ארכיון יומי: 29 בדצמבר 2023


שירת האבנים-אשר כנפו-שלום אלדר

שירת האבנים

אשר כנפו-שלום אלדר

שירה מופלאה על מצבות בתי העלמין במוגדור

ספר זה נקרא ’שירת האבנים' על שום השירה הנפלאה בשפה העברית שנמצאה חקוקה על גבי מאות המצבות בשני בתי העלמין היהודיים במוגדור שבמרוקו. המלאכה החלה לפני יותר מעשור ביוזמתו של הסופר אשד כנפו, בן העיר מוגדור. ראשית הדרך לא הייתה אקדמית כלל, אלא כללה עבודה סיזיפית בשמש הקופחת של חילוץ המצבות מבין שיני הזמן ונזקי הטבע. המצבות היו מכוסות באדמה ובצמחייה וכן – בלשלשת שחפים, שבהם התברכה העיר מוגדוד, וחלק מן הכתובות דהו או הושחתו והבלאי המואץ ניכר בהן.

אך עם חשיפת המצבות, התגלה הפלא ־ השירה החקוקה באבן הייתה על רמה עילאית ושאבה את השראתה משירת תור הזהב בספרד.            ,

רק עם תום החפירות, אפשר היה לעבור אל החקירות, אל המחקר המדעי ואל הפרשנות. לשם כך נרתם בהתלהבות לעזרתו של אשר כנפו חוקר הספרות העברית ד׳יר שלום אלדד, מומחה לשירת ימי הביניים, ויחד החלו השניים במלאכת הפענוח, הניקוד והביאור של השירה, וכן – בזיהויים של הנפטרים וגילוי סיפורי חייהם כדי להפיח חיים חדשים במתי גולה אלו.

ספד זה מנציח חיי קהילה יהודית עשירה מזווית מקורית ובלתי מוכרת. עד כה. השירה הגדולה שבו, המוסיפה נדבך מרשים בחקר תרבותם של יהודי מרוקו, הייתה נותרת קבורה באדמה ואבודה לעד אילולי יוזמתם הברוכה של אשר כנפו ושלום אלדר שהקדישו למפעל אדירים זה עשר שנים מחייהם.

 

להשיג אצל מר אשר כנפו

הנייד: 054-7339293

מחיר מומלץ 120 ₪ בתוספת של 30 ₪ דמי משלוח בדואר רשום.

זכורה לי תמונתו של מר אשר כנפו, שצולמה מאחוריו, רכון כולו על קבר מנסה וכמובן מצליח לרוב לפענח את הכתוב…

לספר את סיפורה של עדה שלמה בכלל ועיר בפרט, דרך הכתובות על גבי המצבות, רק אשר כפנו יכול ומסוגל לעשות כן
עבודה סזיפית זו של מר אשר כנפו, הניבה את התיעוד המופלא שלו ושל מר שלום אלדר על אודות כתובות של קברים בבתי העלמין במוגדור….
דובב שפתי ישנים, ואלה לא היו אתמול או שלשום, אלא עשרות שנים ואף יותר מזה…
בשפתו המליצית והעשירה פורש לפנינו מר אשר כנפו, דרך הכתובות האלו, סיפורה של עיר ואם בארץ מארוק, ודרכה אנו למדים על עברה העשיר של עיר חשובה זו…
גם אלה כמוני למשל שאינם בני העיר הזו, נשבה בהיסטוריה שלה ושל אנשיה, רבניה, חכמיה ובעיקר משוררייה….
מר אשר כנפו נותן "במה, וכבוד לכל נפטר ונפטרת ובכמה שורות משרטט הוא את סיפורה של העיר..
ספר מומלץ ביותר

 

 

 

 

 

Saïd Sayagh L'autre Juive Roman

HAÏM appuya ses mains en se prélassant sur la palissade du balcon qui dominait les deux mers. .11 regarda vers la grande mer, yam hagadol, observa les vagues qui se relayaient sans arrêt, à 1 assaut de la côte. Il fixa une vague, la poursuivit du regard. Elle lui parut décidée à ensevelir le monde entier. Mais, à peine toucha-t-elle le rivage que sa force faiblit et elle se disloqua. D’autres vagues la suivirent dans le même élan,

répétant le même manège comme si elles n’avaient rien appris, chacune, de celle qui la précédait.

