Le Mossad – Michel knafo
Le Maroc – le Pays et le Peuple
Résumé historique
Le Maroc, situé au nord-ouest du continent africain, constitue depuis des siècles l'extrême Occident de la conquête arabe, entamée par le grand guerrier musulman Moussa ibn Noussir né à la Mecque vers 640 et qui devait s'étendre à la plus grande partie du monde connu.
Le Maroc devait servir de rampe de lancement pour la conquête arabe de l'Espagne, sur le continent européen. Au cours de cette période de conquête, les cultures et les modes de vie de trois continents: l'Asie, l'Afrique et l'Europe devaient se rencontrer ici et s'influencer réciproquement,.
Le Maroc qui était le plus proche de l'Europe – distante de 40 km seulement – devait donc être la base où devaient être concentrées les réserves matérielles et spirituelles pour la confrontation sur l'hégémonie politique et religieuse sur le monde connu de l'époque.
La conquête de l'Espagne et d'une partie de l'Europe chrétienne à partir du Maroc devait être le dernier stade de l'expansion de l'islam dans cette région. Après des siècles d'isolement et d'indépendance farouche, le Maroc s'était peu à peu ouvert à l'influence européenne, à partir du milieu du XIXème siècle. Deux ans avant la Grande Guerre, en 1912, la France et l'Espagne se partageaient le pays et y établissaient leur protectorat.
Le Maroc d'aujourd'hui, à l'instar des autres pays de l'Afrique du Nord, est un pays marqué par l'influence des Français et des Espagnols qui l'ont dominé pendant plusieurs décades. Qui veut connaître sa véritable nature doit remonter beaucoup plus loin dans l'histoire.
L'actuel roi du Maroc, Mohammed VI de la dynastie alaouite, est le fils d'Hassan II, lui-même fils de Mohammed V qui recouvra en 1956 l'indépendance de son pays après le départ des deux puissances coloniales
Geographie
Le Maroc d'aujourd'hui s'étend sur une superficie de 710,650 kilomètres carrés. Ses frontières sont limitées au nord par la mer Méditerranée, l'Atlantique à l'ouest l'Algérie à l'est et le Sahara au sud. La longueur des frontières terrestres du pays est de 2,002 kilomètres et ses côtes s'allongent sur 1,835 kilomètres. La chaîne montagneuse du Moyen-Atlas traverse le pays de l'est à l'ouest. Au nord se trouvent les montagnes du Rif et au sud l'Anti-Atlas et le Haut Atlas.
Economie
L'agriculture est à la base de l'économie marocaine. Si en 1963, 75% des 10,5 millions d'habitants vivaient de l'agriculture, cette proportion est descendue aujourd'hui à 40% alors que la population est de 32 millions. Le taux de croissance annuel de la population est de 2.1%.
Les principales cultures sont l'orge et le blé et ensuite les fruits, agrumes, oliveraies, vigne. Au sud du pays pousse l'arganier qui donne une excellente huile. Il faut y ajouter les légumes et le coton ainsi que l'élevage de vaches, moutons, chèvres, chevaux, ânes, et chameaux. La pêche aussi occupe une grande place, principalement la sardine, le thon et les crustacés. Le port de Safi est le plus grand port sardinier du monde.
La forêt couvre 3,8 millions d'hectares et fait vivre 20% de la population. Le principal produit de la forêt: le liège, destine à l'exportation. Les mines constituent après l'agriculture la plus grande richesse du pays, principalement les phosphates, mais aussi le charbon, le fer, le manganèse, l'anthracite, le plomb et un peu de pétrole.
Population
Essentiellement des Arabes musulmans et des Berbères. Sur une population globale de 32,000,000 on compte aujourd'hui quelques 2,500 juifs et quelques 4,000 Européens.
Grandes villes
Casablanca, la grande métropole avec 3,200,000 habitants. Rabat, la capitale avec 1,500,000 d'habitants.
Safi, 845,000; Agadir, 780,000. Marrakech, la capitale du sud avec près d'un million d'habitants. Fès, 1,000,000; Tanger, 554,000; Tétouan, 856,000; Oujda, 962,000; Meknès, 750,000.
Langue, religion, monnaie
L'arabe classique est langue officielle; la langue vernaculaire est l'arabe dialectal. Dans le commerce on utilise surtout le français et l'espagnol. Le berbère sous ses différentes formes est répandu dans les montagnes. L'islam sunnite est la religion de l'Etat. La liberté de culte est garantie aux autres religions.
La monnaie locale est le Dirham qui a remplacé, après l'indépendance, le franc et la peseta. 10 dirhams valent un dollar environ.
Les Institutions Publiques du Judaïsme Marocain-Michel Knafo
Les Institutions Publiques du Judaïsme Marocain
De tout temps ont existé au sein du judaïsme marocain des institutions charitables en matière de Dernier Devoir (Hévra Kadicha) et de bienfaisance. Des institutions comme le JOINT, l'ORT et l'O.S.E datent d'une époque plus récente et disposaient de fonds plus importants. L'OSE, Oeuvre de Secours à l'Enfance, avait fondé depuis sa création en 1945 des dispensaires à travers tout le pays. Les recettes des communautés étaient fournies par diverses taxes sur la viande et le vin cacher, les galettes de Pessah et les dons des notables à l'occasion des grandes fêtes.
