ארכיון חודשי: פברואר 2022


Laredo Abraham-les noms des juifs du Maroc- Espinosa

 

איספינזה     Espinosa

Spinoza, De Spinoza

Nom dérivé d’une des localités de Espinosa dans les provinces de Léon, Burgos, Palencia, Santander, Valladolid ou Avila, dont le sens est : «Epineuse», désignant un endroit couvert de plantes épineuses.

Abraham Michael de Spinoza, fut président de la Communauté Sépharade d'Amsterdam en 1639

Michael de Spinoza, fils d’Abraham (1), commerçant à Amster­dam, mort en 1654

Baruch (Benedict) de Spinoza, fils de Michael (2), célèbre philo­sophe et critique biblique, né à Amsterdam en 1632, mort à La Haye en 1677. Fit ses études hébraïques, talmudiques et rabbiniques à la «Yeshiba Pereira». Il fréquenta l’école communale et, attiré par l’ambiance de liberté de pensée existante dans la capitale hollandaise, il étudia le latin, les mathématiques, la physique, la mécanique, l’astronomie, la chi­mie et la médecine. Ses opinions philosophiques exprimées publiquement, furent considérées comme hérétiques par les rabbins qui l’invitèrent à se rétracter. Mais, devant la fermeté de ses opinions et son refus à tout compromis, le «Beth Din» et la congrégation prononcèrent son excommunion le 27 Juillet 1656. L’influence considérable exercée par la philosophie ce Spinoza sur la pensée européenne pendant près de deux siècles, sort du cadre de notre étude. Parmi ses ouvrages, contentons-nous de citer son Ethique devenue très célèbre

Benjamin Espinosa, membre de l’académie rabbinique de Livour­ne au XVIIIe s. Auteur de Péri 'Es Hadar, rituel de prières pour cer­taines occasions (Livourne, 1752) et de Nephesh Nob, poésies et notes sur le Yad de Maïmonides, publié dans le Siah Yishaq d’Isaac Nunez Yaez (ib., 1766). D’autres de ses ouvrages existent encore en manuscrit parmi lesquels: Bet ha-'Eser, Qontres Yesod ha-Qiyyum, Sha'ar Binyamin et Neveh Qodesh

Natan Espinosa, réclame devant le «Beth Din» de Tétouan, en 1740, à Meïr Cohen, la somme de 450 «Ouqiat» (Onces) au profit des orphelins de son oncle Mosheh Espinosa qui avait été l’associé de son père Daniel

איעיש         (Ya'Ish) 'Esh

Iesh, Yaïche

Nom votif arabe: «Il vivra».

Voir: Abenhayim (No. 522).

Isaac Iesh, rabbin à Fès au XVIIe s., mentionné dans le Maré 'Enayim d’Elazar Bahlui

 

Ifenzar

Ce nom, de formation berbère, semble indiquer une origine géogra­phique.

 

איש ימיני    Ish Yemini

Issiminy, Essiminy, Ishimini

Ethnique de la tribu de Benjamin (Est II, 5).

Mardochée Essiminy, notable commerçant très respecté, membre de la Communauté de Marrakech XIXe-XXe s.

Meyer Essiminy, fils de Mardochée (1), «Mohel» distingué, prêtant bénévolement ses services à tous, a été membre du Comité de la Communauté de Marrakech aux oeuvres de laquelle il s’est toujours dévoué.

Salomon Essiminy, fils de Mardochée (1), commerçant à Marrakech.

 

  1. אשקאפא Escapa

Nom espagnol: «Fuit», «Echappe».

Cet appellatif était courant à Plasencia aux XlVe et XVe s

Salomon Escapa, accompagna l’Infant Don Alfonso en qualité de conseiller dans un voyage en Sardaigne

Joseph Ben Saiil Escapa, Grand Rabbin à Smyrne, né en 1569, mort en 1662. Il est connu pour avoir été le professeur du faux messie Shabbetaï Zebi et pour l’avoir excommunié. Auteur de Rosh Yocef, commentaire important sur les 4 Turim (Smyrne, 1657-1659) et de Teshubot Rosh Yocef (Francfort s/Oder, 1709), consultations juridiques

 

  1. אכסאס Akhsas

Ajsas, Aksas

Ce nom semble être dérivé de la tribu d’El-Akhsas, fraction de la tri­bu du Sahel dans le Sud-Marocain, près des Aït-Ba-Amar.

 

  1. בן אכסאס Ben Akhsas

Benaksas, Ben Ajsas

Même nom que l’antérieur, précédé de l’indice de filiation.

 

87.Ben Al-Ugashi    بن الوقاشي

Ben Lugashi, Ben Elugassi, Ben Lugassy, Ben Lougassy

Ethnique arabe de la ville de   Waqash (Huecas), dans la pro­vince de Tolède, ou de la tribu des Ouqasha, dans la frontière algéro- marocaine.

 

  1. الازرقي Alazraquï

Alazraki, El Azraqui, Lazraky, Lazraqui

Nom arabe ayant rapport avec la couleur bleue: «Le Bleuâtre», pro­bablement dérivé de la ville d’Alzarcon  au Portugal. Cet appellatif désigne également une personne aux yeux bleus.

Ce nom est représenté dans les anciens documents espagnols sous les graphies de Alazrach, Alazraq, Alazraque.

Une branche de cette famille est venue d’Angleterre s’installer au Maroc au début du

Alazrach, fils de Abulfath Abenalazar, de Saragosse, et sa famille font l’objet d’une lettre de franchise donnée par Don Pedro II, roi d’Aragon, à Tarragone, le 21 mars 1212

Shelomoh ben Alzraq, de la ville d’Alzarcon, écrivit en 1472 une copie enluminée du Y ad ha-Hazaqah de Maïmonides, à l’intention de Don Joseph ben David Ibn Yahya, Conseiller d’Alphonse V, roi de Portugal. Ce manuscrit est conservé au British Muséum de Londres

Salamon Alazraque et Caque Alazraque figurent comme pro­priétaires dans l’inventaire dressé en 1492 des biens laissés par les juifs de Hita, lors de l’expulsion

Hayyim Abraham Alazraqui, rabbin de Smyrne, mort à Jérusa­lem en 1794

Victor Alazraqui, commerçant, membre distingué de la Cham­bre de Commerce anglaise et de la colonie britannique de Tanger, au XXe s. Mort dans cette ville en 1968.

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Le rocher d'origine-Haim Shiran (Shkerane)&Fabienne Bergman

La troupe Melpothalie ne chômait pas et les pièces se succédaient. Après le drame sioniste, nous attaquâmes le répertoire classique, cher à notre directeur artistique. La première grande œuvre que nous avons montée fut Hernani et j’y jouais le rôle éponyme. Ce fut, semble-t-il, un succès. Nous n’avions alors pas conscience du défi que représentait pour des jeunes de seize ou dix-sept ans de jouer une telle œuvre. Maurice, lui, y tenait et le résultat ne fut sans doute pas si mauvais puisque c’est ce rôle qui me projeta sur la voie du métier de comédien. Suite à cette représentation, Maurice me présenta à France Ellys qui m'initia réellement à l’art dramatique au conservatoire de Meknés. C’est chez cette grande artiste et non moins grande pédagogue que j’ai appris à réciter Racine, d’une manière tout à fait particulière qui orientera ma carrière.

Près de cinquante ans plus tard, je suis revenu dans celte institution. Le bâtiment me parut alors bien plus délabré que le souvenir radieux que j’en avais gardé. En fouillant dans les archives, j’ai même retrouvé les résultats des examens de fin d’année, les noms de mes partenaires avec qui j’avais étudié pendant plus de cinq ans et les textes que nous jouions.

Après Hemani, la troupe Melpothalie, s’attaqua à Andromaque où je devais jouer le rôle d’Oreste. Cette représentation nous valut une critique dans la feuille de chou locale, Le Petit Marocain : « Les meilleures scènes d'Andromaque étaient inscrites au programme. Shkerane (Oreste, vivante image du remords, de la passion amou­reuse contrariée et de la fatalité tant mise en valeur dans le théâtre grec). Mlle Odette Ohayon, (Hermione pleine de contradictions et inconséquences classiques de l’âme féminine, surtout en amour) et surtout Perla Berdugo, (Andromaque, mère et veuve d’une dignité sublime) ont eu, avec des fortunes diverses, mais de manière très satisfaisante dans l’ensemble, la lourde tâche avec Dédé Mrejen (Pyrrhus épris et violent) de camper les héros immor­tels du grand Racine. Monsieur Maurice Benhamou et son comité doivent être remerciés pour cette excellente soirée, qui sera sans doute suivie de beaucoup d’autres, non moins brillantes. »

Ni plus, ni moins ! C’était donc la gloire.

Comment réagirais-je à présent en m’entendant décla­mer ces vers de Racine, contraignants et nobles, si diffi­ciles à bien dire? Je ne sais. Sourire indulgent, fierté arro­gante, étonnement ébahi ou désenchantement secret?

Mais la vie des groupes de théâtre n’est jamais idyl­lique et peu après je quittais Melpothalie et je créais ma propre troupe aux EI.

Le mouvement des Eclaireurs Israélites assumait au Maroc sa double vocation. D’une part, conserver dans la tradition juive, par la méthode scoute, les jeunes de cette génération charnière que les attraits de la culture française auraient pu mener à oublier leur identité et d’autre part, faire accéder à la culture française ces mêmes jeunes, qui bien que suivant pour la plupart un cursus éducatif fran­çais, étaient ancrés dans un milieu familial étranger à cette culture.

Issu d’une famille pauvre de l’ancien mellah, trimant déjà pour gagner ma vie et celle de ma famille quand les garçons de mon âge allaient au lycée, je n’avais pas suivi la formation scoute, linéaire et formative, du louveteau à l’éclaireur. Ceux qui avaient eu la chance de le faire venaient pour la plupart de familles aisées qui pouvaient se permettre les dépenses exigées pour les uniformes, les insignes et surtout les sorties et les camps. J’en étais d’autant plus jaloux que je me sentais exclu d’un univers excitant. J’ai mis beaucoup d’obstination à obtenir mon billet d’entrée dans ce monde réservé. C’est dire ma fierté quand j’ai pu rejoindre le mouvement vers dix-sept ans. Je travaillais alors chez Hadj Brahim, j’avais un bon salaire et je pouvais donc assumer moi-même tous les frais néces­saires. D’emblée, je suis devenu « chef ».

Car moi aussi je revendiquais cette double culture et utilisais mes talents à la promouvoir. Au conservatoire, je travaillais mes classiques, je m’appliquais avec France Ellys à acquérir la diction parfaite qui convenait à ces chefs-d’œuvre, ne rechignais pas à m’exercer pendant des heures pour effacer mon accent marocain, incompatible avec la perfection classique. Je n’en négligeais pas pour autant la culture juive et au mellah, avec ma nouvelle troupe, j’organisais des soirées culturelles et poétiques avec les moyens du bord, prémices de toutes celles que je devais faire des décennies plus tard, au centre ethnique multiculturel que j’ai créé à Tel Aviv, ou d’autres, plus modestes, au Centre Communautaire du DEJJ à Paris où j'ai travaillé étant étudiant, quelques années après ces pre­miers pas meknassis.

Les El m’ont un jour délégué au grand Jamboree scout arabe des années cinquante. Je devais monter une pièce pour enfants, cette fois en arabe classique. J’avais un peu appris cette langue à l’école de l’Alliance, je parlais couramment le dialecte marocain, mais diriger des jeunes dans une pièce en arabe littéraire était pour moi un véri­table défi. J’y travaillais si bien que je peux encore aujourd’hui déclamer des vers du poème d’Imrou El Qays, Kifa Nabki que j’avais récité au grand plaisir des responsables arabes qui dirigeaient le camp.

Ma vie aurait pu continuer ainsi entre les scouts, mon travail chez Hadj Brahim, mes cours au conservatoire et mes activités théâtrales au mellah, si le destin ne m’avait pas fait signe, justement par le biais de ces activités mul­tiples. Vers 1960, je fus sollicité par des professeurs du lycée Poeymirau qui suivaient avec moi les cours de France Ellys, pour mettre en scène Antigone de Sophocle dans les ruines de Volubilis. Le proviseur du lycée, Mon­sieur Bouchut, avait traduit la pièce du grec classique et il me proposait de la jouer avec des élèves et des professeurs de son lycée. Je devais jouer le rôle de Créon. S’ensuivit alors une longue période de répétitions intensives qui dura plus de six mois.

Le rocher d'origine-Haim Shiran (Shkerane)&Fabienne Bergman

עניינם של ימי פורים קטן בקהילות צפון אפריקה-אליהו רפאל מרציאנו

גירוש קנא

עניינם של ימי פורים קטן בקהילות צפון אפריקה

מאבקי הדמים בין הנוצרים והמוסלמים על אדמת צפון אפריקה השאירו תמיד קהילות ישראל שדודות ומתבוססות בדמם. הרב וידאל צרפתי רמז על כך וז״ל: … ומשנאינו שסו למו … עושים עצמם מריבים זה עם זה ודוחפים זה עם זה ומפילים עצמם על הישראלי כדי להרע לו…

הספרדים והפורטוגאלים היו הראשונים, בימי הביניים, אשר לטשו עינים לארצות אפריקה, ולכל מקום שם הגיעו הכובשים הללו, הם רמסו והתעללו באוכלוסיה היהודית חסרת המגן. לפורטוגאלים היתה מגמה של השתלטות על נקודות יישוב לאורך החוף המערבי של מרוקו, ולספרדים היתה יד חפשית לכבוש ערי החוף מטנג׳יר בצפון מרוקו ועד לוב.

תבוסת הנוצרים, משום כך היתה לגבי היהודים ענין של הצלה, לא פחות ולא יותר, מטבח אכזרי ויחס לא אנושי. מועד נפילת הכובש נקבע ליום שמחה והודיה לה', הוא יום פורים קטן. הרשב״ש דוראן מבטא היטב תחושת היהודים מול חיילים נוצרים, קרי ספרדים או פורטוגאלים, וז״ל: … מה יעשה הדיוט כמוני היום אשר שמועות רעות ממזרח וממערב הבהילוני… והעולה על כולנה פחד חיילות הנוצרים אשר חמתם שותה נפשי והרבו כחשי עד שהוצרכתי לכתת נפשי מעיר לכפר…

הרב אברהם גבישון מספר על אכזריות הספרדים ליהודי העיר תלמסאן, וז״ל:… בעת שנלכדה תלמסאן בידי עכו״ם שנת ותפול שב״ה ונהרגו ונשבו יהודים כמו ט״ו מאות נשמות וקצתם הלכו לפאס לבקש מהקהל הקדוש פדיון ולא יכלו מלט משא כל העם הזה לרוב הכמות והאיכות ר״ל לריבוי השבויים וליוקר המעות יותר מכדי שוויון וקצת מהשבויים ברחו קודם שנשבו אולי יצילו נפשם ונלכדו אחרי כן…

אנדרלמוסיה של ממש עברה על יהודי תלמסאן בימי הקרבות הרבים שידעה העיר כאשר נכבשה על ידי הספרדים, וזמן מה אחרי כן נכבשה על ידי התורכים.

