L'esprit du Mellah
Ainsi les historiens arabes précisent que Moulay Rachid fit son entree à Fès par le "Mellah des Musulmans".La Chroniquedes Juifs de Fès rapporte: "Après cela il y eut encore le lundi premier jour du mois de Iyyar 1616 grande supplication avec sonnerie de chofar sur les places publiques et à la porte du Mellah, au milieu des tombes des martyrsde la persécution de 5255, de même à la synagogue jouxtant la porte du Mellah des Musulmans …"
Les mêmes causes produisent les mêmes effets. La même alchimie qui a accolé aux quartiers juifs d'Europe le nom de Ghetto a joué sous le ciel marocain. Le premier quartier juif d Europe a eu pour cadre un quartier de Venise nommé El Ghetto et quand cette pratique s'est généralisée le nom propre est devenu nom commun.
De même au Maroc l’emplacement du premier Mellah a donne son nom aux autres au fur et a mesure de leur creation. Il est difficile de preciser a quelle date cette mutation s'est faite mais quand on rencontre pour la premiere fois ce nom dans un texte, on sent bien qu'il était déjà tres familier.
Il s'agit d'une lettre envoyee en 1541 pr un immigrant marocain etabli a Jerusalem et ecrivant à son frère resté dans la capitale marocaine "et je veux que tu saches que la Yéchibadu Mellah de Jérusalem est meilleure que toutes les écoles de tous les Mellahs du monde", comme s'il était évident qu'un quartier juif ne peut s'appeler que Mellah! : nom aux autres au fur et à mesure de leur création. Il est difficile de préciser à quelle . : mutation s'est faite mais quand on rencontre pour la première fois ce nom dans un texte, or. senz bien qu'il était déjà très familier. Il s'agit d'une lettre envoyée en 1541 par un immigrant marociu: établi à Jérusalem écrivant
Et pourtant les chroniques chrétiennnes continueront longtemps encore à ignorer ce néologisme typiquement marocain et appeler le quartier juif "Juifverie" en français et "Juderia" en espagnol. Ce n'est qu'à partir du 19ème que le nom s'impose définitivement.
Cet enfermement dans un quartier réservé — pour des raisons de sécurité et religieuses — s'il fut accueilli avec soulagement en Europe, fut considéré au départ à Fès comme "un exil amer et hâtif", au point que nombre de familles parmi les plus riches préférèrent la conversion au déménagement.
Le regretté David Corcos fait justement remarquer dans son excellente étude sur les"Juifs du Maroc et leurs Mellahs: "A ma connaissance il n'y a pas de Takana ou de Haskama nord-africaine qui ait interdit, ni même conseillé aux Juifs de ne pas vivre au milieu des autres citadins.
C'est malgré eux que les Juifs de quelques villes marocaines avaient vécu dans des quartiers spéciaux que les Sultans leur avaient imposés …" Mais avec le temps ils finirent par s'y complaire comme s'ils en avaient été les inventeurs, arrachant ce cri du coeur au rabbin Habib Tolédano au 18ème s.: "Que sont ces murailles du Mellah? La frontière entre le sacré et le profane".
Longtemps le Mellah de Fès resta dans son splendide isolement, l'exception pour une fois infirmant la règle. Ce n'est qu'en devenant la capitale de l'Empire que Marrakech eut droit à son tour à un Mellah. le second de l'histoire des Juifs au Maroc
En prenant le pouvoir, le Sultan Moulay Abdallah E^ Ghalib, ordonna la construction d'un quartier pour la population juive et chargea de l'éxecution le grand rabbin, Mordekhai' Benattar. Les méfiances religieuses autant que les considérations de sécurité ont sans doute orienté ce pas.
La légende populaire rapporte que ce rabbin emmura dans la porte do Mellah une cruche d'huile sacrée pour protéger le nouveau quartier des convoitises et des agressions et pieusement les Juifs continuaient, jusqu'à nos jours, à embrasser la porte en entrant et en sortant.
Quand Meknès à son tour devint la capitale, elle alla sur les traces de ses illustres prédécesseurs et en 1682 Moulay Ismael dota la communauté d'un beau site et lui ordonna d'y planter désormais ses tentes.
Puis il y eut un très long répit et ce n'est qu'au début du 19ème s. que le modèle d'habitat séparé fut généralisé à l'ensemble du Maroc sous le règne d'un souverain pourtant décrit par les chroniques juives comme un Hassid Musulman fervent, opposé à toute influence étrangère, Moulay Slimane voulut réduire an minimum le contact avec l'Europe et à l'intérieur du Maroc "il trouva bon que les Juifs vivent loin des Musulmans.
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