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Le bateau Egoz – ses traversées et son naufrage-Meir Knafo- Le Mossad

 

La séparation avec les membres de la famille

Le convoi arriva sur la plage, et les membres des cellules de protection se dispersèrent pendant que les immigrants étaient allongés pour s'y reposer. Voici que l'heure arriva des séparations entre Maurice Ben-Haroch, l'un des hommes de la cellule, et les membres de sa famille. Quelques jours avant le voyage, Maurice fêta avec eux le mariage de son frère aîné, Jacques, âgé de vingt-neuf ans, avec Denise Bar-Chechet. Voici que pour l'heure tout le monde se rencontrait à nouveau sur la plage. Denise n'aurait pas pu monter sur le bateau avec Jacques sans avoir été préalablement mariée et sans avoir reçu la bénédiction de son père et de sa famille. Maurice était très ému et rempli d'orgueil du mérite d'avoir aidé à l'immigration en Israël de ses parents [de tous les membres de sa famille, seul son frère cadet, Arié, avait déjà immigré et demeurait au kibboutz].

Il s'approcha de moi, et me demanda la permission d'enlever sa cagoule, afin qu'il puisse faire ses adieux aux membres de sa famille. Il embrassa son frère Gabriel sa sœur Jacqueline, sa belle-sœur Denise, et son frère Jacques. Tamar, sa mère, était très émue et éclata en sanglots. Maurice la rassura et lui promit que bientôt il les rejoindrait. Avec son père, Raphaël, ils se serrèrent dans les bras l'un l'autre et, ensemble avec moi et les autres membres, il aida sa famille à monter sur la barque.

Maurice Ben-Haroch est né dans la ville de Salé. Dans son jeune âge, il arriva à Casablanca et étudia à l'école ORT. En 1959, lorsqu'il commença à travailler en tant que contremaître dans une fabrique de sucre, je l'enrôlais dans les rangs de la Misguéret. Il prit part à la sécurité des plages de l'immigration clandestine. Je lui avais trouvé un appartement studio – qui était loué par la Misguéret – et qui servait de lieu de rencontres aux membres des unités marines et unités de protection. L'appartement se trouvait dans le quartier européen, et dans cet appartement, lui et ses camarades, avaient prêté serment à la Misguéret et à l'état d'Israël. Maurice était un homme très discipliné et évitait de se faire remarquer. Il était grand de taille et avait une immense force physique, mais jamais il ne l'utilisa dans un but qui ne fut pas justifié [Maurice fut un habitant de Kiriat-Yam et travailla au service des douanes de Haïfa. Il décéda en l'année 1998. Le jour de son enterrement, fut prononcée son oraison funèbre par son chef, "Ramon" (Michel Knafo)].

Dans un autre coin de la plage se trouvait David Dadoun et ses deux enfants, Daniella et Jacky. Quelque temps auparavant, David fut arrêté à l'aéroport de Casablanca alors qu'il était en possession d'un faux passeport. Sa femme et deux de ses enfants, qui étaient eux-mêmes porteurs de faux passeports, avaient réussi à passer sans difficultés et quittèrent le Maroc. David fut arrêté par la police et, quelques jours après, il fut relâché. La Misguéret était inquiète, parce qu'il avait une fonction "d'aide" et était en relation avec l'un de ses chefs, Haviv Abitbol. C'est pourquoi, il fut décidé de le sortir le plus rapidement possible du Maroc. Lorsqu'il fallut lui annoncer son départ, on ne se rendit pas chez lui: les hommes des unités de protection le guettèrent dans la rue, recouvrirent sa tête d'un sac et le firent pénétrer dans la voiture, qui se dépêcha de s'éloigner de l'endroit. "L'enlèvement" fat exécuté avec une telle rapidité que David n'eut pas le temps de réagir. Le long du chemin dans le oued, David se conduisit avec une nervosité compréhensible, mais lorsque arriva le convoi sur la plage, il se réjouit et était persuadé que, cette fois-ci, il arriverait en paix en Israël.

Même Henry Mamane, serveur connu à Casablanca, se trouvait un jour auparavant à son travail, lorsqu'un homme de la Misguéret, Amram Benayoun, lui téléphona et lui proposa d'immigrer dès le lendemain et maintenant il se tenaient sur la plage avec toute sa famille.

L’embarquement

Arriva l'heure de l’embarquement sur Egoz. La mer était calme et l'obscurité totale servit à Ramon et à ses amis d'alliée naturelle dans l'opération de l'immigration clandestine. Pour ces opérations, l'on choisissait des nuits sans lune. Sur la ligne d'horizon, il était possible de distinguer la silhouette d'Egoz, qui ancrait à une petite distance de la plage.

Je fis descendre de mon épaule la torche et je transmis le signal au bateau [la torche servait comme moyen de communication avec le bateau lorsque le contact radio était déficient]. C'étaient des signaux convenus. Haïm Serfaty, agent du "Mossad" et radiotélégraphiste israélien d'Egoz, reçut le signal et, en quelques minutes, s'approcha une barque à rames vers la plage, dans laquelle se trouvaient deux marins, les beaux-frères du capitaine. Je faisais un signe à deux autres membres de la cellule, et tous trois entrèrent dans l'eau. Deux d'entre eux tinrent la paroi de la barque, pendant que moi et trois autres hommes aidions les immigrants à monter sur la barque de sauvetage, six passagers seulement à chaque fois. La barque était conduite de la plage jusqu'au Egoz, allers et retours, sept fois: en premier, les femmes et les enfants, ensuite les personnes âgées et enfin les hommes du groupe et les valises, une pour chaque famille. Lors de l'opération, les hommes du groupe d'immigrants ne cessèrent de réciter en silence des chapitres des psaumes.

L'eau du mois de Janvier était glacée, mais nous étions heureux du fait que l'opération de l’embarquement s'achevât rapidement et avec succès. Elle dura un peu plus de 45 minutes. Yossef Réguev, qui n'était pas à sa première opération, affirma que jamais ne fut menée une opération d’embarquement d'une façon si nette et rapide comme cette nuit-là, et "c'était grâce à l'expérience qu'avaient accumulée Ramón et ses hommes."

Les membres des unités marines et moi-même, dans nos vêtements mouillés et tremblants de froid, avons examiné d'abord la plage, puis partîmes dans la forêt afin d'annoncer à Avi Korchia et Roger Bitton – les chefs de la section des conducteurs qui transportèrent les immigrants cette nuit-là, et se trouvaient en attente de fin de l'opération – qu'ils pouvaient retourner à Casablanca et que l'opération s'était terminée avec succès.

Et puis, nous retournâmes tranquillement par la route normale à Casablanca. Tout d'abord, nous nous attardâmes à parador-de-Kétama, afin de me permettre de téléphoner à ma femme et de lui demander, dans la langue codée, d'annoncer à Alex que l'opération s'était bien passée. Ensuite, nous nous attardâmes à Ouazane et nous allâmes nous recueillir sur la tombe de rabbi Amram Ben Diwan, et à 8:00 du matin, nous arrivâmes à Casablanca.

Le bateau Egoz – ses traversées et son naufrage-Meir Knafo– Le Mossad-page-392

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