ר׳ יוסף הכהן מספר את מעללי הקיסר קרל החמישי ביהודי תוניס בשנת 1535: … וילך קרלו הקיסר להלחם בטוניס … וילכדנה … ותצא מטוניס כל הדרה בעת ההיא והיהודים אשר נמצאו שם לרוב מהם ברחו המדברה ברעב ובצמא ובחוסר כל … ומהם הוכו לפי חרב בבא הערלים העירה ומהם הלכו שבי לפני צר … וימכרום לעבדים ולשפחות בארבעת כנפות הארץ…

נביאי ישראל גילו לנו שבמקום הרשע והרשעות שם הנקם והמשפט, כלל זה התקיים בקרלו הקיסר על אדמת אפריקה הצפונית שם התעללו הוא ואנשיו ביהודים ושם הוא ספג מפלה מצלצלת ! בשנת 1541 הקים הקיסר צי אדיר ויצא למסע כיבוש, אשר לו היה מסתיים בהצלחה, היה מכתיר את הקיסר כמגן ולוחם ראשון נגד האויב המוסלמי. ר׳ יוסף הכהן מתאר את המבצע: … ויואל הקיסר להלחם באלג׳יר ויאסוף אנשי חיל וצי אדיר לרוב וירד הימה … ובשנים ועשרים בו הגיעו אלג׳ירה ביום השבת … ויצאו אנשי הקיסר אל היבשה … ותבואנה אניות ספרד לעת ערב ועליהן חיל גדול … וכלי מלחמה …וסוסים לרוב מאד ובני האלים המנגחים ויהינו לעלות ההרה אשר אצל אלג׳יר וילכדוהו וירוצו עד החומות ויחנו על העיר סביב וישפכו עליה סוללות ותבא העיר במצור ותהי סוגרת ומסוגרת אין יוצא ואין בא ויראו היהודים אשר בתוכה יראה גדולה ויזעקו ותעל שועתם אל האלקים ולא אבה השחיתם … בלילה ההוא נדדה שנת המלך … ויולך ה׳ את הים ברוח קדים עזה כל הלילה … ויגער בים ויהמו גליו… וינועו אנשי הקיסר כשכור … ותשברנה חמשה עשרה מהמשוטטות ושתים מהגדולות ולאניות הבינוניות אין מספר גם בנשארות היתה יד ה׳… וינוסו מעליהן כאלף איש … ואשר ברחו אל היבשה הוכו לפי חרב … וגם מאנשי החיל אשר ביבשה היתה המגרעת ופיק ברכים וחלחלה בכל מתנים מפני הרוח והמטר אשר המטיר ה׳ ולא יכלו עמוד על רגליהם מקור ומרעה ומחוסר כל בעת ההיא ותהי צעקה גדולה בים וביבשה ביום ההוא אשר כמוה לא נהיתה מאז היתה אלג׳יר לגוי… וילחמו הישמעאלים את אנשי הקיסר אשר ביבשה דבר יום ביומו… וירא הקיסר כי מן השמים נלחמו… ויצר לו מאד … ויאמר בלבו עד מתי תהיה העיר הזאת אלינו למוקש אלכה אל ארצי לעת כזאת … ולמתים בים וביבשה אין מספר… אז ישירו יושבי אלג׳יר לאמר אשירה לה׳ כי גאה גאה סוס ורוכבו רמה בים ..

הקיסר ספרדי-גרמני מפורסם היה ביחסו העמלקי ליהודים ומשום כך תבוסת הנוצרי נתפסה בעיני יהודי אלג׳יר כישועה בעלת תוצאות מועילות לעם ישראל, והם צדקו מאוד, כי, מהיום ההוא, התנפץ לרסיסים החלום הספרדי לכבוש ארצות המגרב. יום התבוסה, ד׳ מר חשון שנת ש״ב לסדר "ברן יחד כוכבי בקר״, ״נקבע ליום פורים קטן הנקרא "פורים אנצארא״ או פורים הנוצרים.

באלג׳יר נהגו לציין ביום ד׳ מר חשון בשיר ובשמחה על ״אשר הצילם האל מיד אויביהם פעמים ושלש פעם ראשונה היתה שנת ער״ו ופעם שנית שנת עז״ר פעם שלישית שנת בק״ר אשר קמו עליהם צריהם …!

 

השתלטות פורטוגאל על נקודות יישוב בחוף האטלאנטי של מרוקו באה לקיצה, וזה קרה בשנת של״ח, לסדר ״מי של״ח ידו במשיח ה׳ ונקה״? מלך פורטוגאל דון סבסטיאן ובן בריתו המרוקאי מולאי מוחמר ערכו מלחמה נגד מלך מרוקו מולאי עבד אל מליק. צבא מרוקו ניצח וחיילי פורטוגאל נסו לכל עבר, שלושת המלכים נהרגו במלחמה.

יהודי מרוקו, אשר ידעו לאיזה סכנה היו נקלעים לו המלך הנוצרי היה מנצח, חגגו, וקבעו לזכר ההצלה יום פורים קטן הנקרא פורים סבסטיאנוס או פורים די לוס קריסטיאנוס.

יהודי טנג׳יר, טיטוואן, פאס ועוד מציינים יום זה, א׳ אלול בשירים ותשבחות וגם בשביתת מלאכה. השמועה בדבר מות סבסטיאן מלך פורטוגאל נפוצה בעולם היהודי והגיעה עד לצפת וקושטא, הרב יוסף מטראני מספר על כך: שנת השל״ט נראה כוכב יוצא זנב במערב ארבעים יום והיתה שוהה בשעה וחצי ושוקעת והיה הסימן לאיבוד מלך פורטוגאל שמו באסטייאן בהלחמו באפריקה. (תשובות ופסקי מהרי״ט החדשים, ירושלים תשל״ח עמי כ״ב).

 

תבוסת מלכי ספרד ופורטוגאל במקומות שם נקלטו צאצאי המגורשים היתה בעלת משמעות דתית גבוהה בקרב יהודי ספרד אשר התנסו, פעמים אין ספור, עם אויב אכזר וצמא לדם יהודי. הרב יהודה עייאש, רבה של אלג׳יר, סיפר על תחושת יהודי עירו לשמע בואם של חיילי ספרד:… בשנת התצ״ב היה בלבול גדול מחמת שמועות רעות שהיו רבים אומרים כי המלך של צפאנייא רוצה לבוא להלחם בעירנו בחיל גדול וביד חזקה אין די באר רוב ההכנות שהכין לו כלי מות ומחמת כך בעוונות הרבים הפסידו בני קהלנו סך עצום ונורא …

רבה של אלג׳יר לא הסתיר דעתו על הספרדים: …והורו לי כמה צדדי סכנה יש, סכנת הפסד ממון בלבד כי אם גם סכנת נפשות … ובפרט אלו הספניולים דהם צרים אכזרים כנודע ואף אם ננצל בדרך נס עדיין קרוב הוא ליפול ברשת השבי וקיימא לן דשבי קשה מכולם …

הסכנה מצד שודדי ים נוצרים בלב ים לא הרתיעה את הרב, אשר זכה לעלות לירושלים ולחיות בה. תקופה קצרה לאחר מכן ניסו שוב הספרדים את כחם ובשנת תקל״ה-1775 שמו מצור ימי על אלג׳יר, וכמו בנסיונות הקודמים מטרתם לא הושגה, הכח הספרדי נכשל אחר שהוכה קשות. יום י״א תמוז נקבע על ידי רבני אלג׳יר לפורים קטן נוסף וז״ל הרב אליהו ג׳יג: נהגו ביום י״א לחודש תמוז יה״ל עושין אותו יום פורים והוא משום מעשה נסים שעשה להם הי״ת על מה שקמו עליהם צריהם ביום הלז שנת קהל״ת כדי לעשות בהם ב״מ נקמה להשמיד ולהרוג ולאבד והיו בוכים אנשים ונשים וטף ומתפללים בדמעות שליש עד שריחם עליהם השי״ת והצילם מידם, ברוך פודה ומציל …

 

ימי פורים קטן בצפון אפריקה

בשנת תק״ף-1830 התחילו פעולות הכיבוש של אלג׳יריא, ומוסלמים רבים חשדו ביהודים שהם מושיטים סיוע לכובש הצרפתי. בימי כיבוש העיר ווהראן זממו המוסלמים לטבוח ביהודים, הדבר נודע ליהודים אשר הכריזו על תענית צבור כללי, והנה בלילה בו עמדו הצרפתים לכבוש העיר נמלטו המוסלמים מווהראן עוד לפני שהספיקו לפגוע ביהודים. מאז חוגגים יהודי העיר יום פורים קטן הנקרא פורים ווהראן.

שנים מעטות אחרי כיבוש אלג׳יריא עזבו כמאתים משפחות יהודיות את אלג׳יריא ועלו לארץ ישראל והתיישבו בעיקר בצפון הארץ. יש הרואים בצעד זה של יהודי אלג׳יריא סירוב לחיים משותפים עם הכופרים הנוצרים. אחרי כיבוש אלג׳יריא התחזק גל הגירת יהודים ממרוקו כאשר מאות משפחות עזבו מרוקו וחלק גדול מהם עלו לארץ והתיישבו בירושלים, בטבריה וביפו. שמועות הגיעו למרוקו בדבר כיבושה הקרוב על ידי הצרפתים. הפצצות הערים טנג׳יר ומוגאדור ע״י הצרפתים, בשנת 1844, הגבירה חששות יהודי מרוקו ממעשי איבה בין צרפתים ומרוקאים והדבר חיזק זרם יציאת היהודים ממרוקו.

 

בטנג׳יר נהגו לציין יום פורים קטן נוסף הנקרא פורים די לאס בומבאס (פורים של הפצצות), זכר להפצצת העיר ע״י אוניות צרפת בשנת 1844, ושכונת היהודים לא ניזוקה כלל .

בטיטוואן נהגו לציין עוד שני ימי פורים קטן : פורים קטן לזכר מותו של המלך האכזר מולאי יזיד צורר היהודים אשר הרג יהודים רבים בטיטוואן, ובמות המלך התקינו חכמי הקהל יום הודיה לה', כמו כן מציינים יהודי טיטוואן יום בריחת התושבים המוסלמים מן העיר בשנת 1860, כאשר צבאות ספרד כבשו את העיר .

 

בפאס ובמקנאס ציינו ימי פורים קטן מקומיים קשורים למאורעות בם מעורבים בעקיפין הצרפתים. בפאס בשנת תקצ״א מרדו בני שבט לאודאייא במלכות והשתמשו בשכונת היהודים כמקום התבצרות. יום פורים קטן זה נקרא פורים "דל קור״(הפצצות) והוא חל יום כ״ב כסלו.

בשנת תרכ״ב היה מרד בשלטון המלך, העומד בראש המרד היה פילאלי אל מעגאז, מוסלמי קנאי, ואנשי המורד התבצרו באיזור מקנאס. הם תכננו לפגוע ביהודי מקנאס אם וכאשר יבקשו עיר המלכות. בתקופת הכנת המתקפה, נרצח המורד, אנשיו התפזרו בכל הסביבה ויהודי מקנאס נשמו לרווחה. חכמי העיר קבעו יום י״ג באדר לפורים קטן הנקרא פורים דלמעגאז .

 

ר׳ יוסף בן נאיים כתב על יום ביטול מלאכה הנהוג בפאס, וגם עושים אותו מעין יום טוב מפני הנס שנעשה ליהודי פאס בשנת תרמ״ו, יום ההודיה הזה נקבע ליום ל״ג בעומר . צאצאי המגורשים מעיר סאראגוסה בספרד מציינים בתוניס, ביום י״ז שבט, את פורים סאראגוסה לזכר הנס שנעשה לאבותיהם בסאראגוסה כאשר זמם פקיד המלך להפיל בפח כל בני הקהל. המאורע התרחש בשנת ק״ץ-1420 .

בטריפולי מציינים יהודי לוב את פורים שריף ע״ש צורר היהודים ושמו חיל, איש צבא מתוניסיא, אשר בקש לכבוש העיר ולהחרימה מאיש ועד בהמה. המזימה לא עלתה יפה ויהודי טריפולי ניצלו מהרג – זה קרה בשנת תס״ה – 1705, ומציינים את הנס ביום כ״ג טבת, פורים קטן ע״ש שריף נקרא גם פורים כדבנא (פורים בשקר, לעומת פורים אסתר), כן מציינים יהודי טריפולי יום פורים בורגל לזכר הנס של יום כ״ט תקנ״ג-1793).

במצרים מציינים יהודי קהיר יום פורים קטן לזכר הנס של שנת רפ״ד-1524 כאשר מושל מצרים חשב לפגוע ביהודי קהיר .

יום פורים קטן האחרון, נקבע בקזבלנקה ביום כ״ב כסלו תש״ד, והוא לזכר הרחקת הסכנה הגרמנית מעל היהודים .

רוב ימי פורים קטן שנהגו לציין יהודי צפון אפריקה הם לזכר תבוסת ספרד ופורטוגאל בפרט, והנוצרים בכלל. הרב שמואל אבן דנאן ערך סדר השבח וההודאה ליום פורים קטן של שנת של״ח-1578 והוא מדגיש בסיפור המאורע את הצלת היהודים ממזימות סבאסטיאן מלך פורטוגאל וז״ל: …ובאותו יום מתו ג׳ מלכים מולאי עבד אלמאליק … ומולאי מחמד … ושאבשטייאן מלך ליזבואה שלול, והי״ש הצילנו מידו… , וההצלה היתה מידי המלך הנוצרי!

הרב העורך סדר ההודאה הדגיש זאת גם באמירת הפסוקים הקשורים למפלת בני אדום, וז״ל:… חסדי ה׳ אזכיר תהלות ה׳ … מואב סיר רחצי על אדום אשליך נעלי … מי נתני עד אדום. באלקים נעשה חיל והוא יבוס צרינו… כה אמר ה' על שלשה פשעי אדום … ולא יהיה שריד לבית עשו… ונתתי את נקמתי באדום ביד עמי ישראל…

רגשות הנקם באויב הנוצרי מצויים בסדרי ההודאה לימי פורים קטן בצפון אפריקה, וזאת לפני בא יום הגדול אז יעלו מושיעים לשפוט את הר עשו.

 

עניינם של ימי פורים קטן בקהילות צפון אפריקהאליהו רפאל מרציאנו

Joseph DADIA-La beaute des femmes juives -1/3

 

LA BEAUTE DES FEMMES JUIVES

 

ורחל היתה יפת תאר ויפת מראה.

(בראשית כט,  21)

 

Rachel était belle de taille et belle de visage.

 

אביגיל : טובת-שכל  ויפת-תאר.

            (שמואל א, כה, 3)

Abigail était une femme pleine de bon sens et belle de tournure.

 

En souvenir de maman Fréha ז"ל

              Accorte et distinguée.

                                                          

Aux 18è et 19è siècles, des chroniqueurs et des voyageurs européens mettent  en lumière la beauté des femmes juives.

 Fred Hoefer note que le quartier des Juifs de Marrakech est occupé par environ deux mille personnes, qui ne peuvent entrer dans la ville que pieds nus. Les femmes juives sont la plupart blondes et d’une rare beauté.

