite aucun ouvrage pour le Maroc et la Tunisie, et a peine 14ouvrages pour l'Algerie.

 On peut se demander quelles sont les raisons de cette penurie. Assurement elle n'est due, ni a une qualite inferieure de la production rabbinique, ni au manque d'interet. Sans doute faut il rappeler que l'impression hebrai'que est venue tres tard en Afrique du Nord. De ce fait l'impression d'un volume de responsa posait de nombreux problemes que beaucoup de rabbins n'ont pas tente de resoudre. Leurs ecrits ont ete transmis sous forme de manuscrits, ce qui n'a permis ni leur conservation parfaite, ni une grande diffusion. Le recours aux sources manuscrites nous reserve probablement de nombreuses surprises, mais il ne parait pas en l'etat actuel des choses que nous ayons a nous attendre, loin de la, a une revolution comparable a celle qui a constituee l'apport de la Genizah.

Une fois l'impression hebrai'que acclimatee en Afrique du Nord, le nombre des recueils ira en augmentant, et, qui plus est, les auteurs eux- memes s'interesseront a l'impression de leurs oeuvres.

Ces constatations nous amenent a nous poser une question supplementaire: que representent les responsa imprimes (et manuscrits) dans 1'oeuvre d'un rabbin?

Repondre a des questions est une des fonctions essentielles du rabbin. II est evident que la grande majorite des questions qui lui sont posees le sont oralement. Par consequent les reponses ecrites constituent une partie, fort importante sans doute, mais mineure de son activite. Or nous le savons, de tres nombreux responsa ne nous sont pas parvenus — nous les connaissons par les allusions qui y sont faites — et jusqu'a la fin du 19e siecle, les rabbins auteurs de responsa n'ont pas prepare eux-memes le choix de leurs consultations qui nous est parvenu. En effet la seule lecture des recueils imprimes "anciens" demontre qu'ils sont composites et qu'ils ont ete imprimes au hasard des manuscrits conserves. L'effort n'a jamais ete fait de rassembler toute la production d'un rabbin donne. Ce sont generalement les acci dents de la transmission des manuscrits qui sont responsables du choix arbitraire ou aceidentel des responsa publics. II en est egalement resulte que nombre de responsa sont restes inedits. Dans le cas du rabbin Jacob Aben Sur, surnome Yavets, il est a peu pres certain qu'au moins 30% de ses responsa sont restes inedits, alors que le re cueil imprime de son oeuvre contient plus de 30% de responsa dont il n'est pas l'auteur.

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Simon Schwarzfuchs

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On peut se demander quelles sont les raisons de cette penurie. Assurement elle n'est due, ni a une qualite inferieure de la production rabbinique, ni au manque d'interet. Sans doute faut il rappeler que l'impression hebrai'que est venue tres tard en Afrique du saharaNord. De ce fait l'impression d'un volume de responsa posait de nombreux problemes que beaucoup de rabbins n'ont pas tente de resoudre. Leurs ecrits ont ete transmis sous forme de manuscrits, ce qui n'a permis ni leur conservation parfaite, ni une grande diffusion. Le recours aux sources manuscrites nous reserve probablement de nombreuses surprises, mais il ne parait pas en l'etat actuel des choses que nous ayons a nous attendre, loin de la, a une revolution comparable a celle qui a constituee l'apport de la Genizah.

Une fois l'impression hebrai'que acclimatee en Afrique du Nord, le nombre des recueils ira en augmentant, et, qui plus est, les auteurs eux- memes s'interesseront a l'impression de leurs oeuvres.

Ces constatations nous amenent a nous poser une question supplementaire: que representent les responsa imprimes (et manuscrits) dans 1'oeuvre d'un rabbin?

Repondre a des questions est une des fonctions essentielles du rabbin. II est evident que la grande majorite des questions qui lui sont posees le sont oralement. Par consequent les reponses ecrites constituent une partie, fort importante sans doute, mais mineure de son activite. Or nous le savons, de tres nombreux responsa ne nous sont pas parvenus — nous les connaissons par les allusions qui y sont faites — et jusqu'a la fin du 19e siecle, les rabbins auteurs de responsa n'ont pas prepare eux-memes le choix de leurs consultations qui nous est parvenu.

 En effet la seule lecture des recueils imprimes "anciens" demontre qu'ils sont composites et qu'ils ont ete imprimes au hasard des manuscrits conserves. L'effort n'a jamais ete fait de rassembler toute la production d'un rabbin donne. Ce sont generalement les accidents de la transmission des manuscrits qui sont responsables du choix arbitraire ou accidentel des responsa publics. II en est egalement resulte que nombre de responsa sont restes inedits. Dans le cas du rabbin Jacob Aben Sur, surnome Yavets, il est a peu pres certain qu'au moins 30% de ses responsa sont restes inedits, alors que le recueil imprime de son oeuvre contient plus de 30% de responsa dont il n'est pas l'auteur!

La lecture des responsa montre d'ailleurs que tres souvent le texte de la question n,est pas original: elle a ete reecrite par le rabbin repondant qui tres souvent n'en a reproduit que les elements susceptibles d'interesser sa demonstration juridique. Le mepris pour la question consideree comme document juridique a pu etre corrige quelque- fois par l,existence d'un autre responsum relatif au meme cas.

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הרב יעקב משה טולידאנו

הרב יעקב משה טולידא

C'est ainsi que le rabbin Moise Berdugo relate le cas des freres Ruben et Simeon. Le premier se voit contraint par l'autorite politique a payer une tres importante taxe

 pour y faire face, il doit vendre une cour avec les maisons qui 1'entourent, qu'il possede conjointement avec son frere. Plus loin le meme auteur donne les noms des deux freres: Moise Aben Sonbal et son frere Juda Benattar(! ) Un responsum parallele publie dans le recueil du Yavets retablit les noms des deux freres: Moise Aben Sonbal et son frere Juda, donne les details de l'affaire, et indique comme millesime 1726  alors que l'autre texte porte la date de 1721.

 Le second texte explique egalement que cette cour n'etait d'aucun interet pour un Musulman, "puisqu'elle se trouve dans la rue des Juifs, et il est impossible qu'un non Juif y demeure, car elle est reservee aux seuls Juifs", precision qui manque dans le premier texte.

