Mariage juif a Mogador-fran-angl


Mariage juif a Mogador-fran-angl

Mariage juif a Mogador-fran-angl 

L'obligation de dresser une ketouba est générale dans toutes les communautés juives et semble très ancienne. Il est à penser qu'elle l'était sur parchemin ou sur vélin (comme l'est encore aujourd'hui, obligatoirement, le guett (acte de divorce) mais on ignore à quelle époque on commence à l'ornementer. Il semble que cette tradition remonte à plus de mille ans, si l'on considère que la première ketouba ornée connue date de l'an 1010. Il est a pesumer que d'autres l'ont precede.

Le lieu où fut découverte cette ketouba (Le Caire), le style islamique de l'ornementation où l'écriture elle-même constitue le principal élément de décoration, la proximité de la patrie du Judaïsme et de ses premiers centres talmudiques, laissent supposer que l'usage d’embellir la ketouba soit né dans le Moyen Orient, d'où il rayonne d'abord vers les communautés de rite espagnol (sépharade) et ensuite vers les communautés européennes de rite allemand (ashkénaze) puisque la plus ancienne ketouba connue, après celle du Caire, date de 1391 (Autriche).

Il est évident qu'avec les massacres, les expulsions, les pillages, les conversions obligatoires, les tortures et autres atrocités commises principalement par les peuples d'Europe, les archives familiales avaient bien peu de chance de durer. Il faut donc attendre le XVIIe siècle et surtout le XVIIIe siècle et les premières clartés de la tolérance pour retrouver la ketouba ornée souvent richement, dans les styles Renaissance, Baroque, Classique ou Rococo suivant le lieu et l'époque.

Pour souligner à quelle somptueuse profusion on en est arrivé dans ce sens, il me suffira de signaler une ketouba padouane de 1670 où la décoration occupe quatre fois plus d'espace que le texte. Et quelle décoration! Le tiers supérieur est occupé par un demi-cercle où une vigne déploie ses feuilles, ses vrilles et ses grappes autour d'une cartouche ovale où figurela Jérusalemidéale. Six autres cartouches, plus petites mais plus travaillées montrent la femme au foyer : une douzaine de volatiles habitent la vigne que deux fontaines monumentales au triple jet d'eau arrosent. Dans les angles supérieurs laissés libres par le demi-cercle deux cartouches vides étaient destinées sans doute à porter les initiales des mariés.

Sur les deux tiers du bas, vingt-quatre cartouches alternent les symboles des douze tribus d'Israël et les douze signes du zodiaque autour d'un carré formé par deux colonnes torses supportant, au dessus d'un seuil carrelé, une poutre portant les mots " sous un bon signe et un sort supérieur ".

Et à l'intérieur du carré, le texte écrit en caractères carrés, par lequel Moïse, fils de Simha Luzzato, prend pour femme Laura, fille de Moïse Altrini et lui assure un douaire de 2500 ducats de Venise. L'exagération dans ce sens était telle en Italie que certaines communautés furent obligées de fixer un prix maximum à ne pas dépasser pour la décoration de la ketouba.

Mariage juif a Mogador-fran-angl

Historique des ketoubots enluminees

Le XIXe siècle bourgeois industriel, commercial, utilitaire, positiviste et matérialiste eût tôt fait de balayer ces restes sentimentaux d'art et de tradition pour ne voir dans la ketouba qu' un contrat formel comme un acte de vente ou de location Certains pays, cependant, peu touchés par le progrès économique (O comblien ! ), continuaient à pratiquer cet usage, quoique d'une façon plus simpliste et parfois plus primitive.

Le Maroc en est un. Et même la tradition ne fut conservée qu'à Mogador où elle était mise en pratique, au moins jusqu'au moment où j'ai quitté cette ville il y a une quinzaine d'années. Qu'en est-il aujourd'hui?

C'est à Mogador que j'ai fait la connaissance de la ketouba enluminée, et c'est là que j'en ai reçu la tradition.

