Histoire des juifs de Safi-B. Kredya
L'histoire des juifs de Safi (Maroc) est aussi ancienne que la ville elle-même. Malheureusement, peu d'écrits lui ont été consacrés. Brahim Krhdya, historien amoureux passionné pour sa ville, tente de relancer la recherche dans ce domaine. Il ne cesse de piocher dans les rares manuscrits disponibles et incite les chercheurs à suivre son exemple
Malgre son age avance, qui approchait a l'epoque les 80 ans, Montefiore entreprit, dans le but de faire triompher l'affaire des juifs de Safi, de nombreux et penibles voyages, qui durerent six mois et qui le conduisirent a Madrid, a Tanger puis a Marrakech.
II se rendit a Madrid ou il discuta avec le gouvernement et avec la reine espagnole et en obtint une reponse satisfaisante. Suite a cela, il se transporta a Tanger pour recevoir du representant espagnol dans cette ville, une decision par ecrit renoncant a son droit dans la condamnation des juifs emprisonnes a Safi, impliques dans l'affaire Mantilla.
Apres cela, il embarqua de Gibraltar sur un bateau de guerre pour Essaouira, puis alia a Marrakech pour rencontrer le sultan Sidi Mohammed Ben Abderrahman, qui le recut avec un honneur peu commun. II l'accueillit sur la place du Palais, avec une revue militaire d'environ six mille soldats, fantassins et cavaliers, portant leurs armes et leurs habits d'apparat.
Montefiore tint deux reunions avec le sultan. A ce propos, sa majeste dit de lui : « Montefiore est venu interceder pour deux juifs emprisonnes a Safi, accuses dans la mort d'un Espagnol et sollicitant de notre Seigneurie, Elevee par la grace de Dieu, et nous recommandant les juifs. Nous avons repondu favorablement a sa demande par la liberation des deux prisonniers que leurs accusateurs ont innocentes et nous avons accepte ses recommandations.
Ainsi, Montefiore respecta sa promesse et obtint plus qu'il n'esperait de ces voyages. II fit liberer les deux juifs emprisonnes a Safi, porta le sultan a promulguer un dahir (edit) le 5 fevrier 1864 – premier du genre dans l'histoire du Maroc et reserve uniquement aux sujets juifs de son royaume ,alors qu'il se trouvait encore a Marrakech. Nous reproduisons ci-apres le point le plus important dans cet edit sultanien unique en son genre :
« Nous ordonnons a quiconque recoit notre presente lettre… tous nos sujets, nos gouverneurs et les charges de nos affaires, de traiter les juifs de tout notre royaume avec equite et d'appliquer les obligations que Dieu, Gloire a Lui, nous impose, par l'observance de la balance du droit, I'egalite avec les non-juifs dans les arrets de justice pour que nul d'entre eux ne subisse le poids d'un atome d'injustice, qu'il ne soit oppresse, que nul mal et nulle injustice ne les atteignent, que nul ne les attaque dans leurs corps ou dans leurs biens, qu'on n’emploie les artisans [juifs] qu'a leur gre et a condition de leur verser le salaire qu'ils ont merite par leur travail, car les injustices sont les tenebres du Jour Dernier et nous ne les approuvons pas, ni contre eux, ni contre autrui et nous ne 1'admettons point, parce que, pour nous, tous les hommes sont egaux en droit. Si quelqu'un fait acte d'injustice contre eux ou se montre malveillant envers eux, nous le punirons, par la volonte de Dieu. Cet ordre que nous avons decide, que nous avons clarifie et explique est une loi connue et ecrite, mais nous y avons annexe cet ecrit afin de rappeler les obligations, notre insistance et notre menace pour quiconque voudrait leur nuire, et notre fermete pour que les juifs beneficient de plus de securite. De cela, notre ordre, est ecrit le 26 du mois sacre de Chadbane de l'an 1280.