Contes populaires racontes par les Juifs du Maroc-Dr Dov Noy-Jerusalem 1965

LE RABBIN QUI REFUSA DE PORTER LE DEUIL LE SABBAT

Yitsak Massas-narrateur

Il était une fois un rabbin qui priait et étudiait la Loi du matin au soir. Chaque jour, sa femme le suppliait: “Va en ville et tâche de gagner un peu d’argent. Il faut acheter des vêtements pour les enfants et leur donner à manger. Nous manquons de tout.”

Mais à chaque fois, le rabbin lui répondit: “Dieu nous aidera.” Et il continua à mener sa vie habituelle. S’il quittait la maison, c’était pour aller à la synagogue.

Un jour, sa femme lui dit: “Les enfants sont affamés. Prends- les avec toi à la synagogue, car je ne supporte plus de les voir souffrir et de les entendre pleurer.”

Le rabbin se tut — pas un mot ne sortit de sa bouche.

Un jour, c’était vendredi, la femme du rabbin n’avait pas un sou pour acheter les provisions nécessaires pour le Sabbat. Elle dit à son mari: “Prends aujourd’hui les enfants à la synagogue.”

Le rabbin ne pouvait pas refuser et il emmena ses deux fils, dont l’un était âgé de dix ans et l’autre de huit. Pour se rendre à la synagogue ils devaient passer devant une vieille maison. Lorsque le rabbin passa avec ses enfants devant cette maison, elle s’effondra subitement et les enfants disparurent sous les dé­combres. Au bout de quelques minutes, le rabbin se rendit compte qu’ils étaient morts. Mais il fit comme si rien n’était arrivé, se rendit à la synagogue et rentra chez lui dans l’après-midi à l’approche du Sabbat.

Sa femme lui demanda: “Où sont les enfants?”

“Chez leur tante”, répondit le rabbin.

Le lendemain matin, le jour du Sabbat, la femme demanda encore: “Où sont les enfants?”

“Ils jouent dehors avec les autres enfants. Ils ne rentreront qu’après la tombée de la nuit.”

Vint le soir et le rabbin quitte la maison pour réciter les

prieres de Minha et de Maariv à la synagogue. Et tout à coup i1 aperçoit ses deux enfants: ils sont en bonne santé, et jouent devant la maison qui s’est effondrée. Il récita une prière et rentra à la maison avec les deux enfants.

En les voyant, la femme leur demanda: “Où avez-vous été pendant toute la journée du Sabbat?”

Les enfants s’apprêtaient à répondre mais leur père se mit à raconter à sa femme tout ce qui s’était passé.

Tous se rendirent compte que les deux enfants étaient revenus à la vie parce que leur père, le rabbin, ne voulait pas porter le deuil le Sabbat.

 

UN JUGEMENT EQUITABLE

Massoud Abdoulhak-narrateur

Les premiers rois aimaient parfois se déguiser -— ils mettaient des vêtements simples, sales et usés et c’est dans cet accoutrement qu’ils parcouraient le pays.

Un jour le roi du Maroc et son premier ministre, habillés de vêtements déchirés et sales se rendirent, la nuit, au marché, et, tendant la main, ils demandaient l’aumône aux passants. Mais personne ne leur donna rien. Ils aperçurent un Juif, un colpor­teur de vêtements usés et de vieilles bouteilles; il s’arrêta et leur donna une pièce d’argent. Les deux eurent à peine le temps de le remercier quand ils entendirent une femme arabe s’écrier: “Juif, viens dans ma maison! J’ai quelque chose à te vendre.”

Le Juif entra et la femme essaya de le convaincre à conclure un marché malhonnête. Le Juif lui dit: “Notre Tora nous interdit d’agir ainsi” et il s’en alla.

La femme se mit à crier et à insulter le Juif: “Ce Juif a porté atteinte à mon honneur. Il s’est moqué de moi et m’a blessée dans mes sentiments.”

Puis, le roi et son ministre l’entendirent crier: “Aidez-moi, Musulmans! Regardez ce que font les Juifs.”

