ארכיון יומי: 5 בדצמבר 2023


Le chantre des murs blancs-Sid Maleh

Bouskila avait quitté le mellah de Mogador la neurasthenique pour celui de Casablanca-la-débauchée et troqué le seigle paternel contre du blé et les radis contre du gingembre. Les esprits interprétaient cette amélioration comme la pro­motion sociale qu’assuraient les mérites des ancêtres. Tout ce que Bouskila était et possédait, il le devait à son père ; il n’était que naturel qu’il réalise le plus précieux de ses rêves en donnant son nom à une synagogue. Le cordonnier avait trimé jusque-là pour sa descendance, il allait désormais s’occuper de son ascendance. C’était comme cela, depuis toujours, la roue du destin ne cessant de tourner, la providence commuait les misères d’une génération en grandeurs pour celle qui lui suc­cédait. Pour accomplir cette mission, la chair de sa chair, et voix perçant de ses entrailles, déjà chantre de sa synagogue, était tout désigné. Il n’avait encore que six ans, mais de l’avis général, il avait la plus belle voix du mellah. Plutôt quelle ne vacille dans une obscure synagogue, il la ferait monter sur une chaire d’honneur d’où elle retentirait à la gloire de son père et du père de son père.

Bouskila acquit la bâtisse de deux étages qui surmontait son atelier et s’offrit la première synagogue en duplex du mellah de Casablanca. Il recruta les meilleurs artisans et poussa l’audace jusqu’à s’assurer la collaboration de l’un des architectes que le Maréchal avait amenés dans les malles de France. La chance continuant de lui sourire, l’architecte se révéla mélomane et eut la lumineuse idée d’utiliser le petit David comme métro­nome vivant. Il décida de la courbure des voûtes, de l’inclinai­son des poutres, du dessin des travées, de la disposition des meubles, des proportions de la toiture en fonction de la réso­nance de la voix du petit chantre libéré pour la circonstance de toute corvée scolaire. Bouskila suivait les travaux de près, procédant à une tournée quotidienne auprès des artisans char­gés des meubles. La veille de l’inauguration il était encore plus excité qu’à la veille de ses premières noces ou de la naissance de son aîné. Il bâtissait une réplique du temple de Jérusalem. Dans cette ville de l’ostentation, de la vanité et de la veulerie qu’était Casablanca, il ne recula devant aucune dépense. Le jour de l’inauguration, il prit sur lui de faire nettoyer le mellah de ses détritus et de le pavoiser de toutes sortes de bannières portant l’étoile de David et qui avaient servi les souverains marocains ou leurs gouverneurs. Ce n’était pas la synagogue du seul cordonnier, c’était celle de tout le mellah. Les rabbins se pressaient aux premiers rangs, les négociants aux seconds, les chômeurs aux bancs arrière. Les mendiants formaient comme une haie d’honneur de la porte de Marrakech à l’entrée du sanctuaire. On annonçait la participation du pacha de la ville, on se contenta du moqadem du mellah ; on annonçait la parti­cipation d’un représentant de la Résidence, on se contenta du légionnaire qui patrouillait dans le quartier. Ce n’en fut pas moins une grande cérémonie, ce fut surtout le premier concert du très célèbre David Bouskila.

Le petit chantre fréquentait alors le héder. Une école à classe unique, surpeuplée de bambins de quatre à huit ans, sous les ailes de Dieu et la baguette d’un maître qui orches­trait les litanies du matin au soir. D’abord les prières du matin, suivies de passages bibliques, suivies de passages talmudiques. Sans tableau ni livres, on n’avait pas le choix, on rangeait le tout dans son cœur et sa mémoire. Du pain sec accompagné de beurre rance pour le déjeuner et des figues séchées pour mieux consoler son ventre. Puis quand le maître n’avait pas été dérangé dans sa sieste, qu’il s’en réveillait de bonne humeur, c’était une séance de chants qui se concluait crépusculairement par le service du soir. La chanson andalouse, en arabe et en hébreu, le Shir Yedidot qui composait désormais le réper­toire des communautés juives à travers le Maroc, les qasidat les plus populaires et bien sûr… des berceuses lorraines sur l’air de dérision qui était 1'air intérieur de cette ville en quête d’une âme. La voix de David dominait le chœur débraillé et c’était à lui que revenait le droit de le mener.

