ארכיון יומי: 15 בפברואר 2022


La beaute des femmes juives -Joseph DADIA 2/3

  1. Schickler décrit dans son Journal les excellentes relations qui existaient à Tanger entre les Juifs et les Espagnols. Dans la deuxième moitié du 19ème siècle, l’Espagne déployait des efforts pour assurer à son pays une image de marque philosémite en vue d’une « rehispanisation » des communautés juives du Maroc, dont certaines se réclamaient de leurs origines « sépharades ». La triste et célèbre « affaire de Safi », en août-octobre 1863, a bouleversé la situation idyllique des Juifs à Tanger décrite par Schickler.

Les descriptions données par Schickler, quant à la beauté des femmes juives, font penser aux tableaux d’Alfred Dehodencq, peintre orientaliste français, qui fit de nombreux séjours au Maroc entre 1854 et 1863. En 1855, il est à Tanger. Le fanatisme religieux au Maroc est le sujet de plusieurs de ses œuvres. C’est l’Orient souffert qu’il montre avec l’éblouissement de son soleil comme le disait de  lui Octave Mirbeau. La plus cruelle de ses œuvres reste « l’Exécution de la Juive », présentée à Paris au Salon de 1861. Dans son tableau « Supplice de la Juive », on voit la malheureuse Sol Achoual agenouillée, les yeux hagards, la chevelure répandue, et le bourreau, un terrible nègre, brandissant le sabre. La foule est là. Un groupe de rabbins prie avec ardeur. L’infortunée eut la tête tranchée.

Alfred Dehodencq a assisté à l’assassinat de Sol Hatchwel, une belle juive de 14 ans, une martyre de la foi, née à Tanger en 1820 et exécutée à Fès en 1834. Elle appartenait à l’une des grandes familles juives de Tanger. Faussement accusée par Ould Ladine d’avoir embrassé l’Islam, qu’elle veut quitter pour revenir à sa foi juive. Ce qui constitue une apostasie passible de la peine de mort, relevant de la compétence exclusive du roi. Elle refusa d’épouser le sultan Moulay Abderrahman (1822-1859) malgré tous les moyens mis par le monarque. Elle a préféré mourir en juive que de renier sa foi, pour la sanctification du Nom, Qidoush Hashem. Devant son refus obstiné, le sultan donna l’ordre de l’exécuter à Fès où il résidait. Sol Hatsadeqet, Sol la Sainte, Sol la Juste  repose dans le cimetière juif de Fès, où viennent des pèlerins prier sur sa tombe. Elle a été dignement enterrée grâce aux faits et actions accomplis avec courage et générosité par le grand-rabbin Raphaël Sarfaty qui jetait par terre des pièces en or pour éloigner les badauds. Il a offert des pots de vin pour que le corps de la martyre soit amené au mellah de Fès.

Sarah Leibovici nous apprend que « Sol la Sadika, Lalla Solica, Ha Tsadekket, une sainte, vouée au culte et à la légende. C’était en 1834, vers la fin de l’an 5594 (le chiffre 594 peut se transcrire en hébreu par tsadekket) »      . 

500, en hébreu תק ; 94, en hébreu צד ; les quatre lettres en hébreu  forment le mot צדקת, une sainte.

Des livres et des qasidat relatent le martyr de Sol..

En 1952, sous la présidence de S. D. Lévy, « Maghen David », Association pour la Diffusion de la Langue et de la Littérature Hébraïques au Maroc, organisa un Concours Littéraire dont le sujet était Sol La Sadika (La Sainte Martyre). Rabbi Haîm Soussana, de Marrakech, a été désigné premier lauréat pour son poème. Le deuxième lauréat était Mr Moché Haïm Ben Malka, de Tanger. Vingt-quatre candidats avaient pris part à ce concours. Le jury a  attribué quatre Prix aux concurrents de Marrakech, Tanger, Sefrou et Casablanca.

Voici l’appréciation du jury quant au poème de Rabbi Haîm Soussana : « Son style hébraïque est élégant et homogène. Les vers sont en bonne partie convenablement balancés et les rimes sont belles en majorité. Le concurrent démontre une certaine faculté à composer un poème et il y a d’observer que les tableaux accessoires esquissés dans la poésie s’y encadrent joliment. Bien que les premiers vers décrivant la beauté de Sol nous rappellent le poète hébreu I.-L. Gordon (dans sa poésie : « Le bout d’un Yod ») – cette connaissance mérite d’être appréciée – dans d’autres vers comme par exemple : « Odem Hachochanne », etc… nous trouvons une influence orientale et celle des poésies hébraïques du Moyen-Age. Il faut également noter élogieusement la ponctuation, le plan rationnel de la composition dont le contenu comprend toute la matière formant le conte de Sol tel qu’il se dégage de toutes les autres compositions que vous nous avez transmises. Nous basant sur tous ces facteurs nous avons été d’avis de lui décerner le premier prix ».