Le grand maître en cet art était incontestablement (et longtemps avant que je n'ouvrisse les yeux sur ce monde) le vénérable Rabbi David Elkaïm, que sa mémoire soit bénie. Je l'ai connu, admiré, respecté et aimé des dizaines d'années et cependant je suis incapable d'en donner une biographie car je ne me suis jamais préoccupé de sa vie privée quoique j'aie eu (trop rarement) l'occasion de soulager sa peine.

C'était un artiste dans le sens majeur du mot. Il n'avait fréquenté que les écoles traditionnelles juives, il n'en devint pas moins bon hébraïsant, composant des hymnes religieux et des épitaphes en vers dans la manière des poètes du Moyen-Âge, les seuls auxquels il eut accès. Mais en plus, il fut un artisan habile, découvrant ou réinventant les méthodes et les procédés des ouvriers d'art qu'il n'avait pas connus. Il construisait des meubles harmonieux, sculptés dans la masse dans la meilleure tradition des ébénistes du passé. Il coupait, taillait, gravait, sculptait et polissait le marbre à faire des dalles et des stèles funéraires et y inscrivait en creux et en relief les épitaphes que souvent il composait. Il pratiqua la peinture en bâtiment agrémentée de tous les procédés en vogue à l'époque, depuis le faux marbre et le faux bois, qui n'avaient pas de secret pour lui, ni le relief trompe-l'œil ni les morceaux les plus compliqués (le portrait de Messod Elmoznino).

Mariage juif a Mogador-fran-angl

 

Mariage juif a Mogador-fran-angl

Vancouver – Canada – 5763-2003

  Le marie – Jonah fils de George, fils de Solomon

fils de Max Spiegelman

La mariee – Lehe fille d"Avraham fils de Simon

fils de Nessim fils de Haim Elharar

Regime – Megorachim

Temoins – Jacob Benaroch et Zachary Miller

Confirmation de sigantures – R.James L.Mirel

Artiste – Henry Bohdana

Remeciements – Nicole et Avraham Elarar

Mariage juif a Mogador-fran-angl

Le Mariage Juif a Mogador
חתונה במוגדורAsher Knafo – David Bensoussan

Son triomphe cependant était la ketouba enluminée. Il lui est arrivé de se servir de décalcomanies ou de petits motifs en relief dorés puisés ça et là, mais sa main peignait de chic des colonnes de marbre, des vases, des guirlandes de roses, des lettres dorées et des arabesques d'une grâce légère qui valaient mieux que les images accessoires dont il enrichissait certaines de ses créations. Il se servait indifféremment de l'huile ou de l'aquarelle, mais toutes ses oeuvres étaient douées d'une incontestable vertu esthétique, même lorsque pressé par le besoin ou les circonstances ou les mains alourdies par l'âge, il ne pouvait donner la pleine mesure de son talent.

Qui plus est, il préparait lui-même ses parchemins, et ce, par le procédé le plus primitif, tel qu'il m'a été donné de le voir chez un autre copiste et relieur de son métier.

Ketouba. Extrait de l'ouvrage

Le Mémorial de Mogador, Ot Brit Kodesh, 1993.Isaac Knafo

Les ketoubots imprimees

Isaac Knafo

Le travail de la ketouba est un travail pénible que je ne fais dans la joie que lorsqu'il s'agit de marier quelqu'un des miens. L'autre satisfaction réelle que j'en éprouve est que j'aide dans la mesure de mes moyens – qui sont relativement modestes – à conserver et à entretenir la faible lueur d'une belle tradition qui se perd, à mon grand regret. L'argent, dans le cas d'une ketouba, occupe une place tout à fait secondaire. En songeant à la possibilité de propager quelque peu, où plutôt de renouveler l'usage de la ketouba, je ne pensais pas spécialement aux Marocains, car cet usage était universel au moins jusqu'au XIXe siècle. Je pense à la ketouba enluminée bien entendu, car la ketouba simple reste en usage obligatoire chez tous les observants du judaïsme.