 Le 14 septembre 1789, William Lemprière, médecin et voyageur britannique, débarqua sur la terre du Maroc pour prodiguer des soins au fils de l’Empereur, Meley Absulem (Moulay Abdeslam).  Il arriva à Maroc le 8 décembre 1789 et s’établit dans le quartier des Juifs, où il trouva un assez bon logement. Il était logé, écrit-il, chez des gens honnêtes, dans une maison spacieuse, bien éclairée dans un endroit retiré. Il nous a laissé dans son livre une description des femmes juives de Marrakech, dont l’habillement consiste dans une chemise de belle toile, avec un peu plus de recherche dans leur toilette que celle des autres villes. Elles font broder le bord de leur cafetan en or. Sous cette robe est le geraldittor (ou jupe) d’un beau drap vert qu’on brode souvent par le bas. Les jeunes filles tressent leurs cheveux ou les laissent pendre négligemment sur leurs épaules. Elles placent avec assez de goût et d’élégance des guirlandes de fleurs dans leurs cheveux. Leur cou est paré de colliers de grains, et elles ont à leurs doigts des anneaux d’or ou d’argent. Elles portent des bracelets aux bras et au bas de la jambe. Les plus opulentes ont des chaînes d’or ou d’argent pour leur servir de ceinture. Les femmes juives de Maroc sont communément blondes et fort belles, et se marient très jeunes.

Ali Bey Al Abbassi a écrit un livre qui relate avec force détails sa visite au Maroc.  Il parle de la beauté des femmes juives de Tanger  et de la beauté des femmes de la juiverie de Maroc (Marrakech). A noter qu’il n’emploie pas le mot mellah.

« Les Juifs du Royaume de Maroc vivent dans l’esclavage le plus affreux. C’est une circonstance particulière à Tanger, que les Juifs habitent conjointement avec les Maures, sans avoir un quartier séparé, comme cela se pratique dans les autres villes où domine l’islamisme ; mais cette distinction même est la cause de mille désagréments pour ces malheureux : elle excite plus fréquemment des motifs de disputes, dans lesquelles, si le Juif a tort, le Maure se rend justice lui-même ; et si le Juif a raison, s’il va se plaindre au juge, celui-ci penche toujours du côté du musulman… Malgré cela, les Juifs font un commerce considérable au Maroc ; et à plusieurs reprises, ils ont pris les douanes à ferme. Mais il arrive presque toujours qu’ils finissent par être pillés, soit par les Maures, soit par le gouvernement …  Les Juifs sont à Tanger les principaux artisans ; ils travaillent cependant beaucoup plus mal que le plus mauvais ouvrier européen. On peut de là se faire une idée de la grossièreté des artisans maures. … La beauté est assez commune parmi les femmes juives ; il y en a même de très belles : ce sont elles  qui ordinairement deviennent les maîtresses des Maures ; ce qui contribue quelquefois à la réunion des deux sectes  ennemies. Leurs couleurs  sont extrêmement belles ».

Voilà pour Tanger, ses juifs et ses femmes.

Qu’écrit-il sur les juifs et les femmes de Marrakech ?

« La Juiverie, écrit-il, ou le quartier des Juifs, qui a aussi son enceinte particulière de près d’une demi lieue de tour, est placée entre l’enceinte du palais et la ville. Ce quartier est à demi ruiné, comme les autres ; on y trouve seulement un marché bien approvisionné. La porte en est fermée pendant la nuit et les samedis, et gardée par un kaïd. On compte deux mille Juifs logés dans ce quartier ; quel que soit leur âge ou leur sexe, ils ne peuvent entrer dans la ville que nu-pieds. Ils sont traités avec le plus grand mépris ; leur costume, qui est de couleur noire et de l’apparence la plus misérable, est le même que celui qu’ils portent à Tanger. Leur chef, qui paraît être un bon homme ; et qui est venu chez moi plusieurs fois, est habillé aussi pauvrement que les autres. Les femmes de cette secte vont dans les rues à visage découvert ; j’en ai vu de très belles, et même d’une beauté éblouissante : elles sont ordinairement blondes. Leurs figures, nuancées de rose et de jasmin, charmeraient les Européens. On ne peut rien comparer à la délicatesse de leurs traits, à l’expression de leur figure, à la beauté de leurs yeux, aux charmes et aux grâces qui sont répandus sur toute leur personne ; et cependant ces modèles de beauté qui présentent la réunion de tout le beau idéal des statuaires grecs, ces femmes sont l’objet du mépris le plus avilissant ; elles marchent aussi nu-pieds,  et sont obligées de se prosterner aux pieds richement décorés d’horribles négresses qui jouissent de l’amour brutal ou de la confiance des musulmans leurs maîtres. Les enfants mâles des Juifs sont beaux quand ils sont jeunes, mais ils s’enlaidissent avec l’âge ; en sorte qu’on ne voit presque pas un Juif de bonne mine. Serait-ce un effet des souffrances de l’horrible esclavage dans lequel ils vivent ? Les Juifs exercent seuls plusieurs arts ou métiers ; ils sont les uniques orfèvres, les seuls ferblantiers et les seuls tailleurs qu’il y ait à Maroc. Les Maures sont seulement cordonniers, charpentiers, maçons, serruriers et tisserands de hhaïks ».

Dans sa relation de voyage dans l’Empire de Maroc, Charles Didier rapporte que, dans cet Empire, malgré le mépris et les vexations qu’ils subissent, les Juifs sont nombreux. Ils y sont plutôt tolérés qu’acceptés, et on leur vend cher cette tolérance. Je le cite : « Parqués dans leur quartier, j’ai presque dit leur ménagerie, et enfermés la nuit comme des bêtes fauves, ils vivent là sous la discipline d’un kaïd hébreu, élu par eux, mais soumis à un cheik ou ancien, nommé par le sultan. Ils ont le libre exercice de leur culte, auquel ils sont fort attachés, et se gouvernent d’après leur loi … Par un phénomène qui ne s’explique que par la différence des occupations, les femmes juives ont échappé à la dégénération physique dont les hommes sont frappés : elles sont aussi belles qu’ils sont laids. On ne saurait voir nulle part des têtes plus parfaites, plus idéales, et l’on se demande avec surprise comment de tels pères engendrent de telles filles. Pourquoi faut-il que de si charmantes fleurs soient jetées en pâture à de pareils êtres ? La beauté des Juives, comme la laideur des hommes, a un cachet original qui ne se retrouve en aucun lieu. C’est l’éclat oriental uni à la finesse européenne, le point où les deux types se rencontrent et se confondent. La délicatesse des traits est surtout remarquable, et la coupe du visage, sans être la coupe grecque ni la coupe romaine, participe de l’une et de l’autre ; elle est moins pure que la première, elle est plus gracieuse que la seconde. Toutes les Juives ont de beaux yeux noirs pleins de flamme, et la peau très blanche ; elles sont de moyenne taille, mais sveltes et bien faites. N’étant pas soumises, comme les hommes, à une livrée uniforme, elles ont pu conserver le costume de leurs mères. Cet habit, riche et brillant, leur sied à ravir ; il prend bien les formes et rehausse singulièrement leur beauté. Leur jupe, faldeta, de couleur voyante, est ouverte par le bas et ornée de deux larges revers brochés en or qui se renversent sur le genou ; leur corset, punta, de drap ou de velours, également brodé en fil d’or, se lace sur la poitrine, et elles passent par-dessus le caso, espèce de gilet, vert, rouge ou bleu, qui n’a pas de boutons, et flotte librement des deux côtés. Le caso est brodé comme le reste. Les Juives n’ont d’autres manches que celles de la chemise, lesquelles sont larges et pendantes, de manière à laisser voir le bras jusqu’au coude. Leurs petits pieds nus se cèlent dans des pantoufles rouges. La siffa est un diadème de perles, d’émeraudes et d’autres pierres précieuses, qui s’attache sur le haut du front et couronne dignement ces gracieuses têtes. Les jeunes filles portent leurs cheveux à longues tresses, comme les Bernoises. Les femmes mariées les coupent ou les cachent. Cet ensemble est pittoresque ; cet éclat, cet or contrastent avec les couleurs sombres auxquelles les hommes sont condamnés ».

Le voyageur français, F. Schickler, n’a visité que la ville de Tanger. Il est frappé par le fait que les Arabes montrent le poing aux Juifs et les rançonnent quand ils le peuvent : c’est l’éternel dissentiment entre Isaac et Ismaël. Durant son séjour, il est invité à un mariage que célèbre une des plus opulentes familles juives. Grâce à l’hospitalité orientale, il est parfaitement reçu au milieu des invités. Il raconte : « Déjà à la porte extérieure se tiennent quatre belles jeunes filles couvertes de pierreries et des plus éclatants costumes ; mais dès le seuil de la cour franchi, c’est un rêve féerique qui s’offre aux regards. La cour, aux formes mauresques, est remplie de dames juives dans leur plus somptueux costume, surchargées de magnifiques bijoux et portant sur la tête cette charmante coiffure que les juives d’Alger n’ont pas et que je n’ai vue qu’au Maroc. Elle est formée de deux fichus de couleurs, de rayures et d’ornements différents, dont l’un forme turban sur la tête, l’autre passe sous le menton et retombe derrière sur les épaules. Le soleil ici de nouveau ne manque pas à son rôle brillant ; il se joue sur ces étoffes éclatantes, sur ces pierreries, sur ces rayures d’argent, sur ces corsages de drap d’or, et ne s’arrête qu’au seuil de la salle étroite et longue où sont assis à l’ombre les plus vénérables des invités. Les hommes dînent ensemble dans une autre salle. Toutes les pièces sont blanchies à la craie, mais garnies jusqu’à la hauteur de cinq pieds d’une natte jaune et rouge se terminant par une corniche peinte et découpée ; ces corniches sont faites à Tétouan.

« Le soir, j’ai fait une nouvelle visite aux juifs ; j’y ai trouvé la cour encombrée de curieux et de musiciens maures, et, dans la salle principale, une réunion de dames juives dont la parure, plus splendide encore s’il se peut que le matin, fait bien ressortir de véritables beautés. L’une d’elles, coiffée d’un turban bleu et or, porte une veste bleue et or sur une longue jupe rouge ; une autre est tout en rouge couvert d’or ; une autre en violet et fichu bleu foncé cachant entièrement les cheveux. Leurs bijoux sont splendides, surtout les pendants d’oreilles et les agrafes des cheveux ; autour de leurs tailles flexibles se nouent de longues et brillantes ceintures. De temps à autre, à force de prières, on obtient qu’une des jeunes filles danse ; c’est un pas lent et grave ; une main posée sur la hanche, fortement agitée, et les deux mains retournant entre elles un mouchoir, elle tourne lentement sur elle-même plusieurs fois, et la danse finit par un salut. A l’une des extrémités de la salle, étendue sur un lit de repos, les nouveaux mariés reçoivent les félicitations de leurs amis ; à l’autre extrémité on sert les rafraîchissements. Vers dix heures, beaucoup de dames se font envelopper dans leurs légers burnous et retournent chez elles  suivies d’un esclave : ces fêtes se prolongent cependant fort tard dans la nuit ».

 

Joseph DADIA

Kervenic-en-Pluvigner (56 Morbihan)

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Juifs du Maroc a travers le monde –Robert Assaraf- De la tragédie du Pisces à la reprise de l'émigration

juifs du maroc

Cette poursuite des opérations clandestines ne gêna pas les tentatives parallèles de reprise du dialogue au plus haut niveau, sans la participation – c’était une première – des grandes organisations juives internationales, comme le Congrès juif mondial ou l’Alliance israélite universelle. Dès son arrivée à Casablanca, en 1960, se faisant passer, avec son épouse, pour un riche couple de protestants anglais, Alex Gatmon se mêla à la haute société juive et non juive. Il se lia d’amitié avec David Amar et avec l’homme d’affaires Sam Benazeraf, militant du PDI. Dès la mort de Mohammed V, il chercha à entrer en contact avec l’entourage du jeune souverain pour entamer des négociations permettant de trouver une issue honorable à la question de l’émigration des Juifs, question qui empoisonnait l’atmosphère.

Sam Benazeraf s’en ouvrit à son camarade du PDI, le ministre du Travail Abdelkader Benjelloun, sensibilisé à ce problème car il avait été, quelques années plus tôt, l’avocat d’émigrants clandestins arrêtés et traduits en justice. Des négociations s’ouvrirent à Genève dans le plus grand secret, en mai 1961, entre Abdelkader Benjelloun et Alex Gatmon, lequel se présentait toujours comme un citoyen britannique, négociations auxquelles participa parfois l’ambassadeurd’Israël en France, Walter Eytan. En juin 1961, le ministre Benjelloun, après une étude du ministère de l’Intérieur et de la Police, apporta à ses partenaires dans la négociation un accord de principe, de la plus haute autorité marocaine, pour le départ organisé de 50 000 Juifs, moyennant quatre conditions :

Une discrétion absolue : les départs devaient se faire par les ports et les aéroports, en dehors des heures normales de travail.

Les départs devaient se faire officiellement vers le Canada, l’Amérique et l’Europe, en aucun cas vers Israël. L’organisation des départs serait confiée à une association n’ayant officiellement aucun lien avec Israël.

Le versement d’un dédommagement financier couvrait les frais exceptionnels de l’administration marocaine pour de tels départs.

Jusqu’à la conclusion d’un accord, toute activité clandestine devait cesser.

Si les trois premières conditions ne posaient aucun problème, la quatrième posait un cas de conscience au Mossad et au gouvernement israélien. Toutefois, en raison du caractère historique de cette opportunité, les autorités israéliennes décidèrent de s’y conformer, faisant confiance à la bonne foi connue des Marocains.

Les négociations pratiques furent très tendues et plusieurs fois interrompues, les Marocains ayant découvert des tentatives de passages clandestins à leurs frontières, contrai­rement à l’accord donné par le Mossad. Les discussions traînèrent pendant quatre mois, à l’issue desquelles un accord fut trouvé. Le dédommagement des frais des administrations chargées d’organiser et d’encadrer les départs spéciaux en groupes, fut fixé à 50 dollars par personne. Une première somme de 500 000 dollars fut versée à Genève entre les mains d’un responsable marocain agréé. LaHias (Hebrew Immigration Assistance Society), une organisation juive américaine spécialisée depuis quatre-vingts ans dans l’émigration juive vers le Nouveau Monde, et qui avait eu des bureaux au Maroc jusqu’en 1959, fut désignée pour servir de couverture officielle. Son représentant pour l’Europe, Raphaël Spanien, après avoir été reçu par le roi en présence d’Ahmed Reda Guedira et du général Oufkir, directeur général de la Sûreté nationale, fut chargé de la coordination de l’opération avec le plus haut niveau des autorités marocaines.

Il fut très vite convenu que les départs se feraient avec des passeports individuels pour la minorité de Juifs en disposant, et de passeports collectifs pour les autres. Cette disposition s’avérait nécessaire pour éviter les obstacles bureaucratiques et faciliter le départ collectif des habitants de certains villages ou de certains quartiers des grandes villes et permettait d’impliquer dans ces opérations le moins de fonctionnaires possible. Les passeports collec­tifs étaient délivrés par les seules directions du ministère de l’Intérieur et des services spécialisés de la Sûreté. Il s’agissait ainsi de garantir à tous ceux qui avaient décidé de partir la possibilité de le faire.

