Alliance Israelite Universelle


Alliance Israelite Universelle.Les 150 ans de l'Alliance Israelite Universelle.

Brit – 30

ALLIANCE 1La revue des juifs du Maroc

Redacteur : Asher Knafo

Les 150 ans de l'Alliance Israelite Universelle

Jean-Claude Kuperminc

 Conservateur de la Bibliotheque de l'Alliance Israelite Universelle a traite de « Ecrire l'histoire de la communaute juive de Tunisie a partir des archives de l'Alliance Israelite Universelle ». La bibliotheque et les archives de l'A.I.U. sont depuis longtemps une source essentielle a la recherche sur l'histoire des Juifs du Bassin mediterraneen et des Balkans. Les archives ont ete rendues disponibles pour la periode 1860 – 1940 depuis le milieu des annees 1960 . Dans les dernieres annees, de nouveaux fonds sont apparus : archives recuperees de Moscou apres leur pillage par les nazis, ouverture des archives depuis 1945 , et quelques fonds prives. Les developpements autour des nouvelles technologies se ooursuivent pour rendre plus accessibles les documents conserves par l'A.I.U. Concernant les archives des ecoles de L'A.I.U. en Tunisie, il y a 49  boites microfilmees, les series comprennent les comites locaux ou regionaux, la situation generale des Juifs, le sionisme, les revues de L'A.I.U. et des photographies.

Shmaya Levy

 de l'universite de Tel-Aviv, a evoque Les archives de la direction des Ecoles de l'A.I.U. deposee aux Archives centrales pour l'histoire du peuple juif a Jerusalem.

 Classees par Georges Weill, elles regroupent des documents de la Direction des Ecoles fondees en 1878 de l'ecole de la rue Malta Sghira, des ecoles de fllles de la Hafsia et de   la Mechnaka, de  l'ecole de Djedeida 1895 -1917, de la comptabilite de la Caisse de Retraite du personnel de l'A.I.U., et les comptes des immeubles de l'A.I.U. Les sujets evoques sont les suivants

 les relations entre la Direction des Ecoles et la Direction Generale de l'Instruction Publique, le projet de contrat propose par

l'Education Nationale de la Republique Tunisienne en Fevrier 1959,les relations entre la direction des ecoles et la communaute Israelite de Tunis, l'incident de Bizerte, la guerre , la guerre de 1967 1956 et les dernieres annees de l'A.I.U. en Tunisie de 1957 a 1967

Retenons les dossiers importants de la boite 4 convention entre DIP (Direction de l'Instruction .publique) et A.I.U. en mai 1945

Rene Cassin au Ministre de l'Education Nationale en juin 1956 Weill au Ministre de l'Education en avril 1957

le Secretaire d'Etat a l'A.I.U. en octobre 1958

Vitalis Danon au Secretaire d'Etat le 29 Octobre 1958

  et le memoire du 7 janvier 1959  sur l'enseignement de la langue francaise

Lucille Nataf-Nouchi

 docteur en pharmacie, dans sa communication sur « les correspondances des enseignants » a presente, leur role au sein de l'A.I.U., l'instruction donnee, Taction sociale, comment ces enseignants ont-ils envisage leur role et leur responsabilite, l'education et la pedagogie, les rapports avec la communaute juive et avec le rabbinat et avec le regard des enseignants sur leurs coreligionnaires tunisiens.

La troisieme seance, « La scolarisation des Juifs de Tunisie » a ete presidee par Yosef Chetrit, professeur a l'universite de Haifa.

 

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Redacteur : Asher Knafo

Les 150 ans de l'Alliance Israelite Universelle

Cent cinquante ans après la fondation de l'Alliance Israélite Universelle à Paris et un siècle et demi d'action éducative, culturelle et politique intense dans les communautés juives du Bassin MALLIANCE 1éditerranéen, est-il temps d'établir le bilan définitif de cette institution unique par son ampleur dans le monde juif? Ce serait aller trop vite en besogne, car l'AIU continue son action, les anciens auraient dit sa 'mission', et s'apprêterait même à la redéployer en créant de nouvelles écoles, en Israël notamment. 

Jacques Ta'ieb de l'universite Pantheon-Sorbonne (Paris I), dans «l'action scolaire de l'A.I.U. en Tunisie (1878-1939) : essai comparatif avec le reste du Maghreb a fait une analyse en laissant de cote, les problemes purement pedagogiques, pour se concentrer sur le contexte politique et culturel dans lequel l'A.I.U. oeuvrait, en matiere scolaire, de 1878 a 1939. Cette etude s'est articulee d'abord sur les faits et leur chronologie : ouverture des ecoles, evolution des effectifs scolaires etc… Puis, ont ete presentees les particularites de l'oeuvre scolaire de l'A.I.U. : resistance a son action, concurrence de l'enseignement public, ambigui'te du statut politico-scolaire de l'ex-regence. La Tunisie etait-elle la France (comme l'Algerie)? Auquel cas l'A.I.U. n'avait rien a y faire, ou s'agissait-il d'un autre pays ? Cette communication s'est terminee par une comparaison avec les autres pays du Maghreb (l'Algerie, la Lybie et le Maroc).