Après ces longs propos sur Sol la sainte, l’article qui suit vient logiquement après celui de Schickler.

 Edmondo de Amicis, voyageur italien en visite à Fès, eut l’occasion de faire la connaissance d’une députation de femmes juives, venues présenter une supplique à l’ambassadeur d’un pays européen. Il ne pouvait soustraire ses mains à la pluie de leurs baisers :

« Elles étaient femmes, filles ou parentes de deux négociants aisés ; très belles, avec des yeux noirs éclatants, une carnation blanche, des lèvres purpurines, des mains très petites. Les deux mères, déjà vieilles, n’avaient pas un cheveu blanc et tout le feu de la jeunesse brillait encore dans leur regard. Elles portaient un vêtement pittoresque et splendide : un mouchoir de soie de couleurs vives, serré autour du front ; une veste de drap rouge ornée de larges et épais galons d’or ; un plastron tout doré ; une jupe courte et étroite de drap vert bordée de galons resplendissants, une ceinture de soie rouge ou bleue. Elles ressemblaient à autant de princesses d’Asie, et tout ce luxe contrastait singulièrement avec leurs manières humbles et obséquieuses. Elles parlaient toutes espagnol. Ce ne fut qu’au bout de quelques minutes que nous nous aperçûmes qu’elles étaient pieds nus et avaient leurs babouches jaunes sous le bras. ‘ Pourquoi ne vous chaussez-vous pas ? ’ Demandai-je à une des vieilles. ‘ Comment ! me demanda-t-elle à son tour, d’un air étonné, ne savez-vous donc pas que les Israélites ne peuvent porter de souliers que dans le Mellah, et qu’en entrant dans la ville arabe ils doivent aller pieds nus ? ’ Rassurées par l’ambassadeur, elles mirent leurs babouches. Les pauvres femmes qui nous faisaient visite nous montrèrent plusieurs gros bracelets en argent ciselé, des bagues ornées de pierres précieuses, des boucles d’oreilles en or, qu’elles cachaient dans leurs corsages. Nous leur demandâmes pourquoi elles les dissimulaient. Nos espantamos de los Moros (nous avons peur des Maures), nous répondirent-elles  à voix basse en regardant tout autour d’elles avec crainte. Elles se défiaient même des soldats de la légation. Parmi elles se trouvaient quelques petites filles vêtues avec le même luxe que les femmes. L’une se tenait auprès de sa mère dans une attitude plus timide que les autres. L’ambassadeur demanda à la  mère quel âge elle avait. Elle répondit douze ans. ‘ Elle se mariera bientôt, dit l’ambassadeur. – Eh ! s’écria la mère, elle est déjà trop vieille pour prendre un mari. ’ Nous crûmes tous qu’elle plaisantait. ‘ Je dis la vérité, répondit la mère, en s’étonnant de notre incrédulité ; voyez cette autre-là (et elle désigna une petite fille plus jeune), elle aura dix ans dans six mois et elle est déjà mariée depuis plus d’un an. ’ La petite inclina la tête. Nous ne voulions pas le croire.  ‘ Que puis-je vous dire ? continua la mère ; si vous ne voulez pas croire à ma parole, faites-nous l’honneur de venir chez nous, un samedi, afin que nous puissions vous recevoir dignement, et vous verrez le mari et les attestations de mariage. – Et quel âge a le mari ? Demandai-je. – Dix ans accomplis, monsieur. » [1]

Ainsi se termine la galerie des femmes juives marocaines. Viennent à la suite un portrait de la femme juive d’Algérie et, aussi, un portrait de la femme juive de Tunisie.

La beaute des femmes juives –Joseph DADIA

Kervenic-en-Pluvigner (56 Morbihan)

2/3

] Edmondo d’Amicis : Le Maroc (en 1875). Le livre a été traduit de l’italien par Henri Belle et publié à Paris par Hachette en 1882. Le passage du livre sur Fès a vu le jour en 1879 dans la revue « Le Tour du Monde », pp. 97-144 ; le passage sur les juives est dans les pages 117-118.

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