ארכיון יומי: 14 בינואר 2024


La vie et l'impact de Rabbi Refael Baroukh Toledano- Une ville assiegee

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La nuit du sèder de cette année- là, les habitants de Meknès la passent à implorer D. de les protéger. Il est hors de question de sortir du mellah pour les besoins de la fête, et donc les marchands arabes ont apporté les produits nécessaires à la porte du mellah. À l’aube du second jour de ‘Hol hamoèd, un Chabbath, les craintes se réalisent : une foule de rebelles excités vient assiéger la ville et, après un bref combat, parvient à s’y infiltrer. La « ville aux cents minarets », comme on appelle Meknès, tombe entre leurs mains.

C’est une mêlée ensanglantée. Les insurgés détruisent et pillent tout ce qui leur tombe sous la main, s'attaquant aussi bien aux Juifs qu'aux citadins musulmans. Grossis par la pègre de la ville avide de participer au pillage, ils entreprennent de saccager systématiquement les trois cents boutiques juives de la ville, situées en dehors du mellah dans les quartiers commerçants musulmans. Ils s’emparent de tout, même des portes et des dalles des boutiques. Non contents de s’approprier les biens, ces barbares veulent aussi s’en prendre à la vie. Dans les ruelles du mellah, ce ne sont que pleurs et hurlements et, dans les batei kenesseth, on entend le son poignant du chofar, les prières invoquant les treize Attributs de Miséricorde, des seli’hoth et les supplications pour que D. révoque les mauvais édits.

Le lendemain, en pleine prière du matin de ‘Hol hamoèd, des coups d’artillerie se font entendre. Le bruit est infernal et les balles fusent. Les fidèles, obligés de se disperser, vont chercher abri là où ils peuvent, parfois dans de vieilles maisons qui s’écroulent peu après. Un jeune homme, Yehocboua Parienti, atteint par une balle, trouve la mort, Hachem yikom damo.

Un groupe de Berbères masqués s’approche des portes du mellah pour les briser de leurs haches. Mais, du haut des murs du mellah, un tir de feu les surprend : une poignée de Juifs tente de défendre la place avec quelques fusils qu'ils savaient parfaitement manier. Les Berbères reculent, en laissant six morts derrière eux, mais ils ne tardent pas à revenir à la charge, accompagnés de renforts.

Le sixième jour de ‘Hol hamoèd, les munitions, dans le mellah, sont sur le point d'être épuisées. On demande à tous d’apporter leurs ustensiles de cuivre et en plomb aux différents orfèvres pour qu’ils en fassent des balles. Les Berbères reviennent sans cesse vers les murailles, mais on parvient à les repousser. Au mellah, ceux qui n’ont pas d’armes se réunissent pour prier et invoquer la miséricorde divine.

En ces moments de terreur et d'angoisse, Rabbi ‘Hayim Messas était sorti sur la place publique, face à la panique générale, pour implorer le Maître du monde d’avoir pitié d’un peuple démuni et misérable, et l’épargner ! Rabbi ‘Hayim était un véritable saint et on lui attribuait de nombreux miracles. Son visage rayonnant et sa barbe immaculée le faisaient ressembler à un ange. Poussant un gémissement venu du fond du cœur, il s’était laissé tomber face contre terre en invitant la foule à se repentir ; « Mes très chers frères, les avait-il exhortés, repentons-nous de tout notre cœur ! Peut-être D. nous sauvera-t-Il et ne périrons-nous pas ! »

« Chema Israël, écoute Israël, HaChem est notre D., HaChem est Un » avait poursuivi Rabbi ‘Hayim, afin que tous répètent après lui. Puis il avait entonné le psaume 20, si souvent récité par le peuple juif : « D. t’exaucera en temps de détresse… » à voix haute, verset après verset, et l’assemblée avait répété après lui, le visage couvert de larmes.

Et tout à coup, cela avait été le miracle ! Une panique soudaine s’était emparée des assaillants qui se dispersèrent en désordre. Plus tard, les Juifs de Meknès raconteraient qu’en fait, Rabbi ‘Hayim Messas avait donné sa vie pour eux… Car, relativement peu après ces événements – environ un an plus tard – Rabbi ‘Hayim avait soudain rendu l’âme, le huit Tamouz 5664 (1904).

Et une fois de plus, D. ayant entendu les prières, il y a une fuite précipitée des rebelles. Peu après, on entend des cris de joie provenant du palais. Un nouveau roi vient sans doute d’être nommé et il s’empresse de ramener l’ordre. Un messager est bientôt dépêché au mellah : le nouveau souverain a besoin d’un sceau, et nul n’égale les orfèvres juifs pour fabriquer de superbes sceaux d’or fin…

Telle était la vie des Juifs de Meknès : presque sans transition, après avoir voulu les faire disparaître, on les appelle à l’aide…

Après la fin des combats, le mellah peut évaluer la mesure des dégâts. Les boutiques incendiées brûlent encore et les ruines barrent le passage, mais on se console en pensant au nombre peu élevé de victimes.