Colette Sarfati de l'universite Vincennes-Saint-Denis (Paris VIII), dans « La scolarisation des jeunes filles juives tunisiennes, au temps du protectorat » revele leur emancipation grace a l'ecole des filles dans l'ancien palais de Nessim Scemama avec le developpement de l'education morale et des travaux manuels. La consequence a ete que la jeune fille devenue epouse et mere a eu la possibilite d'exercer une activite remuneree pour venir en aide a son mari et a ses enfants, en cas de besoin, sans devenir une assistee. Colette Sarfati a entrepris egalement une etude comparative de la scolarisation des filles juives et musulmanes tunisiennes. 

Josiane Tubiana-Neuburger, Maitre es-Lettres dans

 L'ecole populaire de la Hafsia

 a etudie la creation de cette ecole, qui a donne lieu a un conflit local, qui permet de bien voir ce qu'a ete l'action specifique de l'A.I.U. en Tunisie. En effet, seule l'action de l'A.I.U. a permis aux Juifs les plus pauvres de sortir de la condition miserable qui avait ete la leur pendant des siecles. II fallait creer une ecole a la Hafsia qui se situe aux confins de la Hara, pour que les enfants juifs les plus desherites soient instruits et finissent par sortir du ghetto. II a fallu creer cette ecole car la bourgeoisie locale, qui mettait ses enfants dans les ecoles de l'A.I.U. (a la Malta Sghira) pour qu'ils suivent une instruction primaire solide, souhaitant en meme temps qu'ils recoivent une instruction juive. Toutefois, cette bourgeoisie locale repugnait de mettre ses enfants en contact avec l'element le plus pauvre qui frequentait egalement l'ecole

 le petit " hafsien "  

 Madame Tubiana a utilise des documents disponibles (tels que des rapports d'inspection, des articles de presse, des correspondances, etc…). Elle s'est interrogee sur les raisons de la creation de cette ecole, sur ce qu'a ete sa specificite et sur le role qu'elle a joue dans !’emancipation de la frange la plus pauvre de la population juive a Tunis.

Moktar Ayachi, professeur des universites, et directeur du Musee de !'Education a Tunis, a evoque « La scolarisation des Juifs de Tunisie dans les ecoles publiques a l'epoque coloniale de 1881 a 1956   C'est l'occasion pour l'auteur de la communication de faire apparaitre un phenomene particulierement important : la societe francaise se trouvait, du fait de l'assimilation de la communaute juive de Tunisie, enrichie de nouveaux acquis demographiques, culturels et economiques, – sorte de « butin de guerre », tandis que la societe tunisienne perdrait une composante dynamique de sa population millenaire. Elle a ete privee ainsi de l'apport d'une elite culturelle et economique qui aurait apporte un plus ou un ferment nouveau au projet reformiste tunisien dont l'ambition declaree en vue du renouvellement social etait de repandre un nouveau type d'enseignement aupres des nationaux et d'assimiler, ainsi les bienfaits de la modernite et de ses valeurs universelles. 

L'ecole francaise publique et l'ecole de l'A.I.U qui lui a servi, en fait, d'appendice aupres de la communaute juive de Tunisie, s'etaient chargees donc, par le moyen de l'acculturation, du meme projet d'assimilation de cette communaute. Loin de toute concurrence, les deux systemes scolaires se sont reellement completes, au point que l'ecole publique de la Republique a absorbe a la fin de la Deuxieme Guerre Mondiale, les quelques ecoles de l'A.I.U. Ce dialogue mediterraneen et culturel a ete beaucoup apprecie. 

Ariel Danan,de l'universite Pantheon-Sorbonne (Paris I), a presente <<L'ecole Or-Thora (lumiere de la Thora) de Tunis de l'opposition a la collaboration 1885 – 1953

  Apres avoir fait un panorama des differentes ecoles creees a Tunis afin de concurrencer l'A.I.U., Ariel Danan a traite de l'ecole Or-Thora et de ses relations avec l'A.I.U. Creee en 1885 par Mardochee Raka, elle a eu pour but de donner aux enfants une instruction religieuse poussee. Menacee de fermeture, elle a ete reprise en main par la communaute en 1933 et une petite partie de l'enseignement a ete consacree a la culture profane.

 Cette ecole a commence a collaborer avec l'A.I.U. des 1936 a travers une action sociale commune. A partir de 1950 de nombreuses discussions ont eclate au Conseil de la communaute afin de determiner precisement quel doit etre l'enseignement delivre aux eleves d,Or-Thora. II a ete decide qu'il etait necessaire que les enfants aient de bonnes connaissances profanes et il fallait confier cette partie de l'instruction aux instituteurs de l'A.I.U. dont la competence etait ainsi reconnue. Une convention fut signee entre les deux parties en janvier 1952.

Ariel Danan est le premier chercheur a consulter ces nouvelles archives de L'A.I.U.

Yosef Chetrit a close cette seance en posant des questions : que signifie l’emancipation de la femme juive en Tunisie ? Que faut-il penser des descriptions miserabilistes de la part des instituteurs de l'A.I.U. ?

 

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Richard Ayoun

Synthese du colloque : L'Alliance Israelite Universelle en Tunisie (1860-1967) et les transformations socioculturelles de la communau te juive.

La quatrieme seance consacree a « L'Alliance Israelite Universelle en dehors de Tunis » a ete presidee par Mireille Hadas-Lebel, professeur a l'universite Paris-Sorbonne (Paris IV). 

