Alliance Israelite Universelle..Richard Ayoun
Brit – 30
La revue des juifs du Maroc
Redacteur : Asher Knafo
Les 150 ans de l'Alliance Israelite Universelle
Richard Ayoun
Synthese du colloque : L'Alliance Israelite Universelle en Tunisie (1860-1967) et les transformations socioculturelles de la communau te juive.
La quatrieme seance consacree a « L'Alliance Israelite Universelle en dehors de Tunis » a ete presidee par Mireille Hadas-Lebel, professeur a l'universite Paris-Sorbonne (Paris IV).
Georges Weill, conservateur general honoraire du Patrimoine, a evoque « Une experience agricole de l'A.I.U. : la ferme ecole de Djedeida de 1895 a 1928
Ce projet avait pour but " d'arracher au pauperisme urbain, a I'oisivete forcee, a la mendicite, au colportage et aux trafics douteux " les populations juives des pays mediterraneens, et de detourner la jeunesse " des tentations de la rue et des metiers du petit commerce… afin d'en faire des citoyens responsables " L'enseignement s'etendait sur cinq ans. Les deux premieres annees ne comportaient que tres peu de cours elementaires, mais essentiellement un travail sur le terrain comprenant l'usage et la reparation des materiels agricoles. Les trois dernieres annees, les eleves pouvaient choisir de devenir ouvrier agricole sur terrain alloue, " pour se preparer petit a petit au metier de paysan " Neanmoins, Samuel Avigdor dut introduire tres tot un enseignement analogue a celui des ecoles primaires, sauf celui du francais, donne a l'ecole coloniale du village, ainsi que des cours d'hebreu et d'instruction religieuse. Dans l'espoir de debouches futurs au Canada et en Egypte, on y ajouta plus tard l'Anglais et l'Arabe. Les causes de l'echec de Djedeida sont multiples. On peut les rechercher d'abord dans !'application de theories physiocratiques remontant au XVIIIe siecle, qui avaient debouche sur une utopie alors a la mode pretendant que le salut des classes pauvres passait par l'agriculture, ainsi qu'a une meconnaissance de la situation economique et psychologique des Juifs mediterraneens ou tunisiens. S'y ajoutent sans doute des expertises incorrectes, des erreurs de gestion, une mauvaise evaluation des rendements agricoles et, s'agissant de notables genereux ou de fonctionnaires parisiens de l'A.I.U., une incompetence certaine en matiere agricole.