Il etait une fois le Maroc Temoignage du passe judeo-marocain David Bensoussan
Il etait une fois le Maroc
Temoignage du passe judeo-marocain
David Bensoussan
LES CROYANCES POPULAIRES
Parlons des sectes mystiques
Serait-ce une relique pai'enne de l'antiquite? Une tradition qui remonterait aux adorateurs du Baal et de l'Ashera des Pheniciens au cours desquels on se lacerait la peau tout en rentrant en transes, comme le firent les pretres du Baal que le prophete Elie avait confrontes sur le Carmel? Une copie des rites chiites? Une expression d'extase mystique a travers l'experience de la souffrance? II est difficile de savoir. Les redoutables Hmatsa tout comme les Aissawa, se tapaient la tete avec des boules de fer et, une fois en transes, se donnaient des coups de hache sur la tete.
Ils tournaient sur place telles des toupies, devoraient des serpents vivants ou un mouton cru tout entier, avalaient des objets heteroclites tels que des feuilles de cactus, du verre pile et des aiguilles, se saisissaient de braises et, dans leur frenesie, attaquaient ceux qui etaient vetus de noir et particulierement les Juifs. Ces itinerants se rendaient de ville en ville dans le royaume cherifien. Sidi Ben Hamdouj, patron des Hmatsa, vecut au debut du XVIIIe siecle. Sa tombe se trouve pres des sources sulfuriques de Zarhoun. Sidi Ben Issa pres de Meknes, decede en 1523 – 1524
fut le patron des 'Aissawa. Une fois depasse un certain seuil de l'etat de transes, les A'issawa se jetaient sur des betes qu'ils venaient tout juste de sacrifier et en devoraient la viande toute crue. Les Dghoughiyin qui se tailladaient le crane a coups de hache et autres instruments contondants venerent Sidi Ahmed Dhoughi qui fut un disciple de Sidi Ali Ben Hamdouj. II existait d'autres sectes tout comme les Sadiqiyin qui se frappaient la tete les uns contre les autres, les Riyaghir. qui s'enfoncerent des pointes de couteau dans le ventre et les Meliayin qui etaient des mangeurs de feu. Des descriptions vivides de ces pratiques extatiques peuvent etre trouvees dans les notes du capitaine Querleux dans les Archives marocaines de 1915
ou dans l'ouvrage Ce monde disparu de Mme Saint-Rene Taillandier, epouse de l'ambassadeur de France a Tanger au debut du XXe siecle.