Je me souviens que, du vivant de mon père, on recevait de Vienne en Autriche (Schlesinger des ketoubot imprimées avec de riches couleurs et force dorures représentant plus ou moins un porche à colonnes avec double ouverture, quelque chose dans ce genre (voir encadré destiné à recevoir le texte de la ketouba en hébreu-araméen d'un côté et sa traduction en langue vulgaire de l'autre.

Lorsque d'une facon quelconque, on fit savoir a Shlesinger qu'au Maroc on ne donnait pas de traduction, il s’empressa de refaire la meme, mais sans la colonne au milieu

Mariage juif a Mogador-fran-angl

Mariage juif a Mogador

Asher Knafo et David Bensoussan

אצווירא, מרוקו תרס"ה - 1905

אצווירא, מרוקו תרס"ה – 1905afo – David Bensouss

Essaouira, Morocco – Maroc, 5665 -1905

Le marie : Chlomo fils de Yaacov fils de

R.Naftali fils de R.Yehouda Afriat

La mariee : Rivka Eveline fille de R.Moche fille de

R. Avraham Corcox

Note : Le marie descendant du chef spirituel des martyrs d'Oufrane.

Il est petit fils de R.Avraham Azoulay

Quatres rabbins signent cette ketouba, probablement en raisob du rang des maries. Une correction est ajoutee en fin de la ketouba disant que dans la huitieme ligne il faut dire : R. Chklomo file de R.Avraham Corcos.

R Naphtali Afriatavait la nationalite italienne, ce qui explique la presence des .drapeaux italiens dans la ketouba

Regime : Tochavim

Temoins : R. Yehouda Mouyal, R.mss'eud Knafo, R. Yossef Ben Attar, R. David Knafo

Artiste et scribe : R. David Elhaim

49/60, aquarelle, feuille d'or sur parchemin

Remeciements : Sidney Corcos, Jerusalem

Mariage juif a Mogador-fran-angl

La communaute juive de Mogador

חתונה במוגדור כתובהDavid Bensoussan et Asher Knafo

La ville de Mogador, ou de son nom arabe Essaouira, a été fondée vers 1760 par le Sultan Sidi Mohamed Ben Abdallah. Le Sultan voulut faire dévier le commerce maritime d'Agadir à M
ogador, afin de punir Agadir pour sa rébellion constante. Plus proche du pouvoir central et d'accès plus facile par voies terrestre et maritime, Mogador était plus facile à contrôler.

 Le Sultan demanda à l'ingénieur français Cornut de tracer les plans d'une ville moderne et d'en surveiller les travaux. Il choisit dans diverses villes de son pays 10 familles juives riches et leur demanda de s'installer dans cette ville et d'y développer le commerce extérieur. Il leur accorda habitations et privilèges commerciaux et les exempta de la taxe spéciale de la jazzia imposée aux Juifs en raison de leur statut de protégés (dhimmis). Ces commerçants portèrent le titre spécial de toujjar el Sultan (les négociants du Sultan). Ils eurent, avec les autres commerçants juifs qui vinrent plus tard à Mogador, une influence prépondérable auprès du pouvoir central.

Les commerçants juifs exerçaient leur commerce avec les pays d'Europe et particulièrement avec l'Angleterre, la France et l'Allemagne. L'Europe importait alors des arachides et des cuirs ainsi que des produits exotiques de l'Afrique subsaharienne tels l'ivoire, les peaux d'animaux sauvages, les plumes d'autruche. Des caravanes de chameaux traversaient le Sahara et leurs marchandises étaient traitées dans la ville de Mogador avant d'être exportées vers l'Europe.

