Une nouvelle Seville en Afrique du Nord-Debdou-Une miniature de Jérusalem.Aperçu  historique 

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Au commencement du dix-neuvième siècle, Dcbdou semble avoir repris un peu de son ancienne importance puisqu’elle figure chez Gracbcr et Hemzo ׳ parmi les villes qui ont des bassas (pachas).

Elle a dû cependant déchoir encore, un peu plus tard, à en juger par les quelques renseignements sur les meurtres de Juifs à Debdou et sur les désordres de plus en plus nombreux dans la seconde moitié du dernier siècle.

Toutefois, sous Moulay-Hassan (1873-1894), la ville musulmane ne possédait plus de pacha et relevait de l’Amcl de Taza. Elle était restée un centre d’activité commerciale intense, ainsi que l'atteste M. de Foucauld qui explora en 1883-1884 la vallée de Debdou191׳. Puis les troubles recommencèrent, lors de l’insurrection de Bou Hamara; la décadence de l’autorité de ce dernier permit à un de ses lieutenants, nommé Bou Hacira, originaire des Béni Snassen, de se proclamer sou­verain de Debdou. Bou Hacira cependant dur traiter bientôt avec le Rogui, qui obtint la soumission de Debdou de même que celle des Juifs et des Musulmans.

À cette occasion, il est curieux de relever l’organisation administra­tive de la région telle que l’avait conçue le Rogui, d’après M. Nehil :

Le Prétendant imposa à toutes les factions des tribus qui occupent la vallée de Debdou, des «caïds pris parmi les caïds de sa Mehalla». Les gens de Debdou n’ayant pas voulu s’accommoder du caïd étranger imposé par le Rogui, celui-ci finit par le remplacer par un autre, originaire de Taza. Le Caïd résidait à Debdou et levait les impôts des Musulmans; en outre, il percevait des taxes sur les marchés de tout le pays jusqu’à Taourirt et Sidi Mellouan. Il avait à sa disposition un petit Makhzen de 5 à 6 cava­liers, mais ne devait pas intervenir dans les affaires intérieures des tribus qui restaient gouvernées par leurs cheikhs et leurs miatts.

Les Juifs eurent leur autonomie. Ils étaient gouvernés par David Ben Hïda, chef des Cohen Scali, demeuré fidèle à la cause du Prétendant. Plus tard même, le Rogui nomma David Ben Hïda caïd sans cachet de la place de Debdou tout entière.

Origine des Juifs de Debdou

On a vu qu’à l’époque de la domination mérinide les régions de la basse Moulouya comprenaient les groupes des Juifs autochtones.

Toutefois les deux groupes juifs les plus importants de Debdou ont leurs origines en Espagne. Non loin du cimetière sc trouve une source qui porte le nom d’«Aïn Sévilla» en souvenir de Séville, ancien séjour des Cohen Scali.

Ceux-ci affirment avoir quitte Séville pour chercher refuge dans la région de Debdou lors de la persécution chrétienne de 1391. On sait avec quel empressement divers souverains mérinides avaient accueilli les fugitifs juifs d’Espagne.

Quant aux Marciano, ils seraient originaires de Murcie, ville d’Andalousie.

La ruine de la communauté de Séville qui représentait, pour ainsi dire, l’aristocratie du Judaïsme espagnol, est connue dans tous ses détails. On sait également que plusieurs familles rabbiniques ou nobles, prévoyant la recrudescence de la persécution, préférèrent alors quitter l’Espagne et chercher un refuge dans les États Barbaresques. C’est à partir de cette époque qu’on trouve dans tous les grands centres africains des communautés judéo-espagnoles, dont les savants et les rabbins finissent par s’imposer à l’ensemble des Juifs africains. Dès l’année 1391 Tlemcen, Oran et Alger redevinrent des centres d’activité rabbinique d’une influence puissante sur la vie religieuse des Juifs indigènes.

Les villes de Fès et de Marrakech, où les émigrés semblent avoir ete moins favorisés par la situation politique, ne jouent à cette époque qu’un rôle secondaire. On voit même plusieurs des rabbins et des familles qui avaient essayé de s’y établir, chercher refuge dans les petits centres plus sûrs de l’Atlas ou des confins. Tel fut peut-être le cas des Cohen Scali, dont l’origine sévillane semble être confirmée par divers indices : d’abord «Aïn Sévilla», la source de Séville, située près du cimetière dont nous avons déjà fait mention. Puis, le type même de la plupart des Juifs de Debdou; ce sont encore, leurs moeurs, leurs coutumes qui, tout en étant fortement berbérisées gardent un fond espagnol certain, et qui, dans tous les cas, diffèrent sensiblement de celles des Juifs du Sahara et de l’Atlas.

Le cimetière juif de Debdou date d’environ quatre siècles. Il est situé sur la pente qui descend dans la vallée, du côté gauche du Mellah. Les plus anciennes pierres tumulaires se trouvent tout à fait en bas et sont couvertes de terre; un peu plus haut, les dalles sont à moitié détruites par les torrents qui descendent de la montagne. La par­tie où peuvent se lire les épitaphes ne commence qu’au milieu de la pente et remonte jusqu’à la partie supérieure du cimetière, réservée aux morts de notre génération. Or, parmi les inscriptions plus anciennes, qui se puissent déchiffrer, deux datent du dix-septième siècle et se trou­vent précisément au milieu du cimetière. Entre l’epoque des tombes en bas du cimetière et celles du haut, il y aurait donc environ quatre à cinq siècles. Ceci confirme exactement les traditions locales quant à la date d’établissement des Juifs en ce lieu.

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