Georges Weill, conservateur general honoraire du Patrimoine, a evoque « Une experience agricole de l'A.I.U. : la ferme ecole de Djedeida de 1895  a 1928

 Ce projet avait pour but " d'arracher au pauperisme urbain, a I'oisivete forcee, a la mendicite, au colportage et aux trafics douteux "  les populations juives des pays mediterraneens, et de detourner la jeunesse "  des tentations de la rue et des metiers du petit commerce… afin d'en faire des citoyens responsables " L'enseignement s'etendait sur cinq ans. Les deux premieres annees ne comportaient que tres peu de cours elementaires, mais essentiellement un travail sur le terrain comprenant l'usage et la reparation des materiels agricoles. Les trois dernieres annees, les eleves pouvaient choisir de devenir ouvrier agricole sur terrain alloue, " pour se preparer petit a petit au metier de paysan "  Neanmoins, Samuel Avigdor dut introduire tres tot un enseignement analogue a celui des ecoles primaires, sauf celui du francais, donne a l'ecole coloniale du village, ainsi que des cours d'hebreu et d'instruction religieuse. Dans l'espoir de debouches futurs au Canada et en Egypte, on y ajouta plus tard l'Anglais et l'Arabe. Les causes de l'echec de Djedeida sont multiples. On peut les rechercher d'abord dans !'application de theories physiocratiques remontant au XVIIIe siecle, qui avaient debouche sur une utopie alors a la mode pretendant que le salut des classes pauvres passait par l'agriculture, ainsi qu'a une meconnaissance de la situation economique et psychologique des Juifs mediterraneens ou tunisiens. S'y ajoutent sans doute des expertises incorrectes, des erreurs de gestion, une mauvaise evaluation des rendements agricoles et, s'agissant de notables genereux ou de fonctionnaires parisiens de l'A.I.U., une incompetence certaine en matiere agricole.

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Richard Ayoun

Synthese du colloque : L'Alliance Israelite Universelle en Tunisie (1860-1967) et les transformations socioculturelles de la communau te juive.

Youval Harouvi, de l'universite de Tel Aviv, a evoque  les rabbins de Djerba et l'A.I.U. Des la fin du XIXs siecle l'A.I.U. tenta a de nombreuses reprises d'ouvrir une ecole dans l'ile de Djerba. Les rabbins des deux communautes juives locales Harah Kbirah et Harah Sghirah s'opposerent aux initiatives et reussirent a les empecher. Ainsi, la grande majorite des enfants juifs de l'ile continuerent a recevoir une education strictement religieuse… Cette opposition des rabbins de Djerba a ete traitee d'apres le contenu d'une correspondance entre deux rabbins tunisiens renommes.

 II s'agit, d'une part, de la lettre du rabbin Israel Zeitoun, president du tribunal rabbinique de Tunis aux rabbins de Harah Kbirah, dans laquelle il essaie de les convaincre d'accepter l'ouverture d'une ecole de l'A.I.U. dans leur communaute. Et, d'autre part, de la lettre du rabbin Sassi Cohen, chef du tribunal rabbinique de Harah Kbirah qui repond a cette lettre par un refus. Puis dans cette communication ont ete envisagees les positions des rabbins de Djerba par rapport a l'A.I.U., a la lumiere des descriptions du voyageur juif europeen Nahum Slouschz, qui

 visita l'ile a deux reprises, en 1906 et en 1928.

 II y rencontra les rabbins locaux, et publia plusieurs essais, dans lesquels se trouvent de nombreuses informations a caractere historique sur le Judai'sme de Djerba, et sur l'attitude de ces rabbins vis-a-vis de l'education moderne.

Fabienne Develle, de l'universite Paris-Sorbonne (Paris IV), s'est penchee sur « Les tentatives et les echecs a l'interieur de la Tunisie ». A travers trois exemples, ceux des villes de Mahdia, Beja et Bizerte, elle degage la politique de l'A.I.U., destinee a etendre son reseau scolaire en Tunisie. L'ecole de la petite ville de Mahdia, fut creee, mais ce fut un echec puisque qu'apres trois ans d'existence elle fut fermee. Deux villes, Beja et Bizerte, tenterent d'avoir une ecole, sans jamais en obtenir la creation.

Saloua Grissa, professeur d'hebreu dans les facultes tunisiennes, a traite de « l'enseignement de l'hebreu en Tunisie : hier et aujourd'hui ». Elle a donne un apercu, fort bien venu, sur l'enseignement communautaire avant l'implantation de l'A.I.U., puis de l'enseignement a l'epoque de l'A.I.U., et de l'enseignement actuel de l'hebreu dans les communautes de Djerba et de Tunis, a partir de 1990 et dans les universites tunisiennes. II faut signaler que les mouvements sionistes ont donne des cours d'hebreu aux Juifs. A Djerba, est enseigne l'hebreu traditionnel.

La cinquieme seance consacree aux oppositions a l'action de l'alliance israelite universelle en Tunisie » a ete presidee par Moktar Ayachi, professeur a la Faculte des Lettres de Manouba.