Du côté de l’administration marocaine, cette solution avait l’avantage d’éviter la séparation des familles et de prévenir les pratiques utilisées par l’Agence juive à l’époque du Protectorat, à savoir la sélection des éléments valides au détriment des malades, des vieillards et des invalides.

Le secret autour de cette opération fut bien gardé. Tout comme Mohammed V avait fait avaliser par le gouvernement, en octobre 1956, l’accord qu’il avait passé avec le Congrès juif mondial pour l’évacuation du camp de Mazagan, Hassan II fit entériner par ses ministres les grandes lignes de l’accord passé avec la Hias, en soulignant les avantages diplomatiques – les États-Unis étaient favorables à cet accord – et économiques, notamment des livraisons de blé, qu’en retirerait le Maroc. Parmi les membres du gouvernement, seuls deux ministres, Abdelkader Benjelloun et Ahmed Reda Guedira, avaient été associés à tous les stades de la négociation, et le second, en tant que ministre de l’Intérieur, se trouvait chargé désormais de la mise en œuvre de cet accord.

Celui-ci, qui ne fut pas fonnalisé par écrit, fut entériné sans débat comme le note dans son livre, Opération Yakbine, le journaliste israélien d’origine marocaine Shmouel Seguev (Sebbag) alors que l’universitaire, également d’origine marocaine, Igal Ben Nour, affirme que seuls six membres du gouvernement seulement furent informés de l’existence de cet accord.

*

Durant l’arrêt des opérations clandestines, les militants de l’organisation Misguéret n’avaient pas chômé. Ils avaient établi les listes des candidats au départ, en tout 25 000 personnes. Quand le feu vert pour la reprise de l’émigration fut donné, un premier groupe de 105 émigrants, inscrits sur un passeport collectif portant la mention « valable pour tout pays sauf Israël », partit le 28 novembre 1961 de Casablanca, à bord du paquebot Lyautey pour Marseille. L’opération « Yakhine », ainsi appelée par allusion aux deux colonnes d’airain soutenant le Temple de Jérusalem, commençait.

Ce fut en fait un faux départ. Trois semaines seulement après son déclenchement,

l’opération fut stoppée le 18 déœmbre 1961, sur ordre des autorités marocaines. Pourtant, toutes les précautions avaient été prises. Afin de ne pas attirer l’attention, les organisa­teurs avaient décidé d’acheminer les voyageurs non vers Marseille, mais vers le port, moins fréquenté, de Nice. La France n’avait fixé aucun quota et la compagnie Paquet mettait à la disposition des émigrants la quatrième classe de tous ses bateaux au départ de Casablanca. Par précaution, il fut également décidé d’affréter un navire grec pour diriger une partie des émigrants vers le port de Naples, les autorités italiennes acceptant bien volontiers d’accueillir sans formalités des voyageurs en transit vers Israël.

Les départs par le port et l’aéroport de Casablanca se faisaient de nuit, après les heures normales de travail, dans la plus grande discrétion. Cela ne suffit pas pour préserver le secret absolu sur ces opérations. Le 8 décembre 1961, le New York Times annonçait le départ pour Marseille de 120 Juifs marocains dans le cadre d’un programme mis en œuvre par une organisation philanthropique juive américaine spécialisée dans l’émigration vers les États-Unis, le Canada et l’Australie.

Le 15 décembre 1961, le Jewish Chronicle de Londres confirmait l’information tandis que la presse israélienne, d’habitude plus bavarde, respectait les consignes impérieuses de silence données par le gouvernement en raison du caractère ultrasensible du sujet : le départ de Juifs d’un pays arabe vers Israël.

Au Maroc, l’opposition de gauche ne tarda pas à profiter de l’occasion pour attaquer le gouvernement. L’organe, en arabe, de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), El Tabrir, publia en une, le 16 décembre 1961, des photos de Juifs en attente de leur départ dans le port de Casablanca. Le journal accusait le gouvernement de « trahison de la solidarité avec le monde arabe et la question palestinienne ». L’Avant-Garde, hebdomadaire de l’UMT, la centrale syndicale, alla jusqu’à qualifier l’opération d’« échange de Juifs marocains contre du blé américain semblable à la proposition d’Eichmann d’échanger les Juifs hongrois contre des camions ». Dans les rues, commença à circuler, en arabe dialectal, une affirmation peu flatteuse : « Hassan baa Likoud bzaa » (« Hassan a vendu les Juifs pour du blé »).

Les autorités paniquèrent devant la virulence de ces attaques émanant de la presse de gauche. La police apposa les scellés sur les bureaux de la Hias, contrainte d’interrompre ses activités à peine entamées. Un des partisans les plus fervents de l’intégration, Marc Sabah, membre de la communauté juive de Casablanca, affirma, dans un article publié par la Voix des communautés, ne pas comprendre le sens de la croisade déclenchée par ses amis de la gauche marocaine :

Que s'est-il passé au total ? Quelques milliers de démunis, enfermés dans le cercle vicieux de la misère, incapables de s’adapter à la nouvelle marche de l’éco­nomie, ont cru trouver dans l’émigration le remède à leur désespoir. Ils sont partis avec l'assentiment formel des autorités, munis de passeports légaux. Ils ont été contraints de quitter le Maroc pour tenter de refaire leur vie sous d’autres cieux… par la faute même de ceux qui critiquent le gou vernement et les Juifs en général.

Juifs du Maroc a travers le monde –Robert Assaraf- De la tragédie du Pisces à la reprise de l'émigration

Said Sayagh-L'autre Juive- le martyre d'une jeune juive marocaine de Tanger, exécutée à Fès en 1834.

En dehors des Psaumes, prières, Piyyutim et autres invo­cations, elle connaît des proverbes, des contes, des blagues, des chansons et même quelques versets du Coran utilisés régulièrement par les voisins musulmans comme la Fatiha, verset d’ouverture et la Shahada témoignage d’unicité et d’authenticité de la prophétie de Mahomet.

Tahra, l’épouse de leur voisin Masmoudi, lui offre, selon la saison, des glands, des jujubes, des arbouses, du fenouil, des fruits du palmier nain, des graines de paitèque et de melon… Elle s’amuse avec elle, la fait rire et lui apprend la sourate propitiatoire et la Shahada…

Sol trouve une étrange parenté entre ce que dit Tahra et les prières pour Hakadosh Barokh Hou Adon HaOlam… Elle lui apprend d’autres choses sur l’Islam, des insultes, et des mots de femmes.

Elle adorait feuilleter avec elle Quraat al Anbiyaa, destinée des prophètes. Ainsi, elle découvre que tous les prophètes de l’Islam étaient juifs. Les limites entre les deux religions sont minces. Ni Tahra ni Sol ne lisent l’arabe. Mais, Tahra, à force de feuilleter le livret en compagnie du fqih Ouriachi et de la récitation incessante de ces légendes, commence à connaître le contenu des pages sans avoir à les lire. Son désir de voir son ventre grossir d’un enfant qui apporterait la lumière dans sa maison l’avait pous­sée à rendre visite aux saints, à consulter les fouqaha, les écrivains faiseurs d’amulettes, à ingurgiter toute sorte de mixtures et de drogues. Elle en avait fait boire aussi, à son mari. À côté de cela elle consulte quotidiennement le livret des prophètes. Le prophète dont la destinée avait rempli son imagination était Joseph. Tous les jours, elle espère augurer de sa légende en ouvrant le livre sur la page qui lui est consacrée. À partir de ce récit, elle prit l’habitude d’appeler Sol Zoulikha.

Sol, elle, ne manque pas d’humour, même avec son père. Elle a remarqué sa crainte d’aller dans la sombre petite salle d’eau où ne s’aventurent pas les anges. Un jour elle lui a soufflé avec légèreté :

  • Comment veux-tu qu’ils t’y accompagnent… ton odeur suffirait à leur tourner la tête…

Les discussions incessantes de son père avec ses invités, notamment le rabbin Bengio, Abraham Bouzaglou, Moshé Benkamoun, le rabbin Tolédano et d’autres, l’em­bêtent mais la font rire aussi. Parfois, elle s’emballe et a envie d’y participer, mais elle préfère écouter les différents avis sans en perdre un seul mot.

Parmi les discussions animées, certaines concernent les femmes.

  • Comment l’Éternel peut-il faire descendre quelque chose sur Adam, l’endormir et lui voler une côte, alors qu’il est inconscient, pour faire Éve? s’écrie Moshé Benkamoun.
  • Écoute mon fils, hier, un voleur s est introduit dans notre maison. Il a volé un vase en argent, et… l’a remplacé par un vase en or… lui rétorque calmement mais avec fermeté le rabbin. Puis, il ajoute :
  • Est-ce un vol ou un cadeau ?

Haïm dit :

  • Si tous les voleurs étaient comme lui, je les préférerais à mes clients. Il en rit à laisser voir ses dents cariées.
  • C’était, en effet, un cadeau fabuleux pour Adam Rishon, le premier. Une femme pour une côte !

Tout le monde rit, convaincu de la sagesse de Dieu.

Le rabbin Tolédano renchérit :

  • Une femme s’est plainte à Rabbi Bouhassira d’un homme qui l’a prise sans son consentement. Le rabbin, dubitatif, l’a interrogée :
  • Dis la vérité, n’as-tu ressenti aucun plaisir, aucune jouissance ?

La femme l’a regardé avec des yeux pleins de reproches et lui dit :

  • Et toi, Rabbin, si quelqu’un mettait son doigt enduit de miel dans ta bouche, le jour de Kippour, tu t’en délesterais ?

Le rabbin reconnut son étroitesse de vue et la recevabilité de la plainte de la femme.

Issachar tomba malade. Tout le monde pensa que la jalou­sie et l’intérêt exclusif porté à sa sœur étaient la cause du mal qui le frappait.

Ce n’était pas la première fois qu’il tombait malade.

Tout petit, il s’était agrippé à la grille de la fenêtre de la grande pièce, le pilon du mortier en bronze à la main et avait frappé un nid de guêpes qui n’arrêtaient pas leur danse dans un bourdonnement hallucinant. Il ne fallut que quelques instants pour que son corps doublât de volume et que son hurlement secouât la maison depuis ses fonda­tions. La panique s’empara du cœur de Simha et Sol se mit à pleurer à la vue du visage défiguré de son frère.

Cette fois-ci, les pelures d’oignon et les œufs durs censés absorber le venin ne servirent à rien. Sa pommette rouge semblait à deux doigts d’éclater. Dès qu’il fermait les yeux, il se mettait à délirer, marmonnait des mots incompré­hensibles et gémissait. On avait l’impression qu’il pleu­rait. Sol se sentit responsable de son frère et insista pour s’occuper de lui.

Elle pressa des oranges, prépara un jus consistant de raisin « pis de jument » très sucré. Elle fit bouillir du lait avec de la menthe poivrée. Elle prépara le lit, les couvertures. Elle lava. Elle changea les vêtements imbibés de sueur. Elle ne s’arrêta pas. Elle monta les marches, les descendit quatre par quatre. Elle précéda ses désirs.

Quelle ne fut sa joie quand il demanda des coings à la viande de veau. Elle était heureuse comme si elle avait été sa propre mère.

Sol grandissait, Issachar aussi. Et, malgré les disputes quotidiennes, pour des futilités, ils se rapprochèrent l’un de l’autre. Leur entente grandissait. Chacun devint le confident de l’autre, le dépositaire de ses plaintes, de ses inquiétudes et de ses pensées les plus secrètes qu’il n’aurait même pas dites à ses parents.

Ils inventèrent alors une langue qui leur était propre. Au parler habituel propre aux juifs, ils ajoutèrent des parti­cularités secrètes pour voiler leur propos en présence des curieux. Ainsi, ils évitaient des querelles inutiles et éprou­vaient le plaisir immense que procure la compréhension codée, fermée aux autres.

Leur langue était simple. Ils se contentaient de glisser le son « tn » après la première syllabe de chaque mot. Leur langage en acquit un rythme qui donnait l’impression à l’auditeur qu’il distinguait des mots qu’il connaissait, mais ne comprenait rien à l’ensemble.

La bar-mitsva d’Issachar approchait. Il allait vers sa trei­zième année. Depuis quelques mois, il avait commencé à préparer un petit discours à lire en hébreu devant les anciens à la synagogue. Il s’occupa sérieusement de la préparation et demanda l’aide de Sol pour réciter son allocution. Elle, cela la faisait rire ! Elle riait de sa timi­dité et de sa prononciation maladroite du « r » malgré ses tentatives désespérées de la corriger. Elle ressentait aussi de la jalousie et une certaine inquiétude quelle arrivait mal à dissimuler. Après la bar-mitsva, Issachar allait devenir un homme. Il allait pouvoir sortir, assumer des responsabilités nouvelles dans le commerce de son père. Elle, elle allait devoir rester toute seule face à sa mère.

Le rabbin Bengio apprit à Issachar à mettre sur son bras et son front les Tephillin qui contiennent les versets de la Torah.

Deux jours avant Shabbat, il alla à la synagogue pour la prière de Shaharit, le matin. Le soir, après Maariv, les invités, les proches et les camarades du Talmud Torah arrivèrent. Vint aussi le Mohell qui faisait fonction de circonciseur et de coiffeur. Il coiffa Issachar, pour la cérémonie du Takhfif, et en profita pour coiffer les invités. À cette occasion, on prépara une table couverte de monticules de gâteaux saupoudrés de sucre et de pâtisseries au miel.

 

Said Sayagh-L'autre Juive- le martyre d'une jeune juive marocaine de Tanger, exécutée à Fès en 1834.

La beaute des femmes juives -Joseph DADIA 2/3

  1. Schickler décrit dans son Journal les excellentes relations qui existaient à Tanger entre les Juifs et les Espagnols. Dans la deuxième moitié du 19ème siècle, l’Espagne déployait des efforts pour assurer à son pays une image de marque philosémite en vue d’une « rehispanisation » des communautés juives du Maroc, dont certaines se réclamaient de leurs origines « sépharades ». La triste et célèbre « affaire de Safi », en août-octobre 1863, a bouleversé la situation idyllique des Juifs à Tanger décrite par Schickler.

Les descriptions données par Schickler, quant à la beauté des femmes juives, font penser aux tableaux d’Alfred Dehodencq, peintre orientaliste français, qui fit de nombreux séjours au Maroc entre 1854 et 1863. En 1855, il est à Tanger. Le fanatisme religieux au Maroc est le sujet de plusieurs de ses œuvres. C’est l’Orient souffert qu’il montre avec l’éblouissement de son soleil comme le disait de  lui Octave Mirbeau. La plus cruelle de ses œuvres reste « l’Exécution de la Juive », présentée à Paris au Salon de 1861. Dans son tableau « Supplice de la Juive », on voit la malheureuse Sol Achoual agenouillée, les yeux hagards, la chevelure répandue, et le bourreau, un terrible nègre, brandissant le sabre. La foule est là. Un groupe de rabbins prie avec ardeur. L’infortunée eut la tête tranchée.

