Bakouch-Bakoun-Balouka Banon
BAKOUCH
Nom patronymique à l'origine difficile à préciser. A première vue, il s'agit d’un patronyme d'origine arabe, indicatif d'un trait de caractère: le précoce, le vif, celui qui saisit vite. Autre possibilité, basée toujours sur l'origine arabe, indicatif d'une particularité physique: le sourd-muet. L’origine hébraïque du patronyme est aussi plausible, dérivée du verbe bakech, qui a pour sens demander, chercher, l'homme qui recherche Dieu. Ce patronyme est effectivement attesté sous cette forme en Espagne au XTVème siècle: Baques, Baquex, et au Maroc dès le XVIème siècle: Bakich. Dans son livre "Une diaspora méconnue: les Juifs d'Algérie", Henri Chemouilli, affirme que Bécache siginifie en arabe, scarabée. Selon une autre hypothèse plus audacieuse: altération phonétique de Bahoussi, textuellement en dehors, terme par lequel on désignait, jusqu'au début de ce siècle, les Juifs des tribus nomades du sud-tunisien et du Sahara algérien, ceux qui "étaient en-dehors", non intégrés aux communautés sédentaires. David Corocs enfin, ajoute qu'il s’agit d'un prénom d'homme berbère de la région du Rif, dans le nord du Maroc, sans donner d'autres précisions sur son sens. Autres formes: Bakich, Bakis, Baccouche, Bekouche, B'kouche, Bekache, Becache. Au XXème siècle, nom peu répandu, porté en Algérie (Alger, Sétif, Constantine), en Tunisie (Tunis, Nabeul) et au Maroc (Fès, Tétouan).
- YESHAYA: Rabbin à Fès au XVIème siècle, un des plus éminents disciples de rabbi Yéhouda Ouziel. Il se distingua dans l'étude de la Kabbale et quelques-uns de ses commentaires ont été reproduits dans le livre de rabbi Eliezer Bahloul "Marée enayim".
SHALOM BEKACHE: Rabbin itinérant, né à Bombay dans une famille originaire de Bagdad. Son père l’envoya parfaire ses études talmudiques à Safed. Après la fin de ses études, il resta de nombreuses aimées en Terre Sainte avant d'arriver en 1878 à Alger, où la communauté lui offrit un poste de shohet et de prédicateur. Acquis aux idées d'ouverture du mouvement de la Haskala, il eut à coeur le souci de relever le niveau d'éducation général et religieux des Juifs indigènes d'Algérie non encore entrés de plain-pied dans la civilisation française. Dans ce but, il commença à éditer à Alger, en 1891, un hebdomadaire d'informations générales en judéo-arabe "Bet Israël", Le peuple d’Israël, qui parut trois ans jusqu'en 1893, et qui était également diffusé en Lybie, en Tunisie et au Maroc. En 1897, il fonda la seconde imprimerie hébraïque d'Alger, éditant des brochures et des livres de vulgarisation, servant de pionnier à la littérature judéo- arabe, qui ne devait jamais connaître en Algérie, l'essor qu'elle connut en Tunisie.
SIMON: Militant communautaire connu à Constantine dans les années trente.
JOSEPH BECACHE: Docteur en médecine. Un des premiers résistants du groupe Géo Gras à Alger entre 1940 et 1942. Dans le cadre du plan de neutralisation des défenses de la ville d'Alger en vue du débarquement américain du 8 novembre 1942 dévolu à la Résistance, le groupe qu'il commandait devait compter 20 hommes, mais à l’heure fixe aucun d'eux ne se présenta, il se joignit alors avec trois volontaires au groupe de Paul Ruff (voir Rofé) qui occupa le central téléphonique de Belcourt.