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Synthese du colloque : L'Alliance Israelite Universelle en Tunisie (1860-1967) et les transformations socioculturelles de la communau te ALLIANCEjuive. Brit no 30

Armand Maarek, de l'universite Pantheon-Sorbonne (Paris I), dans «Les relations entre l'Alliance Israelite Universelle et la Communaute de Tunis – 1881-1894

 a montre qu'entre l'A.I.U. et les communautes de Tunis, ce fut, au tout debut, un mariage de raison, qui deboucha, en 1894  sur une grave crise. En fait, de 1878 a 1893 le premier directeur David Cazes, dont l'action est evoquee a nouveau, reussit habilement a neutraliser les communautes locales, a manipuler le Comite regional et a projeter une refonte totale des instances communautaires par leur rattachement au Judaisme francais. Le nouveau directeur Pariente peu predispose par nature a faire face a ce genre de situation, recut de plein fouet la reaction des notables de la Communaute qui, etaient certes maladroits et excessifs, mais qui ont su montrer leur attachement a leurs traditions seculaires.

Denis Cohen-Tannoudji, de l'Ecole Normale Superieure a evoque ( La contestation des notables de la communaute sur la propriete de l'immeuble de l'ecole de l'A.I.U. a Tunis ) II a rappele un episode singulier dans la vie de l'A.I.U. en Tunisie. Son installation dans la Regence, des 1860  et concretisee en 1878  avait suscite au tant d'oppositions que de soutiens. Ces tiraillements allaient perdurer pendant des decennies, alors que David Cazes etait le directeur.

 Puis la contestation se poursuit entre 1895  et 1896  alors que Pariente etait directeur. Certains notables de la communaute niaient que le proprietaire de l'immeuble de l'ecole de garcons de Tunis fut l'A.I.U. Cette association avait-elle vraiment prevu de quitter la Tunisie et de vendre l'immeuble Verrier ? Cela semble peu probable. Car pourquoi aurait-elle investi en meme temps, des fonds pour une nouvelle ecole a Djedeida ? Les arguments juridiques des notables tunisiens etaient pour certains peu defendables. L'immense majorite des fonds avaient ete collectes par l'A.I.U. aupres des grands philanthropes juifs europeens. Apres le depart de Pariente et la confirmation de la presence en Tunisie de l'A.I.U., l'animosite entre Juifs francais et Juifs tunisiens cesse d'elle-meme, meme si certaines oppositions resurgissent. En 1927 une petition de Juifs de Tunisie est recueillie contre le projet de designation du nouveau Grand rabbin de Tunisie par le Consistoire Central Israelite de France.

Yosef Chetrit, professeur a l'universite de Hai'fa, s'est penche sur le cas de « Chalom Flah. II s'agit d'un maitre d'Hebreu atypique dans les ecoles de l'A.I.U. au debut du XXe siecle ( Chalom Flah (1857-1936) est un des premiers intellectuels juifs d'Afrique du Nord. Forme en Hebreu et en Judeo-arabe a l'interieur de la tradition communautaire a Tunis, il a ete un des maskilim les plus actifs et les plus prolixes de sa generation. Jeune, il a notamment ouvert avec Yossef Cohen Guennouna une ecole juive pour y enseigner en premier lieu les matieres hebraiques auxquelles venaient s'ajouter quelques heures consacrees au Francais et au calcul, faisant concurrence a l'enseignement de l'A.I.U., qu'il jugeait dejudai'sant.

Pour ses eleves, il a prepare des manuels d'etude de la langue hebrai'que, ou il prone l'enseignement direct de la langue et des methodes rappelant celles d'Eliezer Ben Yehuda, dont il connaissait l'oeuvre pedagogique et nationale renovatrice.

 Sa carriere pedagogique connait une nouvelle etape, apres sa nomination en 1897 comme instituteur  d'Hebreu dans les ecoles de l'A.I.U. a Sousse, en depit – ou a cause peut-etre – de ses diatribes contre l'A.I.U., qu'il avait publie une dizaine d'annees auparavant. Dans son enseignement, il a tenu a appliquer des methodes pedagogiques modernes et a reussi a capter l'interet des eleves et de leurs parents pour les matieres hebraiques, a la satisfaction de ses differents directeurs, a la deception du Grand rabbin de Sousse, qui le pressait d'enseigner le Talmud a ses eleves. Dans le monde des maitres d'Hebreu traditionnels, Chalom Flah etait bien atypique, aussi bien par son parcours de maskil militant que par sa reflexion pedagogique, ses methodes didactiques et ses manuels d'enseignement de la langue hebrai'que. Son action pedagogique a meme suscite en 1905 un debat public sur l'enseignement de l'hebreu dans les ecoles de l'A.I.U., a la suite duquel il a envoye au Comite central de l'A.I.U. une longue proposition de reforme de cet enseignement en droite ligne avec ses positions maskiliques et nationalistes ou meme sionistes. Mais sa proposition resta sans reponse. Chalom Flah est un symbol du Judaisme traditionnel et du Judai'sme d'Afrique du Nord

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Synthese du colloque : L'Alliance Israelite Universelle en Tunisie (1860-1967) et les transformations socioculturelles de la communau te 
ALLIANCEjuive.

Ibtissam Ben Hafsia, de la Faculte des lettres, des Arts et des Humanites de Manouba, a evoque « l'A.I.U. vue par la presse juive en Tunisie : I'Egalite, le Reveil juif, la Justice pendant les annees 1920 a 1930  L'egalite, est l'interprete du point de vue conservateur et pro-francais. Le Reveil juif : est l'interprete du point de vue sioniste et la Justice, est l'interprete du point de vue moderniste. Nous avons eu un eclairage interessant sur la presse juive.
La sixieme seance intitulee – De la seconde guerre mondiale a l'independance – a ete presidee par Jacques Taieb, de l'universite Pantheon-Sorbonne (Paris I).

