Juifs au Maroc et leurs Mellahs-David Corcos

LES JUIFS AU MAROC ET LEURS MELLAHS

par

David Corcos

INTRODUCTION

Les quartiers spéciaux où étaient relégués les Juifs n'ont d'abord existé qu’en Europe. Leur établissement fut sanctionné par une loi canonique du Troisième Concile de Latran en 1179.Dans beaucoup de villes, ces quartiers etaient entoures d'une enceinte parfois fortifiee et comportant generalement une seule porte, fermee la nuit et a certaines occasions. Apres 1516, ces quarties isoles seront appeles Ghetto. En Espagne chretienne, cette separation avait ete souvent consideree par les juifs comme yn avantage. Ils en reclamaient parfois la mise en pratique. Nous verrons que le motif de cette demande n'etait pas seulement la recherche d'une certaine securite. Un moyen de mieux se defender en cas d’emeutes, dans les periodes troublees.

Les Chretiens, seigneurs, bourgeois ou routier, ont le plus souvent considere cette faveur comme une segregation humiliante, une degredation civique poue des homes pour lesquels ils eprouvaient generalement une antipathie plongeant ses raciness dans l'antiquite Greco-romaine et envenimee par un antagonisme religieux remontant aux premiers siecles de l'Eglise. Meme après la conversion de l’empereue Constantin le Grand, vers 323 de l'ere moderne, l'Eglise victorieuse continuait d'insuffler toute sa fougue a cet antagonisme tout en maintenant, comme on le sait, un equilibre necessaire au role de " temoin " qu'elle tenait a faire jouer au people " deicide ".Aussi, pendant le Moyen Age, les Juifs de Rome, jouissant d'une rare tolerance, resterent libres d'habiter ou ils le voulaient. C n'est qu'en 1555 que le pape Paul IV en publiant sa " constitution sur les Juifs, les isola completement en les faissant enfermer dans un Ghetto.

Eviter le contact des Infideles est un principe qui a ete enonce par quelques auteurs musulmans. En Espagne, au fur et a mesur de la " Reconquista ", les Chretiens n'avaient pas toujours besoin de forecer les Musulmans restes sur place, dans les villes, a s'isoler dans un quartier special. Il le fasiaient volotairement. Quant aux Juifs, en terre d'islam, les faits historiques, ont generalement dement ice principe comme de nombreux autres relevant du meme esprit. D'ailleurs la superbe de l'islam triomphant, la morgue de la plupart des Musulmans chez eux, leur mepris plus au moins ouvert pour les " Incroyants " et plus precisement leur indifference envers ceux qui avaient choisi l'enfer dans l'au dela, ne les laissent guere craindre en danger de la contamination pour les fideles.

La crainte de l'influence juive, jadis persistante dans la chretiente, esi inexistante chez les Musulmans. De hautes autorites musulmanes, soucieuses de propagande religieuse, recommandaient de faire vivre les juifs dans les grandes villes et dans les quartiers musulmans de celles ci, afin, ecrivaient elles, qu'ils puissant se faire une idée de la religion du Prophete. Cette connaissance disaient elles, les poussera en fin de compte a se convertir. D'autres docteurs de l'islam, mais de moindre importabce, avaienr bien conseille de confiner les juifs dans des quartiers speciaux, mais c'etait la une aggravation de " Shurut " attribues au calif Omar I.

D'ailleurs, aucune des conventions de " Dimma ", ne comporte, a notre connaissance, une telle cause. Cependant, partout ou ils se trovaient, beaucoup de juifs preferaient vivre entre eux ; mais ce nombreux autres, en Orient et surtout au Maghreb, vivaient côte à côte avec les Musul­mans.

 Il s'agissait parfois d'un choix délibéré que facilitaient des fac­teurs d'entente: la conformité de civilisations musulmane et juive, à peu de différences près, même mode de vie et des idées religieuses dont le principe fondamental est le même: un monothéisme pur chez les uns et les autres.

Les interdictions alimentaires, bien que différentes dans quelques détails, procédaient aussi d'un même principe: la défense expresse de consommer le sang des bêtes abattues et la viande de porc, deux habitudes chrétiennes pour lesquelles Musulmans et Juifs éprouvaient une répulsion égale.

Le fait d'être un circoncis, ce qui a plus d'une fois occasionné aux Juifs de la chrétienté, brimades, vexations et même des persécutions et parfois des massacres, était, au contraire, en pays d'Islam où la circoncision était commune à tous, un signe de pureté de la plus haute importance.

 Enfin, et ce devait être une raison de poids, l'Islam comme le Judaïsme ne com­portent pas de signes extérieurs. Dans la cité musulmane, le Juif n'était pas exposé à rencontrer sur son chemin des dizaines de statues et des images saintes, toutes choses qui étaient à ses yeux autant de manifestations de l'idolâtrie et qui étaient si répandues dans les villes chrétiennes du Moyen Age.

 Des différenciations existaient et existent encore, bien sûr, entre les deux éléments juifs et musulmans, mais combien étaient-elles atténuées par les exemples, d'ailleurs bien connus que nous venons de rappeler, voilà ce qu'on ne mesure peut- être pas assez.

 En somme, la personnalité du Musulman était plus perméable au Juif que ne pouvait lui être celle du Chrétien et inverse­ment, le particularisme Juif ne pouvait jamais heurter un Musulman. Dès lors, on comprend qu'autant le Juif des pays chrétiens avait ten­dance à rechercher son propre isolement, son éloignement d'une vie commune avec son voisin non-Juif, autant celui des pays d'Islam n'y voyait pas d'inconvénient majeur.

 Vis-à-vis du monde extérieur, le comportement du Juif de la chrétienté ne pouvait qu'être différent de celui de son coréligionnaire des pays d'Islam et leurs mentalités à ce point de vue particulier, avaient fini par se différencier. Le Profes­seur Cécil Roth a signalé un fait caractéristique de cette disparité, fait qui semble aujourd'hui paradoxal: en Italie, une fête annuelle fut pendant longtemps observée pour célébrer l'établissement du Ghetto.

 Par contre, au Maroc, comme nous allons le voir, chaque création d'un Ghetto, était regardée par les intéressés comme un très grand malheur. Par ailleurs, si en Europe des chefs spirituels juifs encourageaient les communautés à se grouper et s'isoler, il n'est jamais arrivé qu'un tel encouragement ait été donné aux Juifs des pays musulmans.

 A ma connaissance, il n'y a pas de "Takana" ou de "Haskama" nord-africaine qui ait interdit ni même conseillé aux Juifs de ne pas vivre au milieu des autres citadins; et c'est malgré eux que les Juifs de quelques villes marocaines avaient vécu dans des quartiers spéciaux que des sultans leur avaient imposes.

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