Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano Chetrit

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CHETBOUN

Nom patronymique d'origine arabe, indicatif d’une occupation: le bûcheron. Il semble bien que l'autre patronyme également répandu en Tunisie Sitbon en découle, mais nous l'étudierons séparément. Au XXème siècle, nom très peu répandu sous cette forme, porté en Tunisie (Tunis) et en Algérie, dans le Constantinois.

CHETRIT

Nom patronymique d'origine arabe, indicatif d'un trait de caractère: le brave, le courageux. Au Maroc le berceau de la famille est la région du Tafïlalet, à la lisière du Sahara, pays d’émigration par excellence vers le reste du Maroc et l'Algérie depuis le milieu du siècle dernier. C’est ainsi par exemple qu'à Sefrou les membres de cette famille étaient aussi connus connus comme El Filali, l'originaire du Tafïlalet. Ce patronyme est attesté au Maroc dès le XVIème siècle figurant sur la liste Tolédano des noms usuels à l'époque. Autres formes: Chitrit, Benchétrit. Au XXème siècle, nom particulièrement répandu, en particulier au Maroc où il figurait parmi les 15 patronymes les plus usuels (Tafïlalet, Erfoud, Ksar-Souk, Midelt, Meknès, Fès, Tanger, Sefrou, Tétouan, Larache, Casablanca) et également en Algérie (Oranais, Algérois, Constantine, Guelma, Sahara).

  1. MORDEKHAY: Rabbin au Tafïlalet au XVIIIème siècle, auteur d'un traité sur les règles de l'abattage rituel, "Likout diné Tréfot", resté manuscrit.
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  3. MAKHLOUF: Saint patron du petit villiage d'Agouraï au pied du Moyen Atlas berbère, près de Meknès, qui abritait j'usqu'au début du siècle dernier une impor­tante communauté juive. Malgré sa célé­brité, on connaît peu de détails sur sa vie, si ce n'est qu'il fut un des disciples du grand maître de la Halakha en son époque a Meknès, rabbi Moché Berdugo et qu'il mourut à Agouraï en 1735. Après sa mort, la détérioration des conditions de sécurité dans cette région berbère particulièrement lostile contraignit la petite communauté à a déserter et à se replier sur Meknès. Son tombeau qui était devenu un lieu de pèlerinage pour la communauté de Meknès -sa Hiloula se déroulant au cours des mi- têtes de Soucot- resta longtemps le seul estige de l'ancienne présence juive. Mais quand les conditions de sécurité s’améliorèrent à nouveau au début du XIXème siècle, la communauté se reforma et se chosit pour rabbin son petit-fils, qui boitait son nom, Rabbi Makhlouf. Il resta à son poste jusqu'en 1825, date à laquelle la maladie le contraignit à revenir à Meknès (où il devait mourir en 1832). Le massacre, au cours de la terrible année de famine de 1826, d'une caravane de 15 Juifs du village alors qu'ils se rendaient à Meknès, avec à leur tête le rabbin qui lui avait succédé, rabbi Moché Malka, marqua le signal définitif de la disparition de la commu­nauté qui se replia sur Meknès. Mais même après cet abandon, le tombeau continua à être visité quand les conditions de sécurité le permettaient. Les Musulmans également croyaient en ses pouvoirs de guérison et de nombreuses légendes se sont formées autour de ses miracles. Ainsi rabbi Yossef Messas rapporte le récit que lui a fait un notable musulman sur le miracle survenu en 1888 au sultan Moulay Hassan. La tribu berbère des Zian étant entrée en dissidence et refusant de payer les impôts, le sultan s'était porté sur son territoire à la tête d'une forte armée. Mais avant qu'il n'ait eu le temps d'organiser sa campagne, les cava­liers de la tribu connus pour leur bravoure, attaquèrent le camp royal et le mirent en déroute. Dans sa fuite précipitée, le sultan passa devant la tombe du saint et la gardienne musulmane l’invita à y passer la nuit pour implorer son intercession.

Le saint lui serait apparu en rêve lui conseillant de reprendre sans attendre l'offensive dès le lendemain matin. Ce que fit le sultan passant outre aux conseils de prudence de ses généraux qui insistaient sur la nécessité de regrouper d'abord les troupes. Il surprit les mutins tout occupés encore à célébrer leur victoire, et les tailla en pièces. Pour remercier le saint de son conseil judicieux, le sultan voulut conformément à la coutume musulmane lui construire une coupole comme à un marabout, mais ses conseillers juifs lui firent valoir qu'il serait plus agréable aux yeux du saint homme que cette somme soit distribuée aux pauvres de sa ville natale Meknès. Moulay Hassan, couronné par les chroniqueurs juifs de l'époque du titre de "Juste des Nations" pour son exceptionnelle bienveillance envers les enfants d’Israël, écouta leur conseil et offrit aux pauvres de la communauté un taureau, des sacs de farine et des jarres d'huile.