Philippe Landau, Conservateur des Archives du Consistoire Central, a traite de – La politique de Vichy a l'egard des ecoles de l'Alliance Israelite Universelle en Tunisie – Apres avoir presente les Juifs de Tunisie a la veille de la guerre, l'A.I.U. en 1939 , il a aborde plusieurs themes : De la Drole de guerre a Vichy, la communaute tunisienne face a la guerre, la defaite et l'etablissement de Vichy, ensuite la politique de Vichy avec notamment l'antisemitisme dans les colonies et particulierement le cas tunisien, enfin Vichy  et l'A.I.U. avec notamment, l'A.I.U. pendant l'occupation de la Tunisie.

Catherine Nicault,professeur a l'universite de Reims a brillamment analyse La convention de 1945 entre la direction de l'Instruction Publique de la Tunisie et l'A.I.U. Le 25 mai 1945, est signee entre la direction de l'instruction publique de la Tunisie et l'A.I.U. une convention reglant les modalites de la prise en charge par l'Etat des ecoles de l'A.I.U  en Tunisie,  soit cinq ecoles dans la Regence et de quelque 3000 eleves.
La crise finaciere majeure traversee par l'A.I.U pendant et au lendemain de la guerre, la rend incapable d'assurer fmancierement la marche de ses ecoles, et singulierement les traitements de ses enseignants. II y a eu une volonte de !'Administration, soutenue par la majorite des instituteurs a imposer la fonctionnarisation de son personnel et un contrôle accru sur les ecoles de l'A.I.U tout en preservant le caraetere juif de ses ecoles.
Ce travail demontre la necessite d'etudier plus a fond l'histoire institutionnelle et sociale de l'A.I.U.

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Redacteur : Asher Knafo

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Sophie Enos-Attali, de l'lnstitut d'Etudes Politiques de Paris, s'est interessee a « la collaboration entre l'O.R.T. (Organisation-Reconstruction- Travail) et l'A.I.U. pour un enseignement technique a Tunis ». De l'idee d'une ecole professionnelle en Tunisie a l'elaboration du projet O.R.T.- A.I.U., il y a eu un long parcours. Dans un premier temps, ont ete evoquees les raisons d'une collaboration O.R.T.-A.I.U., fondee sur de l'interdependance des deux institutions. L'O.R.T. et l'A.I.U. en quete d'un compromis avec l'accord fondateur du 17 mars 1950. Dans un deuxieme temps, ce sont les debuts de l'ecole O.R.T.-A.I.U. : Une collaboration difficile a savoir des difficultes de trouver un terrain d'entente. L'A.I.U. a t- elle freine la realisation du projet ? Les disaccords sur le Comite scolaire mixte sont-ils la manifestation de divergences profondes ?

Guy Dugas, professeur a l'universite Paul Valery, a Montpellier III a presente « Raphael Levy et Vitalis Danon, ou quand l'A.I.U. conduit a l'ecriture ». L'histoire de l'A.I.U. revele que l'ecole fut, aussi bien parmi les enseignants que parmi les eleves, une pepiniere de litterateurs, francophones dans leur grande majorite. Ces deux grands directeurs d'ecoles de l'A.I.U. Raphael Levy qui signait Ryvel (1898-1972) et Vitalis Danon (1898-1969) ont ete aussi poetes, romanciers et meme dramaturges. Guy Dugas a montre en quoi leur litterature fut conditionnee dans sa forme par le contexte editorial local et dans son contenu par le contexte social dans lequel evoluaient les judai'cites tunisiennes dans l'entre-deux-guerres. A quel lectorat ces oeuvres, qui se veulent explicitement « populistes » selon le sous-titre que leur donnent parfois leurs auteurs, sont-elles destinees ? Pourquoi peut-on parler, d'une ecole litteraire de Tunis ? Quelle posterite, enfin pour Raphael Levy et Vitalis Danon, que leur vocation pedagogique et leur amour de la langue francaise conduisit a ecrire ?

Habib Kazdaghli,de la Faculte des Lettres de Manouba, a presente «L'Alliance Israelite Universelle en Tunisie de 1956 a 1967 . En se fondant notamment sur les archives de l'A.I.U., recemment ouvertes au public, Habib Kazdaghli reconstitue les principales etapes de revolution de l'oeuvre scolaire de l'A.I.U. en Tunisie dans une conjoncture historique tunisienne en mutation et de 1945 a 1972

La premiere date correspond, comme nous l'avons vu, a la signature d'une convention entre l'A.I.U. et la Direction de l'Instruction Publique qui a semble alors perenniser la presence des ecoles de l'A.I.U. dans les structures scolaires tunisiennes. Cependant, l'autonomie interne accordee en 1955  et l'independance de la Tunisie en 1956 vont marquer le debut d'une nouvelle phase pour les ecoles de l'A.I.U. C'est la fin d'une epoque, puisque en 1972 l'A.I.U. ne possedait plus en Tunisie que des batiments abritant des salles de classes qui regorgeaient d'eleves tunisiens musulmans alors que son objectif etait de faire des enfants qui lui etaient confies « de bons Juifs et de bons citoyens ».