Alfred Dehodencq a assisté à l’assassinat de Sol Hatchwel, une belle juive de 14 ans, une martyre de la foi, née à Tanger en 1820 et exécutée à Fès en 1834. Elle appartenait à l’une des grandes familles juives de Tanger. Faussement accusée par Ould Ladine d’avoir embrassé l’Islam, qu’elle veut quitter pour revenir à sa foi juive. Ce qui constitue une apostasie passible de la peine de mort, relevant de la compétence exclusive du roi. Elle refusa d’épouser le sultan Moulay Abderrahman (1822-1859) malgré tous les moyens mis par le monarque. Elle a préféré mourir en juive que de renier sa foi, pour la sanctification du Nom, Qidoush Hashem. Devant son refus obstiné, le sultan donna l’ordre de l’exécuter à Fès où il résidait. Sol Hatsadeqet, Sol la Sainte, Sol la Juste  repose dans le cimetière juif de Fès, où viennent des pèlerins prier sur sa tombe. Elle a été dignement enterrée grâce aux faits et actions accomplis avec courage et générosité par le grand-rabbin Raphaël Sarfaty qui jetait par terre des pièces en or pour éloigner les badauds. Il a offert des pots de vin pour que le corps de la martyre soit amené au mellah de Fès.

Sarah Leibovici nous apprend que « Sol la Sadika, Lalla Solica, Ha Tsadekket, une sainte, vouée au culte et à la légende. C’était en 1834, vers la fin de l’an 5594 (le chiffre 594 peut se transcrire en hébreu par tsadekket) »      . 

500, en hébreu תק ; 94, en hébreu צד ; les quatre lettres en hébreu  forment le mot צדקת, une sainte.

Des livres et des qasidat relatent le martyr de Sol..

En 1952, sous la présidence de S. D. Lévy, « Maghen David », Association pour la Diffusion de la Langue et de la Littérature Hébraïques au Maroc, organisa un Concours Littéraire dont le sujet était Sol La Sadika (La Sainte Martyre). Rabbi Haîm Soussana, de Marrakech, a été désigné premier lauréat pour son poème. Le deuxième lauréat était Mr Moché Haïm Ben Malka, de Tanger. Vingt-quatre candidats avaient pris part à ce concours. Le jury a  attribué quatre Prix aux concurrents de Marrakech, Tanger, Sefrou et Casablanca.

Voici l’appréciation du jury quant au poème de Rabbi Haîm Soussana : « Son style hébraïque est élégant et homogène. Les vers sont en bonne partie convenablement balancés et les rimes sont belles en majorité. Le concurrent démontre une certaine faculté à composer un poème et il y a d’observer que les tableaux accessoires esquissés dans la poésie s’y encadrent joliment. Bien que les premiers vers décrivant la beauté de Sol nous rappellent le poète hébreu I.-L. Gordon (dans sa poésie : « Le bout d’un Yod ») – cette connaissance mérite d’être appréciée – dans d’autres vers comme par exemple : « Odem Hachochanne », etc… nous trouvons une influence orientale et celle des poésies hébraïques du Moyen-Age. Il faut également noter élogieusement la ponctuation, le plan rationnel de la composition dont le contenu comprend toute la matière formant le conte de Sol tel qu’il se dégage de toutes les autres compositions que vous nous avez transmises. Nous basant sur tous ces facteurs nous avons été d’avis de lui décerner le premier prix ».

Après ces longs propos sur Sol la sainte, l’article qui suit vient logiquement après celui de Schickler.

 Edmondo de Amicis, voyageur italien en visite à Fès, eut l’occasion de faire la connaissance d’une députation de femmes juives, venues présenter une supplique à l’ambassadeur d’un pays européen. Il ne pouvait soustraire ses mains à la pluie de leurs baisers :

« Elles étaient femmes, filles ou parentes de deux négociants aisés ; très belles, avec des yeux noirs éclatants, une carnation blanche, des lèvres purpurines, des mains très petites. Les deux mères, déjà vieilles, n’avaient pas un cheveu blanc et tout le feu de la jeunesse brillait encore dans leur regard. Elles portaient un vêtement pittoresque et splendide : un mouchoir de soie de couleurs vives, serré autour du front ; une veste de drap rouge ornée de larges et épais galons d’or ; un plastron tout doré ; une jupe courte et étroite de drap vert bordée de galons resplendissants, une ceinture de soie rouge ou bleue. Elles ressemblaient à autant de princesses d’Asie, et tout ce luxe contrastait singulièrement avec leurs manières humbles et obséquieuses. Elles parlaient toutes espagnol. Ce ne fut qu’au bout de quelques minutes que nous nous aperçûmes qu’elles étaient pieds nus et avaient leurs babouches jaunes sous le bras. ‘ Pourquoi ne vous chaussez-vous pas ? ’ Demandai-je à une des vieilles. ‘ Comment ! me demanda-t-elle à son tour, d’un air étonné, ne savez-vous donc pas que les Israélites ne peuvent porter de souliers que dans le Mellah, et qu’en entrant dans la ville arabe ils doivent aller pieds nus ? ’ Rassurées par l’ambassadeur, elles mirent leurs babouches. Les pauvres femmes qui nous faisaient visite nous montrèrent plusieurs gros bracelets en argent ciselé, des bagues ornées de pierres précieuses, des boucles d’oreilles en or, qu’elles cachaient dans leurs corsages. Nous leur demandâmes pourquoi elles les dissimulaient. Nos espantamos de los Moros (nous avons peur des Maures), nous répondirent-elles  à voix basse en regardant tout autour d’elles avec crainte. Elles se défiaient même des soldats de la légation. Parmi elles se trouvaient quelques petites filles vêtues avec le même luxe que les femmes. L’une se tenait auprès de sa mère dans une attitude plus timide que les autres. L’ambassadeur demanda à la  mère quel âge elle avait. Elle répondit douze ans. ‘ Elle se mariera bientôt, dit l’ambassadeur. – Eh ! s’écria la mère, elle est déjà trop vieille pour prendre un mari. ’ Nous crûmes tous qu’elle plaisantait. ‘ Je dis la vérité, répondit la mère, en s’étonnant de notre incrédulité ; voyez cette autre-là (et elle désigna une petite fille plus jeune), elle aura dix ans dans six mois et elle est déjà mariée depuis plus d’un an. ’ La petite inclina la tête. Nous ne voulions pas le croire.  ‘ Que puis-je vous dire ? continua la mère ; si vous ne voulez pas croire à ma parole, faites-nous l’honneur de venir chez nous, un samedi, afin que nous puissions vous recevoir dignement, et vous verrez le mari et les attestations de mariage. – Et quel âge a le mari ? Demandai-je. – Dix ans accomplis, monsieur. » [1]

Ainsi se termine la galerie des femmes juives marocaines. Viennent à la suite un portrait de la femme juive d’Algérie et, aussi, un portrait de la femme juive de Tunisie.

La beaute des femmes juives –Joseph DADIA

Kervenic-en-Pluvigner (56 Morbihan)

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] Edmondo d’Amicis : Le Maroc (en 1875). Le livre a été traduit de l’italien par Henri Belle et publié à Paris par Hachette en 1882. Le passage du livre sur Fès a vu le jour en 1879 dans la revue « Le Tour du Monde », pp. 97-144 ; le passage sur les juives est dans les pages 117-118.

La beaute des femmes juives –Joseph DADIA-3/3

Ainsi se termine la galerie des femmes juives marocaines. Viennent à la suite un portrait de la femme juive d’Algérie et, aussi, un portrait de la femme juive de Tunisie.

Théophile Gautier se rendit en Algérie durant l’été 1845. Il arriva dans Alger la Guerrière, et, errant pour trouver un logement, il aperçut, sous les premières arcades de la rue Bab-Azoun, une jeune juive en costume ancien : « Nous fûmes éblouis de cette manifestation subite de la beauté hébraïque : Raphaël n’a pas trouvé pour ses madones un ovale plus chastement allongé, un nez d’une coupe plus délicate et plus noble, des sourcils d’une courbe plus pure. Ses prunelles de diamant noir nageaient sur une cornée de nacre de perle d’un éclat et d’une douceur incomparables, avec cette mélancolie de soleil et cette tristesse d’azur qui font un poème de tout œil oriental. Ses lèvres, un peu arquées aux coins, avaient ce demi-sourire craintif des races opprimées ; chacune de ses perfections était empreinte d’une grâce suppliante ; elle semblait demander pardon d’être si radieusement belle, quoique appartenant à une nation déchue et avilie. Deux mouchoirs de Tunis, posés en sens contraire, de façon à former une tiare, composaient sa coiffure. Une tunique de damas violet à ramages descendait jusqu’à ses talons ; une seconde un peu plus courte, aussi en damas, mais de couleur grenat et brochée d’or, était superposée à la première, qu’elle laissait voir par une fente partant de l’épaule et arrêtée à mi-cuisse par un petit ornement. Un foulard bariolé servait à marquer la ceinture ; sur le haut du corsage étincelait une espèce de plaque de broderie rappelant le pectoral du grand prêtre. Les bras, estompés par le nuage transparent d’une manche de gaze, jaillissaient robustes et nus de l’échancrure des tuniques. Ces bras athlétiques, terminés par de petites mains, sont un caractère distinctif de la race juive et donnent raison aux peintres italiens et aux femmes qui se penchent du haut des murailles dans le Martyre de saint Symphorien de M. Ingres. … Ce qu’il y a de certain, c’est que nous n’avons jamais vu une Juive ayant les bras minces. Les tuniques, dont nous avons parlé, sont étroites et brident sur les hanches et sur la croupe. Les yeux européens, accoutumés aux mensonges de la crinoline, aux exagérations des sous-jupes et autres artifices qui métamorphosent en Vénus Callipyges des beautés fort peu hottentotes, sont surpris de voir ces tailles sans corset et ces corps qu’enveloppe une simple chemise de gaze moulés par un fourreau de damas ou de lampas qui fait fort peu de plis ; mais on en prend bientôt l’habitude, et l’on apprécie la sincérité des charmes qui peuvent supporter une pareille épreuve. Nous étions en extase devant cette belle fille, arrêtée à marchander quelque doreloterie, et nous y serions restés longtemps si les Biskris chargés de nos paquets ne nous eussent rappelé au sentiment de la vie réelle par quelques mots baragouinés en langue sabir, idiome extrêmement borné, et qui sert aux communications de portefaix à étranger. »

Dans l’hiver de 1888-1889, Guy de Maupassant parcourut la Tunisie. De ses voyages là-bas, il laisse une relation d’une grande fidélité. C’est un document précieux, non seulement par sa valeur littéraire, mais encore par sa valeur historique. « En vérité, écrit de Maupassant, Tunis n’est une ville française ni une ville arabe, c’est une ville juive ». C’est un des rares points du monde où le Juif semble chez lui comme dans une patrie. Pour lui, Tunis est la capitale éblouissante d’Arlequin, d’un Arlequin très artiste, ami des peintres, coloriste inimitable qui s’est amusé à costumer son peuple avec une fantaisie étourdissante. Aux Juifs seuls il toléra les tons violents, mais en leur interdisant les rencontres trop brutales et en réglant l’éclat de leurs costumes avec une hardiesse prudente. Voici une page de son récit : « C’est un défilé de féerie, depuis les teintes les plus évanouies jusqu’aux accents les plus ardents, ceux-ci noyés dans un tel courant de notes discrètes, que rien n’est dur, rien n’est criard, rien n’est violent le long des rues, ces couloirs de lumière, qui tournent sans fin, serrés entre les maisons basses, peintes à la chaux. A tout instant, ces étroits passages sont obstrués presque entièrement par des créatures obèses, dont les flancs et les épaules semblent toucher les deux murs à chaque balancement de leur marche. Sur leur tête se dresse une coiffe pointue, souvent argentée ou dorée, sorte de bonnet de magicienne d’où tombe, par derrière, une écharpe. Sur leur corps monstrueux, masse de chair houleuse et ballonnée, flottent des blouses de couleurs vives. Leurs cuisses sont emprisonnées en des caleçons blancs collés à la peau. Leurs mollets et leurs chevilles empâtées par la graisse gonflent des bas, ou bien, quand elles sont en toilettes, des espèces de gaines en drap d’or et d’argent. Elles vont, à petits pas pesants, sur des escarpins qui traînent ; car elles ne sont chaussées qu’à la moitié du pied ; et les talons frôlent et battent le pavé. Ces créatures étranges et bouffies, ce sont les juives, les belles juives ! Dès qu’approche l’âge du mariage, l’âge où les hommes riches les recherchent, les fillettes d’Israël rêvent d’engraisser ; car plus une femme est lourde, plus elle fait honneur à un mari et plus elle a de chances de le choisir à son gré. A quatorze ans, à quinze ans, elles sont, ces gamines sveltes et légères, des merveilles de beauté, de finesse et de grâce. Leur teint pâle, un peu maladif, d’une délicatesse lumineuse, leurs traits fins, ces traits si doux d’une race ancienne et fatiguée, dont le sang jamais ne fut rajeuni, leurs yeux sombres sous les fronts clairs, qu’écrase la masse noire, épaisse, pesante, des cheveux ébouriffés, et leur allure souple quand elles courent d’une porte à l’autre, emplissent le quartier juif de Tunis d’une longue vision de petites Salomés troublantes. Puis elles songent à l’époux. Alors commence l’inconcevable gavage qui fera d’elles des monstres. Immobiles maintenant, après avoir pris chaque matin la boulette d’herbes apéritives qui surexcitent l’estomac, elles passent les journées entières à manger des pâtes épaisses qui les enflent incroyablement. Les seins se gonflent, les ventres ballonnent, les croupes s’arrondissent, les cuisses s’écartent, séparées par la bouffissure ; les poignets et les chevilles disparaissent sous une lourde coulée de chair. Et les amateurs accourent, les jugent, les comparent, les admirent comme dans un concours d’animaux gras. Voilà comme elles sont belles, désirables, charmantes, les énormes filles à marier. Alors on voit passer ces êtres prodigieux, coiffés d’un cône aigu nommé kouffia, qui laisse pendre sur le dos le bechkir, vêtus de la camiza flottante, en toile simple  ou en soie éclatante, culottés de maillots tantôt blancs, tantôt richement ouvragés, et chaussés de savates, dites «  saba » ; êtres inexprimablement surprenants, dont la figure demeure encore souvent jolie sur ces corps d’hippopotames. Dans leurs maisons, facilement ouvertes, on les trouve, le samedi, jour sacré, jour de visites et d’apparat, recevant leurs amies dans les chambres blanches, où elles sont assises, les unes après les autres, comme des idoles symboliques, couvertes de soieries et d’oripeaux luisants, déesses de chair et de métal, qui ont des guêtres d’or aux jambes et, sur la tête, une corne d’or ! La fortune de Tunis est dans leurs mains, ou plutôt dans les mains de leurs époux toujours souriants, accueillants, et prêts à offrir leurs services. Dans bien peu d’années, sans doute, devenues des dames européennes, elles s’habilleront à la française et, pour obéir à la mode, jeûneront, afin de maigrir. Ce sera tant mieux pour elles et tant pis pour nous, les spectateurs.

Pour dire d’une femme qu’elle est belle, la Bible hébraïque emploie principalement l’expression suivante : « Rachel était belle de taille et belle de visage ». Même expression à propos de Joseph, fils aîné de Rachel : « Joseph était beau de taille et beau de visage ». Même expression à propos de la Reine Esther : « … Cette jeune fille était belle de taille et belle de visage ».

