Brit Revue des Juifs du Maroc-Presente et annote par Asher Knafo-La vie juive a Mogador

Brit

Revue des Juifs du Maroc

Numero special

Salomon Hai Knafo

La vie juive a Mogador

Presente et annote par

Asher Knafo

Ot Brit Kodesh

Hiver 2008

Les quartiers de la ville

La ville se divisait ainsi en quelques grands quartiers :

*Le quartier du port, la maison de l'Achour (Dar l'Assor), "douanes", la Scala, caserne fortifiée au bord de la mer et faisant suite à la fortification du port.

*Le nouveau quartier jumelé avec le Méchouar, espèce de place publique, contenant une mosquée immense pour le sacrifice du mouton. La partie commerciale de la ville : ce sont des rues plus ou moins spacieuses, contenant de chaque côté des rangées de magasins ou boutiques dont quelques-uns abrités par des arcades, soutenus par des colonnes en pierres de taille. Hdada (forge), avec les commerçants en gros : Souk Jedid, marchands de tissus : Souk Smata, babouches et Chkara- sacs en cuir, que portaient les indigènes sur le côté opposé au poignard traditionnel. Souk Oika : épiceries. Quelques rues latérales comprenant des habitations indigènes, plus ou moins luxueuses, tout au moins à l'intérieur. Le marché abritait les marchands de toutes sortes, ainsi que les boucheries juives et indigènes, les vendeurs de poissons, les ferblantiers, les potiers, les savetiers, les tailleurs indigènes Juifs et Arabes, les bijoutiers, les marchands de tapis à la criée, les écuries pour les voyageurs, et plusieurs mosquées.

En principe, dans tous les marchés, il y a une nouvelle corporation, composée presque exclusivement d'Arabes, et reconnue de notoriété publique. Le Déllal (vendeur à la criée) passe dans la rue avec l'objet à vendre en criant le prix offert par un acheteur. Cet objet est adjugé à l'avant-dernier offrant, mais au prix du dernier. Si la dernière offre est de cinquante et un francs, ce sera le prix à payer. Cette différence servait à régler le Déllal et les droits de marché.

* L'ancien Mellah contenant des rangées infinies de boutiques avec toutes sortes de marchandises, sans que l'une fasse concurrence à l'autre. Toutes étaient plus ou moins bien achalandées. Dans les rues latérales, se trouvaient plusieurs habitations et mosquées plus ou moins bien faites.

* Le Mellah proprement dit : quartier juif, tel qu'il est dans les grandes villes marocaines, avec portes blindées fermant la nuit, avec un Caïd et un gardien de nuit dormant dans les alcôves emménagées sous l'arcade surmontée elle-même d'une tour gardant l'unique entrée du Mellah.

Ces habitations juives du Mellah de Mogador sont en en général assez bien agencées et proprement conçues pour être aérées naturellement. De chaque côté de la rue, les maisons sont accotées les unes aux autres, de façon à ce qu'elles communiquent toutes par les terrasses. Ces maisons sont composées de plusieurs étages, parfois plus de trois : une entrée unique à chaque maison, un escalier avec palier à chaque étage, (je n'ai connu qu'un escalier en colimaçon). Chaque étage carré ou rectangulaire était à ciel ouvert. Une galerie tout autour avec garde fou, une ou plusieurs pièces de chaque côté de la galerie. La terrasse renferme une ou plusieurs buanderies plus une pièce pour Soucca et parfois des W-C.

Fait curieux, la plupart des maisons, quoique des plus luxueuses, n'ont pas de W-C. Pour gagner de la place on a aménagé sur un des paliers, une marche plus haute au bout de laquelle on a percé le mur et installé une espèce de guérite et c'est dans cette guérite carrée, que l'on a installé le W-C. Au dehors, on voit ce balcon fermé et flanqué d'un mur supplémentaire déformant la façade de la maison. C'était original, mais cela enlaidissait les bâtiments. Les chambres étaient très spacieuses et hautes, percées de grandes fenêtres. Les femmes ne sortaient pas beaucoup, pour ne pas dire jamais, sauf dans des cas très importants ; mariages, décès ou pour aller à la synagogue.

Les murs étaient faits de pierre et de mortier, les ouvertures encadrées par des pierres de tailles. Le plancher était en terre battue et blanchi à la chaux. Les gens aisés couvraient le plancher avec des nattes en Halfa (crin), plus ou moins bien dessinées et peintes ou avec des carpettes ou des tapis. Les matelas étaient posés à même la terre.

Le lit était composé de deux matelas, l'un rembourré de paille et l'autre, celui du dessus, rembourré de laine, le tout couvert de draps blancs et de couvertures grandes et chaudes en laine blanche de fabrication locale. Les dessins, l'épaisseur et la qualité de ces couvertures, changeaient suivant l'état des finances du chef de la famille ou de la richesse du trousseau de la femme.

Souvent, comme il ventait presque toute l'année à Mogador, on fixait des rideaux en toile blanche qui descendaient du plafond jusqu'au garde-fou. Ils étaient enroulés sur des tiges en bois avec un système simple pour rouler ou dérouler le rideau, cela formait une boite carrée blanche au milieu de la galerie.

La plupart des maisons abritaient plusieurs familles, non par pauvreté, mais surtout par manque de maisons.

En effet, la ville étant petite, le nombre de maisons était limité par le peu de terrains disponibles. Les pères de famille mariant leurs enfants, faisaient habiter les jeunes mariés avec eux dans la même maison. De sorte que même les plus aisés se contentaient d'un étage pour toute la famille. Heureux encore si l'étage comprenait cinq ou six pièces. Par contre, il y avait des familles qui se contentaient d'une seule pièce pour toute la famille. Au rez-de-chaussée de chaque maison, le côté formant façade était percé d'ouvertures qui donnaient sur des magasins ou boutiques pour le petit commerce : alimentation générale, farine, semoule, sucre, thé, café, huile, lait en conserve, biscuits, sucreries, etc. Il y avait des espèces de kiosques dans lesquels se vendaient des boissons fortes, des vins en bouteilles ou au verre. Quelques-uns avaient quelques places assises.

Tout près, il y avait des marchands qui vendaient le matin, la soupe, le thé, le café, les beignets dont la consommation était très répandue et le soir ils vendaient des grillades de viande, des poissons frits, (Le poisson salé n'était pas connu chez nous), des piments piquants, des fruits en saumure, tels que les olives vertes et noires, les câpres, les figues séchées, les oignons, les aubergines etc.

Le Mellah où habitait la majorité des Juifs comptait chez nous jusqu'à vingt synagogues. Un autre fait existait au Mellah et même dans certains des quartiers que j'ai cités plus haut : les maisons étaient hautes, c'étaient les gratte-ciel de l'époque, (dans les autres grandes villes, à Marrakech notamment, les maisons ne comportaient qu'un rez-de-chaussée ou au plus un étage au dessus ce rez-de-chaussée.)

Le nombre de familles augmentant on a trouvé alors une solution. Dans certains passages où les murs avaient l'air de se pencher l'un vers l'autre, on a construit des arcades qui devaient les soutenir. On eut donc l'idée de poser sur ces arcades des plafonds en apposant des pierres supplémentaires. Certains passages ressemblaient maintenant à des tunnels. C'est pour cela que les rues étaient devenues obscures et humides.

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