Au XIXe siècle, Mogador devint alors le premier port marocain. La communauté  juive entretenait des relations culturelles et commerciales avec des communautés juives du monde entier et notamment celles d Amsterdam, de Londres, de Livourne et dAlger. Pendant ses 150 premières années, la ville vécut essentiellement sous l'influence de l'Angleterre. Certaines familles envoyèrent leurs enfants faire leurs études en Angleterre. Quelques-uns d'entre eux finirent par s'y établirent et y ouvrir des succursales du commerce mogadorien.

La population juive de Mogador alla croissant et, en 1785, elle comptait déjà près de 6000 âmes. La ville prit un caractère juif. La communauté juive représentait la moitié de la population de Mogador, sinon plus. La majorité des Juifs provenait de la région du Sous, ou même de centres éloignés du Sud Marocain tels Tiznit, Oufrane et Illigh. En 1873, l'on recensait 7000 Juifs dont 1000 vivaient dans le quartier de la Kasba où habitaient les Européens et les Juifs nantis.

Le reste de la communauté vivait avec les musulmans dans un quartier nommé Médina. En 1807, le sultan Moulay Souleiman décréta que les Juifs devraient désormais habiter dans un quartier réservé. Le Mellah de Mogador fut alors fondé. La Médina fut évacuée de ses Juifs qui durent habiter le Mellah fort exigu. Dix ans après, une épidémie de peste décima une grande partie de la population juive qui s'y était installée.

En 1844, la France entra en guerre contre le Maroc, dans le but de décourager le souverain marocain de porter secours aux Algériens en rébellion contre la colonisation française de l'Algérie. La flotte du Prince de Joinville bombarda Mogador. Le quartier juif du Mellah situé le long de la muraille nord de la ville souffrit grandement de ces bombardements. Profitant de la situation, les Berbères du pays Haha accoururent et mirent la ville à sac.

Ils s'acharnèrent surtout sur le Mellah qu'ils saccagèrent. En 1863, le philanthrope britannique Sir Moses Montefiore arriva au Maroc pour plaider devant le Sultan du Maroc la cause des Juifs. Il obtint de lui un dahir qui reconnaissait que les Juifs marocains étaient égaux devant la loi. Ce même dahir interdisait tout mauvais traitement à l'égard des Juifs. Par conséquent, la bastonnade infligée aux Juifs devenait dorénavant interdite. Sa visite à Mogador, eut des conséquences bénéfiques. Des ressortissants de Mogador installés à Londres et des organisations philanthropiques judéo-britanniques prirent de nombreuses initiatives visant à assainir le Mellah surpeuplé et mirent sur pied des secours d'urgence lors des crises de disette ou d'épidémies. Le Mellah fut pavé et une première école anglaise fut fondée.

Parallèlement à l'instruction religieuse traditionnelle, de nouvelles institutions scolaires furent créées. À partir de 1874, l'Alliance israélite universelle ouvrait sa première école à Mogador, marquant ainsi le début de la francisation de la communauté juive. En 1885, l'Anglo-Jewish School fonda une école de filles qui devint un établissement de grand renom. Sa directrice Madame Stella Corcos oeuvra pour !amélioration des conditions de vie des Juifs de Mogador et  n'hésita pas a faire un voyage jusqu'a Marrakech pour obtenir  du Sultan la permission d'ajouter au Mellah 150 habitations. Quelques annees plus tard les Juifs furent autorisés à habiter une partie du quartier des Sbanat connu sous le nom de Nouveau Mellah.

Le vingtième siècle fut témoin du déclin économique de Mogador, jusqu'alors premier port du Maroc. Lorsque l'Afrique fut conquise par les puissances coloniales, le commerce transsaharien des denrées exotiques cessa. L'économie de Mogadcr s'en ressentit de façon dramatique. De nombreux          commerçants    juifs s'appauvrirent. Il y eut en outre des crises de famine, des épidémies graves et une recrudescence du brigandage sur les routes

En 1912, la France établit son Protectorat sur le Maroc. L'ensemble de la communauté juive subit un processus d'émancipation. Les Juifs ne furent plus obligés de se limiter à résider dans des quartiers désignés. L'habit européen remplaça graduellement la djellaba et la calotte noires, habits traditionnels des Juifs. En 1917, l'Anglo-Jewish School ferma ses portes, marquant l'adoption de la langue française au sein de la communauté juive de Mogador. La présence française amena la sécurité et mit fin aux nombreuses mesures arbitraires du passé.