En effet, a partir de 1958  les jeunes Juifs avaient progressivement deserte les ecoles de l'A.I.U. a la suite de l’emigration de leurs parents en France ou en Israel. Cette desertion est meme le fait de ceux dont les parents etaient encore en Tunisie. Ces derniers avaient choisis de placer leurs enfants dans le systeme scolaire francais sur place par la mission culturelle et universitaire francaise en Tunisie. A titre d'exemple, la celebre ecole de la Hafsia, sise rue du Tribunal et fondee en 1904  par l'A.I.U. comptait en octobre 1956  844 eleves parmi lesquels on pouvait noter la presence de 15  jeunes musulmans. Dix ans plus tard, en 1966 dans la meme ecole sous la houlette du meme directeur J. Levy, on trouvait 922  eleves musulmans contre seulement 8  eleves juifs. Ainsi, pour l'A.I.U., la periode posterieure a l'independance de la Tunisie est une periode de mutation au cours de laquelle elle s'est interessee aussi bien aux jeunes tunisiens tant musulmans, que juifs, diffusant les notions de modernite et de progres. C'est pour ces raisons qu'il faut considerer les ecoles de l'A.I.U. comme l'une des composantes du patrimoine scolaire de la Tunisie.

La septieme seance « Alliance et assimilation ? » a ete presidee par Michel Abitbol, professeur a l'Universite Hebrai'que de Jerusalem et un des responsables de l'lnstitut Universitaire d'Etudes Juives Elie Wiesel qui sera inaugure en novembre 2005, au 119 rue Lafayette a Paris.

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Redacteur : Asher Knafo

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Colette Zytnicki, de l'Universite de Toulouse-Le Mirail, a expose  La vision de l'enseignement de l'histoire dans les ecoles de l'A.I.U.  "Pour ce projet elle s'est interrogee sur ses acteurs, elle a scrute les consequences politiques, economiques et sociales d'un enseignement a la francaise pour les populations concernees. Mais la connaissance precise des disciplines proposees aux enfants, de la pedagogie et de sa reception demeure un champ d'etude a peine entame. Parmi les savoirs transmis aux ecoliers frequentant les etablissements de l'A.I.U., l'histoire est appelee a remplir de multiples fonctions. Par l'intermediaire de son enseignement, c'est une certaine vision du monde qui leur a ete offerte, trouvant son origine dans la culture juive francaise, volontiers republicaine et patriote, a coup sur rationaliste et progressiste.

Dans les deux histoires qui sont professees, l'histoire des Juifs et l'histoire universelle, la Revolution francaise qui ouvre l'ere de l’emancipation, occupe, par exemple, une place determinante.

Dans une Tunisie devenue protectorat francais en 1881 s'est posee la question de la finalite intellectuelle et identitaire des ecoles de l'A.I.U. A quel destin doivent-elles former les enfants doivent-elles les preparer a etre des Juifs tunisiens, ou a devenir des citoyens francais, ou bien encore des Israelites a la francaise dans une Tunisie coloniale ?

 La discussion sur les programmes d'histoire en 1885 entre le directeur des ecoles de Tunis, David Cazes et le Comite central de l'A.I.U. illustre ce dilemme et traduit la complexite du projet de l'A.I.U. en terre coloniale frangaise.

Claude Nataf, president de la S.H.J.T. a aborde le probleme des «relations entre l'Alliance Israelite Universelle et les tenants de l'assimilation franfaise ». Cette question a ete traitee d'apres l'etude des relations entre l'A.I.U. et un courant d'opinion qui s'est forme au sein de la communaute juive de Tunisie dans les annees 1900  autour d'un autodidacte Mardochee Smaja et de quelques jeunes diplomes des universites francaises, courant que l'on a appele « le parti des assimiles », terme que les interesses ont recuse tout en affirmant leur volonte d'adopter le modele francais. Le conflit est apparu lorsque Mardochee Smaja et ses amis creent en 1907  le journal La Justice pour poser devant l'opinion les problemes du Judaisme tunisien et revendiquer surtout la soustraction des Juifs tunisiens aux tribunaux musulmans pour les rattacher aux tribunaux francais ainsi qu'une politique de naturalisation.

Les divergences s'estompent apres la guerre de 1914-1918  au moment ou le Quai d'Orsay s'inquiete de la faiblesse du peuplement francais dans la Regence face au peuplement italien et envisage avec faveur une politique de naturalisation. L'A.I.U., comme le groupe de la Justice, approuve la loi de 1923  qui rend les conditions de naturalisation plus liberales. Ce sont les evenements exterieurs (Allemagne, statut des Juifs de 1938  en Italie) et les evenements interieurs (montee du nationalisme tunisien, antisemitisme, developpement du mouvement sioniste) qui entrainent l'A.I.U. et le groupe de La Justice a collaborer pour defendre les droits menaces et conjurer les perils qui pouvaient atteindre le Judaisme tunisien, en developpant a la fois l'enseignement et les sentiments de fidelite a la France protectrice.

