Samuel Daniel Lévy


(Un mi litant sioniste de première heure M Kagan-Samuel Daniel Lévy (1874-1971)

Rien n'est fait tant qu'il reste quelque chose à faire Samuel Daniel Lévy (1874-1971)

Dans ce recueil de témoignages, nous avons voulu permettre aux anciens de l'Alliance de témoigner de leurs expériences respectives. Nous nous sommes vite rendu compte que ces témoignages étaient tous empreints de nostalgie et d'admiration pour l'œuvre éducative de l'institution de l'Alliance. Les témoignages viennent d'originaires des grandes villes du Maroc tout comme Meknès, Mazagan, Marrakech, mais aussi des régions éloignées du bled marocain ainsi que de l'Irak et de l'Iran.

Un militant sioniste de première heure

La Fédération sioniste du Maroc est heureuse de voir rassemblée autour de son doyen militant de la première heure, notre cher S. D. Lévy, tant de précieuses sympathies et de sincères amitiés.

Ayant commencé son existence il y a 70 ans, le jour même où naquit le prestigieux guide du peuple juif, Haïm Weitzmann, notre grand ami Samuel Lévy peut être fier de l'œuvre accomplie en force auprès des masses juives du Maroc. Il fut un trésor de dévouement aidant ses frères qui souffrent. Doté d'une ingENIOsité intarissable dans sa lutte contre la misère physiologique et contre le fléau de l'ignorance, un vif sentiment de solidarité envers les multitudes juive dans leur aspiration au mieux-être matériel et moral, – voici quelques traits qui émaillent la biographie de notre ami, dont le parcours fut rempli de bonnes réalisations, de Maassim Tovim.

Mais ce qui le désigne tout particulièrement à notre fraternelle affection, ce qui fait l'originalité et donne la mesure de sa personnalité, c'est l'ampleur de sa vision en tant que juif, c'est la netteté de sa conception du judaïsme au Maroc comme l'une des tribus du vieil Israël, c'est son effort permanent et soutenu dans la lutte du Peuple Juif pour sa libération, pour une Géoula Shéléma.

Dans ce vaste domaine et sur ce plan d'importance, S. D. Lévy a consacré, pendant de longues années, le meilleur de lui-même, à l'œuvre juive par excellence, à l'œuvre primordiale du judaïsme renaissant, au Keren Kayometh Leisrael dont il fut le Commissaire Général pour le Maroc et qui réalise, avec le concours des juifs libres, c'est-à-dire des juifs aimant la liberté, l'implantation du juif sur la terre ferme, son enracinement dans le sol vivifiant de sa patrie historique, à l'œuvre grandiose de la délivrance, du peuple par la délivrance de la terre, Géoulat Ha'am 'Al  Yédé Géoulat Haarets.

Le rêve de S. D. Lévy, notre rêve – qui, de nos jours et sous les regards d'observateurs émerveillés a pris forme et devient réalité – est d'activer le triomphe de la Révolution sioniste qui brisera les murs de tous les ghettos, des ghettos sordides et des ghettos dorés, qui rompra les chaînes combien de fois séculaires de l'esclavage, et qui rivent les enfants d'Israël à de nombreuses Egyptes et qui ligaturent les âmes et consciences des frères affranchis, – qui les libérera du joug de tous les Pharaons, Haman et Hitler empoissonnant, à chaque génération, notre histoire dans la galouth. Vous êtes fasciné et attiré par ce grand retour du peuple dispersé vers sa source vitale d'où jaillirent des champs féconds, des usines grouillantes, des bateaux sillonnant les mers, de jardins d'enfants, écoles, musées, universités et laboratoires, des villages prospères et des villes modernes, une vie nouvelle dans le Néguev ranimée par le labeur courageux de nos enfants, par cette Révolution qui s'accomplit à l'ombre de notre majestueuse Yérouchalaïm et qui assurera à notre peuple laborieux et pacifique, assoiffé de dignité et à l'avant- garde de la fraternité des peuples libres, l'accomplissement de son destin suivant les lois que lui aura inspiré son génie propre.