Une communauté heureuse s'épanouit alors à Mogador. Dans l'ensemble, les relations entre les Français, les Arabes et les Juifs furent cordiales.

Il n'en demeure pas moins qu en 1942. un décret raciste du gouvernement vichyssois obligea les Juifs à se soumettre à un recensement et à une déclaration de biens. Le rapport du chef des services municipaux daté du 15 avril 1942 décrit l'état d'âme des Mogadoriens : frayeur chez les Juifs, joie chez les Arabes et satisfaction chez les Français. Aussi, le débarquement américain à Casablanca le 8 novembre 1942 fut-il accueilli avec grand soulagement par les Juifs du Maroc. Le protectorat français prit fin avec l'avènement de l'indépendance du Maroc en 1956.

D'illustres commerçants, diplomates, rabbins et érudits vécurent à Mogador. Pour la plupart, les auteurs mogadoriens imprimèrent leurs ouvrages à Livourne en Italie. Mogador fut réputée pour sa tradition de poésies religieuses (baqachot) et par ses ensembles de musique andalouse.

Après la création de l'Etat d'Israël Mogador, comme le reste du Maroc, se vida quasiment de ses Juifs. La plupart émigrèrent en Israël, en France et au Canada. L'appel du sionisme et la crainte ce retrouver une situation d'insécuritf semblable à celle qui existait avant le protectorat français furent les principales raisons du départ des Juifs.

En quelques années, Mogador, qui a certains moments de son existence a été une ville à majorité juive, fut complétement abandonnée de ses Juifs, qui lui gardèrent néanmoins dans leurs coeurs des sentiments de reconnaissance et de tendresse

Mariage juif a Mogador-fran-angl

 

Mariage juif a Mogador

 

הועתק 3 וצרפתית

 

 

5608- 1848, Essaouira, Maroc

Le marie : Yossef fils du juge Aharon fils de R. Elazar Elmaleh

La mariee : Simha fille de Amram fils de l'erudit cabbaliste Yossef fils de R.Ayouch Elmaleh

Regime : Megorashim

       ?Temoins : Avraham fils de Yaacoc Ben Attar et 

Artiste : Inconnu

Remerciements : Musee d'Israel, Jerusalem

Mariage juif a Mogador-fran-angl

Le Mariage Juif a Mogador

חתונה במוגדורAsher Knafo – David Bensoussan

Essaouira-Mogador, cité d'arts et lettres

Le texte de la ketouba de Mogador

David Bensoussan et Asher Knafo

La ketouba de Mogador débute par la date et le lieu du mariage en ces termes : "En ce (jour de la semaine) du mois de (le mois) de l'année (du calendrier juif) selon le compte que nous comptons depuis la création du monde, ici, dans notre ville Essaouira – que D. l'aide et la renforce – qui est située sur le bord de la mer ". Suivent les noms de l'époux et de l'épouse avec leur ascendance, en mettant en valeur les autorités rabbiniques dans leurs lignées. Une ketouba (XLIV) fait état d'une généalogie remontant à Abraham Ibn Ezra, érudit et exégète du Moyen Âge. Dans d'autres, la lignée des rabbins de Mogador tels R.Yossef Elmaleh, R.Haïm Pinto, R. Yossef Knafo ou du Maroc tel R. Hasdaï Elmoznino, est soulignée.

La ketouba stipule qu'une certaine somme doit revenir à l'épouse en cas de divorce ou de décès de l'époux. La tradition talmudique relative à un montant de base de 200 zouzim dans le cas d'un premier mariage de la mariée et de 100 zouzim dans le cas d'un second mariage est également utilisée. Les montants supplémentaires y sont précisés dans les devises de l'époque : en douros espagnols, grands douros espagnols, douros français, francs, ou en dirhams, monnaie marocaine ou encore en shekalim, dans le cas des ketoubot d'Israël.