II arrive egalement que le meme probleme soit soumis en meme temps a deux rabbins differents, qui se connaissent peut-etre, mais qui ne savent pas qu'il vont devoir repondre a une meme question. C'cst ainsi qu'en 1894 les rabbins Raphael Moise Elbaz   et Hayyim Abraham Elie Shitrit furent consultes et meme temps sur les consequences de la decision prise par le Sultan de retirer de la circulation "le douro a l'effigie de la reine Isabelle l'espagnole". Quelques annees plus tot, en 1887, les rabbins Isaac Ibn Danan et Raphael Moise Elbazavaient eu a resoudre separement un probleme qui avait oppose deux associes qui detenaient le monopole de vente du tabac et du kif a Meknes, monopole qu'ils avaient achete au Sultan.

 Pourquoi ce double emploi? Faut il l'attribuer au peu de confiance accorde au premier rabbin consulte qu'il fallait conforter par un deuxieme avis? Le probleme etait il tellement complique, et risquait on de voir l'un des adversaries se derober devant une sentence qui lui serait defavorable? L'une des demarches est elle un appel de l'autre? Ce qui est certain c'est que seul l'examen conjoint des deux exposes des faits et decisions peut nous renseigner effectivement sur la nature et l'ampleur des problemes poses.

La juxtaposition des ces sentences considerees comme autant de revelateurs d'une societe traditionnelle risque de creer 1'impression que la societe juive nord-africaine est immobile et etrangere a tout changement. Les problemes ne varient pas beaucoup. II serait cependant assez arbitraire d'adopter une vue des choses qui est loin d'etre demontrec, et que la multiplication des Takkanot, des ordonnances, qui sont autant de reformes de la societe marocaines, semble contredire.

Communautes juives des marges sahariennes du Maghreb

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Le choix des responsa conserves n'est pas sans importance. Ils sont destines, faut il le rappeler, a resoudre des cas d'espece, des problemes nouveaux devant lesquels la legislation traditionnelle restait sans reponse. L'auteur d'un responsum a d'ailleurs le droit d'etre en desaccord avec ses contemporains ou ses predecesseurs. II peut, s'il le desire, s'opposer a la pratique juridique admise et en demander la modification. Sans doute les decisionnaires nord-africains ont ils toujours fait preuve de la plus grande deference envers Joseph Karo, l'auteur du code Shoulchan Arouch, qu'ils citent bien plus souvent que Maimonide lui-meme, mais cette deference n'est pas obligatoirement aveugle. 

 La liberte d'expression reste grande et il appartient a l'auteur du responsum d'imposer sa decision grace a sa science talmudique, sa connaissance des precedents et sa technique casuistique. Certains ont d'ailleurs ete accuses, pas entierement a tort, de donner des reponses fort brillantes a des problemes artificiels, inventes de toutes pieces, dans le seul but de demontrer les qualites et les talents dont ils souhaitaient s'enorgueillir. Ces cas semblent cependant bien moins nombreux en Afrique du Nord qu'en Europe: on y reste plus proche du concret.

II arrive egalement que la brievete d'un responsum soit surprenante. En effet certains rabbins, une fois le probleme expose, se contentaient de donner une reponse aussi breve que possible, sans la charger ou l'allourdir d'une long appareil juridique, mais cette brievete n'est pas en soi un raison suffisante pour affirmer qu'une autre main a reecrit et resume un responsum qui etait bien plus long a l'origine. Le rabbin Juda Benattar se faisait merite de repondre brievement aux questions qui lui etaient soumises et il n'etait pas le seul a en agir ainsi.

Place devant le probleme de la transmission ou de !'edition, l'editeur sera tente de rechercher des cas, des problemes qui sortent de l'ordinaire, et qui sont par consequent susceptibles d'attirer et de retenir l'attention du lecteur. Les questions de routine ne meritaient pas une reponse approfondie: le responsum se devait de traiter de problemes nouveaux et de proposer des reponses neuves, Le sujet de cette litterature est donc l'exceptionnel, le moderne. Les problemes qui y sont traites ne sont pas, sauf en periode de grande crise politique ou de persecution, les problemes de tout le monde, mais ceux d'une classe dirigeante, generalement tres prospere. La litterature des responsa est donc, tout au moins en ce qui concerne pas specifiquement des problemes rituels, une litterature de classe, qui s'occupe des grands, des chefs de communaute, des hommes d'affaires, des entrepreneurs, etc. Le petit peuple n'y apparait generalement pas. C'est qu'il n'etait pas en mesure de s'adresser a des juges rabbiniques de premier plan ou que ses petits problemes ne presentaient aucun interet particulier.

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II est d'ailleurs permis de se demander si la delivrance d'un responsum, par l'intermediaire qui s'envoyait d'autorite d'un tribunal rabbinique ou directement, ne donnait pas lieu a des frais de justice: est il vraisemblable que des problemes d'une extreme complexite, qui mettaient quelquefois en jeu des sommes enormes, aient pu etre soumis et longuement etudies par les meilleurs specialistes du temps, sans qu'il y ait eu quelque retribution? Les sources sont muettes a ce sujet, mais le doute semble permis.

Quelle fut l'influence des responsa? L'auteur ayant expose son avis et conclu, peut on en deduire qu'il a fait jurisprudence? Ce serait faire preuve d'une totale meconnaissance de l'organisation rabbinique que d'avancer un tel point de vue. II n'y a pas, il faut le rappeler, de hierarchie rabbinique: chaque rabbin est juge pour sa seule communaute. Son jugement n'engage que les seules parties qui se sont presentees devant lui, et la communaute qui a juge bon de le prendre a son service, quelqu'ait ete son pedigree rabbinique anterieur.

 C'est ce qui explique que deux rabbins puissent prendre des positions diametralement opposees sur le meme sujet. La question se pose alors de savoir quelle opinion a prevalu, quelle sentence a ete appliquee. La question resterait insoluble si nous refusions de reconnaitre que l'opinion de tel rabbin a souvent plus de poids que celle d'une autre.

 S'il leur arrive de se contredire sans le savoir, ils peuvent egalement le faire en pleine connaissance de cause. Yavets n'hesite pas a declarer qu'il ne comprend pas ce qui a ecrit Juda Benattar: "Je ne sais ce que veut cette bouche sainte". II leur arrive egalement de changer d'avis. II est quelquefois bien difficile de connaitre les consequences pratiques qui a pu avoir l'application ou la non application d'un jugement.

