Les contacts entre le Maroc et les pays europeens au XIXe siecle-Ambitions de l'Espagne.

il-etait-une-fois le Maroc

Y eut-il une immigration d'Espagnols au Maroc?

Si l'on met de côté les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, il n'est pas possible d'affirmer qu'il y eut une émigration massive des Espagnols de la Péninsule. Les Espagnols au Maroc comprenaient les militaires qui formaient une caste à part, les fonctionnaires civils et les autres résidents qui étaient venus s'installer au Maroc après présentation d'un contrat de travail ou de preuves de subsistance. Mais il faut se rappeler que la principale colonie espagnole était installée dans l'Oranais. De fait, la majorité des habitants européens de l'Algérie (près de 300 000 personnes) étaient originaires de l'Espagne. Au Maroc, il y avait toujours eu des commerçants espagnols dans les villes portuaires. Leur nombre baissa après la guerre hispano-marocaine de 1860, puis augmenta graduellement par la suite. Après le Protectorat proclamé en 1912, l'émigration fut plus importante. En 1918, il y eut un peu moins de 70 000 Espagnols dont 60 000 résidaient dans les enclaves de Ceuta et de Melilla. Une fois la guerre du Rit finie en 1927, l'émigration reprit avec toutefois un certain ralentissement durant la guerre d'Espagne entre 1936 et 1939. Au début des années cinquante, il y eut près de 80 000 personnes dans le Rif, 20 000 personnes à Tanger, 50 000 personnes dans la zone du Protectorat français et 130 000 personnes à Ceuta et Melilla. A l'exception de ces deux dernières villes, la présence des Espagnols au Maroc diminua substantiellement après l'indépendance marocaine en 1956.

Coups de poing diplomatiques de l'Allemagne

Quand les relations germano-marocaines débutèrent-elles?

L'architecte de l'Empire allemand Bismarck ne voulait pas disperser les forces de l'Allemagne dans les colonies. Il préconisait de laisser les entreprises coloniales à des initiatives privées. Il privilégiait des relations directes avec le sultan du Maroc. Le sultan Hassan Ie fut intrigué par l'Allemagne suite à la défaite de la France à Sedan en 1871. Une ambassade marocaine conduite par le Gouverneur de Safi Taïbi Benhima fut dépêchée à Berlin en 1878. Ce dernier avait déclaré que le sultan « avait plus confiance dans l'Allemagne que dans aucune autre puissance » et cette déclaration de statut spécial de l'Allemagne au Maroc alerta les Français et Britanniques. À cette époque, Hassan Ie souhaitait réformer ce système de protection. Plus précisément, il cherchait à annuler l'article 11 du traité de 1767 lequel stipulait que la France pouvait établir au Maroc autant de Consuls qu'elle voudrait et ceux qui sont au service des Consuls, secrétaire, interprète, courtier ou autres, seraient libres de toute imposition et charge personnelle. Ce voyage à Berlin contribua peut-être à la tenue de la Conférence internationale de Madrid de 1880 qui réforma le système de protection. Une seconde délégation conduite par le gouverneur de la Chaouia Ben Rechid se rendit en Allemagne en 1889 et un an plus tard, une délégation allemande d'une vingtaine de personnes se rendit à Fès et l' ambassadeur Tattenbach conclut un traité de commerce germano- marocain.

Bismarck fut écarté des affaires par Guillaume II en 1890. Son successeur Caprivi partageait les mêmes opinions : en matière de colonisation, « il est urgent d'attendre.» Ce fut Hohenlohe- Schillingsfürst, qui remplaça Caprivi en 1894 qui tenta d'engager Allemagne dans une véritable politique coloniale à la fin du XXe siècle. Bien que l'Allemagne désirât nouer des relations étroites avec le Maroc, elle n'hésita pas, à la manière des autres puissances navales, à user de la manière forte. Lorsque le premier Allemand établi à Casablanca Franz Neuman fut tué en 1894, l'Allemagne dépêcha un croiseur au large de Tanger. Lorsqu'un autre voyageur de commerce du nom de Rockstroh perdit la vie en 1895, des navires furent dépêchés à Tanger, Safi, Rabat et Casablanca. L'Allemagne qui représentait alors la Hollande au Maroc, exigea des indemnités pour l'attaque du brick hollandais Anna par les Rifains. Le Makhzen s'inclina et indemnisa l'Allemagne.