 

  1. ABRAHAM: Célèbre rabbin à Seffou au cours de la seconde moitié du XVIIIème siècle. Auteur d'un ouvrage de Responsa "Melel Léabraham", qui ne fut imprimé pour la première fois qu’en 1962, à Fès, par l'ancien Grand Rabbin de la ville, rabbi David Obadia.
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  3. MOCHE: Rabbin et poète à Meknès, seconde moitié du XIXème siècle. On lui doit de nombreuses chroniques sur la vie de sa communauté, notamment le récit du miracle qui donna lieu en 1862 à l’institution d'un petit Pourim, "Pourim del M'gaz", du nom du rebelle contre le sultan qui pour galvaniser ses partisans berbères leur avait promis le sac du mellah de la ville, et dont les troupes se débandèrent mystérieusement avant d'atteindre la ville.
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  5. MAKLOUF: Rabbin né au Tafilalet et qui monta à Tibériade au milieu du siècle dernier dans le cadre de la grande vague de Alya du Maroc vers la Terre Sainte. La communauté de cette petite ville Galilée, composée jusque là uniquement d'originaires de l' empire ottoman, changea de physionomie judéo-arabe maghrébin supplanta les rues le judéo-espagnol des Balkans. Rabbi Makhlouf fut élu Grand Rabbin de la ville et président du Tribunal Rabbinique.
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  7. ABRAHAM HAYIM ELIAHOU:

Célèbre enseignant à Sefrou, descendant d'une famille originaire du Tafilalet, comme une grande partie de la population de cette petite ville où la population juive était toujours majoritaire par rapport à la population musulmane. Il mourut lors de la grande épidémie de malaria qui en 1901- 1902 fit des milliers de victimes dans tout le nord du Maroc.

BECHOR (1895-1967): Fils de rabbi Makhlouf. Homme politique israélien né à Tibériade dans une famille originaire du Tafilalet. Comme la majorité des descendants d'originaires du Maroc, il fit ses études primaires à l'école de l'Alliance Israélite Universelle et y commença sa carrière comme instituteur, tout en militant en faveur des idées sionistes parmi la jeunesse sépaharde du vieux Yichouv, particulièrement pour l'adoption de l'hébreu moderne comme langue de tous les jours. Parallèlement, il étudia le Droit et put ainsi intégrer les services juridiques de la Police du Mandat britannique où il fit une brillante carrière, d'abord en Galilée, puis à Jérusalem et enfin à Tel-Aviv où il fut notamment chargé de la très délicate enquête sur l'assassinat du maire de Tel- Aviv et de l'étoile montante du Mapaï, Haim Arlozoroff. Militant de la plus grande intégration des Sépharades dans l'entreprise sioniste, il fut en 1925 parmi les fondateurs à Vienne de la Fédération Mondiale des Communautés Sépharades. Aux élections à la première Knesset, en 1949, il fut un des 5 députés que réussit à faire entrer la liste dite de l'Union Séphamde, qui ne devait pas tarder pas à se scinder. Estimant que le combat sépharade devait être mené au sein des partis sionistes et non dans un parti séparé, il rejoignit le groupe parlementaire du Mapaï qui lui confia le Ministère de la Police, étant ainsi le premier sépharade à accéder à la haute fonction de ministre. Il occupera ce poste sans discontinuité dans tous les ministères jusqu'en 1965, deux ans avant sa mort à Jérusalem.

CHEMAYA: Industriel, fondateur d’une fabrique de tabac à Tanger au début du XXème siècle. Tanger, la capitale diplomatique ouverte à l'influence étran­gère fut le fournisseur exclusif de tabac pour le reste du Maroc jusqu'à la procla­mation du monopole d’Etat sur les tabacs et alcools, sur le modèle de la France, après la signature de l'Acte d'Algésiras en 1906.

  1. SHELOMO: Rabbin à Meknès début de ce siècle. Quand en 1918 le maréchal Lyautey réforma par deux dahirs la justice rabbinique par la création dans les principales villes de tribunaux de trois membres payés par l'Etat, seule la communauté de Meknès ne voulut pas s'y soumettre en raison de la concurrence entre les 5 membres de son tribunal dont aucun ne voulut se désister. Pour faire pression sur eux, les autorités du Protectorat décidèrent que le tribunal de Meknès ne serait formé que d'un seul juge, et proposa aux cinq candidats d'occuper ce poste à tour de rôle chacun un an. Par égard à son âge, rabbi Shélomo fut le premier désigné, mais après son magistère, un accord devait intervenir entre les autres rabbins et Meknès fut à son tour dotée d'un tribunal de trois membres.