ANDRE: Notable et dirigeant communautaire de premier plan à Constantine entre les deux guerres. Président de la Ligue contre l'Antisémitisme au moment du pogrom de Constantine en 1934. Président du Consistoire, il conserva son poste même après l'application en Algérie du Statut des Juifs et l’abrogation du décret Crémieux en Octobre 1940. Il prit l'initiative de la protestation adressée au Gouverneur Général par les présidents des Consistoires des trois départements, le 10 octobre 1940: "contre cette mesure imméritée qui nous frappe, aggravant pour nous le malheur présent de la patrie, nous élevons au nom de nos morts, de nos blessés glorieux, au nom de nos prisonniers qui souffrent, au nom de nous tous qui aimons la France, une solennelle protestation". Quand, deux ans plus tard, accentuant la politique d'exclusion des Juifs de la société algérienne, le Gouverneur Général Châtel, décida de la formation de l'Union Générale des Juifs d'Algérie, à laquelle tous les Juifs du pays étaient obligatoirement tenus d'adhérer, et qui devait devenir le porte-parole de la communauté, la courroie de transmission pour l'application de la politique anti-juive de Vichy, il demanda au Grand Rabbin Eisenbeth de lui présenter une liste de 45 personnalités, parmi lesquelles il choisirait lui-même les 15 membres du Conseil d'Administration. Les dirigeants de la communauté se trouvaient devant le terrible dilemme qu'avaient connu les communautés juives d'Europe sous l'occu pation nazie: jouer le jeu pour tenter de réduire les dégâts au minimum, au risque de passer pour des collaborateurs, ou s'opposer, et laisser ainsi le champ libre aux autorités qui se rabbattraient sur des hommes plus dociles à leurs ordres. Après bien des débats, la communauté présenta au Gouverneur la liste des 45 personnalités. Ce dernier choisit alors comme président de l'Union, Paul Stora. le président du Consistoire d'Alger qui refusa le poste. Le lendemain, le 7 septembre 1942, le Gouverneur confia cette fonction ingrate au jeune et dynamique président du Consistoire de Constantine, ,André Bakouche. Sa première réaction fut de refuser, mais, sur l'insistance de ses collègues, il finit par accepter en posant comme condition de ne jamais avoir à couvrir aucune mesure contraire à sa conscience: "vous avez bien voulu accepter mes scrupules en m'assurant que je ne pourrai jamais être amené à m'associer à des mesures qui seraient incompatibles avec ma conscience, et que seuls les buts constructifs que mes collègues et moi- même nous nous assignons dans l'intérêt de nos coreligionnaires". Il n'eut pas à le faire, car, moins de deux mois après sa création, l'Union mort-née allait être dissoute à la suite du débarquement américain du 8 novembre 1942. Mort à Paris en 1992.
BENSION BECACHE: Militant sioniste au sein de la Fédération Sioniste d'Algérie et professeur d'arabe à Alger. Mort à Paris en 1958.
BAKOUN
Nom patronymique d'origine arabe, ayant pour sens, le survivant. Au XXème siècle, nom extrêmement peu répandu, porté uniquement en Tunisie et en Algérie, dans le Constan- tinois.
BALOUKA
Nom patronymique d'origine berbère, ethnique de la tribu de Dejeber Balouka, dans l'ancien contrôle civil de Maktar en Tunisie. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté en Tunisie (Tunis) et en Algérie (Alger, Ghardaïa, Djelfa, Sahara).
SEBBAN: Notable de la communauté de Ghardaïa, président de la cultuelle dans les années 1950.
BANON
Nom patronymique au sens et à l'origine difficiles à préciser. A première vue, l'origine semble hébraïco-araméenne, déformation phonétique de Ben Noun, formé de l'indice de filiation Ben et du substantif noun, en araméen, poisson, indicatif d'un métier, le pêcheur. Dans la Bible, c'est le prénom du père de Josué, le successeur de Moïse. Abraham Larédo quant à lui, y décèle une origine phénicienne, indicatif également d'un métier, l'architecte, le maçon, équivalent de l'hébreu Banaï. Le nom figure dans la liste Tolédano des patronymes usuels au Maroc au XVIème siècle. Il semble que le patronyme Bonan, courant en Tunisie, ait la même origine, mais nous l'étudierons à part. Autre orthographe: Banoun. Au XXème siècle, nom très peu répandu porté au Maroc (Marrakech, Fès, Sefrou, Mogador, Casablanca) et en Algérie (Oran, Bône, Constantine).
- MIMOUN: Rabbin à Sefrou au XVIIIème siècle, un des disciples du grand maître rabbi Moché Benhamou.
JACQUES: Président de la communauté de Casablanca dans les années 1960.
NINA: Journaliste à Casablanca, née à Marrakech, auteur d'un guide touristique sur le Maroc (première édition Casablanca 1980, 2ème édition 1992) qui a rencontré un grand succès et a été traduit en plusieurs langues.
GABRIEL: Economiste-conseil de réputation internationale, né à Casablanca. Actuellement conseiller financier du chef de l'Autonomie Palestinienne, Yasser Arafat. Il fut dans les années 1970 conseiller financier du président des Etats Unis,Gerald Ford.
DAVID: Universitaire suisse, né au Maroc en 1947, privat docent à l'Université de Théologie de Lausanne et chargé de cours au département de philosophie de l'université de Genève. Spécialiste de l'interprétation biblique et de son histoire. Auteur, entre autres, de "La lecture infinie" (Genève, 1987), "Inquisition et pérennité", "Le bruissement du texte", (Genève, 1993), avec une préface du professeur Alexandre Safran (1993). Grand admirateur et traducteur en français du regretté publiciste israélien, Yéshyahou Leibovitz.