 

Alliance Israelite Universelle..Les 150 ans de l'Alliance Israelite Universelle

Brit – 30

ALLIANCELa revue des juifs du Maroc

Redacteur : Asher Knafo

Les 150 ans de l'Alliance Israelite Universelle

Hai'm Sadoun de l'universite libre d'lsrael a reflechi sur « La lutte entre l'A.I.U. et le sionisme ». Ces deux tendances proposaient un choix ideologique offrant un style de vie different a leurs adeptes, mais elles avaient de nombreux points communs. Elles etaient toutes deux soutenues par des organisations internationales exterieures a la Tunisie, le mouvement sioniste par !'Organisation sioniste mondiale, et l'A.I.U., par le siege de !'organisation a Paris. Elles avaient souvent des activites semblables particulierement quand il s'agissait de combattre les attaques contre les Juifs ou de definir les problemes des Juifs en Diaspora. L'A.I.U. avait avec les Francais de Tunisie un rapport administratif et financier, et avec le Sionisme une relation insignifiante.

 De 1878 a 1939 la lutte a eu pour scene principale les journaux de la Haskala europeenne et les journaux en judeo-arabe en Tunisie. De 1918 a 1930 la lutte passa dans la presse et la societe juive de Tunisie, influenca l'opinion publique juive. De 1930  a 1939  la lutte gagna dans les ecoles. Pendant cette periode, le Sionisme ne s'est pas affaibli, au contraire  Le combat contre l'A.I.U. a contribue a renforcer le Sionisme en le mettant sur le meme plan que son adversaire. Si les Francais donnerent au Sionisme sa legitimite en l'officialisant, puis en autorisant la creation de la federation sioniste, l'A.I.U., elle, lui reconnut legitimite et force au sein de la communaute juive.

La huitieme seance intitulee  Fin et mémoire de L'Alliance israelite universelle en Tunisie a ete presidee par le professeur Abdelmajid Bedoui.

Madame Claire Rubinstein a presente " L'occidentalisation de la population juive de Sousse de 1881 a 1961dans un bref survol des facteurs socio-culturels et politiques qui ont fonde l'acculturation de cette communaute.

 Les problemes abordes sont dans une premiere partie d'abord, la mise en perspective du modele de l'ecole de L'A.I.U. fondee en 1883.

Puis, Madame Rubinstein a evoque les conflits entre les tenants de l'A.I.U. et la groupe " La groupe " represente par  par Maitre Salomon Tibi, nomme en 1929,president de la communaute, renoue le dialogue avec les directeurs plus diplomates comme Loubaton, Hakim et le couple Levy. Un exemple, dans une lettre ecrite par Hakim, le 2 Juillet 1935

 1933pour le soixante quinzieme anniversaire de l'ecole, il est dit  " Je savais qu'en  l'etablissement scolaire de Sousse etait dans un etat pitoyable, je savais que la population israelite soussienne etait d'une exigence exceptionnelle, j'ai tout de suite etabli mon programme a Sousse, gagner l'estime de la population et des autorites.  Par la suite, l'A.I.U. fut acceptee entre 1933 – 1939.

 Dans une seconde partie Madame Rubinstein a evoque les facteurs politiques d'acceleration de l'acculturation, la guerre, le decret beylical dy 4 Mai 1950 et l'in dependance et l'heure des choix.

Alliance Israelite Universelle..Richard Ayoun

ALLIANCERichard Ayoun

Synthese du colloque : L'Alliance Israelite Universelle en Tunisie (1860-1967) et les transformations socioculturelles de la communau te juive.

David Serfaty, ancien directeur de L'Ecole Normale Israelite Orientale, a fait appel a ses souvenirs pour sa communication intitulee « Les dix dernieres annees de l'A.I.U. en Tunisie : un temoignage ». Pour traiter de ce sujet, David Serfaty a d'abord evoque les problemes de l'enseignement de l'Hebreu, regies partiellement par l'arrivee des enseignants du Maroc. Puis, il a parle de la Reforme du 7  juin 1958  et de sa repercussion sur les programmes enseignes dans les ecoles de l'A.I.U., avec !'introduction de l'arabe litteraire dans les ecoles de l'A.I.U. et dans les ecoles de l'O.R.T. a Tunis. Selon lui, la reduction progressive de l'effectif juif dans les ecoles, est consecutive a l'immigration des Juifs vers la France et vers Israel, et aussi par l'exces de l'arabisation. Enfin, il a rappele les efforts constants des directeurs et du comite central a Paris pour le maintien de l'enseignement du francais dans les premieres classes du primaire pour terminer par !'evocation de la fermeture definitive du reseau scolaire de L'A.I.U. en Tunisie.

Claude Tapia, de l'Universite Francois Rabelais a Tours, a evoque «L'Alliance Israelite Universelle dans la memoire collective des Juifs de Tunisie

 D'abord ont ete evoquees les realisations de l'A.I.U. en tant que systeme educatif et en tant qu'institution d'influence politique et humanitaire, mais aussi les contradictions et les ambigui'tes inherentes a une vocation aussi large. Puis Claude Tapia a repondu a des questions qu'il s'est posees au sujet de l'heritage de l'A.I.U., de son action educative, formatrice ou reformatrice et de ce qu'il en reste dans la memoire.

Apres avoir rappele ce qu'ont apporte les differentes communications, il convient de dire qu'on ne peut manquer d'etre frappe par la richesse de ce colloque, qui, au cours des differentes seances a precise le role et l'importance de l'action de l'A.I.U. en Tunisie.