Le mariage était conclu selon l'un des deux régimes en vigueur au Maroc : celui des Tochavim (les résidents) qui se rattache à la tradition marocaine et celui des Megorachim (les expulsés) qui se rattache à la tradition castillane. Il arrivait que les membres d'une même famille se mariaient l'un selon la coutume des Tochavim, l'autre sous la coutume des Megorachim.

Le texte de la ketouba était signé par deux témoins ou plus. Il pouvait être contresigné par le Président du tribunal rabbinique. Dans certains cas, il arrivait que l'époux décidât d'augmenter le montant prescrit dans la ketouba le lendemain de la noce. Cet ajout était également signé devant les mêmes témoins. Dans une ketouba (XXVII), le montant fut substantiellement augmenté à l'occasion des trente ans de mariage.

La photo des époux est apposée sur des ketoubot plus récentes. Celles-ci sont parfois validées par des timbres de quittance. Dans certaines familles, on ajoutait au bas de la page ou encore à l'endos de la ketouba, la liste des enfants au fur et à mesure de leur naissance.

La lecture de la ketouba était un moment solennel et émouvant. Un membre de la famille ou un chantre se voyait décerner l'honneur de faire une lecture chantée de la ketouba.Comme prélude à la lecture de la Ketouba on chantait les versets suivants :

Sous le signe du bon augure, d'un bon destin et d'une grande espérance.

Sous le signe de la bonne disposition divine et de la réussite.

Qui trouve femme trouve le bien et bénéficie de la faveur divine. 

(Proverbes 18-22) Que D. fasse que la femme qui entre dans ton foyer soit telle Rahel et Léa qui ont toutes deux bâti la Maison d'Israël

Puisses-tu prospérer à Éphrat et clamer le

Nom à Bethlehem

 Que ta maison soit telle celle de Perets que Tamar enfanta à Juda.

Par la descendance que D. te donnera de cette jeune fille (Ruth 4-11 à 4-12).

La citation du Livre des Proverbes (Proverbes 18-22) souligne l'étroite relation entre la félicité du mariage et la grâce divine. Ce dernier passage mentionne Rahel et Léa, les mères des tribus d'Israël. La dernière strophe reprend les vœux faits à Boaz et Ruth (Ruth 4-11 à 4-12). L'évocation de la descendance de Juda et de Tamar dont l'union donna naissance à la lignée du roi David duquel le Messie sera issu, rappelle le devoir de procréation et de pérennité du nom de famille ainsi que l'espoir messianique toujours présent dans l'âme du peuple juif.

Cette introduction est suivie de Birkat Cohanim qui est la bénédiction traditionnelle du grand prêtre Aaron (Nombres 6-24) :

Que D. te bénisse et te protège !

 Que D. fasse rayonner sa face sur toi et

qu'il t'accorde sa grâce !

Que D. dirige son regard vers toi et t'accorde la paix !