SAMUEL: Journaliste et écrivain né à Tanger à la fin du siècle dernier. Il immigra au début siècle en Argentine où il collabora au journal "El Provenir" sous le pseudonyme de Samtrit jusqu'à sa mort à la fleur de l'âge en 1935.

  1. AARON (1886-1967): Médecin célèbre né à Tétouan, il immigra encore enfant avec ses parents au Vénézuela. Spécialiste de la lèpre, il fut notamment directeur de l'Institut de lutte contre la Lèpre du Vénézuéla, puis de Colombie. Parallèlement à sa carrière scientifique, il fut un militant sioniste connu, président de la Fédération Sioniste de Colombie dans les années quarante.
  2. YEHOUDA (1913-1994): Fils de rabbi Makhlouf. Rabbin né au Tafilalet, il fut un des disciples de rabbi Israël Abehséra, Baba Salé, dans sa Yéchiba à Boudenib. En 1945 il fut nommé rabbin-délégué à Agadir. Il échappa par miracle au tremblement de terre qui détruisit totalement la ville en 1960, faisant 1500 victimes dans la seule population juive. Après une brève période comme rabbin-juge à Safi, il décida en 1962 de monter en Israël. Nommé rabbi d'Afoula, il assuma cette fonction 22 ans avant de prendre sa retraite à Jérusalem où il termina la rédaction de ses deux livres de Halakha: "Minhat Yéhouda" et "Kol Yéhouda". Pour le premier anniversaire de sa disparition, en 1995 a été fondé un Comité Public, présidé Sam Ben C'hétrit, "Devar Yéhouda", pour la diffusion et l'enseignement de sa pensée et l'édition de ses livres.

PROF. SHIMON: Universitaire et homme politique israélien. Ancien ministre de l'Economie et de l'intégration sociale du gouvernement Rabin de 1992 à 1994, puis ministre des Cultes jusqu’aux élections de 1996. Il ne réussit pas à se faire élire aux primaires de son parti pour la 13ème Knesset et retrouva son poste de professeur de Droit Public à l'Université Hébraïque de Jérusalem, tout en poursuivant une activité politque au sein du parti travailliste. Elu à la Knesset pour la première fois en 1988 parmi les nouveaux espoirs du Parti Travailliste, il s'était distingué au sein du parti par ses thèses sur la nécessité d'une "discrimination positive" à l’ américaine, en faveur des sépharades pour accélérer leur promotion sociale. Il fut à la fin des années 1970 parmi les fondateurs du mouvement d'intellectuels d'origine nord-africaine, Beyahad. Né à Erfoud, dans le Tafilalet en 1945, il monta en Israël avec sa famille à l'âge de 4 ans. Brillant élève dans une école religieuse, il fut à 15 ans le plus jeune lauréat du Concours Biblique Mondial. Après des études à l’Université de Jérusalem et un doctorat aux Etats-Unis, il intégra le corps professoral de l'Université Hébaraïque comme professeur de droit public et constitutionnel. Auteur d'un ouvrage sur l'influence des juges dans la vie israélienne "Judges on trial" et éditeur d'un recueil de textes sur l'épopée et les difficultés de l'intégration de la Alya marocaine dans les années cinquante, "Haloutsim bedim'a", "Pionniers avec une larme" (Tel-Aviv, 1991).

MEIR: Administrateur et homme politique israélien, chef du groupe parlementaire du Likoud et président depuis 1996 de la coalition parlementaire qui soutient le gouvernement Nétanyahou. Député du Likoud à la Knesset depuis 1984, avec une interruption de 4 ans entre 1988 et 1992 au cours desquelles il remplit les fonctions de Trésorier de l'Agence Juive et de l'Organisation Sioniste Mondiale. Connu pour son franc-parler et ses positions modérées dans le conflit israélo-arabe, il commença sa carrière publique comme maire de la petite ville de Yavné. Sa gestion exemplaire, notamment en matière de promotion de l’éducation à ses yeux la clef du développement et de la promotion, lui ouvrit les portes de la Knesset. Né à Ksar-Souk, dans le Tafilalet, il monta encore enfant avec ses parents à la fin des années quarante et fut dirigé sur la maabara de Yavné. Un des fondateurs et des dirigeants du Rassemblement Mondial du Judaïsme Marocain.