 L'etude de la biographie des rabbins en question pourrait nous renseigner dans la mesure ou elle nous permettrait de decouvrir la portee et les limites de leur influence. II se trouve malheureusement qu'a quelques exceptions pres, ce genre litteraire et historique n'a plus guere cours. Nous n'arrivons pas toujours a replacer le rabbin dans son milieu et a prendre la mesure de son autorite. II devrait cependant etre possible d'y arriver en rassemblant les citations de son ceuvre que font ses contemporains et ses successeures ; ce critere pourrait permettre de se faire une idee de l'influence qu'il exercait de son vivant, et de la renommee que lui a attribute la tradition rabbinique.

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Simon Schwarzfuchs

LES RESPONSA ET L'HISTOIRE DES JUIFS D'AFRIQUE DU NORD

Une fois ces precautions prises, et en pleine conscience des difficultes inherentes au genre des responsa, il sera possible de les utiliser pour le benefice de

la recherche historique. Ils nous communiquent des renseignements de tout ordre sur les communautes juives, mais comment convient il d'en tirer le meilleur parti? II nous semble que trois voies sont ouvertes au chercheur ;

On peut considerer – et cela a ete deja fait – que les responsa nous donnent des renseignements accidentels, mais precis, sur le milieu social et economique dans lequel vivaient les Juifs. M. Ashtor par exemple a pu tres judicieusement se servir des renseignements sur les prix au 11e siecle que nous donnent les responsa d'Alfassi, et les integrer a son histoire des prix de l'Espagne musulmane. Il faudrait alors se contenter des realia que peuvent nous reveler les responsa, et les traiter comme des pierres eparses d'une vaste mosai'que dans laquelle se rejoignent des donnees precises, precieuses mais sans rapport avec la vie interne des communautes juives. En tout cas l'histoire juive n'y trouvera pas son compte, et pour utile et justifiee qu'elle ait pu se reveler, cette utilisation des responsa sera loin d'etre complete. Le responsum deviendra un fournisseur de renseignements pour l'histoire economique et sociale generale et perdra son importance en tant que source de l'histoire juive.

Le responsum peut devenir la base d'une reconstruction de la vie juive. Mais la seule utilisation du responsum, assiste de quelques sources annexes, transformera automatiquement la communaute juive en une societe repliee sur elle-meme: les evenements importants qui se derouleront au dehors d'elle n'y seront connus que par leur retentissement lointain sur les modes de l'existence juive. Ses rapports avec le monde exterieur seront confines a quelques transactions qui auront provoque des difficultes. La vue des choses sera partielle et l'histoire presque uniquement intellectuelle et institutionnelle. Societe fermee par definition, la communaute juive sera rapidement figee et reduite a la presque immobilite, les debats qui l'agitent devenant autant de reactions contre l'irruption violente des evenements exterieurs qui risquent de troubler le rythme si lent de son existence

La troisieme methode consistera a replacer le responsum dans son cadre, a se poser a chaque pas la question suivante: pourquoi la question a t'elle ete posee? Pourquoi est elle assez importante pour que son souvenir ne se soit pas perdu? Ceci ne peut se faire que dans la reconstitution de la toile de fonds, du milieu dans laquelle la question a ete posee. II faut rendre compte de sa "nouveaute", des debats qu'elle a pu inspirer, et de la necessite de lui trouver une reponse. Ceci ne sera possible que dans la mesure ou le responsum aura perdu son caractere trop exclusif de source unique ou presque de l'histoire de Juifs de certain pays d'Orient. Une telle vue des choses pourra egale ment rehabiliter – le mot n'est pas trop fort – la reponse le responsum proprement dit, car celui-ci deviendra alors l'indication d'une tendance, d'une nouvelle conception des choses qui tient compte des realites nouvelles, et les integre au grand courant de la vie des communautes juives. Cet effort sera ardu, car il implique une maitrise de la litterature rabbinique qui n'est pas tres repandue, notamment parmi les historiens, mais qui n'a peut etre pas entierement disparu. Cela permettra egalement de ne pas trop violer ce qui est au premier chef un document juridique pour ne plus en laisser subsister qu'un temoignage historique.

Ces quelques remarques qui en sont encore a l'etat preliminaire, se sont aucunement destinees a minimiser l'importance des responsa pour l'histoire juive. (Celle ci reste considerable, et il est des periodes que nous risquons de ne connaitre que grace aux responsa). Bien au contraire, il faut souhaiter que leur utilisation devienne plus precise, plus complete, qu'il soient soumis comme tout document, a une veritable critique des sources, et que tout ce qu'ils peuvent nous offrir en soit dument extrait et mis en ceuvre. L'histoire generate et l'histoire juive ne pourront que se feliciter de l'apport precieux des renseignements que les responsa leur fourniront.

APPENDICE

L'importance des responsa comme source d'histoire sociale ou economique n'a plus besoin d'etre demontree. II n'en reste pas moins qu'ils restent inaccessibles pour l'immense majorite des chercheurs. L'hebreu rabbinique, les meandres de la casuistique elevent un mur impenetrable, sauf pour les specialistes de la litterature rabbinique, qui se soucient generalement fort peu d'histoire. Aussi bien le probleme est il regulierement evoque, discute et relegue aux oubliettes

 comment percer le mur, comment faire rentrer la litterature des responsa dans le domaine commun? Certes, des tentatives ont deja ete deja faites dans des domaines tres specifiques, mais l'Afrique du Nord n'y trouve pas son compte. La solution serait elle hors de portee?

II faudrait, semble t'il, proceder a un examen, un tri des responsa imprimes, pour choisir ceux qui risquent d'interesser l'histoire generale et les traduire en les abregeant, e'est a dire en reduisant au minimum la partie juridique. Une attention particuliere sera consacree aux problemes de datation, d'origine et de transmission. II faudra surtout eviter d'interpreter, ou plutot d'imposer une interpretation au texte. II devra rester document.

On trouvera plus loin deux tentatives d'analyse et de presentation ie responsa. Le premier, d'origine marocaine, traite des problemes d'une communaute juive en terre chretienne d'Afrique. Le second, l'origine algerienne, decrit les etapes d'une migration d'Ouest en Est, et l'atmosphere qui regnait a Alger lors de la reprise de l'expansion espagnole en 1732.

Communautes juives des marges sahariennes du Maghreb

COMMUNAUTE JUIVE A CEUTA AU DEBUT DU XVIIe RELATIONS DES JUIFS AVEC LA POPULATION CHRETIENNE ET LE GOUVERNEUR.