Le Sionisme, a dit Théodore Herzl, c'est le retour au judaïsme avant le retour au pays Juif. Ce retour qui implique une conquête difficile, la reconquête de soi- même. Vous l'avez réalisé, mon cher Lévy en nous libérant graduellement mais franchement de l’emprise d'une certaine idéologie qui, pendant trop longtemps, imprimait une allure assimilatrice à la grande et belle Alliance Israélite.

Remontant la pente de son évolution vous avez réussi, obéissant à une saine intuition juive, à ranimer l'esprit des grands animateurs de l'Alliance, Adolphe Crémieux et Charles Netter qui, sionistes avant la lettre, promurent l'idée-force de la solidarité juive universelle et plantèrent, il y a 75 ans, le drapeau du travail agricole en Erets-hraël.

Votre action inspirée par l'amour de Sion et par une fidélité dynamique à Israël n'a pas peu contribué à entraîner, sur le chemin de l'honneur, les éléments jeunes, ardents et généreux, la véritable élite de notre population.

Conscient de la grave responsabilité incombant au Judaïsme marocain (le dernier atteint par l'action corrosive de Hitler et de Vichy est le premier libéré par les arrières alliés, vous fîtes, accompagné de deux jeunes représentantes du Maroc, le voyage d'Amérique au Congrès juif mondial pour apporter l'indispensable contribution de notre communauté marocaine à l'œuvre de redressement et de réparation, de sauvetage et de libération des restes d'Israël.

Nous souhaitons de tout cœur, cher ami Lévy, vous voir célébrer le fruit de vos entreprises sous les yeux de vos nombreux amis et témoins de votre œuvre, sous le ciel limpide et sur le sol béni. Du grand pays aux petites frontières, aux destinées duquel – s'il existe une justice sur la terre – présidera comme chef de la République Hébraïque libre, notre grand Haïm Weitzmann.

Ygal Bin-nun-Samuel Daniel Levy- Une figure emblématique du Judaïsme marocain d'origine espagnole-Brit No 29

 

Samuel Daniel Levy 

Une figure emblematique du Judaisme marocain d'origine espagnole – Ygal Bin-Nun 

Une figure emblématique du Judaïsme marocain d'origine espagnole

Samuel Daniel Lévy naquit à Tétouan le 4 décembre 1874. Il était de nationalité britannique qu'avait reçue son père installé à Gibraltar. Il fit ses études dans sa ville natale et à l'âge de quinze ans les continua à Paris, à l'école Normale Israélite Orientale d'Auteuil.

En 1893, il fut nommé instituteur à Tunis où il enseigna pendant un an, à Sousse pendant deux ans, à Tanger trois ans, et quatre ans à Casablanca où il fut directeur d'école. Dans cette ville il fonda la première école de filles au Maroc.

En 1900, il créa l'Association des Anciens Élèves de l'Alliance. Deux ans après, il fut nommé directeur puis inspecteur de la colonie Mauricio, dans la province de Buenos-Aires, en Argentine où il dirigea les écoles agricoles fondées par le Baron de Hirsch (Jewish Colonization Association). Sa carrière sociale et culturelle commença au lendemain de la première Guerre Mondiale. De retour au Maroc en 1913, pendant quarante ans et parallèlement à une carrière d'homme d'affaires, il créa ou participa à la création d'un nombre considérable d'œuvres sociales : l'association « Aide Scolaire » qui fournissait des repas aux enfants de familles déshéritées, des cours du soir et une des cours d'apprentissage. À partir de 1936 il s'attela à la fondation de centres médicaux comme le Centre Anti-Tuberculose, le Préventorium de Ben-Ahmed ainsi que la Maternelle et la Garderie.