Mariage juif a Mogador-fran-angl

חתונה במוגדורLibellé de la ketouba 

En ce Jour (jour de la semaine) du mois de (mois hébraïque) en l'an (année hébraïque) de la Création du monde, selon la chronologie en vigueur dans cette ville de Essaouira, que D. l'aide et la renforce, qui est située sur le bord de la mer, nous sommes témoins de ce que l'excellent (prénom du marié), fils du bon nom (prénom du père du marié) dénomme (nom de famille du marié) a dit à la gracieuse et jeune fiancée vierge (prénom de la mariée bénie d'entre les filles, fille du bon nom (prénom du père de la mariée) dénommé (nom de famille du père de la mariée) : Sois ma femme selon la loi de Moïse et d'Israël et moi, avec l'aide du Tout-puissant, je travaillerai, te chérirai, te nourrirai et subviendrai à tes besoins, serai ton soutien te vêtirai et remplirai mes devoirs conjugaux selon les coutumes des hommes juifs qui travaillent, chérissent, nourrissent subviennent aux besoins, sont les soutiens et vêtissent et remplissent leurs devoirs conjugaux fidèlement et je t'apporte donc le mohar de ta virginité prise sur mes biens de 200 zouzim, soit 25 pièces d'arger: auxquelles tu as droit de ma part et je te donnerai ta dot, ta nourriture et tes vêtements et accomplirai mon devoir conjugal, et la gracieuse mariée vierge a consenti et est devenue sa femme. Et le marié ajoute de ses biens au principal la somme de……….       en monnaie (devise, soit au total…..donnes sans restriction aucune. Et voici la dot qu'elle a apporté avec elle de sa maison paternelle er vêtements et en bijoux, somme équivalent à……..   , et le marié reconnaît devoir cette somme totale ………     dont il est responsable en tout point, l'ensemble principal et ajout se montant    en monnaie (devise), et ainsi lui a déclare le marié : je suis responsable de ce  contrat, principal et ajout qui peuvent être exiges de moi et de mes héritiers après moi. dussais-je me défaire de l'habit que je porte. 

 À cet effet, j'hypothèque le meilleur de mes biens mobiliers et immobiliers. Et ledit marié s'engage à ne pas prendre une autre femme. Et il ne quittera pas cette ville pour une autre sauf si elle lui donne son consentement. Acte est pris de cet engagement envers la mariée. 

Cet engagement n'est pas qu'un consentement, mais il est fait selon la loi des Sages. Et cette ketouba est faite selon le rite des Tochavim/Megorachim.

Et le tout est clair, limpide et a force de loi. 

La ketouba enluminee de Mogador

La première ketouba enluminée de Mogador connue date de 1789. Toutefois, il faudra attendre la seconde moitié du XIXe siècle pour être les témoins de la naissance d'une tradition propre aux Juifs de Mogador. Deux artistes s'y illustrèrent, Rabbi David Elkaïm (1850-1941) et Isaac D. Knafo (1912-1979).

David Elkaïm fut un parangon qui a inspiré beaucoup d'artistes ultérieurs parmi lesquels le prolifique Yossef Serraf, Waïsh Wazana, Nessim Bensabat et Yossef Attar. Isaac Knafo qui voyait en R. David Elkaïm son maître, innova l'adaptation des thèmes décoratifs aux noms des époux. De nombreux autres artistes tels Hasdaï Elmoznino, Hana et Asher Knafo, Daniel Benlolo et Bernard Bensoussan perpétuent la tradition des ketoubot enluminées en y apposant leur griffe personnelle.

Mariage juif a Mogador-fran-angl


Le Mariage Juif a Mogador

Asher Knafo – David Bensoussan

Les motifs de la ketouba

L'enluminure comprend une vaste gamme de motifs décoratifs. Certains font appel à des images bibliques et d'autres à un symbolisme religieux.

La couronne avec l'inscription keter torah (couronne de la Torah) vient placer le mariage sous l'égide de la loi mosaïque, et honore les époux à l'instar d'un roi ou d'une reine. Mogador ayant été sous l'influence britannique au XIXe siècle, certaines couronnes rappellent la couronne royale d'Angleterre.

Dans une cartouche mise en évidence et centrée dans la partie supérieure de l'enluminure est inscrit le jour du mariage qui est le premier mot de la ketouba.

Le portail aux colonnes imposantes est le principal motif architectural. Il évoque le verset "Ils loueront ses actes (de la femme de valeur) aux portes" (Proverbes 31-31 Rappelons que, dans l'Antiquité, les transactions se faisaient devant témoins à 1 a Porte de la ville. La ketouba déclamée en public s'inscrit probablement dans cette tradition. Les deux colonnes majestueuses ne sont pas sans évoquer Yakhin et Boaz, les  deux colonnes de la porte du Temple de Salomon. Dans une ketouba de David Elkaïm, ces colonnes sont décorées de fleurs de lys, rappelant par là même que les colonnes du Temple étaient également ornées de lys. (Rois I, 7-19 . Mentionnons toutefois que, selon André Chouraqui, il s'agirait plutôt de fleurs de lotus. Par ailleurs, les colonnes symbolisent le seuil de la nouvelle maison qui sera bâtie par les conjoints.