Analyse

Sur la demande du rabbin Yahia Berdugo, les rabbins de Fes invites a se prononcer avec le destinataire de la question, se consultent a nouveau avec ce dernier sur un probleme rituel relatif a l'observance du Sabbat par les Juifs qui resident dans la Douane de Ceuta. Ceux ci souhaitent savoir s'ils peuvent porter dans la ville le jour du Sabbat et acquerir du pain frais le meme jour du Sabbat.

Rabbi Yehia berdugo : il arriva a Tetouanvers 1609 apres avoir quitte Fes ou la communaute juive était alors violement persecutee. Il fut nomme adjoint du rabbin en 1614. Il avait contresigne une ordonnance en 1605 avec le rabbin Samuel Ibn Danan. Voir Joseph Benai,, Malkei Rabanan, Jerusalem

Ils declarent que "l'antique usage des Juifs qui resident dans la Douane de Ceuta, puisse t'elle etre detruite — est de ne pas en sortir le jour du Sabbat, et a plus forte raison de n'en rien faire sortir. Or 1'un d'entre nous vient de les autoriser a en faire sortir et a porter des objets dans toutes la ville." II vaut mieux s'en tenir a l'usage an tique que nous ont communique les anciens ils etaient devots et ne sortaient pas le Sabbat afin d'eviter ce jour les conversations inutiles avec les Chretiens (Edom).

 D'ailleurs comme il leur etait interdit d'en sortir le dimanche, les plus zeles d'entre eux s'installaient dans la Douane des avant le samedi afin de s'y consacrer a des ceuvres pies, a l'etude sacree et a la priere, ainsi qu'il a ete rapporte par des hommes veridiques. Au cas ou les juifs de Ceuta souhaiteraient obtenir le droit de porter dans la ville, il faudra qu'ils s'adressent au "Capitan qui gouverne la ville " " pour qu'il leur vende un droit sur toutes les rues de la ville afin de leur permettre de porter le sabbat.7

 Cependant s'il est impossible d'en agir ainsi en raison des craintes superstitieuses des Chretiens, il existe un autre moyen: un des notables juifs qui connait les gens de la cour, tels la femme du Capitan ou ses serviteurs — employe ou laquais — ira leur acheter ou louer un emplacement non affecte, dans la maison du Capitan pour y deposer un peu de la marchandise d'un Juif. Ce Juif en fera apres profiter ses freres … II aura ainsi pris part au droit qu'a le Capitan sur toute la ville et il s'y associera avec tous ses freres Juifs qui habitent dans la Douane ou dans la prison.

Ils pourrons alors tous porter dans la ville. Autrement ils ne pourront porter que dans la Douane" apres y avoir pris les mesures necessaires a cet effet• "C'est d'ailleurs ainsi qu'on se conduit ici de tout temps… Si quelqu'un se trouve dans l'obligation de porter de quoi manger a un prisonnier incarcere dans la prison de Fes Ajadidou de Fes Albali un non Juif portait cette nourriture entre les portes, c'est a dire de la porte du mellah a la porte de Fes Ajadid, ou de la porte Asbaa – porte des lions –  a la porte Almahruq – porte brulee –

Une fois ce dernier entre dans Fes Ajadid ou Fes Albali, c'etait le Juif qui transportait la nourriture a travers tout Fes Ajadid. Maintenant que vous nous avez ecrit que le rabbin Moise Aboudraham et d'autre comme lui resident a demeure dans la prison depuis quelque temps, et que ce rabbin Moise se promene dans les marches et les rues, des Juifs qui vivent dans la Douane ne pourront porter en ville qu'en accord avec les mesures que nous avons mentionnees.

com.juives sahariennes.M. Abitbol

UNE TRANSPLANTATION DE TETOUAN AU CAIRE• LES CRAINTES EN ALGER EN 1732.

Question

"Le rabbin Abraham Monsson un des habitants de Tetouan, ville dans laquelle il est ne et ou il a grandi avec ses freres et ses proches, s'y est marie des qu'il a ete en age de le faire. II y a epouse une femme qui lui convenait, mais peu de temps apres, il a eu des difficultes, et des peines en raison de son revenu modique. II a du em prunter ici et la, et esperait pouvoir rembourser, car il escomptait quelque succes dans le commerce ou dans les commissions: grace a son profit il pourrait rembourser ses creances. Cet espoir fut decu et il dut emigrer et quitter son pays. II vint chez nous ou il commenca a faire des affaires grace a quelques personnes qui lui voulaient du bien et lui vendaient a credit. Au debut il reussit, mais par la suite la chance tourna et il perdit tout ce qu'il avait gagne. II resta encore debiteur de quelques sommes envers diverses personnes. II partit d'ici pour Oran ou il rencontra le meme sort. Apres quelques tentatives il finit par arriver au Caire — Dieu la protege — un Juif distingue par son nom et ses actes l'accueillit, le fit entrer chez lui avec de grands honneurs, lui donna a manger et a boire, lui donna des vetements de semaine et de Sabbat en rapport avec les exigences locales. II lui fixa un emplacement particulier pour son etude, et ne cessa de le prendre en affection jusqu'a qu'il lui ait donne une somme importante pour qu'il fasse chercher sa femme pour la faire venir des pays du Maghreb et la conduire au Caire.

II lui envoya de quoi couvrir toutes les depenses et celles de sa belle mere, ainsi que celles de qui s'occupera d'elle de son depart jusqu'a son arrivee. … II promit de l'entretenir avec sa famille jusqu'a sa mort. Certainement il aurait tenu sa promesse, Notre rabbin, ayant considere tous ces honneurs, se consacra a 1'enseignement de la Torah a de nombreux eleves, ce qui lui fut egalement une source de revenus.

II decida donc de s'etablir au Caire, et de n'en plus bouger. II fit demander a sa femme de se mettre en route, Elle s'y refusa pour deux raisons: la situation politique dangereuse en ces jours oil il avait ete decrete que nul ne serait autorise a demenager d'une ville a l'autre et son refus de quitter le pays de sa naissance, et la maison de son pere. Or il avait ete expressement stipule entre eux lors du mariage qu'il ne la contraindrait pas a emigrer, qu,il n'epouserait pas une deuxieme femme sans son accord, et qu'il ne la repudierait pas, car tel est l'usage local et ainsi il est convenu au moment du mariage.