YOSSEF: Universitaire israélien, doyen de la Faculté des Lettres de Haïfa, titulaire de la chaire d'études du judaïsme sépharade et professeur de linguistique judéo-arabe et de socio-linguistique de l'hébreu moderne à l'Université de Haïfa. Il a organisé en mars 1997 le premier séminaire international consacré à une communauté juive marocaine, la commu­nauté de Meknès. Docteur en linguistique de l'Université de Paris, il a publié un livre et de très nombreuses études sur la poésie juive marocaine. Fondateur de la seule chaire universitaire d'enseignement de l'arabe dialectal marocain en Israël et de la troupe de musique marocaine traditionelle, "Tsfon-maarav", formée d'étudiants de l'Université de Haïfa qui se produit régulièrement en Israël et à l'étranger. Né à Taroudant, dans le Sous, en 1941, ancien élève de l'Ecole Normale Hébraïque de Casablanca, il monta en Israël en 1964 dans le cadre du premier groupe du mouvement d'étudiants Oded qui avait pour vocation la Alya d'universitaires et étudiants d'origine nord-africaine.

RAPHY : Peintre et professeur de dessin à l'Ecole des Beaux arts de Montréal. Né à Meknès, il a entre autres, illustré le livre d'André Elbaz, "Contes des juifs sépahardes du Canada".

MEIR NAHORAI: Administrateur et écrivain israélien né à Gouréma, dans le Tafilalet, il a publié à Tel-Aviv en 1983 une autobiographie en hébreu "Emat Hahalom", "La peur du rêve", retraçant son enfance au Maroc, dans le petit village de Gouréma, les avatars de la politique de "sélection" pratiquée par l’Agence Juive dans la alya marocaine au début des années cinquante et le choc de l’intégration en Israël; et un recueil de poèmes "Hassadémin hamidbar" (Tel-Aviv, 1987).

 SAM: Educateur, administrateur et homme public israélien originaire du Tafilalet. Directeur de l'Association pour l'amélio­ration de l’Habitat de la région de Jérusalem. Après des études à la Yéchiba Habad à Meknès, il enseigna le Talmud et les matières juives à Marrakech avant de monter en Israël en 1961. Fondateur en 1979 du mouvement d'intellectuels d'origine nord-africaine, Beyahad, qui prône l'intégration sans complexes des sépharades dans la société israélienne et la diffusion de la culture et du patrimoine du judaïsme nord-africain. Dans ce cadre son mouvement a réussi à faire de la fête de la Mimouna au départ typique des Juifs du Maroc, une seconde fête nationale en Israël, en l'adaptant aux conditions locales. Avec une grande ténacité, il a oeuvré dans l'ombre tant auprès des autorités israé­liennes que marocaines, pendant des années pour le rapatriement des corps des naufragés du "Pisces" – cette frêle embarcation emportant des immigrants landestins, qui coula au large des côtes marocaines en janvier 1961. Ce combat evait aboutir avec l'aide du gouvernement israélien, des dirigeants du judaïsme marocain et de nombreuses autres personnalités, en décembre 1992 au raptriement des 22 orps des naufragés qui avaient été repéchés par les autorités marocaines et enterrés à Al-Huceima. Grâce au geste humanitaire du roi du Maroc Hassan II, leurs restes reposent aujourd'hui dans le panthéon national du Mont Herzl, à Jérusalem. Après sa démission de la présidence de Beyahad, il a fondé une nouvelle association pour la perpétuation de la mémoire des naufragés du "Pisces- Egoz".

MOCHE: Educateur et administrateur israélien originaire du Tafilalet, chef du service de l’emploi à la municipalité de Bat Yam. Un des fondateurs du mouvement Zehavi pour la défense des droits des familles nombreuses. Un des fondateurs du mouvement d'intellectuels Beyahad et son ancien représentant dans la région de Tel- Aviv.

SAMY CHALOM: Jeune éducateur israélien d'origine marocaine, né en 1961. Un des plus ardents défenseurs de l'insertion de la connaissance du patri­moine sépharade dans le système éducatif israélien. Son originalité est de plaider pour la séparation au nom de l’intégration. C'est au nom de cette idéologie qu’il a fondé, au milieu des annés 1990, avec le soutien du Ministère de l'Education la première école se donnant pour complé­ment de programme l'étude de la tradition sépharade, "Kedma". Une seconde école a ensuite été créée sur ces bases à Jéruslam mais le succès de cette expérience reste encore problématique faute d'un soutien suffisant des parents. 

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