Les veilleurs de l'aube-Victor Malka-2010-Piyoutim

Mon Dieu je te glorifierai (Elohaï aromimkha)
Mon Dieu, je te glorifierai Parce que ton fils, fruit de ta grâce Et qui a reçu ton sceau Tu l’as nommé Abraham !
Ses paroles sont rayons de miel,
Le peuple entier est derrière lui,
Il dit amen à tous ses ordres Le peuple du Dieu d’Abraham. Il
[1] est juste et juste est sa parole
Car le Tout-Puissant est à sa droite
Pour qu’il dirige jour après jour ses ouailles.
Père des peuples est Abraham !
Une étoile de justice (Kokhav tsedek)
Une étoile de justice pour les générations Sa lumière a brillé.
Abraham était unique parmi les hommes de son temps. Au printemps de ses jours, il connut l’Étemel Et vit dans son projet des illuminations.
C’était un sage sédentaire, non pas un militaire.
Et son nom n’était pas associé aux gens d’épée.
Son âme ne songeait qu’à réunir les foules Et à leur enseigner sa loi et ses leçons !
Voici donc Abraham – lion dans la forêt –
Célébré, entouré d’un petit groupe d’hommes
Montant à l’assaut, face à quatre monarques
Faisant taire leur épée par sa seule parole.
Dieu vivant et grandiose (El Haï ram)
Au Dieu glorieux et sublime, je veux chanter,
Je célébrerai à jamais son nom
Avec tambours et trompettes.
Oh, mon Dieu, réponds-moi
Tourne-toi vers moi et pardonne-moi.
Dieu de vie, libère-moi
Afin que je puisse te chanter !
Une pauvre éprouvée et malheureuse
Rejetée et prisonnière
Jusqu’à quand sera-t-elle méprisée ?
Dieu de vie et de grandeur !…
Vers toi mon Maître (Elekha koni)
Vers toi mon Maître qui habites les hauteurs
Je lève les yeux, à la façon d’un esclave vers son maître.
De grâce, viens à mon aide et tire-moi
De ces eaux meurtrières !
Libère un peuple pauvre
Des mains d’un ennemi cruel.
Car ta main est puissante…
Libère un peuple fidèle à sa promesse
Des mains de ses adversaires !
Et ramène le cœur des pères vers les fils […]
De grâce… (Anna Moni)
De grâce, mon oppresseur me domine.
Mon ennemi porte la main sur moi.
Il a fait de moi un errant.
Ramène-moi à ma demeure
Daigne me procurer de la joie
Que ta main me guide
Afin que je rejoigne ta maison sainte !
Un peuple étranger, dans sa cruauté,
A décidé de mon sort.
Il m’impose sa crainte,
Terrorise mon peuple et ma communauté.
Mon Dieu, écoute ma prière
De grâce, pardonne ma conduite
Car tu es mon rocher et mon sauveur.
C’est vers toi que toujours j’oriente mes prières
Vous gens du Maghreb (Atem Yotsé Maarav)
O vous, gens du Maroc, hommes de foi,
Soyez nombreux à glorifier Dieu, en ce jour de Mimouna.
C’est ainsi, au Maroc, depuis les temps anciens,
Que s’expriment les juifs, bénissant leurs amis :
Réussis donc, mon frère, sois heureux et prospère !
Les enfants du pays, selon leur tradition,
Jusqu’à nos jours encore, en terre marocaine,
Offrent aux juifs de beaux cadeaux.
Juifs et Arabes, tous réunis,
Chantent en chœur, l’âme réjouie.
Heure de joie (Sa’a haniya)
C’est une heure de joie, elle plaît à mon cœur !
Elle m’est très chère et à tout instant.
Le jour où le Maître des cieux a eu pitié de moi
Pour la première fois, m’a donné la Torah
Claire et pure, sans défaut ni oubli.