 Les conditions sont inserees dans le contrat de mariage et le mari s'engage par serment a les honorer toutes. Le mari ayant constate que la parole donnee l'engageait, chercha une echappatoire et etudia la jurisprudence pour savoir s'il pourrait passer outre a cette promesse de ne pas epouser une deuxieme femme. II se procura une sentence a cet effet et recueillit l'accord du rabbin du Caire, le grand rabbin et juge Yechoua Zaim qui l'autorisa a se delier de son serment, ainsi qu'il l'explique longuement dans un avis ecrit de sa main en apportant maintes preuves des auteurs les plus recents, Le rabbin Abraham m'envoya la sentence pour que j'exprime mon avis a ce sujet et que je l'envoie a son beau-frere a Tetouan: le rabbin et juge Isaac Halevi. Lorsque cet ecrit me parvint, je n'etais pas en etat de m'en occuper en raison des soucis et de la crainte qui s'etaient empares de nous: nous avions appris que les anges de mort, a savoir 1'armee espagnole, s'appretaient a nous attaquer et a etablir des positions pour enlever la ville

 Nous fumes pris d'une crainte sans recours. Nous etions disperses dans la campagne, egailles dans les vergers et parmis les enclos. Chaque nouveau jour etait plus maudit que l'ancien. Les malheurs se renouvellent de Sabbat en Sabbat depuis Paque jusqu'a present. C'est pourquoi notre esprit n'est pas en mesure d'etudier calmement un chapitre, ou meme une loi. Nous en sommes incapables, car les saints ecrits des anciens et nouveaux ont ete mis en ecurite sous clef, et nous n'avons avec nous que les ecrits de Maimonide, le Tour, le Beth Joseph et le Schulchan Arouch. II vaudrait mieux de ce fait que je ne ne  m,occupe pas du probleme pose, mais je ne puis m'y refuser.

 

com.juives sahariennes.M. Abitbol

COMMUNAUTE JUIVE A CEUTA AU DEBUT DU XVIIe RELATIONS DES JUIFS AVEC LA POPULATION CHRETIENNEET LE GOUVERNEUR.

Reponse :

Le rabbin Juda Ayach – Rabbin d'Alger de 1728 a 1756, il mourut a Jerusalem en 1760. Il était extremement repute dans tous les pays mediterneens –  conclut, apres un long examen des problemes poses, que le mari ne saurait etre releve du serment prete a sa femme. II ne se trouve pas dans un cas de force majeure, et doit obtenir le consentement volontaire de sa femme pour ne plus y etre tenu. D'ailleurs meme si elle lui donnait son accord, il devrait craindre pour son ame a cause des souffrances de cette pauvre femme qui a attendu si longtemps en vain. Les dettes dont il excipe pour justifier son refus de revenir au Maroc ne sont pas une raison suffisante: "II est en droit d'esperer arriver un jour a un compromis, comme il est de coutume. D'ailleurs, sa femme est reputee etre arrivee a un arrangement avec plusieurs creanciers, et il reste peu de dettes. De plus il pourra frapper aux portes des villes pour quemander: un homme instruit comme lui peut etre assure de ramasser chez des personne charitables plus qu'il ne doit. II pourra retourner chez lui en paix." D'autres moins grands que lui, 1'on deja fait avec succes. II risque d'ailleurs de donner un mauvais exemple et on ira a 1'etranger epouser une deuxieme femme apres avoir abandonne la premiere. "Dans nos regions, il y a toujours beaucoup d'hommes qui ont fui leur residence habituelle, a la suite de dettes, ou pour d'autres raisons graves et nombreuses. Nous n'avons jamais permis a un homme marie chez lui de se marier a nouveau ailleurs, meme quand il ne s'est pas engage par serment envers sa femme. Quand nous avons la possibilite de le faire rentrer chez lui, nous ne cessons de l'y inciter. Ceci arrive quotidiennement… Qu'il ecrive donc a sa femme afin de l'apaiser et de l'inciter par tous les moyens a se joindre a lui, et pour inciter ceux de ses proches pour qu'ils l'y poussent! S'il n'y parvient pas, il n'aura pas d'autre issue pour lui que de retourner chez lui et dans son pays •.." Le 3 Ab 5492. 25 Juillet 1732, la suite donnee a cette sentence n'est pas connue.

קהילות ישראל בדרום המגרב-עורך מיכאל אביטבול

קהילות ישראל בדרום המגרב

בקובץ המאמרים המובא בזה מצויים עיקרי ההרצאות שנישאו בכינוס על קהילות ישראל בדרום המגרב, אשר התקיים בירושלים בחודש ניסן תש״ם (מארס 1980) ביוזמת המרכז לחקר יהדות צפון־אפריקה שבירושלים וביוזמת המכון לחקר אזור הים התיכון שבאקס־אן־פרובאנס. כמו במפגשים הקודמים, כן גם עתה לא התיימרו המארגנים והמשתתפים לפרוש יריעה מושלמת של התפתחות הקהיליות הללו, שהרי מקורותיהן נעוצים, כנראה, בראשית הקיום היהודי בצפון־אפריקה; ומשום תפוצתן הגיאוגראפית העצומה — למן האנטי־אטלס ועד לגבולות קירינאיקה — הריהן מצויות בכל מקום, ועם זאת קשה מאוד להגיע עדיהן.

הקהילות הללו קיימות בראש ובראשונה בזכרונם הקולקטיבי או בדמיונם של יהודי המגרב, שהפכו את עמק הדרעא שבמרוקו לערש ״הממלכה היהודית״ בימי־ הביניים המוקדמים; את טאמנטיט שבאזור הטואט — שנהרסה במאה ה־16 בעקבות קריאותיו של אל־מאגהילי לג׳יהאד — הפכו ל״ירושלים החדשה״, ואת ג׳רבה — לאי המקלט לכוהנים, שגורשו מארץ־ישראל לאחר חורבן הבית. את הקהילות היהודיות פוגשים בכל מקום, גם בכרוניקות ערביות, במקורות רבניים, במסורות מקומיות ואף בעדויות על קשרים שקיימו איתן נוסעים אירופיים, אשר יד המקרה, ההרפתקה או יצר הסקרנות הביאום עד לגבול המדבר הגדול. אין להתפלא, אפוא, על הגיוון העצום במקורות, שמהם שאבו המחברים את ידיעותיהם. נציין במיוחד את השימוש הרב שנעשה במקורות הרבניים בחלקו ההיסטורי של הקובץ (בידי מ׳ אביטבול, מ׳ בן־ששון, נ׳ לבציון, ה׳ גולדברג ור׳ רוזן).