Tanger lui apparut comme une vaste vulve ouverte sur le détroit, abreuvée par l’Espagne toute proche, par le Rif imprenable et les profondeurs des terres du Sud. Le détroit, quant à lui, malgré le rugissement de ses vagues n’avait jamais pu séparer le Maroc de l’Espagne.

Haïm tourna son regard vers la porte du souk. Il vit la foule mélangée. Il n’y avait aucune frontière fixe dans les visages. Les traits rifains croisaient les traits espagnols et sahariens et les complétaient. Tout teint blafard était relevé d’une touche brune et tout teint sombre traversé par une vague blanche. Son oreille fut sollicitée par les discussions des gens. Les mots berbères glissaient dans

les expressions arabes à l’accent du djebel qui géminé les sons, tord la syntaxe, la prosodie et rajoute des mots venus de Castille ou de Lusitanie; et tout le monde comprenait tout le monde.

Haïm aimait tout le monde, dans la mesure de ce qu il pouvait aimer. Il avait la vague impression que le même sang mélangé coulait dans toutes les veines. Le même sang berbère, espagnol, gothique, vandale, phénicien, hartani, noir… coulait aussi dans ses veines et dans les veines de ses enfants.

Il avait acquis, avec le temps, la conviction que ceux qui s’appelaient Abdallah descendaient d’Alberto ou de Benyamin. Et, il en était de même pour ceux qui s’appelaient autrement.

Dans son intimité la plus profonde, ses prières, ses devisements et ses pratiques, il avait compris que l’Éternel ne pouvait préférer un individu à un autre, une tribu à une autre, un peuple à un autre ; et qu’il était vain de convertir quelqu’un à une religion.

Il était convaincu qu’inciter les gens par la violence physi­que ou morale à adopter une religion pour la renforcer face aux autres religions n’était que ruine et illusion. Toujours appuyé sur la balustrade, il se tourna vers la ville, et la vit abritée derrière les rochers qui surplombent la mer, défendue par les hautes murailles portugaises. Il observa les tours et les bastions restaurés par les Anglais et distingua, de loin, la porte de la mer, la porte du souk des céréales, la porte des orfèvres et la porte de la kasbah qui projetait son ombre sur les vieilles maisons.

Les nuages pressés dans leur course se disloquaient et laissaient entrevoir au-delà du détroit, le rocher de Gibral­tar, Jbel Tarr dans la désignation locale ; à peine plus loin qu’une pierre lancée par une fronde. Il avait l’impression qu’il pouvait toucher la montagne, les rochers et les arbres. Haïm soupira et ressentit une douleur profonde qu’il connaissait bien, depuis longtemps ; une blessure cicatri­sée, mais toujours douloureuse. Il y était habitué, savait distinguer ses symptômes des autres douleurs. La moitié de son entité était détachée et demeurait de l’autre côté ; la moitié de son identité.

Il en restait des traces, dans son accent, sa façon de manger; commencer le repas avec des potages chauds, avant de passer aux plats, épicés, de viande ou de volaille; finir avec les pâtisseries faites de pâte d’amandes, de noix, de miel, farcies de pistaches et les fruits délicieux.

Il en restait sa façon de se faire coiffer, de rabattre les cheveux au-dessus du front et le tour des oreilles.

Il en restait sa préférence pour les vêtements blancs ; en soie, l’été, colorés au printemps ; puis en laine doublée vers la fin de l’automne et en hiver.

Il en reflait la clef de la maison espagnole qui n’avait pas quitté la sacoche des Hachuel dans leurs pérégrinations jusqu’à leur établissement de ce côté-ci du détroit.