Les passants s’emparèrent du Juif et le maltraitèrent et qui sait ce qui lui serait arrivé, si le roi et son compagnon n’étaient pas intervenus: Laissez-le, s’écrièrent-ils, ne le tuez pas! Ce Juif criminel mérite qu’on le brûle en public, amenez-le devant le juge, devant le roi! Que tous les Juifs voient comment il est brûlé et qu’ils en tirent les enseignements qu’il faut.”

La foule se laissa convaincre et conduisit le Juif au château du roi, puis ils le firent jeter en prison.

Le jour du jugement, une grande foule s’assembla autour du tribunal -— hommes, femmes et enfants — afin d’apprendre quelle punition serait infligée au coupable qui avait déshonoré une femme arabe.

Au début du procès, le roi demanda aux témoins: “Racontez- moi toute l’affaire, mais dites la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.”

La femme raconta que le colporteur juif l’avait attaquée et voulait porter atteinte à son honneur.

Le roi demanda: “As-tu des témoins?”

Toute la foule assemblée répondit en choeur: “Nous avons tout vu. Tout ce que la femme a dit, c’est la vérité.”

Le roi dit: “Je veux bien vous croire, mais dites-moi — ce que mes yeux voient en ce moment, est-ce bien la réalité? Ils aper­çoivent dans le ciel une caravane de chameaux chargés de mar­chandises. Y-a-t-il vraiment des chameaux dans le ciel?”

La foule leva les yeux et jeta un long regard vers le ciel et tous s’écrièrent: “C’est juste ce que vous voyez, Votre Majesté. Il y a des chameaux chargés de marchandises dans le ciel.”

—- Comptez-donc les chameaux, dit le roi.

Tous regardaient vers le ciel et chacun fit un autre compte. L’un dit cinq chameaux, l’autre sept, un troisième dix. Chacun voyait autre chose. Le roi dit: “Ce que vous dites est la vérité même”. Puis il s’adressa au Juif: “Jette, toi aussi, un regard vers le ciel, et dis-moi combien de chameaux tu y vois.”

Le Juif jeta un regard vers le ciel, mais il ne vit que le ciel et pas de chameaux. Et il dit au roi: “Votre Majesté, je crois que vous avez vu des chameaux chargés de marchandises, mais moi je ne vois rien.”

Puis le roi s’adressa aux Arabes: “Jetez maintenant encore un regard vers le ciel et dites-moi s’il y a des étoiles car moi, j’y aperçois maintenant, en plein jour, des étoiles. Ayez donc la gentillesse de les compter.”

Tous regardèrent le ciel et s’écrièrent: “C’est vrai! il y a des étoiles!” Et l’un en compta cinq, l’autre sept, un troisième dix. Chacun fit un autre compte.

Puis le roi s’adressa au Juif: “Et toi, combien d’étoiles vois-tu en ce moment au ciel?”

Le Juif leva les yeux vers le ciel et répondit: “Votre Majesté, je ne doute pas de ce que vous dites, mais moi, je suis incapable d’apercevoir même une seule étoile.”

Le roi sortit de sa poche la pièce de monnaie que le Juif lui avait donnée lorsqu’il avait demandé l’aumône au marché, et dit au Juif: “Regarde cette pièce, est-elle faite d’argent ou de cui­vre?” Le Juif répondit: “Cette pièce est faite d’argent, j’en suis sûr, je crois qu’elle était une fois en ma possession, mais je l’ai dépensée.”

Le roi dit alors: “Ce que tu dis est vrai. Tu as donné cette pièce en aumône à deux pauvres, avant que ne t’arrive ce qui t’amène aujourd’hui ici.”

Puis le roi et son ministre délibérèrent et infligèrent une puni­tion à ceux qui avaient déposé de faux témoignages. Ils les con­damnèrent à plusieurs années de prison. Et la femme qui avait accusé le Juif de crimes qu’il n’avait jamais commis fut con­damnée à être brûlée vive.

Le colporteur juif fut, bien entendu, acquitté.

Contes populaires racontes par les Juifs du Maroc-Dr Dov Noy-Jerusalem 1965 page 75-78

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