Entre 1914 et 1918 il siégea comme membre du comité de la communauté juive de Casablanca. En 1916 il participa avec Jonatan Thurz à la création du journal L'Avenir Illustré. Au printemps 1935, il entreprit un premier voyage en Palestine sous mandat britannique en compagnie de Raphaël Benazeraf et de Salomon Kagan. Il effectua un second voyage en Israël en 1951) à la veille de l'indépendance du Maroc. Samuel Daniel Lévy a aussi milité pour la consolidation d'un Foyer National Juif et fut pendant 35 ans le président du Keren Kayemeth Leisrael.

 Dans le cadre de son activité sioniste, il assista aux assises du premier Congrès Juif Mondial en 1936 à Genève. En juillet 1944, il démissionna de la présidence de la Fédération Sioniste du Maroc et céda sa place à Paul Calamaro et Salomon Kagan. En novembre 1944, l'assemblée générale des associations juives marocaines nomma Samuel Daniel Levy comme chef de la délégation marocaine à la conférence du Congrès Juif Mondial qui s'est réunie à Atlantic City en décembre de la même année. A cette délégation prirent part Prosper Cohen, Menahem Murciano, Joseph Tolédano et Jacques Pinto. Les deux derniers étaient déjà des citoyens américains qui finançaient des œuvres de bienfaisances juives du Maroc. Lors de cette conférence Levy fut élu vice- président de la Commission Politique. C'est à cette époque que son idéal sioniste évolua en faveur de l'émigration vers Israël à laquelle il s'était opposé auparavant. Grâce aux contacts qu'il établit aux USA, il fonda en 1945 les écoles professionnelles de l'ORT et un an après les dispensaires médicaux de l'OSE. En 1952 il retourna aux USA pour une collecte de fonds destinés au fonctionnement de ces institutions.

Pour la diffusion de la langue hébraïque moderne, il créa en 1944 l'association Magen David, et au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en 1946, il fonda l'École Normale Hébraïque au quartier Oasis de Casablanca après que ses requêtes auprès de l'Agence Juive à Jérusalem restèrent sans effets. Cette école, sous la direction du rabbin Isaac Rouche à qui succéda Emil Sebban, forma de jeunes maîtres d'hébreu répandus au Maroc, en Europe et au Canada. A la mémoire de son professeur à l'école de Tétouan Abraham Ribbi, il créa un fond de Bourses pour étudiants. C'est aussi Levy qui créa la Fédération des Associations d'Anciens Élèves de l'A. I. U. au Maroc, le Centre Social du Mellah, l'Union des Association Juives de Casablanca et le Comité d'Études Juives.

Samuel Daniel Lévy mourut à Casablanca à l'âge de 97 ans, le 16 avril 1970. Un an après, à l'initiative du Président de la Communauté Israélite de Casablanca, l'ancien ministre Léon Benzaquen, l'institution « Home de Vieillards » prit le nom de S. D. Lévy. Avec ses prédécesseurs Moïse Nahon, Haïm Tolédano et Isaac Larédo, il reste une des figures les plus emblématiques du Judaïsme marocain du début du XXe siècle. À l'occasion de son 80e anniversaire, E Sikirdji publia une brochure éditée à Casablanca, sur l'essentiel de son œuvre : S. D. Lévy, Une belle figure du Judaïsme .marocain

Le 4 déc. 1885 a été inaugurée à Mogador une école de fille, où l'enseignement était en Anglais. Mme Stella Corcos dirigea cette école pendant plus de 40 ans. (Eliezer Bashan – Femmes de valeur juives au Maroc, pp 100) Stella Corcos et son école de filles ont été citées à plusieurs reprises dans Brit, surtout dans le numéro 25. (Ndlr)

Ygal Bin-nun-Samuel Daniel Levy- Une figure emblématique du Judaïsme marocain d'origine espagnole-Brit No 29-page 45-47

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