Le Cantique des Cantiques nous fournit des tableaux qui décrivent la beauté de la femme tant rêvée et aimée : « Charmantes sont tes joues, ornées de rangs de perles, ton cou paré de colliers. […] Tes lèvres sont comme un fil d’écarlate et ta bouche est charmante ; ta tempe est comme une tranche de grenade à travers ton voile. […] Tes deux seins sont comme deux faons, jumeaux d’une biche. […] Les contours de tes hanches sont comme des colliers, ton giron est comme une coupe arrondie, ton cou est comme une tour d’ivoire, tes yeux sont comme les piscines de Hesbon, près de la porte de Bath-Rabbim. […] Que tu es belle, que tu es attrayante, mon amour, dans l’enivrement des caresses ! Cette taille qui te distingue est semblable à un palmier, et tes seins à des grappes … ».

 

Joseph DADIA

Kervenic-en-Pluvigner (56 Morbihan)

Lundi 16 janvier 2017

 

 

שמואל פאלאצ'ה-סוחר, שודד ים או דיפלומט-מרסדס גרסיה-ארנל.חרארד ויכרס.

שמואל פאלאציה (1550 בקירוב – 1616), יהודי יליד מרוקו ממוצא ספרדי, היה סוחר, דיפלומט, מרגל ושודד ים, שתמרן כל חייו בין השלטונות בהולנד לסולטן מרוקו, בין המרחב הנוצרי לעולם האסלאם ובין המדינות הפרוטסטנטיות לספרד הקתולית.

מרסדס גרסיה־ארנל וחרארד ויכרס משחזרים, באמצעות הגישה המיקרו־היסטורית, את תולדות משפחת פאלאציה בעת החדשה המוקדמת ואת העולם המורכב של הפזורה היהודית־הספרדית בצפון אפריקה ובמקומות המקלט המעטים באירופה. ספרם חושף דמויות המסתגלות כזיקית לארצות מושבן, ניסיונות לחזור ולהתיישב בספרד, המרות דת של בני המשפחה, קשרים ושיתוף פעולה עם המוריסקוס (צאצאי המוסלמים־המתנצרים בספרד, שגורשו ממנה בשנים 1614-1609), את ידיעת השפות המאפשרת את מעמדם כמתורגמנים ומתווכים בין מדינות, את חקירות האינקוויזיציה, את הסכסוכים והמשפטים ואת עסקי המסחר החוקיים והלא־חוקיים.

הספר שמואל פאלאצ׳ה מבוסס על מחקר יסודי ומעמיק בארכיונים בספרד, בפורטוגל ובהולנד, לרבות בארכיוני האינקוויזיציה – מחקר המשנה במידה רבה את מה שנכתב בעבר על שמואל פאלאציה ומציב אותו בתמונה הרחבה של היחסים הבינלאומיים בתקופתו.

למהדורה העברית הוסיפו המחברים תת פרק חדש, הפניות לתעודות שהתגלו באחרונה והקדמה מיוחדת, ולפיכך הגרסה הזאת היא השלמה והמעודכנת ביותר של הספר, שהופיע בראשונה בספרדית בשנת 1999 ומאז תורגם לשפות אחדות.

טרז זריהן-דביר-ספרי לי… אימא על המלאח במרקש-פרוסת הלחם החומה

ספרי לי אמא.....

פרוסת הלחם החומה

החורף היה בעיצומו. הגשם הפך את מבוכי המלאח לנחלים קטנים ששצפו וקפצו מעל אריחי רצפת הרחובות. אנו הבנות נהגנו להתהלך בראשינו חשופים תחת הגשם כדי ששערנו יתחזק ויארך כמו צמחי בר. למזלנו הטוב החורפים במרקש אינם קרים מדי, ולמרות זאת, הבילויים שלנו תחת גשם שוטף הסתיימו תמיד בשפעת. אחדות מאתנו לקו בדלקות בגרון ובנזלת, אך מה לא יעשו בנות למען היופי?

יום אחד, בסיום השיעור בכיתה, הטמפרטורה צנחה באופן מפתיע ומזג האוויר הורע במידה כזו שאף אחד לא העז לחצות את מפלי הגשם. ללא מטרייה או כובע, היה ברור לחלוטין שיהיה זה טירוף לנסות ולצאת מתחת לגג הרופף של חדר האוכל בבית ספרנו, שם מצאתי מקלט.

השומר הרחום לא תבע ממני לעזוב את המקום. לצדי עמדה ילדה נוספת בגילי שחיכתה גם היא שהסופה תשכך מעט לפני שתמהר למעונה.

פתחתי את הילקוט שלי ומשכתי ממנו כריך שסבתי הכינה באהבה ו״השחילה" בין מחברותיי לפני צאתי לבית הספר. שתי פרוסות לחם לבן רכות מרוחות בחמאה ודבש. הייתי רעבה וללא היסוס נעצתי בהן את שיניי. הסבתי את ראשי לעבר הילדה שעמדה לידי וראיתי שהיא מביטה בי בעיניים לוהטות. חדלתי לזלול, חציתי את הכריך לשניים והגשתי לה מחציתו.

"מתחלקים, לא?" אמרתי בחיוך.

"מעולם לא ראיתי לחם כה לבן כמו זה שלך", אמרה לי והושיטה את ידה כדי לקחת את הפרוסה.

"איך זה? זהו הלחם היחיד שאני מכירה מאז ומתמיד", השבתי לה. "יש סוגים אחרים של לחם?"

"זה הלחם היחיד שאני מכירה", אמרה הילדה ושלפה מילקוטה כיכר קטן של לחם שחור ומוצק.

"אפשר לקבל ביס?" ביקשתי בסקרנות.

"בוודאי", ענתה והעבירה לי נתח מהמנה שלה.

גיליתי שלחם זה היה קשה כאבן ורק לאחר מאמץ ניכר הצלחתי לבצוע פיסה ממנו. לאחר שנעצתי בו את שיניי התחלתי ללעוס במרץ רב. צריך להודות שהלסתות שלי לא היו כלל רגילות למאמץ ניכר זה. הילדה צחקה לנוכח תדהמתי והכוח שנדרשתי להפעיל. למרות זאת ועל אף שהיה כמעט בלתי אכיל, הלחם החדש מצא חן בעיניי מאוד. הבטתי בילדה שהחזיקה בידיה את שארית המנה שלה והצעתי להתחלף אתה. העסקה אושרה בהתלהבות.

"אם את אוהבת את הלחם שלנו, אוכל להביא לך כל יום מנה במקום הכריך שלך", הציעה לי הילדה.

"כן, כן, אשמח מאוד. ניפגש כל בוקר בשער בית הספר כדי להחליף כריכים".

במשך כחודש ימים לערך נמשכו ההחלפות. בכל בוקר עמדתי עם הכריך שלי מלחם לבן רך מרוח בחמאה ודבש ואותו מסרתי כנגד חתיכת לחם שחורה ויבשה.

ידידות תמימה התפתחה ביני לבין הילדה וסיפור ההחלפות הפך לשגרה ששתינו חלקנו.

סבתי הבחינה שהאדישות הרגילה שלי לכריכים שלה הפכה להתלהבות בלתי מובנת ובוקר אחד היא נעצה בי מבט חודר ושאלה: "נדמה לי שירדת במשקל. האם כריך אחד מספיק לך או כדאי שאכפיל את המנה?"

"כן, ממה, יש לי יותר תיאבון בימים אלה וכריך אחד בהחלט לא מספיק לי", עניתי לה בחופזה.

"אני מעדיפה להאמין שאת אוכלת את הכריכים ולא מנדבת אותם לחברייך. מהיכרותי אתך, דבר זה לא יפתיע אותי כלל", אמרה בטון חמוץ.

"לא לא", מיהרתי להרגיעה. "אני רק גדלה, ממה."

"מובן מאליו", השיבה והחליקה שני כריכים אל תוך ילקוטי.

בשער בית הספר מסרתי את שני הכריכים לילדה ונטלתי במהירות את חתיכת הלחם השחור שלה.

למחרת בבוקר מצאתי את חברתי יושבת על ספסל ומחכה. לפני שפתחתי את הילקוט כדי להוציא את הכריכים, היא נעמדה ומלמלה, נבוכה : "אמי מבקשת להכיר אותך. היא מזמינה אותך אלינו, האם תסכימי? תוכלי לחלוק אתנו ארוחת צהריים", הציעה.

"בשמחה", עניתי מיד.

בתום הלימודים פגשתי את חברתי והלכנו יד ביד לכיוון ביתה. משפחתה התגוררה בחלקו המזרחי של המלאח, בחדר שכור. מצבם הכלכלי היה ללא ספק ירוד והשתקף במידה רבה בילדים הרזים ובריהוט הבסיסי שבבית המגורים.

אמה של חברתי החדשה הביטה בי לרגע ואחר כך הזמינה אותי לשבת על הרצפה, במעגל שיצרה להקת הילדים סביב קערה גדולה. היא עודדה אותי להתכבד הישר מין הקערה, אשר הייתה מלאה בסוג כלשהו של מרק לבן ובתוכו ערמה של קרוטונים. כולם נעזרו באצבעותיהם, ואני שמחתי לחקות אותם.

לתדהמתי, המרק היה טעים להפליא. מעולם לא ידעתי מה הוא הכיל, אבל לאחר טעימות ספורות, הרגשתי שבעה ונפוחה כבלון.

"תודה על שהזמנתם אותי. התוכלי, בבקשה, להגיד לי ממה עשוי המרק המדהים שלכם?" שאלתי את האם. "ברצוני לבקש מסבתי שתכין לי מרק כזה בבית. זהו המרק הטעים ביותר שאכלתי אי פעם".

מעולם לא הבנתי מה אמרתי או עשיתי לא נכון, כי ללא ספק הצלחתי להרגיז אותה.

"את המרק אנו מכינים מלבן ופירורי לחם שחור, אותו תפריט של העני והאביון, מאותם גרגירי חיטה שמהם אנו אופים את לחמנו מדי יום. קשה לי להבין איך את מוצאת אותו טעים ומהנה. בכל זאת, אם מזון ירוד זה הוא לטעמך, בואי נגיד שאני מאחלת לך מכל הלב שלחמך יהיה שחור וקשה כמו זה של העני ושיהיה למנת חלקך לכל חייך".

ניצוץ שטני חלף בעיניה, מלווה בטיפה של ארס. התקשיתי לפענח את פירוש הברכה או הקללה שזכיתי בה ממנה. חברתי קמה וללא אומר תפסה את ידי וכיוונה אותי אל היציאה.

"זו התנהגות אופיינית של אמי בימים הקשים. אנא, אל תקבלי את מה שהיא אמרה ברצינות".

היה לי ברור שהיא הצטערה על הצורה המבישה שבה הסתיים ביקורי. בתום מספר תודות מנומסות ברחתי משם.

לאחר יום אומלל זה חברתי הפסיקה לחכות לי בבקרים ומאז לא ראיתיה עוד.

כעבור מספר שנים, בבגרותי, תיארתי לסבתי את האירוע המוזר. דבר זה הכה בה ותגובתה המידית הייתה לגשת לרשעית זו ולהטיף לה מוסר, אך לבסוף היא בחרה לא לעשות דבר למען שלוותי… בחלוף מספר דקות היא נרגעה ומלמלה בצער: "העוני רוב הזמן מעוות את לבו של האדם."

 

טרז זריהן-דביר-ספרי לי… אימא על המלאח במרקש-פרוסת הלחם החומה

צלב הקרס בארצות המערב-משה חיים סויסה.

יהדות-מרוקו

 

עליית היטלר לשלטון בגרמניה, גרמה לתדהמה ולגינויים חריפים בקהילות היהודיות במרוקו. גם בקרב אותם יהודים שכמעט ולא נחשפו להשפעות העולם המערבי, עלייתה המבהילה של צורת אנטישמיות לא מוכרת זו, הביאה לדאגה רבה ולהעלאת תחושת הזדהות עמוקה עם אחיהם הנרדפים במדינות אירופה. רבים הקדישו זמן לתפילה ולצום, בציפייה לנס. הם ראו בהיטלר את המן של הזמן החדש. חכמי הקהילות חיברו תפילות מיוחדות שהוקראו בבתי הכנסת להצלת אחיהם בגרמניה.

וכך גם יהודים שהתגוררו בערים הגדולות במרוקו, שכבר נחשפו לאורח החיים המערבי, בפרט בקזבלנקה, הגיבו במחאה ובהכרזת חרם כלכלי. בדרך זו הם הצטרפו לגינוי העולמי נגד גרמניה הנאצית, ולחרם הכלכלי עליה. אלא שסיכויי ההצלחה של מחאה מעין זו היו מלכתחילה מוגבלים, בעיקר בשל יחסיה הטובים של צרפת עם גרמניה במרוקו באותה התקופה.

בקזבלנקה, ברבאט, בפאס ובמכנאס, אורגנו אספות המוניות. ביום א' בניסן ה׳תרצ״ג(28 במרץ 1933), התכנסה אסיפה גדולה בקזבלנקה, במסגרתה השתתפו כ־3,000 איש מכל הארגונים והעמותות היהודיות. בתום הנאומים והדיונים, קיבלה האסיפה את ההחלטה הבאה: "נציגי העמותות היהודיות בקזבלנקה, שהתכנסו באסיפת מליאה בנוכחות ראשי הדת וראשי הקהילה, מביעים את מחאתם הגדולה נגד מעשי האלימות כלפי יהודי גרמניה. לכך הוחלט על הפסקת כל קשרי מסחר עם גרמניה, ועל חרם נגד הסחורות הגרמניות בכל האמצעים, כל עוד יימשכו מעשי האלימות האנטישמיים. כמו כן החנויות ייסגרו למשך שעה, כאות אבל". החלטה זו התקבלה על ידי הקהל הרב במחיאות כפיים.

שבוע לאחר מכן הצטרפה עיר הבירה למחאה. ברחובות רבאט הופץ כרוז הקורא לכלל התושבים להצטרף למחאה ולחרם על המוצרים הגרמניים: "גרמניה של המאה העשרים נסוגה לזמנים הברבריים, היא רודפת עכשיו את יהודיה, מיעוט חסר ישע. אנו פונים אל הצרפתים שבמרוקו! אל המוסלמים והיהודים: אל תקנו דבר מהגרמנים כל עוד היטלר והאספסוף האנטישמי שלו לא יפסיקו עם מעשי העושק שלהם".

הפגנה בממדים חסרי תקדים נערכה בבית קולנוע רנסנס, ובה השתתפו יותר מ־2,000 יהודים. רבי רפאל אנקאווה, ראש בית הדין הגדול, דיבר לפני הציבור על תדהמתו הגדולה מכך שחוזרים לתקופת הברברים שקודם כיבוש הצרפתים, בשנאה העזה לאומה היהודית. אחריו נאם ראש ועד הקהילה, יצחק עבו, שביטא את תקוותו לראות את האנושות כולה מתקוממת כנגד הברבריות הנאצית, והדגיש את הצורך הדחוף בחרם. אחד הנואמים הנוספים, גסטון ברוך, תעשיין יהודי ממוצא איטלקי, הודיע כי מפעלו ביטל זה עתה הזמנה מגרמניה בסכום של חצי מיליון פרנק. הקהל מחא כפיים.