La transmission fidèle des valeurs traditionnelles de génération en génération a permis la survie du peuple à travers toutes les épreuves. Le peuple a une grande dette envers les maîtres qui tout au long de l'histoire ont transmis leur savoir et maintenu l'étude de la Torah et l'usage de la langue hébraïque. C'est l'esprit qui a maintenu le peuple juif tout au long de l'histoire et est devenu sa marque. Et encore plus dans les conditions particulières de la diaspora en pays musulmans – avec le déclin culturel et la propagation de l'ignorance au cours des derniers siècles.
Ces circonstances ont sans aucun doute eu une influence sur la vie publique juive au Maroc et ses institutions, car les dirigeants n'apparaissent pas et n'œuvrent pas dans le vide, mais bien au sein de leur peuple.
La Rabanout
Le Maroc a toujours compté nombre de rabbins éminents dominant parfaitement la mer des études bibliques et talmudiques. Une grande partie de ces guides spirituels ont fait leur Alyah en Israël au cours des dernières décades. Parmi les rabbins, il faut distinguer les rabbins-juges qui au Maroc depuis l'instauration du Protectorat, étaient des fonctionnaires nommés et payés par l'Etat. Malgré ce mode de désignation, la majorité d'entre eux bénéficiaient dans leur communauté d'un prestige qui allait bien au-delà de leur simple fonction de membre du tribunal rabbinique. Sur le plan judicaire, les français avaient bien établi un Haut Tribunal Rabbinique d'Appel, mais dans les autres domaines religieux chaque communauté conservait son autonomie, l'institution d'un Grand Rabbinat comme en France ou en Israël, étant étrangère à la tradition marocaine.
Comités des communautés et conseil des communautés
Le Dahir de 1918 établit un comité à la tête de chaque communauté. Le Dahir de 1945 créa un organisme central de coordination, le Conseil des Communautés avec Rabat pour siège, qui avait également un rôle de représentation des intérêts de la communauté auprès des autorités. Le rôle des Comités des Communautés était théoriquement limité à la gestion du culte et à la bienfaisance, mais dans la pratique leur pouvoir moral était plus étendu, incluant la défense des intérêts de la communauté auprès des autorités locales. Le combat pour les droits des juifs, et plus particulièrement le droit de circulation, ou en d'autres termes le droit de quitter le pays, a évolué selon les circonstances.
Pendant la période de neuf ans sujet de ce livre (1955-1964), la Misguéret devait avoir une influence non négligeable dans ce combat. Si au début de son action, la voix des dirigeants de la communauté ne s'est pas faite entendre de manière claire, vers la fin de la période, après la visite de Nasser et le naufrage de l'Egoz, elle s'est faite plus ferme et plus assurée. Ce changement dans l'attitude de la direction de la communauté et la relève des générations, ont été la conséquence directe de l'évolution survenue dans l'opinion publique juive et de l'effet pédagogique de l'idée d'autodéfense et de fierté.
Le premier emissaire d'Israël – Ephraïm Ben-Haïm:
Au Maroc on ne connaissait pas de juifs laïcs, il y avait ceux qui étaient plus attachés à la pratique religieuse et ceux qui l'étaient moins, mais tous étaient traditionalistes, constituaient une unité ethnique distincte et autonome
. Si en Europe la majorité juifs et des rabbins n'étaient pas sionistes – sinon anti-sionistes – en Afrique Nord tous étaient sionistes. Il y avait un mouvement sioniste organisé dans les trois pays d'Afrique du Nord, avec une Fédération Sioniste active et il y eut même un représentant de l'Afrique du Nord au Premier Congrès Sioniste, Je suis arrivé à Casablanca en janvier 1945, comme officier des services de
Renseignements français, en compagnie d'Igal Cohen du kibboutz Bet-Oren. Nous avons rencontré les dirigeants du sionisme au Maroc, M. Calamaro, Raphaël Benazeraf, Alfonso Sabah et d'autres. Un Comité d'action a été mis sur pied et
avons établi des rapports d'amitié qui se sont poursuivis des années. Nous avons trouvé à Casablanca des groupes de jeunesse sioniste, comme les groupements "Trumpeldor" et "Ben-Yéhouda", qui se sont regroupés plus tard dans le cadre du club "Charles Netter". Il s'est même crée une "ferme de preparation du dimanche" dans laquelle venaient s'entraîner les jeunes un jour par semaine.
Nous avons organisé un cours de préparation de cadres. Nous n'étions pas venus pour créer un nouveau mouvement de jeunesse, mais nous avons essayé de regrouper les jeunes autour du projet de fondation du kibboutz nord-africain, dont les premiers haloutsims étaient déjà arrivés en Israël pour une période de preparation au kibboutz Bet-Oren. Et c'est ainsi que les premiers pionniers du Maroc, er parmis eux Elie Moyal, ont rejoint fin 1945 le " Garin " nord-africain.