ש׳ שורצפוקס מזהיר מפני המכשלות המתודולוגיות ומכשלות אחרות, העומדות למפגע על דרכו של המשתמש במקורות כאלה. אך האם רק טקסטים רבניים דורשים שננהג בהם זהירות י האין הדבר כך לגבי כל מקור היסטורי אחר, ובייחוד במה שאמור בשירות העלילה של אזור ההילאל ובספרות שנוצרה בניבים המקומיים השונים י את שירות העלילה והספרות הזו בוחנים ל׳ סעדה וח׳ זעפרני.

הספרות שבעל־פה, מסביר ח׳ זעפרני, ״היא במידה זו או אחרת נקודת מפגש מוצלחת ביותר של שתי קהילות (יהודית ומוסלמית), המגשימות בתחום זה של התרבות קיום־יחד של ממש״. בעיית היחסים בין יהודים למוסלמים בדרום המגרב עוברת כחוט השני במספר רב של סקירות, הכלולות בקובץ זה, והיא שבה והעלתה שאלות רבות־עניין  : אמנם — כפי שהדגישו ר׳ גוטאליה, פ׳ שגער, א׳ יודוביץ ול׳ ואלנסי, וכפי שאישרו זאת ש׳ אמסלם וד׳ ינקו במחקריהם־עדויותיהם — אין להכחיש שמגע קרוב משך מאות בשנים והיסטוריה משותפת יצרו בשתי הקהילות מבנים חברתיים בעלי דמיון מפתיע; ועם זאת, כל אחת מהן פיתחה לעצמה שפע דקויות בפרטים, המבדילים בינה לבין רעותה. אמת, הבדלים אלה יונקים ממקורות הרקע הפולחני והדתי השונה שלהן, אך הם באים לידי ביטוי הן בסמלים חיצוניים של זהות אתנית והן בפעילויות מקצועיות ייחודיות.

יהודי דרום המגרב, שהיו נטועים היטב לאורך שולי האזור הגובל במדבר מאז המאה החמישית לספירה, היו פזורים על־פני עשרות קהילות, אשר על־פי־רוב לא מנו יותר מכמה עשרות תושבים. שאלת נסיבות נוכחותם באזור זה העלתה כמה סברות סותרות (ל׳ סעדה, ג׳ קאמפס, מ׳ שצמילר), אך בין אם היו בני המקום ובין אם היו זרים במקומם — הם הוצאו דרך קבע מן התחום השבטי ומן ההקשר החברתי של סביבתם, הן בשל זרות דתם והן משום הייחוד שב,פעילויותיהם הכלכליות.

יהודי דרום המגרב, בהיותם אומנים וסוחרים נעדרי זהות פוליטית או אתנית, יכלו לנוע באורח חופשי מאזור פוליטי אחד למשנהו ומתחום גיאוגראפי אחד לשני — פרט לסהרה ולסאהל מאז המאה ה־15 — והובטח להם שימצאו בכל אחת מתחנות־ המעבר שלהם מלאח, ובו אנשי־קשר בני דתם, הדוברים בשפתם, בני אותו מעמד ואשר עיסוקיהם דומים לשלהם. ובהיותם נהנים בדרך־כלל מתמיכת השלטונות המקומיים, היוו יהודים אלה מסד חיוני למערכת סחר־החליפין, שהוקמה במגרב במהלך הדורות. מחקריהם של ר׳ סימון ושל ד׳ שרוטר משרטטים בדיוק רב כמה מן המנגנונים הכלכליים והחברתיים, אשר סללו במאה ה־19 את הדרך לעליית הקאפיטאליזם היהודי הצפון־אפריקני, המתואר במחקרו של ז׳־ל׳ מייד.

ניידות זו ופתיחותן של קהילות הדרום לעולם החיצון אפשרו להן לשאול מן הציוויליזאציות העירוניות הקרובות והרחוקות פריטים תרבותיים אמנותיים וטכניים, אשר עוד הוסיפו לייהודן ביחס לשכניהן (ה׳ קאמפס־פבריר, א׳ מולר־לנצט). במרוצת התקופה הקולוניאלית, אם־כן, יהודי קהילות הדרום כמעט ולא גילו התנגדות לכל שהביאה עמה התקופה המודרנית: מ׳ לסקר — לגבי דרום המגרב — ור׳ גוטאלייה, ד׳ ינקו ופי שנער — לגבי דרום אלג׳יריה — מביאים נתונים מדויקים למדי באשר לתהליך המודרניזאציה בקהילות אלו.

הנושא האחרון המועלה בקובץ זה מתייחס לחיי הדת וליצירה הספרותית של יהודי דרום המגרב. תחומים אלה ודאי שהינם ראויים לתשומת־ לב רבה יותר,  אך הננו מקווים, שהודות למקוריות ולעושר הדברים, שהביאו בפנינו א׳ הטל, י׳ שטרית, אי חזן, פ׳ רפאל וי׳ טובי, נזכה לראות בעתיד הקרוב כיצד מתקדם המחקר בנושאים אלה.

ברצוננו להודות כאן לכל מי שתרמו לעריכת הקובץ הזה וכן לכל המשתתפים בכינוס. תודתנו נתונה בראש ובראשונה לכל הארגונים האוניברסיטאיים והציבוריים, שעזרתם הנדיבה אפשרה לערוך את הכינוס הזה ובעקבותיו להוציא לאור את הדברים שהושמעו במהלכו

מיכאל אביטבול

ירושלים, ניסן תשמ"ב

קהילות ישראל בדרום המגרב

 

חיים זעפרני

ספרויות עממיות וספרות בניבים מקומיים במערב המוסלמי

עניינה של הספרות שלשונה עברית הוא מעיקרו ההלכה הכתובה, תורת עלית של חברה משכלת, שחבריה רובם ככולם גברים. היצירה הספרותית בלהגים לעומת זאת מיועדת לכל, גם לאותם חלקי אוכלוסיה שידיעת הקרוא וכתוב שלהם לוקה בחסר ושהשכלתם דלה, בעיקר נשים וילדים. זו וזו נוטלות חלק, ביסודו של דבר, במסירת הידע, המסורת והמנהגים, וממלאות אותם תפקידים של חינוך, תפילה, והבאה בסוד הדת, אם כי במישורים שונים ובדרגות שונות. סוג הספרות השני הוא גם השומר הנאמן של המסורות הבלתי כתובות ומהווה אמצעי מובהק להעברת מידע.

