Opération Muller ou Mural-Michel Knafo

Le premier ministre de Gibraltar, sir Joshua Hassan
Entre sir Joshua Hassan et moi-même, se sont liés des liens d'amitié particulier.
Et voilà qu'en 1994, il avait été invité par l'adjoint au maire d'Ashkelon pour recevoir un diplôme d'honneur pour sa contribution à l'immigration de milliers de juifs via Gibraltar. La cérémonie a eut lieu dans une somptueuse tente marocaine à Ashkelon, en présence d'un public nombreux.
Moi, personne ne m'avait invité, et lorsque j'ai interrogé l'adjoint au maire, en feignant de prendre un ton naïf, que j'avais lu dans la presse la venue de l'hôte et que j'aurais souhaité connaitre le lieu où il logerait, celui-ci me demanda si je connaissais Sir Hassan et d'où je le connaissais. Je lui ai répondu que nous avons travaillé ensemble à Gibraltar. L'adjoint au maire était perplexe et m'a répondu: "Tu sais quoi, viens, peut-être que je pourrai t'arranger une rencontre avec lui à l'extérieur de la tente." Je l'ai remercié.
Entre-temps, j'ai appris que sir Hassan descendrait à l'hôtel Hayatt. J'ai téléphoné à Méir Knafo, pour l'en informer et prendre conseil, et ensuite j'ai téléphoné à sir Joshua Hassan, qui a tout de suite exprimé son désir de me rencontrer, et lorsqu'il a su que je n'étais pas convié à la cérémonie, il m'a dit ceci: "Béni, je suis invité pour 20:00. Donc à 19:30, je serai chez toi." Il est arrivé à l'heure convenue, et devant quelques apéritifs, la discussion a fusé jusqu'à 20:45. Lorsqu'il est sorti de chez moi, ses hôtes l'ont interrogé, où était-il donc, il a répondu: "Je suis allé rendre visite à Béni Meitiv, car c'est un geste qu'il convenait de faire."
Troisième partie: En ces jours de tempête
Le camp de Gibraltar
Revenons de l'actualité à la chronique dont nous parlons. Dans le camp de Gibraltar, les immigrants attendaient les avions qui les transporteraient à Marseille, puis en Israël. Les avions étaient de tout type de D.C. – 4, 5 et 6. Tous désiraient voyager dans le plus gros possible, parce qu'il était aussi le plus sûr – et il faut dire que voyager de Gibraltar, ce n'était pas un simple voyage, mais vraiment une aventure.
L'aéroport était quelque chose qui appartenait aux légendes: cet énorme rocher composé entièrement de passages souterrains et de lieux de transits, pour une exploitation maximale du terrain – dont cette montagne ne dispose pas en quantité – et votre chemin d'un point à un autre passe d'un souterrain à l'autre. A l'intérieur de ce fromage suisse troué, était tendue une bande étroite, c'était l'aéroport.
La solidité du rocher de Gibraltar lui a valu l'expression française: "Solide comme le roc". Le nombre d'habitants de ce cap s'élevait à vingt-six mille, parmi lesquels 800 familles juives, cependant l'importance spécifique de la communauté juive était incomparablement plus grande que le pourcentage qu'elle représentait dans la population. Sur huit ministères dans le gouvernement de la colonie de la couronne, se trouvaient trois juifs, et à leur tête le premier ministre, sir Joshua Hassan, qui a occupé cette fonction pendant plus de vingt ans. Nous avons sollicité son aide de nombreuses fois parce que d'après la nature de nos activités, il y avait de temps en temps des "embrasements" qui n'étaient pas prévus ou des situations qui nécessitaient une aide immédiate, et celle-ci a toujours été donnée par la communauté juive et par celui qui était à la tête de la hiérarchie du rocher.
Le but est de ne pas compliquer les relations entre la Grande-Bretagne et le Maroc
Lorsque sir Joshua a demeuré chez moi, nous avons évoquer le passé, et parlé des vrais amis (et d'autres "amis" aussi, si l'on peut dire) qui étaient liés à notre action, et parmi eux Sergeo Viouti, le "immigration officier', l'officier préposé à l'immigration qui a travaillé comme mon vis-à-vis dans la signature de la paperasserie des immigrants qui entraient à Gibraltar, et qui est décédé il y a six ans, et aussi Scott, le propriétaire d'Egoz, lui aussi décédé.
J'ai interrogé sir Hassan: "What about Mr. Bâtes?" qui était le "colonial secretary", le secrétaire de la colonie. Voici une histoire à son propos: un jour, il m'a convoqué et m'a dit: "Mister Meitiv, j'ai à vous formuler une demande, nous avons un problème avec vous, l'ambassadeur du Maroc à Londres a porté plainte pour des activités clandestines que vous effectuez sur le territoire marocain."
Je lui ai dit: "Mister Bâtes, I give you my word of honor (je vous donne ma parole d'honneur), que mister Meitiv n'a jamais foulé la terre marocaine." Il a alors souri et a répondu: "Je suis certain que mister Meitiv n'était pas là-bas, mais malgré cela, vous voyagez à Ceuta et Mélilla, et vous savez que les marocains prétendent que ces deux enclaves sont des territoires marocains."
Ce sujet était assez sensible. A côté de moi était assis sir Moshé Ben-Naïm, qu: était le consul honoraire d'Israël, et qui était mal à l'aise en raison de la sensibilité du sujet. Et je lui ai répondu en souriant: "Mister Bâtes, qu'importe si les marocain? prétendent que Ceuta et Mélilla font partie du territoire marocain, l'Espagne aussi prétend que Gibraltar fait partie du territoire espagnol – qu'ils continuent à le prétendre!" Malgré tout, nous nous sommes séparés en bons amis, tout en lui faisant la promesse que je serai prudent et ne compliquerai pas les relations de la Grande-Bretagne avec le maroc.
Opération Muller ou Mural-Michel Knafo
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