Les mains qui se joignent avec une bague bien visible représentent le symbole de l'entente par l'union du nouveau couple. Les initiales des conjoints ־ en caractères latins chez R. David Elkaïm et en caractères hébraïques chez Isaac Knafo – sont souvent mises en relief dans des cartouches, de façon isolée ou entrelacée. Par ailleurs, Isaac Knafo met en valeur les lettres hébraïques B et M. Ces lettres sont prises à même le texte d'introduction de la ketouba pour être agrandies. Elles pourraient faire allusion au Temple de Salomon. (Bet Mikdash) ou encore à la maison (Baït) et à la famille (Mishpaha).

Des tentures soyeuses ou des banderoles serties d'inscriptions hébraïques contribuent à la majesté de l'enluminure. Elles représentent parfois le dais nuptial.

Les motifs floraux sont nombreux. Celui de la vigne revient souvent, la maison d'Israël étant telle une vigne du Seigneur (Isaïe 5-7). La vigne représente également un symbole de fertilité et la combinaison des raisins et des olives vient rappeler le verset : "Ta femme sera comme une vigne féconde dans l'intérieur de ta maison, tes fils comme des plants d'olivier autour de ta table" (Psaumes 128-3). Les ressortissants de Mogador installés en Israël célèbrent le retour à la terre par la représentation des sept produits bénis de la terre d'Israël : le blé, l'orge, la vigne, le figuier, le grenadier, l'olivier et le dattier (Deutéronome 8-8).

Lod , Israel- 5726 -1966

הועתק 126

Lod , Israel- 5726 -1966

Le marie – David Avraham fils de Makhlouf fils de Mordekhai Attias

La mariee – Nitsa – vickie fille de R.Chlomo-Hai fils de R.David fils de R.Yossef Knafo

Note – La mariee est descendante des martyrs d'Oufrane. Les mariesayant perdu leur ketouba originale   ont commande, a l'occasion du vingtieme anniversaire de leur mariage, une nouvelle ketouba qui leur a ete remise et signee devant temoins en 5750

Temoins – Binyamin Assoe et Barry Meyer Orkin

Artistes – Shira et Asher Knafo 46/54, TEMPERA SUR PARCHEMIN

Scribe – R.Yossef Elbaz

Remerciements – Vicky et David Attias, Lod, Israel

Mariage juif a Mogador-fran-angl

הועתק 132

Ramleh, Israel, 5748-1988
Le marie : Elazar Gérard fils de Chmouel fils de R. Elazar fils de R. Moché

 La mariee:Cohen Brouria fille de Élisha fils de Joseph fils de Haïm Tétouani

Note – Le marié est fils de Régine Sultana fille de R. Chlomo-Haï fils de R. David fils de R. Yossef Knafo descendant des martyrs d'Oufrane

La mariée est descendante de R. Hasdaï Elmoznino

 Temoins : R. Yehiel Abihatsira et R. David Serfaty

 Artistes :Asher et Naama Knafo 37×52, acrylique sur parchemin

 Scribe : Mishaël Zerbib

 Remerciements : Brouria et Gérard Cohen Rehovot Israël

הירשם לבלוג באמצעות המייל

הזן את כתובת המייל שלך כדי להירשם לאתר ולקבל הודעות על פוסטים חדשים במייל.

הצטרפו ל 227 מנויים נוספים
אפריל 2024
א ב ג ד ה ו ש
 123456
78910111213
14151617181920
21222324252627
282930  

רשימת הנושאים באתר