בעת תור הזהב של המערב המוסלמי היתד. קיימת סימביוזה יהודית־מוסלמית במישור הידע הכתוב, ה״אדב״, של מדעי הרוח והטבע, כשהיהודים מתחרים במוסלמים בתחומי הפילוסופיה, הדקדוק, המתמאטיקה, הרפואה, האסטרונומיה וכיוצא בזה; אחרי גלות ספרד, שהיתה מנת חלקם של ערבים ויהודים כאחת, במשך תקופת השקיעה וההסתגרות, המשיכו שתי החברות במפגשן, על אדמת המגרב מכניסת האורחים, במישור הפולקלור וגילוייו המרובים, האמונות העממיות, הידע שבעל־ פה והיצירה האינטלקטואלית בלהגים מקומיים. עיון בחיבורים לא מעטים מעלה, כי בפנינו לעתים קרובות אותה יצירה ספרותית, אותו טכסט, אותו סיפור, שבו הוכנסו תיקונים מזעריים על ידי אחת משתי ההברות. זהו הז׳אנר הספרותי, שבו ניתן להבחין בחדירות המחסומים הדתי והחברתי־ תרבותי; באמצעותו נוצר קשר נוח בין השכבות העממיות, שתוצאתו העשרה הדדית של הפולקלור. דו־שיח בין התרבויות תופס כאן את מקומן של אידיאולוגיות ״לאומיות״ ושל הכרה דתית. אמנם שתי החברות היות חיים שונים, קנאיות לזהותן ובלתי מתפשרות לגבי דת ואמונה, אד הן מתאחדות בצורת הבעת המחשבה, בהתמזגות המנטאליות ואף בקירוב הלבבות, כשדו־הקיום ביניהן הוא דו־קיום בשלום. היצירה הספרותית הדיאלקטאלית, שמגמותיה שוויון ואחדות, הן במישור הקהילה היהודית והן במישור שתי החברות, היהודית והמוסלמית, היא נקודת מפגש של הבנה, שבה נוצרה זהות חברתית־ תרבותית מקורית, אותנטית. היא הטביעה חותם בל יימחה על האופי המגרבי.

לוסיין סעדה

״שירות העלילה״ כארכיון

בחברות היהודיות !המוסלמיות של צפון־אפריקה פוגשים בנוהג של שירה, המתארת עובדות היסטוריות ומכונה שירת עלילה. בין שירי עלילה אלה ניתן למנות את עלילת כיבוש איפריקיה, שממנה יש לפחות גירסה אחת בטוניסיה; את עלילת כאהנה, שניתן למקמה באלג׳יריה; את עלילת בנו הילאל במספר מרשים של גירסות, ולבסוף את עלילת יוסף הצדיק, שמצאה המחברת בג׳רבה ברובע העתיק ביותר, רובע חרה זע׳ירה.

שירת העלילה של בנו הילאל, היחידה שחקרה המחברת, מצויה בטקסט, שהוא לעתים כתוב ולעתים נמסר בעל־פה, הרווח בגירסות רבות ומוכר ברחבי העולם הערבי, מנסיכויות המפרץ ועד קצה מרוקו. מתוך העובדה שטקסט זה הושר כבר בימי אבן ח׳אלדון במחנות איפריקיה ניתן להסיק, שהוא עוצב לפני שש מאות שנה לפחות: הוא מתאר אורהות־חיים ומאורעות, הנפרשים על פני חמש עשרה שנה של חיים חברתיים חמורי משטר, גדושים וסוערים, כפי שהם משתקפים במסע־מטרה. באומרנו שהטקסט מוכר, עלינו לדייק ולהוסיף שהכרתו מלווה בהסתייגות, בחששות, בחוסר אמונה ובחוסר שכנוע. בשביל אלה, שלא היה עליהם לטעון לקיומו של מסמך זה, שירת העלילה היא, כפי שאומר ברודל, מאורע שאיננו משאיר אחריו הד; למעשה, תחת המעטה הספרותי שלו טקסט זה, האמור לתאר מאורעות מימי הביניים המוקדמים ושנחשב משך דורות לז׳אנר ספרותי, הצליח להעביר עובדות פוליטיות ואינפורמאציה על יחסי אנוש. נראה מהו היחס בין שירת העלילה הזו לבין הדברים והאנשים שבשווקי הסהרה ובשווקים שמחוצה לו ונתחקה אחר עקבותיהם של בני הילאל יהודים, הקיימים עד היום; מכל מקום, העובדה ההיסטורית המקובלת והמסווגת היא עדיין כמעט בלתי מוכרת.

כיצד מגיעים לכלל פרובלמאטיקה פשוטה זו, הנוגעת ישירות ל״מבנים המכלילים של המחשבה ?״ ובכן ראשית בשל ריבוי הגירסאות ומתוך עיון בעובדות, שאינן מוסברות בצורה המניחה את הדעת, או שהנסתר לגביהן מרובה על הידוע, וכן מתוך היחשפות לטקסט, שלגיבוריו ״משטח חברתי״ רחב, ומתוך בחינת שני ה״זוגות״: הסתכלות ולשון מדוברת, הסתכלות ולשון כתובה לסירוגין; וכך מגיעים לידי חיפוש אחר ה״טיפולוגיה של הפראקטיקות בעלות המשמעותי׳ של הציווילי־ זאציה, המתוארת על ידי שירת העלילה. בנוסף לכך עבודות מפורטות יותר על שירות העלילה, על דרכי העידון, על הפתגמים וספרויות שוליים אחרות, כגון זו שבה נעשה שימוש נכון בלשון הערבית — כל אלה הביאו את המחברת לבדוק

את היחס, שבין הטקסט המורכב של שירת העלילה ובין ההיסטוריה ולראות בשירת העלילה מעין מסמך. ולבסוף, יש ב״אשליית השקיפות היומיומית״ משום הצדקה לחיפוש אחר אידיאולוגיה בטקסט בעל צורה שירית וסיפוריה, המהווה דיווח ונוהג בעת ובעונה אחת.

עתידים היינו לגלות תוך כדי העבודה, שהיסטוריון גדול כאבן ח׳אלדון קובע, ש״מכל צורות השיח, השירה היא זו שהערבים חשבוה לאצילית ביותר, ומשום כך הפכוה מאגר לידיעותיהם ולתולדותיהם, עדות…״. המאגר והעדות, זוהי בעצם ההגדרה לארכיון.