החרם הופעל תחילה רק בערי החוף, ומשם התפשט בהדרגה לכל המדינה, כולל לאזור הספרדי ובטנג׳יר. ביום ח׳ בניסן ה׳תרצ״ג (4 באפריל 1933), דיווח קונסול גרמניה בלראש: "כבר עשרה ימים שהיהודים מחרימים סחורות גרמניות, חנויות גרמניות וספינות גרמניות, בעוד שכ־80 אחוז מהמסחר הגרמני במרוקו היו עד כה בידי סוחרים יהודים״.

גרמניה חששה מהשלכותיו המזיקות של החרם, ולחצה על השלטון הצרפתי שבמרוקו לשים לו קץ בטרם יתגבר. מעבר לכך, ברלין לא יכלה לסבול שמרוקו המדינה שעד תחילת 1910 ניהלה עם צרפת תחרות על השליטה בה, עתה תהיה היא המדינה היחידה שתהיה סגורה כלכלית בפניה. ומנגד, צרפת ביקשה אף היא שלא לדרדר את יחסיה עם גרמניה. על כן הורה הנציב העליון במרוקו בתקיפות לראשי הקהילה היהודית, לשמור על פרופיל נמוך. לבקשה זו צירף אף את חששו, שיימנעו מכך היהודים כדי שלא להכעיס את האוכלוסייה המוסלמית המקומית, שלא הייתה רגילה לראות את היהודים נוקטים בפומבי עמדה בסוגיות ציבוריות.

בשל לחץ הנציב העליון, וההתלהבות המועטה שגילו הסוחרים היהודים הגדולים בתמיכה בחרם, דעך החרם. לא הועילו גם הקריאות החוזרות ונשנות של השבועון הציוני ׳לאבניר אילוסטרה׳ לשמר את החרם, כמו למשל במאמר המערכת מיום י״א בחשוון ה׳תרצ״ג(31 באוקטובר 1933): ״כל מוצר גרמני צריך להבעיר את ידינו, כל פרנק שבו אנו מעשירים את הרייך הגרמני הוא כדור שיִיַרֶה באחינו. על ישראל להוכיח לעולם כולו שהסולידריות היהודית אכן קיימת".

מאוחר יותר, כשפלשו הגרמנים הנאצים לפולין, ביום י״ז באלול ה׳תרצ״ט (1 בספטמבר 1939), פרסם מחבר הקונטרסים השנון, יצחק דוד כנפו, מורה ומשורר מהעיר מוגאדור, את הספרון ׳מעללי היטלר; כדי לעורר את יהודי מרוקו למודעות לזוועות המשטר הנאצי ולסכנה שהוא מטיל על כלל העם היהודי, ולא רק על יהודי גרמניה. יצחק התוודע לאופיו המתועב של המשטר הנאצי בעת לימודיו בצרפת וסיוריו באירופה בסוף שנות השלושים. הוא הוציא את הספר ב־2,500 עותקים שהופצו בעיקר בעירו, ולא זכו להד מחוצה לה. על שער הספרון צייר את היטלר בלעג. תחת לחץ של ראשי הקהילה, השמיד יצחק בזמן המלחמה את כל העותקים הקיימים, ועבר מבית לבית לאסוף אותם, מחשש לפעולת תגמול של שלטון וישי. עותק אחד ששרד, התגלגל לקרוב משפחתו ידידי הסופר אשר כנפו, שהניח אותו למשמרת במכון השואה ׳יד ושם׳.

בתקופה זו, האנטישמיות והשנאה כלפי יהודי מרוקו הלכה וגברה. צורם היה קולו של השבועון הערבי ׳לה וואה נאסיונאל', מיסודו של עבדללטיף סביחי, לאומני מהעיר סאלה, שאימץ את הסיסמאות הארסיות ביותר של האנטישמיות האירופית. הוא האשים את היהודים ב״טפילות, בהשתלטות מסיבית על מקצועות חופשיים על המשרות הטובות ביותר". עיתון זה סבר שכך הם מונעים עבודה מהמוסלמים המשכילים, ודנים את ההמונים המוסלמים לעוני בשל ״ריבוי היהודים בשירותים, השתלטותם על ענפי המסחר ובהתרבותם המרקיבה בכל ענפי הפעילות של ארצנו״. המאמר מסתיים בקביעה ש״זאת מדיניות גרועה לרצות לבנות מדינה מוסלמית בעזרת מיעוט יהודי״.

״היהודים רוששו את הערבים״, שח עבדללטיף סביחי באוזני חבריו. ״הם התעשרו על חשבונם בזכות ידיעת השפה הצרפתית. הם לעולם לא מיהרו ללמוד ערבית, שפת המדינה שבה נולדו, וכדי ללעוג לנו עוד יותר הם אפילו עושים עצמם שאינם דוברים שפה אחרת זולת הצרפתית. אבל אל דאגה, אנו נתפוס אותם בקרוב וננקום בהם. בכל מקרה היו בטוחים שאז לא נשאיר להם דבר – גם לא את החולצה שהם לובשים״…

כתגובה לדבריו, נכתב בעיתון ׳לוניון מרוקן׳ של אנשי כי״ח, ביום ד׳ באלול ה׳תרח״צ (31 באוגוסט 1938), כי על השלטון הצרפתי לנקוט צעדים נגד התפרצות השנאה. ״נדהמנו מאוד כשקראנו את הגיליון האחרון של ׳לה וואה נאסיונאל׳. זאת ממש גרסה מרוקאית של הצהובון הנאצי המסית ׳דר שטורמר׳ שבגרמניה. לפי דעתנו הגיע הזמן ששלטונות המדינה יתייחסו ברצינות למקרה ויצאו מאדישותם, נוכח ההסתה לשנאה וליבוי סכסוכים בין קבוצות שעד כה חיו בהרמוניה מושלמת״.

ביום ט׳ בניסן ה׳תרח״צ (10 באפריל 1938), השמועה פשטה בקרב הקהילה היהודית בפאס, כי הסולטאן עומד להגיע לביקור בעיר הבירה הישנה. על פי הנוהג, התייצבו חברי ועד הקהילה בפאס והעומד בראשה מימון דנאן, רבני העיר ונכבדיה, בקרבת המלאח, כדי לקבל את פניו של הסולטאן. השיירה התקרבה, ולאחר שבירכו אותו הנציגים המוסלמים, התקדמה המשלחת היהודית כדי לנהוג כמותם. אלא שרכב הסולטאן התניע במהירות, והשאיר את הנציגים היהודים נבוכים ומושפלים… היהודים ראו בכך עלבון שנועד להשפילם ותוכנן מראש. כולם זכרו את הפעם הקודמת שאירע להם כך, בשנת 1934, כשמשלחת קהילה מפאס נדחפה בגסות, באותה צורה, בשעה שבאה לברך את הסולטאן. מאוחר יותר התברר כי הייתה זו אי־הבנה מצערת, יוזמה חפוזה של נהג רכב השרד, אולם לא היה בכך כדי לפייס את הקהילה היהודית שהושפלה ולהרגיע את חששם, שכן אווירת התקופה תרמה אף היא לכך.

בשנת ה׳תרצ״ט (1939), גויס יהודי בשם בן סימון כעובד זמני בדואר בעיר מזאגאן. בעקבות כך החלו מחאות זועמות של אזרחים צרפתים, והנציבות הצרפתית ששלטה במרוקו והטילה עליה את חסותה, הזמינה לבירור את ראש שירות הדואר כדי שיסביר כיצד קרתה ה׳תקלה׳. ראש הדואר התנצל והסביר כי בן סימון היה המועמד הראוי היחיד, ומיהר להוסיף: "משרדי אימץ את הכלל לא לקבל מועמדים יהודיים, אלא אם אין כלל מועמדים מוסלמים או צרפתים בעלי כישורים מספקים״. ראש שירות הדואר הזדרז לפטר את בן סימון ביום י״ז בסיוון ה׳ת״ש (23 ביוני 1940), מספר חודשים לפני שנחקקו חוקי וישי הידועים לשמצה, שנועדו בין היתר להרחיק את היהודים מכל עמדה ומעמד ציבורי.

דרמה נוספת אירעה במכנאס. פעילי המפלגה הקיצונית ׳המפלגה החברתית הצרפתית׳, שהייתה פעילה במיוחד במרוקו, פיזרו כרוזים והדביקו כרזות בליל י׳׳ז באייר ה׳תרח׳׳צ (18 במאי 1938). על חלונות הראווה של העסקים בבעלות יהודית נראו כרזות באותיות בוהקות: ״חנות יהודית, חנות של מנצלים״, ״הקהילה היהודית מחזיקה ביותר ממחצית עושרנו״, ״מקור הון היהודים בגניבה וניצול, ויש להפקיע אותו ולהחזיר אותו לעובדים הצרפתים״, ״לקנות אצל יהודים זה למוסס את המסחר הצרפתי!״. העירייה מחקה את הכתובות, והשקט כאילו הושב על כנו.

אירוע אנטישמי נוסף, ביום כ״א בניסן ה׳תרצ״ט(10 באפריל 1939), ברחבת אל חדים – הכיכר המרכזית של המדינה, זיהו שני צעירים יהודים מקומיים את סימון פלאס, יהודי יליד מראכש, אשר להפתעתם הרבה היה לבוש כמוסלמי וקיבץ נדבות. הם הכירו אותו מביקורו האחרון בעיר חודש קודם לכן, כאשר בא למכור ספרי קודש וספרתי ׳קסידות׳ ביהודית ערבית ובאותיות עבריות היוצאים לאור בקזבלנקה. התברר שסימון התאסלם כמפלט מהמצוקה הכספית שבה היה נתון. הצעירים היהודים לעגו לו והקניטו אותו על השכר הזעום שאסף מהמרת הדת המבזה. סימון, בשמו החדש עבדלה בן חאג׳ לאחוסין, החל לקרוא למוסלמים שבסביבה לעזרה, בטענה שהצעירים מקללים את האסלאם ומבקשים לגרור אותו בכוח למלאח כדי להורגו. השמועה התפשטה בקרב האלפים שנכחו בכיכר המרכזית. חיילים מוסלמים בחופשה שנכחו באותה עת בכיכר התנפלו על שני הצעירים, ואלה נמלטו אל עבר תחנת המשטרה. החיילים, ובעקבותיהם ההמון הרגיל של חסרי המעש וסבלים, כאילו רק חיכו לאות, עטו על המלאח. הם בזזו, הציקו לעוברי אורח ותקפו בתים. במהרה הצטרפו אליהם מפגינים מכל שכונות העיר. עדים דיווחו כי אמבולנסים צבאיים עברו בשכונות ואספו את החיילים.

למרות הקריאות הנואשות, לא התערבו כוחות הביטחון, אלא באיחור רב. השקט חזר רק לאחר רדת הלילה. שני יהודים ־ אלי אמסלם ופריחה אברג׳ל, נהרגו בעת המהומות. 34 יהודים נפצעו, ודינר אסייג נפטר מאוחר יותר מפצעיו. הנזק לרכוש נמדד בעלות של למעלה ממיליון פרנקים. החשד התחזק כי מדובר בפעולה מתוכננת מראש.

״על פי העדויות שנגבו היום״, סיפר מורים לוי, יהודי ממוצא אלג׳ירי שהיה עד למהומות, ״אפשר לומר בוודאות כי סיפור היהודי שהתאסלם לא היה אלא תירוץ למהומה שאורגנה בעוד מועד. התקריות גרמו למותם של שלושה אנשים. שבעה בתים ושמונה חנויות נהרסו כליל. תמוה בעיני כי האמבולנס הצבאי, שתפקידו היה להציל את הפצועים, שימש לאיסוף החיילים והוביל אותם למקום מעלליהם״.

בתחילת שנת 1940, נדמה היה עדיין כי המלחמה מתנהלת ביבשת אחרת. אך יהודי מרוקו עברו התפכחות מכאיבה. נציגי הקהילה הגיעו לארמון ברבאט, כדי לאחל שנה טובה לנציב העליון מטעם צרפת. בכניסתם פגשו את הגנרל נוגס, שפלט לעברם: ״אבקש מכם להשתדל שבני בריתכם לא ינצלו את המלחמה כדי להתעשר!״…

בעיר אוז׳דה, הופצו כרוזים והודבקו כרזות על חנויות השייכות ליהודים: ״כאן עסק של יהודי, עסק של נצלנים", ״עובד, אויבך הוא היהודי. הוא מנצל אותך ומרושש אותך, הוא בונה את הונו המתועב על מצוקתך". ראש העיר הוסיף וקבע, כי מעתה ייאסר על הקבצנים היהודים לשוטט ברחובות, וכן ייאסר על בני הנוער היהודים לטייל במוצאי שבת ברחוב הראשי של העיר.

צלב הקרס בארצות המערב-משה חיים סויסה.

עמוד 218

Une nouvelle Seville en Afrique du Nord-Debdou-Une miniature de Jérusalem.

debdou-1-090

Les Musulmans et les Juifs de Debdou prétendent que la Kasbah aurait été construite par les Romains. Ils confirment l’existence, au-delà de la Gada, de mines de cuivre qui auraient été exploitées déjà dans l’Antiquité. Toutefois, les murs de la Kasbah sont en pisé et ne  diffèrent pas beaucoup du type des forts berbères de l’époque de la Splendeur des Mérinides.

Le seul problème intéressant pour l’archéologue est l’existence, près de la Kasbah, d’un fossé et d’une galerie souterraine taillés dans la roche, s’enfonçant jusqu’à environ 30 mètres de profondeur, qui aboutirait à une nappe d’eau.

Il est évident que la population actuelle de Debdou ne serait pas capable d’exécuter un travail aussi compliqué.

Quoiqu il en soit, il est certain que, depuis I'epoque historique, Debdou a presque toujours été un centre important du Judaïsme. La population juive, de beaucoup la plus nombreuse autrefois, fut  particulièrement éprouvée par les troubles de ces derniers temps; elle constitue encore les deux tiers de la population de la ville, sans compter les diverses colonies de Juifs de Debdou qui se trouvent  dispersés en Algérie et dans la plupart des nouveaux centres espagnols et français.

Ce caractère juif de Debdou avait déjà frappé, en 1885, M. de Foucauld qui consacra au Mellah de Debdou les lignes suivantes :

«La population de Debdou présente un fait curieux : les Israélites en for­ment les trois quarts; sur environ 2,000 habitants, ils sont au nombre de 1,500. C’est la seule localité du Maroc où le nombre de Juifs dépasse celui des Musulmans.

Debdou est le premier point que je rencontre faisant un commerce régulier avec l’Algérie; un va-et-vient continuel existe entre cette petite ville et Tlemcen. Les négociants israélites y cherchent les marchandises qui, ailleurs, viennent des capitales marocaines ou de la côte; ils les emmagasinent chez eux et les écoulent peu à peu sur place et dans les marchés du voisinage. Debdou a quelques rela­tions avec Fès et Melilla. Mais ses seuls rapports sont avec l'Algérie.»