L'Allemagne tenta sa chance aux colonies malgré l'opposition de la France et de l'Angleterre

La visite surprise de l'Empereur Guillaume II à Tanger en mars 1905 et la présence de la canonnière allemande Panther à Agadir en avril 1911 faisaient partie de la volonté allemande de se faire une place dans les colonies. Or les puissances européennes ne voyaient pas d'un bon œil ces ambitions allemandes, non seulement parce qu'elles ne voulaient pas partager la domination des colonies, mais aussi car elles craignaient que la puissance militaire allemande, déjà dominante sur le continent européen, ne puisse disposer d'atouts stratégiques en dehors de ce continent. La France en particulier, vaincue lors de la guerre de 1870 au terme de laquelle elle perdit l'Alsace et la Lorraine, entretenait une sensibilité épidermique en ce qui concernait les rapports avec l'Allemagne. L'Angleterre visait à conserver sa suprématie de sa marine des mers et à contenir l'Allemagne.

La visite de Guillaume II à Tanger eut un grand retentissement

La visite surprise de l'Empereur Guillaume II à Tanger en mars 1905 qui mit en exergue l'indépendance du Maroc, pays libre, fut un coup de poing diplomatique de l'Allemagne délaissée. À Tanger, Guillaume II déclara à Moulay Arafa, oncle du sultan Abdelaziz : « C'est au sultan du Maroc, Souverain indépendant, que je fais ma visite et j'espère que, sous sa haute souveraineté, un Maroc libre sera ouvert à la concurrence pacifique de toutes les nations, sans monopole et sans annexion, sur le pied de l'égalité absolue.» L'Allemagne proposa alors la tenue d'une conférence internationale à Algésiras en 1906. Dans cette conférence de treize pays, l'Allemagne ne fut soutenue que par l'Autriche-Hongrie. Les États-Unis s'en tinrent seulement aux clauses garantissant la liberté de commerce. La France et l'Espagne s'attribuèrent de façon implicite des droits particuliers sur la police des ports marocains et un Français fut chargé de présider la Banque du Maroc. Ces dispositions étaient liées au fait que l'état marocain avait contracté à la France un prêt substantiel en 1904, pour financer la répression militaire contre le rebelle Bou Hmara. Il y avait en outre une vague promesse de liberté économique au Maroc qui n'engageait en rien les puissances. Dans les faits, le Maroc s'engageait à protéger des intérêts européens, chose qu'il ne pouvait assurer, ouvrant la voie à des actions de représailles ou de domination du Maroc par les Européens.

Le mécontentement allemand s'exprima tout d'abord de façon sourde. En 1908, les agents consulaires allemands au Maroc encouragèrent les soldats de la Légion étrangère à déserter, ce qui résulta en menaces de part et d'autre. C'est alors que l'Allemagne demanda et obtint le 9 février 1909 le principe de l'égalité économique au Maroc puis la formation d'un consortium pour l'exécution de grands travaux au Maroc. C'était une façon indirecte d'admettre un contrôle politique limité de la France tout en garantissant la liberté économique. Mais dans la pratique, il n'en résulta rien. De fait, le monopole du commerce fut réservé à la France. Dans l'esprit des négociateurs allemands, il s'agissait de se partager un certain nombre de monopoles alors que pour les négociateurs français, il s'agissait de garantir un libre marché. Dans les faits, 72% du commerce marocain se faisait avec la France et le Maroc et seulement 13% se faisait avec l'Allemagne. Les diplomates allemands réalisèrent qu'ils s'étaient fait leurrer et qu'ils ne pouvaient compter sur le principe de l'égalité économique sans implication politique sérieuse.

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