La Torah, je l’aime et je m’en prévaux,
Je la chéris toujours, elle est une richesse.
Et quand je la retrouve, mon cœur est apaisé.
En toute heure et en toute circonstance
Elle me fait oublier mes douleurs et mes peines…
Dodi yarad leganno (Mon amant est descendu à son jardin)
La séance des bakkachot commence régulièrement par ce chant-poème dont l’auteur est Haïm Cohen, un kabbaliste de Safed. Voici la traduction qu’en a faite le regretté Haïm Zafrani (extraits) :
Une voix appelle, mon amant frappe (à ma porte)
« Ouvre-moi, ma toute parfaite,
Les portes de Sion que j’ai tant aimée. »
Vers toi, mon amant, j’élève mon âme.
Pourquoi l’épouse de jeunesse est-elle répudiée ?
Naguère, en ton cœur, j’étais gravée, Et maintenant
C’est une prostituée que tu fais reine !
Ma fille, sois sans crainte, car je me souviendrai encore
[de toi,
Et d’une terre lointaine, je rassemblerai tes enfants
[dispersés.
Je te rebâtirai et tu seras restaurée dans ta beauté et ta
[splendeur.
Car tu es ma vraie sœur !
Ma douleur grandit chaque instant que je me souviens
[et me demande
« Comment l’esclave a pu ainsi prendre la place
[de la maîtresse,
Comment se déguise-t-elle (en épouse légitime)
Dans la joie de l’éternité, dans une végétation de délices ? »
Sache que je hâterai l’heure de la grâce,
Et tu puiseras dans l’eau vive de l’allégresse […]
Ah, mon Dieu ! Comme tu m’as humiliée !
Des cieux où j’étais, tu m’as jetée à terre
Par un jour de grand froid, c’est une parure (légère)
[qui me couvre
Alors que ma maison était tapissée de tenture de poudre
[…]
Tu es pur, tu n’es pas un Dieu qui aime l’iniquité
Qu’attends-tu donc pour être le juste et le sauveur ?
Quand me revêtiras-tu des vêtements de salut,
Du manteau de justice et de perles multiples ? […]
Priez, vous les vaillants et les forts, mes frères et toute
[ma nation,
Jour et nuit, à Dieu ne laissez pas de répit,
Jusqu’à ce qu’il reconstruise Sion et réunisse les exilés
[de mon peuple,
Des quatre coins du monde, dans la maison de mon délice
[•..]
Yedid Nefesh (Ami de l’âme)
Ce poème est un des plus importants de la veillée des bakkachot. Il est l’œuvre d’un kabbaliste de Safed, Elazar Azkari. (Trad. : Haïm Zafrani.)
Ami de l’âme, père miséricordieux,
Rapproche ton serviteur de ta volonté.
Ton serviteur courra comme un cerf,
Il se prosternera face à ta majesté.
Ton amour lui est plus doux que le miel vierge
Et plus agréable que tout autre délice.
Majestueuse et belle lumière du monde,
Mon âme est malade de ton amour.
Je t’en supplie, Seigneur, guéris-la,
En lui montrant les délices de ta splendeur.
Alors, elle sera plus robuste et plus saine
Et se réjouira d’une joie étemelle.
Forte et inébranlable et sûre, que ta miséricorde s’éveille,
Aie pitié du fils de ton bien-aimé !
Car il languit du désir
De voir la puissance de ta gloire.
Je t’en supplie, mon Dieu, délice de mon cœur,
Aie pitié et ne détourne pas ta face !
Révèle-toi, ô toi notre bien-aimé,
Et couvre-nous de la coupole de ta paix !
La Terre s’illuminera de ta gloire,
Nous exulterons et nous nous réjouirons en toi !
Ne tarde pas, ô bien-aimé, car le moment est venu
De nous accorder ta grâce, comme aux jours anciens.
Les veilleurs de l'aube-Victor Malka-2010-Piyoutim-128-138
06/05/19