Le danger n’est cependant pas encore écarté. On évite de se déplacer en cette période trouble, mais un mois après Pessa’h, un Juif porteur de mauvaises nouvelles arrive de Fès. Il est venu prévenir ses frères que les troubles ne vont pas tarder à reprendre, selon certaines sources, à cause des Allemands. Selon d’autres, un Musulman extrémiste cherche à soulever le Sud du pays. Le soulagement ressenti à l’issue de Pessa’h s’avère avoir été prématuré.

La veille de Chavouoth, Meknès se remplit à nouveau d’une foule de Berbères et autres tribus du désert. Les portes du mellah sont de nouveau attaquées. Le bruit court que des forces françaises sont en route pour Meknès, et de nombreux Musulmans affluent vers la ville pour la protéger contre l’envahisseur chrétien. Le mellah suit ces préparatifs belliqueux avec appréhension, car tous sont bien conscients que leur vie sera en danger, quelle que soit l’issue des combats. Pour mettre toutes les chances de leur côté, les Berbères font appel à des sorciers et autres thaumaturges dans l’espoir qu’ils sauront neutraliser les armes sophistiquées des Européens. Aux vingt portes de la ville, on peut assister à d’étranges rituels et voir, entre autres, comment on sacrifie journellement une poule noire pour conjurer le danger à l'approche des troupes françaises, appelées en renfort par le sultan de Fès, Moulay Abdelaziz.

A l’intérieur du mellah, on redouble de précautions. Des sentinelles ont été placées sur les toits pour donner l’alerte en cas d'urgence. La nuit de Chavouoth, les Juifs du mellah, qui récitent le tikoun, ne cessent d’entendre, dans le lointain, les Berbères excités se préparant à l’assaut. « Nous nous occuperons d’abord des Européens, ont-ils promis, puis nous reviendrons régler votre compte ! »

Le jeudi douze Sivan, au matin, les guetteurs aperçoivent un vaste mouvement à l’horizon. On entend comme un grondement de tonnerre et des détonations retentissent. La nouvelle se répand à Meknès qu’il s’agit d’une explosion de joie des Musulmans face à la défaite des Français. Les habitants juifs, tendus, restent ainsi dans l’attente durant des heures, se demandant si les descendants d’Ismaël mettront leurs menaces à exécution ou si, au contraire, ce sont les Européens qui l’emporteront. Des nouvelles contradictoires se succèdent et personne ne sait que penser !

À trois heures de l’après-midi, des troupes bien ordonnées de cavaliers montés sur de puissants coursiers font soudain leur apparition. Leurs uniformes impeccables ne laissent pas le moindre doute : les Français l’ont emporté.

Il s’avère que quelques-uns des soldats français sont Juifs. Après avoir chaleureusement salué leurs frères barricadés dans le rnellah, ils leur crient, moitié en français, moitié en arabe, qu’ils sont venus les délivrer :

« Ouvrez ! crient-ils, ouvrez les portes ! Tout danger est écarté ! »

Cela faisait trois mois que les Juifs de Meknès étaient assiégés et que leur vie était en suspens. Ils allaient enfin pouvoir respirer et profiter de la lumière du soleil. À travers les nuages de poussière enveloppant le rnellah, les soldats français leur sont apparus comme des anges du salut.

« Pour les Juifs, ce fut la lumière et la joie… »… « et la ville de Meknès était en liesse ! » rapportera un témoin, paraphrasant le verset du livre d’Esther. Le Chabbath après-midi, les chefs de l’armée française, montés sur leurs puissants chevaux, pénètrent dans le rnellah et sont reçus par les Juifs avec joie et acclamation. Grande est la joie et « le calme revint dans le pays ».

Cette première rencontre entre les Juifs de Meknès et les soldats français – qui aspireront à prendre, quelques années plus tard, tout le Maroc sous leur protection – fut un moment historique important. Désormais, le judaïsme marocain va devoir affronter des bouleversements matériels et spirituels lourds de conséquences…

Le tout jeune avrèkh, Baroukh Tolédano, est l’un des nombreux Juifs de Meknès sortis pour accueillir les Français. Comprenait-il déjà, en observant d’un regard perspicace les nouveaux dirigeants parlant une langue inconnue, les tournants qu’allait connaître le judaïsme marocain au cours des années à venir, et le rôle central qu’il aurait à jouer dans les combats qu’il faudrait mener ?

Une nouvelle ère avait commencé pour le judaïsme marocain.

La vie et l'impact de Rabbi Refael Baroukh Toledano Une ville assiegee

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