Au point de vue économique, l’activité des Juifs de Debdou présente un réel intérêt. Cependant, on a certainement exagéré l’importance commerciale de ce marché. On sait qu’il devait être ouvert aux commerçants d’Algérie par une clause spéciale des traités conclus entre la France et l’Empire chérifien au commencement du siè­cle. L’intérêt économique de Debdou ne tient pas tant à sa situation géographique, puisque Debdou se trouve en réalité en dehors de la grande vallée, qu’à l’activité de sa population juive. Cette activité, depuis plusieurs siècles, s’est développée là, à l’abri des attaques et des pillages qui étaient continuels dans les vallées et les régions ouvertes de la Moulouya.

Il y a parmi les Juifs de Debdou quelques bijoutiers, tailleurs et tis­serands. Les femmes excellent aux travaux de tissage et de broderie. On fait aussi à Debdou quelques ouvrages de maroquinerie. Un certain nombre de familles aisées possède de beaux jardins de rapport dans les environs de la ville. L’élevage du mouton dans les environs est égale­ment florissant. Le marché de Debdou se tient le jeudi; il est réservé aux tribus de la région proprement dite. C’est la place de Taourirt qui, depuis l’Occupation française, est devenue le rendez-vous où tous les marchands de la région de la Moulouya se réunissent chaque lundi. Rien de plus pittoresque que ces centaines de Juifs qui, tous les dimanches, descendent en caravanes sur des mulets et des ânes chargés de marchandises. On y voit des hommes barbus habillés du caftan noir propre aux Juifs espagnols, ou tout simplement d’une gandoura, et coif­fés d’un fez ou bien d’un foulard, seule coiffure per­mise aux Juifs, en certains points de l’intérieur; des garçons d’assez bel aspect, aux yeux très vifs, avec de longues boucles noires tombant sur les joues. Enfin des femmes, souvent très jolies, mais souvent aussi pré­maturément fatiguées, se présentent avec la coiffure haute couverte d’un mouchoir aux deux bouts en pointe, qui est particulière aux Juives du désert marocain. À Debdou même, le type général des juifs est un beau type espagnol.

Bien que les maisons ne brillent pas de propreté, l’aspect extérieur du Mellah est assez riant et rappelle, dans une certaine mesure, le Mellah de Tétouan. Il compte une quinzaine de synagogues et d’ora­toires; mais, à part une ou deux dont le type se rapproche des syna­gogues de Tétouan, les autres sont plutôt des salles ordinaires, con­sacrées par les habitants aux besoins du culte. Voici les principales : Chenouga׳ des Oulad Bensoussan (la plus importante); Chenouga ed- Dougham des Cohen (qui donna lieu à de longues querelles, les Cohen s’étant refusés à y admettre les Juifs du commun); Chenouga Barmalil; Chenouga Bousseta; Chenouga Ben Guigui; Chenouga Ben Hammou; Chenouga Oulad Mechid; Chenouga Es-Sabban, etc.

Chenouga d’Esnoga, en portugais = synagoga. Les Juifs arabes disent Sla.

Cette liste montre que chaque fragment de population a son sanc­tuaire. Car la population juive de Debdou présente cette particularité, qui lui est d’ailleurs commune avec celle de Djerba, d’être subdivisée en plusieurs tribus ou plutôt en clans ayant chacun son quartier, ses synagogues et ses traditions et vivant, depuis des siècles, dans un état d’antagonisme social qui se manifeste par des conflits presque perma­nents.

Parmi ces tribus, celle des Cohen Scali, la plus nombreuse, compte environ 150 pères de famille (70 familles) " et s’attribue une illustre origine aaronide. Les démêlés des Cohen avec leurs voisins les Marciano (environ 100 pères de famille et 40 familles) sont devenus célèbres dans le monde juif depuis le dix-septième siècle. Et les petites factions telles les Oulad Ben Guigui, les Oulad Marelli, les Oulad Ben Hammou qui ne peuvent pas prétendre à une haute origine, embrassent les querelles des Marciano contre les Cohen, si bien que l’équilibre numérique entre les deux leffs, semble être maintenu. Quant aux Oulad Bensoussan, qui sont eux-mêmes le descendants d’une illustre famille rabbinique, ils restent presque toujours neutres et for­ment un clan à part. Dans ces conditions, la plus grande synagogue, qui est en quelque sorte le centre officiel de la communauté, se trouve située dans le quartier des Bensoussan.

Cette tendance au fractionnement, qui caractérise les habitants juifs de Debdou, se manifeste un peu partout : dans la vie religieuse, dans la vie sociale et même dans la vie politique. De tout temps, le «leff» des Marciano se refusa à subir la tyrannie des Cohen Scali; ils leur dis­putèrent depuis la destruction de la Kasbah Dar Ben Mechâal en 1680, le terrain qu’ils occupent à Debdou et ne voulurent jamais se résigner à leur être soumis, en dépit de l’illustre origine invoquée par les Cohen Scali.

On verra, au chapitre consacré à l’histoire de Debdou, quel degré de violence atteignaient les passions rivales des deux factions domi­nantes de Debdou, dans les moments de troubles surtout; très souvent on en venait aux mains; dans la plupart des cas, les tribunaux rabbiniques de Fès et de Jérusalem parvenaient à établir une paix précaire seulement.

A l'époque de la domination du Rogui, les Marciano, pour exaspérer leurs adversaires dont le chef David ben Hïda s’était fait l’agent du Prétendant, ne trouvèrent rien de mieux que de proclamer Moulay Hafid sultan à Debdou.

Heureux encore qu’il n’y ait eu, dans cette population juive de Debdou que deux grandes factions! Si les Cohen Scali sont aaronides ou prêtres d’origine noble, tous les autres Juifs de Debdou sont des israélites vulgaires et descendants des deux tribus laïques d’Israël. Si les Lévites qui, eux aussi, se réclament d’une origine antique plus ou moins sacer­dotale, étaient venus se mêler à ces querelles, on peut imaginer à quel point la situation aurait été intenable et plus difficile encore!

Seulement ici, comme dans la Hara Zghira de Djerba, la cité des Cohen et du sanctuaire dit la Ghriba (la Solitaire) célèbre dans tout le Judaïsme africain, les Aaronides semblent avoir pris les devants pour prévenir à tout jamais l’établissement des Juifs descendant de la tribu de Lévi. Ils proclament qu’aucun Lévite ne saurait impunément fouler le sol de Debdou (ou de Djerba), ce sol étant entièrement consacré aux Cohen( ?). Quiconque enfreindrait cet ordre serait frappé par YHWH d’une mort certaine. Il y a là, sûrement, la trace de croyances fort anciennes, antérieures à l’établissement du culte rabbinique, puisque ce dernier a aboli toute distinction de caste chez les Juifs en Afrique. Mais comment concilier ces données avec la tradition, qui semble authentique, de l’origine espagnole des Cohen Scali? Une fois de plus, nous sommes amenés à penser que le Judaïsme primitif de l’Espagne ne devait pas différer essentiellement de celui de l’Afrique et que l'évolution européenne des Juifs espagnols ne s’est accomplie que sous la domination chrétienne.

Quoi qu’il en soit, il est acquis que le différend suranné entre Cohen et Israélites, déjà condamné en Afrique par les rabbins des écoles babyloniennes du dixième siècle demeure encore à Debdou un facteur de dissensions et de conflits qui pèse lourdement sur la vie sociale de la communauté.

Une nouvelle Seville en Afrique du Nord-Debdou-Une miniature de Jérusalem.

Page 26

אַזְכִּיר חַסְדֵי אֵל, צוּרִי מִשְׂגַּבִּי-רבי דוד בן אהרן חסין-פייטנה של מרוקו-אפרים חזן ודוד אליהו (אנדרה) אלבאז

תהלה לדוד

20 – אזכיר חסדי אל צורי משגבי.

 

לחולה שנתרפא. שיר מעין אזור בן תשע מחרוזות ומדריך. בכל מחרוזת ארבעה טורים, שלושה יטורי סטרופה וטור אזור אחד. הפיוט בנוי על מזמור קז בתהילים.

חרייזה: א/ב/א/ב גגגב דדדב וכו׳.

משקל: עשר הברות בכל טור.

כתובת: פיוט שיר ושבח יסדתי בחלותי חולי גדול ואחיה מחוליי. ספרתי שבחיו יתברך בלשוני. נועם ׳אל אשר יצרני בחכמה׳. סימן: אני דוד חזק.

 

אַזְכִּיר חַסְדֵי אֵלצוּרִי מִשְׂגַּבִּי / הַחֲלִימֵנִי וְהַחֲיִינִי
אוֹדְךָ ה' כִּי אַנְפַתָּ בִּי  / יָשֹׁב אַפְּךָ וּתְנַחֲמֵנִי

נֶאֶסְפוּ עָלַי רָעוֹת אֵין מִסְפָּר
וּכְאֵבִי נֶעְכָּרנִבְאַשׁ וְנֶחְפָּר
5-עָד אֲשֶׁר שָׂחָה נַפְשִׁי לֶעָפָר
יָבֵשׁ כַּחֶרֶשׂ כֹּחִי וּלְשׁוֹנִי.

 

יַחַד חֻבְּרוּ בִּי צִנִּים פַּחִים
וְכָל עַצְמוֹתַי נָדִיםלֹא נָחִים
יִהְיוּ לְרָצוֹן בִּמְקוֹם זְבָחִים
10-לִפְנֵי אֶל אֲשֶׁר יַסֹּר יַסְרָנִי.

דַּלּוּ עֵינַי לְךָ אֶל גְּדוֹל עֵצוֹת
נוֹטֶה שָׂמִים רוֹקַע אֲרָצוֹת
רוֹפֵא כָּל בָּשָׂר מַפְלִיא לַעֲשׂוֹת
שִׁוַּעְתִּי אֵלַיִךְ וַתִרְפָּאֵנִי.

 

-15 וְכָל הַחַיִּים יוֹדוּךְ סֶלָה
חוֹלִים וְעוֹבְרֵי דֶּרֶךְ בִּמְצוּלָה
אֲסִירִים וְהוֹלְכֵי דֶּרֶךְ בִּמְסִלָּה
חַי חַי הוּא יוֹדֶךָ הַיּוֹם כָּמוֹנִי.

יְהִי חַסְדֶּךָ תָּמִיד עִמָּדִי
20-וְאַל תְּחַדֵּשׁ עֵדֶיךָ נֶגְדִּי
מְדֶבֶּר הַוּוֹת תִּסְגֹּר בַּעֲדִי
בְּצֵל כְּנָפֶיךָ תַּסְתִּירֵנִי.

 

  דָּנַנִי וְזִכַּנִי צוּר חֵילִי
בְּיוֹם קָרָאתִי שָׁמַע אֶת קוֹלִי
25-הָפַךְ מִסְפְּדִי לְמָחוֹל לִי 
פִּתַּח אֶת שַׂקִּי וַיְאַזְּרֵנִי

חֲכַם הָרָזִים יוֹדֵעַ פֵּשֶׁר
כָּל דְּרָכֶיךָ עַל קַו הַיּשֶׁר
אָכֵן בְּמִשְׁפָּט אוֹתִי תְּיַסֵּר
30-אַל בְּאַפְּךָ פֶּןתַּמְעִטֵנִי.

 

  זֹאת נֶחָמָתִי לִבִּי הִתְאַוָּה
לִשְׁמֹר דַּרְכֵי אֵלכָּל אֲשֶׁר צִוָּה
אַל תְּבוֹאֵנִי רֶגֶל גַּאֲוָה
וְיַד רְשָׁעִים אֶל תְּנִידֵנִי.

35-קוֹל שִׁיר וּשְׁבָחָה הַלֵּל וּמִזְמוֹר
לְךָ אֶפְצְחָה דּוֹדצְרוֹר הַמֹּר
וּבְדִבְרֵי קָדְשָׁךְ כָּתוּב לֵאמֹר
זוֹבֵחַ תּוֹדָה יְכַבְּדָנְנִי.

 

1.צורי משגבי: כינוי לאל, על־פי תה׳ סב, ג. החלימני והחייני: יש׳ לח, טז. 2. אודך… זמני: עך־פי יש׳ יב, א. 4. וכאבי נעבר: תה׳ לט, ג. כאבי נדלח ונעשה עכור, התגבר והתחזק. ש ונחפר: על־פי מש׳ יג, ה. 5. עד…לעפר: על־פי תה׳ מד, כו. 6. יבש…ולשוני: על-פי תה׳ כב, טז. 7. צנים פחים: מש׳ כב, ה, מכשולים ומוקשים הפוגעים בי. והשווה, כתובות ל, ע״ב ׳הכל בידי שמים חוץ מצנים פחים׳. 8.נדים ולא נחים: אני רועד כולי בגלל המחלה, והשתמש במונחי דקדוק באופן ציורי. 9. יהיו… זכרים: הדובר מבקש שייסוריו יתקבלו כקרבן וכזבח לפני ה׳.יסר יסרני: על-פי תה׳ קיח, יח. 11. דלו… עדות: על-פי יש׳ לח, יד, עיני נישאו בתפילה לקב״ה. 12. נוטה… ארצות: על־פי יש׳ נא, יג. 13. רופא… לעשות: מתוך ברכת ׳אשר יצר את האדם׳. שועתי אלין ותרפאני: תה׳ ל, ג. 15. וכל… סלה: על-פי ברכת ההודאה בתפילת העמידה. החיים: המלה ׳חיים׳ כוללת ראשי תיבות של החייבים בברכת ׳הגומל׳: חבוש, יסורין, ים, מדבר, ובהמשך הפייטן מונה את חייבי ההודאה. 18. חי… כמוני: על-פי יש׳ לח) יט, תפילת חזקיה לריפויו. 19.יהי… עמדי: על-פי תה׳ קיט, עו. 20. ואל… נגדי: על־פי איוב י, יז. עדין: היסורים המעידים נגדי. 21. מדבר הוות: על-פי תה׳ צא, ג, ועניינו מגיפה ומחלה רע. תסגור בעדי: מל״ב ד, כא. ועניינו תגן עלי. 22. כצל כנפיך תסתירני: על־פי תה׳ יז, ח. 23. צור חילי: כינוי לקב״ה, והשווה ׳בזכרי על משכבי׳ לי׳ אבן בלעם. 24. ביום קולי: על-פי תה׳ קלח, ג. 25-26. הפך…ויאזרני: על-פי תה׳ ל, יב. 27. חכם הרזים: כינוי לקב״ה. פשר: פירוש ומשמעות ליסורים הבאים על בני האדם. 29-30. אכן… תמעיטני: על־פי יר׳ י, כד, אל תייסר אותי כפי המגיע לי במשפט, פן תכלה אותי. 31. זאת נחמתי: על-פי תה׳ קיט, ז. 33-35. אל… תנידני: על-פי תה׳ לו, יב. 35. וקול… ומזמור: על-פי תפילת ׳ישתבח׳ ׳שיר ושבחה הלל וזמרה׳. דוד צרור המור: כינוי לקב״ה, על-פי שה״ש, א, יג. ובדברי… לאמר: על-פי לשון ה׳קדושה׳ ולשון התקיעתות. זבח תודה יכבדנני: תה׳ נ, כג.

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