אך בין אם המדובר בשירת עלילה או בהיסטוריה של התרחשויות, אל לנו להתעלם מתעודות אחרות, מן הטקסטים החסרים (מן הגניזה או הארכיונים משפחתיים), מן הטקסטים שהועלמו, שנדחקו לשוליים, ולבסוף מן הטקסטים, שאינם ניתנים לפרסום בהקשר פוליטי נתון. את הללו האחרונים יש לאתר, גם אם אין אפשרות גישה אליהם.

שמעון שורצפוקס

שימוש נכון בשאלות ותשובות

ידועה לגו היטב עובדת נדירותם של מקורות היסטוריים אודות יהודי צפון־אפריקה. דיווחי הנוסעים מספקים אמנם ידיעות מועטות, אך התחומים המדיניים — מוסלמיים או אירופיים — של תולדותיהם עדיין לוטים באפלה, ואין בידינו מערכת סדורה של חוקים, צווים ותקנות הנוגעים ליהודים ולקהילותיהם, ?אלה שאפשרו לשחזר את מהלך ההיסטוריה של יהודי אירופה. מכאן יובן ההכרח להסתייע בלית ברירה בכל המקורות הצדדיים האפשריים, וקודם לכל — בשאלות ותשובות, המכונות גם ״חוות־דעת של רבנים״.

בעת האחרונה ראו אור כמה עבודות־מחקר, המקנות חשיבות רבה לידיעות שניתן לדלות מן השאלות ותשובות. הפיתוי אכן רב: נושאי השאלות ותשובות מגוונים מאד ושופכים אור על היבטים רבים בתולדות חיי הקהילות היהודיות באפריקה. הן ממציאות ידיעות של ממש, מתארות מקרים מיוחדים, והכל רואים בהן פרשיות־ חיים אמיתיות. כל מה שנאמר לנו בשאלות ותשובות מתקבל מיד כאמת שאין עליה עוררין: ההיסטוריון חש שהוא צועד על קרקע יציבה, הוא בטוח בעובדות ובאובייקטיביות שבהן.

אין בדעתנו להטיל ספק בחשיבות השאלות ותשובות; אין איש שיערער עליה; אולם ברצוננו להסב את תשומת הלב לכמה אמצעי זהירות, שיש לנקוט בעת השימוש במקור זה.

אפשר להגדיר את השאלות ותשובות בתשובות בכתב, שנתנה סמכות רבנית מוכרת לשאלות שבכתב. מובן מאליו שתשובות אלה אינן כי אם חלק זעיר מפעילותו של הרב, שהרי הוא משיב על־ פה שאלות רבות חשובות מהן לאיךערוך. ומכאן שאין להתייחס לקובץ שאלות ותשובות של רב מסוים כאל יומן הישיבות של בית־דין רבני. מאידך גיסא, קובץ מודפס, או כתב־יד, הוא תוצאה של בחירה וניפוי, שנקט ביצירתו המחבר או המוציא לאור של הקובץ. מן הראוי, אפוא, להתעכב על שאלת חיבורם של קובצי השאלות ותשובות שהגיעו לידינו, ולתמוה על הדרך שבה נבחרו מרכיביהם. ואין הדבר קל כלל ועיקר. לדאבוננו, המחקרים הנוגעים למחברי השאלות ותשובות — הביוגראפיות המבוקרות — אינם עוד באופנה, ועל־כן הננו נאלצים להתייחס באמת־מידה שווה לכל הרבנים, והרי בשל כך קפאה על שמריה ההיסטוריה של היהדות הצפון־ אפריקנית במרוצת חמש מאות השנה האחרונות; זו גם הסיבה לכך שאין מתייחסים בכובד הראש הראוי לשאלה: באילו נסיבות, מתי ולמען מי נתחבר קובץ נתון של שאלות ותשובות י

בעניין זה יש לציין, שלעתים קרובות השאלה איננה מקורית כל עיקר, כי אם שוכתבה בידי רב, שהשמיט פרטים, שמות או תאריכים, שנראו לו נטולי־חשיבות. מחקר של התשובה עשוי להעלות כמה מפרטי השאלה, שהושמטו. מובן מאליו שמחבר התשובה התעניין בצדדים ההלכתיים והמשפטיים של הבעיה, ולאו דווקא בהיבטים שייראו ברבות הימים חשובים להיסטוריון, ובהתאם לכך, אם־כן, עיצב המחבר את כתיבתו.

כדי להבין את התשובה עלינו, אפוא, לנסות ולשחזר את הרקע שבמסגרתו הועלתה הבעיה לטיפול. ניתן להניח שמחבר התשובה, אשר הקדיש לה מחשבה רבה ונתן דעתו לשמר אותה בכתב, נראתה לו התשובה מקורית וראה לנגד עיניו את העניין שיוכלו למצוא בה משפטנים לעתיד לבוא. ואם־כן, תשובה שבכתב מטפלת דרך־קבע בבעיות חדשות, שמקורות רבניים קודמים לא פתרו עדיין, או לא מצאו מקום לעסוק בהן, או למצער בהיבט אחר מזה שבא כבר על פתרונו. כמו כן תשובה שכזו אמורה ללמד על מומחיותו של מחברה.

מהם טווח־השגתן ומידת השפעתן של השאלות ותשובות? תשובה שנתן רב לשאלה שהוצגה לו, אין בה כדי לחייב כי אם את השואל, או את הקהילה שבתחום אחריותו. שימוש בשאלות ותשובות מחייב, אם־כן, לחקור את מידת ההשפעה וההערכה שזכה לה מחברן. ישנם אמצעים אחדים המאפשרים לנו לעמוד על אלו: הציטוטים המובאים בכתבי־היד או בדפוס, חליפת המכתבים של המחבר וכן הכבוד והמוניטין שיצאו לו בחייו.

ולסיום, ראוי להפנות את תשומת הלב לנדירותן היחסית של השאלות ותשובות בצפון־אפריקה ולנזק שנגרם להן בשל האיחור הרב בהופעתה של מלאכת־הדפוס העברי בצפון־אפריקה. רק לעתים רחוקות יכלו רבנים להתפנות כדי להדפיס בעצמם את יצירותיהם, ומכאן חוסר האיזון הבולט כל־כך בין השאלות ותשובות בעת החדשה לבין אלה שקדמו להן.

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