Au lendemain de l’inauguration, David fut scolairement promu. C’était désormais le petit chantre attitré de la nouvelle synagogue des Souiris et il n’était pas rare que des traîtres litur­giques désertent leurs synagogues respectives pour consoler leur âme au son de sa voix. On lui concéda deux ans d’avance et on l’admit à l’Académie rabbinique pour les petits à laquelle on n accédait pas avant 1 âge de huit ans. Il se révéla très vite un génie talmudique non moins prodigieux que le génie litur­gique qu'il était. Il mémorisait des pages entières comme il avait enregistré les prières, ordinaires et solennelles, les psaumes, les chants liturgiques de l’Andalousie. Sitôt qu’on lui donnait le premier mot d’un passage, il le débitait de mémoire sans oublier les commentaires. Le petit chantre était aussi un phénomène ménagé par ses maîtres pour ne pas risquer d’être repris par lui en public. Deux ans plus tard, on en était à se demander si l’on ne devait pas l’ordonner rabbin et le marier par la meme occasion pour lui permettre d’en assumer les responsabilités. On chargea l’entremetteur attitré des lieux qui passait pour avoir l’œil philosophique sinon l’inspiration divine, de le soumettre à un interrogatoire destiné à établir le rapport entre son éveil sexuel et son quotient intellectuel. Baba lui demanda, en clignant de l’œil, s’il connaissait le Cantique des Cantiques et s’enquit de son interprétation de nombre de passages. Le petit chantre se mit aussitôt à interpréter le Can­tique, passant sans transition d’un air à l’autre. Il prit de lon­gues minutes à l’entremetteur pour s’arracher à l’envoûtement musical, se ressaisir et préciser :

  • Je ne te demande pas d'interpréter le Cantique dans ce sens, mais de me l'expliquer.

Le petit chantre ne s'était jamais soucié de lui trouver un sens :

  • C'est une prière, dit-il.
  • Toute prière a un sens, insista Baba.

Le petit chantre était désorienté. Jusque-là, on n’attendait de lui que de traduire les textes en arabe, pas de les expliquer :

  • Une prière, répondit puérilement l'enfant, recherche la proximité de Dieu, sa protection et son secours.

L'entremetteur avait beau insister, il ne réussissait pas à lui soutirer une association amoureuse pour ne point dire érotique. Son insistance n'en devait pas moins avoir des inci­dences dramatiques sur le destin sexuel du petit chantre. Baba ne se doutait pas qu'il lui donnait là son premier cours d'ins­truction sexuelle et que cela prendrait des décennies avant que le chantre ne s'en remette. Il décida de se montrer encore plus précis :

  • Que comprends-tu à l'expression : « Un jardin clos, une source scellée» ?

L'enfant retroussa les lèvres et délia son imagination :

  • Le paradis perdu ? La source de la révélation ?

Le chantre des murs blancs-Sid Maleh

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סיפורי עם מפי יהודי מרוקו-יששכר בן עמי-תפוח ההריון- מעשה בשני יועצי המלך

תפוח ההריון

מעשה בשני יועצי המלך

מעשה במלך שהיו לו שני יועצים, האחד יהודי והשני גוי.

המלך אהב אותם מאוד.

היהודי היה יפה־תואר. חשקה לבה של אשת היועץ הגוי ביועץ היהודי, אך היא לא יכלה לעשות מאומה, כי היה היהודי צדיק וחסיד.