L'oeuvre de l'A.I.U. est liee, bien sur, a un climat favorable a la modernisation de l'enseignement non seulement dans le milieu juif, mais aussi musulman de la Tunisie. Volonte de reforme, qui se heurte parfois aux reticences de rabbins, qu'on aurait qualifie a l'epoque de « peu eclaires ». Mais les tentatives de reformes ne sont pas sans rencontrer des difficultes du fait que les reformistes, pour ce qui est du monde juif, ne peuvent concevoir un enseignement destine aux enfants juifs sans reserver une place a l'Hebreu et a la culture hebrai'que. Mais, cette place doit-elle etre preeminente, faisant passer au second plan le Francais ou, au contraire, l'enseignement de l'Hebreu doit-il avoir une place complementaire. C'est la un des merites des communications, comme celle de Yaron Tsur, d'avoir montre que le reformisme n'etait pas forcement adhesion pure et simple aux idees des fondateurs de l'A.I.U., qui etaient des Francais, convaincus des merites d'une culture francaise et penetres de la qualite des experiences pedagogiques frangaises, y compris dans le domaine de l'enseignement technique agricole, meme si, a l'usage, comme l'a demontre lumineusement M. Georges Weil, l'essai d'un enseignement nouveau s'est revele desastreux. Cette quasi hegemonie des ecoles de l'A.I.U. entrame tout naturellement un esprit de concurrence de la part de ceux qui veulent un enseignement, certes moderne, mais fonde sur une connaissance plus approfondie du Juda'isme comme l'a montre Monsieur Ariel Danan.

Alliance Israelite Universelle- Brit no 30- 2011..Richard Ayoun

Richard Ayoun

Synthese du colloque : L'Alliance Israelite Universelle en Tunisie (1860-1967) et les transformations socioculturelles de la communau te juive.

On serait, pourtant, tente de parler de succes des ecoles de l'A.I.U., lies aux merites des maitres dont certains atypiques, comme l'a bien montree Yosef Chetrit a propos de Chalom Flah, mais aussi des directeurs, comme David Cazes, dont plusieurs communications ont evoque l'oeuvre. Succes aussi, dans la mesure, ou l'Alliance fidele a l'humanisme republicain francais, se preoccupe, comme nous l'a montre Josiane Tubiana-Neuburger de creer un enseignement destine aux enfants des petites gens de la Hafsia. En meme temps, dans le meme souci de progres et cette meme volonte de conforter !’emancipation, les filles sont admises a beneficier d'un enseignement, qui leur permettra de jouer un role nouveau dans la vie sociale.

Reformes et creation d'un enseignement nouveau pour des sujets tunisiens, qui ne peuvent avoir lieu sans le consentement du souverain de Tunis, et, apres l'instauration du protectorat francais, sans l'accord et l'aide des autorites frangaises de tutelle. Cette situation, qui va durer jusqu'a la fin du Protectorat, fait que Taction de l'A.I.U. s'inscrit dans un cadre politique, ce qui va apparaitre tres nettement lorsque les autorites tunisiennes auront pleinement recouvre leur liberie d'action, lorsque sera reconnue l'independance de la Tunisie.

Alors, quelles sont les faiblesses de l'enseignement cree par l'A.I.U. ? On serait tente de dire que c'est moins l'enseignement, qui est en cause que le decalage existant de plus en plus entre ces ecoles et la societe juive tunisienne. A la fin de la periode, paradoxalement, les enfants juifs sont minoritaires dans les ecoles de l'A.I.U., ou les ecoliers tunisiens musulmans sont majoritaires. Ce que Ton peut appeler d'une certaine maniere une crise s'explique par le fait que la societe juive tunisienne est mal a l'aise en Tunisie et est tentee soit par sa totale francisation soit par l'attrait d'une terre ou elle pourra pleinement pratiquer son Judai'sme.

Pourtant, la nostalgie, qui se manifeste a l'egard d'une oeuvre desinteressee qui temoigne de la sensibilite des notables juifs francais a l'egard de leurs freres de 1'autre rive de la Mediterranee montre que cette oeuvre n'a pas ete vaine. Les Juifs ont beneficie majoritairement de !'instruction publique francaise.

II faut dire aussi que l'histoire de l'Alliance Israelite Universelle en Tunisie s'integre dans l'histoire de la Tunisie, qui globalement a compris le profond desinteressement des createurs d'un systeme scolaire destine a servir au developpement de ce pays.

Ainsi, au cours de ce colloque, la Societe d'Histoire des Juifs de Tunisie est restee fidele a sa mission statutaire, un lieu d'echanges, de concertation intellectuelle et de transmission. Et comme l'a dit le President de la Republique Tunisienne, Zine El Abidine Ben Ali, a l'occasion de la joumee de la culture a Carthage, le 14  janvier 1997 Une culture qui reste confmee a l'interieur de ses frontieres, une culture qui ne rayonne pas dans les spheres universelles, est une culture limitee et fragile. De meme, le repli sur soi, sous pretexte de sauvegarder son identite et par crainte de l'alienation, est de nature a detruire les fondements memes de la vitalite et de la survie. Quant a la perennite des cultures, elle reside dans leur capacite a transcender le local pour embrasser l'universel et s'adapter a ses composantes ».

Photo d'une cantine mixte de l'AIU à Rabat.Année 1952

Publié le 13/04/2014 à 17:02 par rol-benzaken

Photo d'une cantine mixte de l'AIU à Rabat.Année 1952

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AIU.Alliance Israélite Universelle.
http://rol-benzaken.centerblog.net/2134-aiu-alliance-israelite-universelle

Que serais je sans elle -Alliance Israelite Universelle

 

Que serais je sans elle

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