Il en refiait aussi,les traditions des Megourashim en matière de règles de kashrout qui autorisait la npihah, souffler dans les poumons de l’animal sacrifié. Tradition qui finit par être adoptée par les Toushabim après d’âpres discordes. Absorbé qu’il était dans ses méditations, Haïm faillit ne pas voir le rabbin Tolédano qui arrivait, devancé par sa barbe blanche et trébuchant dans sa djellaba noire.

Où allez-vous comme ça, Monsieur le rabbin ?

-Je me promène un peu, question d’alléger le cœur.

C’est la grande canicule !

C’est vrai, le ciel ne semble pas prêt à ouvrir ses mannes. Demain, le soleil brûlera, de nouveau, la terre…

Le Seigneur seul en est le maître. Et, de toute façon, le soleil est mieux que la pluie. Au moins, le monde reste lumineux.

 

Arrête de blasphémer. La pluie est plus importante que la Torah. La Torah est faite pour les fils d’Israël, la pluie est faite pour le monde entier.

Le rabbin n’avait pas fini ses mots qu’une grande défla­gration tonna. Les nuages noirs et denses se bousculè­rent dans le ciel. De grosses gouttes, lourdes et éparses commencèrent à tomber. Suivirent des averses épaisses qui confondirent terre et ciel. Les torrents traînèrent sables, pierres, branches d’arbres et ordures.

Les deux hommes se précipitèrent pour se mettre à l’abri de cette manne en colère.

Que disais-tu rabbin pressé ?

Moi, j’ai parlé de demain, pas d’aujourd’hui…

Ils éclatèrent de rire, les visages et les barbes trempés; quittèrent leurs babouches et accoururent sous les travées du souk où s’étaient agglutinés, dans une bruyante gaîté, enfants, femmes, hommes admirant les eaux, entraînant les eaux.

Sur le chemin du retour, ils entendirent des pleurs d’enfant. Ils regardèrent dans la direction d’où venaient les lamenta­tions et virent un homme tirant, avec sa main droite, l’oreille d’un garçon, comme s’il avait l’intention de l’arracher à la racine. Il le tenait vigoureusement par la natte tressée pendante derrière la tête. L’enfant emmitouflé dans une djellaba sale, rapiécée, en lambeaux recouvrant les genoux avait les pieds nus et sanglotait. Ses yeux coulaient de larmes chaudes, son nez se vidait. Lui, s’essuyait avec la manche déchirée de sa djellaba tout en essayant de se dégager de la prise implacable de l’homme. Celui-ci lâcha la natte et appliqua une forte claque sur la tempe de l’enfant.

Pourquoi, fils de… tu fuis le msid? Tu n’as pas honte ?

L’enfant en sanglots dit :

Le fquih nous frappe comme s’il battait des ânes…

Le fquih a le droit de te tuer, et moi, je t’enterre. Espèce de fils d’âne…

Moi, j'veux pas aller à l’école coranique…

Et qu’est-ce que tu veux faire ?

-Je veux travailler chez le marchand de viande hachée…

Haïm dit : « Tous les enfants sont pareils, surtout quand ils ont le ventre vide. »

Il dit cela et le goût de la kafta envahit sa bouche. Un goût qu’il n’a plus jamais retrouvé. D’un coup, les souvenirs et les sensations le submergèrent.

La kafta de Moulay Idris du Zerhoun. La kafta du hacheur, comme on disait à l’époque. Il crut avoir oublié le nom, mais pas sa façon de travailler:

Sa façon de découper le kif, de nettoyer le sebsi, pipe, le fourneau, chkef la lenteur de ses gestes, sa façon de passer du kif à la viande hachée sans perdre le fil de ses histoires qui ne se terminaient jamais…

Hmimsa, le petit pois chiche, le nom lui revint et avec lui ce qu’il lui avait dit dans ce qui ressemblait à l’aveu d’un secret indicible :

Les vrais chérifs ce sont les juifs !

 

Saïd Sayagh L'autre Juive Roman

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