חלפו הימים ונשי שני היועצים נכנסו להריון. שתיהן ילדו בנים באותו יום. אשת הגוי, שדמות הצדיק היהודי הייתה תמיד לנגד עיניה, ומרוב אהבה שרחשה לו, ילדה ילד שדמה להפליא ליועץ היהודי. גם בן הצדיק דמה מאוד לאביו. היה זה לפלא ששני הילדים דמו כל־כך לחכם היהודי. כשראה אותם המלך, תמה ואמר בלבו: הדבר קרה רק בגלל שאשת הגוי אהבה בסתר לבה את החכם היהודי. כעס המלך וגזר, כי ביום שיימול בן־החכם היהודי, יימול גם בן־הגוי וכך אכן היה. הילדים התפתחו ודמו אחד לשני כשני תאומים. לקח אותם המלך לביתו, וגזר גזירה שהילדים יראו את פני הוריהם, רק לאחר שימלאו להם שש שנים. בתום תקופה זו, נקבע שכל אחד מיועציו ייקח את בנו.

המלך ידע במדויק מי הוא בן־הגוי ומי הוא בן־היהודי, כי לבן היהודי היה סימן עדין, שאיש לא ידע על קיומו מלבד המלך. מאחר שהילדים לא גדלו עם הוריהם, אף־אחד לא ידע לזהותם באופן ודאי. במשך שש השנים בהן שהו הבנים בבית המלך, היו מביאים אוכל כשר לשני הילדים, מאחר והאוכל שלא היה כשר, בן־החכם היה דוחה אותו. כשהיו מכריחים אותו לאכול, היה מקיא את האוכל עם עזיבת המשרתים. וכך הוא אכל רק אוכל כשר. כשתמו שש השנים, קרא המלך אליו את שני יועציו ־־ הורי הילדים, וביקש מהם שכל אחד ייקח את בנו. התקדם הגוי ורצה לקחת את ילדו, אך שני הילדים היו דומים ולא יכול היה לזהות מי הוא בנו. גם החכם היהודי לא רצה לקחת אף־אחד מהם. הוא ישב והחל לבכות. אחר־כך אמר למלך: ״כעת איני יכול לדעת מי הוא בני, ולא אקח כל מה שתעלה ידי".

ענה המלך: ״אם אתה יכול לעשות דבר על־מנת לזהות את בנך, עשה וקח אותו".

ענה החכם ואמר: "ברשותך אדוני המלך, אוכל לעשות דבר־מה, ואתה, כבודך, תוכל לראות במו עיניך מה יקרה. אני מבקש שיביאו לי מגש מלא ענבים, כשהענבים מופרדים מאשכולס. רוצה אני גם מגש שני מלא ענבים המחוברים לאשכולם. נניח את המגשים לפני כל אחד משני הילדים. הילד שיאכל מהאשכול השלם הוא בני, וזה שיקח מהענבים המופרדים מאשכולם הוא הילד של השני״. אכן כך היה. הביאו את שני המגשים והניחו אותם לפני הילד הגוי, וזה הושיט את

ידיו ולקח מהענבים המופרדים מאשכולם. הניחו אחרי זה את המגשים לפני הבן של החכם, וזה הושיט את ידיו ואכל מן האשכול המחובר. קם החכם ואמר למלך: ״זהו בני אדוני המלך״. ענה המלך: "הצדק איתך, זהו בנך, כי לי יש סימן מזהה לגבי שני הילדים״.

הוסיף המלך ואמר: ״תמה אני מאין החוכמה הזו? ומדוע בחרת ענבים ולא פרי אחר״?

ענה החכם: ״אדוני המלך, תדע לך שאנו בני ישראל, גופינו נפרדים זה מזה, אך אנו קשורים ושזורים זה בזה בנשמותינו. לכן אנו נחשבים כולנו לרוח אחת. על כן דומים אנו לאשכול ענבים. כאשר הם מחוברים באשכול, הענבים קשורים אחד לשני וכך הם בני ישראל. אנשים שאינם מדת ישראל, אינם קשורים זה בזה, ודומים לענבים המופרדים מן האשכול. לכן אני יודע ששני ילדים אלה, כשהם קטנים, כל אחד הולך בדרך הוריו".

התרגש המלך ממילים חכמות אלו, שמח על הניסיון שהוכיח את צדקת החכם היהודי והחזיר לו את בנו.

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